- il y a 3 mois
Thierry Letellier n’est pas le vrai nom du personnage principal de ces aventures qui, pourtant, sont rigoureusement exactes. Thierry aura rencontré le président du Gabon, Omar Bongo, reçu des informations d’un ministre congolais, et sera parti à la recherche du plus grand mercenaire français connu : Bob Denard. Il prendra des risques en traversant un Zaïre en ébullition, et un Congo sous couvre-feu. Il emmènera le lecteur au Paraguay d’Alfredo Stroessner, où il réussira à rencontrer le seul survivant de l’attentat du Petit Clamart de qui il recevra des confidences explosives. Il terminera ses aventures hors du commun en Île-de-France où, élu de la République, il aura à connaître l’ancien secrétaire général du Front national Jean-Pierre Stirbois. Thierry Letellier se sera trouvé, malgré lui, entraîné dans des missions d’espionnage qu’il n’aura jamais sollicité et dont il n’aura tiré aucun avantage personnel, si ce n’est celui d’avoir côtoyé l’Histoire dans ce qu’elle a de plus violent, parfois de plus sordide mais aussi de plus fascinant. Gilbert Cottinet, ancien ingénieur d'affaires, présente son récit : "Espion, malgré lui - La Françafrique... L'Attentat du Petit-Clamart... Le Front National".
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NewsTranscription
00:00Générique
00:00Bonjour à tous, bienvenue dans notre Zoom, aujourd'hui avec Gilbert Cotinet.
00:10Bonjour Monsieur.
00:11Bonjour.
00:12Gilbert Cotinet, vous êtes ancien ingénieur d'affaires
00:15et vous racontez dans l'ouvrage dont on va parler dans un instant
00:20les aventures d'un ami à vous qui s'appelle Thierry Letellier.
00:25Thierry Letellier étant un pseudonyme
00:27et cette histoire s'appelle « Espions malgré lui, la France-Afrique,
00:32l'attentat du petit clamar, le front national ».
00:35Oulala, je viens de dire un gros mot, on va évoquer tout ça avec vous, Gilbert Cotinet.
00:41Alors, les aventures de cet ami Thierry Letellier, c'est un pseudo, je le répète,
00:50donc emmène le lecteur, tout d'abord dès le début du livre,
00:54au centre de l'Afrique, le récit commence dans les années 70.
00:59Thierry Letellier est employé pour une société de télécom
01:04qui le charge d'aller au Gabon pour travailler à l'organisation d'un sommet
01:09de l'organisation de l'unité africaine
01:13et on va le charger de remettre une valise au président Omar Bongo,
01:18le président du Gabon.
01:19– Rien que ça.
01:20– Tout ce qui est raconté dans votre ouvrage, je le précise à nos téléspectateurs, est vrai.
01:25– Tout est exact.
01:25– Alors est-ce que vous pouvez revenir sur cette histoire avec Omar Bongo, la valise ?
01:30– Oui, c'est effectivement la première chose qui est la plus extraordinaire
01:33dans cette hippopée, qui est réelle.
01:35Je tiens à dire et à préciser après vous que tout est vrai dans ce livre.
01:38les situations, les dates, les noms des personnes sont exacts,
01:42tout est exact de la première ligne à la dernière ligne.
01:45Rien n'a été inventé, ce n'est pas un roman.
01:47C'est une chronique d'une partie de vie qui est hors du commun,
01:52et qu'a vécu Thierry Letellier dont je raconte cette histoire.
01:57Et effectivement, il a été envoyé à Libreville
02:00parce qu'il était chargé de voir comment évoluait l'affaire
02:05pour laquelle il avait à traiter.
02:07C'était la construction de l'hôtel Sheraton à Libreville.
02:12Parce que quand on fait l'OUA, évidemment, il faut créer des infrastructures,
02:16il faut construire des hôtels, il faut construire des villas.
02:18Il y a les rois qui viennent, il y a les présidents de la République,
02:21des différentes nations qui viennent avec leur gouvernement ou une partie.
02:25Enfin bref, ça fait beaucoup de monde.
02:26Il faut loger tout ça, donc il faut créer des infrastructures
02:28un peu semblables à ce que nous avons créé en France pour les Jeux Olympiques.
02:32Mais enfin, je crois qu'il partait encore de plus loin, j'imagine.
02:35C'était en 1977.
02:37Et donc, il est allé pour voir ce Sheraton, pour voir si ça avançait bien,
02:41s'il fallait que les travaux soient terminés en gros deux mois plus tard.
02:45Et avant de partir, juste avant de partir, il est appelé,
02:48il a un rendez-vous avec quelqu'un du ministère des Affaires étrangères en France,
02:53un certain M. Peritti, qui lui dit,
02:55voilà, nous savons que vous allez dans une semaine, je crois à peu près,
02:58vous partez, vous allez à Libreville,
03:01vous allez être chargé d'une petite commission, un truc banal.
03:05Ah bon, très bien, bon.
03:07Et on dit, voilà, ne vous inquiétez pas comment,
03:10vous allez recevoir une mallette,
03:12qui ressemblera d'ailleurs étrangement à la vôtre,
03:14vous avez une Delsen, n'est-ce pas, M. L'Hotelier, vous avez cela ?
03:18– Oui, effectivement, j'ai ça, oui.
03:20– Il connaissait la marque de la mallette de L'Hotelier, c'est quand même assez étonnant,
03:28enfin bref, il dit, d'accord, oui, d'accord, puis vous vous occupez de rien,
03:31on vous emmènera, vous n'aurez juste qu'à déposer la mallette.
03:34– Alors pourquoi Thierry L'Hotelier déjà accepte cette mission un peu obscure ?
03:37– Oui, mais il était d'obscur, absolument, il était très étonné,
03:40il se demandait pourquoi, il dit, mais pourquoi, voilà,
03:42alors ce monsieur lui dit, mais écoutez, parce qu'on vous connaît,
03:46on sait quand même qui vous êtes,
03:48on sait que vous appartenez au Front National de Jean-Marie Le Pen,
03:52on sait que vous êtes un homme de parole,
03:53on sait que vous êtes un homme droit,
03:55on sait qu'on peut avoir confiance en vous,
03:57juste pour une toute petite mission comme ça,
03:59que vous n'allez pas aller déblatérer tout ce qui va vous arriver.
04:01– Alors ça, dans les années 70, appartenir au Front National,
04:05ça plaisait au ministère ?
04:06– Ah, ça plaisait, oui, oui, oui, tout à fait,
04:09enfin, dans le cadre, peut-être pas dans le cadre de la vie politique française,
04:12mais dans le cadre de missions à faire à l'étranger,
04:15et plus particulièrement dans les pays d'Afrique occidentale, oui,
04:19ça je peux vous garantir que oui.
04:20– Alors, parce que l'appartenir au Front National,
04:21ça plaît aussi, par exemple, aux administrations africaines ?
04:25– Les administrations, je ne sais pas,
04:27mais en tout cas, enfin, tout ce qui est administration politisée,
04:30si vous voulez, dès l'instant qu'il y a un ministre,
04:31qu'il y a un sous-secrétaire d'État, sûrement.
04:33Maintenant, la population, j'en s'effiche trop rien,
04:35mais c'est vrai que le fait d'appartenir au Front National,
04:39et d'ailleurs, il faut bien dire aussi
04:41que Jean-Marie Le Pen était connu de ses responsables africains.
04:47Il était connu notamment,
04:48il connaissait d'ailleurs très bien Omar Bongo,
04:51il l'avait rencontré personnellement,
04:54et oui, et donc il se connaissait.
04:56Il était arrivé d'en parler, des fois, dans quelques réunions
04:59où j'ai pu rencontrer Thierry,
05:01où il parlait effectivement de ses rencontres avec Bongo,
05:04que t'es un bon gars, etc.
05:06Et donc, il a accepté de faire ça,
05:09parce que, disons, Thierry, ça l'amusait, quoi, voilà, ça l'amusait.
05:12D'après tout, pourquoi pas, un peu stressé au début,
05:15mais enfin, puis d'ailleurs, quand on lui a dit
05:16qu'il savait tout à peu près sur lui,
05:19évidemment, il était un peu surpris,
05:21mais bon, il en a vu d'autres.
05:22Et en rentrant à son bureau,
05:25il a été voir son grand patron, M. Nadal,
05:27et puis il lui dit, donc, quand même, comment ça se fait ?
05:29Il dit, oh, écoutez, le télé ne me cassez pas la tête,
05:32vous avez juste une mallette à prendre,
05:33et puis elle a rapporté là-bas.
05:35Vous allez voir, vous connaissez l'Afrique ?
05:36Ah non, je n'ai jamais mis les pieds.
05:38Ah, ben, ça va vous plaire, vous allez voir,
05:39vous allez être contents là-bas.
05:41Mais ne vous y plaisez pas, au point d'y rester, quand même,
05:43il ne faut pas exagérer.
05:44Non, non, non, ne vous inquiétez pas.
05:46Bref, et donc, c'est comme ça que Thierry est parti
05:49prendre l'avion à Roissy,
05:50avec sa propre mallette,
05:53et avec une seconde mallette qui lui a été remise
05:56dans le carré VIP,
05:58on lui avait donné le papier pour rentrer au carré
06:00à l'aéroport de Roissy, oui.
06:02Il attendait benoîtement,
06:03et on lui avait dit qu'il pouvait prendre tous les cafés qu'il voulait.
06:06Et donc, il se retrouve avec deux valises.
06:08Et puis, tout d'un coup, il y a un gars qui vient habiller
06:10en pilote ou en quelque chose comme ça de la TWA.
06:17Il avait le badge TWA, la casquette,
06:20avec un accent américain à couper au couteau.
06:23Et qui lui a dit, voilà, vous êtes monsieur le tellier,
06:26oui, bon, puis le gars, il pose ça à côté de lui,
06:29et puis il dit, je fais un bon voyage, je s'en vais.
06:31Et voilà le tellier avec ses deux mallettes,
06:34effectivement, qui étaient jumelles,
06:35qui se ressemblaient vraiment,
06:36sauf une qui avait trois mallettes,
06:39là, vous savez, pour le code,
06:40puis l'autre qui en avait quatre.
06:42Donc, c'était le moyen…
06:43– Avec les initiales OB dessus.
06:45– C'est ça, c'est ça.
06:45– Marbongo.
06:47– Les initiales OB dessus.
06:48Voilà, il ne pouvait pas se tromper, quand même,
06:50parce qu'il ne fallait pas se tromper au dernier moment.
06:52Et donc, le voyage s'est passé tout à fait normalement.
06:54Et puis, lorsqu'il est arrivé à Libreville,
06:56il a été pris en charge tout de suite, tout de suite,
06:57tout de suite, dès la descente de l'avion.
06:59– Emmené au palais présidentiel.
07:00– Tout de suite, emmené par deux bonhommes
07:01qui l'ont mis dans une voiture officielle,
07:03qui l'ont amené toute sirène hurlante au palais présidentiel,
07:06où il a découvert tout d'un coup ce grand bâtiment
07:09qui était tout neuf,
07:09que Bongo venait de terminer,
07:11parce que pour les prochaines OURA,
07:13il voulait bien sûr avoir un beau palais, quand même.
07:16Et puis, on avait emmené Thierry par le derrière du grand bâtiment
07:21pour le faire rentrer par une petite porte, etc.
07:24Et alors, on l'emmène, on le veut un,
07:25on lui montait au premier étage,
07:27une grande moquette, enfin le truc chouette.
07:30Et on lui dit de sonner tout simplement à une porte.
07:32Bon, il sonne toute porte, ça déclenche,
07:35il rentre dans une pièce plus ou moins allumée,
07:38et il voit au loin, enfin au loin, à 4-5 mètres,
07:41il voit un grand bureau avec un petit monsieur,
07:45assis derrière, avec sa moustache, etc.
07:48Et il découvre, il se dit tout de suite que c'est Bongo,
07:51il n'est pas fou, il ne découvrait pas cette image,
07:55il savait bien la tête qu'il avait, ce bonhomme.
07:57« Asseyez-vous, on s'assoit, etc. »
08:01Et puis, juste quelques mots de bienvenue,
08:04vous avez fait bon voyage, ce n'est pas trop chaud,
08:05bon, puis c'est tout, vous savez comment ça va le chantier,
08:10je compte sur vous, patati patata, voilà.
08:12Et puis, je vous souhaite un bon séjour parmi nous,
08:14et puis voilà, M. Letellier, au revoir.
08:17– Et puis, il laisse la DLC au B,
08:19– Sans se tromper.
08:20– Il y a les au B derrière lui, quoi.
08:22– Voilà, c'est ça, sans se tromper de mal-être.
08:24– Et alors, après cette histoire,
08:25– Et puis après, il s'en va, et puis il se dit que c'est terminé, quoi.
08:27– Le Thierry Letellier, on va lui proposer une deuxième mission
08:32– C'est ça.
08:32– Qui va accepter cette mission, ça va être de se mettre à la recherche
08:36d'un des plus grands mercenaires français,
08:39– Oui, oui.
08:40– Qui n'est autre que Bob Denard.
08:42– C'est ça.
08:42– Et là, Jean-Marie Le Pen va à nouveau jouer un rôle dans cette histoire,
08:46parce que Thierry Letellier va lui dire,
08:48mais comment est-ce que je vais chercher Bob Denard en Afrique,
08:52est-ce que tu as des tuyaux à me donner ?
08:53– C'est ça, c'est ça, en gros, c'est ça.
08:55Mais parce qu'évidemment, lorsqu'il lui a dit,
08:57lorsque le correspondant de la société Trindel,
09:00dans laquelle il travaillait, qui était basée à Libreville,
09:04lui dit, écoute, mon vieux, tu as un rendez-vous demain après-midi,
09:08je crois, avec quelqu'un au ministère de l'Intérieur.
09:11Alors, tu vas y aller, mais c'est une mission qu'ils vont te donner,
09:15mais tu n'es pas obligé d'accepter, tu peux très bien dire non.
09:19Bon, alors, il avait de la curiosité, évidemment,
09:21donc il a essayé de savoir de quoi il était question,
09:23mais le correspondant qui s'appelait M. Vion ne savait pas guère plus.
09:28Et il a simplement, lui a dit, écoute, à l'issue de cet entretien,
09:31si tu ne veux pas le faire, tu ne le fais pas, et puis c'est tout, voilà.
09:33Tu n'es pas obligé, voilà, mais c'est quand même quelque chose
09:36qui pourrait rendre service à la France,
09:39entre service quand même, tu es dans un parti nationaliste,
09:43qui défend des valeurs, dans ce cadre-là,
09:46et puis quand même, c'est une aventure valorisante pour toi.
09:51Oui, évidemment, alors dire ça à un gosse de 30 ans,
09:54vous imaginez un peu que ça l'a flatté, sans doute.
09:58Donc, lorsqu'il est allé au ministère, effectivement,
10:01on lui a donné comme mission d'essayer de retrouver Bob Denard
10:04qui devait être quelque part au Congo.
10:07Alors, soit au Congo, le Congo-Brazzaville que nous connaissons,
10:10soit le Congo-Kinshasa de l'autre côté,
10:13qui s'appelait maintenant le Zahir à l'époque.
10:15Alors, Bob Denard, il faut savoir, pour ceux qui ne le savent pas,
10:18que c'était l'homme qui organisait des coups d'État en Afrique
10:24pour les intérêts de la France.
10:26Oui, pour les intérêts de la France ou de pays amis.
10:29C'est-à-dire que c'était un mercenaire.
10:31C'est un mercenaire, mais pratiquement à ses propres croûtes, si vous voulez.
10:35C'était le prigogine français de l'époque.
10:38Ah ben tiens, c'est pas mal comme comparaison, c'est un peu ça, c'est ça.
10:41Et donc, à chaque fois qu'il y avait un coup foireux qui était fait quelque part,
10:45ou un coup énorme qui était fait quelque part en Afrique de l'Ouest,
10:48il pouvait être certain que Bob Denard était derrière.
10:50Il y a eu un coup d'État foiré, d'ailleurs, dans les mêmes années,
10:53à Cotonou, au Bénin, et c'est lui qui était à l'origine,
10:59qui avait emmené ces mecs et qui devait faire un coup d'État
11:01pour renverser le président.
11:03Ça a foiré, c'est lui qui a foiré, qui a mal géré son affaire,
11:07et il s'est réfugié au Maroc un peu partout pour fuir.
11:09Mais Bob Denard, c'est ça, c'est un type qui n'a ni foi ni loi,
11:14c'est un type qui est prêt à faire passer sa mère sous l'autobus
11:16pour toucher la prime d'assurance, c'est un type qui veut faire,
11:21qui veut éclater, s'éclater et faire éclater.
11:24– C'est un matérialiste, il courait après l'argent tout le temps.
11:26– Tout à fait, tout à fait.
11:27Et d'ailleurs, il était ruiné, il passait des années à être ruiné,
11:31des années où il était au contraire beaucoup plus riche.
11:33Il achetait un bateau pour faire des trucs, des trafics,
11:38un vraisemblable d'armes entre les pays.
11:40Enfin, Bob Denard, c'est Bob Denard.
11:41– C'est une sorte de flibustier, quoi.
11:43– C'est un flibustier, c'est un type extraordinaire,
11:45bon, mais qui a vécu comme il l'a entendu.
11:48Et c'est vrai, donc, et le problème du Gabon,
11:52c'était effectivement de savoir où il était,
11:54parce qu'il y avait cette réunion de l'OIWA.
11:56L'OIWA, c'est quand même de vachement quelque chose d'important,
11:58vous vous rendez compte ?
11:58– Organisation de l'Union Afrique africaine.
12:00– Vous vous rendez compte, toute l'Afrique est là.
12:01Tous ceux qui veulent venir viennent du Maroc jusqu'à l'Afrique du Sud,
12:06en passant par la Libye, parce que oui, ils sont tous là.
12:09Et alors, lorsqu'il s'agit d'aller le chercher,
12:15il disait, oui, je veux bien aller le chercher, mais où ?
12:17Alors, il disait, écoutez, je ne sais pas,
12:19mais tout ce qu'il faut qu'on sache,
12:20c'est surtout qu'est-ce qu'il a derrière la tête.
12:23Voilà.
12:23Est-ce qu'il a derrière la tête de faire encore un coup dur sur l'OIWA,
12:27ou pas du tout, est-ce qu'il s'en moque complètement,
12:28parce qu'il y avait bien d'autres problèmes à ce moment-là.
12:31Entre autres, le voisin, le Congo, le président du Congo,
12:35venait d'être assassiné.
12:36Oui, il n'y avait pas de chance.
12:38Mais c'est vrai, tout ce que je vous raconte,
12:39ce n'est pas une sortie de mon imagination,
12:42ce sont des faits réels.
12:44Et il venait d'être assassiné.
12:45Alors, tout de suite, bol de nard.
12:46Hop, ça doit être lui.
12:48Alors qu'en vérité, ce n'était pas lui.
12:50Mais enfin, il y en avait peur.
12:51C'est normal.
12:52Où est-ce qu'il est parti ?
12:53On ne sait pas.
12:53Ah, il est parti faire une connerie au Bénin.
12:55Merde, il est revenu.
12:56Où est-ce qu'il est ?
12:56Ah, il est au Maroc, chez Hassan II.
13:01C'était Hassan II, le roi, à cette époque-là.
13:03Et on l'allait chercher.
13:04Non, il n'était plus là.
13:05Il était reparti ailleurs.
13:06Ah, le v'là au Zahir.
13:07Ah, c'est son copain Mobutu.
13:09Et Mobutu est un copain qui le protégeait,
13:11et qui lui donnait de l'argent.
13:13Enfin, c'était un petit…
13:13Alors, le Zahir, c'est l'ancien nom
13:14de la République démocratique du Congo.
13:16C'est ça, c'est ça, c'est ça.
13:18Et avant, c'était le Congo belge.
13:20Et donc, il était là.
13:21Mais il fallait-il encore savoir qu'il était là ?
13:23Et puis surtout, savoir où il était, c'est une chose.
13:25Mais surtout, savoir qu'est-ce qu'il avait derrière la tête ?
13:27Est-ce qu'il avait l'intention de faire ça ?
13:29Mais toute cette partie de l'Afrique était sous tension,
13:32était en ébullition.
13:33Il y avait une guerre, des guerres qui étaient larvées
13:37ou même parfois réelles entre l'Angola et le Zahir.
13:44C'était explosif.
13:47– Alors, il y avait un Français qui gérait un peu
13:49toutes ces histoires d'État africain.
13:51Pour le compte de l'État, c'était Jacques Faucard,
13:54l'homme de la France-Afrique.
13:56Alors, vous en parlez dans votre ouvrage.
13:57– Jacques Faucard, qui peut parler de France-Afrique
14:00sans parler de Jacques Faucard ?
14:01C'était l'homme de toutes les situations
14:03et de tous les présidents, d'ailleurs,
14:05depuis le général de Gaulle.
14:06Et à chaque fois qu'il s'est passé quelque chose,
14:08c'est lui qui organisait les élections dans les pays,
14:13surtout des pays de l'ancienne OF.
14:15– Ça, c'était très démocratique, tout ça.
14:16– Ah oui, en tant que général de Gaulle,
14:19c'est démocratie, c'était quelque chose d'assez approximatif.
14:22Donc, surtout pour ce qui concernait les opérations extérieures.
14:26Bon, donc, il fallait destituer un président
14:30parce que ça ne pésait pas.
14:31– Donc, Faucard, il était encore en activité sous Giscard.
14:33– Ah oui, enfin, oui, jusqu'à Giscard.
14:35Il a même été encore en activité sous Chirac, c'est pour vous dire.
14:38Les derniers conseils qu'il a donnés, c'était sous Chirac.
14:43Et le pauvre, il était tellement vieux, il marchait dans une petite voiture.
14:46C'était un peu pathétique.
14:48Mais Chirac lui demandait de lui avoir donné un coup de main.
14:50Pour quelles raisons ? Là, j'en sais rien du tout.
14:52Mais certainement qu'il a dû lui donner des conseils quand même.
14:54Du moins, l'imaginais-je.
14:55Voilà, donc, Faucard, c'était vraiment la cheville ouvrière
14:59de l'AOF nouvelle génération, si vous voulez.
15:03Et il organisait les élections, il organisait les partis politiques
15:06de telle manière à ce qu'il gagne les élections
15:09pour que les flux d'argent entre pétrole et pays occidentaux et États-Unis fonctionnent.
15:17Vous voyez à peu près le type de rendez-vous.
15:19Donc, il a été amené à aller au Congo.
15:23Les frontières étaient fermées entre le Congo et Pils-Aïrs.
15:28Les frontières étaient fermées, ils ne pouvaient pas.
15:29Donc, les Gabonais ne pouvaient pas y aller.
15:31Il fallait que ce soit quelqu'un d'étranger.
15:33Et donc, il a été…
15:34– Il est passé clandestinement aux Aïrs en passant un fleuve.
15:39– Oui, parce qu'on lui a donné un copain avec lui.
15:42– Un pirogue à moteur.
15:43– Un peu ça.
15:44On lui a donné un copain qui s'appelait Belge, qui s'appelait Guitens,
15:47parce qu'il travaillait également avec lui au Sheraton.
15:50Et ils ont été très étonnés de se retrouver.
15:53Enfin bref, ils se retrouvent.
15:54Et pourquoi Belge ?
15:56Parce qu'il fallait aller aux Aïrs.
15:58Et que les Aïrs, c'est l'ancien Congo belge.
16:00Et que donc, là-bas, ils devaient pouvoir trouver des informations.
16:03Ils pouvaient aller à l'ambassade.
16:04Ils pouvaient faire ce qu'ils voulaient.
16:05Ils étaient Belges.
16:06Et lui, Thierry, il ne pouvait pas, évidemment.
16:09Mais par contre, côté français, côté Congo, là, ils pouvaient.
16:12Et c'est là qu'il a rencontré un ministre du nom de Nzé qui est…
16:18Peut-être que celui-là est encore vivant.
16:19C'est bien possible.
16:21Mais enfin, donc, il est tellement vrai qu'il doit être encore de ce monde.
16:24Et qui, lui, a expliqué tout ce qu'il savait.
16:27C'était le contact du ministère de l'Intérieur gabonais.
16:31Il leur a expliqué tout ce qu'il savait sur Bob Denard
16:34en leur disant que, bon, maintenant, il fallait qu'ils passent de l'autre côté.
16:38Et que, c'était de l'autre côté, bon, c'était un peu à vos risques de péril.
16:42D'émerdez-vous comme vous pouvez, en gros.
16:45Donc, ils sont allés bêtement à l'embarquement pour voir comment ça se passait.
16:50Et puis, à l'embarquement, vous savez, ça se passe toujours très bien en Afrique.
16:53Il y a toujours des gars qui sont là et qui disent
16:55« Ah, le blanc, le patron, tu veux passer aux Aïres ? »
17:00Alors, le mec, il dit « Oh, on a des papiers, on a des passeports, etc. »
17:03Alors, l'autre dit « Oh, dis-donc, Germain, les deux blancs, ils ont des passeports. »
17:08Et ils veulent penser.
17:12Voilà, c'était comme ça que ça se passait.
17:14Alors, ils se sont retrouvés tous les deux autour d'un coca.
17:17Et puis, finalement, ils ont organisé leur passage clandestin.
17:20Parce qu'il y a 4 kilomètres à faire, quand même.
17:22Le fleuve, c'est énorme.
17:24– Alors, ne racontez pas tout, Gilbert Cotinet.
17:25– Non, on ne fait pas tout raconter, c'est vrai.
17:26– Finalement, vous n'allez jamais, finalement, retrouver ce Bob Denard.
17:31– Non, en vérité, non.
17:33Il ne l'aura jamais retrouvé, mais il aura retrouvé des gens qu'il connaissait.
17:36L'homme qui a vu, l'homme qui a vu l'ours.
17:37Et il rencontre surtout, presque à la frontière angolaise, à Goma,
17:43à Boma, pardon, et à Matidi et à Boma.
17:45Dans la dernière ville qui existe, il rencontre là un ancien parachutiste de l'OAS
17:52qui appartenait au commando Delta, et ce n'étaient pas les amuseurs ceux-là,
17:58qui était là en tant que mercenaire privé, aidant l'armée française, monsieur.
18:04– En Algérie.
18:05– Oui, et donc il avait été en Algérie faire les commandos Delta
18:09et participer à tous les coups de l'OAS.
18:13Et il était là, maintenant, en train, en poste.
18:15Et c'est lui qui a dit à Thierry, voilà, il lui a raconté plein d'histoires
18:20sur l'attentat du petit Clamart, et entre autres que certains,
18:25tous avaient été mis en prison, bien sûr, mais depuis l'amnistie de 68,
18:30ils étaient s'aimés un peu partout dans le monde,
18:32et il y en avait un, notamment, qui s'appelle Georges Vatin.
18:35– Alors que Thierry, que Thierry le Télivre a rencontré au Paraguay.
18:40– Voilà, c'est ça.
18:41– Il s'était échappé dans ce pays.
18:44– Voilà, il était réfugié là-bas.
18:45– Et Thierry le Télivre a été envoyé au Paraguay pour équiper le palais
18:48du président Alfredo Straussner, donc dictateur entre guillemets
18:52– Oui, encore un homme sympathique.
18:53– Du Paraguay à l'époque.
18:55Et donc, les services secrets français vont le charger, ce Thierry le Télivre,
19:00de placer des micros un peu partout dans le palais présidentiel.
19:03et il va rencontrer ce Georges Vatin qui avait organisé et qui avait tiré,
19:08qui était l'homme qui avait tiré sur le général de Gaulle, c'était en août 1962.
19:13– Absolument.
19:14– Donc ce Georges Vatin, qui était ce monsieur ?
19:16– Ah, Georges Vatin, c'est un personnage, un personnage tout à fait étonnant.
19:20– C'est un homme qui clodiquait parce qu'on l'appelait Vatin la boiteuse.
19:25Il avait une jambe qui marchait mal.
19:28Je crois que c'était un truc de naissance qu'il avait, je crois.
19:31Et il s'était fait la promesse quand de Gaulle a trahi tout le monde
19:36pour faire l'Algérie algérienne.
19:39Mais trahi de chez trahi, c'est comme il faut.
19:42Mais les hommes d'honneur n'ont pas apprécié.
19:45Voilà, c'est comme ça, il y en avait.
19:47Pas le général de Gaulle, mais les autres, il y en avait, des hommes d'honneur.
19:50– D'ailleurs, vous dites que Valéry Giscard d'Estaing appartenait à l'OAS.
19:56L'OAS, c'était donc cette organisation armée secrète
19:59qui militait en faveur de l'Algérie française.
20:03– C'est ça, et en tout cas qu'il refusait catégoriquement
20:05que ce département français devienne indépendant.
20:10Voilà, complètement, il refusait.
20:12Donc l'OAS, c'est quelque chose que tout le monde a connu, bien sûr, à l'époque, pas vous.
20:16Mais moi, oui, parce que j'étais enfant encore.
20:17Je m'en souviens très bien, vous savez.
20:19Et c'était une période difficile quand même.
20:23Et les personnages…
20:25– Il y avait du terrorisme à Paris, les gens se faisaient dessoudés dans la rue.
20:28– Oui, c'est ça, c'est ça.
20:29Et c'était donc le capitaine Pierre Sergent qui dirigeait l'OAS Métro, Métropole,
20:34et qui lui a réussi à s'enfuir un peu partout.
20:37Il n'a jamais été pris, c'est assez formidable.
20:40Et que j'ai connu lui aussi, d'ailleurs, moi personnellement.
20:44Par contre, Thierry, je ne sais pas, mais moi personnellement,
20:46je l'ai connu très bien, Pierre Sergent,
20:48puisqu'il était aussi membre du Front National avec Jean-Marie.
20:51Et donc, il a été emmené, effectivement, en…
20:57Mais je suis trop long, peut-être, là, je vous embête, non ?
20:59– Non, revenons à Georges Vatin, à Georges Vatin.
21:01– Oui, c'est ça, oui, c'est ça.
21:02Et donc, il a réussi, par ses propres recherches.
21:06Lui, là, c'était lui-même qui a voulu absolument rencontrer Vatin.
21:09Il s'est dit, s'il est au Paraguay, il ne doit pas être loin d'Asuncion.
21:12Et donc, à Asuncion, il s'est débrouillé pour aller voir quelqu'un au consulat,
21:16pour voir s'il y avait une trace de ce mec-là.
21:18Et comment il était arrivé ici ?
21:20Il a réussi à le rencontrer, il a réussi à le voir, il a déjeuné avec lui.
21:23Et Vatin lui a raconté tout ce qui s'était passé pour le petit clamar,
21:27et en disant, voilà, j'ai tiré sur le général de Gaulle, oui.
21:30Et aujourd'hui, et aujourd'hui, enfin, je ne vous dis pas tout,
21:32parce que là, il faut lire le livre quand même,
21:33il avait la possibilité de rester tranquillement au Paraguay,
21:36grâce à l'État français, et grâce notamment à Giscard d'Estaing.
21:40Il disait le plus grand bien de Giscard d'Estaing,
21:43en disant, quand même, Giscard, c'est un type,
21:45on peut en penser ce qu'on en veut, mais il est loyal et il est droit, ce gars-là.
21:47– Oui, parce qu'on sait que VGE disait que Vatin
21:51doivent rester au Paraguay pour se taire sur l'attentat,
21:57et puis qu'ils recevaient même une pension de l'État français
21:59pour être bien tranquille et se taire.
22:01– C'est ça, c'est ça, c'est ça, c'était…
22:03– Alors, Gilbert Cotinet, vous finissez votre ouvrage,
22:06et on en finira également là avec nos amis téléspectateurs,
22:10sur la dernière partie de votre livre,
22:12c'est donc l'avis de conseiller régional de Thierry Letellier,
22:16en Ile-de-France, où il était élu sur la liste du Front National,
22:20le 16 mars 1986, et au cœur de ce chapitre,
22:23on accuse donc Jean-Pierre Stierbois, membre du Front National,
22:27d'avoir été, d'être un agent du Mossad, les services secrets israéliens.
22:33– En gros, c'est ça.
22:33– D'ailleurs, il était secrétaire général quand même du Front,
22:37ce n'était pas juste un adhérent, Jean-Pierre.
22:39Et un bruit avait été lancé, comme quoi il ne s'appelait pas Stierbois,
22:43mais il s'appelait Stierbois, et qu'il avait mis Stierbois pour faire joli,
22:47mais qu'en vérité non, et qu'il était donc une pièce rapportée,
22:51mise comme ça au sein du Front National,
22:54bien sûr, il était furieux, ça va de soi,
22:56et il avait chargé Thierry de trouver qui était à l'origine de ça.
23:00Voilà, il fallait qu'il sache qui.
23:02Il lui avait dit, mais une fois que tu sauras qui, qu'est-ce que tu en feras ?
23:04Il dit, ça ne te regarde pas, je lui casserai les reins.
23:06Voilà, mais trouve-moi qui c'est.
23:08Lui, il ne pouvait pas y aller, évidemment,
23:10son copain Collineau ne pouvait pas y aller non plus,
23:12parce qu'ils étaient trop marqués, ce n'était pas possible.
23:14Donc il chargeait quelqu'un dont il avait confiance,
23:17qui était Thierry Le Tellier, pour lui dire, démerde-toi de trouver ça.
23:20Et il a trouvé, avec des copains de loin en loin,
23:25comme ça, il a fini par trouver que c'était quelqu'un
23:28qui habitait dans le 13e arrondissement, dans une rue un peu connue
23:32de certains extrémistes de droite, extrêmes extrémistes de droite,
23:36dirons-nous, qui, effectivement, lui avait lancé ce bruit, cette rumeur,
23:45pour essayer de détruire, de désqualifier le califiant national.
23:48Mais enfin, c'était quand même des gens qui ouvraient des bouteilles de champagne
23:51le jour de la mort d'Hitler, quand même, bon, il faut quand même…
23:55Il faut le faire, quand même, voilà.
23:58Donc ça fait peur, mais ça existait, ça existait, voilà.
24:02Et donc c'était ces gens-là qui avaient lancé ce genre de trucs.
24:04Jean-Pierre en a fait ce qu'il a voulu après, bien sûr,
24:06mais bon, Thierry Le Tellier, peut-être que c'est là qu'il a eu le plus peur
24:09de toute sa vie, parce que rentrer dans une pièce
24:11qui ne devait pas être plus grande que celle-ci,
24:14avec que des gens avec des…
24:16comme disait Coluche, des mines, pas tibulaires, mais presque,
24:20c'était chaud, ça devait être chaud.
24:23Là, je pense qu'il les a serrés, les miches, je suis sûr.
24:28Voilà, et après, qu'est-ce que vous voulez, il a vu,
24:30il a rencontré, dernière rencontre qu'il a faite,
24:32là, par ses propres initiatives, il a rencontré Georges Gorce,
24:36qui était un homme qui a été trois fois ministre du Général de Gaulle
24:39avant d'être celui de Pompidou et plus tard de Giscard,
24:43et qui lui a confirmé, confirmé que Giscard était bien quelqu'un
24:48qui appartenait, ou en tout cas sympathisait avec l'OAS,
24:52y compris en citant son numéro de matricule,
24:55qu'il avait pour correspondre avec les responsables de l'OAS,
24:58pour pouvoir correspondre au téléphone avec ses…
25:01C'est absolument extraordinaire.
25:03Vous vous rendez compte, ce gars-là, Thierry ?
25:04Voilà un type qui, pendant dix années, en dix années,
25:06il a fait des choses extraordinaires,
25:09il a découvert des choses extraordinaires,
25:10et c'est comme ça qu'il…
25:12Mais il ne voulait pas écrire, parce qu'il ne s'est pas trop faire.
25:14Mais il avait tout noté sur des papiers,
25:16sur des carnets d'enfants ou d'écoliers.
25:20Et quand il est venu me voir pour me dire
25:21« Est-ce que tu peux faire un livre ? »
25:22Je n'ai pas dit non, bien sûr.
25:23J'ai dit « D'accord, je vais tenter de le faire. »
25:26Et c'est comme ça que je me trouve devant vous
25:27pour dévoiler cette histoire qui est vraiment…
25:30Et qui n'est pas un roman, je le redis.
25:32– Tout est réel.
25:33– Tout ce que vous voulez, sauf un roman.
25:35– Tout est raconté dans cet ouvrage qui se lit évidemment comme un roman,
25:39mais c'est un récit, le récit biographique de votre ami Thierry Le Tellier,
25:44espion malgré lui, la France-Afrique, l'attentat du petit Clamart,
25:48le Front National à retrouver sur la boutique de TV Liberté.
25:51Merci à vous, monsieur.
25:52– Merci beaucoup.
25:53– Sous-titrage ST' 501
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