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  • il y a 4 mois
Sébastien Cauwel, directeur de l’administration pénitentiaire au ministère de la Justice, était l’invité de BFMTV ce dimanche 13 juillet. Il est revenu sur l’évasion d’un détenu de la maison d’arrêt de Corbas, près de Lyon. Ce dernier, qui exécutait plusieurs peines d’emprisonnement et qui faisait l’objet d’un mandat de dépôt dans le cadre d’une information judiciaire liée à la criminalité organisée, s’est évadé en se cachant dans le sac d’un co-détenu remis en liberté. Une enquête a été ouverte des chefs d'évasion en bande organisée et association de malfaiteurs.

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Transcription
00:0011h30 sur BFM TV, merci de nous rejoindre dans le live week-end.
00:04C'est une histoire tout à fait surprenante dont nous allons vous parler à présent.
00:07C'est une information BFM TV que vous nous réveilliez hier, Boris Karlamoff,
00:11avec notamment vos équipes Maxime Clier-Ruza et Lucie Norlog,
00:15un détenu qui s'est échappé vendredi de la maison d'arrêt de Corbat, on est près de Lyon.
00:19L'administration pénitentiaire s'en est aperçue hier.
00:22Ce qui surprend, c'est la façon dont il s'est échappé, Boris.
00:25On a l'impression d'être dans un film ?
00:27Oui absolument, il est âgé de 20 ans, ce détenu, et il était incarcéré dans la prison de Lyon-Corbat.
00:33Il a quitté cette prison d'une manière assez inédite vendredi matin,
00:37puisque selon le parquet de Lyon à BFM TV, il aurait profité de la remise en liberté,
00:41en fin de peine de son co-cellulaire, pour se cacher dans l'un des sacs de ce dernier.
00:47En l'espèce, il s'agit d'un sac à linge.
00:49L'évasion a été constatée que le lendemain, peu après 13h,
00:52donc il y a un délai de plus de 24h entre la commission des faits
00:55et le fait que les services de gendarmerie de l'administration pénitentiaire soient avisés de son évasion.
01:01Cet homme, il exécutait plusieurs peines d'emprisonnement
01:03et faisait par ailleurs l'objet d'un mandat de dépôt dans le cadre d'une information judiciaire
01:07liée à la criminalité organisée.
01:10Il y a une inspection qui a été diligentée par le garde des Sceaux, Gérald Darmanin,
01:15une enquête interne du côté de l'administration pénitentiaire
01:17pour identifier les failles dans cette évasion,
01:21et puis surtout l'enquête judiciaire, cette fois-ci diligentée par le parquet de Lyon,
01:25une enquête confiée à la division de la criminalité organisée et spécialisée du Rhône.
01:29Cet homme est toujours activement recherché au moment où l'on se parle.
01:32Alors vous restez avec moi Boris, puisqu'on accueille un invité exceptionnel sur BFM TV.
01:35Sa parole est rare, Sébastien Coel.
01:37Merci d'être là.
01:38Vous êtes le directeur de l'administration résidentielle, le patron des prisons.
01:43J'aimerais que vous reveniez tout d'abord sur les faits tels que vous les connaissez.
01:45Qui est ce suspect tout d'abord ?
01:47C'est effectivement un détenu de nationalité française de 20 ans,
01:52qui a déjà un parcours pénal assez ancien,
01:54puisqu'il était déjà incarcéré en tant que mineur il y a quelques années,
01:59qui est incarcéré pour différentes condamnations dans des faits mineurs,
02:04en tout cas des condamnations de quelques mois d'emprisonnement
02:06pour des faits liés à des trafics ou des vols assez classiques,
02:11mais sans ampleur importante.
02:13Il est aussi en instruction, dans une instruction criminelle,
02:17pour une association de malfaiteurs et un meurtre en bande organisée.
02:21C'est un détenu qui, aujourd'hui, n'est pas suivi par le renseignement pénitentiaire,
02:26qui n'est pas identifié ni comme un haut de spectre,
02:29ni même comme un lieutenant d'une organisation criminelle.
02:32Ce n'est pas non plus un détenu qui est classé parmi les particulièrement signalés.
02:37Ce qui surprend, c'est la façon dont il s'est évadé.
02:40Quel est le genre de sac qu'il a utilisé ?
02:42Racontez-nous ce qu'il s'est passé, comment cela se serait passé ?
02:45Effectivement, il a profité de la libération de l'un de ses co-cellulaires.
02:49Ils étaient trois en cellule.
02:51L'un de ses co-cellulaires était libérable vendredi matin.
02:56Et il a profité de la complicité de son co-cellulaire
02:59pour se cacher dans un gros sac de linge
03:01et profiter de la levée d'écrou de ce détenu
03:05pour pouvoir s'extraire et s'évader de cet établissement.
03:08C'est évidemment un phénomène qui est extrêmement rare,
03:11que nous n'avons jamais connu dans cette administration
03:14et qui révèle manifestement toute une série de dysfonctionnements,
03:18des dysfonctionnements graves, des dysfonctionnements inadmissibles.
03:22C'est la raison pour laquelle j'ai immédiatement demandé
03:25une enquête interne à l'établissement.
03:27Et c'est aussi la raison pour laquelle le garde des Sceaux
03:29a immédiatement diligenté une inspection de l'inspection générale de la justice.
03:33Comment expliquer qu'il se soit échappé le vendredi
03:36et ça a mis 24 heures pour que la prison s'en aperçoive ?
03:40C'est-à-dire que certains disent mettre le doigt
03:42sur la surpopulation carcérale, notamment.
03:46Il y a eu à ce sujet d'ailleurs des rapports
03:48qui ont été faits sur cette prison en particulier.
03:51C'est évident que nous connaissons une période
03:52de suroccupation de nos établissements pénitentiaires.
03:55Aujourd'hui, nous avons 85 000 détenus
03:57pour un peu moins de 63 000 places.
04:00Cet établissement connaît un taux d'occupation
04:02qui est d'environ 170 %.
04:06Et donc, ça rend les conditions de travail
04:08de nos agents plus compliquées.
04:10C'est une évidence.
04:11Mais ce qui est révélé par ces faits,
04:14par cet incident,
04:15est plutôt une accumulation d'erreurs,
04:18d'erreurs matérielles, éventuellement de fautes
04:20que l'enquête verra,
04:22mettra éventuellement lumière
04:23à ce qu'elles nous tireront l'ensemble des conséquences.
04:25En l'espèce, il me semble que les défaillances
04:27sont plus des défaillances humaines
04:29que des défaillances purement liées
04:30à la surpopulation carcérale
04:32qui, effectivement, touche un certain nombre
04:33d'établissements, dont celui-ci,
04:34et qui rend le travail de nos agents plus compliqué.
04:36Mais en l'espèce, nous aurions dû,
04:38l'établissement aurait dû,
04:39éviter cette évasion.
04:42Et sans l'apercevoir aussi plus tôt, peut-être aussi.
04:43– Certainement.
04:44– Oui, Boris.
04:44– Vous disiez qu'il y avait donc trois détenus
04:46dans cette cellule.
04:47Il en manquait deux.
04:49Le premier était en fin de peine,
04:51donc il a pu sortir librement de cette prison.
04:52Et puis il y avait le deuxième qui s'est évadé.
04:55Aucun surveillant, l'après-midi, le vendredi d'après-midi,
04:57le soir, n'a constaté l'absence de ce détenu
05:00qui s'est évadé vendredi matin ?
05:01– Encore une fois, l'enquête montrera ce qu'il s'est passé.
05:04Et ce qui est certain, c'est que,
05:06compte tenu des taux d'occupation,
05:07à chaque fois qu'un détenu est libéré,
05:09et sa place est immédiatement remplacée
05:10par un autre détenu.
05:12Donc très rapidement, la place du détenu libéral
05:14a été remplacée par un autre détenu
05:15qui a été affecté dans cette cellule-là,
05:17ce qui peut éventuellement avoir entraîné
05:20chez les surveillants qui travaillent
05:22sur cette coursive-là pendant cette journée-là
05:24une forme d'incompréhension
05:25ou peut-être d'absence de vigilance suffisante.
05:28Mais je le redis, il y a eu des absences
05:30de vigilance nécessaires, suffisantes.
05:33Et j'ai d'ailleurs immédiatement repassé des consignes
05:35à l'ensemble des établissements pénitentiaires français
05:37pour les appeler à la plus grande rigueur
05:39dans les procédures de levée des croûts,
05:41mais également dans les contrôles d'effectifs
05:42à plusieurs reprises dans la journée.
05:44La piste d'éventuelle complicité
05:45au sein même de la maison d'Arier,
05:47elle est étudiée aujourd'hui de près
05:48ou c'est une piste qui est d'ores et déjà écartée ?
05:50Complicité entre la surveillante et le dit détenu ?
05:54Aujourd'hui, il n'y a aucun élément
05:56qui permet de mettre en lumière
05:58ce type de phénomène.
06:01Donc il y a une enquête judiciaire qui est en cours,
06:02qui est menée par le parquet,
06:03qui regardera les choses.
06:05Mais aujourd'hui, je n'ai aucun élément
06:06qui me permet de dire qu'il y a une complicité interne.
06:08Nous étions il y a quelques minutes
06:09avec Jean-François Fouglière-Hinault,
06:11que vous devez connaître,
06:11secrétaire général du syndicat national
06:13et directeur pénitentiaire.
06:14Il avait deux questions à vous poser.
06:16On l'écoute, je vous reprends juste après.
06:18La première, c'est par rapport à cet effort RH
06:22au niveau des surveillants pénitentiaires.
06:24Il y a bientôt deux ans,
06:25nous avons travaillé avec l'administration centrale
06:27sur un projet de recrutement
06:29de surveillants contractuels
06:31pour venir en renfort
06:32et pour former des jeunes personnes
06:35à nos métiers
06:36et ensuite leur faire passer les concours
06:38et avoir des gens qui savent là où ils vont travailler.
06:41Parce qu'on a aussi beaucoup de démissions.
06:43Donc où en est ce projet ?
06:45La deuxième question,
06:46c'est par rapport à nous,
06:47en tant que directeurs pénitentiaires,
06:49que ce soit directeurs de prison
06:50ou directeurs de SPIP,
06:51quels sont en fait les projets
06:53pour nous apporter des soutiens
06:55sur cette situation très tendue
06:57qui dure depuis déjà plusieurs mois.
07:01Alors je vous laisse lui répondre.
07:02Lui, il disait aussi,
07:03il avait le sentiment,
07:03parce qu'on le faisait réagir à ce drame,
07:05qu'on mettait tout sur les prisons
07:06à haute sécurité,
07:07à savoir, bon,
07:08il y aura 250 personnes à l'habilité
07:10pour une centaine de détenus seulement,
07:12alors que c'est bien plus,
07:14et qu'au détriment de la sécurité
07:16et des moyens dans les autres prisons.
07:18Non, ce n'est pas exact.
07:21La réalité, c'est qu'aujourd'hui,
07:22nous nous battons,
07:23le garde des Sceaux se bat actuellement
07:25dans la construction du budget 2026
07:27pour obtenir les moyens suffisants
07:30et les effectifs suffisants
07:31avec une vraie ambition
07:32de rattraper des difficultés RH
07:35que nous connaissons depuis maintenant
07:36plusieurs années,
07:37si ce n'est plusieurs dizaines d'années.
07:38Donc il y a une vraie volonté
07:39du garde des Sceaux
07:41de pouvoir,
07:41dans la construction budgétaire,
07:43doter les établissements pénitentiaires,
07:45les personnels pénitentiaires
07:46de moyens humains
07:47et des moyens matériels
07:48tout à fait suffisants.
07:50Alors une question qui a été posée
07:52est de savoir pourquoi
07:53nous ne recrutons pas
07:54à des personnels de surveillance contractuelle.
07:57Cette possibilité-là
07:58est une possibilité nouvelle,
07:59mais qui ne doit se mettre en place
08:01que dans l'hypothèse
08:02où nous n'aurions pas réussi
08:03à recruter les personnels,
08:05des personnels titulaires
08:06par voie de concours.
08:07Or, aujourd'hui,
08:08l'ensemble des personnels
08:09qui me sont dotés,
08:11dont l'administration pénitentiaire
08:11est dotée par la loi de finances,
08:14sont recrutés.
08:14Donc je n'ai pas de postes vacants
08:16qui me permettent de recruter
08:17un personnel contractuel.
08:18Donc aujourd'hui,
08:19les concours sont complets,
08:21le métier est devenu attractif
08:22grâce à une évolution statutaire
08:24importante d'il y a maintenant
08:25une année,
08:26une année et demie,
08:27et donc je n'ai pas la possibilité
08:29aujourd'hui de recruter
08:29des personnels contractuels.
08:31Sur ce qui est fait
08:32pour les personnels de direction,
08:33encore une fois,
08:34les personnels de direction
08:35font comme l'ensemble
08:36des personnels pénitentiaires
08:36un travail admirable.
08:38Je tiens vraiment à le dire,
08:40les personnels pénitentiaires
08:41de surveillance,
08:42personnels de direction,
08:42d'insertion et de probation
08:43font un travail excessivement exigeant,
08:46excessivement difficile
08:46dans des contextes parfois très compliqués
08:48et je crois qu'ils sont régulièrement
08:50les derniers remparts de la République
08:53et il faut leur en savoir gré.
08:55Pour les personnels de direction
08:56qui dirigent effectivement
08:57des structures extrêmement complexes
08:59dans des conditions
09:00qui sont parfois très compliquées,
09:01évidemment nous les accompagnons énormément.
09:03Il y a eu des évolutions statutaires
09:05importantes ces dernières années.
09:07Nous les mettons,
09:08nous donnons aussi un maximum d'outils
09:10pour pouvoir travailler
09:11dans des meilleures conditions
09:13et nous essayons de les accompagner
09:14quotidiennement pour faire en sorte
09:16qu'ils soient en capacité
09:17d'assumer leurs responsabilités.
09:18et nous essayons de les accompagner
09:20de la République.
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