ISF : le macronisme s’achève dans le socialisme

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00:00L'édito politique sur Europe 1 avec Le Figaro, bonjour Vincent Très, euh, Alexis Brézé.

00:06Bonjour Dimitri, bonjour à tous.

00:08C'est pas la première fois que je vous la fais.

00:10Depuis des jours, Alexis, on nous tympanise avec l'attaque Zuckmann,

00:14et voilà que ressurgit l'ISF, l'impôt de solidarité sur la fortune,

00:17que le gouvernement envisage de rétablir dans l'espoir d'une non-censure socialiste.

00:23Est-ce que c'est une surprise, Alexis ?

00:25Vous connaissez, Dimitri, le mot fameux de Clémenceau.

00:27La France est un pays extrêmement fertile, on y plante des fonctionnaires, il y pousse des impôts.

00:35Et bien quand on a ça en tête, on n'est jamais surpris.

00:38Et en vérité, la ficelle était un peu grosse,

00:41on concentre l'attention du public sur l'arbre de la taxe Zuckmann

00:45pour mieux cacher la forêt de tous les petits Zuckmann,

00:49ces Zuckbabys qui pullulent dans l'ombre et qui ne sont pas moins pernicieux.

00:54Le premier, évidemment, mais il y en a bien d'autres, c'est l'ISF,

00:58étendard fiscal de la gauche, glorieuse exception française,

01:02citadelle inexpugnable érigée du temps de François Mitterrand.

01:07Emmanuel Macron, en son aube prometteuse, n'avait pas craint de l'attaquer de front.

01:13Et il envisage donc aujourd'hui, tout honteux but,

01:17de le rétablir pour acheter, peut-être, la complaisance d'Olivier Faure.

01:22Or, notons que cette manifestation du génie taxateur national,

01:28dont on nous dit, sans doute pour faire passer la pilule et instiller l'idée de son inocuité,

01:34qu'elle rapportera trois fois moins que la taxe Zuckmann,

01:37touchera non pas 1800, mais 360 000 foyers fiscaux, soit 200 fois plus.

01:43Ce qui illustre, s'il en était besoin,

01:45la profonde pertinence de la théorie dite du ruissellement fiscal,

01:50on commence par frapper les ultra-riches,

01:52puis les très riches, puis les riches,

01:55puis les presque riches, et à la fin, tout le monde est rançonné.

01:58Quant à ceux qui ne se laisseraient pas tondre avec suffisamment de docilité,

02:02ils sont prévenus.

02:04Thomas Piketty voulait arrêter à l'aéroport,

02:06quant à François Ruffin,

02:08il a annoncé qu'ils seraient privés de leur droit civique.

02:10Merci pour eux.

02:11Mais en même temps, on nous dit, Alexis,

02:13que c'est le prix à payer pour avoir un budget,

02:15que cet impôt sur la fortune,

02:16c'est tout de même mieux qu'un retour de la crise politique.

02:18Mais vous êtes trop avisé, Dimitri,

02:20pour croire un instant que les socialistes se contenteront de l'ISF.

02:25S'ils daignent renoncer à la taxe Zuckmann,

02:27ce qui n'a rien de garantie,

02:28ils ne se satisferont pas de cette roupie de Sansonnet.

02:31Ils l'ont dit par la voix de Brice Vallaud, leur président de groupe.

02:35Ils veulent faire mal à Emmanuel Macron.

02:38Ils veulent l'humilier.

02:39Le contraindre à leur concéder publiquement une victoire symbolique.

02:44Et comme Emmanuel Macron a commis l'erreur

02:46de remettre le sort de son gouvernement entre leurs mains,

02:49en expliquant que eux seuls détiennent la clé de sa survie,

02:53eh bien, ils vont user et abuser de ce pouvoir,

02:57le faire danser tant qu'ils pourront,

02:59sur les impôts, sur les retraites, sur la dépense publique.

03:02C'est le piège infernal dans lequel se débattent tous les pouvoirs finissants.

03:07Le sang appelle le sang.

03:09La faiblesse attise la cruauté.

03:11Même la CFDT envoie promener Sébastien Lecornu.

03:15La gauche politique et syndicale fait monter les enchères.

03:18Et voici que la droite, politique ou patronale,

03:21hausse le ton à son tour.

03:22Mais pourtant, Alexis, si la droite a fait le choix de participer au gouvernement,

03:26c'est bien qu'elle souhaite la stabilité.

03:28Certes, mais pas à n'importe quel prix, Dimitri.

03:31Alors que le pays n'a jamais été aussi à droite.

03:34Alors que la prochaine présidentielle se jouera à droite.

03:38Les LR ne peuvent pas sembler cautionner la dérive à gauche du gouvernement.

03:42Pour la France, ce serait un désastre.

03:44Mais pour Bruno Retailleau, comme pour Laurent Wauquiez, ce serait du suicide.

03:48Autant distribuer directement un bulletin RN à leurs électeurs.

03:51La seule justification de la participation de la droite au gouvernement,

03:56c'est d'empêcher la mise en œuvre d'un programme de gauche.

04:00Et qu'on le veuille ou non,

04:02comme l'écrit excellemment Vincent Trémolet de Villers,

04:05que vous citiez dans l'édito du Figaro de ce matin,

04:07un président qui reconnaît l'État palestinien sous les bravos des insoumis,

04:12cependant que son Premier ministre rétablit l'impôt sur la fortune,

04:16et bien ça s'appelle le socialisme.

04:18C'est QFD.

04:18L'édito politique sur Europe.

04:20Merci beaucoup Alexi Brézé.

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