00:02Il est 7h39 et on retrouve donc l'homme libre, l'anglais co, François Langlais.
00:06C'est décidément le dossier qui pourrit tout, qui divise le pays depuis des années,
00:10depuis l'arrivée d'Emmanuel Macron au pouvoir en fait, les retraites.
00:13Série à rebondissement, il faudra trouver un chemin pour que le débat ait lieu,
00:17disait encore hier soir Sébastien Lecornu.
00:19Et tout ça, ça commence à vous agacer François.
00:22En fait ça désole plus que ça agace, qu'on abandonne cette réforme pour tenter de construire
00:27un caravan de ses rails politiques, brinque-ballant.
00:30C'est quand même le choix du déclin parce que c'est moins de travail dans le pays,
00:33moins de croissance, plus de déficit, c'est sûr.
00:36Et puis au-delà de ça, ça montre que le seul socle sur lequel on peut construire aujourd'hui
00:41un compromis entre les différents partis politiques, c'est le refus de la réalité.
00:45C'est un peu inquiétant.
00:47Mais c'est aussi une sanction de la méthode Macron.
00:49Le savoir-faire a cruellement manqué sur cette affaire.
00:52Le manque de savoir-faire, expliquez-vous un peu François.
00:55Écoutez, sur les 8 ans de présidence Macron, le chantier de la retraite, ça a été l'anti-manuel de la réforme.
01:02Première erreur initiale, le projet n'a pas été travaillé.
01:06En 2017, le candidat arrive avec une idée fausse.
01:09Il n'y a pas de déficit sur les retraites, nous dit-il.
01:12Fausse parce que, dès cette époque, tous les pays du monde reculent leur âge de départ à la retraite à cause de la démographie.
01:18Il bricole avec ses conseillers l'idée baroque de la retraite à point en donnant à penser que ça sera la liberté de partir quand on veut.
01:26Au pouvoir, il se heurte très vite à l'immense complexité des quelques 40 régimes existants en France et puis aux perspectives de déficits croissants.
01:34Du coup, on rajoute un étage, le concept baroque d'âge pivot.
01:38Personne n'a jamais compris.
01:39Hâge pivot plus retraite à point, une cathédrale de complexité.
01:44Personne ne parvient à expliquer aux Français combien ils vont toucher à la retraite.
01:48Le Covid arrive de façon providentielle et est utilisé comme prétexte pour renoncer.
01:52C'est un peu la facture de l'improvisation.
01:55Sauf erreur de ma part, ce n'était pas dans le programme de 2017 d'ailleurs, la réforme des retraites.
01:58Si, bien sûr, la réforme à point.
02:00Il a également manqué de la concertation dans tout ça, non ?
02:03Oui, bien sûr, c'est la seconde erreur.
02:05Alors, le mépris dans lequel l'exécutif a tenu les partenaires sociaux, c'est payé cher.
02:10Pour Emmanuel Macron, vous savez, les syndicats, c'est des structures aussi fiées, inutiles.
02:15Or, dans toute réforme, il faut au moins un allié.
02:18La CFDT et son patron, Laurent Berger, qu'on aurait quand même pu emmener sur un projet comme celui-là,
02:24ne sont jamais parvenus à établir un contact fiable avec le président.
02:28Troisième élément, une réforme, ça doit être voter.
02:31Le choix, en 2023, de faire passer la nouvelle mouture de la réforme avec un vote bloqué,
02:36grâce à l'article 49.3, a durablement affaibli sa légitimité.
02:41Ce qui était une cause d'intérêt national est devenu le fait du prince.
02:46Bon, on pourrait vous dire qu'il n'avait pas le choix, il n'avait pas de majorité, Emmanuel Macron.
02:49Oui, ça nous mène à la quatrième erreur.
02:52C'est que c'est une erreur de calendrier.
02:54Il faut faire les réformes difficiles en début de mandat, quand la légitimité politique est forte.
02:58Les conditions de sa réélection par défaut en 2022, sans projet, sans campagne, sans majorité parlementaire,
03:06ne permettaient pas de se lancer dans une telle aventure.
03:08En résumé, pour faire une réforme, ils vont mieux travailler avant, négocier pendant et choisir le bon moment.
03:13Ça n'a pas été fait, 8 ans de perdu.
03:15L'antimanuel de la réforme des retraites avec vous, François Langlais.
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