00:00Focus du jour, comme chaque vendredi, un dirigeant d'entreprise vient nous parler de ses perspectives et de sa société.
00:06Ce matin, c'est Guillaume Demullier, président du directoire de Roche-Beaubois.
00:09Bonjour Guillaume Demullier, merci d'être avec nous ce matin.
00:11Vous avez publié les résultats semestriels de Roche-Beaubois, c'était la semaine dernière,
00:16avec notamment des objectifs qui ont été confirmés pour cette année.
00:21Un contexte qui est intéressant pour vous, dans le sens où vous êtes particulièrement présent aux Etats-Unis,
00:26sur un chiffre d'affaires semestriel de 200 millions, vous réalisez plus de 60 millions aux Etats-Unis et au Canada.
00:32Comment ça se passe aujourd'hui avec les droits de douane, avec les interrogations sur le consommateur américain ?
00:37Et puis dans un instant, bien sûr, on reparlera de la France et de l'Europe, puisque c'est la moitié de votre chiffre d'affaires.
00:41Écoutez, oui, les Etats-Unis, c'est notre premier marché, on est présent depuis 1974.
00:47Très tôt, la marque s'est installée, donc elle est très forte, très crédible.
00:51Il n'y a que deux marques européennes dans le top 100 aux Etats-Unis, Ikea et nous.
00:56Donc, on est présent, effectivement, on rallie 60 millions, c'est notre premier marché.
01:02Écoutez, évidemment, ça a été un tout petit peu bousculé.
01:06On a commencé l'année avec une croissance qui était plutôt bien orientée.
01:11On était à plus 4, plus 5% en commande, donc c'était plutôt un bon démarrage,
01:16bonne confiance de nos clients au début de l'année.
01:19Et puis, il y a eu toute la question des droits de douane,
01:22toute la question de comment le marché va évoluer, etc.
01:26Donc, on a eu un deuxième trimestre un peu plus ralenti.
01:31Et là, on repart assez bien.
01:34Donc, on est sur une croissance aux Etats-Unis en dollars
01:37qui est de l'ordre de plus 2,5, plus 3% depuis le début de l'année.
01:40Donc, c'est plutôt pas mal.
01:41Et quand on entend nos magasins, les verbatims sont positifs.
01:45Il y a beaucoup de...
01:47Vous savez, chez nous, les affaires durent longtemps.
01:50C'est-à-dire, ce n'est pas de l'achat d'impulsion, c'est préparé.
01:54Les clients reviennent plusieurs fois en magasin.
01:56Ils font des plans.
01:57On leur propose des visualisations 3D de leur intérêt.
02:00Donc, ça prend un petit peu de temps.
02:01Et là, on est dans une période où on a beaucoup de projets en cours,
02:05beaucoup de clients en magasin.
02:07Donc, on est plutôt optimiste et on a plutôt le sentiment
02:09que dans nos clients, qui évidemment sont des clients
02:13avec un certain niveau de vie, en particulier aux Etats-Unis,
02:17il y a une confiance qui est revenue dans l'économie,
02:21dans leur capacité à acheter,
02:23et qui est super positive et super encourageante pour nous.
02:26Et comment vous gérez les droits de douane ?
02:27Puisque, autant le premier semestre,
02:29c'est un semestre qui a été assez peu impacté par les droits de douane,
02:31mais plutôt par les problèmes de logistique.
02:33Autant, là, ça y est, le second semestre, on est en plein dedans.
02:35Les droits de douane, on connaît la couleur depuis un peu plus d'un mois maintenant.
02:39Sachant que pour vous, vous ne produisez pas aux Etats-Unis,
02:41vous produisez en Europe.
02:42On produit 100% en Europe.
02:43Ça fait partie de l'ADN de la marque.
02:44C'est super important pour nos clients,
02:46que ce soit les clients américains, les clients internationaux.
02:49C'est 100% made in Europe.
02:51Alors, on a anticipé, même avant les premières annonces de droits de douane,
02:57ce qu'il faut savoir, c'est qu'aux Etats-Unis,
02:59on a la chance d'être positionné comme une marque de luxe.
03:01Donc, on a des marges brutes de l'ordre de 70%.
03:04Donc, quand vous appliquez 15% de droits de douane
03:08sur 30% de coût des produits vendus,
03:11ça fait déjà plus que 6% d'impact.
03:14Donc, on a fait une première augmentation préventive de nos prix aux Etats-Unis.
03:19On n'avait pas augmenté depuis quasiment deux ans,
03:21donc on était plutôt sereins sur ce sujet-là.
03:24On a fait une première augmentation de 4% au début février,
03:29et puis une deuxième en avril,
03:32pendant toute cette période d'incertitude,
03:33où on avait parfois Trump qui annonçait 30%, puis 50%, puis 100%,
03:37puis 140% sur les Chinois dans la journée.
03:39Donc là, on s'est dit, on va anticiper avoir une deuxième hausse des prix.
03:43Et donc, ça a été une deuxième hausse de 6%.
03:46Donc, au global, ça doit faire 10,5%.
03:49Donc ça, ça nous permet de couvrir assez largement les droits de douane,
03:53et ça nous permet de couvrir une partie des effets de change.
03:56L'année dernière, on a eu un euro-dollar à 1,08.
03:59Cette année, on va avoir un deuxième semestre,
04:02qu'on anticipe à 1,17, et un premier à 1,08.
04:05Donc, on ne peut pas couvrir absolument la totalité de l'effet,
04:09sinon on risquerait d'avoir des prix un peu trop élevés soudainement.
04:14Mais on en couvre une bonne partie,
04:16et avec un dollar qui serait stable sur 1,17 en moyenne sur le deuxième semestre,
04:21on ne devrait être pas trop mal.
04:22Vous êtes rentré en bourse en 2018.
04:24Depuis, le titre a pris 70%.
04:25Donc, c'est une belle réussite, puisque malheureusement,
04:27toutes les IPO de ces dernières années ne se sont pas très bien passées.
04:30360 millions de capitalisation boursière, avec du recul.
04:34Comment vous regardez votre introduction en bourse,
04:36et puis les portes que ça vous a ouvertes ?
04:37Écoutez, ça nous a amené beaucoup de choses, en vrai.
04:42Roche-Beau-Bois, c'est une société familiale
04:44qui reste avec une majorité familiale,
04:48créée par deux familles, les Roches et les Chouchons.
04:51On a également un fonds d'investissement italien en capital
04:53qui est très important, à plus de 30%.
04:57Mais l'introduction en bourse, ça nous a amené plus d'objectifs,
05:01plus de challenges.
05:02Ça nous a amené aussi une gouvernance nouvelle,
05:04avec un conseil de surveillance qui reste en partie familiale,
05:09mais aussi avec des administrateurs indépendants,
05:12avec des objectifs plus ambitieux,
05:15qu'une gestion familiale qui est naturellement plus prudente.
05:22Et donc, la marque a passé un cap.
05:24On a investi, on a investi davantage en publicité,
05:27on a investi dans des très beaux magasins à Milan, à Monaco,
05:31des vrais flagships, Place Masséna à Nice.
05:35Et tout ça, ça nous a aidé la revue des collections,
05:39le positionnement de la marque qu'on pousse de plus en plus vers le haut.
05:44Tout ça, je ne dis pas qu'on ne l'aurait pas fait si on n'était pas coté en bourse,
05:48mais ça a probablement été un accélérateur, un catalyseur.
05:52Et depuis l'introduction en bourse, on a quasiment doublé le chiffre d'affaires.
05:56Donc, ça a été une très belle histoire pour Roche-Bobois.
05:58– Car il y a eu un boom après les confinements,
06:00après la période Covid, votre chiffre d'affaires a pris plus de 50%,
06:03même si on oublie l'année 2020.
06:05– Mais en 2020, on n'était pas si mal.
06:08– L'année 2020, c'était une période compliquée,
06:10les magasins étaient fermés, etc.
06:11Aujourd'hui, comment vous faites, après cette période-là de boom,
06:14où les clients venaient chez vous,
06:15et c'est que j'exagère un peu, il n'y avait plus rien à vendre,
06:17dans le sens où il n'y avait plus de stock,
06:19mais comme tout le monde.
06:20C'est-à-dire qu'on a connu une chaîne d'approvisionnement
06:22qui était tendue aujourd'hui, ça se normalise.
06:24– Alors, plein de choses.
06:25Déjà, nous, on n'a pas de stock, on n'a que du stock d'exposition,
06:28on a quasiment la totalité de nos ventes qui sont faites à la contremarque.
06:32Donc, on n'a pas été limité par notre stock pendant la période Covid.
06:35Après, ce qu'il faut dire, c'est que contrairement à beaucoup de nos concurrents
06:38dans le domaine de la maison, on a eu ce boom, mais on n'est pas redescendu.
06:42On a eu un record de chiffre d'affaires à 429 millions en 2023.
06:48– Aujourd'hui, ça se stabilise.
06:49– Ça se stabilise.
06:50– C'est un plateau.
06:50– Exactement.
06:51Mais on n'a pas reperdu l'envolée de la période Covid.
06:57Comment on a fait ?
06:58On a continué à travailler sur tous les piliers de la marque,
07:01sur la désirabilité de la marque, sur la publicité, on a beaucoup investi.
07:04Mais on a aussi travaillé sur notre périmètre.
07:07On a racheté un certain nombre de franchisés aux États-Unis, en France.
07:12On a racheté notre franchisé chinois l'année dernière.
07:15Et donc, le développement du périmètre nous a permis de continuer
07:19et de pérenniser cette croissance.
07:21– Avec notamment désormais le marché chinois.
07:23Alors pour l'instant, c'est infime dans votre chiffre d'affaires.
07:26C'est un relais de croissance important pour vous ?
07:28– Oui, bien sûr.
07:29– Là, vous pouvez jouer la carte France ?
07:31– Bien sûr, on la joue très significativement.
07:34On a pris une participation majoritaire de 51% il y a un an.
07:39On a un réseau de magasins qui représente à peu près une vingtaine de millions d'euros de chiffre d'affaires.
07:45Donc, ce n'est pas énorme à aujourd'hui, surtout qu'on a une trentaine de magasins.
07:49Donc, chaque point de vente individuellement présente un chiffre assez modeste.
07:53Mais le potentiel de développement, il est super important.
07:56La marque est présente depuis 20 ans.
07:58Et on a là aussi une désirabilité du Made in Europe, de la création française.
08:05Et puis, on n'a quasiment pas de concurrents.
08:08Parce qu'on a des marques italiennes qui sont présentes, mais avec des prix stratosphériques.
08:12Parce qu'ils ont un système de distribution beaucoup plus complexe que le nôtre.
08:16Donc, ils ne sont pas directement concurrents.
08:17Quand vous êtes x2, x3, x4 en haut tarif, il y a un effet.
08:21Et puis, on a des marques chinoises qui n'apportent pas ce Made in Europe et cette créativité française.
08:25Merci beaucoup d'être venu ce matin en plateau, Guillaume Demulier, président du directoire de Roche-Beaubois.
08:29Pour revenir sur vos perspectives et également sur les résultats semestriels qui ont été publiés ces dernières heures.