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L'ancien commissaire européen au Marché intérieur Thierry Breton était l’invité de #LaGrandeInterview de Sonia Mabrouk dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.
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00:01La grande interview ce matin sur CNews et Europe 1, mon invité Thierry Breton, bonjour et bienvenue.
00:06Bonjour Sonia Mavouk.
00:07Et merci de votre présence, vous avez été ministre de l'économie, également commissaire européen au marché intérieur
00:12et je signale ce livre à paraître prochainement que vous publiez les 10 renoncements qui ont fait la France aux éditions Plon,
00:19certainement évidemment qu'il va beaucoup faire parler ce livre.
00:22Et tout d'abord peut-être en parlant d'un renoncement Thierry Breton va s'interroger ce matin sur la voix de la France.
00:27Que pèse-t-elle encore ? Que vaut-elle encore face au plan de paix de Donald Trump à Gaza ou face aux résultats des sanctions russes ?
00:34Mais tout d'abord cette même voie en Algérie.
00:36On a appris que la France déroule en quelque sorte le tapis rouge à Alger alors qu'elle avait promis des sanctions
00:42eu égard à la relation entre ces deux pays.
00:45Rappelons que nous avons un compatriote, un journaliste qui est emprisonné et également évidemment Boalem Sansal.
00:51Malgré cela, l'ambassade de France sur place s'est réjouie et félicitée de l'augmentation des visas accordés aux étudiants
00:57algériens. Comment vous appréhendez une telle attitude de notre pays ?
01:00De toute façon, d'abord moi je me réjouis que des étudiants viennent en France.
01:05Et ça il faut le dire.
01:06Il ne s'agit pas de les punir évidemment.
01:07Il ne s'agit pas de les punir et c'est très important que la France continue à être ce pays
01:12qui accueille des étudiants du monde entier parce que précisément c'est notre histoire,
01:17c'est notre image, c'est ce que nous représentons.
01:19Et donc il faut s'en réjouir.
01:21Et puis deuxièmement, il y a effectivement les propos, les propos que nous tenons légitimement
01:26contre un état, il faut bien le dire, qui exerce envers la France une relation pour le moins déséquilibrée.
01:34Et voyez-vous, en diplomatie, il y a un moment où l'équilibre ça compte.
01:38Il faut le faire respecter.
01:40C'est vrai qu'aujourd'hui, vis-à-vis l'Algérie, les observateurs que nous sommes, on le voit,
01:44c'est pas respecté et c'est pas normal.
01:46Ce qui peut surprendre Thierry Breton, c'est une forme de mollesse de la France par rapport à l'Algérie
01:50et sa grande fermeté quand il s'agit d'autres pays, d'autres théâtres.
01:54Quand il s'agit de condamner notamment l'action d'Israël, on y viendra.
01:57Sur ce sujet notamment, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barraud,
02:00affirme par exemple que le plan de paix de Donald Trump s'inspire d'un plan français,
02:06s'inspire des idées que la France a portées.
02:08Alors que le même Donald Trump a accusé et traité très sévèrement les pays qui ont reconnu l'état de Palestine.
02:15Comment, là encore, vous expliquez l'attitude française ?
02:18Oui, il faut toujours être, je crois, très réservé sur ces questions qui sont extraordinairement sensibles.
02:22D'abord, je crois qu'on peut le dire, il faut se féliciter du plan qui a été proposé par Donald Trump.
02:29Il faut se féliciter parce que ce plan, il doit aboutir, alors si, je mets un gros si évidemment, on le sait tous,
02:38puisque ça va dépendre évidemment de la réaction du Hamas.
02:41Cela doit aboutir d'abord, d'abord et avant tout par un cessez-le-feu, et aussi par le retour des otages.
02:48C'est 48 malheureux, c'est absolument tragique quand on en parle.
02:52On en a la chair de poule, évidemment, parce que, combien sont encore en vie ?
02:56Mais en tout cas, c'est sûr qu'ils sont attendus.
02:58Donc rien que ces deux éléments sont absolument essentiels.
03:02Alors maintenant, évidemment...
03:03Essentiels et inédits, c'est l'accord de désigné.
03:05Et inédits et inédits.
03:06Et nous, M. Thierry Breton, quelle est notre place encore dans cette région essentielle ?
03:11Mais nous sommes évidemment un parmi 27 en Europe.
03:14Nous avons une parole qui doit compter, encore une fois, par rapport à ce que nous pesons ensemble.
03:20Et il faut bien dire les choses comme elles sont.
03:22Sur cette question, l'Europe a été divisée.
03:25L'Europe était trop divisée.
03:27Et c'est assez intéressant du reste de constater qu'aujourd'hui, et moi je m'en félicite à titre personnel,
03:34l'Europe est enfin unanime, puisque l'Europe, dans son ensemble, par la bouche notamment d'Antonio Costa,
03:40qui est celui qui est habilité pour parler, c'est-à-dire le président du Conseil européen,
03:44c'est celui qui est habilité pour parler en notre nom à tous.
03:47C'est félicité et l'intégralité des chefs d'État et de gouvernement européens...
03:51C'est félicité, sur le plan de Donald Trump ?
03:54Oui, absolument.
03:55Pardonnez-moi, à la 24ème heure, on arrive à être unanime, alors que chacun des pays...
04:00Oui, à la 24ème heure, mais à la 23ème, il ne se passait rien, Sonia Mabrouk.
04:03Donc il faut se féliciter, il faut évidemment espérer que ce plan voit le jour.
04:08Maintenant, à titre personnel, est-ce que vous me demandez si je pense qu'il va avoir le jour ?
04:12J'ai des inquiétudes, comme tout le monde, parce qu'on sait que le Hamas est aujourd'hui au pied du mur.
04:19On sait que si jamais le Hamas accepte, il va être rayé de la carte.
04:24C'est sans doute du reste, en tant qu'organisation terroriste, ce qu'il faudrait.
04:28Est-ce qu'il va se laisser faire ? C'est évidemment la grande interrogation.
04:31Quid également ? Parce qu'il faut dire les choses aussi comme elles sont.
04:33Quid aussi de la Cisjordanie. On a vu que la perception des choses n'était pas totalement alignée entre ce qui a été dit dans le bureau ovale
04:42et ce que Benjamin Netanyahou a dit en hébreu lorsqu'il est rentré à Tel Aviv.
04:46Oui, complexité de ces négociations, mais vous reconnaissez quand même le leadership, en réalité, d'un Donald Trump
04:52qui a été souvent, Thierry Breton, moqué, ringardisé, fascisé, y compris un peu.
04:56Sonia Mabrut, dans le monde qui est le monde d'aujourd'hui que nous connaissons, ce monde de brutalité et de rapport de force,
05:04il y a un homme, je dis bien qu'un homme sur la planète, qui peut arrêter ce conflit au Moyen-Orient
05:09et qui peut arrêter également le conflit en Ukraine. Il s'appelle Donald Trump.
05:14Alors, parlons-en. Sur l'Ukraine, là encore, interrogeons ce matin, Thierry Breton, l'attitude et la voix de la France.
05:19Elle est incarnée, c'est ainsi, par le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barraud,
05:23qui hier, donc à la veille du sommet ce jour européen à Copenhague, dit ceci,
05:27l'économie russe est à l'agonie. Moi, je vous pose la question, quand on est à la tête d'un pays
05:31avec une dette de 3 300 milliards, est-ce qu'on peut se permettre de faire la leçon, honnêtement ?
05:37Alors, la dette n'est pas l'intégralité de l'économie. Il y a quand même une inflation de 17%,
05:43pardon, je le rappelais, en Russie. Donc, on est quand même dans une situation qui est extraordinairement difficile.
05:49Et la Russie a une économie qui est, on le sait, entièrement tournée aujourd'hui, sur une économie de guerre.
05:56Ce qui explique du reste la raison pour laquelle Vladimir Poutine a sans doute intérêt à continuer,
06:02parce qu'il est dans cette logique-là, il a beaucoup de mal à s'en défaire, il faut le reconnaître.
06:07Maintenant, nous-mêmes, on est ce que nous sommes. Et si ce que vous voulez me faire dire, c'est que la France...
06:12Je vais poser une question.
06:13Mais je vais y répondre, parce que je crois percevoir également votre question, et je veux bien y répondre volontiers.
06:18Est-ce que, compte tenu de la situation, je dirais budgétaire, pas économique, je dis bien budgétaire de la France,
06:25c'est-à-dire pour nos auditeurs, je le rappelle, plus de 3 400 milliards de dettes, c'est-à-dire 116% d'endettement par rapport au PIB,
06:31on est aujourd'hui encore autour de 6% de déficit, on va revenir, on l'espère tous en dessous évidemment,
06:37dès 2025, et continuer à travailler peut-être vers 4,6% de déficit en 2026.
06:43La France, aujourd'hui, est le dernier élève de la classe européenne en matière de gestion de ses finances publiques.
06:49Est-ce que ça vous autorise à parler ?
06:50Eh bien, je peux vous le dire, puisque je reviens à Bruxelles, non.
06:52Non, parce qu'effectivement, quand on parle, et notamment dans les enceintes, où nous devons parler,
06:58je parle en particulier de l'Eurogroupe, institutionnel, de l'Eurogroupe, l'écofine,
07:03eh bien, quand on est le dernier élève de la classe, on dit, écoute, tu règles les problèmes chez toi, et tu parles après.
07:09Et donc, ça me fait mal de vous le dire à votre micro, ça me fait mal de vous dire que la France a renoncé à maîtriser ses finances publiques,
07:16et vous savez ce qu'on dit de l'autre côté du Rhin, et maintenant, par beaucoup d'entre nos amis européens,
07:23un pays qui ne compte pas, eh bien, c'est un pays qui ne compte plus.
07:27Et ça, c'est effectivement quelque chose qu'il faut qu'on ait tous en tête en France, il faut réapprendre à compter.
07:31Donc, c'est le dernier élève qui va s'installer aujourd'hui à la table d'un sommet européen à Copenhague, au Danemark.
07:38Le Danemark, on le sait, c'est un sommet sous haute tension et protection, si je puis dire.
07:43En tous les cas, il y a eu tentative d'intrusion et intrusion de plusieurs drones dans le ciel danois.
07:48Il sera donc question aussi de défense européenne.
07:51Thierry Bouton, c'est une question et un sujet qui vous tient à cœur, depuis longtemps, on le sait.
07:56En quoi ce n'est pas une coquille vide ?
07:58Je vous pose souvent cette question, pourquoi il s'est passé des choses ces derniers temps ?
08:00L'Allemagne s'apprête à abandonner la France sur le projet d'avion de combat européen SCAF.
08:05Et la préférence plus largement de nombreux pays européens pour l'avion de combat américain, le F-35.
08:11Bref, est-ce que ces pays européens sont en train de financer le complexe militaro-américain
08:15pendant que nous, on se gargarise avec l'Europe de la défense ?
08:18Pourquoi je vous ai dit que ça me faisait du mal de voir, évidemment, qu'aujourd'hui,
08:22uniquement parce qu'on ne sait pas faire les économies, la France a une voix qui porte moins,
08:26parce que la France est un grand pays.
08:28Notre pays est un grand pays.
08:30Notre pays est le pays aujourd'hui, le seul pays européen, qui sait tout faire en matière de défense.
08:35On a devant nous des capacités extraordinaires.
08:38Pas que seuls, ce n'est pas vrai. Nos industriels, aujourd'hui, commencent vraiment à faire des partenariats.
08:43Alors, évidemment, on sait tout faire, je le redis à votre micro.
08:46D'Assos dit qu'il peut construire tout simplement l'avion de combat.
08:47Bien sûr, on sait faire des sous-marins nucléaires, on sait faire des porte-avions nucléaires,
08:50on sait faire les meilleurs avions du monde, on sait faire des chars de combat, on sait tout faire.
08:53Il faut le faire maintenant beaucoup plus rapidement et le faire ensemble.
08:56Alors, pourquoi mutualiser ? Pourquoi quand on peut faire avec notre souveraineté,
09:00notre capacité, notre créativité, on doit le mutualiser ?
09:02Pour une raison simple, Sonia Mabouk, parce que nous sommes aujourd'hui dans une situation où il faut augmenter drastiquement, rapidement,
09:07notre capacité de production industrielle.
09:10On sait faire les choses, mais on les fait trop lentement.
09:12Aujourd'hui, il faut passer du stade, évidemment, j'allais dire, je ne vais pas parler d'artisanat,
09:16mais on faisait quasiment du cousu humain.
09:18Il faut maintenant passer à un stade industriel, parce que nous en sommes là,
09:21parce que l'Europe doit se défendre et augmenter très significativement ses plateformes,
09:26et ses plateformes industrielles de production de défense.
09:28Mais c'est pour le moment, dans cette Europe, la France doit jouer un rôle important.
09:30D'accord, dispose de la dissuasion nucléaire, d'une armée de projection, d'une véritable industrie de défense.
09:35Je vous pose une question, est-ce qu'on a vraiment intérêt à mutualiser ce qu'on semble mieux faire que l'autre ?
09:39La réponse est trois fois oui, parce qu'encore une fois, aucun pays seul ne peut répondre aux défis qui sont les nôtres.
09:45C'est quoi les défis ? C'est évidemment ce que nous voyons à nos frontières Est,
09:48à la frontière Est de l'Europe, en Lettonie, en Estonie, évidemment en Pologne, évidemment en Bulgarie, évidemment en Roumanie.
09:55Mais ce qu'on voit aussi, pardon, mais pour qu'on ait une voix qui porte,
09:59aujourd'hui, vous savez, on avait l'habitude de dire l'Europe, combien de divisions ?
10:04Aujourd'hui, c'est l'Europe, combien de portavions nucléaires ?
10:06Tout l'Europe, quel numéro aujourd'hui ?
10:07Oui, mais ça, le numéro, Donald Trump, il sait les trouver, croyez-moi.
10:11Est-ce que c'est encore le numéro français ?
10:13C'est pour ça que je vous disais, quand même, l'abandon allemand, il interroge Thierry Breton,
10:16et j'ajoute, est-ce que certains reprochent, et vous faites partie de ceux auxquels on reproche,
10:21à tort ou à raison, je vais vous laisser répondre, une forme d'idéologie européiste,
10:24c'est-à-dire d'avoir participé à des renoncements, à des abandons de pans de souveraineté
10:28qui font qu'aujourd'hui, eh bien, ce sont les autres qui s'occupent de notre propre défense et de notre propre souveraineté.
10:33Il est hors de question d'abandonner notre souveraineté.
10:35Je rappelle qu'en matière européenne, notre souveraineté, elle est très bien qualifiée.
10:39Politique étrangère, politique de défense, politique fiscale,
10:42ce qui est essentiel pour notre vivre ensemble, nous, précisément, en France.
10:45Et ça, il est hors de question de l'abandonner.
10:47En revanche, mutualiser la capacité de produire plus rapidement, mieux, avec des partenariats,
10:54c'est ce que j'ai porté lorsque j'ai porté le Fonds européen de défense.
10:56Si on se met à quatre pays ensemble, eh bien, on peut avoir l'Europe qui va vous aider à co-financer
11:01des innovations en matière de drones, en matière de cybersécurité, en matière de missiles les plus avancés.
11:08Donc, il faut évidemment travailler ensemble.
11:10Je le dis de façon très claire aujourd'hui, on le voit dans le monde aujourd'hui,
11:13« Un seul pays aujourd'hui, un seul pays européen ne peut plus résister face au choc du monde qui vient ».
11:19J'ajoute à votre liste la politique migratoire, parce que quand on parle de souveraineté, évidemment,
11:23et de vivre ensemble, vous l'avez cité, évidemment, elle vient en premier, en tout cas,
11:27l'un des premiers sujets de préoccupation.
11:29Est-ce que l'Europe, selon vous, Thierry Votan, a un problème avec l'immigration illégale et légale,
11:37compte tenu du nombre d'entrées ? Autrement dit, est-ce que l'Europe a un problème avec l'immigration massive aujourd'hui ?
11:42Il faudrait être aveugle pour ne pas le voir.
11:44Certains ne le voient pas.
11:45Il faudrait être aveugle pour ne pas le voir, et je dirais surtout, ne pas voir qu'on a un problème d'intégration.
11:52Et c'est un problème essentiel. Il faut toujours parler des deux.
11:55Il y a le problème, évidemment, de l'immigration illégale.
11:58Alors, on a mis sur place, maintenant, sur pied, enfin, un pacte migratoire,
12:02qui n'est pas encore suffisamment mis en œuvre.
12:04Une forme de répartition des migrants, disons-le.
12:06Plus que ça, parce qu'évidemment, on a enfin plus que ça.
12:10Mais aussi, on le voit du reste, et j'insiste sur ce point,
12:13sur le fait qu'on doit traiter l'Europe comme une seule entité,
12:16précisément sur ces questions, et tous réagir selon les mêmes modes opératoires
12:21et avec la même fermeté.
12:23Mais pardonnez-moi, ce n'est pas le cas.
12:24L'Italie est en train de nouer des partenariats avec le Maghreb et en train de se débrouiller.
12:28Eh bien, parlons-en de l'Italie.
12:29L'Allemagne se referme.
12:30La Grande-Bretagne a une politique migratoire avec la nouvelle...
12:33Oui, la Grande-Bretagne ne fait pas partie de l'Union Européenne.
12:35Donne l'exemple de l'Europe.
12:36Mais parlons-en.
12:39Mais vous dites intégration, Thierry Breton.
12:41Est-ce qu'on peut intégrer des peuples ?
12:42Non, non, non, je ne parle pas de cette intégration-là, Sainte-Dame Mabouk.
12:44Je parle uniquement du fait d'avoir les mêmes types de politiques,
12:47parce qu'encore une fois, on a une frontière commune maintenant.
12:49C'est la frontière de l'Europe.
12:50Prenons le cas, par exemple, de l'Italie.
12:52L'Italie, c'est vrai que Mme Mélanie tient des propos fermes,
12:55mais l'Italie est le pays qui a le plus régularisé 500 000 migrants illégaux en Italie.
13:04Pourquoi, Sainte-Dame Mabouk ?
13:05Parce que l'Italie a des problèmes majeurs de croissance.
13:08Elle n'arrive pas à croître.
13:09L'Italie va régulariser cette année 180 000 plus de 100...
13:13Donc vous estimez qu'on en a besoin aujourd'hui, notamment en France ?
13:15En tout cas, ce n'est pas moi qui le dis, mais certainement Mme Mélanie.
13:18Comme le patronat en France, est-ce que vous estimez qu'on en a besoin ?
13:21En France, on n'en est pas là, mais voyez-vous, l'Italie en est là.
13:24Je ne dis pas que c'est ce qu'il faut faire, mais je dis à votre micro que c'est ce qu'elle fait.
13:27Maintenant, prenons le cas, par exemple, de la Pologne.
13:30La Pologne vient de fermer ses frontières, précisément, sur deux questions.
13:35Parce qu'il y a des migrants illégaux qui franchissent la Biélorussie, poussée par qui ?
13:39Poussée par Vladimir Poutine, c'est ce qu'on appelle ces sortes d'attaques hybrides.
13:44Et qu'il trouve, sans doute à ce titre, que l'Allemagne est trop laxiste.
13:49Et que l'Allemagne n'applique pas le pacte migratoire.
13:51Donc il faut appliquer les lois.
13:53Il y a les lois et il y a le sentiment, une sorte de ressenti.
13:56Est-ce que vous comprenez, par exemple, qu'il y a une peur de devenir minoritaire chez soi ?
14:00Ou est-ce que pour vous, pour l'homme que vous êtes, qui voyage beaucoup, c'est plutôt un fantasme ?
14:04Non, ce n'est pas un fantasme. Je vous donne un exemple.
14:07Prenez l'exemple de la Suède.
14:08La Suède a accueilli aujourd'hui près de 20%, je dis bien 20% de sa population d'origine non-suédoise.
14:18C'est ça la Suède d'aujourd'hui.
14:20Et le problème de la Suède, j'allais presque dire du reste le drame,
14:24c'est que ces 20%, donc de la population aujourd'hui suédoise, ne sont pas intégrés.
14:30C'est un problème évidemment très important en Suède.
14:33La quasi-totalité d'entre eux ne parle pas, évidemment, le suédois.
14:36Donc il faut les intégrer, il faut faire ses efforts.
14:38On accueille très bien, c'était le choix aussi de Mme Merkel.
14:42On voit aussi qu'aujourd'hui, on a bien accueilli, mais on a mal intégré.
14:49Et donc le sujet aujourd'hui, il y en a les doubles, on ne peut pas non plus l'éviter.
14:52Il y a évidemment appliqué avec fermeté ce que nous avons décidé pour nos frontières,
14:57mais il y a aussi faire les efforts d'intégration pour ceux qui sont là.
15:00Et le sujet du moment, c'est ou ce devrait être le budget de la France.
15:03Mais au lieu de cela, ça fait 15 jours, Thierry Breton, que l'on parle, en tout cas,
15:07qu'une grande partie des médias, là, déroule véritablement le tapis rouge à Gabriel Zuckman,
15:13pour parler de la taxe Zuckman, la taxe sur les riches.
15:17Il a été l'un des premiers à mettre en doute, en tout cas à interroger ses travaux.
15:21Ensuite, Bernard Arnault en a parlé, d'autres patrons également.
15:25Est-ce que M. Zuckman fait de l'économie ou est-ce qu'il fait de la politique ?
15:28Non, je n'ai pas voulu rentrer dans le détail économique, parce que ce n'est pas de l'économie.
15:33Ah d'accord, donc c'est de la politique.
15:34Mais bien entendu.
15:35C'est du militantisme.
15:36De toute façon, emploie-le comme on veut.
15:38Mais il est clair que, je dirais, cette tendance que nous avons en France, hélas,
15:45à dire que dès qu'on a un problème, il faut importer une nouvelle taxe,
15:48et évidemment taxer les riches, eh bien, on en voit dans les.
15:52Mais de vous à moi, j'ai été désolé.
15:55J'ai été désolé du spectacle que nous avons donné.
15:57Alors qu'on sait, on le sait, nous avons aujourd'hui un État-providence,
16:01auquel nous sommes tous très attachés, mais qu'on ne peut plus se payer.
16:05On ne peut plus se le payer aujourd'hui.
16:07Et on dépense 10% de plus que ce qu'on gagne en France, collectivement.
16:11Donc il faut faire ce qu'il les ait fort pour nos dépenses.
16:15Au lieu de ça, qu'est-ce qu'on dit ? On va continuer à faire payer.
16:17Et on n'a pas parlé du fond du sujet.
16:19Et la droite pourrait l'accepter et l'enteriner ?
16:21J'en étais désolé, j'espère que non. J'espère que non, car quand on est le pays qui a le plus d'impôts
16:26de tous les pays du monde de l'OCDE, je crois qu'il y a un moment, il faut qu'on comprenne que ça ne marche pas.
16:32Ce qui marche, ce qui marchera, c'est qu'on réapprenne à compter, Sonia Mabrou.
16:35On va conclure Thierry Breton. Vous avez été commissaire au marché européen, ministre de l'économie.
16:40Vous êtes aussi un responsable politique.
16:42Hier, à ce même micro, j'ai interrogé un sénateur, le sénateur LRG Carotchi.
16:45Je le connais bien.
16:46Oui. Je lui ai posé la question. Je lui ai dit, ce n'est pas de la science-fiction.
16:50Aujourd'hui, ce n'est pas de la politique-fiction.
16:51S'il y a le Rassemblement national face à la France insoumise, dans notre pays, au second tour,
16:58que voterez-vous, M. Carotchi ? Il ne m'a dit pas d'état d'âme.
17:00Oui. M. Carotchi est en fonction. Ce n'est pas le cas. Ce n'est pas mon cas.
17:04Je saurais faire ce que j'ai à faire.
17:06Peut-être.
17:06De toute façon, ne pas répondre.
17:07Peut-être.
17:08A vous l'assumer.
17:08Peut-être, oui, parce que je n'ai pas...
17:09Mon vote, non, absolument pas.
17:11Absolument pas. J'ai été du reste de ceux qui ont dit qu'il y a un moment,
17:14faisant référence à ce qui s'est passé en 1986,
17:17lorsque, finalement, François Mitterrand avait,
17:20et je ne faisais référence qu'à un phénomène historique,
17:24cherché qui mettre pour le Premier ministre de Première Cohabitation,
17:28après avoir essayé Simone Veil, Valéry Giscard d'Estaing, Raymond Barr,
17:32il s'est résolu à appeler le président du Premier parti représenté au Parlement.
17:37Il l'a fait à contre-coeur.
17:39Je ne dis pas que c'est ce qui va se passer.
17:40Je ne faisais que rappeler ce moment historique.
17:42Sonia Mabouk.
17:43Vous vous souvenez de ce qu'avait dit la phrase de François Mitterrand à l'époque ?
17:46Il avait dit, on va vous y voir maintenant, au pouvoir.
17:48Donc, peut-être que l'URN, quelqu'un pourrait dire, on va vous y voir.
17:51A voir.
17:52Eh bien, on verra.
17:52Merci, merci Thierry Breton.
17:54C'était votre grande interview.
17:55Je rappelle la sortie de votre livre, Les 10 renoncements qui ont fait la France.
17:59Chez Plon, ce sera le 23 octobre.
18:00Bonne journée à vous.
18:01Merci.
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