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  • il y a 2 jours
Télématin reçoit Mathieu Souquière, essayiste, qui évoque sur le plateau la démission de Sébastien Lecornu et les projets du gouvernement.

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Transcription
00:00En France, il a débroussaillé ou démuné le terrain selon qu'on préfère le langage guerrier ou jardinier.
00:05C'est tout pour lui. Merci, au revoir.
00:06Sébastien Lecornu a rendu sa copie au chef de l'État qui se donne 48 heures pour nommer un nouveau Premier ministre.
00:12Bonjour Mathieu Souquière.
00:13Merci d'être avec nous. Vous êtes essayiste, expert associé auprès de la Fondation Jean Jaurès.
00:17Alors, si on résume la situation ce matin, la dissolution s'éloigne.
00:20Le budget est possible d'ici le 31 décembre avec un nouveau gouvernement, sans doute avant lundi.
00:26Tout va bien, quoi.
00:26En tout cas, le premier élément, effectivement, c'est que la dissolution semble, à ce stade en tout cas, écartée.
00:32On avait un doute au cours des 48 dernières heures.
00:35Donc, les consultations que Sébastien Lecornu a menées l'auraient conduit à conclure ça et en discuter avec le Président de la République
00:41avec un argument qu'on peut rappeler quand même.
00:44Il n'y aurait pas de majorité à l'Assemblée nationale en faveur d'une dissolution.
00:48Une incise, il n'y avait pas davantage de majorité en faveur d'une dissolution l'année dernière,
00:53au moment où Emmanuel Macron, pour autant, y avait procédé.
00:55Voilà où on est.
00:57Alors, un mot du Premier ministre démissionnaire, donc hier soir sur le plateau de Léa Salamé et du 20h.
01:01Des politiques de Toubou ont salué sa responsabilité et sa hauteur ces dernières semaines.
01:06Est-ce que vous partagez cet avis ?
01:07Alors, on peut effectivement considérer qu'il a été digne dans la fonction et digne dans l'expression
01:12après un vote ville de quelques jours qui n'avait pas été particulièrement gratifiant pour l'image de nos politiques.
01:19Donc, de ce point de vue-là, l'image d'hier a tranché.
01:22Je ne sais pas si le discours du Premier ministre a pour autant été extrêmement clair.
01:25Sur la dissolution, si on l'a compris, en tout cas à court terme, sur la suite des choses, c'est moins net.
01:31Alors, un deuxième message quand même subliminal en termes de ligne politique pour la suite,
01:35puisque du coup, Emmanuel Macron va nommer un Premier ministre dans les 48 heures.
01:39En tout cas, c'est ce qui a été confirmé par l'Élysée hier soir.
01:41Ça pourrait être Sébastien Lecornu. Alors, lui dit que sa mission est terminée et qu'il n'est pas candidat.
01:46Mais, c'est une possibilité ?
01:48Il a fermé la porte et il a dit deux choses.
01:50Il a dit qu'en termes d'orientation politique quand même, c'était feu le socle commun
01:56ou ce qui a été le socle commun jusqu'à il y a peu.
01:58En tout cas, ce qu'il a appelé un socle de stabilité qui semble être la force politique
02:03aux yeux du Président de la République qui reste dominante
02:05et donc qui doit incliner d'une certaine façon l'orientation politique de ce gouvernement.
02:09Et la troisième information subliminale qu'il a laissée entendre,
02:13c'est que le casting gouvernemental devait être dépollué de toute considération présidentielle.
02:19Alors, effectivement, Sébastien Lecornu n'a jamais dit qu'il était potentiellement candidat à l'élection présidentielle de 2027.
02:24Pour autant, un tel discours incline plutôt à imaginer qu'on s'orienterait soit vers un gouvernement dit technique,
02:32soit un gouvernement composé de personnalités déjà un peu sorties du jeu politique
02:36ou en tout cas qu'on n'imagine pas vouloir y revenir d'ici 2027.
02:40Donc, ça veut dire quoi ? Des anciens premiers ministres ?
02:43Exactement. Alors, je sais que depuis hier soir, le nom de par exemple, Jean-Louis Borloo, circule beaucoup.
02:48Ce type de figures, voilà, des figures d'autorité dans la sphère politique
02:51dont, encore une fois, on n'imagine pas qu'elles cherchent, en passant par la case Matignon,
02:56à revenir ou à venir à l'Élysée dans un an et demi.
02:58Oui, parce qu'en plus, et les oppositions le disent, si le Premier ministre est macroniste, la gauche va censurer.
03:04S'il y a une suspension de la réforme des retraites, là, c'est la droite qui va censurer.
03:08Il y a peut-être un chemin, comme le disait Sébastien Lecornu, mais en fait, il est étroit.
03:12Alors, on ne sait pas effectivement si ce chemin, on peut le trouver.
03:16Rappelons quand même que la crise politique dans laquelle nous sommes est différente, en fait, des deux précédentes.
03:20Si Sébastien Lecornu est tombé, ou plus exactement, si avant de tomber, il a démissionné,
03:25ça n'est pas à cause d'une explosion causée par la censure des oppositions additionnées.
03:30Pas du tout, c'est ce qui avait coûté la peau de Michel Barnier et de François Béroux.
03:34Là, ce n'est pas une explosion politique à laquelle nous avons assisté,
03:36c'est une implosion du socle présidentiel, du camp présidentiel en réalité.
03:40Alors, d'abord parce que LR n'est plus un allié très fiable, on l'a compris,
03:44parce qu'il y a une rivalité dans la perspective de la présidentielle entre Bruno Retailleau et Laurent Roquiez,
03:49mais parce que le camp présidentiel lui-même se fissure,
03:51avec des ambitions de plus en plus affirmées de Gabriel Attal et d'Edouard Philippe,
03:55qui, pour assumer ces ambitions, ont besoin de se montrer en rupture avec le président de la République.
04:00Donc, première chose, c'est le camp présidentiel, d'abord, qui doit être recimenté.
04:05Et je ne sais pas dans quelle mesure ils y parviendront.
04:08Dernière chose, effectivement, il se trouve que, et c'est la petite chance d'Emmanuel Macron,
04:12toutes ces oppositions ne sont pas d'accord sur la suite.
04:15Elles ne sont pas du tout unies, elles ne parlent pas à l'unisson.
04:18LFI demande sa démission à travers une procédure de destitution.
04:23L'extrême droite, qui a changé d'avis plusieurs fois, désormais, en fait, prône la dissolution.
04:28Et la gauche de gouvernement, non pas seulement le PS, mais ce qui constituait l'ex-gauche plurielle il y a 20 ans,
04:33c'est-à-dire le PS et ses alliés d'hier, eux, demandent de gouverner.
04:37Donc, c'est vrai que c'est la petite voie de passage d'Emmanuel Macron.
04:40Il a en face de lui des gens qui ne parlent pas du tout d'une même voie.
04:42Alors, si Sébastien Lecornu a terminé sa mission, Mathieu Soukir, ça veut dire que c'est maintenant Emmanuel Macron qui gère la crise en direct ?
04:49Absolument. C'est désormais, et d'ailleurs, c'est sa prérogative constitutionnelle, institutionnelle,
04:55c'est à lui de nommer un nouveau gouvernement, donc là, désormais, le quatrième.
04:59Et j'entendais François Hollande s'exprimer hier soir, qui disait,
05:02cette fois, entre guillemets, c'est la bonne ou c'est la dernière ?
05:05C'est-à-dire que c'est la dernière cartouche.
05:06On voit qu'avec la démission de Sébastien Lecornu, la cible a commencé de se déplacer.
05:11Elle était dans le dos du Premier ministre, elle est désormais de plus en plus dans le dos du Président de la République.
05:16Si, avec ce nouveau choix, qui doit normalement être annoncé dans les 48 heures,
05:20Emmanuel Macron se trouvait de nouveau dans une impasse politique,
05:23avec un nouveau Premier ministre de nouveau potentiellement censuré,
05:27on voit bien qu'il serait dans de grandes difficultés politiques et institutionnelles.
05:30– Mais ça peut continuer comme ça, sauf à décider de dissoudre,
05:34mais on peut continuer à avoir des nominations de Premier ministre…
05:37– Oui, à chaque crise politique quand même,
05:40au-delà même de l'image que la classe politique donne à son opinion,
05:43on voit bien que le Président de la République est celui qui est de loin à chaque fois le plus affaibli.
05:48Sa cote d'impopularité explose comme jamais aucun Président de la République n'en a connu.
05:53Et je dirais même qu'avec Sébastien Lecornu, nous avions le couple exécutif
05:56le plus impopulaire de toute l'histoire de la Ve République.
05:59Un Président aussi impopulaire est un Président impuissanté, totalement impuissanté.
06:06Et quand on voit que son ex-Premier ministre Edouard Philippe a lui-même évoqué
06:09l'hypothèse de sa démission, en la présentant même comme un acte de dignité
06:13de la part du Président de la République, ça sent un peu le sapin.
06:16– Et on terminera là-dessus, merci Mathieu Thiguerre.
06:19– Sous-titrage Société Radio-Canada
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