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  • il y a 1 semaine
Dans Parlons Femmes, Judith Beller reçoit Christine Murillo, à l’affiche de “PAULINE & CARTON" au théâtre de la pépinière et Molière 2025 du seule en scène pour son interprétation


"Parlons Femmes" nous raconte les parcours des femmes extraordinaires qui tissent le lien de notre République. Nous explorons des thèmes universels tels que la lutte pour l’Egalité des genres, la liberté d’expression, la diversité culturelle, le droit à disposer de son corps. Et surtout, nous donnons la parole aux hommes engagés. Oui, ils existent, et il est essentiel de les entendre et de les encourager !

Une émission de Judith Beller.

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##DESTIN_DE_FEMMES-2025-09-20##

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Transcription
00:00La Caisse d'Épargne-Île-de-France, fière de soutenir toutes les femmes, vous présente Sud Radio, Parlons Femmes, Judith Belair.
00:09Amis auditrices, amis auditeurs, bienvenue dans Parlons Femmes sur Sud Radio.
00:13La parole des femmes est une force commune, vous le savez, vivante, libre et partagée, c'est celle de toutes et de tous, évidemment.
00:19Elle est comédienne aux 5 Molières, sacrée en 2023 par le Prix du Brigadier, couronnée du Molière 2025 du meilleur seul en scène.
00:25Christine Murillo, vous reprenez Pauline et Carton aux têtes de la Pépinière à Paris, c'est jusqu'au 30 novembre.
00:31Et dans ce spectacle, vous redonnez vie à Pauline Carton, actrice mythique et fantaisiste, complice et puis amoureuse, on peut le dire, de Sacha Guitry.
00:40Ah non, non, non, pas du tout, jamais ?
00:42Une amitié incommensurable, mais pas du tout amoureuse.
00:45Bah ça serait une des rares alors.
00:46Non, non, non, bah je sais pas, je connais pas les autres.
00:49On va en parler justement.
00:52Quelle époque en tout cas que vous nous racontez, Christine Murillo.
00:55Bienvenue dans Parlons Femmes.
00:57Sud Radio, Parlons Femmes, Judith Belair.
01:00Alors, avant d'en venir aux amoureuses de Sacha Guitry, il a été marié 5 fois, Sacha Guitry, sachez-le.
01:05C'était un consommateur de femmes.
01:07C'est son choix.
01:09Il a un film qui s'appelle Je l'ai aidé 3 fois.
01:13Bah voilà.
01:14Donc c'était avant qu'il en ait encore 2 autres, je suppose.
01:16Alors avant ça, on va quand même vous poser les questions de l'émission,
01:20puisque parler vrai, c'est oser demander.
01:24Christine Murillo, est-ce qu'il y a une femme contemporaine, donc pas morte,
01:27qui vous inspire vraiment aujourd'hui ?
01:29Ah, pas morte ?
01:30Non, pas morte.
01:36Oh là là, je réfléchis pas à ces trucs-là.
01:41Morte, j'aurais dit Delphine Serig.
01:44Alors allez-y, expliquez-nous qui c'est Delphine Serig.
01:45Mais pas plus que ça, je réfléchis pas particulièrement tous les jours en me réveillant
01:49à la condition féminine.
01:50Non, mais est-ce qu'il n'y en a pas une que vous voyez comme ça,
01:52qui vous touche, qui vous inspire tout simplement,
01:55et qui vous fait dire qu'elle rayonne, quoi, pour nous ?
02:00Non ?
02:01Vous avez le droit de dire non, hein ?
02:02Non, c'est pas ça, je n'y ai pas pensé, je n'ai pas pensé à une vivante, c'est
02:08comme si vous disiez, s'il y a une comédienne qui vous inspire, votre jeu, je sais pas quoi,
02:12non, je suis très admirative de celles qui font des choses merveilleuses, mais j'ai
02:18pas un nom qui me vient.
02:19À mon avis, ça me viendra à une pause, où il me faut plus de temps pour réfléchir.
02:25Eh bien, c'est pas grave, vous avez le droit.
02:27Qu'est-ce qu'elles ont dit les autres ?
02:29Ah bah, ça dépend.
02:30Ah oui ?
02:31Je ne vais pas vous ressortir.
02:33Dites-moi une vivante qu'on a dite.
02:36Vous voyez, c'est dur aussi.
02:37Non, mais c'est pas ça, le problème, c'est que moi je reçois beaucoup de femmes, vous
02:39savez, donc si je devais me souvenir de toutes les femmes qu'on m'a citées.
02:41Non, non, une, la dernière, la précédente, qu'est-ce qu'elle a dit ?
02:46Elle a parlé d'une des fondatrices du MLF, qui a cofondé le MLF avec elle, qui n'est
02:51pas morte.
02:51Et je m'en réjouis, je vais dire pareil.
02:55Alors, à un moment de votre parcours, Christine Murillo, vous vous êtes dit, là je prends
02:58ma place, qu'il le veuille ou non, s'il y en a eu un, parce que peut-être que vous
03:02n'êtes jamais posé la question.
03:03Non, je ne me suis jamais posé la question.
03:05La question que je me suis plutôt posée, c'est que je ne trouvais pas que mon physique
03:10correspondait, je suis bête, c'est ma qualité première, ah non, c'est une qualité, je
03:18suis une page blanche.
03:19Donc déjà, un peu lisse des circonvolutions, je me disais, il faut un physique, il faut
03:25être joli pour faire du théâtre.
03:28Donc au début, je suis partie sur des études de vétérinaire, et puis l'envie d'en faire
03:33était quand même assez grande, et j'ai, à mon immense chance, rencontré des gens qui
03:39m'ont fait dévier de cette espèce d'idée de ce qu'on pouvait faire au théâtre.
03:44Et encore maintenant, je dépends de la pensée de mes auteurs, de mes camarades et de mes
03:51metteurs en scène.
03:52C'est un travail d'équipe, quoi, objectif.
03:55Oui, et puis peut-être que la qualité que j'ai, c'est que j'entends ce qu'on me
04:01demande et j'essaye de le magnifier.
04:02Donc j'essaye de rendre en mieux ce qu'on m'a demandé, mais sinon, les idées que j'ai
04:09quand j'ai une pièce, je peux très bien la lire au premier degré, si je la jouais
04:14comme je la lis, mais ce serait lamentable.
04:16Heureusement qu'il y a des gens très fins qui savent demander des choses en plus et
04:22qui voient derrière tout ce qu'il y a derrière le texte.
04:26Qui voient peut-être ce que vous ne voyez pas vous-même de vous-même, en fait.
04:29Pardon ?
04:29Qui voient peut-être des choses que vous ne voyez pas vous-même de vous-même.
04:32C'est surtout, je vois des choses inintéressantes.
04:34Et alors, quand vous dites qu'il y a quand même eu une bascule, c'est oui.
04:37Je remercie M.
04:39Maligo, mon professeur de bio en prépa véto.
04:43D'accord.
04:43Pendant un concours blanc, je me suis levé et j'ai dit, voilà, je crois que je ne veux
04:48plus faire véto.
04:49Alors il m'a dit, bah, rasseyez-vous, finissez, voilà.
04:52Et puis à partir de ce jour-là, bah voilà, je suis parti prendre des cours chez Périmony
04:56qui m'a aiguillé en étant moins la rigolote de service que je prenais comme chemin.
05:03Ensuite, j'ai été au conservatoire où j'ai rencontré Louis Seignier.
05:08Je les cite toujours parce que mon parcours n'est fait que de gens merveilleux qui m'ont
05:12aiguillé, qui m'ont dirigé et qui m'habitent.
05:15Et donc, Louis Seignier, Jean-Paul Roussillon et puis Antoine Vitesse.
05:21Et puis après, Jean-Pierre Vincent et Comédie Française.
05:24Enfin bref, que des...
05:27Que des grandes âmes.
05:29Oui, que des morts.
05:30Oh mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu.
05:32Bon, ça peut être gai la mort, c'est ce que nous disait notre invité.
05:35Ils sont là, je ne rentre pas sur scène sans eux.
05:39Ils sont toujours avec nous.
05:41Quel compliment, s'il y en a un, adressé aux femmes en général, vous exaspère ?
05:45Il y a des gens, elle est très jolie, ou je ne sais pas quoi.
05:49Les compliments qu'on fait aux femmes, comme ça, est-ce qu'il y en a un qui vous ennuie ou pas ?
05:53Quelle brillance.
05:54Ah oui ?
05:55Oui.
05:55Pourquoi ?
05:56Quand on se fait écouter, quand on a des choses à dire et que de préférence on les
06:04dit avec une manière brillante et drôle, je suis subjuguée, oui, bien sûr.
06:09Donc ça, c'est un compliment qui vous plaît plutôt ?
06:12Oui, on ne me le dit pas spécialement, on ne me dit pas que je suis brillante.
06:15Non, non, non, ce n'est pas un compliment qu'on me fait à moi.
06:18C'est moi qui, c'est bien la question.
06:21Non, alors la question c'était lequel vous exaspère, mais on peut décider que ça
06:25vous plaît aussi.
06:26C'est le compliment qui vous plaît le plus.
06:27Elle joue juste.
06:29Ah pourquoi ?
06:30Ben, j'ai lu ça une fois dans une critique et je me suis dit c'est le pire.
06:36Ce n'est pas d'être juste, c'est d'être vrai.
06:38Ben c'est ça l'authenticité quoi.
06:40Oui.
06:40Mais est-ce que la justesse, ce n'est pas ça ?
06:42Non.
06:43D'accord.
06:43Être juste, c'est un calcul, c'est ni mieux ni pire.
06:48D'ailleurs, Pauline Carton pourrait revenir à elle, qui elle, était une femme qui pensait
06:54aux femmes et qui avait une idée là-dessus.
06:56Ce qui n'est pas mon cas, comme vous l'avez compris, mais elle le dit et elle surtout, elle
07:04l'écrit, c'est, merde j'ai perdu le fil, c'est si une représentation, est-ce que c'est
07:11cette citation, je dois dire, si une représentation se passe sans qu'aucun des deux camps fasse
07:16autre chose que ce qui est prévu dans le marché, jouer l'œuvre et assister à son
07:21exécution, c'est une très mauvaise représentation.
07:24Voilà, si c'est que, c'était bien ça que je cherchais, parfois je me perds, si on
07:30joue juste ce qu'on a à jouer et qu'en plus le public en face est là pour entendre, ça
07:36ne sert à rien.
07:37Elle, elle s'est saisie de son destin quoi.
07:39Ah oui, oui, oui, et puis dès le début, elle l'écrit, à 15 ans, elle a dit à sa
07:45mère, je ne veux pas mettre de corset et sa mère, elle le dit elle-même, était
07:50une femme extraordinaire, lui a dit, ma fille, prends tes responsabilités.
07:54Voilà, prends tes responsabilités, elle n'a fait que ça.
07:57Déjà, elle avait 15 ans et puis elle le dit aussi, elle était née pour faire du
08:03théâtre, elle le sentait, elle a accepté de faire des, elle s'est présentée à Marseille
08:09pour jouer.
08:10Le mec lui disait, oh bon non, pas besoin, elle a dit, mais je le fais gratuitement.
08:14Et hop, c'est comme ça qu'elle a mis un pied dans la porte et elle a toujours aimé
08:20être sur un plateau, c'est ce qu'elle voulait depuis le début.
08:23Est-ce que c'est ce que vous vouliez depuis le début, vous aussi, Christine ?
08:27Non, bah non.
08:28C'est la révélation au moment du veto, ça vous l'avez raconté.
08:31Oui, mais avant veto, j'avais envie de faire ça, mais non.
08:35Non, non, je vous dis, je suis une, pas une buse, mais je me laisse porter.
08:41J'étais une bonne élève, après une moins bonne élève, j'ai eu un bac avec mention
08:47passable.
08:48J'étais vraiment, je n'ai presque aucun souvenir particulier.
08:53Vous savez que vous avez une sacrée personnalité quand même.
08:55Est-ce que vous pensez que le fait d'être une femme, ça a dû ajouter quand même à
08:59votre force de caractère ?
09:00Non.
09:00Non ? C'est vous, vous êtes vous et vous ne vous êtes pas posé la question du genre
09:04en fait, jamais.
09:04Jamais, mais je crois surtout que, ou alors je suis née au bon moment, mais je crois que
09:10j'ai profité de tout ce que les autres ont bataillé pour avoir.
09:14Et là, je dois dire que j'ai une reconnaissance infinie.
09:17Et on peut se dire aussi que quand on ne se pose pas la question, finalement, c'est peut-être
09:20la bonne solution parce qu'on avance tout droit, quoi.
09:23Oui, puis je crois qu'il faut croire que j'ai eu de la chance ou que j'ai rencontré
09:26les bonnes personnes.
09:26Vous avez un peu de talent aussi, non ?
09:29Après, il faut quand même être à la hauteur de sa chance.
09:33Sainte Molière a un prix du brigadier.
09:34Oui, mais si vous saviez comment c'est dur d'arriver.
09:40À être heureux de comment on joue sur scène.
09:44Mais c'est horriblement difficile de répéter.
09:47Et souvent, paraît-il, quand on n'est pas content, c'est là qu'on joue le mieux.
09:50Qu'est-ce que vous en pensez, Christine Murillo ?
09:51Qu'on n'est pas content de quoi ?
09:52De notre prestation sur scène.
09:54Les gens vous disent que vous étiez merveilleuse alors que vous, vous pensez que vous avez
09:56été poulée.
09:56C'est drôle.
09:57Il y a Jean Ben Guigui qui est venu me voir avant-hier.
10:00Je l'embrasse.
10:02J'avais joué avec lui dans des temps immémoriaux.
10:05C'est inoubliable.
10:10On disait que souvent, quand on est très très bon sur scène, les gens vous disent
10:15que vous êtes merveilleuse et que vous vous êtes trouvée pourrie.
10:17À force de travailler pour une carton qui a des trous, je finis par avoir des trous moi-même.
10:21Oui, il me disait, merde, c'est encore parti, il me disait lui-même que ce n'est pas
10:29parce qu'on sort, on se trouvait génial et on était absolument à chier et on se trouve
10:38absolument à chier et les gens vous trouvent merveilleux, quoi.
10:41Voilà, vous entendez.
10:43Je ne vais pas faire un chapelet de trous comme ça, c'est épouvantable.
10:47De toute façon, ça fait partie de moi.
10:48Si vous voulez me connaître, comme ça, vous saurez tout.
10:51Et puis surtout, vous avez une gouaille et une voix, franchement, qui nous fait oublier
10:55le reste.
10:55C'est vrai ?
10:56Je ne l'entends pas comme vous, mais je suis contente.
10:59Et ça fait plaisir d'entendre la gouaille.
11:00Tout ce qui plaît chez moi m'échappe.
11:02Non, mais c'est vraiment, vous avez ce français qu'on aura envie d'entendre à chaque
11:07coin de rue aujourd'hui, quoi.
11:07Oui, mais je ne suis pas tellement gouaille, moi, au contraire, même, on me disait,
11:11tu parles dix-septième, je suis assez...
11:14Ah bah !
11:15Et alors, quand on joue Pauline Carton, et que je peux imiter Sacha Guitry en multipliant
11:21les deux aînes, et depuis plusieurs années, de faire des futurs en disant « je ferai »,
11:30Oh là là, j'adore, j'adore !
11:33Allez, on est sur Sud Radio, et on parle femme parce qu'on parle vrai, on est avec
11:37Christine Murillo, qui est dans Pauline et Carton, seule en scène, Molière 2025, c'est
11:43au Théâtre de la Pépinière, et c'est jusqu'au 30 novembre, et puis vous restez avec nous
11:46parce qu'on n'a pas terminé l'émission, à tout de suite.
11:49La Caisse d'Épargne-Île-de-France, fière de soutenir toutes les femmes, vous présente
11:53Sud Radio, parlons femme, Judith Belair.
11:57Quand on parle femme sur Sud Radio, c'est sans filtre, sans détour, vous le savez, on
12:01parlerait toujours sur cette radio, qui est votre radio.
12:04On est avec aujourd'hui Christine Murillo, qui est seule en scène pour Pauline et Carton.
12:10Vous êtes comédienne, évidemment, Christine Murillo, vous venez de recevoir le Molière
12:132025 pour le meilleur seul en scène, et donc c'est au Théâtre de la Pépinière.
12:18Alors c'est d'après les écrits de Pauline Carton, cette pièce, adaptée par Virginie
12:23Berling et par vous-même, Christine.
12:25Et par Charles Tordjeman, tout à fait.
12:29Et alors, ce qui est intéressant, c'est que finalement, vous racontez quand même l'émancipation
12:33par le rire, parce que c'est ça cette femme, elle s'est émancipée par le rire.
12:37Vous mettez en lumière une femme qui a existé pleinement, avec ses contradictions, avec
12:41ses élans, avec ses trous.
12:43Oh là là, oui mais on l'apprend au moment où elle va avoir 90 ans, donc elle avoue qu'elle
12:50a la mémoire un petit peu flagellante.
12:51Une mémoire qui flanche, quoi.
12:52Voilà, une mémoire qui flanche, mais sinon, je pense que c'était un rock.
12:57Et ce qui était très intéressant, c'est que c'est une femme qui a réussi, elle avait
13:00quand même un rôle de second plan, comme souvent d'ailleurs dans les pièces de Guitry.
13:05Et elle est devenue un rôle central dans la mémoire du théâtre français, en fait.
13:08C'est vrai, du théâtre et du cinéma, parce que même au cinéma, elle jouait des bonnes,
13:15des concierges, au théâtre, elle a commencé dans les bonnes, dans les concierges, dans
13:19les petites filles de petites vertus, des mini-rôles, et elle s'y complaisait de toute façon,
13:25ce qu'elle aimait, c'était la poussière des coulisses, et être spectateur.
13:29Il paraît que quand elle avait fini de jouer un tout petit rôle, elle passait dans le
13:33public pour voir la pièce jusqu'au bout.
13:35Elle était la dernière à partir du théâtre, elle avait ça dans le sang, quoi.
13:38C'était une vraie passionnée.
13:39Une vraie passionnée, une vraie passionnée, et surtout, elle écrit.
13:43Alors son livre principal, c'est Les théâtres de carton, et c'est une mine pour se souvenir
13:52et pour ça, ou pour apprendre comment se passaient les tournées à cette époque, parce
13:56qu'elle est née en 1884, et elle a connu tous les débuts, enfin toutes les tournées
14:04invraisemblables, et ça tournait drôlement à cette époque-là, les pièces les plus incongrues
14:09et les plus graveleuses possibles, et puis le cinéma muel, le cinéma parlant, elle a
14:15vraiment tout vécu.
14:16C'est la révolution industrielle, quoi.
14:17Oui, oui, oui, et tout ça avec un entrain et un amour de ce qu'elle faisait, et puis
14:25un respect.
14:26Elle était incroyablement cultivée.
14:28Quand Guitry dit qu'elle était sa mémoire inépuisable, c'est parce que son aide-mémoire,
14:35c'était la première casting.
14:39Elle faisait les castings de Guitry, si tant est qu'il avait besoin de connaître d'autres
14:43personnes.
14:44Alors, comme je disais au début de cette émission, lui, il était célèbre pour ses maillages
14:47multiples, alors il a eu cinq épouses, dont Yvonne Printemps et Jacqueline Delubac, qui
14:52étaient aussi actrices.
14:53Bien sûr.
14:53Il y a eu beaucoup les actrices.
14:55Alors, moi, je me demandais s'ils avaient eu une petite histoire, mais a priori, non.
14:59Donc, ça veut dire qu'il était vraiment fasciné par son engagement, en fait, et son
15:03travail, son talent, quoi.
15:05Elle, elle était fascinée.
15:08Elle dit que la réalité de Sacha Guitry est plus belle que le rêve.
15:11Elle l'a rencontrée, d'ailleurs, elle l'a rencontrée, une anecdote quand même pas
15:15mal.
15:15Il dînait, alors j'ai oublié le nom de la comédienne, Simone, je ne sais plus quoi.
15:19Il dînait et il disait donc à cette comédienne, j'ai besoin de quelqu'un, mais je voudrais
15:26quelqu'un d'un petit peu original pour jouer une bonne.
15:28Et la bonne de cette dame-là était en train de servir et elle lui a dit, mais madame,
15:33vous savez, nous avons été voir, je ne sais pas quoi, la semaine dernière.
15:37Vous ne croyez pas que monsieur Guitry serait intéressé ? Le lendemain, il a été
15:42voir la pièce où il y avait Pauline Carton et c'est comme ça qu'il l'a engagée.
15:45Parce qu'elle était déjà très originale, quoi.
15:48Et donc, au-delà de ce mythe, Guitry, il y avait cette actrice qui était capable de
15:53rire de tout, y compris d'elle-même et de son rôle dans la société.
15:57Elle aussi, elle était un peu comme vous, c'est-à-dire qu'elle s'en foutait des carcans,
16:00quoi.
16:01Ah, elle se foutait des carcans beaucoup plus que moi.
16:03Elle a enlevé son corset.
16:04Non, non, on ne va pas se comparer parce qu'elle...
16:06Vous avez une liberté de ton et d'être qui reste.
16:09Vous me posez des questions et la personne ne m'entrave, donc je peux dire des bêtises.
16:12Mais elle, elle avait vraiment une conviction, elle avait un charisme absolument certain.
16:21Elle défendait.
16:22D'ailleurs, le spectacle commence par une lettre qu'elle a envoyée à un journaliste
16:27qui disait que les comédiennes étaient en fait toutes des putes, quoi, ou qu'elles
16:32couchaient pour avoir des rôles.
16:33Elle lui a répondu sèchement.
16:35Elle a refusé la Légion d'honneur parce qu'elle trouvait que ce n'était pas sa place.
16:39Elle avait vraiment une conviction, c'est elle que vous auriez dû interviewer parce
16:45qu'elle, elle sait de quoi parler, elle savait de quoi parler en parlant des femmes.
16:51Il y a un truc qui marque dans ce que vous dites depuis le début de l'émission, Christine,
16:53c'est que vous vous dévaluez vachement alors que finalement tout ce que vous considérez
16:57chez vous comme une faiblesse, c'est une force quand je vous regarde.
17:00Oui, oui, je sais bien.
17:00Est-ce que vous avez conscience de ça ?
17:02Mais c'est pas que je me dévalue...
17:03Je ne me dévalue pas du tout, je suis d'une prétention légendaire.
17:07Pas aujourd'hui en tout cas.
17:08Je dis bien que je commence, je suis bête comme mes pieds, mais à la fin, je me révèle
17:18pas trop mal, donc je ne suis pas du tout en train de m'aplatir, non, non, pas du tout.
17:27Vous avez, on l'a dit aussi, vous avez eu le prix du brigadier, donc ça c'est la reconnaissance
17:31de vos pères.
17:32Ça prouve bien quand même que vous avez un petit plus.
17:36Je vais vous dire, j'ai aussi la chance, parce que là j'ai eu le brigadier au moment
17:42de Pauline et Carton, qui avait déjà commencé bien sûr à Avignon, mais je venais de jouer
17:46la mouche avec Christian Eck et Valérie Lessor, où c'est une pièce où je me pince moi-même,
17:53tellement je suis heureuse de jouer ça et de le rejouer début décembre.
17:58Donc c'est aussi la chance d'être dans des pièces absolument merveilleuses.
18:05Je n'ai qu'un parcours de chance, de choix de metteur en scène, vraiment.
18:10Qui peut, et depuis le début, et je me souviens de...
18:16Oui, mais vous êtes quand même à l'inspiration de base, c'est quand même vous qui déclenchez
18:20cela, c'est ça que je veux dire.
18:21Vous déclenchez les choses qui vous arrivez.
18:22Je ne crois, je ne sais pas, alors ce sont mes employeurs, mes metteurs en scène
18:26qu'il faut interviewer.
18:28Oui, mais en vous regardant, on se dit bien, on vous voit, on imagine tout à fait la capacité
18:33que vous avez de dédoublement, de rentrer dans la peau des personnages, de laisser
18:39la place, puisque vous n'arrêtez pas de vous mettre de côté depuis le début de l'émission,
18:42donc j'imagine que c'est une qualité pour une actrice.
18:44Oui, il y a de la place.
18:47Alors, il y a un autre truc qui m'intéresse, un comparatif avec Pauline Carton, c'est que
18:53vous, sur scène, vous faites naître un monde, vraiment, c'est-à-dire qu'on rentre dedans
18:58complètement, et elle faisait ça aussi.
19:01Elle, elle rentrait tellement dans la gueule, dans la peau du personnage qu'elle interprétait
19:06que finalement, que ce soit un rôle secondaire ou pas, on voyait pratiquement plus
19:09qu'elle sur scène.
19:10Mais vous avez la réponse, c'est pas secondaire ou pas, c'est toujours secondaire, et c'est-à-dire
19:16que son immense talent, c'est qu'en mini-rôle, elle arrivait à prendre toute la place, même
19:25le peu de secondes qu'elle était à l'écran ou sur scène.
19:28C'est ça son génie, c'est qu'elle était drôle, je ne sais pas comment elle fabriquait
19:34son jeu.
19:37Il y a une partie du livre, elle a écrit deux livres, l'histoire de cinéma aussi, qui
19:42est un tout petit peu plus tardif et elle est un peu plus généralisante sur ce qu'elle
19:46dit.
19:46Mais, je vais encore rater le fil de...
19:53Quand elle est dans un rôle secondaire qui ne sont que des rôles secondaires, finalement,
19:58elle éclate tout, on la voit quand même.
20:00Elle éclate tout, mais j'avais un exemple, il ne faut pas jouer une comédienne qui a
20:05des trous sans arrêt, parce que je m'entraîne dans la vie et je trouve que je m'entraîne
20:10trop là, particulièrement.
20:12Non, c'était dans les stars cinématographiques, qu'est-ce qu'elle disait ? Bon, ça, ça
20:17va me revenir, c'est comme la dame que je dois admirer et que je n'admire même pas.
20:21Oh là là, j'ai honte.
20:22Vous, pour qui, ça n'a pas l'air d'être un sujet, cette condition féminine dont on
20:27parle depuis le début de l'émission ? Pauline Carton, c'est comme une féministe à sa
20:31manière, puisque...
20:32Tout à fait.
20:33Voilà, puisque comme on dit, elle a exposé les carcans et puis à l'époque, les
20:36femmes, elles étaient reléguées à des rôles secondaires, mais ou stéréotypées,
20:39les épouses, les amants, les bonnes, les machins, etc.
20:42Et elle, finalement, quel que soit le rôle qu'on lui donne, elle l'incarne avec une
20:45puissance à 100%, qui fait que c'est un acte féministe, finalement.
20:50Bien sûr, mais et en plus, ce qu'on ne sait pas d'elle, parce que son physique, elle
20:55le dit elle-même avec son petit chignon et qu'elle ressemblait à un poux, elle n'a
21:00eu qu'un seul amour pendant 50 ans, un amant, puisqu'il était marié de son côté,
21:06et elle s'y est tenue, même jusqu'à la fin, jusqu'à la mort de Jean-Violette, qui
21:12était un poète suisse.
21:15Et ça aussi, c'était son truc, elle le dit.
21:20C'était un acte féministe aussi ?
21:21Oui.
21:23Et puis, elle ne l'a pas fait exprès.
21:26C'est le premier, c'était celui-là.
21:29Et c'est une des rares femmes, je reviens dessus, que Guitry ait respecté, parce
21:34qu'il était un peu misogyne, on peut le dire, quand même.
21:37Enfin, en tout cas, la femme était un peu en dessous, reléguée dans un coin, en tout
21:42cas.
21:43Et lui, il la respectait, et puis ils avaient une complicité, en fait, qui fait qu'elle
21:49transcendait les rôles qu'il lui offrait, en fait.
21:51Donc, je pense que pour lui, ça a été une forme de muse aussi, peut-être une inspiratrice,
21:55une instigatrice.
21:56Sans doute, je ne peux pas penser à la place de Guitry, mais sans doute qu'il savait
22:03qu'en lui donnant ce rôle, il le dit dans sa préface, vous donnez à vos rôles un
22:08relief étonnant, car vous êtes dessinateur et vous savez si bien, oui, parce qu'elle
22:12dessinait aussi, vous savez si bien quelles valeurs ont les ombres.
22:16Donc, ça a l'air violent comme truc, mais c'est ça.
22:19Comme elle s'y complaisait dans les ombres, elle leur donnait une épaisseur extraordinaire
22:26et drôle.
22:26Est-ce que ça vous touche ça, comme phrase, ce complaire dans les ombres aussi ?
22:31Absolument pas.
22:32Je n'en veux pas, moi.
22:33Moi, c'est ça.
22:33Les ombres, je n'en veux pas.
22:34Vous êtes dans la lumière complètement, vous.
22:36Ah bah moi, oui.
22:37Je déteste les rôles de Bonne, mais alors, c'est la première chose qui me sépare de
22:42cette merveilleuse Pauline, c'est qu'elle, elle adorait ça.
22:45Et moi, j'adore le théâtre, évidemment.
22:47Elle a aimé le théâtre pour le théâtre, quoi.
22:49Voilà.
22:49Et vous aimez le théâtre pour la scène, pour la lumière ?
22:52Non, pour les rôles, pour le travail.
22:55Moi, je suis aveuglément passionnée par les répétitions.
22:59J'aime beaucoup jouer, mais les répétitions, c'est inégalable, quoi.
23:03Inégalable.
23:04Qu'est-ce que vous prenez dans les répétitions en plus que vous ne prenez pas quand vous jouez ?
23:06Tout ce que je vous disais, tout ce que j'ai jamais vu de ma vie dans mon cerveau,
23:11et que quelqu'un qui a réfléchi en lisant à la même pièce que moi, arrive à me distiller
23:18comme ça dans le cerveau, et une fois que j'ai ça dans le cerveau, de me dire
23:22je vais faire encore mieux que ce qu'il a imaginé lui-même ou elle, extraordinaire, quoi.
23:27Quelle belle énergie vous avez, Christine Muriot.
23:29Vous ne changez rien, s'il vous plaît ?
23:31Bah, je tâche.
23:32En tout cas, je vous remercie d'être venue partager avec nous dans Parlons Femmes.
23:37On vous retrouve donc seule en scène, dans Pauline et Carton,
23:40c'est au Tête de la Pépinière jusqu'au 30 novembre, c'est à Paris.
23:43Je ne joue que le samedi, dimanche et lundi à 19h.
23:47Voilà, et j'allais le dire, mais justement, surtout,
23:50je donne rendez-vous aux auditrices et aux auditeurs de Sud Radio,
23:53parce que ça vaut le détour.
23:54Mais je vous remercie de votre accueil charmant.
23:56Merci à vous, à bientôt.
23:58Vous, bah, bientôt aussi, vous, chères auditrices, chers auditeurs.
24:02C'est un bonheur de vous retrouver, comme d'hab.
24:04On se retrouve, bah, du coup, demain, 19h, pour cet excellent,
24:07et samedi prochain pour un nouveau Parlons Femmes.
24:08Merci à Julien, qui réalise pour vous aujourd'hui.
24:10Bye bye.
24:11Sud Radio, Parlons Femmes, Judith Belair,
24:14avec la Caisse d'Épargne-Île-de-France,
24:17fière de soutenir toutes les femmes.
24:18fields de Nutcrombie-Èle-de-France,
24:20nes-ióle-de-France,
24:20et sonnerisés,
24:21flライ à la Caisse d'Ostomne,
24:21et sonnerisés avec les hommes et Smé knob.
24:22Il y aunque vous n' baoía où vous trouvez,
24:23la Caisse d'Élだ.
24:24La Caisse d'Él
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