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  • il y a 2 jours
En 2019, l’harmoniciste Greg Zlap, compagnon de scène de Johnny Hallyday, est l’invité de TV5 Monde pour présenter son livre « Sur la route avec Johnny ». Il y partage ses souvenirs intimes et les coulisses des 282 concerts vécus aux côtés de l’idole des jeunes.

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Musique
Transcription
00:00Alors une fois, elle n'est pas coutume, je voudrais que mon invité ce soir se présente lui-même.
00:12Comment il faisait, celui qui vous présentait tous les soirs sur scène ?
00:15À l'harmonica, le sol, l'unique, le fabuleux, Greg Slap !
00:27Et là, je te boulais sur scène.
00:28Le seul monsieur, c'était Johnny.
00:30Ce n'était pas n'importe qui, c'était Johnny qui vous présentait sur scène tous les soirs, Greg.
00:34Incroyable.
00:35Quel moment d'émotion, jusqu'à l'épuisement dans ce fameux solo de Gabriel.
00:40Oui, c'est une histoire qui est autant bouleversante pour ma vie qu'improbable,
00:47puisqu'on ne s'imagine pas un harmoniciste, l'harmonica dans un grand spectacle de rock'n'roll,
00:54on ne l'imaginait pas, moi y compris.
00:56Et ce qui s'est passé sur scène avec Johnny,
00:59cette connivence, cet échange, ça a donné quelque chose de complètement unique.
01:06Ça a donné un truc comme ça, tiens, écoutez-le là, sur scène, Greg.
01:08Sous-titrage Société Radio-Canada
01:18Sous-titrage Société Radio-Canada
01:48C'est le meilleur !
01:55C'est Greg, wow !
01:58Je pense qu'en régie, il s'applaudit là, il s'applaudit fort.
02:00Mais tous les soirs, le public était debout, vous mettiez le public de Johnny debout avec ce solo.
02:05En fait, moi je ne connaissais pas les morceaux de Johnny, je suis polonais, donc j'ai grandi en Pologne.
02:17Quand j'ai rencontré Johnny, j'étais complètement vierge de tout son répertoire.
02:22Et un jour, en répétition, il y a ce morceau Gabriel qui arrive.
02:27Et donc j'ai dit à mon pote Clavier, je dis, mais c'est quoi, Gabriel ?
02:32Il me dit, t'inquiète pas, c'est un truc qu'on mit...
02:35Donc Johnny vient me voir, il me dit, tu veux bien faire un solo d'harmonica ?
02:39Et il me demande, il me dit, fais ce que tu veux à l'harmonica.
02:44Ce que je veux, c'est que les gens soient debout.
02:48Alors facile à dire.
02:49Oui, oui, oui.
02:50Donc j'étais un peu pétrifié au départ.
02:52Et puis je me suis dit, ça veut dire quoi ?
02:55Ce qu'il m'a demandé, il faut que tu fasses le show,
02:57il ne faut pas que tu restes planté derrière ton micro.
02:59Il me poussait vraiment.
03:01Mais pour moi qui débarquais sur les grandes scènes,
03:03je n'avais pas cette expérience-là.
03:05Je me disais, ça veut dire quoi faire le show ?
03:08Et je me suis dit, il faut que je fasse quelque chose d'exceptionnel.
03:14Alors je ne savais pas, il fallait que je danse, que je bouge.
03:17Et je me suis dit, bon, d'accord, il me provoque Johnny.
03:21Donc je vais aller jusqu'au bout de ce que je peux imaginer.
03:23Je vais me mettre à genoux, je vais jouer jusqu'à épuisement.
03:28Et j'ai tenté ça.
03:31Je ne savais pas si c'était ridicule ou pas, en fait.
03:33J'ai nagé complètement à l'intuition.
03:38Et après le premier show, Johnny est venu me voir et me dit,
03:42Greg, tu ne changes rien.
03:44Et c'était parti pour 10 ans.
03:46Et voilà, les souvenirs sont là.
03:48Un album absolument incroyable.
03:49On y découvre un Johnny intime, on y découvre un Johnny attendrissant,
03:53incroyable, dans les meilleurs et les pires moments,
03:55dans tous les moments finalement.
03:57Vous êtes là, Greg, et il y a cette amitié.
03:59Vous vous dites, à un moment, vous essayez de lui apprendre à jouer de l'harmonica.
04:01Ah oui, il m'a...
04:03Vous avez avec ça, la boîte, là.
04:07Avec cet harmonica-là, vous avez soulevé la foule, 800 000 personnes au Champs-de-Mars,
04:13à Tour Eiffel.
04:13Quel harmonica ?
04:14Oui, c'était celui-là.
04:16Alors, je vous montre quand même, parce que peu de gens connaissent la mallette de l'harmonicis.
04:21C'est dingue.
04:21Donc en fait, quand on dit un joueur d'harmonica, on imagine un gars avec son harmonica dans la poche.
04:27Voilà, c'est...
04:28Et en fait, il faut en avoir plein, parce que chacun est dans un ton différent.
04:31Il faut les jeter, non ?
04:33Ah, c'est dans le public.
04:34Et voilà.
04:36Et Johnny m'a demandé, il me dit, j'aime beaucoup l'harmonica.
04:42Je voudrais que tu m'apprennes à jouer la musique que j'aime.
04:46Et la musique que j'aime se joue justement sur cette harmonica.
04:55De la musique.
04:56Voilà.
04:56Donc vous connaissez le truc.
04:59Et moi, j'offre à Johnny un harmonica.
05:01C'était pour son anniversaire.
05:03On a fait avec Honor, un harmonica spécial, Born Rocker, avec une tête de mort.
05:09Wow.
05:10Pour l'anniversaire de Johnny, un harmonica en cristal.
05:13Et c'était dans une autre tonalité.
05:15Et Johnny ne connaissait pas la technique de l'harmonica.
05:20Il me dit, voilà, apprends-moi.
05:23Et je me suis dit, mais comment je vais faire ?
05:25Et en fait, j'ai trouvé une manière de jouer la musique que j'aime, plutôt simple.
05:35Sur cette harmonica en do.
05:37Et donc, voilà, on s'est assis autour d'une table.
05:39Et je lui ai montré.
05:41Il me dit, non mais, donc il a essayé, ça marchait.
05:44Et je lui ai dit, mais comment je joue une note ?
05:48Je lui ai dit, tu fais comme un bisou.
05:49C'est très simple.
05:50Tu fais.
05:51Alors Johnny, il fait.
05:52Vous imaginez, Johnny, il fait.
05:54Tu mets ton harmonica et tu vises le troisième trou.
06:01Et il est arrivé à le faire.
06:03Il me dit, et après ?
06:05Je dis, c'est tout, maintenant il suffit de jouer.
06:09On le voit d'ailleurs sur la photo, quand vous lui apprenez.
06:11C'était exactement ce moment-là.
06:13Et donc, on ne l'a pas fait sur scène, mais il avait toujours cet amour pour l'harmonica.
06:21Et je peux vous dire une chose.
06:22Là où il m'a bluffé complètement, à ma première rencontre avec Johnny,
06:26donc je l'ai rencontré en studio, je lui ai dit bonjour.
06:30J'étais très impressionné parce que se retrouver en face de Johnny, c'était très impressionnant.
06:33Je ne savais pas s'il fallait le vouvoyer ou pas.
06:36Donc, tu me dis Johnny, voilà.
06:41Ok, monsieur, enfin Johnny, oui, voilà.
06:44Et il me dit, dis-moi Greg, tu joues sur les marine band ?
06:50Et là, personne ne sait ce que c'est qu'un marine band.
06:53C'est ça.
06:54C'est un modèle d'harmonica historique qu'utilisaient les bluesmen.
06:59Donc, il faut être harmoniciste pour savoir qu'un marine band, moi, ça me parle.
07:03Et c'est ça, oui.
07:03Voilà.
07:04Et lui, à notre première rencontre, il me dit, est-ce que tu joues sur les marine band ?
07:08Et là, je me suis dit, d'accord.
07:09Donc là, je suis en face de quelqu'un qui connaît l'harmonica, qui connaît le blues,
07:15parce que ça, cet harmonica, c'est l'histoire du blues.
07:18Et là, il me raconte ses anecdotes.
07:20Et donc là, je suis tombé par terre.
07:21Il me dit, oui, j'ai vu un gars qui jouait de la guitare dans un bar à Londres.
07:26Il jouait super bien, donc je vais le voir.
07:27En fait, c'était Jimi Hendrix, encore inconnu.
07:30Donc, j'ai proposé de faire les premières parties.
07:32Il vous dit même, il vous dit même, on m'a proposé un jour un groupe qui venait de Liverpool.
07:35Ah oui, ça, c'est une révélation.
07:37Oui.
07:37J'ai vu ça.
07:38Il raconte ça, Johnny ? Qu'est-ce qu'il raconte ?
07:39Oui, il nous a raconté, après un concert, il nous racontait des anecdotes.
07:42Et il me dit, oui, je cherchais un groupe pour m'accompagner.
07:45Je voulais des Américains.
07:46Et mon manager a fait venir un jeune groupe, en fait, pour les auditionner.
07:53Et moi, j'ai dit à mon manager, non, je n'en vais pas, je trouvais des musiciens américains.
07:57Donc, les gars sont repartis.
07:59Il me dit, sauf que c'était les Beatles, en fait.
08:02Donc, il dit, vous vous rendez compte ?
08:05Si je les avais pris, peut-être, j'aurais été un Beatles.
08:08Ou peut-être, les Beatles n'auraient jamais existé.
08:11C'est vrai, c'est vrai.
08:12Alors, à un moment, vous jouez avec Eddie Mitchell dans Les Vieilles Canailles,
08:15en complicité tous les deux.
08:16Vous lui jouez de l'harmonica dans l'oreille.
08:18Et puis, vous voyez que Johnny est jaloux.
08:19Il est jaloux que vous vous occupiez de Didi.
08:21Après, il ne vous parle plus de la soirée.
08:23C'est vrai, ça ?
08:24C'était trop drôle.
08:25Il est un peu jaloux.
08:27Ah oui, non, mais c'était une scène d'un film, carrément.
08:31Parce que les trois gars qui se retrouvent dans Les Vieilles Canailles,
08:36chacun dans son style, c'est comme si chacun maniait une arme différente.
08:42Jacques Dutronc avec son humour.
08:45Eddie Mitchell, c'est le taciturne, c'est l'aîné qu'on impose.
08:52Et Johnny avec cette voix incroyable qui arrive.
08:57Et quand on est sur scène, on partage la musique.
09:00Et moi, j'ai eu le malheur.
09:02Je ne sais pas sur quel morceau.
09:04Donc, je joue.
09:05Et puis, il y a Eddie Mitchell qui vient vers moi.
09:07Genre, il écoute ce que je fais.
09:09Donc, là, je fais ça.
09:10Et là, je remarque, il y avait Johnny à côté.
09:14Et là, il jette un coup d'œil.
09:16Mais il y avait des éclairs qui partaient de ses yeux.
09:21Et Eddie Mitchell le voit aussi.
09:23Il a fait un bond en arrière.
09:27Il ne fallait pas toucher.
09:28Greg, il est à moi.
09:31Il est à moi.
09:32Et du coup, il ne m'a plus adressé un seul regard jusqu'à la fin de la soirée, Johnny.
09:39Et Eddie Mitchell ne s'est plus jamais rapproché.
09:41Alors, ce qui est émouvant, Greg, parce qu'il faut le dire aussi, ce solo sur Gabriel,
09:46il permet à Johnny de se reposer.
09:48À un moment, vous signez une clause de confidentialité parce que Johnny est malade.
09:51Oui.
09:52Et qu'il ne faut pas révéler ce qui se passe en coulisses.
09:55Et que finalement, dans ce solo, ça permet à Johnny de souffler.
10:00Oui.
10:01En fait, moi, j'ai pas réalisé, j'ai pas du tout réalisé la gravité de sa maladie.
10:07Je ne voulais pas y croire.
10:09Et puis d'ailleurs, Johnny n'en parlait jamais.
10:11Et donc, moi, j'ai vu plein de fois Johnny se relever.
10:18Et donc, c'est un phénix.
10:20Il est indestructible pour moi.
10:22Et cette clause de confidentialité, c'était quelque chose de grave.
10:26Où j'ai compris qu'il y avait un enjeu.
10:29C'était plus une tournée comme les autres.
10:33C'était peut-être sa dernière tournée.
10:35Et qu'il engageait un combat.
10:37C'était vraiment un combat contre la maladie.
10:41Et il en sort victorieux puisqu'il est resté debout.
10:45Il a assuré tous les shows jusqu'au bout.
10:47Il est resté sur les plans jusqu'au bout.
10:49C'est hallucinant.
10:51La performance, la volonté qu'il avait, c'est quelque chose d'héroïque.
10:56Et effectivement, il m'avait demandé ce solo de Gabriel.
11:03Et il me laissait avec son public, mais pendant la durée d'une chanson entière.
11:08Et je me suis dit, voilà, là, c'est une preuve d'une confiance absolue.
11:16Parce que quel chanteur aurait laissé son public avec l'un des musiciens ?
11:21Mais il était confiant.
11:22Parce qu'il savait que j'avais compris son approche de la scène.
11:31L'importance du contact avec le public et le show.
11:35Il fallait assurer le show.
11:37Coûte que coûte.
11:38Et donc, j'avais cette responsabilité, en quelque sorte.
11:42Et je me disais, au fond de moi, c'est...
11:46Je contribue peut-être un tout petit peu à ce qui...
11:51Quand le solo était terminé, Johnny revenait ravigoré sur scène.
11:54Et donc, je me disais, peut-être, voilà, si ça le soulage un petit peu,
12:01c'est peut-être, voilà, quelque chose de bien.
12:06Un jour, je crois que c'est à Dijon, vous entendez dans l'oreillette
12:10un message entre l'ingénieur du son et le régisseur qui dit
12:14Johnny a eu un malaise.
12:16Il faut dire à Greg de continuer son solo le plus longtemps possible.
12:19Vous vous rappelez de ça ?
12:20Ah oui, je m'en rappelle.
12:21Donc, je pars, donc il me laisse sur les soirs de Gabriel.
12:26Je suis en plein solo en train de jouer.
12:31Et donc, on a des oreillettes, en fait, pour entendre la musique.
12:35Et je suis, voilà, avec le public, en train de tout donner.
12:40Et là, au lieu d'entendre l'harmonica, il y a eu un problème technique,
12:44je ne sais pas, j'entends à fond dans mes oreilles les régisseurs et tout ça
12:50qui sont en panique et qui disent, voilà, Johnny fait un malaise.
12:55On ne sait pas s'il va revenir sur scène.
12:58Et moi, j'entendais ça.
13:01Et donc, c'était la panique.
13:02Je n'avais pas le réflexe d'enlever les oreillettes.
13:06Et donc, vous imaginez, en plein solo, et j'entends, ils disent,
13:11dis-toi, Greg, de continuer.
13:12Je ne savais même pas s'il allait revenir sur scène.
13:15Et donc, je continue, je continue, je continue.
13:17Et j'entends, voilà, les voix.
13:21Et là, c'était terrifiant.
13:24Et donc, je joue, je joue, je joue.
13:27Et puis, à un moment, Johnny revient sur scène.
13:30Personne n'y croyait.
13:31Il est revenu sur scène et il a fini la chanson.
13:36C'est héroïque.
13:37– Héroïque.
13:37Et alors, incroyable, parce que vous allez parfois jusqu'au bout de l'épuisement
13:40dans ce solo.
13:41Et Johnny presque vient vous relever.
13:44Parce que vous êtes par terre à la fin du solo.
13:46– Non, mais ça, c'était le jeu entre nous.
13:49Quand je fais cette note aiguë…
13:55Pardon.
13:57Quand je fais cette note aiguë…
13:59Je fais la note, je me jette sur les genoux.
14:07Et là, Johnny venait sur moi, au-dessus de moi avec sa guitare.
14:11Et il me regardait.
14:12Il me fixait.
14:12Et il me laissait de plus en plus longtemps avec ma note.
14:17Donc moi, je continuais, je continuais.
14:20Et à un moment, au moment qu'il sentait opportun, il faisait un geste avec sa guitare.
14:28Et là, la note…
14:29– C'est lui qui décidait.
14:30– Voilà, c'est lui qui décidait.
14:31C'était ça, le jeu.
14:32Et donc, il le poussait de plus en plus loin jusqu'au jour, en fait, où je n'ai pas tenu.
14:40C'était arrivé une fois, j'étais à bout de force.
14:43Et donc, après le concert, dans les loges, il me voit et me dit…
14:47« Greg, je croyais que tu allais t'évanouir.
14:51Mais un jour, tu vas mourir sur scène si ça continue.
14:54Il faut que tu me dises à quel moment il faut que je te fasse le signe. »
14:57Je dis « Johnny, quand tu me vois tout rouge avec les yeux, injecté de sang,
15:04et quand je te regarde d'un suppliant, là, c'est le moment de faire le signe. »
15:11– Oui, bon, d'accord.
15:12– Quelle signe !
15:12Vous êtes sur scène à Carcassonne.
15:15Ça, c'est incroyable parce que c'est la dernière fois, le dernier concert de Johnny.
15:19Personne, évidemment, ne le sait.
15:21Il fait venir ses enfants, ses deux filles sur scène.
15:23– Oui, oui, c'était très émouvant.
15:25C'est très émouvant.
15:26Il est sur la musique que j'aime.
15:29À un moment, il sort de scène.
15:30Les gens se disent « Qu'est-ce qui se passe ?
15:31Est-ce qu'il va revenir sur scène ou pas ? »
15:35Et il revient en tenant par la main ses deux filles, Jade et Joy.
15:39Et donc, il finit ses concerts en famille.
15:44Et c'était un moment très, très émouvant.
15:47C'est la dernière image que j'ai de lui.
15:51– Oui.
15:52Quelle image, d'ailleurs, vous gardez de Johnny ?
15:54C'est l'image de la bienveillance.
15:56C'est vraiment ça.
15:57Parce que j'ai rencontré un homme.
16:00Parce qu'en fait, quand on dit Johnny Hallyday,
16:03on a en tête l'idole, cet homme inaccessible
16:09et qui fait partie des monuments, en fait, de la France.
16:17C'est ça.
16:18Et je ne sais pas pourquoi,
16:22mais il s'est passé quelque chose entre nous.
16:25Peut-être parce que je suis un outsider complet.
16:27Moi, je débarquais…
16:28Je joue de l'harmonica.
16:29C'est un jouet.
16:30– Ah, mais il vous adore.
16:31– J'ai jamais…
16:32– Il voulait jouer avec vous sur votre disque à vous.
16:35– Oui.
16:35– Donc, moi, je débarquais de nulle part.
16:38Un Polonais qui joue de l'harmonica,
16:40ça ne veut rien dire, en fait.
16:41Qu'il se retrouve sur les shows de Johnny,
16:43ça n'a aucun sens.
16:45Et pourtant, il y avait ce langage,
16:47cet amour du blues.
16:48Donc, c'était notre langage commun.
16:51Il appréciait beaucoup ma musique.
16:53Il m'a dit, tu sais,
16:54tes disques grecs,
16:55je les range entre Bruce Springsteen et Bob Dylan.
16:57Je dis, c'est un beau compliment.
17:00Et il soutenait mes projets.
17:03Il m'a offert les premières parties de ses concerts.
17:06Donc, ça m'a permis de présenter mon groupe
17:09devant le public de Johnny.
17:12Donc, c'était un moteur.
17:14Il me poussait vraiment.
17:16Et en fait, pour moi,
17:19c'était un homme qui était plutôt timide
17:21et très normal.
17:24Enfin, ça fait bizarre de le dire.
17:25Mais un homme sensible.
17:27– Il vomissait parfois avant de monter sur scène ?
17:31Vous avez vu ça ?
17:32– Oui, il avait le trac.
17:35Je pense qu'il avait le trac,
17:37j'en suis sûr même,
17:39avant de monter sur scène.
17:40– Vous l'avez vu comme ça, dans cet état-là ?
17:41– Oui, oui.
17:43Avant la première de show,
17:46il était dans tous ses états.
17:51Mais parce que le show,
17:53c'est ce que j'ai appris à ses côtés.
17:55le show, c'est quelque chose de sacré.
17:58Il y a très peu d'artistes qui ont cette approche-là.
18:00C'est-à-dire, une fois qu'on monte sur les planches,
18:03il faut se donner entièrement à son public
18:07et il faut donner de la qualité.
18:09C'est quand il disait, moi, je ne peux pas,
18:13il n'imaginait pas faire un show au rabais,
18:16comme il disait.
18:16S'il y avait un élément qui manquait…
18:19– Vous l'avez vu d'ailleurs,
18:20une fois, il était très énervé dans un concert
18:22et il était furieux parce qu'il n'y avait pas le son qu'il fallait et tout ça.
18:25– Oui, oui, c'était…
18:28C'est juste pas possible.
18:29– Et il était dans l'intuition,
18:34il était dans la générosité.
18:38Et pour faire ça, je pense que pour faire ça,
18:40pour avoir ce niveau de showmanship,
18:43en fait, un showman à tel point,
18:47ça veut dire qu'il devait se battre avec lui-même
18:51parce que la générosité, on la ressent
18:55quand il y a une difficulté derrière,
18:57quand il y a une faille.
19:01Je pensais à Jacques Brel aussi
19:03qui était incroyable sur scène,
19:08il donnait tellement,
19:09mais les tracs qu'il avait étaient maladifs.
19:12Donc je pense que les grands artistes comme ça
19:14qui sont inimitables, en fait, sur scène,
19:19qui donnent tellement,
19:20ce sont des gens qui, en fait,
19:22qui mènent un combat incroyable
19:24contre eux-mêmes.
19:27Et c'est un combat qu'ils gagnent.
19:29– 281 concerts avec Johnny
19:32et puis un 282e concert.
19:36Un matin, vous prenez le métro,
19:37vous allez vers la Madeleine,
19:39vous sortez du métro avec cette petite mallette,
19:41là, j'imagine,
19:42et vous allez jouer pour Johnny
19:44pour la dernière fois au moment de son enterrement
19:46devant la Madeleine.
19:47– Oui, c'était très…
19:48– C'est le 282e concert, c'était pour lui.
19:51– Oui, c'était le 282e concert
19:53parce que je pense que toutes les personnes
19:59qui étaient présentes,
20:00il y en avait beaucoup,
20:02même dans le monde entier,
20:03on a assisté quand même à cette cérémonie.
20:07mon père qui est en Pologne,
20:08il a regardé, il a vu ça.
20:12Ce qui était incroyable,
20:12c'est qu'il y avait un petit chapiteau
20:14qui était monté devant la Madeleine
20:16et on monte et on s'est retrouvé
20:19avec l'équipe de Johnny,
20:21les musiciens qui étaient là,
20:22l'équipe technique qui était là.
20:25Je regarde, j'ai vu Lucky,
20:28donc le technicien qui s'occupe de guitare,
20:30qui est en train d'accorder la guitare de Johnny,
20:32quand même,
20:33et qui pose sa guitare.
20:34Il y avait le micro de Johnny.
20:36Je regarde le prompteur,
20:37c'est Patrick qui,
20:38depuis des années, des années,
20:39est indissociable de Johnny.
20:42Donc en fait, sur le prompteur,
20:43on voit défiler les paroles des chansons.
20:46Donc on préparait un concert avec Johnny.
20:49– Où il n'y a pas de chanteur.
20:50– Et son micro est resté vide.
20:52Et pourtant, la force de ces chansons,
20:56il fait tellement partie de nous, Johnny,
21:00c'est que quand on a joué les chansons
21:03même sans la voix,
21:05les gens entendaient la voix de Johnny.
21:07Moi, je l'entendais très précisément.
21:10– Il avait dit, un compliment pour vous, Greg,
21:12il avait dit, toi, Greg,
21:13tu ne joues pas de la guitare,
21:15tu ne joues pas de l'harmonica,
21:16tu chantes avec.
21:18Et finalement, avec cette harmonica,
21:20on a l'impression que la voix de Johnny était là,
21:22encore.
21:22– Oui, ça m'a beaucoup touché,
21:26cette remarque,
21:27parce que finalement,
21:29je trouve que ce qu'il y a de très touchant
21:34avec l'harmonica,
21:36c'est que c'est un instrument
21:37qui se joue en respirant.
21:39Et ce n'est pas très loin du chant,
21:41en fait.
21:42Et les sonorités qu'on arrive à faire avec ça,
21:47se font avec le souffle,
21:50c'est vraiment avec le corps,
21:52c'est immédiat.
21:53Et il m'a dit ça,
21:54il m'a dit,
21:55il m'a dit, Greg,
21:56tu ne joues pas de l'harmonica,
21:57tu chantes avec ton harmonica.
22:00Pour moi, c'était une révélation
22:02de donner,
22:04d'appeler,
22:05tu ne joues pas,
22:06tu chantes avec ton harmonica.
22:08Et ce qui était incroyable,
22:09c'est qu'après la cérémonie de la Madeleine,
22:12il y a beaucoup de gens
22:13qui ont insisté,
22:14qui m'ont dit,
22:16mais Greg,
22:16c'était incroyable,
22:18ton harmonica,
22:18quand tu jouais,
22:19on aurait dit une voix.
22:20et c'est vrai.
22:24Et du coup,
22:27je me suis dit,
22:29je vais rendre hommage à Johnny
22:30en reprenant un titre blématique
22:35qui est un traditionnel de blues
22:38qui s'appelle Rising Sun Blues,
22:41qui est le pénitencier de Johnny.
22:45On le joue à l'harmonica.
22:46Et là, c'est l'harmonica
22:48qui est la voix de ce morceau.
22:53Écoutez, Greg,
22:55on va même l'entendre.
22:56Regardez les images,
22:58ce morceau-là.
22:59C'est vous, c'est Greg.
23:01Greg Slap.
25:32On va dire,
25:32en concert,
25:33en public.
25:34Le public, c'est tous ceux
25:35qui nous écoutent à travers le monde.
25:37Et alors, le gamin de 14 ans,
25:39vous avez été à Varsovie.
25:41Vous avez rêvé un jour
25:42en commençant à jouer de l'harmonica
25:43à 14 ans,
25:44un jour jouer avec
25:45la plus grande idole des jeunes.
25:46Non, évidemment,
25:47je ne pouvais pas l'imaginer.
25:48et ce clip
25:50c'était justement cette idée de transmission
25:53d'une part
25:54donc on voit ce petit gamin qui est moi
25:58quand j'avais 13-14 ans
26:01à Varsovie et où j'ai découvert
26:03cet instrument
26:03et c'est quand même drôle de se dire
26:09où ça peut vous mener quand même
26:11alors dans ce livre magnifique
26:13il y a des échanges avec Johnny
26:14des messages qu'il envoie
26:16pour le baptême des petites
26:18la naissance des enfants
26:20la famille, les rendez-vous d'anniversaire
26:23les fêtes
26:23profonde humanité Johnny
26:25c'était quelqu'un qui était
26:30très très touchant
26:32je le considère vraiment comme mon
26:35parrain de scène
26:36parce que j'ai tellement appris à ses côtés
26:41ce qui est quand même
26:44unique
26:45ce qui était unique avec Johnny
26:47c'est qu'il se considérait
26:49comme le chanteur du groupe
26:51c'est très rare ça
26:53parce que quand on a un chanteur
26:54de cette envergure
26:55il y a le chanteur
26:56et puis il y a le groupe
26:57derrière
26:58avec Johnny jamais
26:59c'est-à-dire on faisait partie
27:01du même groupe
27:02et il nous poussait
27:04à faire les solos
27:04c'est très rare ça aussi
27:06donc en fait
27:08je pense que cette histoire
27:10que j'ai vécue avec lui
27:11ce n'était possible
27:13qu'avec Johnny
27:15et un autre élément
27:22qui est très important
27:23c'est que Johnny poussait
27:24mais il n'y avait pas de limite
27:27c'est-à-dire moi je pouvais imaginer
27:29le maximum de ce que je pouvais imaginer
27:34de mes capacités
27:35et c'est impossible
27:38de faire de l'ombre à Johnny
27:39donc lui il était content
27:41qu'on le défie
27:44qu'il aimait beaucoup
27:46les challenges
27:47et pour moi
27:52en face de lui
27:53il suffisait de le regarder
27:56et se dire
27:57je vais essayer d'être
27:59lui à 200%
28:01je vais essayer d'être à 100%
28:03pour le suivre
28:06merci Greg
28:07je ne sais pas
28:07j'imagine là
28:08si vous jouez de l'harmonica
28:10pour faire lever le public
28:11là où il est
28:12quelque part au paradis
28:13ça doit frétiller en lui
28:15il doit dire quand même
28:17cet amour du public
28:18cette envie de faire lever la salle
28:20oui il veille sur nous
28:22mais c'est
28:23il compte tellement
28:27pour tellement de gens
28:29je connais beaucoup
28:31de fans de Johnny
28:34qui sont en fait
28:36qui sont tout le monde
28:37on a aussi une image
28:39on dit
28:39oh les fans de Johnny
28:40les fans de Johnny
28:42c'est tout le monde
28:43et Johnny a laissé
28:45une telle trace
28:47une telle empreinte
28:49sur nous
28:49qu'il est
28:53voilà
28:53qu'il est indispensable
28:54de notre culture
28:55je dirais
28:56et voilà
28:57il veille sur nous
28:58immortel
29:00sur la route
29:00avec Johnny
29:03magnifique album
29:05et concert
29:06parce qu'on peut applaudir Greg
29:08sur scène
29:09ça va être une tournée
29:10en début d'année prochaine
29:11va passer par Bruxelles
29:12Paris
29:13cette année
29:13cette année
29:14voilà
29:15à l'automne
29:15à l'automne déjà
29:17à l'automne je pars en tournée
29:18fin août
29:19nouvel album
29:21qui s'appelle
29:22Rock It
29:23et d'ailleurs
29:25oui
29:25le premier single
29:27qui est sorti
29:28qui s'appelle
29:29Save My Soul
29:30j'invite ma famille de chœur
29:33et qui on trouve
29:34dans ce single
29:35la choriste Amy Keys
29:38et la section de cuivre
29:40de Vine Street Horns
29:41qui sont des accompagnateurs
29:43de Phil Collins
29:44qu'on a vu à travers le monde
29:45et que j'ai rencontré
29:46sur Johnny
29:47parce que Johnny
29:47jouait avec les meilleurs
29:48et donc c'est devenu
29:50une famille
29:50et donc ils sont venus
29:52sur mon album
29:54et voilà
29:57et ben
29:57Greg
29:58on prend rendez-vous
29:59vous revenez
30:01pour l'album
30:02cette fois
30:03complètement
30:04c'est Greg Slap
30:05peut-être pour se quitter
30:06je sais pas
30:06sur l'air du pénitencier
30:08non je sais pas
30:08un petit air comme ça
30:10et on se dit bye bye
30:11bravo
30:24Merci Greg.
30:42Merci beaucoup.
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