- il y a 2 jours
Chères lectrices, chers lecteurs,
Voici la captation de notre passionnante soirée du 17 septembre 2025 en compagnie de Najla Nakhlé-Cerruti autour de son essai paru chez Actes Sud Papiers, Le théâtre palestinien et François Abou Salem.
🎙️ Discussion animée par M. Karim Kattan, écrivain, poète et ami de l'autrice.
Vous souhaitant de belles lectures,
L'écume 🌊
-
La Quatrième : L’avènement du théâtre palestinien aurait-il eu lieu sans le metteur en scène François Abou Salem ?
Français établi en Palestine, directeur de la troupe El-Hakawati puis du Théâtre National Palestinien/El-Hakawati, il a consacré sa vie au déploiement et à la défense d’un théâtre palestinien en arabe dialectal, populaire et poétique, détaché du modèle européen dominant. Sa vision s’est fondée sur son exigence esthétique, sur sa volonté de professionnaliser la pratique théâtrale, et sur son engagement pour la conservation d’une mémoire palestinienne.
“Ce livre pourrait n’être que déploration, et la mort de François Abou Salem marquer la fin d’une espérance politique, je crois que son but est précisément le contraire. C’est pourquoi la superposition de la figure de Bashar Murkus, à celle du fondateur du théâtre palestinien nous interdit de désespérer.” Olivier Py
Voici la captation de notre passionnante soirée du 17 septembre 2025 en compagnie de Najla Nakhlé-Cerruti autour de son essai paru chez Actes Sud Papiers, Le théâtre palestinien et François Abou Salem.
🎙️ Discussion animée par M. Karim Kattan, écrivain, poète et ami de l'autrice.
Vous souhaitant de belles lectures,
L'écume 🌊
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La Quatrième : L’avènement du théâtre palestinien aurait-il eu lieu sans le metteur en scène François Abou Salem ?
Français établi en Palestine, directeur de la troupe El-Hakawati puis du Théâtre National Palestinien/El-Hakawati, il a consacré sa vie au déploiement et à la défense d’un théâtre palestinien en arabe dialectal, populaire et poétique, détaché du modèle européen dominant. Sa vision s’est fondée sur son exigence esthétique, sur sa volonté de professionnaliser la pratique théâtrale, et sur son engagement pour la conservation d’une mémoire palestinienne.
“Ce livre pourrait n’être que déploration, et la mort de François Abou Salem marquer la fin d’une espérance politique, je crois que son but est précisément le contraire. C’est pourquoi la superposition de la figure de Bashar Murkus, à celle du fondateur du théâtre palestinien nous interdit de désespérer.” Olivier Py
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00:00:00Bien, c'est bon je peux commencer ? Bonsoir, bonsoir à tous et toutes, merci d'être si nombreux, je crois qu'il y a du monde un peu derrière.
00:00:11Il y a des places devant pour ceux qui veulent, pour s'ensoir.
00:00:16Merci à une des pages de nous accueillir ce soir pour présenter le dernier ouvrage de Najla Nahle Siruti,
00:00:24le théâtre palestinien et François Aboussalem, paru aux éditions Actes Sud, qui m'ont accueilli son papier.
00:00:33Je vais présenter Najla et on va discuter pendant une demi-heure à peu près, on va parler à la fois du livre de François Aboussalem
00:00:44et de la recherche de Najla en général, et puis on aura une quinzaine de minutes pour des questions à la fin.
00:00:54Des questions sur le livre. J'insiste parce que je sais comment c'était.
00:01:03Alors juste peut-être avant de te présenter Najla, deux mots, bon évidemment, je pense que si vous êtes ici,
00:01:09vous savez évidemment qu'on est en train de parler du théâtre contemporain palestinien et de François Aboussalem
00:01:16dans un contexte très précis, évidemment, qui est notamment le contexte du génocide à Gaza et de l'accélération de la colonisation en Cisjordanie.
00:01:27C'est un sujet qui est là en filigrane à plein d'égards, qui est là aussi dans les possibilités de la recherche aujourd'hui.
00:01:35On en parlait, on y reviendra. Qu'est-ce que c'est faire de la recherche aujourd'hui par rapport à il y a dix ans ?
00:01:39Ce n'est pas le cœur du propos, mais c'est vraiment la question qui est aussi, évidemment,
00:01:46qui sous-tend toutes les questions de conditions de production du théâtre palestinien.
00:01:53Donc c'est aussi avec un peu de difficulté, évidemment. Cela va sans dire qu'on parle de tout ça.
00:02:00Alors, Najla, pour te présenter d'abord, pour ceux qui ne te connaissaient pas,
00:02:05tu es agrégé d'Arabe, chercheuse à l'Institut français du Proche-Orient Antipo,
00:02:10dont tu diriges l'antenne à Ammane.
00:02:13Tu es, si j'ose dire, la spécialiste du théâtre palestinien,
00:02:18et plus largement une spécialiste du théâtre en arabe.
00:02:21Tu as publié deux ouvrages de référence sur le sujet,
00:02:28« L'individu au centre de la scène, trois pièces palestiniennes »
00:02:31aux presses de Livreport en 2020,
00:02:33qui fait découvrir un public francophone,
00:02:36un répertoire théâtral encore largement déconnu en France et ailleurs.
00:02:41Et en 2022, aux presses universitaires de Rennes,
00:02:44« La Palestine sur scène, une expérience théâtrale palestinienne »
00:02:46qui est issue de la presse de Joc.
00:02:48Dans « L'individu au centre de la scène »,
00:02:52donc le premier ouvrage que tu publies,
00:02:54tu réunis et traduis trois pièces majeures du théâtre palestinien contemporain
00:02:59dans « L'ombre du martyr » de François Abou Salen,
00:03:02sur lequel on retiendra,
00:03:03« Le temps parallèle » de Bachar Moukos,
00:03:05et « Taha » de Amal-Khdeh,
00:03:08qui place l'individu au cœur du plateau.
00:03:12Ton deuxième livre, « La Palestine sur scène »,
00:03:13interroge les conditions concrètes de la création théâtrale palestinienne
00:03:17dans l'espace israélo-palestinien.
00:03:22Entre contraintes de mobilité, rareté des publications et inventivité scénique,
00:03:27tu y analyses une décennie, si je ne le trompe pas, 2006 à 2016,
00:03:31de production, en considérant tout à la fois le texte,
00:03:35la mise en scène et les performances,
00:03:37ainsi que le rapport de ces textes aux espaces réels et symboliques où ils se déploient.
00:03:42Aujourd'hui, tu es là pour nous présenter ton dernier ouvrage,
00:03:46« Le théâtre palestinien et François Abou Salen »,
00:03:50qui est donc d'abord, c'est notable,
00:03:53c'est le premier ouvrage sur François Abou Salen,
00:03:56toutes l'an confondue,
00:03:58et par ailleurs le premier ouvrage grand public en français sur le théâtre palestinien.
00:04:03Dans cet ouvrage, tu le présenteras mieux que moi,
00:04:09mais tu analyses le rôle et l'action de François Abou Salen,
00:04:13qui est un dramaturge franco-palestinien,
00:04:17français et palestinien,
00:04:19qui est le cofondateur du théâtre national palestinien à l'Hakawak et à Jérusalem-Est,
00:04:24à partir notamment d'archives auxquelles tu as accès.
00:04:27François Abou Salen, c'est un personnage singulier,
00:04:31en réalité à la fois en termes de son travail théâtral et en termes d'identité.
00:04:38Je vous présente rapidement,
00:04:40donc il est né en France et mort à Ramallah en 2011.
00:04:45C'est l'une des figures majeures du théâtre palestinien,
00:04:48français d'origine, il grandit à Jérusalem-Est,
00:04:51étudie à Beyrouth,
00:04:52puis se forme au théâtre en France, à Strasbourg et au théâtre du Soleil,
00:04:55avant de revenir au début des années 1970,
00:04:59qui cofondait le théâtre palestinien.
00:05:02Donc cette intervention, je vais poser quelques questions à Najla,
00:05:06qui, bon, on va essayer de retracer le parcours de François Abou Salen,
00:05:10qui est un pionnier,
00:05:11mais par cela, je pense que vous aurez accès à un tableau vivant du théâtre palestinien contemporain,
00:05:19à la fois ses origines, ses contraintes matérielles, ses enjeux politiques et ses évolutions éthétiques.
00:05:28François Abou Salen est un auteur, un acteur et un metteur en scène.
00:05:33Il a contribué et œuvré à faire émerger un théâtre en arabe dialectal,
00:05:38un théâtre populaire, souvent affranchi du modèle européen,
00:05:41et à préserver une mémoire palestinienne à la fois singulière et plurielle.
00:05:47Je commence, on va écouter Najla plutôt que moi, j'ai fini.
00:05:52J'aimerais commencer par une question qui n'est pas toujours facile pour les chercheurs,
00:05:55mais qui est très importante et qui nous aidera collectivement à nous situer.
00:05:58On va un peu commencer par toi.
00:05:59J'aimerais que tu nous dises comment tu as connu le théâtre contemporain palestinien de façon générale,
00:06:08et ensuite comment tu as connu le travail de François Abou Salen.
00:06:14Merci Karim pour cette présentation.
00:06:17Très rapidement, à nouveau, grand merci à l'écume des pages de nous recevoir ce soir
00:06:21pour cette première présentation de l'ouvrage.
00:06:24Grand merci également à Acte Sud Papier, qui, comme l'a rappelé Karim,
00:06:29en ce moment a eu le courage, en fait, de prendre le risque de publier un ouvrage sur le théâtre palestinien.
00:06:37Donc à nouveau, je voudrais exprimer toute ma reconnaissance à l'égard de ces deux institutions
00:06:43qui nous ont fait l'honneur aussi de nous recevoir et de donner une parole à cet objet qui est le théâtre palestinien.
00:06:52Merci pour leur confiance et pour leur travail, sans qui cette publication n'aurait pas vu le jour.
00:06:58Donc on va revenir au début.
00:07:01Donc moi, ce que je dis aussi beaucoup, parce que je pense que ça permet de comprendre aussi
00:07:07la manière dont j'ai abordé le théâtre palestinien.
00:07:10Je ne suis pas arrivée au théâtre palestinien pour la Palestine, mais par la langue arabe.
00:07:16Ce qui m'intéressait, et pour aller vraiment rapidement, mais ce qui est très intéressant dans la production théâtrale en langue arabe,
00:07:25c'est que finalement, elle met les dramaturges, les hommes et les femmes de théâtre,
00:07:30face à une contradiction linguistique qui est très difficile de régler,
00:07:35puisque la langue arabe étant pluriglossique,
00:07:40c'est-à-dire là où se côtoient différents registres de langues,
00:07:43avec un registre de l'écrit au bout du continuum
00:07:47et des registres de l'oral à l'autre bout du continuum linguistique.
00:07:53Finalement, faire du théâtre en arabe pose aux dramatures,
00:07:57j'ai la question du choix du registre de la langue.
00:08:01Alors c'est un genre littéraire qui veut rentrer dans les canons de la littérature,
00:08:05donc le choix naturel serait celui de l'arabe écrit, de l'arabe classique,
00:08:11mais un registre de langue qui ne marche pas du tout dans le lien avec le public,
00:08:16qui est un élément essentiel du processus de création théâtrale.
00:08:21Donc c'est vraiment cette question que pose la langue arabe à l'écriture théâtrale
00:08:26qui m'a tout d'abord intéressée et je me suis d'abord tournée vers le théâtre libanais
00:08:33dans les années 60, au moment où justement est né un théâtre en dialecte de qualité
00:08:39à Béron et plus largement au Liban.
00:08:42Et dans mes recherches, je suis tombée sur un article qui racontait
00:08:47une expérience théâtrale tout juste après les accords d'Oslo,
00:08:52donc ces accords censés lancer les bases d'un État palestinien,
00:08:57mettre fin à la violence de la première intifada.
00:09:02Donc une expérience tout à fait emblématique de cette période d'espoir
00:09:07et de volonté, de coexistence et de construire une paix durable
00:09:11entre deux peuples qui coexistent.
00:09:15Donc je suis tombée sur cette expérience théâtralement intéressante,
00:09:19à savoir une adaptation de Roméo et Juliette coproduite entre le théâtre Kassaba à Ramana
00:09:27et le théâtre El Khan à Jérusalem dans la partie ouest de la ville
00:09:31avec Juliette jouée en hébreu et toute sa famille incarnée par des acteurs juifs israéliens en hébreu
00:09:41et Roméo joué en arabe et sa famille incarnée aussi par des acteurs palestiniens en arabe.
00:09:48Donc en fait, cette expérience pour moi mettait vraiment au jour
00:09:52l'importance de la langue dans le processus de création théâtrale
00:09:57et aussi des enjeux politiques que peuvent souligner ou peuvent mettre,
00:10:02peuvent révéler une expérience théâtrale.
00:10:05Bon, très vite, je me suis rendue compte que finalement l'activité théâtrale palestinienne
00:10:12était bien plus dynamique et intéressante à plein d'égards,
00:10:17mais notamment sur les plans linguistiques et esthétiques,
00:10:21puisque ce sont ces aspects-là qui m'intéressaient tout d'abord.
00:10:24Et donc j'ai décidé de travailler beaucoup plus largement, en fait,
00:10:29sur la pratique théâtrale pratiquée par des Palestiniens en langue arabe.
00:10:34Donc c'est vraiment par la langue, en fait, et les enjeux linguistiques
00:10:38que soulève la pratique théâtrale que je suis arrivée au théâtre et en Palestine.
00:10:44Et François Abou Salem, spécifiquement, à quel moment tu découvres son travail ?
00:10:49En fait, dès le début, c'est ce que j'explique aussi dans le livre.
00:10:53Donc avant de m'inscrire en thèse, j'ai pu réaliser une sorte de terrain exploratoire.
00:10:59Je le mentionne parce que, peut-être qu'on en reparlera,
00:11:03mais sur de tels sujets qui restent en fait des friches
00:11:09et pratiquement des objets scientifiques assez peu travaillés,
00:11:15l'accès et le travail sur le terrain est absolument essentiel.
00:11:19Et dans le contexte palestinien, cette question de l'accès au terrain
00:11:24et donc aux sources est un enjeu majeur pour la recherche.
00:11:29Donc dès les premiers terrains et les premières explorations
00:11:34pour aussi tester peut-être la validité de mes premières intuitions,
00:11:38le nom de François Abou Salem a émergé.
00:11:44C'était un an après son décès.
00:11:45Donc effectivement, la communauté des gens de théâtre
00:11:48était encore sous le choc du décès brutal et tragique de François Abou Salem.
00:11:56Premièrement et deuxièmement aussi, ça disait la centralité de cette figure,
00:12:03la centralité et à la fois la dimension tout à fait mythique du personnage.
00:12:12Voilà, donc le nom est apparu très rapidement,
00:12:14mais très rapidement aussi j'ai été confrontée à un vide pratiquement total
00:12:21de sources sur François Abou Salem.
00:12:24Et toute recherche n'était pas possible avant de découvrir
00:12:28les archives de François Abou Salem.
00:12:30C'est-à-dire qu'à la fois les sources premières n'étaient pas accessibles
00:12:34et donc par conséquent, les productions scientifiques étaient très limitées
00:12:40et François Abou Salem ne faisait pas l'objet d'étudier.
00:12:42Les sources premières, tu veux dire les pièces de théâtre ?
00:12:45Alors les pièces, donc les archives,
00:12:48tout ce qui peut aussi permettre d'éclairer les conditions de la pratique,
00:12:53de sa réception, etc.
00:12:54Donc le nom de François Abou Salem est arrivé directement
00:12:58dès mes premières tentatives de comprendre et d'étudier le théâtre palestinien.
00:13:05Mais c'est quand même une figure que j'ai mise de côté dans mes recherches
00:13:09en raison de cette absence de sources pour travailler.
00:13:13D'ailleurs, on reviendra si on a le temps, j'espère, sur le reste de tes recherches
00:13:19parce qu'elles sont essentielles et les autres livres de Nashla sont très importants
00:13:24et que je vous les recommande.
00:13:25Mais peut-être pour revenir un peu, pour commencer par François Abou Salem,
00:13:29la figure même de François Abou Salem,
00:13:31qui est une figure vraiment, comme je le disais, singulière
00:13:35et vraiment au sens fort, c'est-à-dire c'est un français
00:13:39qui a grandi à Jérusalem-Est et qui se définit réellement comme palestinien
00:13:43et donc qui est formé en partie en France
00:13:49et qui choisit, pour revenir à la question de la langue,
00:13:51d'écrire en arabe et donc qui revient pour écrire en arabe.
00:13:56Est-ce que d'abord, pour trouver une idée générale,
00:13:58j'ai fait une biographie grossière de François Abou Salem,
00:14:01est-ce que d'abord tu peux nous parler de lui,
00:14:03vraiment de qui il est, dans quel contexte il émerge ?
00:14:05Oui, alors François Abou Salem, c'est François Gaspard,
00:14:10son identité François Gaspard, le fils de Laurent Gaspard,
00:14:14un poète très reconnu, qui a reçu le prix Goncourt de la poésie
00:14:20pour l'ensemble de son œuvre, qui est également médecin, chirurgien
00:14:25et qui, dans sa pratique à la fois de la médecine et de la littérature,
00:14:29mêle très fortement ces deux aspects de son travail.
00:14:33Et c'est pour cette raison que François Gaspard, dit Abou Salem,
00:14:38a grandi en Palestine.
00:14:40Il a suivi ses parents, enfin, il avait trois ans quand il est arrivé à Jérusalem
00:14:45et ses parents l'ont directement inscrit dans une école publique.
00:14:50Donc il a appris l'arabe dès ses trois ans.
00:14:52Et je le dis aussi parce que c'est pratiquement lorsque je conduisais mes recherches
00:14:59que certaines des personnes avec qui je m'entretenais découvraient qu'il n'était pas palestinien.
00:15:06C'est-à-dire que même son arabe, même sa manière d'écrire dans les archives,
00:15:10j'ai eu accès à beaucoup de notes qu'il a écrites, des notes manuscrits,
00:15:14rien ne laissait penser qu'il n'était pas de Palestine.
00:15:21Et lui-même, dans des entretiens qu'il donne, notamment au début,
00:15:24très peu de temps après la fondation de la troupe Al-Hakawati,
00:15:29se dit français, pardon, se dit palestinien,
00:15:33avec des origines très lointaines françaises.
00:15:36Certains même me disaient au début de mes recherches
00:15:39que leurs parents avaient assisté à l'accouchement de la maman de François Abusalem.
00:15:44Il y a vraiment un mythe, c'est élaboré autour de l'identité
00:15:48et des origines de François Abusalem.
00:15:51Et il n'a jamais dissipé les doutes sur sa identité.
00:15:55Donc bon, une figure mythique qui s'est construite,
00:15:59qui l'a lui-même aussi fabriquée,
00:16:01mais qui dit assez clairement cette volonté
00:16:07d'embrasser totalement l'identité palestinienne qu'il a choisie.
00:16:14Donc c'est un Français établi en Palestine,
00:16:18qui vit son enfance en Palestine
00:16:19et qui suit ses études secondaires au Liban,
00:16:24au Collège Notre-Dame de Jamrour,
00:16:26comme beaucoup d'intellectuels,
00:16:28de familles, disons, des classes supérieures de l'époque.
00:16:32Donc un parcours plutôt classique.
00:16:35Et après son baccalauréat, il passe deux années,
00:16:39deux ou trois années,
00:16:40les archives ne donnent pas beaucoup d'éléments,
00:16:45deux ou trois années en France.
00:16:48On sait qu'il est passé par Strasbourg,
00:16:51donc forcément il a fréquenté les élèves de l'école de théâtre,
00:16:56du Théâtre National de Strasbourg,
00:16:57et qu'il est passé par le Théâtre du Soleil,
00:17:00il a côtoyé Ariane Nouchkine.
00:17:01On sait aussi que deux fortes personnalités,
00:17:04comme la sienne et la sienne,
00:17:06ont eu des incompatibilités vraiment personnelles.
00:17:12Et il décide de s'installer en Palestine en 1971,
00:17:16au moment où ses parents,
00:17:19donc Laurent Gaspard et Francine Gaspard,
00:17:22décident de quitter Jérusalem,
00:17:24tant les conditions de vie sont devenues difficiles.
00:17:27Donc on voit là la volonté aussi de François Abou Salem
00:17:31de complètement s'intégrer en fait à cette société palestinienne.
00:17:37Et en 1971, dès son arrivée,
00:17:40il commence à travailler avec les quelques acteurs qui émergent alors.
00:17:47et il fonde une première troupe,
00:17:50puis une deuxième troupe,
00:17:51toujours la deuxième troupe après les différents personnels
00:17:55entre les membres de la première troupe qu'il a fondée.
00:17:59Donc on sent quand même un caractère assez fort,
00:18:02qui est nécessaire pour porter toute l'œuvre qu'il a construite en Palestine.
00:18:08Et en 1977, comme tu l'as dit, Karim,
00:18:14il fonde ce qui sera considéré comme la première troupe professionnelle de théâtre en Palestine.
00:18:19Et je pense qu'il est intéressant avec ça,
00:18:24et parce qu'on parlait de ses origines françaises,
00:18:28c'est que finalement, le projet théâtral de François Abou Salem,
00:18:31c'est-à-dire pour le théâtre palestinien,
00:18:34pour le courant théâtral en Palestine,
00:18:36ce projet de professionnalisation, de pérennisation du mouvement,
00:18:40je crois qu'il n'aurait pas pu venir d'une personne formée uniquement en Palestine,
00:18:49là où la formation était quasi inexistante.
00:18:51C'est-à-dire qu'il vient quand même avec cette double identité,
00:18:56cette forme d'acculturation,
00:18:58et il s'inscrit aussi dans des expériences internationales
00:19:01qui permettent à la scène palestinienne,
00:19:04à la fois de s'ancrer en Palestine,
00:19:07par la professionnalisation et donc la pérennisation.
00:19:11Et cela est aussi nourri par une capacité
00:19:15à toucher les scènes internationales,
00:19:18à porter une dimension universelle au théâtre palestinien
00:19:22et donc au sujet dont il traite.
00:19:26Et c'est vrai que ses origines françaises
00:19:29ont sûrement largement contribué,
00:19:30lui ont sûrement donné les outils pour le faire
00:19:33et pour porter un tel projet.
00:19:35D'ailleurs, au sujet de cette question de la langue,
00:19:39tu me disais tout à l'heure, si je ne me trompe pas,
00:19:41et pour parler spécifiquement de ses œuvres théâtrales,
00:19:47donc il écrivait ces pièces qui sont jouées en palestinien,
00:19:50il les écrit d'abord en français, c'est ça ?
00:19:53Alors oui, il avait une façon...
00:19:55Alors peut-être dire aussi à quel point il a été pionnier
00:19:58dans le cadre de la pratique du théâtre en Palestine,
00:20:03c'est que c'est lui qui a introduit quand même
00:20:09la pratique de l'écriture collective et au plateau.
00:20:12Donc avec les membres de la troupe,
00:20:14ou des troupes,
00:20:16il menait des exercices d'improvisation,
00:20:19il revenait à l'écriture,
00:20:20il revenait ensuite au plateau,
00:20:22donc tous les carnets de notes consignent
00:20:24ces différentes étapes du processus de création théâtrale.
00:20:27Et ce qui est aussi vraiment intéressant,
00:20:30c'est qu'effectivement,
00:20:33il travaillait d'écriture théâtrale
00:20:36entre le français et l'arabe.
00:20:38Donc ça dépend des pièces,
00:20:39mais celle dont on parlait tout à l'heure,
00:20:41Jericho à Nézéro, en 1994,
00:20:44c'est une pièce qu'il a d'abord écrite en français,
00:20:47et il a ensuite écrite en arabe.
00:20:51Donc toujours aussi dans le collectif,
00:20:53c'est-à-dire qu'il écrivait en arabe
00:20:56à l'issue des différents ateliers qui étaient menés.
00:20:59La pièce Koufouchama, en 1988,
00:21:02qui est le plus grand succès de la troupe,
00:21:05a d'abord été écrite en français,
00:21:07puis un passage vers l'arabe.
00:21:09Donc c'est intéressant aussi,
00:21:10parce que ça complète,
00:21:13ou ça s'inscrit dans ce que je relevais au début,
00:21:16sur ces enjeux de l'écriture théâtrale
00:21:18en langue arabe, en fait,
00:21:20et la difficulté vraiment de manier
00:21:24la langue arabe pour la scène.
00:21:27D'ailleurs, tu as cité quelques-unes
00:21:29des pièces de François Abou Salem.
00:21:31Est-ce que tu pourrais...
00:21:32Alors d'abord,
00:21:33je ne sais pas si cette question,
00:21:35tu as peut-être la trouvée incertaine,
00:21:37mais d'abord, est-ce qu'il y aurait une pièce
00:21:39qui est emblématique du travail de François Abou Salem,
00:21:42ou plus généralement,
00:21:43une pièce que tu conseilles
00:21:44à un public de découvrir ?
00:21:47Une pièce qui donne accès, en fait, à son oeuvre,
00:21:50quand tu as une compréhension de son oeuvre ?
00:21:52Alors, c'est difficile comme question,
00:21:55surtout parce que,
00:21:56et ça c'est important, je pense,
00:21:57de le préciser, de le souligner.
00:22:01Donc François Abou Salem,
00:22:02ce qu'il faut relever,
00:22:03c'est la diversité des styles
00:22:05qu'il maîtrise.
00:22:07Et ça, c'est aussi un des éléments
00:22:09qui m'a convaincue
00:22:11de la part d'Abou Salem,
00:22:14chez Masha Moulos, par exemple,
00:22:15ce qui est assez frappant chez Masha,
00:22:18c'est cette capacité à manier différents styles,
00:22:22et aussi à les manier en fonction du public
00:22:26auquel les pièces sont adressées.
00:22:29Puisqu'on est dans un contexte
00:22:30d'isolement très fort des Palestiniens,
00:22:34et donc cet isolement va aussi
00:22:36les isoler des autres pays du monde arabe.
00:22:38Quand on dit scène internationale,
00:22:41c'est les scènes en arabe,
00:22:43mais aussi les scènes en Europe,
00:22:45aux États-Unis, etc.
00:22:46Et donc je crois que cet isolement,
00:22:48ce très fort isolement,
00:22:51provoque finalement des grandes différences
00:22:53entre les publics,
00:22:55que ce soit les publics palestiniens,
00:22:58locaux, arabes,
00:23:00et plus loin encore,
00:23:03en Europe, aux États-Unis.
00:23:04Donc pour revenir à la question,
00:23:07c'est vrai que les pièces d'Abu Salem
00:23:10sont tellement différentes les unes des autres
00:23:12qu'il est difficile, je crois,
00:23:14de dire qu'une pourrait être révélatrice
00:23:18ou éclairer peut-être globalement son œuvre.
00:23:24À mon avis, il est intéressant de citer
00:23:26la première pièce de la troupe El-Hakawati,
00:23:29Desmel Awan Umwel Eben,
00:23:31au nom du père, de la mère et du fils,
00:23:33créée entre 1978 et 1979.
00:23:36Pourquoi ?
00:23:37Parce que c'est une pièce
00:23:39qui est issue d'un travail d'écriture collective,
00:23:42qui a donné lieu à une recherche
00:23:44assez importante
00:23:46de la part de l'équipe artistique,
00:23:48et qui a provoqué,
00:23:50qui a suscité un débat intense
00:23:52au moment de sa diffusion,
00:23:55dans la réception.
00:23:56Et, bon, en fait,
00:23:58quand on regarde l'état actuel
00:24:00des scènes arabes,
00:24:03je veux dire,
00:24:04la réception, elle est parfois quasi
00:24:05transparente.
00:24:08En fait, peu de pièces
00:24:10suscitent un tel débat.
00:24:12Et c'est vrai que ça dit
00:24:13à quel point le rapport
00:24:15avec le public et la société
00:24:16faisait partie aussi
00:24:18des préoccupations d'Abu Salem.
00:24:21Qu'est-ce que tu veux dire, par exemple,
00:24:22par la réception transparente ?
00:24:23Ce que je veux dire,
00:24:24c'est que le théâtre
00:24:25est un genre assez peu suivi
00:24:28par les sociétés arabes actuellement.
00:24:31Ça reste un genre limité
00:24:34à une certaine catégorie,
00:24:36en tout cas,
00:24:36une certaine difficile
00:24:37de la qualifier,
00:24:39mais les publics
00:24:40sont assez limités
00:24:42en nombre.
00:24:43On n'est pas dans des diffusions...
00:24:46Enfin, ça dépend,
00:24:47c'est très difficile de généraliser.
00:24:48Mais on a peu d'exemples
00:24:50de pièces
00:24:51qui ont suscité
00:24:52un tel débat,
00:24:54finalement,
00:24:54en Palestine,
00:24:55mais au Liban également,
00:24:58même en Syrie,
00:25:01en fait,
00:25:02à part les pièces
00:25:02de One News,
00:25:04elles ne font pas forcément
00:25:05l'objet
00:25:06de débats intellectuels
00:25:08issus vraiment
00:25:11de la société.
00:25:13Donc, cette pièce
00:25:14est intéressante
00:25:14parce que c'est une critique
00:25:16d'une double oppression
00:25:18que vit la société palestinienne,
00:25:20tout d'abord
00:25:21l'oppression militaire
00:25:23en raison de l'occupation israélienne,
00:25:26donc un sujet
00:25:26qui est plutôt attendu,
00:25:29notamment par le public,
00:25:31et une autre oppression
00:25:32qui est celle
00:25:33du système patriarcal arabe
00:25:36où l'homme, en fait,
00:25:39est presque le bras,
00:25:43la continuité, en fait,
00:25:44de l'oppression
00:25:45et de l'autorité
00:25:47de l'arbitraire aussi
00:25:49des Israéliens.
00:25:51Et ça, c'est un sujet
00:25:52en 1978-79
00:25:54qui est très difficile
00:25:56à recevoir
00:25:57pour le public palestinien.
00:26:00Ce qui est très intéressant aussi
00:26:02et qui dit
00:26:02vraiment le caractère avant-gardiste
00:26:06du travail de François Abou Salem,
00:26:08c'est le dispositif scénique
00:26:11qu'il crée pour cette pièce.
00:26:15On retrouve des articles
00:26:17de presse,
00:26:18et j'en parle dans le livre,
00:26:19qui s'étonnent
00:26:20qu'il n'y ait pas
00:26:20de rideau de scène
00:26:22et que les acteurs
00:26:24sont en train
00:26:24de se maquiller au plateau
00:26:26alors que le public
00:26:27entre dans la salle.
00:26:28Donc, c'est vraiment intéressant
00:26:29de voir aussi
00:26:30à quel point
00:26:31la pratique théâtrale
00:26:33à l'époque
00:26:33doit être conforme
00:26:35à un modèle européen,
00:26:36c'est-à-dire avec
00:26:38et encore un modèle européen
00:26:40qui est dépassé
00:26:40dans les années 70
00:26:41avec une distinction
00:26:44entre la scène,
00:26:45le plateau,
00:26:46des coulisses, etc.
00:26:48Donc, le caractère
00:26:49très avant-gardiste.
00:26:51On pourrait citer aussi
00:26:52une adaptation
00:26:53de Huburoi
00:26:55sous le titre
00:26:57de Abou Obou
00:26:58dans le marché
00:26:59des bouchers
00:27:00qui, en fait,
00:27:01est la première fois
00:27:02pour qui
00:27:04le public palestinien
00:27:05voit
00:27:06des acteurs
00:27:09manipuler
00:27:09de la viande
00:27:10fraîche
00:27:11au plateau.
00:27:12Et les souvenirs
00:27:13des spectateurs
00:27:16de cette pièce
00:27:17sont assez forts.
00:27:19L'odeur de la viande,
00:27:20la vue de la viande,
00:27:22le sang
00:27:22et autant les spectateurs
00:27:24que les membres
00:27:26de l'équipe artistique
00:27:27dont l'un d'eux,
00:27:28d'ailleurs,
00:27:28a refusé
00:27:29de jouer
00:27:30dans cette pièce
00:27:31tellement pour lui
00:27:32il était insupportable
00:27:33de manipuler
00:27:34de la viande
00:27:35sur scène.
00:27:36Donc, voilà,
00:27:36à côté avant-gardiste,
00:27:39un désir
00:27:40de repousser aussi
00:27:41les limites
00:27:42à la fois
00:27:42de la scène
00:27:43et de la salle
00:27:44dans ses créations.
00:27:47Et peut-être
00:27:47pour finir,
00:27:48la dernière pièce
00:27:49dans l'ombre du martyr
00:27:50qui est
00:27:52une pièce
00:27:52testamentaire.
00:27:54C'est-à-dire que
00:27:55dans cette pièce,
00:27:57il annonce
00:27:57sa mort à venir.
00:27:58La pièce
00:27:58a été jouée
00:27:59pour la première fois
00:28:00en avril 2011
00:28:02et il s'est donné
00:28:03la mort
00:28:03le 1er novembre 2011
00:28:05et je ne le dis
00:28:08pas pour l'anecdote
00:28:09ni pour le côté
00:28:10très sensationnel
00:28:11mais ça dit
00:28:13à quel point
00:28:14le projet
00:28:15de François Abusalem
00:28:16est global.
00:28:17Il a fabriqué
00:28:18ses propres archives
00:28:19donc il a consigné
00:28:20la mémoire
00:28:21de son activité artistique
00:28:23alors qu'elle était
00:28:24en cours
00:28:24pour évidemment
00:28:26assurer aussi
00:28:28la transmission
00:28:29de son travail.
00:28:31Il a fondé
00:28:32un lieu de théâtre
00:28:33pour assurer aussi
00:28:34la pérennisation
00:28:35un lieu de théâtre
00:28:35qui est encore
00:28:36en activité
00:28:36en 2025
00:28:38donc 40 ans
00:28:41après sa fondation
00:28:43et c'est-à-dire
00:28:45qu'il a donné
00:28:47sa vie
00:28:47pour ça
00:28:51et il a réellement
00:28:52donné sa vie
00:28:53et ça se réalise
00:28:55aussi dans
00:28:56cette dernière pièce.
00:28:57Donc
00:28:58je signale
00:29:00à nouveau
00:29:00que dans
00:29:01L'Ombre du Martire
00:29:02est inclus
00:29:04dans le livre
00:29:05de Najla
00:29:06l'individu
00:29:06au centre
00:29:07de la scène
00:29:07dans lequel
00:29:07tu as mis
00:29:08trois pièces majeures
00:29:09du répertoire
00:29:10palestinien.
00:29:12Alors
00:29:12j'ai plein de questions
00:29:12à poser
00:29:13et je vois
00:29:13que le temps passe
00:29:14alors je vais
00:29:15profiter d'abord
00:29:16parce que tu as
00:29:17évoqué
00:29:17Charles Moulos
00:29:19et tu as
00:29:19esquissé
00:29:21une filiation
00:29:21donc est-ce que
00:29:23tu peux
00:29:23d'abord nous parler
00:29:25un peu de
00:29:25on le perçoit déjà
00:29:27dans toutes tes réponses
00:29:27et tout l'amant
00:29:28c'est quelque chose
00:29:28qui traverse le livre
00:29:30mais l'importance
00:29:32et la place aussi
00:29:33de la figure
00:29:34de François Mousselm
00:29:35dans le théâtre
00:29:36contre encore un
00:29:36chez des gens
00:29:38comme Bachelard Moulos
00:29:39tu peux nous parler
00:29:39oui oui
00:29:40en fait
00:29:41c'est ce que
00:29:42c'est ce que
00:29:44j'ai dit
00:29:44ailleurs
00:29:45donc pardon
00:29:46si je me répète
00:29:47mais c'est pas grave
00:29:48en fait
00:29:50actuellement
00:29:52en 2025
00:29:53toute personne
00:29:55qui pratique
00:29:56le théâtre
00:29:57en Palestine
00:29:57a fréquenté
00:29:59de près
00:29:59ou de loin
00:30:00François Mousselm
00:30:01c'est à dire
00:30:01que c'est un héritage
00:30:03qui est
00:30:03c'est une mémoire vivante
00:30:04et un héritage
00:30:06qui est encore
00:30:08très présent
00:30:09justement
00:30:11par ce projet
00:30:12de fédérer
00:30:13aussi
00:30:13les différentes
00:30:15initiatives
00:30:15de les fédérer
00:30:17pour leur donner
00:30:18plus de force
00:30:19et la capacité
00:30:21aussi
00:30:21de s'inscrire
00:30:22dans des temporalités
00:30:24plus longues
00:30:26Bachelard Moulos
00:30:28on peut le voir
00:30:32comme un
00:30:32c'est vrai que
00:30:33j'en ai pas beaucoup
00:30:34parlé avec lui
00:30:34avec Bachelard
00:30:35donc je sais pas
00:30:36s'il est vraiment d'accord
00:30:37enfin on en a parlé
00:30:38mais on a pas eu le temps
00:30:39de trop
00:30:39d'approfondir
00:30:41mais il a ouvert un lieu
00:30:42en fait
00:30:42comme François Mousselm
00:30:44c'est pas le seul
00:30:44mais un lieu
00:30:46finalement
00:30:47c'est à dire
00:30:49qui participe
00:30:50d'un projet
00:30:50théâtral total
00:30:52un lieu
00:30:53qui permet aussi
00:30:55à l'art
00:30:56de s'exprimer
00:30:57qui s'inscrit
00:30:58dans une réflexion
00:30:59et dans
00:31:00une vision
00:31:01du théâtre
00:31:01voilà
00:31:02un élément
00:31:03à part entière
00:31:04d'un processus
00:31:05de création
00:31:06donc cette
00:31:07voilà
00:31:07cette force
00:31:10du lieu
00:31:11placée au centre
00:31:12du processus
00:31:13de création
00:31:14ça c'est quelque chose
00:31:15de très important
00:31:16je crois
00:31:16que François Mousselm
00:31:18a pu laisser
00:31:19cette capacité aussi
00:31:21de produire
00:31:23à destination
00:31:24de publics
00:31:26divers
00:31:26et ça
00:31:27c'est très présent
00:31:28dans la réflexion
00:31:30de Bachelard Moulos
00:31:31sur sa propre création
00:31:32où il a
00:31:34tout à fait
00:31:34conscience
00:31:35que
00:31:35en fait
00:31:36de sa condition
00:31:38de palestinien
00:31:39d'artiste palestinien
00:31:40il n'a pas
00:31:42d'autre choix
00:31:43que de penser
00:31:44les publics
00:31:45à qui sont
00:31:46adressés
00:31:47ces créations
00:31:48alors même
00:31:49qu'il est en train
00:31:50de créer
00:31:51et puis
00:31:53chez François
00:31:54Abou Salem
00:31:55ce qu'on peut
00:31:55retrouver
00:31:56par ailleurs
00:31:57dans les dramaturgies
00:31:59palestiniennes
00:31:59qui suivent
00:32:00c'est la force
00:32:01du récit
00:32:01et ça
00:32:03François Abou Salem
00:32:04c'est un parti
00:32:07pris très fort
00:32:08dès le moment
00:32:09où il fonde
00:32:10cette troupe
00:32:10Al-Hakawadi
00:32:11sous le titre
00:32:11du compteur
00:32:12en reconnaissant
00:32:15la force
00:32:18de l'héritage
00:32:19performatif
00:32:21local
00:32:21et arabe
00:32:22pour aussi
00:32:23s'émanciper
00:32:24d'un modèle
00:32:25théâtral
00:32:26venu d'ailleurs
00:32:27et particulièrement
00:32:27venu d'Europe
00:32:28et cela
00:32:29je crois
00:32:30a vraiment
00:32:31conditionné
00:32:32au contraire
00:32:33des autres
00:32:33scènes
00:32:34en arabe
00:32:35a conditionné
00:32:37en fait
00:32:37un théâtre
00:32:38palestinien
00:32:40très narratif
00:32:41on est
00:32:42peu dans le dialogue
00:32:44les événements
00:32:45sont rapportés
00:32:46par la parole
00:32:46et ne se déroulent pas
00:32:48directement
00:32:48sur la scène
00:32:49et ça
00:32:50c'est fondé
00:32:51par Abou Salem
00:32:52dès le nom
00:32:53qu'il choisit
00:32:54pour la trou
00:32:55qui l'a fondé
00:32:56tu me donnes
00:32:57une transition
00:32:59absolument
00:32:59magnifiquement
00:33:00menée par toi
00:33:01pour ouvrir un peu
00:33:02j'aimerais aussi
00:33:04parce qu'on n'a pas
00:33:04beaucoup de temps
00:33:05que tu nous parles
00:33:06de ta recherche
00:33:07en général
00:33:08j'aimerais
00:33:09que tu reviennes
00:33:10rapidement
00:33:10dans les ouvrages
00:33:12que tu as déjà publiés
00:33:13dans ta thèse
00:33:13dans ta recherche
00:33:14tu proposes
00:33:15entre autres choses
00:33:17une caractérisation
00:33:18de la pratique théâtrale
00:33:20palestinienne
00:33:21contemporaine
00:33:22justement
00:33:23sur ces questions
00:33:24aussi de monologue
00:33:25je pense
00:33:26est-ce que tu pourrais
00:33:27nous donner
00:33:27quelques éléments
00:33:28caractéristiques
00:33:29justement
00:33:30de ta définition
00:33:31de ce théâtre-là
00:33:32en général
00:33:33très influencé
00:33:34par
00:33:34tout ça
00:33:35je ne sais pas
00:33:38si je sais
00:33:38je ne suis pas sûre
00:33:39de répondre précisément
00:33:40mais
00:33:41ce n'est pas grave
00:33:42en fait
00:33:44ce qu'il est
00:33:45vraiment
00:33:46c'est la manière
00:33:48dont le public
00:33:49fait partie
00:33:49prenante
00:33:51du processus
00:33:52de création
00:33:52mais pas du tout
00:33:54de manière artificielle
00:33:55c'est-à-dire que
00:33:56le public
00:33:58par les thématiques
00:34:00voilà
00:34:00c'est-à-dire que
00:34:01ce n'est pas uniquement
00:34:02des questions matérielles
00:34:03qui font que le public
00:34:04participe à la création
00:34:06mais c'est également
00:34:07par les thématiques
00:34:09par exemple
00:34:10le théâtre participe
00:34:12aux opérations
00:34:13de consignation
00:34:14de restitution
00:34:15de retrouver la mémoire
00:34:16des individus
00:34:18des membres du public
00:34:19qui ces mémoires
00:34:21en Palestine
00:34:21dans un contexte
00:34:23colonial
00:34:24d'effacement de la mémoire
00:34:26de dispersion
00:34:27des archives
00:34:27de dispersion
00:34:28des individus
00:34:29etc
00:34:29la mémoire
00:34:31est un enjeu
00:34:32central
00:34:33et
00:34:34il m'est arrivé
00:34:35d'assister
00:34:36à des pièces
00:34:37de théâtre
00:34:38à des représentations
00:34:39théâtrales
00:34:40en Palestine
00:34:40et
00:34:41d'assister
00:34:44à l'interaction
00:34:45naturelle
00:34:47et nécessaire
00:34:48des membres du public
00:34:49qui retrouvaient
00:34:50en fait
00:34:50leur histoire personnelle
00:34:53par le biais
00:34:53de la création théâtrale
00:34:55et ça
00:34:56c'est quand même
00:34:56un élément
00:34:59tout à fait singulier
00:35:00c'est-à-dire
00:35:00quand on place
00:35:01le processus
00:35:01le public
00:35:02au cœur
00:35:03du processus
00:35:03de création
00:35:04de cette manière
00:35:05voilà
00:35:06ça construit
00:35:07en fait
00:35:07une manière
00:35:08de
00:35:09voilà
00:35:09la scène
00:35:11se place
00:35:11aussi
00:35:12d'une certaine
00:35:13manière
00:35:14ce que je peux aussi dire
00:35:16c'est
00:35:16une forme
00:35:17de liberté
00:35:18par rapport
00:35:19aux espaces
00:35:20de représentation
00:35:21on assiste
00:35:23à beaucoup
00:35:23de pièces
00:35:24beaucoup de représentation
00:35:25en dehors
00:35:27des espaces
00:35:28de création
00:35:28des espaces
00:35:29par exemple
00:35:30de représentation
00:35:30traditionnelle
00:35:31et
00:35:33peut-être aussi
00:35:34dans ces espaces
00:35:35de
00:35:36représentation
00:35:38non naturelle
00:35:39il y a le numérique
00:35:39c'est-à-dire que
00:35:40bien avant
00:35:402020
00:35:41on a
00:35:42assisté
00:35:43à des expériences
00:35:44théâtrales
00:35:45entre
00:35:46Nazareth
00:35:47donc
00:35:48dans les frontières
00:35:49actuelles
00:35:50d'Israël
00:35:50et un camp
00:35:51de réfugiés
00:35:52au Liban
00:35:52dont
00:35:53les réfugiés
00:35:56étaient originaires
00:35:57de Nazareth
00:35:58même
00:35:58donc des tentatives
00:36:00par la création
00:36:01théâtrale
00:36:01de rassembler
00:36:03les individus
00:36:04au-delà
00:36:05des frontières
00:36:05en créant
00:36:06de nouvelles manières
00:36:07aussi
00:36:07de réunir
00:36:09en fait
00:36:09les différents
00:36:10membres
00:36:12des publics
00:36:13donc voilà
00:36:14cette question
00:36:15du public
00:36:15cette question
00:36:16des espaces
00:36:17et évidemment
00:36:19la question
00:36:21des thématiques
00:36:22qui sont
00:36:23finalement
00:36:24qui participent
00:36:27quand même
00:36:28à des projets
00:36:29parfois
00:36:30historiographiques
00:36:31c'est-à-dire
00:36:31d'écriture
00:36:32de l'histoire
00:36:33dans un contexte
00:36:34où à nouveau
00:36:36le récit national
00:36:37est effacé
00:36:39ou est contredit
00:36:40et contesté
00:36:41etc
00:36:42merci
00:36:44c'était très précieux
00:36:45j'ai plein d'autres
00:36:46questions à poser
00:36:46mais comme je vois
00:36:47que le temps passe
00:36:49d'abord je voudrais savoir
00:36:50si notre public
00:36:52nombreux
00:36:53aurait des questions
00:36:54pour toi
00:36:55on a quand même
00:36:55beaucoup de chance
00:36:56d'avoir
00:36:57comme je l'ai dit
00:36:58je l'aurais dit
00:36:58la spécialiste
00:36:59du 4
00:37:00palestinien
00:37:01contemporain
00:37:01avec nous
00:37:02donc c'est d'abord
00:37:03est-ce que
00:37:04quelqu'un
00:37:05a une question
00:37:06oui
00:37:07je ne sais pas
00:37:08si je pense que
00:37:09ouais
00:37:10on va parler
00:37:12avant
00:37:12qu'en est-il
00:37:14du rayonnement
00:37:14du théâtre palestinien
00:37:16au-delà de la palestine
00:37:17est-ce qu'il y a
00:37:17une audience
00:37:18dans les pays voisins
00:37:19voire plus loin
00:37:20dans les pays voisins
00:37:21donc il y a deux niveaux
00:37:23je pense
00:37:23de réponse
00:37:24dans les pays voisins
00:37:25effectivement
00:37:26en fait
00:37:26c'est aussi pour ça
00:37:28je
00:37:29peut-être
00:37:29le théâtre
00:37:31participe aussi
00:37:31à l'écriture
00:37:32de l'histoire
00:37:32à consigner
00:37:33l'actualité
00:37:34les palestiniens
00:37:35en raison
00:37:36des fortes contraintes
00:37:37imposées
00:37:38à leur mobilité
00:37:38c'est-à-dire que
00:37:39même
00:37:40pour le dire
00:37:41comme ça
00:37:41c'est en fait
00:37:42même entre
00:37:43Haïfa
00:37:44en Israël
00:37:45et Ramallah
00:37:46finalement
00:37:47la question
00:37:47de la circulation
00:37:48des oeuvres
00:37:49il y a une vraie
00:37:52difficulté
00:37:53à circuler
00:37:55à l'intérieur même
00:37:57des différents
00:37:58publics palestiniens
00:37:59dans un contexte
00:38:01de contraintes
00:38:01fortes à la mobilité
00:38:02pour ce qui est
00:38:04des pays arabes
00:38:05donc le Liban
00:38:07le Liban
00:38:08ne reconnaît pas
00:38:09l'existence
00:38:10de l'état
00:38:10d'Israël
00:38:11pas pour l'instant
00:38:12en tout cas
00:38:13et pas depuis longtemps
00:38:14donc les palestiniens
00:38:16pour des raisons
00:38:17techniques
00:38:18mais tu saurais mieux
00:38:19répondre que moi
00:38:20en tout cas
00:38:20tu aurais les termes
00:38:21peut-être plus précis
00:38:22il est très difficile
00:38:23pour les palestiniens
00:38:24de se rendre au Liban
00:38:26quel que soit leur statut
00:38:27qu'ils aient un passeport
00:38:28israélien
00:38:29qu'ils aient
00:38:30ce qu'on appelle
00:38:31une carte de résidence
00:38:32de Jérusalem
00:38:32qu'ils aient
00:38:33un passeport
00:38:34de West Bank
00:38:35de Cisjordanie
00:38:36ou qu'ils soient
00:38:36de la banque de Gaza
00:38:37donc le Liban
00:38:39c'est très compliqué
00:38:39la Jordanie
00:38:41il y a peu d'espaces
00:38:42qui sont en mesure
00:38:44d'accueillir
00:38:44la création palestinienne
00:38:46donc là où
00:38:47ils pourraient se rendre
00:38:48finalement
00:38:49les conditions
00:38:50ne sont pas réunies
00:38:51de manière optimale
00:38:53la Syrie
00:38:55a les mêmes raisons
00:38:56qu'au Liban
00:38:57donc on est dans
00:38:58une diffusion
00:39:00une circulation
00:39:01très contrainte
00:39:02des oeuvres
00:39:03à laquelle je crois
00:39:04il faut rajouter
00:39:05et là on n'y pense pas
00:39:05forcément souvent
00:39:07mais un manque
00:39:08très fort de publication
00:39:10des maisons d'édition
00:39:12du théâtre arabe
00:39:13on les compte
00:39:14moins que les doigts
00:39:15de la main
00:39:16aussi pour les raisons
00:39:18linguistiques
00:39:18que j'évoquais
00:39:19au début
00:39:20et aussi au début
00:39:22de mes références
00:39:23sur le théâtre
00:39:24en fait
00:39:24l'édition arabe
00:39:27publie peu
00:39:28ou alors depuis
00:39:28très récemment
00:39:30des textes
00:39:30écrits en dialecte
00:39:32donc c'est vrai
00:39:33que par la nature
00:39:35même de la pratique
00:39:36du genre théâtral
00:39:37les conditions
00:39:38ne sont pas réunies
00:39:39pour circuler
00:39:40dans un contexte
00:39:41tel que celui
00:39:42de l'espace
00:39:43palestino-arabe
00:39:45et finalement
00:39:46les biens
00:39:48je vais dire
00:39:49c'est important
00:39:50les biens
00:39:50parce que le théâtre
00:39:51nécessite la réunion
00:39:53de conditions
00:39:53matérielles spécifiques
00:39:54donc on a besoin
00:39:55de faire circuler
00:39:57aussi
00:39:57les éléments
00:39:58de décor
00:39:59donc les biens
00:40:01et les personnes
00:40:02circulent plus facilement
00:40:04en Europe
00:40:04des expériences
00:40:06dont j'évoquais
00:40:07en Europe
00:40:08ou aux Etats-Unis
00:40:09mais en dehors
00:40:10de l'espace
00:40:10palestino-arabe
00:40:12si on peut l'appeler
00:40:12comme ça
00:40:13puisqu'on parle
00:40:13de la Palestine
00:40:14les rassemblements
00:40:16entre les artistes
00:40:17palestiniens
00:40:18ont été possibles
00:40:19en Europe
00:40:20on a une pièce
00:40:22je pense à une pièce
00:40:23en particulier
00:40:23qui justement
00:40:25se construit
00:40:27sur une réflexion
00:40:27forte
00:40:28sur la manière
00:40:30dont la scène
00:40:30peut rassembler
00:40:31au-delà des frontières
00:40:32donc qui s'est construite
00:40:34à partir de différents
00:40:35ateliers
00:40:36réunissant des palestiniens
00:40:37venus de Jérusalem
00:40:39de Cisjordanie
00:40:40des camps de réfugiés
00:40:41en Cisjordanie
00:40:41d'Israël
00:40:43de camps de réfugiés
00:40:44dans le monde arabe
00:40:44dans les pays arabes
00:40:46de la diaspora
00:40:46etc.
00:40:47la réunion
00:40:48de tous ces individus
00:40:50n'était possible
00:40:50qu'en Europe
00:40:51et finalement
00:40:53les premières représentations
00:40:55de théâtres palestiniens
00:40:57ont eu lieu
00:40:58lors de cette première tournée
00:41:00de la troupe
00:41:01El Hakawati
00:41:02donc au milieu
00:41:05des années 80
00:41:05et la première
00:41:07étape de cette tournée
00:41:10était en Allemagne
00:41:11d'ailleurs
00:41:11voilà
00:41:13donc c'est vrai
00:41:14que la circulation
00:41:15qu'en est-il
00:41:17de la circulation
00:41:17c'est un défi
00:41:19permanent
00:41:20pour la création
00:41:22théâtrale
00:41:23palestinienne
00:41:24de tourner
00:41:26un exemple
00:41:27Wassim Khè
00:41:28qui était
00:41:28l'étudiant
00:41:29de François Abou Salem
00:41:30son élève
00:41:31qui a repris
00:41:32la dernière pièce
00:41:33d'Abou Salem
00:41:34donc dans l'Ombre du Martyr
00:41:35a eu l'opportunité
00:41:36de la jouer
00:41:37donc lui
00:41:37il a un passeport
00:41:38israélien
00:41:39il a eu l'opportunité
00:41:41de la jouer
00:41:41au Liban
00:41:42il est rentré
00:41:44en Israël
00:41:45il a été en garde à vue
00:41:46pendant 4 jours
00:41:47pour avoir été
00:41:48au Liban
00:41:49un pays ennemi
00:41:50de l'état
00:41:52d'Israël
00:41:53donc vraiment
00:41:54la circulation
00:41:55des oeuvres
00:41:57et des artistes
00:41:59est mise à mal
00:42:00par le contexte
00:42:02géopolitique
00:42:03actuel
00:42:04merci
00:42:06d'autres questions
00:42:08oui
00:42:11j'ai une question
00:42:12qui va un peu
00:42:12dans le sens
00:42:13quel résultat
00:42:15en fait serait
00:42:15du coup
00:42:15du festival
00:42:16d'Avignon
00:42:17est-ce que ça peut être
00:42:18un point de contact
00:42:19pour ces gens
00:42:20alors
00:42:22oui c'est une
00:42:23très bonne question
00:42:23alors
00:42:26bon
00:42:27la programmation
00:42:28donc
00:42:29au festival
00:42:30d'Avignon
00:42:30le principe c'est
00:42:32que la langue arabe
00:42:33soit invitée
00:42:34donc
00:42:34pour les programmateurs
00:42:36et pour la direction
00:42:37du festival
00:42:37ça ne signifiait pas
00:42:39forcément
00:42:39que
00:42:40le théâtre
00:42:42en arabe
00:42:42soit invité
00:42:43donc voilà
00:42:43je pense qu'il y avait
00:42:44beaucoup d'attentes
00:42:45qui auraient pu peut-être
00:42:47être
00:42:47voilà
00:42:49un petit peu
00:42:51consolé
00:42:51par le fait que
00:42:52la langue arabe
00:42:53était invitée
00:42:54et non pas
00:42:54la création théâtrale
00:42:55en arabe
00:42:56ça je pense que
00:42:57c'est quelque chose
00:42:57de très important
00:42:58à situer
00:43:00avant de
00:43:01continuer
00:43:03ensuite
00:43:04le festival
00:43:05la programmation
00:43:07donc il y a une
00:43:07programmation générale
00:43:08a donné une part
00:43:11très importante
00:43:11à la danse
00:43:13et à la poésie
00:43:15bon
00:43:15ce qu'il faut dire
00:43:16c'est que
00:43:17la création théâtrale
00:43:18en arabe
00:43:19se nourrit largement
00:43:20des autres pratiques artistiques
00:43:21notamment la poésie
00:43:22et la danse
00:43:23et dire aussi
00:43:24que la poésie
00:43:25est un genre
00:43:26tout à fait performatif
00:43:27en arabe
00:43:28la poésie
00:43:29est déclamée
00:43:30elle n'est pas forcément
00:43:31lue ou consignée
00:43:32dans des recueils
00:43:33et puis
00:43:35ensuite
00:43:36bon ça a été
00:43:38une vitrine
00:43:39pour certains artistes
00:43:42voilà
00:43:44mais
00:43:44à mon avis
00:43:47ce qu'il faut dire
00:43:47quand même
00:43:48c'est que
00:43:48le plus important
00:43:49serait
00:43:51qu'un tel festival
00:43:53ait lieu
00:43:54dans une ville
00:43:54comme
00:43:55comme Amman
00:43:56en Jordanie
00:43:56d'ailleurs
00:43:57où tous les artistes
00:43:58arabes
00:43:59pourraient se rendre
00:43:59mais
00:44:00c'est à dire que
00:44:02c'est pas à Avignon
00:44:03de prendre en charge
00:44:03la circulation
00:44:04des créations théâtrales
00:44:06en arabe
00:44:06ce serait
00:44:07sûrement
00:44:08beaucoup plus pertinent
00:44:11en termes de public
00:44:12et d'interaction
00:44:14avec le public
00:44:15de tenir
00:44:16en tout cas
00:44:16de tenir
00:44:17ses espérances
00:44:18au coeur
00:44:19des scènes arabes
00:44:20d'arabe
00:44:20votre question
00:44:24oui
00:44:27merci beaucoup
00:44:28j'avais une question
00:44:29sur l'aspect
00:44:30de la musique
00:44:30que vous avez abordé
00:44:31surtout sur les pièces
00:44:32de François Bousselet
00:44:33que j'ai jamais
00:44:34lu
00:44:35est-ce que vous pouvez
00:44:36nous parler un peu
00:44:36de la manière
00:44:37dont par exemple
00:44:37le dialecte palestinien
00:44:39et l'arabe
00:44:39littéraire
00:44:40ou classique
00:44:41cohabitent
00:44:41au sein d'une pièce
00:44:42est-ce qu'il y a
00:44:43une répartition
00:44:44en fait
00:44:45pas du tout
00:44:46en fait
00:44:46la majorité
00:44:49du texte
00:44:50est en dialecte
00:44:51voilà
00:44:51donc ce qui va donner
00:44:53en fait
00:44:53ce qui va être
00:44:55une autre contrainte
00:44:55à la circulation
00:44:56des pièces
00:44:58et ça
00:44:59c'est pas uniquement
00:45:00en Palestine
00:45:01je pense à des pièces
00:45:04une pièce syrienne
00:45:06par exemple
00:45:06de Wal Qadur
00:45:07que vous connaissez peut-être
00:45:08et le Rolaf el-Sarira
00:45:09des petites chambres
00:45:10avait été adapté
00:45:12par Hassan el-Gerikli
00:45:13en Egypte
00:45:14et il avait
00:45:15en fait
00:45:16adapté
00:45:16mais réellement
00:45:17linguistiquement
00:45:18du dialecte
00:45:19syrien
00:45:19au dialecte
00:45:21égyptien
00:45:21donc c'est-à-dire
00:45:22que la circulation
00:45:22de ces oeuvres
00:45:23demande un travail
00:45:25effectivement
00:45:25d'adaptation
00:45:26linguistique
00:45:27donc François
00:45:28Abou Salem
00:45:29a écrit
00:45:30en dialecte
00:45:31la plupart
00:45:32écrit
00:45:32c'est-à-dire
00:45:32que la plupart
00:45:33des pièces
00:45:33sont en dialecte
00:45:34le fausse phrase
00:45:35c'est vraiment
00:45:36les didascalies
00:45:38lorsqu'il y en a
00:45:39ou alors
00:45:40si un personnage
00:45:41pour lui donner
00:45:42un statut
00:45:42spécifique
00:45:44vous voyez
00:45:44ce serait
00:45:45en fait
00:45:45l'utilisation
00:45:46de l'arabe
00:45:47médian
00:45:48on va dire
00:45:48ou classique
00:45:49va répondre
00:45:50à des besoins
00:45:51dramaturgiques
00:45:52va s'inscrire
00:45:53dans un dispositif
00:45:54mais effectivement
00:45:55les pièces
00:45:56sont écrites
00:45:56en dialecte
00:45:58ça ça dit
00:45:59beaucoup de
00:45:59la volonté
00:46:01d'Abou Salem
00:46:02de s'inscrire
00:46:03dans son public
00:46:04en fait
00:46:04dans le public
00:46:05palestinien
00:46:06voilà
00:46:09je ne sais pas
00:46:11si vous aviez
00:46:11une autre chose
00:46:12en tête
00:46:13oui
00:46:13juste pour
00:46:15finir sur la question
00:46:16de la présence
00:46:16du français
00:46:17aussi
00:46:17parce que vous avez
00:46:18mentionné
00:46:18cette double identité
00:46:19Ubu
00:46:20vous avez mentionné
00:46:20l'adaptation
00:46:21de l'Ubu
00:46:21est-ce qu'il y a
00:46:22des traces aussi
00:46:23de français
00:46:23dans ces pièces
00:46:25et dans ces
00:46:26alors pas dans
00:46:27les versions arabe
00:46:28donc moi
00:46:29par exemple
00:46:29dans ces archives
00:46:30j'ai eu accès
00:46:31à des
00:46:32tapuscrits
00:46:33en français
00:46:34et ensuite
00:46:35on a la version
00:46:36en arabe
00:46:37voilà
00:46:38mais c'est vrai
00:46:39que la version
00:46:40en français
00:46:41était forcément
00:46:41travaillée uniquement
00:46:42par lui
00:46:43puisqu'il était
00:46:44sûrement
00:46:44l'un des rares
00:46:45à pratiquer le français
00:46:47au sein d'équipe
00:46:48alors que l'arabe
00:46:49fait l'objet
00:46:50d'un travail
00:46:50un peu plus collectif
00:46:51sur le texte
00:46:53même
00:46:53ouais
00:46:55pour
00:46:56j'en profite
00:46:58on a un peu de temps
00:46:59juste puisqu'on parle
00:47:01de ça
00:47:01peut-être que c'est
00:47:01l'occasion
00:47:02si tu veux
00:47:03de lire
00:47:04l'extrait
00:47:04de Géricault
00:47:05à des zéros
00:47:06que tu avais choisi
00:47:07donc
00:47:08je te laisse
00:47:10introduire
00:47:11en français
00:47:13voilà
00:47:14en fait
00:47:15ce qui me
00:47:16paraissait intéressant
00:47:18lorsque tu m'as demandé
00:47:19si j'avais
00:47:20un extrait
00:47:21en tête
00:47:22donc
00:47:23Géricault
00:47:24N0
00:47:24c'est une pièce
00:47:25qui a été
00:47:26produite en
00:47:271994
00:47:28juste au lendemain
00:47:30des accords
00:47:31de Oslo
00:47:31donc une période
00:47:33d'espoir
00:47:34très fort
00:47:35de cohabitation
00:47:37entre
00:47:37palestiniens
00:47:38israéliens
00:47:38deux états
00:47:39qui cohabitent
00:47:40etc
00:47:40et François
00:47:42Abou Salem
00:47:42a été
00:47:43l'un des seuls
00:47:44artistes
00:47:45à ne pas
00:47:45voilà
00:47:47s'engager
00:47:48dans cette euphorie
00:47:49collective
00:47:50à juste titre
00:47:51à la fin
00:47:52d'une période
00:47:52très violente
00:47:53des images
00:47:55de négociations
00:47:56entre palestiniens
00:47:57israéliens
00:47:57tout à fait
00:47:58voilà
00:47:59presque impensable
00:48:00quelques semaines
00:48:01plus tôt
00:48:01bon
00:48:01donc lui
00:48:02il a tout de suite
00:48:03tenu un discours
00:48:04très critique
00:48:05à l'égard
00:48:06des accords
00:48:06d'Oslo
00:48:07en tout cas
00:48:08il n'y a pas cru
00:48:09et ça lui a été
00:48:10fortement reproché
00:48:11et cette pièce
00:48:12Géricault
00:48:13à N0
00:48:13a été invitée
00:48:14donc au festival
00:48:15de Lille
00:48:16en 1994
00:48:17et alors
00:48:18qu'Avignon
00:48:19était
00:48:19la Langarade
00:48:20était invitée
00:48:21en 2025
00:48:22à Avignon
00:48:23en 1994
00:48:25le festival
00:48:26de Lille
00:48:26s'était donnée
00:48:27pour thématique
00:48:28le nouveau
00:48:29Moyen-Orient
00:48:30vous voyez
00:48:30donc porteur
00:48:31de ses espoirs
00:48:32avec des artistes
00:48:35israéliens
00:48:35des artistes
00:48:36israéliens
00:48:37tous
00:48:37des discours
00:48:38qui
00:48:39voilà
00:48:40qui portaient
00:48:41des espoirs
00:48:41de paix
00:48:42d'un avenir
00:48:43etc
00:48:43et donc
00:48:44François Abou Salen
00:48:45parce qu'il était
00:48:47une figure centrale
00:48:48a été invité
00:48:49au festival
00:48:50de Lille
00:48:50et sa pièce
00:48:51a été très mal reçue
00:48:53justement
00:48:54parce qu'il
00:48:55n'adhérait pas
00:48:56à ce consensus
00:48:58très largement partagé
00:49:00sur la paix
00:49:01qui allait venir
00:49:02et donc
00:49:03ce qui m'intéresse
00:49:05aussi beaucoup
00:49:06avec cette expérience
00:49:07c'est de
00:49:08voir à quel point
00:49:09en Palestine
00:49:11le théâtre
00:49:12se fait
00:49:13en fait
00:49:14le témoin
00:49:16d'une actualité
00:49:17politique
00:49:18mais pas
00:49:18c'est à dire
00:49:19qu'il ne retransmet pas
00:49:21les actualités
00:49:21c'est que
00:49:22le dispositif
00:49:23même
00:49:24de création
00:49:24théâtrale
00:49:25dit
00:49:27l'actualité
00:49:28et l'actualité
00:49:30qui se répète
00:49:31nous montre
00:49:32à quel point
00:49:32les dispositifs
00:49:33aussi de création
00:49:34théâtrale
00:49:34peuvent être
00:49:35réemployés
00:49:36et je pense
00:49:37notamment
00:49:37au monologue
00:49:37de Gaza
00:49:38qui en fait
00:49:39ont été joués
00:49:40la première fois
00:49:41en 2009
00:49:43à la suite
00:49:43de l'opération
00:49:44plomburcie
00:49:452008-2009
00:49:46de l'armée
00:49:47israélienne
00:49:47et en fait
00:49:48tous les 3-4 ans
00:49:49au rythme
00:49:50des invasions
00:49:51israéliennes
00:49:52dans la bande
00:49:52de Gaza
00:49:52les monologues
00:49:53en fait
00:49:54n'avaient pas perdu
00:49:55de leur pertinence
00:49:56artistique
00:49:57sur le plan artistique
00:49:58donc là
00:49:59il y a quelque chose
00:49:59de tout à fait
00:50:00singulier
00:50:01en Palestine
00:50:02c'est
00:50:02cette réactualisation
00:50:04permanente
00:50:05des innovations
00:50:07théâtrales
00:50:07qui ne perdent
00:50:09rien
00:50:09à leur
00:50:10comment dire
00:50:13à leur aspect
00:50:13innovant
00:50:14et actuel
00:50:15mais ça dit
00:50:16aussi
00:50:16la répétition
00:50:18de l'histoire
00:50:19en fait
00:50:19et donc
00:50:20cette pièce
00:50:20Jericho
00:50:21elle est zéro
00:50:21moi je trouve
00:50:22que là
00:50:22en septembre
00:50:232025
00:50:24alors que
00:50:25la situation
00:50:26en Cisjordanie
00:50:28est plus dramatique
00:50:31qu'elle n'a été
00:50:32qu'on a tous
00:50:33conscience
00:50:34et connaissance
00:50:35puisqu'on nous
00:50:36montre les images
00:50:37et on nous fait
00:50:38parvenir les témoignages
00:50:39de Gaza
00:50:39finalement
00:50:4030 ans plus tard
00:50:42cette pièce
00:50:43reste actuelle
00:50:47dans le contexte
00:50:48que l'on vit
00:50:49collectivement
00:50:51donc cette pièce
00:50:53Jericho
00:50:54année zéro
00:50:54donc année zéro
00:50:56fait référence
00:50:56à ce nouveau départ
00:50:58pour l'histoire
00:50:59de la Palestine
00:51:00François
00:51:01Laurent Gaspard
00:51:02pardon
00:51:03a écrit un livre
00:51:03d'histoire
00:51:04Palestine
00:51:05année zéro
00:51:06aussi
00:51:06qui lui-même
00:51:07plaide pour
00:51:08une coexistence
00:51:10entre ces deux peuples
00:51:12sur une même terre
00:51:13deux états
00:51:13etc
00:51:14donc Jericho
00:51:15année zéro
00:51:15raconte l'histoire
00:51:16d'une touriste
00:51:17française
00:51:18Betty
00:51:18perdue
00:51:20à Jericho
00:51:21donc en Cisjordanie
00:51:22et cette rencontre
00:51:24avec la société
00:51:26palestinienne
00:51:27finalement donne
00:51:28à entendre
00:51:30les clichés
00:51:31qui persistent
00:51:32sur les musulmans
00:51:34sur l'islam
00:51:34sur les musulmans
00:51:35et donc elle rencontre
00:51:36Islam
00:51:37qui est un habitant
00:51:39de Jericho
00:51:39et qui lui présente
00:51:40toute sa famille
00:51:40donc on a un très grand
00:51:43nombre de personnages
00:51:44et ces personnages
00:51:45portent différents discours
00:51:48différentes
00:51:49différentes
00:51:51voilà
00:51:53attentes politiques
00:51:54différentes idéologies
00:51:55etc
00:51:56et le personnage de Hind
00:51:57qui n'est pas du tout
00:51:58convaincu
00:51:59par les accords
00:52:00d'Oslo
00:52:01parle donc
00:52:03à Islam
00:52:04et lui dit
00:52:05écoute Islam
00:52:06mon chéri
00:52:07ils font la fête
00:52:07là-bas
00:52:08et moi je pleure
00:52:09écoute la joie des gens
00:52:10ils ne peuvent pas
00:52:11tous avoir tort
00:52:12depuis les accords
00:52:13ils sourient
00:52:14marchent fièrement
00:52:15ils se regardent
00:52:16les uns les autres
00:52:16partout les couleurs
00:52:18des drapeaux
00:52:18de notre patrie
00:52:19et toi Islam
00:52:20pourquoi tu t'éloignes
00:52:22de nous
00:52:22tu veux toujours
00:52:23l'impossible
00:52:24tout de suite
00:52:24tu t'essouffles
00:52:26derrière tes rêves
00:52:26garde tes rêves
00:52:27en toi
00:52:28au secret
00:52:29et fais confiance
00:52:30la paix
00:52:31c'est comme un enfant
00:52:32c'est très petit
00:52:33et il faut beaucoup
00:52:34s'en occuper
00:52:34des années
00:52:35et des années
00:52:36moi j'ai tout donné
00:52:38tout
00:52:38je n'ai vécu
00:52:39pour rien d'autre
00:52:40que toi
00:52:40que vous
00:52:41et toi Islam
00:52:42et nous
00:52:43nous tous
00:52:43nous avons tous
00:52:45donné
00:52:45assez donné
00:52:46Islam ça va changer
00:52:48notre vie
00:52:49va s'éclaircir
00:52:50donne le pain
00:52:51au boulanger
00:52:51même s'il en mange
00:52:52la moitié
00:52:52les grands
00:52:53se sont rencontrés
00:52:55les grands
00:52:55sont tombés d'accord
00:52:56nous
00:52:57nous sommes tous petits
00:52:58nous suivons le cours
00:53:00de la grande rivière
00:53:01c'est incroyable
00:53:04à écouter
00:53:05aujourd'hui
00:53:05oui
00:53:06je peux laisser
00:53:09le temps
00:53:10pour encore
00:53:10deux questions
00:53:11une question
00:53:11oh oui
00:53:12deux
00:53:12c'est super ça
00:53:14d'abord
00:53:16quelqu'un a une question
00:53:18oui
00:53:20une question très simple
00:53:21je me demandais
00:53:22si les textes
00:53:22avaient été édités
00:53:23en arabe
00:53:23depuis ou pas
00:53:24et s'il y avait
00:53:25des éditions
00:53:25alors quelques textes
00:53:28ont été édités
00:53:29par Edouard Marlen
00:53:31qui est l'un des fondateurs
00:53:32du théâtre Ashtar
00:53:33qui était
00:53:33enfin il faisait partie
00:53:35c'est un des membres
00:53:36de la première
00:53:37troupelle Hakawati
00:53:38donc il a édité
00:53:39les cinq six premières
00:53:40pièces de Hakawati
00:53:42voilà
00:53:43dans une édition
00:53:44du théâtre Ashtar
00:53:46donc publié
00:53:47à compte d'auteur
00:53:48et en fait
00:53:49pour se procurer
00:53:50le livre
00:53:50il faut aller
00:53:51à un moment
00:53:51sauf si
00:53:55il n'est qu'une des pages
00:53:55je souhaite
00:53:56que j'en ramène
00:53:57à certains
00:53:58et qu'on organise
00:53:58une rencontre
00:53:59je pense qu'on pourrait
00:54:01peut-être
00:54:01l'envisager
00:54:02tu peux nous parler
00:54:03un peu d'ailleurs
00:54:03j'en profite du fond
00:54:04François Abou Salem
00:54:05oui
00:54:06oui alors
00:54:07ce qui est important
00:54:09de dire sur le fond
00:54:10Abou Salem
00:54:10c'est que
00:54:11c'est un fond
00:54:12qui est unique
00:54:14mais vraiment
00:54:15c'est pas du tout
00:54:16pour faire de la pub
00:54:16pour le livre
00:54:17c'est un fond unique
00:54:19sur le théâtre
00:54:21en arabe
00:54:22les archives
00:54:23du théâtre
00:54:24en arabe
00:54:24donc pour aller
00:54:25plus large
00:54:26que la Palestine
00:54:27sont
00:54:28disons que
00:54:30les artistes
00:54:31n'ont pas
00:54:32forcément
00:54:33eu
00:54:34conscience
00:54:35de l'important
00:54:36enfin
00:54:37disons qu'il n'y a pas eu
00:54:38de pratique d'archives
00:54:39du théâtre
00:54:40en arabe
00:54:41par les artistes
00:54:42on a quelques fonds
00:54:42au Liban
00:54:43certains sont
00:54:44bien conservés
00:54:45d'autres
00:54:46pas du tout
00:54:46mais
00:54:47déjà à l'échelle
00:54:49de la création théâtrale
00:54:50en arabe
00:54:50le fond Abou Salem
00:54:51reste tout à fait unique
00:54:54notamment par l'ampleur
00:54:55des années
00:54:57et la complétude
00:54:59des matériaux
00:55:01qu'il renferme
00:55:03alors à l'image
00:55:05à l'échelle
00:55:06pardon
00:55:06de la Palestine
00:55:07dans un contexte
00:55:08à nouveau
00:55:09où l'archive
00:55:10est menacée
00:55:11elle est dispersée
00:55:12elle est parfois
00:55:12pillée
00:55:13volée
00:55:14donc
00:55:16vous voyez
00:55:17on est dans
00:55:18deux
00:55:19restrictions très fortes
00:55:21donc à la fois
00:55:21l'archive palestinienne
00:55:22et l'archive du théâtre
00:55:23palestinien
00:55:24à nouveau
00:55:25c'est un fond
00:55:27unique
00:55:28notamment
00:55:28à nouveau
00:55:29par l'amplitude
00:55:31aussi
00:55:31de 1970
00:55:32à 2011
00:55:33donc on est sur
00:55:3540 années d'archives
00:55:36ce qui est tout à fait
00:55:37unique
00:55:39à nouveau
00:55:39exceptionnel
00:55:40à l'échelle
00:55:41de la Palestine
00:55:42et ce qui est
00:55:43tout à fait exceptionnel
00:55:44et ce qui dit beaucoup
00:55:45du projet théâtral
00:55:47de François Boussalaise
00:55:48c'est que c'est un fond
00:55:49qui renferme
00:55:50des matériaux
00:55:50divers
00:55:51avec
00:55:52donc des coupures
00:55:53de presse
00:55:54qui nous permettent
00:55:55de mesurer
00:55:55la réception
00:55:56des productions
00:55:58qui est quelque chose
00:55:59de très difficile
00:56:01à toucher
00:56:03quand on travaille
00:56:04sur
00:56:05la création théâtrale
00:56:07des photos
00:56:08François Boussalaise
00:56:09avait
00:56:10donc
00:56:10sûrement
00:56:12une appétence
00:56:12très forte
00:56:13pour la photo
00:56:14voire des compétences
00:56:15aussi
00:56:15il a d'ailleurs été
00:56:17photojournaliste
00:56:18mais pour avoir
00:56:19un visa
00:56:20et une carte de presse
00:56:21donc
00:56:21de très nombreuses photos
00:56:23donc ce qui nous permet
00:56:24d'étudier la création théâtrale
00:56:26dans ses dimensions
00:56:27aussi de mise en scène
00:56:29et de représentation
00:56:31des documents administratifs
00:56:34ce qui nous dit aussi
00:56:35de la conscience
00:56:36d'Abu Salem
00:56:36que la création théâtrale
00:56:38dépasse largement
00:56:39les limites du texte
00:56:41pour la comprendre
00:56:42il faut aussi comprendre
00:56:44dans quel contexte
00:56:45même administratif
00:56:46elle se déploie
00:56:48des éléments
00:56:50de décor
00:56:51des éléments
00:56:51de costume
00:56:52des diapos
00:56:54enfin voilà
00:56:55un matériau
00:56:56très fort
00:56:57et surtout
00:56:58très varié
00:56:59qui permet
00:57:00d'approcher
00:57:01l'étude
00:57:03du théâtre palestinien
00:57:04dans des dimensions
00:57:05multiples
00:57:06d'ailleurs dans le livre
00:57:07le théâtre palestinien
00:57:08et François-Lavonsalem
00:57:09il y a une série
00:57:10de photos
00:57:11et d'images
00:57:12qui sont toutes
00:57:13tirées du fond
00:57:14et oui oui
00:57:15c'était très important
00:57:16de donner à voir
00:57:17donc ce qu'il renferme
00:57:21et bon peut-être dire
00:57:23que c'était un fond
00:57:26qui était destiné
00:57:26à mourir
00:57:27il était dans des cartons
00:57:29pas du tout
00:57:30dans les conditions
00:57:31de conservation
00:57:32voilà
00:57:34requises
00:57:35bon voilà
00:57:37et ça a été
00:57:38un travail aussi
00:57:39collectif
00:57:39pour établir
00:57:41un inventaire
00:57:41parfois
00:57:43pour reconnaître
00:57:44la graphie
00:57:45d'Abou Salem
00:57:46la graphie
00:57:47d'autres membres
00:57:47de la trou
00:57:48reconnaître
00:57:49des personnes
00:57:51sur les photos
00:57:51etc
00:57:52donc il a laissé
00:57:53en fait un héritage
00:57:54on parlait de l'héritage
00:57:55son héritage
00:57:57il l'a aussi laissé
00:57:57dans ses archives
00:57:58évidemment
00:57:59et dans le fait même
00:58:00de penser
00:58:01à fabriquer
00:58:02ses propres archives
00:58:03tout au long
00:58:04de sa trajectoire artistique
00:58:05j'aimerais aussi
00:58:08te poser peut-être
00:58:10une dernière question
00:58:11tu me mentionnais
00:58:13tout à l'heure
00:58:13avant le début
00:58:14de la rencontre
00:58:14que la recherche
00:58:16que tu as menée
00:58:16sur le théâtre palestinien
00:58:18ne serait plus possible
00:58:19aujourd'hui
00:58:19tu ne pourrais pas
00:58:20mener cette même recherche
00:58:22aujourd'hui
00:58:22à cause
00:58:23notamment
00:58:24des contraintes
00:58:24matérielles
00:58:25de mobilité
00:58:26de disponibilité
00:58:27des archives
00:58:28pareil
00:58:30je sais que c'est une question
00:58:30un peu délicate
00:58:31qui n'est peut-être
00:58:32pas facile
00:58:33mais comment est-ce
00:58:34que tu vois
00:58:35le paysage théâtrale
00:58:38palestinien
00:58:39aujourd'hui
00:58:40beaucoup plus fragmenté
00:58:44et de plus en plus
00:58:45fragmenté
00:58:45de moins en moins riche
00:58:48c'est à dire
00:58:49des conditions matérielles
00:58:51de plus en plus réduites
00:58:53pour
00:58:54faire du théâtre
00:58:56après ça donne lieu
00:58:57à des esthétiques
00:58:57aussi
00:58:58symbolières
00:58:59mais malgré tout
00:59:03ce que je dois dire
00:59:04c'est
00:59:04une persistance
00:59:07en fait
00:59:08et comme beaucoup
00:59:09je trouve
00:59:10d'autres pratiques
00:59:12en Palestine
00:59:13pas uniquement
00:59:13le théâtre
00:59:14mais finalement
00:59:15il y a toujours
00:59:16une sorte
00:59:18de persistance
00:59:19et on se demande
00:59:21toujours
00:59:22quand est-ce
00:59:23que ça va s'arrêter
00:59:24pourquoi ça n'est pas
00:59:25encore arrêté
00:59:26et donc une sorte
00:59:27de transmission
00:59:27qui malgré tout
00:59:29persiste
00:59:31dans des conditions
00:59:33qui sont proches
00:59:34de l'anéantissement
00:59:37merci
00:59:41merci
00:59:42dernière question
00:59:44je voulais juste demander
00:59:52à Gaza
00:59:54il y avait
00:59:54les critiques
00:59:55des théâtres
00:59:56ce qui a disparu
00:59:58oui oui
00:59:59alors
00:59:59moi j'en parle pas
01:00:00beaucoup
01:00:01parce que
01:00:01j'ai pas beaucoup
01:00:03travaillé sur Gaza
01:00:04et pourquoi
01:00:05parce que
01:00:05Gaza est inaccessible
01:00:06et en fait
01:00:07c'est ça
01:00:08moi je crois
01:00:08qu'il est très important
01:00:09de comprendre
01:00:10c'est que
01:00:10si on n'a pas accès
01:00:11au terrain
01:00:12on ne peut pas
01:00:12produire de la connaissance
01:00:15c'est à dire
01:00:15les enseignants
01:00:17et les chercheurs
01:00:17palestiniens
01:00:18et aussi les enseignants
01:00:19et les chercheurs
01:00:20étrangers
01:00:21et donc sur Gaza
01:00:21il y a un vide de connaissance
01:00:23parce que l'accès
01:00:24n'est pas possible
01:00:25et ça
01:00:25ça peut paraître
01:00:27presque indécent
01:00:28dans le contexte actuel
01:00:29mais je pense que
01:00:30c'est tout à fait essentiel
01:00:31de pouvoir continuer
01:00:32à produire
01:00:33on en parle
01:00:34avec les journalistes
01:00:35mais les chercheurs
01:00:36la connaissance
01:00:37si les chercheurs
01:00:39ne peuvent plus
01:00:39pratiquer
01:00:40leur métier
01:00:42de fabrication
01:00:42des savoirs
01:00:44je veux dire
01:00:45le processus
01:00:46est arrivé
01:00:48à son étape
01:00:49quasi
01:00:49finale
01:00:50donc à Gaza
01:00:52il y a
01:00:53effectivement
01:00:54une histoire
01:00:55de la pratique théâtrale
01:00:56comme Gaza
01:00:58est sous blocus
01:00:58depuis 2006
01:01:00ce que l'on peut
01:01:02observer
01:01:03c'est aussi
01:01:04à quel point
01:01:05la création
01:01:06est asphyxiée
01:01:08pour le dire comme ça
01:01:09parce qu'on ne crée pas
01:01:11et particulièrement
01:01:12le théâtre
01:01:13c'est pas comme la poésie
01:01:14ni le roman
01:01:15en fait
01:01:15le théâtre
01:01:16se nourrit
01:01:17du contact
01:01:18avec les autres
01:01:19et avec la différence
01:01:20avec l'altérité
01:01:21et dans un contexte
01:01:23où Gaza
01:01:24n'a plus accès
01:01:25à l'autre
01:01:26la création théâtrale
01:01:28doit aller chercher
01:01:29dans des
01:01:30voilà
01:01:31en fait
01:01:32c'est des PDF
01:01:33qu'on trouve en ligne
01:01:33donc à Gaza
01:01:34on voit du Beckett
01:01:36on voit du Ionesco
01:01:37vous voyez
01:01:38des choses
01:01:38qui ne sont pas du tout
01:01:39en prise
01:01:40avec les préoccupations
01:01:42directement liées
01:01:44à la condition
01:01:45des gens
01:01:46avec en plus
01:01:47des grandes difficultés
01:01:48pour répéter
01:01:50donc
01:01:50un stade
01:01:51par exemple
01:01:51que je mentionnais
01:01:52le théâtre
01:01:53avait déjà été bombardé
01:01:54en 2014
01:01:55vous voyez
01:01:56on est
01:01:56bon
01:01:57donc
01:01:57les esthétiques
01:01:59c'est plus que sous
01:02:01contrainte
01:02:01sont asphyxiés
01:02:03et donc
01:02:04les stratégies
01:02:05de contournement
01:02:06ou de respiration
01:02:07vont chercher
01:02:09dans le répertoire mondial
01:02:10finalement
01:02:11et
01:02:12ce que je peux dire aussi
01:02:14c'est que
01:02:15c'est une création
01:02:17qui
01:02:17en raison du contexte
01:02:19à nouveau
01:02:20se nourrit largement
01:02:21des approches
01:02:23de l'art-thérapie
01:02:24avec des populations
01:02:26très
01:02:27très vulnérables
01:02:29très exposées
01:02:30aussi
01:02:30donc
01:02:31des enfants
01:02:32beaucoup
01:02:32des adolescents
01:02:33des femmes
01:02:34et
01:02:35une création
01:02:36qui
01:02:38se nourrit
01:02:39aussi des autres pratiques
01:02:40artistiques
01:02:41notamment
01:02:41la danse
01:02:42la danse
01:02:43qui est une pratique
01:02:44assez vivante
01:02:46dans la
01:02:47qui était
01:02:48assez vivante
01:02:49dans la bande de Gaza
01:02:50du hip-hop
01:02:50de la danse
01:02:52pas forcément
01:02:53de la danse classique
01:02:54mais aussi
01:02:54beaucoup de pratiques
01:02:55notamment parce qu'en fait
01:02:57et ça je le dis
01:02:57l'accès par internet
01:03:00c'est à dire
01:03:01le fait de pouvoir
01:03:02accéder
01:03:02à des formes
01:03:04artistiques
01:03:05via internet
01:03:06conditionne aussi
01:03:07les choix esthétiques
01:03:08donc
01:03:08voilà
01:03:09la musique
01:03:10on a vu beaucoup
01:03:11de chansons
01:03:13de rap
01:03:13des musiques
01:03:15tout à fait
01:03:15même
01:03:16presque avant-gardistes
01:03:17pour le dire comme ça
01:03:19donc du coup
01:03:20une création théâtrale
01:03:21qui est à la fois
01:03:21très envers
01:03:22dans un répertoire
01:03:23qui n'est pas du tout
01:03:24conforme
01:03:25à la réalité
01:03:26dans laquelle
01:03:26il se déploie
01:03:27et une création
01:03:30à vocation
01:03:31d'art-thérapie
01:03:32et enfin
01:03:33une création
01:03:34qui mêle
01:03:35en fait
01:03:36différentes pratiques
01:03:37notamment
01:03:38la poésie
01:03:38le rap
01:03:39ou la danse
01:03:40merci Nagela
01:03:43merci à vous tous
01:03:44merci
01:03:45je pense que je me rends compte
01:03:56que je ne l'ai pas dit
01:03:56au début
01:03:57mais c'est un ouvrage
01:03:57remarquable
01:03:58que je vous recommande
01:04:01très chaleureusement
01:04:02donc le théâtre palestinien
01:04:04et François Boussalev
01:04:05qui est disponible ici
01:04:06et Nagela
01:04:07je pense reste
01:04:07disponible
01:04:08pour discuter
01:04:10avec vous
01:04:10merci carré
01:04:12merci à toi
01:04:13merci
01:04:13et merci à toutes et tous
01:04:15merci à tous
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