00:00On revient en France, 240 actions prévues dans tout le pays selon la CGT, 300 000 personnes attendues dans la rue.
00:06Les grèves de ce jeudi auront-elles un impact sur la situation politique ?
00:10On en parle avec vous Olivier Beaumont, bonjour.
00:11Bonjour.
00:12Vous êtes chef adjoint du service politique au Journal de Parisien, troisième journée d'action en un mois.
00:17J'imagine très observée par les politiques. Est-ce que le pouvoir est inquiet ce matin ?
00:23Non, pas vraiment. Vous venez de le rappeler, c'est la troisième mobilisation en un mois
00:27et on annonce clairement une mobilisation qui est bien moindre que celle qu'on a connue lors des fois précédentes.
00:32Même les syndicats, un taux dans le milieu enseignant. On annonçait 33% de mobilisation le 18 septembre dernier.
00:39Là, on s'annonce à un taux de grève de 10%, donc c'est bien moindre.
00:43On voit que c'est un mouvement qui s'essouffle pour plusieurs raisons.
00:46Les deux principales étant quand même le fait qu'aujourd'hui, ceux qui s'interrogent sur le fait de manifester ou de faire grève ou pas
00:53ont besoin d'avoir un identif, une raison de colère à exprimer.
00:58Et dans cette période de trouble un petit peu, où on attend encore les arbitrages définitifs de Sébastien Lecornu sur le budget,
01:04manifester contre un budget qu'on ne connaît pas vraiment encore, c'est une difficulté pour mobiliser.
01:09Et puis deuxième raison, plus matérielle mais aussi logique pour ceux qui manifestent.
01:14Ils ne sont pas payés et trois jours de grève en un mois, c'est trois jours de salaire en moins sur la fiche de paye.
01:19Donc est-ce que le Premier ministre, lui, il mise aussi sur l'essoufflement de ce mouvement pour éventuellement faire passer des décisions difficiles ?
01:27Est-ce qu'il y a une part de calcul aussi ?
01:28Part de calcul, non. Lui, sa difficulté aujourd'hui, c'est d'arriver, plus politique, c'est d'arriver à ne pas être censuré lorsque ce budget sera examiné.
01:37Et donc d'arriver à convaincre le Parti Socialiste de ne pas mettre le pouce en bas et donc de faire renvoyer son gouvernement.
01:47Donc aujourd'hui, sa priorité, c'est ça et c'est d'arriver à boucler ce fameux budget.
01:51Il y a un rendez-vous qui est important, c'est vendredi prochain puisqu'il va recevoir les dirigeants socialistes.
01:56On commence à connaître là ces dernières heures, un certain nombre d'annonces qui pourraient figurer dans ce budget et qui pourraient peut-être contenter la gauche.
02:04Sur la retraite des femmes, sur la taxation des hauts revenus, sur aussi les revenus du capital.
02:11Il y a quelques pistes qui commencent à être présentées au Conseil des finances publiques et l'étape intermédiaire avant la présentation au Conseil des ministres.
02:20Donc là, on voit, on est en train d'arriver dans un « money time ».
02:22Arrivera-t-il pour autant à convaincre la gauche ?
02:25Quand on interroge aujourd'hui les cadres du Parti Socialiste, ils disent qu'ils n'ont aucun contact avec Matignon et Sébastien Lecornu depuis plusieurs jours.
02:32Donc voilà, on attend vendredi, on en saura un petit peu plus.
02:34Tu reviens à cette mobilisation, est-ce que son succès ou son échec pour l'intersyndicale peut avoir aussi des conséquences à la fois sur la nomination, sur le casting du gouvernement qui va être annoncé entre ce soir et dimanche ?
02:47Voilà, ça peut avoir un impact. Une très forte mobilisation aurait forcément un impact.
02:52C'est clairement pas vers ce quoi on a aujourd'hui.
02:55Et quand je dis une très forte mobilisation, il faudrait au moins un million de personnes dans la rue.
02:59Là, on voit qu'on est loin du compte, puisque c'était 500 000 qui avaient été comptabilisés par les forces de police le 18 septembre.
03:05Alors, un million revendiqués par les forces syndicales.
03:08Mais voilà, on voit bien aujourd'hui qu'on n'est pas du tout dans ce delta-là aujourd'hui.
03:12Donc je ne crois pas qu'à ce stade, en tout cas, une mobilisation, qu'elle soit moyenne ou plutôt faible aujourd'hui, puisse avoir un impact.
03:18Et puis on le voit aussi, dans les transports en commun, il y a peu d'impact ce matin pour les usagers.
03:24Donc on s'attend à une mobilisation à minima qui ne devrait donc pas avoir d'impact sur les tractations en courant.
03:29La nomination du gouvernement attendue donc d'ici la fin de la semaine.
03:34Est-ce que, déjà, pourquoi ce timing-là ? Il fallait d'abord attendre le retour, je crois, d'Emmanuel Macron en France ?
03:40Emmanuel Macron, oui, avait deux déplacements à l'étranger cette semaine.
03:44Et puis Sébastien Lecornu, c'est la méthode qu'il essaie de mettre en place.
03:47Il a dit que lui, sa priorité, c'était d'abord de traiter le quoi avant le qui.
03:51Donc on est clairement dans cette séquence-là. Le quoi devrait s'achever d'ici la fin de la semaine.
03:56Et donc on devra arriver très vite au qui.
03:59Donc on nous annonce une nomination entre vendredi soir et dimanche soir.
04:04Moi, ce que je sais à l'heure actuelle, c'est que l'architecture gouvernementale, elle est stabilisée, elle est connue entre Emmanuel Macron et Sébastien Lecornu.
04:11Mais il y a toujours des ajustements de dernière minute.
04:14Et on sait très bien, et j'ai cette expérience, qu'il suffit que ça bloque sur un nom pour que ça ait un impact sur le reste de la formation du gouvernement.
04:21Vous racontiez hier dans Le Parisien que cette liste manquait de personnes issues de la société civile, manquait aussi de femmes.
04:28Est-ce qu'il est en train de réajuster cette liste-là, Sébastien Lecornu ?
04:32C'est la difficulté du moment.
04:33Alors, beaucoup de sortants devraient être reconduits, notamment sur les ministères régaliens,
04:38parce que le président de la République veut de la stabilité sur la justice, sur la sécurité, et puis sur l'étranger.
04:44Gérald Darmanin, Jean-Noël Barraud sont quasiment assurés d'être reconduits.
04:47A priori, sur les ministères qui ont connu beaucoup de turn-overs ces dernières années, notamment l'éducation nationale,
04:52si le ministre en trois ans, là aussi, il voudrait la stabilité, donc Elisabeth Borne pourrait être reconduite.
04:58Mais il y a une difficulté, effectivement, vous venez de la rappeler, c'est la présence de membres de femmes au gouvernement.
05:04Il semble que le compte n'y soit pas aujourd'hui, en tout cas le compte paritaire, et Sébastien Lecornu y tient.
05:08Et l'autre difficulté, c'est la société civile, et on comprend, ils avaient déjà eu des problèmes la fois d'avant
05:13pour essayer de convaincre des personnes issues qui ne viennent pas du monde politique.
05:19Et aujourd'hui, s'engager dans un portefeuille ministériel, ils ont quitté des fonctions de l'entreprise.
05:23Quand on sait que ce gouvernement, potentiellement, peut sauter dans 15 jours ou dans un mois,
05:26on comprend que certains réfléchissent à deux fois avant d'accepter.
05:29Et aujourd'hui, c'est plutôt non pour intégrer un gouvernement quand on vient de la société civile.
05:33Merci beaucoup, Olivier Beaumont, pour cet éclairage ce matin.
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