Passer au playerPasser au contenu principal
  • il y a 2 mois
Invités : Jean-Yves Degos, mathématicien, statisticien, président de la section Lorraine de l'Association de défense de la langue française, et Laurent Sauzé, auteur de romans, nouvelles et pièces de théâtre

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Ici Lorraine, crack pour l'émission, sur Marouk, sur Moselle TV et Vosges Télévisions.
00:06Ici, votre radio de proximité en Lorraine.
00:30Chers amis de Sur la Route, bonjour.
00:34Très heureux de vous retrouver pour ce nouveau numéro de notre magazine.
00:39Vous savez que la langue française est l'une des plus parlées dans le monde.
00:42Je crois que c'est la cinquième langue la plus parlée au monde.
00:45Certains disent qu'elle est en crise, qu'elle est en danger.
00:47Certains disent que non, elle se porte bien.
00:50Je vais en parler avec mes deux invités de cette semaine.
00:54Jean-Yves Degos, il est mathématicien, il est statisticien, il est aussi expert en orthographe.
01:00Et Laurent Sosé, qui lui, est auteur de romans, de nouvelles, de pièces de théâtre.
01:05Et ils ont en commun, entre autres, d'être des amoureux de la langue française
01:10et d'être les créateurs, très récemment, d'une section Lorraine de l'Association de défense de la langue française,
01:17qui est une ancienne association, un peu plus de 50 ans, dont le premier président a été Jean Dutour.
01:23Je retrouve dans un premier temps Jean-Yves Degos à Voipy, dans la ville où il habite.
01:28Puis nous irons rejoindre Laurent Sosé à l'Esplanade.
01:32Et on ira faire aussi un petit tour à Montigny-les-Messes.
01:35A tout de suite avec Jean-Yves Degos.
01:37Bonjour, cher Jean-Yves. Comment ça va ?
01:39Bonjour Yannis, ça va bien ?
01:39Merci, merci de nous accueillir dans votre ville de Voipy.
01:44Alors c'est là que vous habitez aujourd'hui, vous êtes d'origine bordelaise.
01:47Exactement.
01:47C'est ça. Mais quand on vient de Bordeaux, vous étiez d'abord professeur agrégé de mathématiques dans la région de Bordeaux.
01:52C'est ça.
01:53Mais quand on vient de Bordeaux, qu'on arrive en Lorraine, à Metz, en Moselle, ça fait quel effet ?
01:58Ça fait quel effet ? Il fait froid, il y a de la bonne nourriture, de l'électricité pas chère.
02:05Ah oui, alors ça, ça vous fait référence à l'UEM.
02:07Voilà, c'est ça. C'est quand même une spécificité agréable.
02:12Parce que quand vous arrivez ici, alors on en reparlera peut-être si on a le temps, vous arrivez parce que vous allez travailler pour l'INSEE.
02:18Voilà, j'ai réussi le concours de contrôleurs en 2014 et j'étais à cette époque-là à Pessac.
02:27Et disons que le concours de contrôleurs, je voyais ça un peu comme au football, la coupe de la Ligue.
02:35Oui. C'est-à-dire que c'est le moyen le plus simple en termes d'investissement supplémentaire aux mathématiques pour entrer dans la fonction publique.
02:43Ah oui, d'accord. Ok. Mais quand vous arrivez ici, donc vous vous installez dans la région Moselle, c'est quoi les premières sensations que vous avez dans cette Moselle qui vous adopte ?
02:52Alors en fait, j'avais déjà connu un peu la Lorraine par le biais d'un stage au Lauria, laboratoire de Lorraine de recherche en informatique, ses applications en 2005.
03:05Donc à Nancy, je l'ai passé six mois à Nancy et j'avais aimé la région.
03:12Donc pour ce qui est de mon affectation, de ma première affectation, j'étais pressenti sur Orléans.
03:23Ah oui, d'accord.
03:24Voilà, il y avait beaucoup de collègues qui spéculaient sur le fait que je pourrais aller à Orléans, mais en fait, j'ai préféré Metz.
03:34C'est une combinaison de facteurs, dont le fait que j'en avais entendu parler par mon grand-père, qui était colonel de gendarmerie.
03:44Et puis, par sondage auprès de mes proches, personne ne m'en a dit du mal.
03:48Donc voilà.
03:50Donc de 2015 à 2018, j'ai passé les trois premières années dans le quartier Nouvelle-Ville.
03:56Parce que j'avais anticipé que l'INSEE déménagerait Place du Roi Georges.
04:02Donc je m'étais mis d'entrée au bon endroit.
04:04Mais je n'avais pas prévu que ça prendrait quelques années de plus.
04:08Il y a des lieux, maintenant que vous connaissez bien la Moselle, la région de Metz, la région de Metz.
04:14Est-ce qu'il y a des lieux que vous aimez particulièrement, que vous avez découvert en arrivant,
04:19et que vous aimez particulièrement, et que éventuellement vous recommanderiez même aux téléspectateurs ?
04:23Des lieux que vous aimez ?
04:24Alors j'aime bien l'Arsenal.
04:26Oui, on va y aller.
04:27C'est quand même une des meilleures salles d'Europe.
04:31Enfin, en tout cas à l'époque où c'était, je crois que c'est...
04:36Très très grand architecte, Ricardo Boffil.
04:39Rostropovitch.
04:39Ah oui, d'accord.
04:40Il disait que c'était une des meilleures acoustiques d'Europe.
04:42Il l'a inaugurée.
04:43Oui.
04:44Rostropovitch, il l'a inaugurée.
04:46Voilà.
04:46D'accord.
04:47Donc je suis arrivé l'année où il y avait les cafés baroques de Anne-Catherine Boucher.
04:52Oui, d'accord.
04:53Et j'ai participé à la souscription pour la production du CD sur les variations Goldberg.
04:58Ok, d'accord.
04:59Puisque tout mathématicien est la plupart du temps mélomane aussi.
05:07Mais justement, les maths, qu'on disait un mot, en fait, moi j'ai l'impression que c'est un univers relativement méconnu.
05:15D'abord, on a une relation... Est-ce que vous le confirmez ?
05:17Et les Français ont une relation qui est complexe avec les maths.
05:20Oui.
05:20On a un peu peur des maths.
05:23D'ailleurs, quand on entend que vous êtes mathématicien, mathématicien, ça impressionne énormément.
05:29Oui, alors c'est parce qu'il y a une...
05:33Alors, Godfrey Harald disait, il y a peu de domaines plus populaires que les mathématiques.
05:40Oui.
05:40Ça veut dire que ça nous touche.
05:44Alors, ça nous touche en bien ou en mal, voilà.
05:46D'accord.
05:46Mais c'est à peu près aussi populaire que le football.
05:49Oui.
05:49Et le problème, c'est qu'on a eu dans les années... Fin des années 50, début des années 60, une réforme dite des mathématiques modernes qui a voulu faire table rase de ce qui se faisait dans le passé.
06:08D'accord.
06:10Et avec cette réforme, on voulait partir de zéro pour que tout le monde soit à égalité.
06:16Donc, ça a fait un enseignement très formel et ça a dérouté beaucoup de...
06:29Disons que cette réforme a permis de former de très bons matheux.
06:33D'accord.
06:34Mais elle a aussi un peu dégradé le rapport avec...
06:39Avec l'humour.
06:40Voilà. En fait, de manière concomitante, il y a eu deux événements.
06:48L'arrêt du latin à la messe.
06:53Oui.
06:53Et le remplacement de la sélection par le latin par la sélection par les maths.
07:01Ah, oui, d'accord.
07:02En fait, c'est une double...
07:03D'accord.
07:04C'est une double mâchoire.
07:06Ah, ok.
07:07Qui fait que...
07:09Voilà, on a eu une...
07:11Donc, vous avez été un petit peu victime de Vatican II aussi ?
07:14Hein ?
07:14De Vatican II qui supprime le latin à la messe.
07:17Ah, je ne sais pas si...
07:19On en parlera.
07:19Mais ce que je veux dire, c'est qu'avec ce double événement, les maths sont devenues moins populaires.
07:28Ok.
07:28Et le latin est devenu une affaire de savants.
07:30Oui, c'est vrai.
07:31Voilà.
07:31D'accord.
07:31Bonjour Vianney.
07:47Bonjour Laurent.
07:48Comment ça va ?
07:49Très bien.
07:49Bonjour.
07:49Bonjour Laurent.
07:50Bonjour Yves.
07:51Ça va ?
07:51Ça va bien ?
07:52Ça va bien.
07:52On est donc, vous voyez, Jean-Yves, on est près de l'Arsenal.
07:56Voilà.
07:56Qui est un des lieux que vous aimez à Metz.
07:57L'Arsenal qui a été rebaptisé Arsenal Jean-Marie Roche.
08:00Récemment.
08:03On vous l'avait dit dans Lorraine de Bordeaux que la météo était fantastique comme celle d'aujourd'hui.
08:09Alors, aujourd'hui, ça ressemble à Bordeaux.
08:12Oui.
08:13Et puis, il faut de l'eau aussi pour le vent.
08:15Oui, oui, oui.
08:15On a ça aussi en commun, le Bordelais et le Pays-Messin.
08:19Et la Moselle en général et la Lorraine.
08:21Les côtes de Moselle.
08:22Les côtes de Moselle.
08:23Tout à fait.
08:24Oui, c'est bien d'en parler.
08:26On va démarrer brutalement par une question.
08:28À tous les deux, Laurent.
08:29Oui.
08:30Aujourd'hui, il y a...
08:33Alors, je vais enfoncer un petit peu une porte ouverte.
08:35Je ferai que vous serez d'accord avec moi.
08:37Mais j'avais été très choqué par ce panneau à Versailles derrière le président de la République
08:42qui mettait « Choose France ».
08:44Oui.
08:44Et je trouvais que c'était un mauvais signal envoyé à tous ceux qui veulent défendre la langue française.
08:50Et ça, ça montre que la langue française perd du terrain.
08:55D'autres disent que non, elle se renouvelle simplement.
08:58À vous, Laurent.
08:59À vous, Jean-Yves.
09:01Est-ce qu'elle est en danger, la langue française, aujourd'hui ?
09:04Personnellement, je crois qu'elle est en danger, oui.
09:06Pas en danger mortel, mais tout de même en danger.
09:09Et l'exemple que vous venez de citer, Choose, je ne me souviens plus.
09:14Choose France.
09:15Voilà, Choose France est un signe que nos élites, si vous voulez, ne défendent pas vraiment la langue française.
09:20C'est compliqué dans les administrations de faire… Est-ce que c'est… On va parler de l'association.
09:26Est-ce que ça va être aussi le rôle de l'association, c'est de faire pression, amicalement, mais auprès d'un certain nombre d'administrations,
09:34même d'entreprises, d'utiliser le français quand c'est possible de l'utiliser ? Est-ce que ça va être aussi à des objectifs de l'association ?
09:40Alors, oui. Disons que moi, ce que j'ai observé, c'est qu'il ne suffit pas de produire des énoncés corrects
09:51et de se dire que, par émulation, les autres vont imiter.
09:59Oui, oui.
10:00En fait, je pense qu'il faut parfois taper du poing sur la table.
10:04Du poing sur la table.
10:05Et moi, j'ai créé cette association pour ça, pour qu'à titre de personne morale, on puisse rappeler les entreprises d'administration à la loi.
10:19Il y a un exemple en Lorraine. Alors, Jean-Yves n'était peut-être pas arrivé en Lorraine, mais Laurent, vous vous en souvenez ?
10:25Lorraine Airport.
10:26Ah oui, alors…
10:27Lorraine Airport est redevenue Lorraine Aéroport.
10:30Qui est une bonne chose, par contre.
10:31Qui est une bonne chose, je suis d'accord avec vous.
10:32Mais, il y a eu une pression d'une association à l'époque-là, je crois.
10:37Alors, justement, c'est un membre de l'association Défense de la langue française nationale.
10:41Ah d'accord, ok.
10:42D'accord.
10:43Donc, il y a des membres dans les quatre départements Lorraine, donc Moselle, Meuse et Vosges.
10:52Et donc, il y a des adhérents qui agissent.
10:55Mais il n'y avait pas, jusqu'à présent, de délégation Lorraine.
10:59Oui.
10:59Et donc, il m'a semblé qu'il était opportun d'en créer une.
11:03C'est bien.
11:03On va inscrire à l'écran une adresse où on peut vous contacter pour ceux que ça intéresse.
11:08Tout à fait.
11:08Je sais que ça intéresse énormément de gens.
11:11On va remonter un petit peu, Laurent ou Jean-Yves, vous parlez chacun librement comme vous voulez.
11:15La langue française, en même temps, elle est...
11:18Alors, aujourd'hui, on parlait des anglicismes, là.
11:21Elle s'est nourrie de beaucoup, beaucoup d'autres langues.
11:24Elle s'est nourrie, évidemment, du latin.
11:25Elle s'est nourrie aussi de l'anglais, on en parlait, de l'italien, de l'arabe, de...
11:29Des langues régionales, on va en parler, Laurent.
11:32Est-ce qu'aujourd'hui, ce n'est pas finalement une évolution ?
11:34On est dans un nouveau langage qui apparaît et qui renouvelle la langue française, non ?
11:40Si je peux me permettre, si vous voulez, ce n'est pas spécialement les anglicismes en eux-mêmes qui me gênent,
11:47mais c'est l'invasion des anglicismes.
11:50Et c'est vrai, comme vous dites, que la langue française a été nourrie par l'italien, par des langues régionales,
11:57par exemple à l'époque de Rabelais.
11:58Mais le problème, si vous voulez, des anglicismes, c'est qu'ils sont tout de même porteurs et représentatifs d'une certaine forme de société,
12:05qu'on pourrait appeler, si vous voulez, le libéralisme ou le néolibéralisme.
12:11Et c'est ça qui me gêne un petit peu plus, moi.
12:14Et puis on voit que les gens, les locuteurs, comme on dit, c'est vrai que c'est un terme un petit peu cuistre et barbare,
12:21mais les gens utilisent volontiers et facilement un certain nombre d'anglicismes.
12:26Et s'ils l'utilisent, c'est parce qu'ils sont dans un environnement culturel, de divertissement, etc.,
12:34qui les incite à utiliser ces termes.
12:37Et personnellement, et aussi dans le cadre de l'association avec mon ami Jean-Yves,
12:42c'est plus cet environnement culturel qui me gêne, moi, si vous voulez.
12:46Et je crois que la langue, effectivement, doit évoluer.
12:49Mais entre le fait que les gens utilisent automatiquement parce qu'ils sont baignés dans un certain environnement de divertissement et culturel,
12:58je parle par exemple de certaines émissions à la télévision, de certaines séries, voire une certaine forme de musique anglo-saxonne,
13:07là, c'est un peu plus embêtant parce que les gens sont pris, si vous voulez, dans une espèce de nasse psychologique, linguistique et culturelle.
13:14C'est ça, surtout, qui me gêne.
13:16Et puis, ça dépend. Alors, je pense que vous rejoignez là ce que disait, je crois que c'est Régis Debray qui disait ça,
13:21qui était assez virulent vis-à-vis du président Emmanuel Macron, et qui disait que c'est le représentant d'une province galoricaine.
13:28Galoricaine. C'était extrêmement violent parce que...
13:31Et il dit, les politiques cèdent. On a eu aussi des politiques qui n'ont pas cédé.
13:36On pense à... Jacques Toubon a fait une loi qui... Est-ce que cette loi, elle a été utile, la loi Toubon ?
13:42On va juste rappeler ce qu'elle est, c'est l'utilisation du français dans l'administration.
13:48Est-ce qu'elle est utile ? Est-ce qu'elle est suivie ? Est-ce qu'il y a des choses sur lesquelles il faut aller plus loin aujourd'hui ?
13:53Je crois qu'elle date de 94. Elle est utile, mais elle est souvent piétinée.
13:59Elle est piétinée, c'est vrai.
14:01Oui, c'est vrai. Tout à fait.
14:02Je refais un petit retour en arrière quand même sur ce qui a nourri la langue française.
14:07Je voudrais qu'on parle quand même des langues régionales.
14:08On a aussi... Alors, je ne sais pas si on dit langue, pas toi.
14:11On a en Lorraine le Vosgien, on a le Plate, on a beaucoup de langues.
14:16Elles ont apporté des choses à cette langue française, toutes ces langues régionales ?
14:20Elles ont apporté des choses. Bon, parlons de la Lorraine.
14:23Le fait d'utiliser, par exemple, le terme de l'oumpe ou de schlap.
14:28Ce sont des termes qui sont originaires d'un certain type de patois lorrains.
14:32Je n'ai pas vraiment étudié la question.
14:33Mais c'est entré, si vous voulez, dans notre vocabulaire quotidien.
14:36Et ça enrichit, si vous voulez, notre vocabulaire qu'on utilise tous les jours.
14:41D'accord. Schlap, c'est-à-dire ?
14:43Ah, les schlap, c'est un terme qu'on utilise à la fois en Alsace et en Moselle.
14:49Est, oui.
14:50Évidemment, qui vient de l'allemand, les schlap, si vous voulez, ce sont les mules, les savates.
14:54Ok. D'accord.
14:56Ou, par exemple, un schluck.
14:58Un schluck, c'est un coup. Boire un coup.
15:00Un schluck, c'est boire un coup.
15:01D'accord.
15:01Et je pense qu'il y a ce genre d'apport linguistique régionaux dans toutes les régions de France.
15:06Et ça permet, si vous voulez, non seulement un enrichissement, mais une variété.
15:10entre un Français qui vient, par exemple, du sud de la France, qui peut avoir des termes d'Occitan, par exemple, ou Basque.
15:18Et nous, qui sommes l'aura, ou surtout Moselland de l'Est, on peut, si vous voulez, ça apporte une certaine richesse, qui est une variété que je trouve vraiment très importante et qui apporte vraiment quelque chose.
15:32Jean-Yves, vous qui êtes mathématicien, on l'a dit tout à l'heure, mais aussi expert en orthographe, la forme de déclassement de la langue française, est-ce que ça vient de la mauvaise pratique de la langue ?
15:44Ou est-ce que ça vient aussi du fait qu'on ait abandonné les règles de l'orthographe, de la synthèse, qu'on ne les apprend plus à l'école ?
15:51Vous avez un petit peu effleuré le sujet tout à l'heure.
15:54Quel est le problème central ? D'où vient le principal danger de ce déclassement ?
16:00Je pense que c'est une combinaison de plusieurs choses.
16:02Entre le moment où moi j'étais à l'école primaire et maintenant, le nombre d'heures dédiées aux Français en tant que discipline propre a diminué.
16:17Je crois qu'en début 2000, le collectif Sauver les Lettres avait fait une étude qui montrait qu'un collégien avait perdu l'équivalent de deux ans d'enseignement de français.
16:29Et puis il y a aussi un phénomène cumulatif qui est que si on renonce à 2% des exigences chaque année,
16:43c'est-à-dire au lieu d'admettre à 100, on admet à 98, au bout de 17 ans, ce qui est le temps qu'il faut pour qu'un élève de CP devienne professeur à son tour,
16:59au bout de 17 ans, 0,98 puissance 17, on a perdu à peu près 40% des exigences.
17:08Donc en deux générations, même si on veut amorcer un mouvement dans l'autre sens,
17:18c'est ce que dit Haute de Niso dans son livre « Pourquoi nos étudiants ne savent-ils plus écrire ? »
17:24Les néo-enseignants ne sont plus au niveau des vieux dinosaures !
17:30Oui, et l'intelligence artificielle ne va pas forcément arranger les choses.
17:35Je n'ai pas trop, disons, d'idées ou d'opinions à ce sujet.
17:39On n'est beaucoup pas à avoir d'une opinion précise là-dessus, d'ailleurs.
17:42Si vous voulez, en fait, c'est une technique ou une technologie, une science, pourrait-on dire.
17:47Tout dépend, premièrement, comment on l'utilise et dans quel but.
17:53Et seconde, quelles sont les personnes qui développent l'intelligence artificielle ?
17:58Si ce sont, par exemple, des sociétés de la Silicon Valley ou des GAFAM,
18:04je crois qu'on appelle ça un anglicisme, et que leur objectif, c'est uniquement,
18:08si vous voulez, d'augmenter leur profit, voire même d'inciter les gens à acheter,
18:13pour moi, ce n'est pas forcément beau.
18:15Mais si l'intelligence artificielle est utilisée, par exemple, dans la chirurgie,
18:18dans la médecine, dans les moyens de transport, ça, c'est intéressant.
18:22Jean-Yves, vous vouliez dire quelque chose, je crois.
18:23Non, je voulais dire qu'il faut quand même rappeler que ce qui est artificiel n'est pas intelligent,
18:29et ce qui est intelligent n'est pas artificiel.
18:31C'est un terme marketing qui s'est imposé.
18:35D'ailleurs, j'ai dit marketing.
18:37J'ai dit marketing parce que...
18:39Il n'a pas trouvé l'équivalent français.
18:41Officiellement, on dit mercatique.
18:42La mercatique, oui, c'est ça.
18:44Mais bon, c'est même...
18:46Alors, en même temps, il y a des milieux professionnels
18:51qui sont encore plus englués dans ces anglicismes.
18:54Alors, celui des médias, les milieux de la communication,
18:59enfin, c'est vraiment...
18:59Et le milieu de la publicité.
19:00De la publicité, voilà.
19:01On est complètement là, asphyxiés par les anglicismes.
19:04Tout à fait.
19:06Alors, je vais prendre un exemple.
19:07Le mot littératie.
19:08Oui.
19:09Alors, je ne sais pas comment il faut écrire ça.
19:11Je ne sais pas s'il faut l'écrire T-I-E ou C-I-E à la fin.
19:15Je ne connaissais pas ce mot.
19:16Donc, par acquis de conscience, je vais voir.
19:20Je vais voir sur le site de l'Académie française
19:23et je découvre qu'en fait, ce mot n'existe pas.
19:26Ah oui.
19:26C'est-à-dire qu'en fait, c'est une traduction phonétique de literacy,
19:30le mot anglais, C-I-Y.
19:33Et en fait, il y a des équivalents français.
19:38Donc, le site de référence, si vous voulez trouver un équivalent français
19:41pour un terme anglais notamment, c'est le site France Terme de France Culture.
19:47D'accord.
19:47Donc, quand vous entendez un mot anglais, au lieu de le relayer de façon moutonnière,
19:53on va dire, vous devez vous demander comment on dit en français.
19:58Et souvent, il y a la réponse.
19:59Il y a des termes officiels.
20:00Et donc, pour literacy, il y a lettrisme, ce qui est assez logique
20:06comme contraire de illettrisme.
20:08Donc, le lettrisme, c'est le contraire de l'illettrisme.
20:10Donc, ça veut dire qu'on a des capacités en termes de lecture, d'écriture.
20:16Et puis, il y a habileté numérique.
20:20D'accord.
20:21Voilà.
20:21D'accord.
20:22Est-ce que je pourrais...
20:23Je voudrais...
20:23Oui.
20:24Est-ce que ce que disait Jean-Yves à propos des anglicismes ?
20:28On en entend tous les jours de la part d'amis, de membres de sa famille, de collègues.
20:34Ça nous fait toujours mal au cœur.
20:36Par exemple, je peux vous citer un anglicisme.
20:39Et il y a un équivalent français.
20:41C'est encore pire quand il y a un équivalent français.
20:43Oui.
20:43Je parlerais des warnings.
20:46Oui.
20:46Mais l'équivalent français, ce sont les feux de détresse.
20:48Hum-hum.
20:49Il existe.
20:50Et autant l'utiliser.
20:51Par exemple, aussi, un challenge.
20:53Oui.
20:54Alors qu'il existe le terme défi.
20:56Il suffit, si vous voulez, de chercher et d'utiliser l'équivalent français quand il existe.
21:02Si vous voulez, c'est un petit peu une affaire de volonté.
21:04On est hélas obligés de couper.
21:06On va terminer la conversation avec Laurent.
21:09On va remercier Jean-Yves, parce que je crois que vous devez nous quitter.
21:12C'est ça.
21:12Exactement.
21:13Vous remerciez.
21:14On souhaite longue vie à votre association.
21:16Merci.
21:17De défense de la langue française.
21:19Tout à fait.
21:19On y est très attachés.
21:20Même si on aime aussi les autres langues.
21:22On aime les entendre.
21:23Ce sont des belles musiques, mais on est très attachés à la langue française.
21:26Bravo pour ce que vous faites.
21:27Et on va vous suivre, en tout cas.
21:29Nous, on poursuit.
21:30On va au jardin botanique.
21:31Au jardin botanique, tout à fait.
21:32Bon, Laurent, nous voilà dans le très beau jardin botanique.
21:51Vous avez choisi ce lieu, d'abord parce que vous habitez Montigny.
21:54Tout à fait.
21:56Mais vous êtes originaire.
21:57Dites-nous un mot quand même.
21:58Vous êtes originaire de Moselle Est.
22:00Oui.
22:00Avec...
22:02J'ai vécu au moins 20 ans à Fort-Bac.
22:04Un Fort-Bac.
22:05Très bien.
22:05Un Fort-Bac, oui.
22:06Mais dans la famille, vous avez un passé, un père qui était...
22:09Mon père était ingénieur des mines au lien de Bassin-Lorraine.
22:12Ah, oui.
22:13Mon grand-père paternel travaillait à la mine de Folquemont.
22:17Ah, oui.
22:17Et j'ai un oncle qui était chef porion.
22:20Ah, oui.
22:21Mais par contre, je ne sais plus très bien où.
22:23Mais chef porion, c'est-à-dire pour expliquer exactement...
22:25Un chef porion, c'était des termes particuliers.
22:28Ça voulait dire contre-maître, mais contre-maître supérieur.
22:31D'accord.
22:31Il y avait porion, chef porion.
22:33D'accord.
22:33Je ne me souviens plus des autres.
22:35Les mines, ça fait partie de l'histoire de la Moselle et de la Lorraine.
22:39Elles ont fermé, elles ont...
22:43Est-ce que ça reste une histoire forte dans le cœur des Mosellans ?
22:46Est-ce qu'ils en parlent ?
22:48Est-ce qu'il n'y a pas si minier qui est fort ?
22:50On n'en parle pas vraiment à Metz, mais les gens qui ont vécu ou qui ont de la famille,
22:56qui ont travaillé, comme on disait à l'époque, à la mine, oui, je crois que c'est resté ancré.
23:00Laurent, je l'ai dit en introduction de l'émission, vous êtes auteur de livres, de nouvelles, de romans, de pièces de théâtre également.
23:10Le dernier ouvrage, Céline Messine, on va en parler, on va en dire un mot.
23:15Quand vous écrivez, parce qu'on parlait de la langue française, est-ce que c'est aussi d'abord, je ne sais pas, pourquoi vous écrivez ?
23:21Vaste question, vous me direz.
23:23Est-ce que c'est le plaisir de manier cette langue française, on oublie de le dire quand même, qui est d'abord ravissante, qui est extrêmement belle ?
23:30Ben écoutez, personnellement, quand j'écris, oui, c'est déjà pour raconter des histoires, et pour utiliser une langue et montrer la beauté de la langue.
23:39Mais je ne le fais pas uniquement pour ça, il faut que le vocabulaire, le style qu'on utilise, corresponde à l'époque et à l'œuvre que je suis en train d'écrire.
23:51Et quand vous dites, je raconte des histoires, par exemple, alors parlons des Messines tout de suite, le dernier livre, les Messines, c'est quoi ?
23:58C'est des histoires de gens de messe que vous mettez en valeur, c'est ça ?
24:04C'est ça, ce sont des nouvelles historiques qui se passent à messe, avec des personnages, soit qui ont existé, soit des personnages que j'ai inventés, à diverses périodes de l'histoire.
24:14Oui, publié aux éditions des Parèges, de notre ami Sébastien Wagner, on va laisser passer le petit chien qui passe, voilà, qui se promène, les Parèges.
24:27Est-ce que c'est vrai, ce que je me suis laissé dire, qu'il y aurait bientôt les Nancyyennes ?
24:32Je suis en train d'achever les dernières Nancyyennes, oui, et j'en ai déjà parlé à Sébastien, et il est très intéressé.
24:40Oui, j'imagine. Et les Spinaliennes, les Verdunois, ça viendra ou pas ?
24:43Ah, peut-être, pour l'instant, je n'y ai pas pensé.
24:46Les Vosgiennes, ça viendra.
24:49Remarquez, dans les Nancyyennes, il y a une histoire qui se passe à Commercy.
24:53Ah oui, bien, très bien, donc on est dans la Meuse, on est dans la Lorraine.
24:57Quand vous écrivez, alors là, ce sont des ouvrages écrits, mais quand vous écrivez des pièces de théâtre, vous avez écrit plusieurs,
25:06est-ce que là, on est dans une forme d'écriture différente ? Parce qu'on est déjà dans l'oralité.
25:10Est-ce que, par exemple, on est moins à cheval sur le respect de la langue française ?
25:16Personnellement, j'essaie toujours d'être à cheval, comme vous dites, sur la langue française,
25:21mais c'est différent d'écrire une pièce de théâtre parce que ce sont des comédiens qui vont la dire, qui vont la parler.
25:29Donc, on essaie d'écrire un peu plus, comme vous dites, pour l'oralité.
25:32Mais on tient compte aussi de la mise en scène, du déplacement des personnages
25:37et du fait que ça se passe dans un lieu clos qui est une scène
25:41et que, par exemple, le jeu des acteurs, plus l'histoire, plus la manière dont ils le disent, la mise en scène,
25:49fait qu'on peut donner l'impression au public qu'on se trouve à tel ou tel endroit.
25:53C'est la magie du théâtre.
25:55Oui, bien sûr.
25:56Sans décors ou des décors très limités, des meubles, par exemple.
26:00D'accord. Ça, c'est un souhait, d'avoir des décors très sobres.
26:03Ce n'est pas un souhait, c'est que, déjà, comme ce sont des troupes amateurs qui ont interprété mes pièces,
26:11ils ont peu de décors, si vous voulez.
26:13Et puis, justement, le fait qu'il y ait peu de décors, ça permet à l'imagination du public de travailler et d'imaginer le décor.
26:20Très bien. Très bien.
26:22Un dernier mot, parce que l'émission touche à sa fin.
26:25On est à Montigny, là où vous habitez, on a parlé de la Moselle, on a parlé de la Lorraine.
26:29Est-ce qu'il y a des lieux, dans cette Moselle, dans votre Moselle natale, est-ce qu'il y a des lieux que vous aimez,
26:36j'allais dire particulièrement et tendrement, et dont vous auriez envie de parler pour terminer cette émission ?
26:41Si vous voulez, les lieux de mon enfance où vivaient mes grands-parents, Folquemont ou Beach.
26:46Ma grand-mère maternelle a vécu ses dernières années à Beach.
26:51Et en plus de ça, j'ai fait mon service militaire à Beach.
26:54Ah oui, d'accord.
26:55Et il y a une belle citadelle de Vauban, donc c'est un lieu auquel je suis très attaché, Beach, et Metz, bien évidemment, et Montigny.
27:03Et Montigny, très bien.
27:04Et si vous me permettez, je signerai qu'à Folquemont, il y a un très beau conservatoire de l'automobile,
27:11qui est dans l'ancienne, qui a Créange précisément, et que je recommande.
27:16Ah, mais je ne le connaissais pas.
27:18Qui est vraiment superbe, qui est vraiment superbe.
27:20On a tourné d'ailleurs une émission sur ma route, avec l'ancien chauffeur de François Mitterrand,
27:26qui est originaire de Metz.
27:27Voilà pourquoi on est allé à Folquemont.
27:29En tout cas, un grand merci, cher Laurent.
27:32C'est moi qui vous remercie.
27:34Vive la langue française, vive la France.
27:36Ben oui, voilà.
27:37N'ayons pas peur, des mots.
27:39Oui, c'est vrai.
27:40À bientôt.
27:41À bientôt.
27:41Ici Lorraine, Crac pour l'émission, sur ma route, sur Moselle TV et Vosges Télévisions.
28:00Ici, votre radio de proximité en Lorraine.
28:03Sous-titrage Société Radio-Canada
Écris le tout premier commentaire
Ajoute ton commentaire

Recommandations