- il y a 5 heures
La COP30 s'ouvre ce lundi au Brésil, en l'absence des dirigeants américain, chinois, indien. Pascal Canfin, député européen Renew Europe, et Valérie Masson-Delmotte, climatologue, membre du Haut conseil pour le climat, sont les invités du Grand Entretien.
Retrouvez tous les entretiens de 8h20 sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-du-week-end
Retrouvez tous les entretiens de 8h20 sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-du-week-end
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00Et un grand entretien ce matin spécial à la veille de l'ouverture de la COP30 à Belém au Brésil
00:06alors que plusieurs chefs d'État et de gouvernement y sont attendus.
00:10Pour en parler avec Marion Lourdes, nous recevons deux invités.
00:14Un député européen, Renew, écologiste, membre de la commission de l'environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire.
00:22Il est l'auteur de « Gagner le combat du pacte vert », livre paru aux éditions Odile Jacob.
00:29Bonjour Pascal Canfin, vous étiez encore très récemment au Brésil pour une mission pour le Parlement européen
00:35où il était notamment question de déforestation, sujet qu'on abordera dans quelques minutes.
00:41Et en duplex avec nous sur France Inter, l'une de nos plus grandes scientifiques, une grande voix de la recherche sur les sciences du climat.
00:49Membre du Haut Conseil pour le climat, elle a participé à cette COP fondatrice à Paris, la COP21.
00:55Elle a coprésidé d'un groupe de travail du GIEC de 2015 à 2023.
01:01Bonjour Valérie Masson-Delmotte.
01:04Bonjour.
01:05Et bienvenue, merci de nous accompagner.
01:08Beaucoup de questions à vous poser.
01:10Nos auditeurs également pourront dialoguer, échanger avec vous au 01 45 24 7000 ou sur l'application Radio France.
01:18La COP va démarrer au lendemain donc du Grand Prix de Formule 1 de Sao Paulo.
01:24C'est une coïncidence fâcheuse, mais en tout cas une coïncidence quand même.
01:28Et on a envie de compter non pas ceux qui seront présents, les pays présents demain à Bel-Aim au Brésil,
01:35mais d'abord les absents.
01:36Parce que les absents sont nombreux.
01:38Et quels absents ?
01:40Xi Jinping pour la Chine, Narendra Modi pour l'Inde, ils seront absents.
01:45Comme Donald Trump pour les Etats-Unis, il n'enverra même pas une délégation.
01:50Première question d'abord, Pascal Canfin.
01:53L'absence de la moitié de l'humanité, et en particulier celle des Etats-Unis,
01:59l'absence des Etats-Unis, ça n'est pas simplement un retrait ?
02:02Est-ce que ça n'est pas à comprendre comme la volonté de détruire ce qui a été si difficile à conquérir ?
02:10Absolument. Je suis entièrement d'accord avec vous.
02:13Trump 1, c'était un retrait, c'était je m'efface, mais je ne combats pas ceux qui mènent l'action pour le climat.
02:21Aujourd'hui, nous sommes dans une bataille idéologique, une bataille diplomatique, une bataille culturelle,
02:27où toute l'administration américaine, sur tous les fronts, est en train d'agir pour détricoter,
02:33pour détruire, pour affaiblir notre action pour le climat.
02:36Je le vois, moi, en Europe, je le décris dans le livre que je viens de sortir,
02:41comme vous l'avez mentionné, ou dans le détail.
02:43Dans le détail, parce qu'aujourd'hui, nous sommes sous la pression des Etats-Unis
02:48qui veulent interférer dans non seulement les accords internationaux,
02:53mais les règles européennes, les règles du jeu que nous fixons, nous, européens,
02:57et c'est une atteinte à notre souveraineté, et évidemment, c'est une atteinte à notre capacité à agir pour le climat.
03:02Donc, il faut résister. Vous avez raison, c'est une bataille.
03:05Il faut résister et il ne faut rien céder.
03:07Valérie Masson-Delmotte, comment résister, justement ?
03:10Comment résister à l'absence des Etats-Unis ?
03:13Comment résister aussi à cette drôle de COP, et je dis drôle de manière ironique,
03:19puisqu'elle n'a même pas de sujet de négociation à poser ?
03:23Peut-être rappeler la réalité du changement climatique, son origine humaine,
03:30la gravité de ses conséquences que chacun peut percevoir au fur et à mesure
03:35de l'aggravation des événements extrêmes pour lesquels nous ne sommes pas suffisamment préparés.
03:39Montrer aussi à la COP30 que pour beaucoup de personnes dans le monde,
03:43c'est un sujet important, et d'ailleurs, les enquêtes d'opinion le montrent également.
03:49Beaucoup de personnes prennent le sujet à bras le corps,
03:52et peut-être qu'un des risques liés à cette politique d'obstruction et de destruction américaine,
03:56c'est de passer sous silence à la fois la capacité à agir,
04:01et le fait que c'est un sujet important pour beaucoup de personnes autour du monde.
04:05Alors, petit problème de son qu'on va régler dans un instant
04:08et revenir à ce programme des Nations Unies pour l'environnement
04:11qui a été publié la semaine dernière.
04:13Mais Pascal Canfin, vous étiez donc au Brésil,
04:17et vous allez nous parler des enjeux qui s'y jouent.
04:20Mais lorsque l'on voit tout à l'heure, on l'entendait,
04:2380% des terres rares qu'on utilise en Europe viennent de la Chine.
04:29C'est un indicateur, un indicateur parmi d'autres, de l'industrialisation
04:35et de notre besoin d'énergie, de produits, de matières premières qui viennent d'ailleurs.
04:43Est-ce qu'on peut s'en passer lorsqu'on est Européen ?
04:46Alors, c'est une question fondamentale.
04:48Aujourd'hui, nous sommes dépendants des énergies fossiles, le pétrole et le gaz.
04:54Nous ne produisons, nous, en Européen, quasiment aucune énergie fossile,
04:58100% de cette énergie est importée.
05:01Elle nous rend donc vulnérables et dépendants.
05:04Elle nous rend dépendants, par exemple, de Vladimir Poutine.
05:08Et ça nous a explosé à la figure d'un point de vue géopolitique,
05:11mais ça a explosé à la figure de chacun des auditeurs qui nous écoutent
05:14avec l'inflation qui a renié notre pouvoir d'achat
05:18et qui avait une cause, c'est l'explosion des prix des énergies fossiles
05:22liés à la guerre en Ukraine.
05:24Mais cette vulnérabilité, elle peut nous exploser à la figure avec Trump,
05:30puisque nous sommes en train de passer d'une dépendance au gaz russe,
05:33que nous coupons progressivement et tant mieux, bien évidemment,
05:36à une dépendance au gaz de schiste américain.
05:39On n'a pas forcément gagné grand-chose dans l'affaire.
05:41Et donc, il nous faut lier l'enjeu climatique, pour nous, Européens,
05:46à une question de souveraineté et de moindre vulnérabilité.
05:51Et donc, attention à ne pas basculer sur une autre vulnérabilité,
05:55c'est votre question, qui est une vulnérabilité vis-à-vis des Chinois.
05:59Parce que les Chinois, qu'est-ce qu'ils ont fait ?
06:00Ils ont fait ce qu'on aurait dû faire depuis 20 ans et qu'on n'a pas fait.
06:03Ils ont investi l'ensemble de la chaîne de l'électrification
06:06et de la décarbonation de notre économie.
06:08Du minier des terres rares, qu'ils raffinent,
06:11ils ont quasiment le monopole, jusqu'au recyclage.
06:13Au panneau solaire, en passant par les batteries, les voitures électriques, etc.
06:16Et donc, attention, mais il y a une grande différence entre les deux dépendances.
06:20C'est que la première, on ne la changera jamais.
06:23On ne va pas inventer du gaz européen qu'on n'a pas.
06:26On ne va pas inventer du pétrole européen qu'on n'a pas.
06:28Par contre, on sait faire du renouvelable.
06:30On sait faire du nucléaire.
06:32On sait faire de l'efficacité énergétique.
06:34On doit savoir faire des batteries en Europe.
06:36Et on sait même faire.
06:37Renault vient de le faire sur la Mégane électrique.
06:43Une batterie, une voiture électrique, zéro terre rare.
06:46Zéro terre rare.
06:46Donc, ça veut dire que grâce à l'innovation, on peut le faire.
06:49Et c'est ça, c'est ça la révolution qui est en marche.
06:52Et il faut continuer à investir.
06:53Il ne faut surtout rien lâcher.
06:55Là, vous essayez d'être positif, Pascal.
06:56J'essaie, parce que sinon c'est déprimant.
06:58On a quand même fait la liste de tous les obstacles.
07:00Et notamment du fait que les Etats-Unis sont absents,
07:02qui représentent 10% des émissions de gaz à effet de serre.
07:05Vous, vous revenez, on le disait, du Brésil.
07:07Vous avez parlé de déforestation.
07:09Mais j'imagine qu'en tant que membre de la commission du Parlement sur l'environnement,
07:12vous avez parlé plus largement climat.
07:14Pourquoi cette COP, on peut dire clairement qu'elle se présente mal
07:18avec un acteur de poids tel que celui-là qui n'est pas présent ?
07:22Et la question de la COP et Alibadou disaient,
07:25mais au fait, qu'est-ce qu'on négocie en ce moment au Brésil ?
07:28Et c'est une bonne question.
07:29Oui, il n'y a pas de mandat.
07:30Exactement.
07:31Le cœur de ce qu'on doit faire,
07:33ce n'est pas renégocier, renégocier de nouvelles choses.
07:36Il faut le faire notamment sur l'aspect financier
07:38et de solidarité internationale.
07:39C'est très important, mais c'est une partie du sujet.
07:42Maintenant, il faut agir, agir, agir.
07:44Et ça, ça se passe par les politiques nationales
07:47ou, pour nous, européens, à l'échelle continentale.
07:49Et pour le coup, quand je vois...
07:53Vous avez listé, vous avez raison, les mauvaises nouvelles.
07:56Mais il y a aussi des bonnes nouvelles.
07:57La Chine va beaucoup plus vite que prévu
08:01dans la décarbonation de son économie.
08:03La Chine a 5 ans d'avance sur son propre plan.
08:07Nous, nous avons, la semaine dernière,
08:11trouvé un accord européen
08:13pour notre nouvel objectif climat 2040,
08:16moins 90% d'émissions de CO2.
08:19Un autre exemple, la Pologne.
08:21La Pologne, c'est un pays qui est globalement
08:23très charbonné, très dépendant du charbon.
08:25Alors que la volonté politique
08:27n'est pas extraordinairement là,
08:28parce que les fondamentaux économiques sont présents,
08:31la part du charbon en Pologne
08:33est passée en quelques années.
08:345 ans, c'est extrêmement rapide
08:36à l'échelle de l'histoire.
08:37De 80% à 50% de l'électricité produite.
08:40Ça veut dire quoi ?
08:41C'est-à-dire que les technologies sont là,
08:43on peut y aller.
08:43Et simplement, il faut continuer à investir
08:45et il faut surtout ne rien céder
08:47à l'offensif culturel, diplomatique de Donald Trump.
08:50Alors Valérie Masson-Delmotte,
08:51je crois que vous êtes de retour avec nous.
08:54Cette COP, on le disait,
08:55avec cette absence de mandat de négociation,
08:59ces Etats-Unis qui représentent 10%
09:01des émissions de gaz à effet de serre
09:02et qui sont absents,
09:03elles servent vraiment à quelque chose
09:04comme le défend Pascal Canfin ?
09:07Si on regarde 10 ans après le début
09:11de l'accord de Paris,
09:12on peut se rendre compte
09:13que dans les pays industrialisés,
09:15les émissions de gaz à effet de serre
09:17qui baissaient lentement avant
09:18ont baissé plus fort.
09:20Et dans les grands pays émergents,
09:21les émissions de gaz à effet de serre
09:22qui augmentaient fortement
09:23augmentent beaucoup moins vite
09:25et ont cessé d'augmenter déjà
09:26depuis à peu près un an en Chine.
09:28Donc c'est une façon de voir
09:30qu'il y a déjà des avancées.
09:32Ensuite, sur cette COP,
09:34c'est l'occasion de refaire le bilan
09:36par rapport aux engagements nouveaux
09:38à horizon 2035,
09:40compris les différents pays.
09:42Sur la base des politiques publiques
09:44qui sont déjà mises en œuvre,
09:45on irait vers un réchauffement
09:46en fin de siècle
09:47de l'ordre de 2,8 degrés.
09:49Sur la base des engagements,
09:51on pourrait aller vers 2,3 à 2,5 degrés
09:53s'ils sont tenus.
09:55Et si le cap est tenu
09:56vers la neutralité carbone,
09:58il est encore possible
09:59de limiter le réchauffement
10:01vers 2 degrés en fin de siècle.
10:03Mais tout dépend
10:03de ce qui va être mis
10:06en œuvre.
10:07Ça restera la fournaise,
10:08Valérie Masson-Delmotte.
10:11Et donc, on a un deuxième enjeu,
10:13un enjeu important
10:14qui est également celui
10:15du cadre collectif
10:17que les pays se donnent
10:18pour suivre l'efficacité
10:21des efforts d'adaptation
10:22qui sont mis en œuvre.
10:24Et peut-être que c'est le point
10:25où on attend un résultat
10:27à cette COP,
10:28c'est la définition
10:29d'une centaine d'objectifs
10:31qui seront partagés,
10:32d'indicateurs
10:33que tous les pays se donnent
10:35pour suivre leurs efforts
10:37d'adaptation.
10:38Parce qu'il va falloir vivre
10:39dans un climat plus chaud,
10:40mais cette ampleur
10:41va dépendre aussi
10:42de ce qui sera fait
10:43sur les émissions
10:44de gaz à effet de serre.
10:46Et quand je regarde,
10:46en fait,
10:47le travail préliminaire,
10:48c'est son indicateur
10:49pour l'adaptation.
10:50Il y a une chose
10:50qui me frappe,
10:52c'est qu'il manque un point.
10:54Il manque le respect
10:56du droit des enfants
10:57à l'éducation
10:58dans ces indicateurs.
10:59Et je souhaite parler
11:01des enfants
11:01parce que les enfants
11:02d'aujourd'hui,
11:03ils vont vivre
11:03avec un climat différent
11:05de celui de ma génération
11:06ou de la génération avant.
11:08Ils seront exposés
11:08de manière disproportionnée
11:10à une aggravation
11:11d'événements extrêmes.
11:13Et parmi leurs vulnérabilités,
11:14particulières aux enfants,
11:16il y a la discontinuité
11:18de l'accès à l'école.
11:19Et on l'a vu,
11:19quand il y a eu
11:20des inondations graves
11:21en France,
11:22quand il y a eu
11:23des vannes de chaleur précoces,
11:24ne serait-ce qu'au mois
11:25de juin dernier,
11:26ou bien quand il y a
11:27des cyclones tropicaux
11:28très intenses,
11:30eh bien si les écoles
11:32ne sont pas un lieu sûr,
11:33un lieu protégé,
11:35les enfants en fait
11:36perdent des chances
11:37parce qu'il manque en fait
11:39la continuité d'accès
11:40à l'école.
11:41Et ça dit des choses
11:42sur la manière
11:44dont les États
11:44se préparent
11:45à faire face
11:46aux changements climatiques
11:47par rapport
11:48aux plus fragiles
11:49d'entre nous.
11:50Bien sûr,
11:50et on l'a vu à Mayotte
11:51avec les pénuries d'eau,
11:53on l'a vu en Guadeloupe,
11:53on l'a vu en Jamaïque
11:54très récemment
11:55après l'ouragan Pascal Canfin.
11:56Je pense que ce que vient
11:58de dire Mme Hasson-Delmotte
11:59est fondamental
12:00parce que quand on parle
12:01environnement, climat,
12:03on parle souvent
12:03de la réduction des émissions.
12:05Mais l'enjeu numéro un
12:07pour chacun d'entre nous,
12:09c'est la question
12:09de la vulnérabilité,
12:10de l'adaptation.
12:12Quand on a des millions
12:13de Français,
12:14notamment dans toute
12:15la partie ouest
12:15de la France,
12:17qui sont soumis
12:18à des risques
12:19sur leur maison
12:20parce que ce qu'on appelle
12:21les sols argileux
12:22se contractent
12:24parce qu'avec l'absence
12:25d'eau pendant des mois
12:26et des mois
12:27et des mois,
12:27le sol finit par bouger.
12:29Et quand le sol
12:29sous votre maison bouge,
12:31ce sont les fondations
12:32de la maison qui bougent
12:32et ce sont les murs
12:33qui se fissurent.
12:34Vous avez des millions
12:35de Français
12:35qui sont concernés.
12:37Ces maisons,
12:38c'est l'essentiel
12:39du patrimoine
12:40de ces familles.
12:42Et qui va acheter
12:44une maison
12:45dont les fondations
12:46bougent
12:47et les murs
12:47se fissurent ?
12:48C'est ça
12:49le changement climatique.
12:50Ce n'est pas seulement
12:51une réalité
12:52industrielle
12:54et énergétique
12:55et géopolitique.
12:56Ça l'est.
12:56Avec Donald Trump,
12:57ça l'est de plus en plus.
12:58Mais c'est une réalité
12:59pour chacun d'entre nous.
13:00La réalité
13:01de notre consommation
13:03d'énergie
13:03ici en France,
13:05en Europe,
13:06pays qui était
13:06le lieu
13:07où ont été signés
13:08les accords de Paris
13:09parce qu'à le Canfin,
13:10j'ai sous les yeux
13:11une...
13:12Alors,
13:12ce n'est pas de la publicité
13:13mais c'est une publicité
13:14EDF.
13:15Les fossiles,
13:16ça s'importe.
13:17L'électricité,
13:18ça rapporte.
13:19Qu'est-ce qu'il vous dit
13:20ce slogan ?
13:21C'est exactement
13:21ce que j'ai dit.
13:22Les fossiles,
13:22ça s'importe.
13:23C'est exactement
13:24ce que je me suis permis
13:25de dire tout à l'heure.
13:26C'est-à-dire que
13:27les énergies fossiles,
13:29c'est notre plus grand
13:30poste
13:31de déficit commercial
13:33et c'est notre plus
13:34grande vulnérabilité.
13:35Ça veut dire que chaque année...
13:36Non, mais ce que vous disiez
13:37c'est qu'il fallait
13:37apprendre à s'en passer
13:38et s'adapter.
13:39Lorsqu'on voit cette pub,
13:41on se dit non,
13:42ça s'importe.
13:43Il y en a ailleurs
13:44donc continuons à en apporter.
13:45Non, je crois que...
13:46Alors, je ne veux pas
13:47me faire le porte-parole
13:48d'EDF à ce micro,
13:51ce que je ne suis pas,
13:52mais je crois que
13:52leur slogan publicitaire,
13:53c'est précisément l'inverse,
13:54c'est de dire...
13:55Ah ben, je ne fais que le lire.
13:57Je vous l'avais sous les yeux,
13:58moi aussi,
13:58mais on ne va pas commenter
13:59le slogan publicitaire d'EDF.
14:01Enfin, ce que je vois là,
14:02c'est que les fossiles,
14:03ça s'importe,
14:03mais justement,
14:04ça s'importe au sens de
14:05ça nous coûte cher.
14:07Ça paise.
14:07L'année dernière,
14:09juste un chiffre,
14:11nous avons sorti
14:13de la maison Europe,
14:14nous avons tous sorti
14:15de nos propres poches,
14:16entreprises,
14:17individus,
14:18450 milliards d'euros
14:21pour acheter du pétrole
14:22et du gaz.
14:23L'électricité,
14:24que ce soit à base de nucléaire,
14:26que ce soit à base de renouvelables,
14:27toutes les technologies
14:28d'efficacité énergétique,
14:30de sobriété,
14:31où nous avons les leaders mondiaux
14:32sur ces sujets,
14:33ça crée de la valeur,
14:34ça crée des emplois chez nous.
14:35Moi, je viens du nord de la France,
14:37j'ai vécu la désindustrialisation
14:39des années 60-70.
14:40Je vois aujourd'hui,
14:41près de Dunkerque,
14:42par exemple,
14:43à Douai,
14:43à Valenciennes,
14:44sortir de terre
14:45des nouvelles usines
14:46qui redonnent de l'espoir.
14:47C'est aussi ça,
14:48l'action climatique.
14:48On va aller retrouver
14:49nos auditeurs d'Inter
14:50qui sont nombreux
14:51dans un instant,
14:52mais question rapide,
14:54à force de se focaliser
14:55sur le réchauffement climatique,
14:57est-ce qu'on n'en oublie pas
14:58justement,
14:58par exemple,
14:59la question de la biodiversité,
15:00Pascal Canfin ?
15:01Oui,
15:01la question de la biodiversité
15:02est toujours perçue
15:04comme un sujet secondaire.
15:06Il y a nous
15:06et puis il y a la nature.
15:08Or,
15:08nous faisons partie de la nature.
15:10Si je dois parler aussi
15:12en termes économiques,
15:13la Banque Centrale Européenne,
15:15ce n'est pas des poètes romantiques
15:17à la Banque Centrale Européenne.
15:19Ils ont dit que
15:19plus de la moitié
15:21de l'économie européenne,
15:22plus de la moitié
15:23de nos emplois en Europe
15:25étaient dépendantes
15:26du bon état de la nature.
15:28Pourquoi ?
15:28Parce que la nature,
15:29elle nous rend
15:30des services gratuits.
15:32Et si demain,
15:32l'air,
15:33l'eau,
15:34les pollinisateurs,
15:36etc.,
15:36etc.,
15:36si demain,
15:37il n'y a plus de glacier,
15:38qu'il n'y a plus de cycle de l'eau,
15:40ou de forêt,
15:41la déforestation continue
15:42en Amazonie,
15:43par exemple,
15:44et que la forêt,
15:45au lieu d'être
15:45un régulateur du climat
15:48et au contraire
15:49contribue au dérèglement climatique
15:51parce que la forêt brûle
15:52et qu'elle s'assèche,
15:53eh bien tout ça,
15:54ça aura un impact
15:55sur notre vie quotidienne
15:56et sur notre prospérité collective.
15:58Donc oui,
15:58vous avez raison,
15:59la nature,
16:00protéger la nature,
16:01ce n'est pas du tout
16:02un sujet.
16:02les petits oiseaux romantiques
16:04secondaires.
16:05C'est absolument majeur
16:06et ça fait partie
16:06de l'action que je mène au Parlement.
16:08Juste,
16:08Valérie Masson-Delmotte,
16:09on parlait il y a quelques instants
16:10avec Pascal Canfin
16:10des énergies fossiles.
16:12Quand le président brésilien,
16:13Lula,
16:14qui accueille la COP,
16:15appelle vendredi
16:16à sortir à une sortie juste
16:17et ordonnée
16:18des énergies fossiles,
16:18c'est un signal fort
16:19en amont de ce rendez-vous,
16:21mais est-ce que c'est crédible
16:23venant du huitième producteur mondial
16:24de pétrole ?
16:25C'est un aspect extrêmement important
16:29de structurer cette sortie organisée
16:31des énergies fossiles.
16:32C'était d'ailleurs une avancée considérable
16:34à la COP 28 à Dubaï,
16:36d'avoir cette feuille de route
16:37qui a été laissée en plan
16:38depuis deux ans.
16:40Et c'est important
16:41d'avoir cette réflexion
16:42sur la manière
16:43dont on construit cette sortie
16:45en montant en puissance
16:46sur la production
16:47d'électricité décarbonée.
16:49Et effectivement,
16:50le Brésil a cette dualité
16:52d'être à la fois
16:53très bien placé
16:56sur l'utilisation
16:57d'énergie renouvelable
16:58et en même temps
16:59d'être également
17:01un producteur d'énergie fossile
17:03avec l'enjeu
17:03de bouger le curseur
17:05graduellement dans la durée.
17:06Mais vous y croyez-vous ?
17:07Vous parliez tout à l'heure
17:08des questions liées
17:09à la forêt.
17:11Quand on regarde
17:12au niveau mondial,
17:13on voit une diminution
17:14des émissions
17:15de gaz à effet de serre
17:17liées à la déforestation.
17:19Et on voit
17:20à quel point au Brésil
17:21c'est fluctuant
17:22cette capacité
17:23à maîtriser
17:24la déforestation
17:25en fonction
17:26des politiques publiques.
17:27Donc c'est un point
17:28extrêmement important
17:29et l'état des forêts
17:31est également préoccupant
17:32si on regarde
17:33en France ou en Europe
17:34avec le stress thermique,
17:36le stress hydrique,
17:37un climat plus chaud.
17:38On a une augmentation
17:39des mortalités d'arbres,
17:40des dépérissements
17:41de forêts.
17:42Et donc on voit
17:42que les forêts
17:42sont sous double pression,
17:44celle du changement climatique
17:45et celle des activités
17:46d'exploitation des forêts.
17:48Et là,
17:48on est sur un double enjeu
17:49climat,
17:50un enjeu à préserver
17:51le puits de carbone
17:52des forêts
17:53et un enjeu aussi
17:54qui est une contrainte,
17:56c'est-à-dire
17:56les ressources en biomasse
17:58vont être plus limitées
17:59si l'on veut préserver
18:01les forêts
18:02et leur biodiversité.
18:03Bonjour Gilles.
18:05Oui, bonjour.
18:06Et bienvenue
18:07dans le grand entretien
18:08de France Inter
18:09avec Pascal Canfin
18:10et Valérie Masson-Delmotte.
18:11Vous aviez une question
18:12justement,
18:13une question sur la situation,
18:15l'état des lieux.
18:15question, réflexion,
18:17donc à partir de quelle année
18:18sera-t-on dans une situation
18:19irréversible,
18:21c'est-à-dire
18:21à partir de quand
18:23verra-t-on
18:23la disparition
18:25des êtres humains
18:26et une réflexion
18:27de citoyens,
18:28j'ai l'impression
18:29qu'on fait des copes
18:30à tour de bras,
18:31des réunions
18:31qui coûtent cher,
18:32qui ne servent à rien.
18:33Merci pour votre question,
18:35Gilles.
18:35En tout cas,
18:35sur le premier volet,
18:37à partir de quelle année
18:38sera-t-on
18:39dans une situation
18:40irréversible,
18:41Valérie Masson-Delmotte ?
18:44Mais c'est déjà le cas,
18:46on en est à un niveau
18:46de réchauffement planétaire
18:47de 1,36 degré.
18:49Le gros de la chaleur
18:50supplémentaire
18:51dû à nos rejets
18:52de gaz à effet de serre
18:52s'accumule dans l'océan,
18:53en surface,
18:54en profondeur,
18:5590% de cet excès de chaleur.
18:57Du coup,
18:57c'est irréversible
18:58à long terme,
18:58cette accumulation de chaleur.
19:00Et on a déjà acté
19:01par l'ajustement graduel
19:02des glaciers,
19:04des calottes
19:05du Groenland,
19:05de l'Antarctique,
19:07de la dilatation de l'océan,
19:08plus d'un mètre
19:09de montée du niveau
19:10de la mer à venir.
19:11Et donc,
19:12on est déjà
19:12sur une situation
19:13irréversible,
19:14mais chaque dixième
19:15de degré
19:15de réchauffement supplémentaire,
19:17ça entraînera
19:18des risques supplémentaires.
19:19Et du coup,
19:20c'est là tout l'intérêt
19:21d'agir pour limiter
19:22le réchauffement.
19:23On n'est plus
19:23sur une trajectoire
19:24de très forte hausse
19:26d'émissions de gaz
19:26à effet de serre,
19:27de réchauffement
19:28de 3,5 degrés
19:29ou 4 degrés
19:32une trajectoire
19:33qui permettra
19:34de le limiter.
19:35Pascal Canfin,
19:36rapidement.
19:37Oui,
19:38je voudrais dire
19:38pour notre auditeur
19:39qui dit
19:40les COP,
19:40finalement,
19:41Gilles,
19:41ça ne sert à rien.
19:42Je voudrais donner
19:43un exemple.
19:44Si aujourd'hui,
19:45en Europe,
19:46la semaine dernière,
19:46nous avons trouvé
19:47un accord
19:48pour reconsolider
19:49notre objectif climat
19:50pour 2040,
19:51donc la prochaine décennie,
19:53atteindre
19:53moins 90%
19:54de réduction
19:56de gaz à effet de serre,
19:56c'est parce qu'il y a
19:57la seringue diplomatique
19:59de la COP.
19:59C'est parce qu'il y a
20:00cette pression extérieure
20:01qui fait qu'à un moment donné,
20:02il faut trouver
20:02un accord.
20:03Ce n'est pas à respecter
20:03l'accord de Paris,
20:04cet objectif ?
20:04Si,
20:05moins 90% en Europe,
20:06je veux vous dire
20:06que pour nous,
20:07pour nous,
20:08Européens,
20:08ça a nous percé
20:09la trajectoire
20:09qui nous permet
20:10de respecter
20:11l'accord de Paris.
20:11Donc,
20:12ça crée une pression.
20:13Est-ce que c'est suffisant,
20:14Gilles ?
20:15Non,
20:15évidemment,
20:16mais si les COP
20:17n'étaient pas là,
20:18cette pression
20:18n'existerait même pas.
20:19Donc oui,
20:20c'est insuffisant,
20:21mais c'est encore nécessaire.
20:23Il y a une question
20:24également
20:24qui concerne
20:26le Mercosur.
20:27Bonjour Fabienne.
20:28Oui,
20:29bonjour monsieur.
20:30Alors moi,
20:30on a parlé
20:31réchauffement climatique,
20:33destruction des forêts,
20:34donc je vais faire court.
20:37C'est un non-sens
20:38cet accord,
20:41enfin,
20:41qui n'est pas encore signé.
20:42C'est votre avis ?
20:43Ça a été remis en question
20:44et donc,
20:45il faut,
20:46enfin moi,
20:47je ne comprends pas
20:48qu'on puisse
20:49continuer à enlever
20:51des puits de carbone
20:52au Brésil
20:52pour tuer
20:53nos agriculteurs
20:54français et européens.
20:56Voilà,
20:57c'est tout ce que
20:59c'est la question
20:59que j'avais à poser.
21:00Merci Fabienne
21:01pour votre question.
21:03Oui,
21:03puisque l'entretien
21:04touche à son terme.
21:05Moi,
21:05je vais dire à Fabienne
21:06que je suis d'accord
21:07avec elle,
21:08je suis contre cet accord,
21:09cet accord,
21:10nous allons,
21:10et moi en tant que
21:11parlementaire européen,
21:12la semaine prochaine,
21:13vendredi prochain,
21:14nous allons saisir
21:15la cour de justice
21:16de l'Union européenne
21:17avec plusieurs centaines
21:18de députés européens
21:19de toute nationalité
21:20et de tout bord politique
21:21qui s'opposent à cet accord.
21:22Mais donc vous n'êtes pas
21:22plutôt positif
21:23comme Emmanuel Macron ?
21:24Moi,
21:24je ne suis pas favorable
21:24à cet accord,
21:25pourquoi ?
21:26Parce qu'il contient,
21:28si vous me laissez répondre
21:28à votre...
21:30Non,
21:30mais c'est juste
21:30pour que tout le monde
21:31comprenne le paradoxe.
21:32Oui,
21:32mais bien sûr,
21:33mais on peut avoir
21:33des accords
21:35sur certains sujets
21:36et pour le coup,
21:37le président de la République
21:38a ouvert la porte
21:39au Mercosur
21:40mais il a reprécisé
21:41les exigences françaises
21:42cette nuit.
21:43Néanmoins,
21:44je finis,
21:45si vous me laissez
21:45quelques secondes
21:46sur le sujet.
21:47Pourquoi cet accord
21:48est mauvais ?
21:49Il contient un mécanisme
21:50qui s'appelle
21:51le mécanisme de rééquilibrage.
21:53C'est la première fois
21:54que l'Union européenne
21:55signe un accord commercial
21:56avec ce tel mécanisme.
21:58Ce mécanisme,
21:58il dit quoi ?
21:59Il dit que si demain,
22:00on veut prendre,
22:01nous Européens,
22:01des règles du jeu
22:02plus favorables
22:03à la protection
22:04de l'environnement,
22:05plus favorables
22:06à la lutte contre
22:06les pesticides,
22:07eh bien,
22:08on donne aux Brésiliens
22:09un droit de compensation
22:10financière
22:11pour compenser le fait
22:13que ça risque
22:14d'avoir des impacts
22:15négatifs
22:15sur leurs propres exportations
22:17qui auront déforester
22:17l'Amazonie.
22:18C'est inimaginable
22:20de signer un tel accord.
22:21Et maintenant,
22:22nous sommes en négociation
22:23commerciale avec l'Inde.
22:24Quelle est la première demande
22:25de l'Inde ?
22:26Eh bien,
22:26c'est d'avoir exactement
22:27la même chose.
22:27Ça veut dire qu'on brade
22:28notre souveraineté.
22:30Et ça,
22:30c'est totalement inacceptable
22:31et donc je me battrai
22:32jusqu'au bout
22:32et la semaine prochaine,
22:33on va saisir la Cour de justice
22:34de l'Union européenne
22:35pour que si nous réussissons
22:39à gagner une majorité
22:40au Parlement européen,
22:41cela arrête de facto
22:43la ratification du Mercosur
22:45au Parlement européen
22:45le temps que la Cour de justice
22:47se prononce.
22:47Merci infiniment,
22:49Pascal Cantin,
22:49d'avoir été l'invité
22:50de France Inter.
22:51Merci Valérie Masson-Delmotte
22:53d'avoir été avec nous
22:55également pour mesurer
22:56les enjeux de la COP.
22:57Je vous souhaite
22:58à tous les deux
22:58une excellente journée.
22:59à tous les deux
Recommandations
25:40
|
À suivre
24:25
25:14
Écris le tout premier commentaire