00:00Il est 7h39, langue éco, François Langlais, ça devait être l'avion de combat qui allait faire la fierté de l'Europe, le SCAF.
00:08Sauf que cet avion semble déjà avoir du plomb dans l'aile, parce que derrière les grandes déclarations,
00:13eh bien une fois de plus, on est incapable de s'entendre.
00:15L'Europe de la défense va-t-elle exploser ? C'est la question qui se pose quand même aujourd'hui,
00:19alors que vous l'avez dit, l'un de ces projets phares est menacé, le SCAF, système de combat aérien du futur.
00:25En clair, c'est le successeur du Rafale, l'avion de combat qui devrait être utilisé par l'armée française
00:32quand le célèbre avion de Dassault aura pris sa retraite.
00:36C'était Macron et Merkel qui avaient lancé le projet en 2017, dans l'élan classique de fraternité européenne,
00:42mais comme d'habitude, les bons sentiments, ça ne fait pas de bon business.
00:46L'avionneur français Dassault a été nommé maître d'oeuvre du projet.
00:50C'est évidemment la société qui a le savoir-faire, la seule.
00:52En contrepartie, l'Allemagne avait obtenu le pilotage de l'autre programme, le char du futur.
00:58Le problème, c'est que même en étant maître d'oeuvre, Dassault n'a pas le contrôle des décisions.
01:03Les Allemands et les Espagnols d'Airbus possèdent 66% du projet et ça bloque.
01:09Mais qu'est-ce qui bloque ?
01:11Impossibilité pour Dassault de choisir les sous-traitants, comme il l'entend.
01:15Incompétence technique des Allemands, qui n'ont pas fait d'avion militaire depuis 75 ans.
01:20Alors qu'un avion témoin, ce qu'on appelle le démonstrateur, doit être construit l'année prochaine.
01:25Les études sur le train d'atterrissage, par exemple, ont dû être récupérées in extremis par le français,
01:29parce que les Allemands ne savaient tout simplement pas faire.
01:33Bon, mais comment on peut sortir de cette crise, François ?
01:36L'inimitié est telle que les Allemands ont fait savoir la semaine dernière qu'ils étaient prêts à quitter le projet
01:41pour s'associer à des initiatives concurrence en Europe.
01:44Avant-hier, c'est le patron de Dassault qui avertissait que les Français étaient, eux, prêts à construire seul l'avion du futur.
01:51C'est d'ailleurs ce qu'ils avaient fait pour le Rafale, intégralement français.
01:54Dassault fait de la maîtrise totale du projet une condition irrévocable pour poursuivre le projet commun.
02:02Et si on en croit une dépêche d'hier soir, le gouvernement, le demi-gouvernement que nous avons est prêt à les appuyer.
02:08On n'est donc pas loin du clash.
02:09Mais c'est quand même paradoxal cette mésentente, François, parce que juste au moment où l'Allemagne est décidée à réinvestir dans sa défense,
02:15ça coince, ça ne devrait pas bloquer, au contraire.
02:17Non, en fait, c'est justement pour ça que ça bloque, que les relations se tornent.
02:20Les Allemands voient aujourd'hui l'occasion de tenter de reprendre le leadership dans la seule industrie qui leur a échappé en Europe, le militaire.
02:28Évidemment parce qu'elle était interdite à cause de la guerre.
02:31Et il faut bien dire que c'est l'une des seules industries classiques qui a survécu en France.
02:35L'occasion pour l'Allemagne, elle est là d'abord parce que Berlin va faire grimper considérablement son budget militaire,
02:42grâce aux emprunts décidés par le nouveau chancelier.
02:44Et puis parce que la France est plus faible que jamais, n'ayant plus ni gouvernement stable, ni moyen budgétaire.
02:50Merci beaucoup François Langlais, Langlais Co, qui reviendra évidemment.
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