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  • il y a 5 semaines
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Suite à la reconnaissance de l'État de Palestine par Emmanuel Macron à l'ONU, Télématin reçoit l'historien Vincent Lemire pour faire le point.

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Transcription
00:00Retour à l'actualité de la nuit. Le temps est venu, a-t-il répété à la tribune de l'ONU.
00:04Emmanuel Macron a donc acté hier soir la reconnaissance de l'État de Palestine
00:09tout en exigeant la libération des otages israéliens et l'arrêt des massacres.
00:12Bonjour Vincent Lemire.
00:13Bonjour.
00:14Merci d'être avec nous ce matin. Vous êtes historien, professeur à l'Université Paris-Est
00:17et co-auteur avec Christian Grattalou de l'Atlas historique du Moyen-Orient aux éditions Les Arènes.
00:25Qui est sorti la semaine dernière.
00:26Tout frais.
00:27La France est-elle entrée dans l'histoire hier soir ?
00:32Oui, la France a décidé de prendre ses responsabilités.
00:36On sait que c'était déjà près au mois de juin, puis il y a eu les frappes sur l'Iran.
00:40Les gens qui nous regardent s'en souviennent, c'était le 13 juin.
00:43Et il y avait un sommet qui était prévu le 18-19.
00:45Il a été reporté fin juillet.
00:47Et là, Emmanuel Macron a décidé d'une stratégie qui s'avère payante, c'est-à-dire de faire en deux temps.
00:51Le 24 juillet, un jeudi soir, vous vous en souvenez,
00:54il a annoncé qu'il allait reconnaître l'État de Palestine, deux mois plus tard, on y est, fin septembre,
01:00pour créer une dynamique et pour emmener avec lui un certain nombre de pays.
01:04Et c'est ce qui s'est passé, et pas des moindres.
01:06Le 24 juillet, il y avait zéro pays du G7 qui avaient reconnu l'État de Palestine.
01:10Aujourd'hui, il y en a trois, France, Royaume-Uni, Canada.
01:14Et puis, il y avait deux pays sur cinq membres permanents du Conseil de sécurité.
01:19Et c'est super important parce que, pour être membre de plein droit de l'ONU,
01:23il faut que, finalement, le Conseil de sécurité valide.
01:26Donc, en juillet, il y en avait deux sur cinq, Chine et Russie.
01:29Aujourd'hui, il y en a quatre sur cinq, Chine, Russie, France, Royaume-Uni.
01:34Seuls les États-Unis, maintenant, se retrouvent en position de veto.
01:37Ça va devenir très, très compliqué pour eux.
01:39La France, clairement, a réussi, là, son pari diplomatique.
01:43En quelques mots, vous retenez quoi du discours du président Macron ?
01:47Un discours, enfin, tout le monde l'a dit, un très grand discours,
01:50un très beau discours, avec de la gravité, avec de la responsabilité.
01:55Un discours où il a cherché l'équilibre.
01:57Ses tout premiers mots, il a dit, le temps est venu de libérer les 48 otages israéliens.
02:02C'était sa première phrase.
02:03Donc, il n'oublie absolument pas les otages.
02:06Il parle, évidemment, des civils à Gaza.
02:10Ça revient très, très souvent.
02:12Il parle du plan d'expulsion des civils vers l'Égypte.
02:15Enfin, il prend acte, en fait, de la situation dans laquelle on est,
02:18de la situation catastrophique.
02:20Et il dit, voilà, il est minuit moins une, quoi.
02:23Et donc, il faut bouger.
02:24Et il y a un plan concret.
02:27C'est-à-dire qu'il y a toute la première partie de son discours qui est très solennelle.
02:31Et puis, au milieu de son discours, il prononce cette fameuse phrase qu'on a vue en boucle depuis hier,
02:34qui est très importante, au nom de la République française, je reconnais l'État de Palestine.
02:40Et puis ensuite, il énonce un plan concret.
02:43Et ça, c'était important.
02:44Ce n'était pas forcément attendu.
02:46En fait, il va dérouler son plan.
02:47C'est un plan en trois temps.
02:49L'urgence extrême, cesser le feu, libération des otages.
02:52Ensuite, mission de stabilisation et reconstruction de Gaza.
02:55Et puis, troisième temps, refondation de l'autorité palestinienne,
02:59organisation d'élections avant la fin 2026.
03:02C'est demain, ça va être avant les élections présidentielles françaises, sans le Hamas.
03:07Donc, c'est un plan crédible.
03:08Et surtout, regardez à la tribune, c'est un plan franco-saoudien.
03:13Ce n'est pas la France toute seule avec son petit drapeau qui dit, je vais…
03:16C'est la question que je vais vous poser.
03:17Après, ce sont des mots.
03:18Il faut pouvoir l'appliquer, il faut avoir des soutiens, il faut concrètement pouvoir…
03:22Mais il y a les soutiens.
03:22Et encore une fois, c'est l'Arabie saoudite.
03:25C'est l'Arabie saoudite et tous les pays d'Arabes et tous les pays du Golfe
03:28que d'ailleurs, Donald Trump va rencontrer aujourd'hui.
03:31On peut tout à fait imaginer que ce plan converge d'une certaine manière
03:36avec les propositions de Trump de cet après-midi.
03:39C'est ce à quoi on est en train d'assister.
03:40Ça veut dire que là, ce qui va se passer dans les jours qui viennent,
03:44Benyamin Netanyahou doit rencontrer Donald Trump,
03:47ou l'a peut-être déjà fait.
03:48Il menace de représailles, notamment de poursuivre les constructions.
03:54Et même l'annexion peut-être ?
03:57Vous pensez que là, les jours qui viennent vont être décisifs ?
04:01Les jours qui viennent sont absolument décisifs.
04:03On a un moment de bascule.
04:04On a aussi, la Commission européenne qui a proposé des sanctions très dures contre Israël.
04:09La fin de l'exemption de taxes douanières à l'entrée de l'Union européenne.
04:15Les gens qui nous regardent doivent savoir que depuis les accords d'Oslo,
04:18un produit israélien qui rentre en France paye 0% de taxes.
04:22C'est une exemption.
04:22C'est un privilège qui datait des accords d'Oslo.
04:24L'Europe a dit, on ne peut pas dire qu'Israël aujourd'hui est toujours engagé dans le processus de paix.
04:29Donc on suspend.
04:30Ça va coûter très cher à l'économie israélienne,
04:33qui est une économie fragile, sous perfusion.
04:34Donc il y a ces sanctions européennes, il y a ce plan franco-saoudien à l'ONU,
04:38il y a Trump qui clairement est disposé à bouger,
04:41sinon il ne rencontrerait pas tous les États arabes aujourd'hui.
04:45On sait que les frappes sur le Qatar ont été très mal vécues par Donald Trump.
04:50Alors il a été prévenu, il a été prévenu apparemment quelques minutes avant les frappes.
04:55N'empêche que la plus grosse base américaine au Moyen-Orient, elle est à Doha,
04:59et que c'est aussi une humiliation.
05:01C'était une base qui était là pour moi.
05:02C'est l'armée israélienne qui a frappé des représentants de la masse qui se trouvent.
05:04Qu'a frappé l'équipe des négociateurs du Hamas,
05:11pas la branche militaire ou quoi,
05:12c'est-à-dire ceux qui étaient en train de décider s'ils allaient accepter ou pas
05:15la dernière offre de cesser le feu.
05:16Le but était de les tuer.
05:19Quand on veut tuer une négociation, on tue le négociateur.
05:21Donc là, sincèrement, je pense que Trump est en train de se rendre compte
05:24que Netanyahou le balade, comme il a baladé Biden avant.
05:27Et le plan, je pense, le plan franco-saoudien peut faire bouger Trump, sincèrement.
05:34Ça va changer quoi, cette reconnaissance des têtes palestines ?
05:37Concrètement, là ?
05:38Concrètement, d'abord, ça va changer.
05:40Je prends toujours, je suis historien, donc je fais un parallèle.
05:43Est-ce qu'on aurait demandé au général de Gaulle en 1940,
05:46si ça changeait quelque chose pour lui d'être reconnu comme représentant légitime de la République française ?
05:51Pourtant, il n'était pas élu, il n'avait pas d'armée, il n'était même pas sur son territoire,
05:54et évidemment, il ne contrôlait pas son territoire.
05:57Quand on me dit, ah oui, mais l'État de Palestine, il est toujours occupé,
06:00il y a toujours des colons, etc., je dis, mais oui.
06:02Mais en fait, ça donne des capacités diplomatiques, ça donne aussi des capacités juridiques.
06:08Aujourd'hui, si c'est l'Afrique du Sud qui porte le sujet du risque génocidaire en Palestine,
06:14c'est bien parce que la Palestine ne peut pas se présenter devant la CIJ.
06:16Donc très concrètement, la CIJ, elle reconnaît les États membres de l'ONU.
06:20C'est simple, elle ne s'occupe pas.
06:21Si vous êtes membre de l'ONU, vous vous présentez à nous.
06:23Donc ça donne des capacités juridiques.
06:24Et puis j'ai envie de dire, derrière un État, il y a des citoyens.
06:28Aujourd'hui, depuis ce matin, il y a des citoyens palestiniens
06:32qui sont porteurs d'un passeport qui existait déjà.
06:35Sauf que ce passeport, maintenant, il est reconnu par le Canada, l'Australie, le Royaume-Uni, la France.
06:39Un passeport, c'est aussi des droits, une protection.
06:41Quand vous voyagez à l'étranger, vous n'oubliez pas votre passeport.
06:44Donc il y a des conséquences concrètes dès ce matin à cette annonce.
06:49Elle est symbolique, elle est historique, mais elle est aussi concrète.
06:52Merci Vincent Lumière pour cet éclairage.
06:54Atlas historique du Moyen-Orient, aux éditions Les Arènes.
06:58Et on sera amené, évidemment, à commenter la suite.
07:00Il y a une carte des États reconnaissant la Palestine.
07:03On l'a vu tout à l'heure.
07:04Et on voit qu'en gros, il reste les États-Unis et le Japon qui se dirigent.
07:08Merci beaucoup.
07:09Merci.
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