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  • il y a 2 mois
Le Premier ministre Sébastien Lecornu a dévoilé, ce jeudi 2 octobre, plusieurs pistes de mesures, a priori censées renforcer le pouvoir d'achat des Français. Celles-ci pourraient figurer dans le projet de loi de finances pour 2026. Des mesures comme le retour de la "prime Macron" ou la défiscalisation des heures supplémentaires qui sont pourtant actuellement en vigueur.

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Transcription
00:00Amélie Rosic, votre choix ce soir, on va le rappeler, le gouvernement cherche
00:0340 milliards d'euros d'économie pour le budget de l'an prochain.
00:08Alors pourquoi pas raboter les niches fiscales ?
00:10Ce n'est pas la première fois qu'on l'entend, qu'on en parle,
00:13mais cette fois-ci c'est dans la bouche du rapporteur général du budget.
00:15Oui, j'ai nommé Charles de Courson, député du groupe Lyot à l'Assemblée,
00:18qui a remis son rapport cette semaine avec, à l'intérieur, il lance, l'air de rien,
00:23une petite bombe, en tout cas c'est moi qui le dis,
00:26et si on rabotait le crédit d'impôt pour l'emploi à domicile.
00:28C'est un interdit, c'est presque un tabou, quand même, en tout cas dans le gouvernement précédent,
00:32enfin on va dire le gouvernement démissionnaire, parce qu'il n'y a pas encore de nouveau gouvernement.
00:36La ministre démissionnaire chargée des comptes publics l'avait un temps évoqué,
00:40souvenez-vous, avant de se faire taper sur les doigts par son ministre de tutelle,
00:43et d'expliquer qu'en fait c'était inenvisageable, et c'était sur notre antenne le 25 août dernier, écoutez-la.
00:49J'ai toujours dit, par exemple sur les crédits de service à la personne,
00:53que ce qui concerne les gardes-enfants, ce qui concerne les personnes âgées à domicile,
00:56ce qui concerne les personnes handicapées.
00:58Sur le ménage, vous n'aviez pas pu dire que celle-là est passée.
00:59Je ne souhaite pas, je ne souhaite pas, et ça c'est ma conviction de ministre,
01:04que nous touchions à ce qui fonctionne.
01:06Eh bien ça va peut-être vous étonner, mais je crois qu'Amélie de Montchalin avait raison.
01:09Et que toucher à cette niche fiscale, c'est une fausse bonne idée.
01:12Avant de vous expliquer pourquoi, je vais reposer un petit peu le cadre quand même.
01:15Les niches fiscales, regardez, il y en a 474,
01:19elles représentent plus de 85 milliards d'euros par an,
01:22donc c'est vrai que c'est gros.
01:23On compte quelques dizaines de niches fiscales obsolètes
01:26et qui ne coûtent franchement pas grand-chose.
01:28D'autres, au contraire, qui marchent très bien.
01:30Je vous ai fait le top 3 des plus coûteuses, si on le dit comme ça.
01:34Le crédit impôt recherche qui va aux entreprises, 7,7 milliards d'euros.
01:38L'emploi à domicile, donc crédit d'impôt emploi à domicile, 6,8.
01:41Et puis l'abattement de 10% sur les pensions retraites,
01:44ça représente quasiment 5 milliards, 4,9 milliards d'euros sur l'année.
01:49À la place du Premier ministre, si on cherche des milliards d'euros d'économie,
01:52on s'attaque aux trois.
01:52Oui, oui, oui.
01:53Eh bien, non.
01:54Pourquoi ?
01:55Le crédit d'impôt recherche, évidemment, qu'est-ce qu'il fait ?
01:57Vos entreprises, ils créent de l'emploi,
01:59ils nous permettent d'être à la pointe de la recherche,
02:01encore aujourd'hui, même si ce n'est pas évident, en France.
02:03Donc on n'y touchera pas et c'est tant mieux.
02:05L'abattement de 10% sur les pensions et retraites,
02:08bon courage, c'est un sujet quand même hautement inflammable,
02:10donc on n'y touchera pas non plus.
02:11Il ne reste que donc...
02:11Ben, l'emploi à domicile.
02:13Exactement.
02:13Voilà ce que propose le rapporteur général du budget.
02:16Ex-rapporteur, il a été remplacé cet après-midi.
02:18Ben, attendez, parce que j'y venais, j'essaie de faire un twist,
02:21mais il m'a foiré mon twist.
02:25Surtout, c'est ce qu'on vient de me dire dans l'oreillette.
02:28Donc, le rapporteur, au moment où il donne son rapport mardi,
02:33voilà ce qu'il propose.
02:34A baisser drastiquement les plafonds annuels de crédit d'impôt emploi à domicile,
02:38de 12 000 à 2 ou 3 000.
02:39Parce que c'est chaque année, hein.
02:42En visant notamment les crédits qui touchent à l'entretien de la maison,
02:45aux travaux ménagers, au jardinage et au soutien scolaire,
02:48ce qu'on considère que ce n'est pas essentiel, on va dire ça comme ça,
02:51en épargnant, fort heureusement, l'aide aux personnes âgées,
02:54le handicap et la garde d'enfants.
02:56C'est vrai que cette niche fiscale coûte cher.
02:58Les dépenses pour les finances publiques ont doublé entre 2017 et 2024,
03:03mais y toucher, ça fait visiblement peur,
03:04puisque Charles de Courson a perdu son poste.
03:07Perdu son poste, merci.
03:08Ben, pourquoi ne pas y toucher ?
03:09Pourquoi ne pas y toucher à cette niche fiscale ?
03:10Parce que ce chiffre, il cache deux réalités
03:13qui sont, c'est vrai, moins facilement chiffrables, quantifiables,
03:17celles à la fois de la création d'emploi,
03:19mais aussi du travail dissimulé.
03:20Je vais prendre un exemple.
03:21Le ménage, depuis la création du crédit d'impôt,
03:24qui permet donc de financer 50% du coût d'un employé de maison
03:27qui fait le ménage chez vous,
03:28jusqu'à 12 000 euros par an.
03:30Nombre de ménages ont fait appel à des employés à domicile,
03:33et en particulier depuis la mise en place de l'avance immédiate du crédit d'impôt.
03:38Donc là, vous n'avez rien à avancer, vous payez simplement votre part,
03:41avec pour bénéfice secondaire évidemment une augmentation du travail déclaré
03:45et donc une diminution drastique du travail dissimulé,
03:48ce qu'on appelle le travail au noir.
03:49Si vous opérez le mouvement inverse, c'est à peu près mécanique,
03:53la tendance va s'inverser au détriment in fine de l'emploi et des finances publiques.
03:57Mais ça, c'est du moyen et du long terme,
03:59et aujourd'hui, on est un petit peu court-termiste.
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