Vincent Ravoisier est le nouveau directeur du centre pénitentiaire Caen-Ifs. Il vient de prendre ses fonctions en ce mois de septembre 2025. Il se retrouve à la tête d'une prison en situation de surpopulation carcérale. La maison d'arrêt conçue pour 551 détenus en compte 640 actuellement.
00:00Ensuite, il vient de prendre la tête d'une prison surpeuplée.
00:03Vincent Ravoisier est le nouveau directeur de la maison d'arrêt de Caen-Yves.
00:07Quelques jours après sa prise de fonction, il est l'invité d'ici Normandie ce matin.
00:10Bonjour Vincent Ravoisier, vous avez 40 ans et vous venez de prendre pour la première fois de votre carrière
00:15dans l'administration financière la direction d'une prison, une prison surpeuplée, on le disait.
00:20Est-ce que ça complexifie un peu cette prise de poste ?
00:24Alors non, pas particulièrement.
00:26Encore une fois, je suis très heureux de prendre la fonction de ce très bel établissement qui est tout neuf,
00:30qui est tout récent, puisqu'il a été inauguré en décembre 2023.
00:34Donc un établissement, certes, qui est en surpopulation, comme tous les établissements de France,
00:39comme toutes les maisons d'arrêt, pour être plus précis, on est actuellement à peu près à 115% de surpopulation.
00:46Ce qui signifie qu'on a des personnes, on n'a aucune personne, je tiens à le préciser,
00:51qui dorme sur un matelas au sol, contrairement à d'autres établissements.
00:53On a anticipé, encore une fois, la surpopulation, c'est vraiment une question d'anticipation aussi,
01:00en rajoutant quelques lits, ce qui permet à toutes les personnes détenues d'avoir des conditions de détention
01:05qui sont particulièrement dignes en ce qui concerne le centre pénétentiaire de Caen-Yves.
01:09Donc personne ne dort par terre, il n'y a pas de matelas au sol.
01:12Non, aucun matelas au sol.
01:12Pourtant, cette prison, lorsque nous avait été présentée, elle faisait la part belle aux cellules individuelles.
01:16Donc malgré cela, malgré cette configuration, on trouve la place pour mettre plusieurs détenus ?
01:21Effectivement, comme vous l'avez dit, le principe à l'ouverture de Caen-Yves, c'est ce qu'on appelle l'ensellulement individuel.
01:28Après, on a également des cellules doubles, ce qui nous permet de rajouter des lits sans portée atteinte aux conditions de détention.
01:35C'est-à-dire sans portée atteinte à la taille de la cellule et sans portée atteinte, encore une fois, aux conditions de détention des personnes détenues.
01:41Alors, la nouvelle prison de Caen-Yves a été conçue pour 551 détenus, il y en a 640 aujourd'hui.
01:46Vous deveniez le chiffre de 115% de population.
01:50Comment ça se gère au quotidien ? Est-ce que ça crée des tensions ?
01:53Forcément, le fait qu'il y ait plus de détenus que prévu, en tout cas, que cela a été prévu.
01:58Effectivement, ça peut créer des tensions, ça peut créer des violences en détention.
02:01Après, mon rôle et notre rôle au sein de l'administration pénitentiaire, c'est encore une fois de pouvoir anticiper ça.
02:06Et on a la chance d'avoir une structure qui est très adaptée, avec des prises en charge qui sont assez innovantes.
02:14Je pense par exemple au module de respect, qui est une prise en charge basée sur la responsabilisation de la personne détenue.
02:19Ça veut dire quoi ?
02:20Ça veut dire plus d'autonomie dans la liberté de mouvement, mais également plus de devoirs.
02:24C'est-à-dire se lever le matin, avoir un bon comportement, etc.
02:28Et toutes ces prises en charge qui sont axées sur la sortie, c'est des prises en charge qui nous permettent, nous aussi en interne,
02:33de pouvoir prévenir les violences, en fait.
02:35C'est-à-dire de pouvoir affecter les personnes détenues, de faire encore une fois de l'individualisation, en fait.
02:40En fait, c'est ça qui est important et ce qu'on peut faire à Caen-Yves.
02:427h51, notre invité Vincent Ravoisier, le nouveau directeur de la prison de Caen-Yves.
02:46Alors, que peut faire un directeur de centre pénitentiaire face à cette surpopulation carcérale ?
02:50Est-ce que vous discutez avec le parquet, avec le président du tribunal,
02:53pour qu'il y ait moins de peine de prison de prononcer, peut-être ?
02:56Alors, effectivement, on a des liens quotidiens avec les juridictions, avec les autorités,
03:01que ce soit les autorités administratives, le préfet par exemple, ou les autorités judiciaires.
03:07Encore une fois, ici, on a la chance d'avoir un très très bon partenariat,
03:10mais vraiment avec tous les partenaires, donc les partenaires institutionnels également.
03:14Avec les autorités judiciaires, on leur transmet bien sûr nos effectifs,
03:18c'est-à-dire qu'ils sont très vigilants sur la hausse de la surpopulation et sur les effectifs,
03:25ce qui leur permet à eux de prendre des mesures,
03:27et nous également d'être vigilants sur ça, et de pouvoir anticiper si on va avoir une hausse.
03:31Et de trouver une alternative à la peine de prison, peut-être, quand c'est possible, quand la loi le permet ?
03:35Bien sûr, après nous on est en lien aussi avec les juges d'application des peines,
03:40pour justement, on donne un avis, si vous voulez, dans les différentes instances,
03:46sur un aménagement de peine.
03:48Alors, qu'en est-il des effectifs au sein du centre pénitentiaire de Caen-Yves ?
03:51Il y avait une importante campagne de recrutement, forcément lancée par le ministère de la Justice,
03:55avant l'ouverture de la nouvelle prison, vous l'avez dit, il y a moins de deux ans.
03:59Est-ce que tous vos postes sont pourvus aujourd'hui ?
04:02Alors non, tous nos postes ne sont pas pourvus, pardon.
04:04On est à 90% du taux de couverture, c'est-à-dire du nombre d'agents,
04:09si on fait le delta, si vous voulez, entre l'organigramme théorique et...
04:12Enfin, en gros, on est à peu près à 90%, ce qui nous permet de fonctionner.
04:16Après, bien évidemment, on aimerait couvrir à 100%,
04:19mais encore une fois, c'est une situation qui est nationale,
04:21et c'est le cas de toutes les prisons de France.
04:23Donc, quand on compare à d'autres prisons, on a quand même des effectifs
04:26qui nous permettent, nous, encore une fois, de pouvoir fonctionner
04:30de manière plutôt optimale, même si, encore une fois, il manque quand même des postes.
04:35Une dernière question, Vincent Ravoisier, on l'a dit dans cette interview,
04:38en l'assurance pénitentiaire de Caen-Yves, et récent, moins de deux ans,
04:40c'est un équipement moderne, vous le confirmez,
04:42il y est plus facile d'y faire purger des peines que dans d'autres prisons françaises,
04:47parfois plus anciennes, voire vétustes ?
04:50Alors, c'est pas forcément le même travail aussi en tant que directeur.
04:54Nous, ici, encore une fois, et c'est mon objectif aussi,
04:56c'est de pouvoir vraiment optimiser les prises en charge.
04:58Je parlais tout à l'heure de l'individualisation, c'est vraiment ça.
05:01C'est-à-dire, il faut savoir aussi que l'établissement de Caen-Yves,
05:04c'est un établissement de ce qu'on appelle la sécurité adaptée.
05:05On a une moyenne de peine de six mois.
05:08Donc, ce qui nous permet vraiment de pouvoir axer le travail de prise en charge
05:11sur la réinsertion et sur la sortie, sur l'après.
05:14Il faut savoir aussi qu'on a une structure d'accompagnement à la sortie,
05:17qui est une structure aussi, qui est vraiment dédiée à ce travail-là,
05:21de la préparation à la sortie, dans les meilleures conditions possibles.
05:25Merci Vincent Ravoisier, nouveau directeur de la prison de Caen-Yves,
05:28d'avoir été l'invité d'ici, Normandie.
05:31On souhaite la bienvenue dans notre région.
05:32Merci beaucoup.
05:33Et on aura l'occasion peut-être de vous accueillir de nouveau à ce micro.
On m'a confirmé à plusieurs reprises que les cellules doubles étaient déjà en service quand cet établissement a ouvert. Je me demande si cette prison n'était pas déjà pleine dès son ouverture, sans parler de surpopulation... 🤔
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