00:00Un petit mot de l'ancien garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, qui était ce matin chez des confrères à la radio.
00:05Alors, il en a profité pour mettre le passage, un petit taquet à CNews, mais ça c'est pour faire le buzz,
00:10c'est pour juste, voilà, c'est classique maintenant de la part d'Éric Dupond-Moretti pour vendre un livre ou un spectacle au choix.
00:17Mais là, il a surtout critiqué son successeur Gérald Darmanin, d'une façon fort peu, je trouve, conventionnelle, en tout cas, fort peu élégante.
00:23Et écoutez ce qu'il a dit à propos de Gérald Darmanin, il a critiqué la dérive sécuritaire qu'incarne, selon lui, Gérald Darmanin.
00:31Je pleure le fait que nous soyons dans une dérive aujourd'hui qui est une dérive sécuritaire.
00:37Par exemple, je trouve qu'il n'est pas normal que le garde des Sceaux, en exercice, critique des décisions de justice.
00:45Ce qu'il a fait la semaine dernière, ce qu'il a fait après les émeutes qui ont fait suite à la victoire du Paris Saint-Germain.
00:55C'est une faute politique ?
00:56Écoutez, c'est pour moi une faute. Le garde des Sceaux, il doit garantir l'indépendance de la justice.
01:02Et l'indépendance de la justice a parfois, c'est vrai, pour corollaire, le fait qu'un certain nombre de décisions sont rendues et qu'elles sont incompréhensibles.
01:10Voilà, et réponse du tac au tac de M. Darmanin.
01:12Cher Éric, en effet, je plaide coupable. La sécurité des Français est effectivement ma priorité absolue, Gauthier Lebrecht.
01:18Et il accompagne ça, il dit, je remets de l'ordre avec fermeté, sans naïveté et sans excès dans le fonctionnement de notre justice.
01:24Alors, Éric Dupond-Moretti, il a été recruté par Emmanuel Macron pour être un étendard anti-RN.
01:28Ça s'est terminé avec une déculottée au régional et je pense qu'à chaque fois qu'Éric Dupond-Moretti ouvre la bouche, Marine Le Pen gagne dix voix.
01:35Donc, plus il parle, plus il engrange du vote pour le Rassemblement national par son refus de parler d'insécurité.
01:42Quand il en parle, c'est pour dire que c'est un sentiment.
01:44Par son refus de reconnaître qu'il y a certaines décisions de justice qui ne vont pas.
01:48Quand vous avez cinq individus qui lynchent un policier à Tourcoing, qu'il n'y en ait pas un, qui dorment en prison, c'est pas normal.
01:53Quand vous avez un individu qui fonce avec une moto sur un policier à Schiltigame dans l'Est du pays, qu'il prenne une amende de 450 euros et quatre mois de prison avec sursis, ce n'est pas normal.
02:05Et je pourrais en égrener plein, comme ça, des décisions de justice qui sont juste incompréhensibles et qui ont rompu le lien entre la justice et les Français.
02:13Mais Gérald Darmanin, alors qu'il avait de nombreux désaccords, quand il était à Beauvau, ministère de l'Intérieur avec Éric Dupond-Moretti, s'interdisait toujours d'attaquer Éric Dupond-Moretti.
02:22Y compris quand il lui a succédé et qu'il a fait quand même une politique à rebours de ce qu'a fait Éric Dupond-Moretti.
02:27Je ne parle même pas des moments de loisirs dans les prisons accordés par Éric Dupond-Moretti que Gérald Darmanin a supprimé.
02:35Et donc, le premier qui tire, c'est Éric Dupond-Moretti pour taper sur l'un de ses successeurs.
02:40Et on a la réponse du nouveau locataire de la place Vendôme.
02:44Donc, on savait qu'il y avait des accords sur la ligne entre les deux hommes, mais c'est Dupond-Moretti qui tire le premier.
02:49Alors, moi, il se trouve que j'ai échangé longuement juste avant l'été avec Éric Dupond-Moretti,
02:55qui, au demeurant, est un homme plutôt agréable quand on échange avec les mineurs.
02:59Il y a une forme d'obsession chez lui sur notre chaîne.
03:03Il n'aimait pas une phrase que j'avais dite sur la loi qu'il a faite, sur la césure.
03:08Vous savez, le deux temps pour les mineurs.
03:10On le condamne dans un premier temps, on lui donne sa peine dans un second.
03:12Et c'est dans ce laps de temps qu'Elias a été tué par des récidivistes.
03:17Et donc, on a échangé pendant une heure.
03:19Et à la fin, il était quasiment prêt à venir sur notre chaîne pour s'expliquer sur le sentiment d'insécurité, sur son bilan place Vendôme.
03:25Et il ne vient pas.
03:26Donc, il fait juste des attaques en permanence contre CNews parce que vous l'avez bien dit, ça lui permet d'exister.
03:32Quand il a une pièce à vendre, maintenant, c'est un bouquin.
03:34Et donc, il parle en permanence de Pascal Praud.
03:35Il parle en permanence de CNews.
03:37Et il va continuer.
03:38Il fait une autre pub.
03:38Voilà, exactement.
03:39Allez, Geoffroy Lejeune.
03:40En fait, c'est d'une très grande inélégance, déjà, pour commencer.
03:45Parce que, comme le disait Gauthier, quand il était à Place Beauvau, Gérald Darman, il a eu beaucoup d'occasion de le critiquer.
03:51Et en effet, nous, on lui a posé la question quand on le voyait en tant que journaliste.
03:54Et il n'a jamais voulu le faire.
03:56Il était même, d'ailleurs, très sympathique à son égard.
03:58Moi, je n'ai jamais pu me douter, d'ailleurs, qu'il avait des antagonismes aussi forts.
04:03Donc, le faire aujourd'hui, maintenant qu'il est sorti, c'est facile et c'est vraiment, vraiment pas élégant.
04:06C'est la première chose.
04:07Et je pense que c'est quelqu'un qui n'est pas très élégant.
04:08Il a beaucoup de talent, mais par contre, il n'a pas celui de l'élégance.
04:11Et le niveau des attaques, parfois, est un peu bas.
04:13Ça, c'est la première chose qui me frappe.
04:14Ensuite, sur l'expression dérive sécuritaire.
04:17Moi, je veux bien tout entendre, mais on parlera de dérive sécuritaire quand on sera en sécurité.
04:21Et que quelqu'un décidera d'en faire trop, d'aller trop loin.
04:24Et que les Français diront, attention, peut-être que là, ça va un peu loin quand même.
04:27On n'en est pas là.
04:29Aujourd'hui, l'explosion de l'insécurité, c'est un problème dont 100% quasiment des Français ont conscience.
04:33Tout parti politique confondu.
04:36Et donc, expliquer qu'on est en pleine dérive sécuritaire, c'est une négation du réel qui est hallucinante.
04:41Surtout pour quelqu'un qui a eu son poste là.
04:42Et moi, je vais finir par une anecdote personnelle aussi.
04:45Il vous a appelé, vous aussi ?
04:46Il ne m'a pas appelé.
04:47Je l'ai déjà eu au téléphone avant.
04:48Mais il se trouve que le jour où il a quitté le gouvernement, c'est-à-dire le jour de la nomination du gouvernement de Michel Barnier.
04:53Le jour où, d'ailleurs, Gérald Darmanin n'était pas à l'époque Place Vendôme.
04:57C'était Didier Niveau.
05:00Merci Laurence.
05:01Ce jour-là, il quitte son ministère ce jour-là.
05:07Et je le croise dans un restaurant, figurez-vous, à Nice.
05:09Il était seul à table avec son chien.
05:11Vous voyez lequel, évidemment.
05:13Et j'étais avec des amis.
05:15Et il nous attrape en disant, voilà, la réponse pénale est excellente dans notre pays.
05:18Et en fait, à partir du moment...
05:19La réponse pénale, c'est quand il y a une réponse apportée sur le plan pénal.
05:23La réponse judiciaire a une affaire qui a été...
05:26Donc, c'est-à-dire qu'un non-lieu, c'est une réponse pénale.
05:28Une absence de poursuite, c'est une réponse pénale.
05:30Un classement, c'est une réponse pénale.
05:32Et cette phrase, il l'a prononcée déjà publiquement.
05:35Ça veut dire qu'il considère que le fonctionnement de la justice en France est bon
05:38et que les victimes sont exaucées.
05:40C'est un... Comment dire ?
05:41C'est un leurre absolu.
05:43Et tout Dupond-Moretti a été résumé là-dedans.
05:45Il n'y a pas de problème, en fait.
05:46La justice fonctionne bien.
05:47André Valigny, vous qui êtes ancien magistrat.
05:49Voilà, vous me regardez.
05:51Ancien avocat.
05:51Pardon.
05:52Pardon.
05:53Et ministre.
05:54Et spécialiste de la justice.
05:55Évidemment.
05:56Et ancien président de la commission d'Outreau.
05:59Qui a mis en valeur Moretti ?
06:02Et surtout ancien socialiste.
06:04Oui, enfin bon, je ne suis pas conscient de quelque chose.
06:07Encore.
06:08Je suis actuellement sur le plateau CNews et j'ai des choses à dire.
06:12Non, il y a deux lignes différentes, c'est sûr.
06:14La ligne d'Armanin n'est pas celle de Dupond-Moretti.
06:17Moi, je trouve que sur le fond, sur le principe de l'indépendance de la justice
06:20et du devoir de réserve du garde des Sceaux, Dupond-Moretti a raison.
06:24Un garde des Sceaux, un ministre de la justice, n'a pas à commenter les décisions de justice
06:27parce que c'est remettre en cause l'indépendance des magistrats.
06:30Donc, de ce point de vue, Dupond-Moretti a eu raison.
06:33Il n'a jamais commenté une décision de justice, Éric Dupond-Moretti ?
06:36Non, je ne crois pas.
06:36Non.
06:37Et quand il était lui-même devant la CJR, la Cour de justice de la République, il n'a pas fait de commentaire ?
06:42Il a mis gravement en cause des magistrats.
06:45Il était garde des Sceaux.
06:46Ah, mais il comparaissait devant la CJR.
06:48Oui.
06:48Ah, mais il était bien obligé de se défendre.
06:50Non, mais je veux dire, il n'a jamais fait de commentaire à côté sur une cabale judiciaire qu'on aurait fomenté contre lui.
06:57Parce qu'il était prévenu, il était accusé.
06:58Et il était quoi ? Il était garde des Sceaux.
07:01Il fallait qu'il se défendre.
07:01Et il était garde des Sceaux.
07:03Donc, il a attaqué la magistratie.
07:05Et dans le cadre de ses fonctions de garde des Sceaux, André, il est allé marcher sur la tête des magistrats marseillais qui avaient eu le malheur de témoigner devant une commission d'enquête sénatoriale.
07:13Et là, pour le coup, en termes d'indépendance des magistrats, c'était une faute absolue.
07:16C'était des procureurs.
07:17Il s'en est pris aux procureurs.
07:19Et aux magistrats.
07:19Et aux magistrats qui étaient devant le Sénat sous serment.
07:22Sous serment.
07:23C'était le procureur.
07:24Il en avait contre le procureur.
07:26Il les a tous convoqués à Marseille.
07:29Guillaume, le dernier mot avant l'appel d'études.
07:31C'est manifestement quelqu'un qui s'autorise beaucoup de choses.
07:34Et on me permettra de dire que, personnellement, je trouve effarant qu'un ancien garde des Sceaux se produise dans une salle de théâtre,
07:42monte sur les planches pour raconter sa vie et commencer toutes ses phrases par moi-même.
07:46Moi, je trouve que c'est dégradant pour la fonction.
07:49Il a le droit, Guillaume !
07:53Non, non, non.
07:53Je trouve que c'est dégradant pour les fonctions.
07:55Écoutez, Guillaume Perrault, avoir été garde des Sceaux, avoir exercé les fonctions qui ont été les siennes,
08:01et du jour au lendemain, dire je redeviens un personnage privé,
08:04comme s'il n'avait pas...
08:06Il engage l'image de l'État.
08:08Guillaume, il était déjà sur les planches avant d'être ministre de la Justice.
08:12Ce qui est effarant, c'est qu'il soit devenu ministre et qu'il ait quitté les planches, pas qu'il y soit retourné.
08:18Vous voulez dire par le cabotinage ?
08:20Jean-Louis Debré avait fait aussi du théâtre.
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