Alors que plus de trois semaines après sa nomination, Sébastien Lecornu n'a toujours pas formé son gouvernement, il annonce renoncer à l'article 49.3 et avoir commencé à "tracer des chemins" vers des compromis à l'Assemblée.
00:00Bonjour à toutes et à tous. Je voulais m'adresser à vous et par l'intermédiaire évidemment de la presse, aux Françaises et aux Français qui nous écoutent,
00:10sachant que depuis trois semaines, j'ai volontairement peu parlé pour laisser sa chance au dialogue, aux compromis et aux discussions de fond.
00:20Sur ce même perron, il y a trois semaines, j'ai indiqué qu'il y avait un décalage important entre la situation internationale et la situation nationale,
00:27un décalage important parfois entre la vie politique française et la vie de nos compatriotes.
00:32Et donc pendant trois semaines, en recevant syndicats salariés, syndicats patronaux, formation politique du socle commun,
00:39ceux qui soutiennent l'action du gouvernement que je vais former, des oppositions mais aussi des différentes filières professionnelles,
00:45acteurs engagés du pays, forces vives, élus locaux, j'ai commencé à tracer des chemins qui vont nous permettre de trouver des compromis à l'Assemblée nationale
00:55et notamment, j'y reviendrai lors de ma déclaration de politique générale.
00:59Ce qui me frappe beaucoup, et c'est au fond un peu mon problème, c'est que dans le secret du bureau,
01:05dans le secret des discussions que nous pouvons avoir avec les différentes formations,
01:09avec les différents syndicats, avec les différents acteurs au fond qui peuvent faire avancer notre pays,
01:15dans le secret du bureau, les compromis sont possibles, les discussions sont sérieuses, toujours techniques, toujours sincères.
01:22Et au fond ça nous amène à un premier schéma, une première possibilité dans les temps à venir,
01:27c'est de se dire qu'une coalition plus large aurait été possible avec un accord de non-censure,
01:32c'est-à-dire une capacité pour les formations républicaines à l'Assemblée nationale et au Sénat
01:36de se faire confiance avec au fond, pas pour faire une coalition à l'allemande,
01:41mais au moins un texte qui permet de donner de la clarification, de donner de la stabilité au pays
01:44et surtout, je l'avais dit, pas d'immobilisme, mais donc de faire avancer
01:47et donner des réponses pour les préoccupations de nos concitoyens et de nos concitoyens.
01:52Les premières consultations que j'ai eues il y a trois semaines,
01:55il s'avère que pour plein de raisons qui sont d'ailleurs très compréhensibles
01:58et que je peux partager, cette possibilité n'a pas pu prospérer.
02:03Et donc au fond, le sujet maintenant, c'est comment chacun fait un pas, un geste,
02:09mais plus qu'un geste, sans se renier dans ses propres convictions,
02:12pour faire avancer le pays. Et donc au fond, sur les thèmes que nous connaissons,
02:18cela ne peut pas être aussi binaire que pour la réforme des retraites,
02:23dite la réforme borne ou contre la réforme des retraites, mais comment on l'améliore ?
02:27Et c'est ce que je proposerais d'ailleurs aujourd'hui, c'est une amélioration
02:30de notre régime de retraite, notamment sur les questions de pénibilité pour les femmes.
02:36Ce n'est pas uniquement l'attaque Zuckmann ou rien, c'est évidemment la capacité à se dire
02:42pourquoi, comment fonctionne la fiscalité pour les 0,1% de nos compatriotes les plus riches.
02:48Et donc ça pose la question au fond de ce qu'on dit de la justice fiscale,
02:51c'est-à-dire comment l'effort évidemment est réparti.
02:54Ce n'est pas la question est-ce qu'on est pour ou contre le pouvoir d'achat,
02:57on ne peut pas être contre donner plus de pouvoir d'achat évidemment à celles et ceux qui travaillent,
03:01c'est au fond quel est le meilleur vecteur pour le faire.
03:04Ce n'est pas est-ce qu'on est pour ou contre une mesure sur l'immigration,
03:08c'est au fond pour ce grand défi que nous allons connaître encore dans les décennies qui vont venir,
03:13lié au réchauffement climatique, lié au terrorisme au Sahel, au Proche et au Moyen-Orient,
03:18quelles sont les réponses les plus efficaces qu'il faut trouver.
03:21Et au fond ce caractère binaire est au fond ce qui peut nous empêcher d'avancer.
03:25Et c'est pour cela qu'après en avoir discuté avec un certain nombre d'acteurs de la vie politique et parlementaire,
03:32je pense qu'il nous faut, comme je l'ai dit aussi sur ce perron, engager quelques ruptures.
03:38La Vème République elle est présidentielle, semi-présidentielle si on est précis,
03:42mais elle peut être aussi parlementaire.
03:44Et je pense que nous sommes dans le moment le plus parlementaire de la Vème République.
03:47Mais pour cela il faut que chaque député puisse avoir du pouvoir,
03:52puisse avoir de la responsabilité, puisse prendre ses responsabilités.
03:56Et au fond c'est ça qui nous empêche d'avancer,
03:58c'est la capacité à ce que le débat démarre.
04:02Et donc j'ai décidé de renoncer à l'article 49 à l'ENA 3 de la Constitution,
04:06puisque cet article au fond permet au gouvernement d'interrompre les débats,
04:11d'engager la responsabilité du gouvernement et au gouvernement d'écrire la copie.
04:16Et on le sait très bien, je défends la Vème République et sa Constitution,
04:20c'est un outil utile, mais c'est un outil qui a plutôt été imaginé par Michel Debray
04:23pour contraindre sa propre majorité.
04:26Or, dans un parlement qui fonctionne, dans un parlement en plus qui a été renouvelé
04:30il y a plus d'un an, qui ressemble aux Français avec ses divisions,
04:33on ne peut pas passer en force et on ne peut pas contraindre son opposition.
04:38Renoncer à l'article 49 à l'ENA 3 ne doit pas nous faire renoncer
04:42à ce que la France ait un budget au 31 décembre.
04:45Et donc c'est sur la base de cette nouvelle méthode, de cette rupture,
04:48où le gouvernement déporte encore davantage le pouvoir à l'Assemblée nationale et au Sénat,
04:56que je vais pouvoir engager un certain nombre de discussions nouvelles ce matin,
05:00cet après-midi, dans les jours qui viendront aussi avec les partenaires sociaux,
05:03en disant, fort ce constat, fort de cette rupture,
05:07comment l'Assemblée nationale, comment le Sénat vont s'emparer justement de ces différents enjeux.
05:12Alors évidemment, le gouvernement va devoir aussi, lui, changer de méthode,
05:16bâtir des compromis avant la séance, pendant la séance,
05:21parfois aussi après les séances, dans ce qu'on appelle les communistes mixtes paritaires,
05:24c'est-à-dire ce moment où l'Assemblée nationale et le Sénat se retrouvent.
05:28Et donc c'est aussi sur cette base que je proposerai dans les prochains jours
05:32au Président de la République une liste de membres du gouvernement
05:35qui devront accepter de rentrer aussi dans une nouvelle méthode
05:39de partage du pouvoir avec l'Assemblée nationale.
05:42Il y aura d'autres ruptures à venir, j'en ai déjà esquissé quelques-unes,
05:46en matière de partage du pouvoir dans le pays avec la décentralisation,
05:49en matière de partage du pouvoir avec les partenaires sociaux,
05:53parce que je crois au dialogue social.
05:55En tout cas, ce que je vais vous dire ce matin, c'est qu'on va y arriver,
06:00que pour y arriver, il faut qu'évidemment chacun ait envie d'y arriver,
06:04et dès lors que le gouvernement ne peut plus être en situation d'interrompre les débats,
06:08il n'y a donc plus aucun prétexte pour que ces débats ne démarrent pas la semaine prochaine.
06:13J'aurai l'occasion de revenir devant les Françaises et les Français plus longuement,
06:17prochainement, pour faire un point évidemment sur ce qui les concerne,
06:21pour leur vie quotidienne, sécurité, pouvoir d'achat,
06:24sécurité collective avec l'actualité internationale,
06:26parce qu'une fois de plus, en trois semaines,
06:28cette rupture, ce décalage, pardonnez-moi,
06:30entre la vie internationale et la vie nationale,
06:32continue d'être préoccupant, on l'a tous vu, dans les dernières informations.
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