- il y a 2 mois
Dans Parlons Femmes, Judith Beller reçoit Catherine Hermary-Vieille, autrice du livre "Un rêve d'amour: Marie d'Agoult et Franz Lizst" aux éditions Intervalles
"Parlons Femmes" nous raconte les parcours des femmes extraordinaires qui tissent le lien de notre République. Nous explorons des thèmes universels tels que la lutte pour l’Egalité des genres, la liberté d’expression, la diversité culturelle, le droit à disposer de son corps. Et surtout, nous donnons la parole aux hommes engagés. Oui, ils existent, et il est essentiel de les entendre et de les encourager !
Une émission de Judith Beller.
Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/ Nous suivre sur les réseaux sociaux ▪ Facebook : / https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel . ▪ Instagram : / https://www.instagram.com/sudradioofficiel/ . ▪ Twitter : / https://twitter.com/SudRadio ▪ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr Et pour plus de vidéo du Grand Matin Sud Radio : • 🌞 Grand Matin Sud Radio
##DESTIN_DE_FEMMES-2025-09-07##
"Parlons Femmes" nous raconte les parcours des femmes extraordinaires qui tissent le lien de notre République. Nous explorons des thèmes universels tels que la lutte pour l’Egalité des genres, la liberté d’expression, la diversité culturelle, le droit à disposer de son corps. Et surtout, nous donnons la parole aux hommes engagés. Oui, ils existent, et il est essentiel de les entendre et de les encourager !
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NewsTranscription
00:00La Caisse d'Épargne-Île-de-France, fière de soutenir toutes les femmes, vous présente
00:05Sud Radio, Parlons Femmes, Judith Belair.
00:09Bonjour à toutes et à tous, bienvenue dans cette première de la saison 3 de Parlons Femmes
00:14sur Sud Radio, l'émission qui questionne et qui réinvente les contours d'un féminisme
00:17moderne et fédérateur avec des femmes qui s'incarnent, qui sont heureuses de leur route.
00:21A mes côtés ce soir, aujourd'hui plutôt, Catherine Her-Marie Vieille, grande romancière
00:27et biographe, vous avez été prix féminin, Catherine, qui aime vous aimer faire revivre
00:32les destins hors du commun et dans votre nouveau livre, Un rêve d'amour, qui est sorti
00:36chez Intervalle, vous nous plongez dans la passion entre Marie Dagou et France Litz, une histoire
00:42où l'amour, l'art et la liberté se heurtent au jugement de la société du 19ème siècle
00:46et ça résonne pas mal aujourd'hui.
00:47Bienvenue dans Parlons Femmes.
00:48Merci beaucoup, merci.
00:51Sud Radio, Parlons Femmes, Judith Belair.
00:54Alors, Parlons Vrai, c'est Parlons Femmes sur Sud Radio, du coup il y a les questions
00:57qui vont avec, elles ont un tout petit peu évolué, Catherine, vous allez peut-être
01:00être surprise, et c'est parti.
01:02Alors, Catherine, une femme contemporaine qui vous inspire vraiment, alors évidemment
01:06il y a Marie Dagou, mais il y en a bien d'autres, on imagine.
01:09Par contemporaine, vous voulez dire qui vit maintenant, qui est toujours vivante ?
01:12Oui.
01:13Je vais vous dire quelque chose d'extraordinaire, parce que je l'admire dans la façon dont elle
01:18gère sa vieillesse, justement, c'est Brigitte Bardot.
01:20Je trouve qu'elle est formidable, elle a jamais essayé de rester pimpante, liftée et tout
01:26et tout, et elle s'assume complètement comme elle est, et elle reste comme elle
01:29est, avec ses amours pour les animaux, et c'est quelqu'un que j'admire beaucoup.
01:35Donc la beauté, finalement, c'est aussi de s'accepter comme on est.
01:37La beauté, elle est intérieure.
01:38Voilà.
01:39Et on peut, je vois tellement d'habitants aux Etats-Unis, de femmes liftées, reliftées,
01:44reliftées, et qui se croient très très belles, elles le sont, mais pour moi elles
01:49ne le sont pas.
01:50Elles sont trop intemporelles, c'est-à-dire que le fait de pouvoir marquer le temps sur
01:53quelqu'un...
01:53C'est pas des vraies femmes.
01:55Alors, un moment de votre parcours, Catherine, où vous vous êtes dit, là je prends ma
01:59place, qu'on le veuille ou non, s'il existe, ce moment.
02:02Prends ma place dans la vie ?
02:04Oui, dans votre vie ou dans votre travail, est-ce qu'il y a eu un moment particulier ?
02:06J'ai pris le place dans mon travail très jeune, car j'ai commencé à écrire, j'avais
02:097 ans.
02:10Ah oui ?
02:10Oui, 7 ans, mais enfin des histoires de lapins qui renvoient des lapines.
02:14Oui, mais c'est génial.
02:15Ok, on adore.
02:17Lapinou.
02:18Des histoires de lapinou.
02:19Parce que j'étais d'une famille nombreuse, et c'était pour moi une façon de m'exprimer,
02:23d'exister en tant que tel, en tant qu'individu.
02:26Vous aviez combien de frères et sœurs ?
02:27On était 6.
02:28Ah oui, c'est beaucoup.
02:28J'avais 3 frères et 2 sœurs.
02:30Et si vous voulez, comme j'étais dans les derniers, j'existais vraiment, c'était
02:33mon monde à moi.
02:34Je me créais mon monde.
02:35Et depuis, j'ai toujours vu qu'écrire, vous ouvrez votre propre monde.
02:41On se crée son propre monde.
02:43Et on était complètement libres.
02:45C'est cette liberté totale, quand on est face à l'écriture, qui, moi, m'est
02:50devenue indispensable.
02:51Et qui fait que vous faites de très jolis livres.
02:54Quel compliment adressé aux femmes vous exaspère le plus, Catherine-Hermarie Vieille ?
02:59Quel compliment fait aux femmes ?
03:02Oh, tu es superbe, tu es géniale, tu es...
03:07Tout ce qui est superlatif.
03:08Parce que rien n'est jamais superlatif dans la vie.
03:11Donc, toutes les paroles superlatives, pour moi, sont d'abord forcées et surtout non sincères.
03:18Et surtout, peut-être, si c'était un homme, ça ne serait pas le même compliment qu'on lui ferait.
03:22Non, on ne dirait jamais un homme, t'es génial, t'es d'une beauté rare.
03:27Ça serait drôle, n'empêche.
03:29On pourrait faire des jeux de rôle.
03:31Et qu'est-ce qu'une femme, être une femme, est-ce que ça a ajouté et non pas retiré
03:38à votre force de caractère ?
03:40Ça a ajouté une indépendance d'individualité.
03:44C'est-à-dire, je suis une femme, j'assume complètement d'être une femme.
03:51Et ça a ajouté que ça m'est égal ce qu'on pense de moi, parce que je sais qui je suis.
03:57Ça m'est égal ce qu'on dit de moi.
04:00Ça a ajouté une certaine confiance en vous, en fait.
04:02De devoir l'assumer plus fort.
04:03Et surtout, de m'assumer complètement en tant que femme.
04:05C'est ça.
04:06Et de ne pas regretter de l'être.
04:07Et de ne pas se dire, les femmes, les pauvres femmes, quand même, elles n'ont pas de chance.
04:11Non, jamais je ne me suis dit ça.
04:13C'est vrai que cette tentation victimaire, ce n'est pas le bon chemin, a priori.
04:18Si on dit, a priori, oui, je suis une femme, donc toutes les tuiles du monde vont me tomber
04:21sur la tête, alors Alain, c'est sûr qu'elles vous tomberont sur la tête.
04:25On provoque ce qui nous arrive un peu, c'est ça que vous nous dites.
04:27Oui, il y a une attitude, par votre attitude.
04:30Si vous avez une attitude positive et sûre de vous, vous serez beaucoup plus, j'allais dire,
04:35libre, respecté, que si vous êtes la pauvre petite femme qui est là, parce qu'on veut bien
04:39qu'elle soit là.
04:41Alors, si vous pouviez offrir un super pouvoir comme ça à toutes les femmes du monde,
04:45ce serait quoi ?
04:47La liberté.
04:49D'être totalement libre de ce fiche de ce qu'on pense de vous, de ce fiche, je ne peux
04:57pas dire ce qu'on vous aime ou pas, parce que ce n'est pas vrai, on est quand même
05:00très sensibles à l'amour, pas vous portez, mais le super pouvoir donné aux femmes, ce
05:06serait, vous êtes un jour dans la rue, mal habillé, pas vaquillé, les cheveux
05:12en hérisson, vous vous en fichez, parce que le regard des autres ne vous importe pas.
05:18Donc finalement, un super pouvoir, ça serait peut-être de changer le regard des autres.
05:22De changer le regard des autres, oui.
05:23Ou en tout cas, de n'en tenir aucun compte, de se dire, bon, ils me trouvent vire que
05:27sud, ils me trouvent moche, tant pis pour eux, je m'en fous.
05:30C'est vrai que c'est un vrai pouvoir, on a du mal à le faire ça.
05:33Je me mets dedans.
05:34Oui, on a du mal à le faire.
05:35C'est instinctif, presque.
05:37Parce qu'on nous a conditionnés, depuis notre enfance, à être plutôt mignonnes,
05:41pimpantes, bien coiffées.
05:43Et c'est vrai que le fait de s'en ficher, c'est une victoire.
05:46C'est vrai.
05:47Si on arrêtait de parler de femmes et d'hommes, de quoi on parlerait ?
05:53Si on ne parlait plus de femmes et d'hommes, on parlerait peut-être des animaux, du monde,
06:01de l'état du monde, de l'état actuel de notre monde.
06:05De spiritualité.
06:08Parce que je ne suis pas une grenouille de bénitier, mais la spiritualité m'intéresse beaucoup.
06:13D'accord.
06:15Vous avez écrit Un rêve d'amour, Catherine-Marie Vieille.
06:17C'est sorti aux éditions Intervalle.
06:19C'est un très joli livre qui retrace la lésion.
06:22C'est un joli lapsus, la lésion.
06:24Oui, oui, absolument, vous avez raison.
06:25C'était une lésion aussi.
06:28La liaison dite scandaleuse à l'époque entre Marie Dagou, qui était une aristocrate en rupture avec les codes de son temps,
06:34et le virtuose Franz Litz dans les années 1830.
06:37Alors, c'est de Paris à l'Italie.
06:39C'est une passion qui se heurte au jugement terrible de la société à l'époque.
06:43Elle, elle est totalement libre et engagée.
06:45Elle voit son salon devenir le lieu d'idées, de débat républicain.
06:48Tout le monde y passe.
06:49C'est incroyable.
06:49C'est une femme très à la mode.
06:51C'est une femme qui a un salon.
06:52Elle a un hôtel particulier, qui est mal à la quai.
06:55Tout ce qui est la crème de l'aristocratie, cipresse.
06:58Elle est la reine de ce salon.
07:00Et surtout, elle est d'une liberté totale.
07:02Total.
07:02Oui, son mari la laisse complètement tranquille.
07:04Elle a deux filles.
07:05Elle en perdra une.
07:06Mais enfin, elle a une vie de rêve, on peut dire.
07:09Et alors lui, Litz, j'arrive jamais à le dire correctement, il poursuit sa gloire musicale.
07:14Et alors, ils ont une histoire d'amour tous les deux.
07:16Et puis, il y a des enfants qui naissent.
07:18C'est une histoire d'amour extraordinaire, parce que ça a été vraiment le coup de foudre.
07:21Il est venu jouer, parce que les aristocrates faisaient venir dans leur salon jouer des artistes.
07:26Et ils entraient par la porte de service.
07:29Et on les payait dans une enveloppe avec quelques billets.
07:31C'était impensable.
07:32Des gens comme Litz, ils étaient traités vraiment comme des domestiques, alors que le mot domestique n'existe plus.
07:38Mais si vous voulez, Marie Dagou et lui ont eu un coup de foudre extraordinaire.
07:43Comment ça s'est passé ?
07:44Un regard.
07:45Dites-le.
07:46Un regard.
07:46Il avait quand même 22 ans.
07:48Il avait 7 ans de moins qu'elle.
07:50Elle était une dame très impressionnante.
07:52Elle était quand même la reine de son salon.
07:54Elle était élégante.
07:55Tout le monde la connaissait.
07:57Elle était quelqu'un qui comptait dans Paris.
08:00Et puis lui, il était effectivement un jeune artiste.
08:05Il faut le savoir, les jeunes artistes à l'époque ne fonctionnaient que grâce aux mécènes.
08:08Oui, exactement.
08:09Ils fonctionnaient grâce aux mécènes, parce que des gens comme Marie Dagou les payaient.
08:13Et puis, il rêvait évidemment d'une carrière de star, on dirait maintenant internationale.
08:20C'est-à-dire qu'il rêvait beaucoup plus haut que de jouer dans les salons parisiens.
08:25Il voulait composer de la musique.
08:27Et puis, il voulait jouer dans l'Europe entière.
08:29Et donc, tout à coup, il rencontre Marie Dagou.
08:34Et cette passion qu'elle lui voue et qu'il lui voue, va tout stopper pour lui.
08:38Parce que si elle quitte tout pour lui, lui, il doit en principe tout quitter pour elle.
08:43Comme quoi, il y a des destins équivalents.
08:47Et alors, de cette une, il y a ces deux enfants, dont une qui est Cosima, qui est la future épouse de Wagner, quand même.
08:53Trois enfants.
08:53Trois ?
08:54Oui, elle avait deux enfants avec son premier mari, qu'elle a quitté.
08:57Apparemment, la première est morte.
09:00La seconde, elle l'a revue 16 ans plus tard.
09:02Ah oui, parce qu'à l'époque, quand on quittait son mari, on quittait son enfant.
09:04Ah, on quittait tout.
09:05Et sa fille, elle l'a revue 16 ans plus tard.
09:07Ça s'est apparemment pas très mal passé, parce que pas très bien passé.
09:10Mais le mari avait été charmant, il n'avait jamais accablé sa femme, il n'avait jamais dit des horreurs sur la mère de cette petite.
09:18Et il a trois enfants, ils ont trois enfants, dont la dernière, Cosima.
09:22L'aîné va épouser un homme politique, qui à l'époque était un homme politique important, qui a été ministre de Napoléon III.
09:28Mais elle va mordre en couche, en mettant en montre son premier enfant.
09:31Daniel, qui était aussi un virtuose, et qui faisait ses études à Vienne, est morte de la tuberculose à 20 ans.
09:37On va dire donc, c'est l'hécatombe, là.
09:38Et la dernière, Cosima, a épousé Wagner.
09:41Qui elle a survécu.
09:42Et elle a créé avec lui le festival de Beyrouth.
09:44Magnifique.
09:45Alors, ce qui est intéressant aussi, c'est que cette Marie d'Agou, elle est souvent très éclipsée dans les biographies de Lys.
09:51On en parle assez peu.
09:52Donc l'idée, c'était aussi de nous donner à la connaître.
09:55L'idée, c'était surtout de donner à cette âme qui avait tout donné.
09:58Elle avait tout donné.
10:00Elle avait peut-être eu tort de tout donner.
10:02Mais elle avait vraiment tout abandonné pour lui.
10:04Et ces 4 ans, 5 ans de passion totale et folle qu'ils ont partagés, mérités d'être racontés.
10:12Parce que c'est quand même pas un petit amour à la sauvette.
10:15Vous voyez, quelqu'un qu'on rencontre de temps en temps, d'entre-deux par avant.
10:18C'est vraiment quelqu'un...
10:20C'est la passion.
10:21Vraiment la passion.
10:22Et cette femme d'idée, d'engagement, qui est en avance sur son temps, qui reçoit, qui est une femme de pouvoir,
10:27elle a été éclipsée dans l'histoire, comme beaucoup d'ailleurs de ces femmes qui ont fait qu'aujourd'hui, on a des grands hommes.
10:32On peut le dire comme ça.
10:33Oui, parce qu'en principe, on pourrait dire qu'elle a fait aussi Lys.
10:35C'est ça.
10:36Elle l'a fait.
10:37Elle l'a eu tout jeune.
10:38Il avait 22 ans.
10:39Et elle lui a donné confiance en lui.
10:41Et elle l'a toujours encouragée.
10:43Et quand il partait jouer en Europe, elle n'était pas ravie parce qu'elle était seule.
10:47Mais elle le laissait.
10:48Elle le laissait partir en n'étant jamais sûre qu'il rentrerait.
10:51Mais elle croyait en lui.
10:52Qu'est-ce qui vous a donné envie, Catherine Hermann et Vieille, d'écrire sur cette femme ?
10:56Elle vous correspond quelque part un petit peu ?
10:58Oui, quelque part.
11:00C'est-à-dire des femmes qui ont le cran d'aller jusqu'au bout de leurs rêves.
11:05C'est-à-dire qu'elles ne se contentent pas d'avoir une petite liaison ou des rêves, des rêveries.
11:12Non.
11:12Elles tapent sur la table, elles disent je m'en vais et elles s'en vont.
11:15Il faut savoir qu'à ces époques-là, que ce soit au 19e siècle ou au début du 20e,
11:19c'était on s'en va, on quitte tout.
11:21On le redit.
11:22C'était vraiment un acte de courage et de renonciation, de sacrifice en fait.
11:26On quitte ses amis, ses relations, tout.
11:28Parce que c'est une époque où si vous partiez en laissant mari, enfant, tout pour un autre homme,
11:34on vous tournait immédiatement le dos.
11:35Vous n'existiez plus.
11:36Vous étiez complètement marginalisée.
11:38Vous étiez un scandale ambulant.
11:41Elle savait que vis-à-vis de son ancienne société, elle n'était plus rien.
11:46Sur Sud Radio, on parle femme parce qu'on parle vrai.
11:50Vous restez avec nous, on revient dans un instant.
11:51On est avec Catherine Her-Marie Vieille qui est romancère et biographe
11:54et qui nous a écrit un très joli livre, Un rêve d'amour.
11:57C'est aux éditions Intervalle.
11:58Restez avec nous.
11:59La Caisse d'Épargne-Île-de-France, fière de soutenir toutes les femmes,
12:03vous présente Sud Radio, parlons femme, Judith Belair.
12:08Quand on parle femme ici, c'est sans filtre et sans détour.
12:11Sur Sud Radio, on parle vrai, toujours, parlons vrai, parlons femme
12:15avec la romancière et biographe Catherine Her-Marie Vieille
12:18et son livre Un rêve d'amour, c'est sorti aux éditions Intervalle.
12:22Alors c'est une oeuvre romancée Catherine que vous nous avez offerte.
12:27Il y a certains épisodes qui sont dramatisés pour les faits narratifs
12:29et du coup on sent quand même la vibration de la passion.
12:33On est quand même vachement plus dans cette vibration,
12:35c'est ça que vous avez envie de nous raconter aussi,
12:36que dans l'analyse exhaustive en fait des faits.
12:39Oui, en racontant exactement ce qui s'était passé.
12:42Et chacun a son point de vue, chacun exprime ses souffrances,
12:46chacun exprime aussi son égoïsme.
12:48Parce que je dois dire que de temps en temps,
12:49France est extrêmement égoïste.
12:51Comme le sont les artistes.
12:52Comme le sont souvent les artistes.
12:54Égocentrique quoi.
12:54Et c'est vrai.
12:55Et donc en les faisant parler chacun leur tour,
12:58je voyais à la fois leur union totale, leur osmose,
13:01mais aussi le fait que malheureusement c'était voué à l'échec.
13:04C'est ça.
13:06Et alors ce qui est intéressant,
13:07c'est que c'est un roman qui se distingue par sa capacité
13:11à incarner ces personnages-là.
13:13Et vous rendez accessibles aussi des enjeux historiques importants
13:17à travers une trame amoureuse.
13:18C'est assez original comme construction.
13:19Oui, ils vivent complètement dans une époque très intéressante,
13:22le XIXe siècle.
13:24Et notamment au point de vue artistique,
13:26Paris au XIXe siècle,
13:28c'était une effervescence extraordinaire.
13:30Aussi bien au niveau musique, peinture, littérature.
13:33Il n'y avait pas les écrans quoi.
13:35Il y avait quand même Georges Sand qui est au milieu de toute cette histoire.
13:37C'est ça, on va en parler.
13:38Parce qu'elle est amie de Francis et de Marie Dago.
13:41Et puis elle a son histoire d'amour avec Chopin.
13:43Oui.
13:43Et imaginez que Franz Litz et Chopin
13:46ont joué ensemble à quatre mains.
13:48Incroyable.
13:49On n'imagine pas ça.
13:51On a du mal à imaginer ça.
13:52C'est très très dingue.
13:53Et alors ce qui est intéressant justement sur ce XIXe siècle,
13:56c'est que comme vous le dites,
13:57c'est un foisonnement artistique,
13:58c'est une effervescence politique,
13:59les salons littéraires.
14:01Ils n'arrêtent pas.
14:02C'est vraiment incroyable les fusions et la création.
14:06Et pourtant, c'est une société corsetée,
14:08on va y revenir quand même,
14:09où une femme libre, elle est jugée durement.
14:11Donc c'est aussi un livre sur la condition féminine
14:13et la liberté dans une société,
14:15on ne peut plus patriarcale à l'époque quand même.
14:17Oui, vous savez,
14:18les femmes n'étaient pas très libres à cette époque.
14:20Elles étaient bon.
14:21Marie Dago a justement commis l'irréparable.
14:23Elle a cassé quelques portes aussi pour nous.
14:25En partant,
14:25elle savait qu'elle commettait l'irréparable.
14:27D'autres femmes ont su mieux manager,
14:29enfin manager, voilà,
14:30ça c'est mon anglais qui revient
14:32parce que je veux une partie.
14:33Vous avez le droit de faire de l'ambicisme,
14:34allez-y.
14:36Pardon, je sais que c'est très mal
14:37de mélanger le fait de dire du franglais,
14:39mais quelqu'un qui a bien organisé sa vie,
14:43c'est Georges Sand.
14:44Oui, elle a divorcé.
14:46Elle était stratège.
14:47Marie Dago n'a jamais voulu divorcer.
14:50Parce que si elle avait divorcé,
14:52elle était là, totalement libre.
14:54Elle a finalement accepté
14:56un petit peu
14:58les nuages,
15:00le brouillard.
15:01Parce que c'est sûr,
15:02je suis sûre,
15:03son mari aurait accepté le divorce.
15:05Mais elle savait sûrement
15:06que Franz ne l'aurait pas épousé.
15:08Ah, ça, ça joue.
15:09C'est important.
15:10Il avait beaucoup d'aventures féminines.
15:13Il était très beau.
15:14Alors, justement,
15:18on va faire un petit miroir
15:19de leur histoire
15:20avec celle de Georges Sand et Chopin.
15:23Alors, pour rappel,
15:24pour les auditrices et auditeurs,
15:25Georges Sand se déguisait en homme.
15:27Elle s'habillait en homme.
15:28Elle se sentait plus à l'aise.
15:30C'était une femme
15:31qui était comme elle était.
15:32C'est pour ça qu'elle s'est appelée Georges.
15:33Qu'elle s'est fait appeler Georges.
15:34C'est pour pouvoir écrire des livres tranquillement
15:35sans que personne ne l'ennuie.
15:37Exactement.
15:37Je vous disais tout à l'heure,
15:38moi, si je suis mal habillée,
15:40mal coiffée, je m'en fous.
15:41Eh bien, elle, c'était un peu le cas.
15:42Elle était comme elle était.
15:44Elle était bien en homme
15:45parce que ça lui donnait une liberté
15:46au lieu d'avoir tous ses robes,
15:48ses falbalas.
15:49Vous savez, la mode à la fin du 19e siècle.
15:51C'était fatiguant.
15:51Ça devait être long de s'habiller.
15:52C'est un petit peu court ce temps.
15:53Bon.
15:54Et puis, elle était très libre.
15:56Elle avait des amants.
15:57Quand elle ne les aimait plus,
15:58elle les envoyait pète.
15:59Et puis, elle recevait surtout...
16:02Elle avait Nohant
16:03ou tout ce qui compte dans la littérature
16:06et même la musique,
16:07c'est retrouver à Nohant.
16:09Et Marie Dago a vécu
16:10quatre mois à Nohant
16:11pendant que Franz courait l'Europe.
16:13Elles étaient très copines,
16:14toutes les deux.
16:15Elles avaient été...
16:16Deux figures féminines
16:17qui montrent aussi
16:17que l'amour et la création
16:18sont indissociables souvent,
16:20en fait,
16:21dans ces parcours-là.
16:22Oui, c'est vrai.
16:23L'amour et la création
16:24sont indissociables.
16:25Je pense que quelqu'un
16:26qui vit...
16:27Une petite dame
16:28ou un vieux monsieur
16:29qui vivrait tout sec,
16:30tout seul,
16:31tout mélancolique
16:34et tout égoïste
16:35dans son petit studio
16:36aurait du mal
16:37à écrire
16:37des grandes histoires d'amour.
16:38Parce qu'il faut...
16:40Il faut avoir mal un peu,
16:42c'est ça aussi, non ?
16:43C'est important.
16:43Il faut avoir aussi été
16:44un peu amoureux.
16:45Voilà.
16:45Mais quand on a été
16:46un peu amoureux,
16:46en général,
16:47on a eu mal à un moment donné.
16:48On a toujours eu mal.
16:49Et c'est plus facile,
16:50on peut le dire,
16:51comme vous qui êtes écrivaine,
16:52d'écrire quand on est
16:53un peu torturé, non ?
16:54Oui, quand on a vécu
16:55notamment une histoire d'amour
16:56qui s'est pas fatalement
16:57très bien finie
16:58et surtout,
16:59assez brutalement,
17:01on est un peu...
17:01Oui, on est plus que torturé,
17:03on est blessé,
17:03profondément blessé,
17:04mais c'est important
17:06d'en parler.
17:07Oui, c'est ça.
17:08En fait, l'écriture,
17:09c'est salvateur, quoi.
17:11Objectivement.
17:11C'est un peu bateau,
17:12ce que je vous dis,
17:12mais c'est vrai.
17:13Oui, c'est très salvateur.
17:15Alors, du coup,
17:15il y a Georges Sande et Chopin,
17:16on le dit,
17:17qui vivent cette lésion contemporaine
17:18de Lys et Marie.
17:21Mais par contre,
17:22comme Sande,
17:23c'est une femme
17:23qui se libère
17:24des carcans sociaux aussi,
17:25comme on vient de le dire,
17:26mais qui, contrairement à Marie,
17:27elle a une aura
17:28d'écrivain reconnu.
17:29Donc ça aussi,
17:30ça légitime peut-être
17:31sa liberté.
17:31C'est-à-dire qu'elle est
17:32beaucoup plus respectée,
17:33finalement,
17:33parce qu'elle fait acte
17:34de création, quoi.
17:35Bien sûr.
17:36Dans un monde d'hommes.
17:37Ça change tout.
17:38C'est qu'elle existe
17:38complètement en tant
17:39qu'individu,
17:40en tant que femme.
17:40Elle crée, elle écrit,
17:42elle a du succès.
17:43Alors que Marie,
17:44bon, elle écrira
17:45deux petits romans,
17:47dont un très méchant,
17:48sur Litz,
17:49après leur rupture,
17:50mais qui n'ont pas
17:53beaucoup de valeur.
17:55Mais même la chère
17:55Georges Sande,
17:56que j'aime beaucoup,
17:57j'écris un livre sur elle.
17:58Mais ce qu'elle a écrit
18:00est très démodé,
18:01maintenant.
18:02C'est vrai qu'elle a du talent,
18:04mais c'est inscrit
18:06dans son siècle, quoi.
18:06C'était dans son siècle,
18:07voilà.
18:08Et alors,
18:09ce qui est intéressant aussi,
18:10on va y revenir
18:10quelques instants,
18:11parce que ça,
18:11ça me passionne,
18:12c'est le rôle
18:12de ces salons,
18:14de ces rencontres
18:15de la vie intellectuelle
18:16du XIXe siècle.
18:17Il y avait,
18:18genre, je sens
18:19qu'on vient de le dire,
18:19il y avait Balzac,
18:20il y avait Lamartine,
18:21il y avait Blanqui,
18:22Sainte-Beuve.
18:23C'était incroyable, quoi.
18:24Quand on allait se balader,
18:25on est tombé que sur des...
18:26Ah, il y avait Musset.
18:26Voilà, c'est ça.
18:31Balzac, mais c'était des salons,
18:33c'était...
18:34C'est difficile pour nous,
18:35parce que les gens,
18:36évidemment,
18:36ne travaillaient pas.
18:38Mais une fois par semaine,
18:39chaque grande dame
18:40de la société recevait.
18:42Et donc,
18:42elle ouvrait ses salons,
18:43et chacun...
18:44Donc, il y avait tous les jours
18:44quelque chose, en fait,
18:45c'est ça.
18:46Et ces grands artistes
18:47se rencontraient,
18:48se parlaient,
18:49se voyaient.
18:50Il y avait donc une vie sociale,
18:51artistique,
18:52très intense,
18:53dans les salons
18:54de ces femmes du monde.
18:54Parce qu'ils avaient le temps.
18:56Parce qu'ils avaient le temps.
18:57Et qu'est-ce que ça nous raconte
18:58sur la société d'aujourd'hui ?
19:00Si vous deviez faire
19:01un comparatif, justement,
19:02parce qu'on dit souvent
19:03qu'aujourd'hui,
19:03les gens ne se cultivent plus,
19:05ou ils n'ont plus
19:05le goût du livre,
19:07ou du mot,
19:07ou de la lettre.
19:09Qu'est-ce que ça nous raconte,
19:10finalement ?
19:10Comment ça se fait
19:11qu'on part de là
19:12et qu'on arrive aujourd'hui,
19:13effectivement,
19:14à ce constat ?
19:14Oui, les gens, effectivement,
19:15lisent beaucoup moins,
19:18s'intéressent moins
19:19à la peinture,
19:21s'intéressent moins
19:22à la musique,
19:26enfin, à part la musique
19:27que les hommes adorent,
19:29que moi, je connais très mal.
19:30Mais c'est vrai
19:32que cette époque
19:33est une époque
19:34de grands échanges artistiques
19:38entre les différents.
19:39Ils voulaient même prouver
19:40qu'écrivains,
19:42musiciens,
19:44peintres
19:47étaient de la même famille,
19:49que finalement,
19:50ils parlaient le même langage,
19:51mais c'est qu'ils s'exprimaient
19:52différemment.
19:53il y avait donc ce besoin
19:55d'unir le beau,
19:59un grand souci du beau,
20:01un grand souci,
20:03mais ils vivaient,
20:05on ne peut pas comparer,
20:06parce que c'était des gens
20:07qui n'avaient pas de métier,
20:08donc ils étaient très disponibles,
20:09très libres,
20:10ils pouvaient parler des heures
20:12d'un sujet
20:12qui les passionnait,
20:14et maintenant,
20:15personne n'aurait des heures
20:16pour parler d'un sujet
20:17aussi passionnant soit-il.
20:18Les gens visent
20:19beaucoup plus repliés
20:20sur eux-mêmes maintenant,
20:22beaucoup plus,
20:23parce que même
20:23quand ils échangent,
20:24qu'ils se voient,
20:26c'est souvent pour échanger
20:27des banalités,
20:29tandis qu'à cette époque,
20:30ils échangeaient vraiment
20:31des idées très intéressantes,
20:34parce que,
20:35je ne dis pas partout,
20:36je parle d'un milieu
20:36très spécial,
20:37un milieu parisien,
20:39c'était sûrement...
20:40Un milieu noble aussi,
20:41on peut le dire.
20:42noble, riche,
20:44bourgeois,
20:44très bourgeois.
20:45qui avaient les moyens
20:45de recevoir,
20:47justement,
20:47d'ouvrir leur salon,
20:48à des gens
20:49de grande qualité
20:50qui, eux-mêmes,
20:51étant assez inactifs,
20:53avaient le temps
20:54d'aller chez ces grandes dames
20:56et de s'abreuver,
20:57de parler,
20:58de se rencontrer.
20:59C'était un nid,
21:00c'était une fourmilière
21:02de talent.
21:03Si vous aviez un mot
21:03pour définir Marie Dagout,
21:06ce serait quoi ?
21:07Une rêveuse.
21:09Une femme qui a rêvé sa vie.
21:11Parce qu'en fait,
21:11elle aurait dû,
21:12dès le début,
21:13dès le premier instant,
21:14qu'elle soit la maîtresse de l'île,
21:15c'était très bien,
21:16elle a commencé comme ça.
21:17Mais rêver que cet homme
21:19de sept ans de moins qu'elle,
21:20qui était un futur maestro,
21:22allait tout quitter pour elle,
21:25elle s'est surestimée.
21:27Elle s'est vue comme quelqu'un d'unique
21:29qui allait faire le sacrifice
21:33de sa carrière
21:34à un musicien d'extrême talent
21:36et que ça se passerait bien.
21:38Ça n'a pas marché, évidemment.
21:39Non, elle a rêvé.
21:41Elle n'était pas réalisée.
21:42Elle n'a pas vu
21:43que ce qu'elle demandait à Lys
21:45ne correspondait pas
21:46à ce qu'ils pouvaient lui offrir.
21:47C'était impossible, c'est ça.
21:49Si vous deviez vous définir,
21:50vous, maintenant, Catherine ?
21:51Moi ?
21:51Oui, un mot.
21:53Moi, je suis une femme un peu exilée
21:54puisque je vis entre deux continents.
21:56Je vis entre les Etats-Unis
21:57et la France.
21:59Et je suis donc assez partagée.
22:02Ce qui me définit,
22:03c'est mon besoin
22:04de liberté par l'écriture, d'abord.
22:08Et puis, la famille.
22:09Parce que, vous savez,
22:10les grands amours,
22:11quand on vieillit,
22:12c'est moins fréquent.
22:14Ça peut arriver.
22:15On a moins d'occasion.
22:16Ça peut arriver.
22:17Les Frenchlist ne sont pas
22:18à tous les coins.
22:19C'est dommage.
22:20C'est dommage.
22:21Je pense que ce n'est pas
22:22une histoire d'âge, ça,
22:23si je peux me permettre
22:23de témoigner.
22:25Non, c'est vrai.
22:26C'est vrai.
22:26Mais en vieillissant,
22:29on met le cap
22:30sur ce qui est essentiel.
22:31Et tout ce qui est
22:32un peu futile,
22:33qu'on avait adoré,
22:35justement,
22:36la mode,
22:38ce qu'on dit de vous,
22:40n'a plus d'importance.
22:42Eh bien, merci beaucoup,
22:44Catherine Hermarie Vieille,
22:45d'être venue partager
22:46avec nous aujourd'hui,
22:47avec le cœur,
22:47d'être une femme de cœur.
22:48Bien sûr, toujours.
22:50Je recommande très, très
22:51fortement aux auditrices
22:53et aux éditeurs
22:54ce très joli livre.
22:55Ça s'appelle
22:55Un rêve d'amour
22:56de Catherine Hermarie Vieille.
22:57C'est sorti aux éditions
22:58Intervalle.
22:59Merci beaucoup d'être venue
23:00partager avec nous aujourd'hui.
23:00Merci à vous.
23:00Merci beaucoup.
23:02Chers auditrices,
23:02chers auditeurs,
23:03c'est un bonheur
23:04de vous retrouver
23:04pour cette nouvelle saison
23:05La Troie,
23:06de Parlons Femmes.
23:07Rendez-vous samedi prochain
23:09à 13h30,
23:10mais aussi tout à l'heure
23:10à 19h pour la saison
23:127 de C'est Excellent.
23:13Merci à la charmante
23:14Daisy qui réalise
23:15pour vous aujourd'hui.
23:15Bisous, bisous, bisous.
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