Lors de l'émission La Matinale du 19/09, Claude Moniquet, spécialiste terrorisme et renseignements, est revenu sur la nouvelle doctrine de la police nationale : «Maintenant, la police recherche le contact. D'une part, pour éviter qu'une situation s'enkyste. D'autre part, pour identifier et extraire les casseurs, de manière à pouvoir apporter une suite judicaire, après les événements».
00:00Oui, en effet, en fait, peu de gens s'en souviennent probablement, mais en décembre 1986, ça commence à remonter, un jeune étudiant, Malik Oseki, avait été tué à Paris en marge d'une manifestation, dans une intervention policière très malheureuse.
00:16Et en fait, ça avait totalement traumatisé la police, qui avait dès lors commencé à appliquer une doctrine qui proscrivait le contact. En fait, on restait loin de l'émeute, on restait loin du choc jusqu'au dernier moment, et souvent, en fait, on intervenait donc trop tard, et du coup, les événements étaient parfois beaucoup plus violents.
00:36La doctrine a été totalement inversée. Maintenant, la police recherche le contact. Elle recherche le contact, en fait, essentiellement pour deux raisons. D'une part, très rapidement, avec beaucoup de mobilité, effectivement, pour éviter qu'une situation s'enquiste.
00:49Si on attaque un blocage immédiatement pour débloquer, c'est beaucoup plus facile qu'attendre une demi-heure, une heure, qu'il y ait 300 ou 400 manifestants ou black blocs.
00:59Et puis, deuxièmement, pour identifier et pour extraire les meneurs et les casseurs de manière à pouvoir le créter judiciairement après les événements.
01:07Donc, c'est un total changement de doctrine et qui a montré hier, effectivement, qu'il était porteur d'efficacité.
01:14La nouvelle doctrine s'appuie beaucoup plus également sur le renseignement et une meilleure répartition des forces de l'ordre.
01:21Comment s'organise désormais le maintien de l'ordre, Claude ?
01:24Alors oui, effectivement, le renseignement, maintenant, est vraiment primordial à la fois avant et après l'événement.
01:30Alors, avant l'événement, par exemple, ce qu'on appelle le schéma national des violences urbaines,
01:35le document qui a été présenté fin août, début septembre, et qui définit cette nouvelle doctrine,
01:41cette doctrine prévoit, par exemple, une veille permanente sur les réseaux sociaux,
01:46de manière à bien anticiper les mouvements et à pouvoir quantifier les mouvements
01:50et le nombre de casseurs potentiels auxquels on va faire face.
01:54Deuxièmement, il y a une sécurisation préalable.
01:57On va visiter les chantiers, on va repérer les points hauts où peuvent être lancés des projectiles,
02:01on va repérer les caves qui peuvent servir à stocker de l'équipement,
02:04comme des cocktails Molotov ou des pavés, des barres de fer, etc.
02:08On va éliminer, enfin, évacuer les voitures ventouses, les épaves,
02:12tout ce qui peut servir à des émeutiers à attaquer ou à se retrancher.
02:17Pendant l'action, on va avoir un retour immédiat de renseignement en temps réel,
02:22entre autres avec l'utilisation de moyens aériens.
02:25Désormais, la gendarmerie en France possède 965 drones et la police en possède 650.
02:32À Lyon, la police avait même engagé un avion et un hélicoptère.
02:36Ça permet d'avoir vraiment de l'information qui circule en temps réel.
02:40Et on va donc avoir beaucoup plus de mobilité pendant l'action, avec une recherche du contact,
02:47avec une extraction des meneurs, avec une sécurisation immédiate.
02:50Hier, c'est simple, les chiffres apportent de même.
02:52Alors, c'est encore à perfectionner.
02:54Il y a eu 700 actions de blocage, 140 actions de déblocage.
02:58Alors, ce n'est pas assez.
03:00Manifestement, il en faut plus.
03:01Mais on a évité de gros troubles.
03:03On a eu malheureusement de la casse et 26 policiers blessés pendant les manifestations,
03:08essentiellement à Paris.
03:09Mais ça aurait pu être bien pire.
03:12Et maintenant, on entre dans la troisième phase, qui est celle du rétex,
03:15le retour d'expérience, qui va être systématique.
03:19D'abord à chaud, pour voir comment les unités réagissent au contact,
03:22comment elles sont comportées, ce qu'elles ont ressenti.
03:24Et puis, à froid, et là, c'est le travail du renseignement territorial,
03:28évaluer exactement quelles étaient les forces en présence,
03:31du côté des émotiers, du côté de la police,
03:33si elles ont été bien utilisées.
03:35Et ce qu'on peut faire pour améliorer un permanent ces systèmes,
03:38c'est réellement quelque chose de très nouveau en France.
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