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  • il y a 3 semaines
« L’homme qui lisait des livres »

👉 Lui, c’est Rachid Benzine.
Il est politologue, enseignant-chercheur, islamologue et écrivain.
✍ Pour cette rentrée littéraire, il publie un roman fracassant « l’homme qui lisait des livres » édité chez Julliard.
📚 L’histoire d’un homme lumineux, Nabil Al Jaber, qui sous les bombes à Gaza, résiste dans sa bibliothèque au milieu des livres.
🇵🇸 L’histoire de cet homme, c’est l’histoire de la Palestine, et l’idée pour l’auteur que c’est en passant par la fiction que l’on pourra lutter contre la déshumanisation du peuple Palestinien.
👏 Ce livre est également un formidable « pass culture » pour découvrir ou redécouvrir les classiques de la littérature.

Catégorie

📚
Éducation
Transcription
00:00C'est d'abord à la fois la question de la déshumanisation des Palestiniens.
00:03Ce roman est un acte politique parce qu'il pose des questions qui sont fondamentales,
00:07à savoir, est-ce que toutes les vies se valent ?
00:10Aujourd'hui, nous sommes saturés d'un certain nombre de discours.
00:13Soit vous avez le récit ou les récits palestiniens qui sont invisibilisés,
00:17qui ne trouvent pas, je dirais, écho dans nos grands médias.
00:21Soit vous avez une saturation en termes d'images sur les réseaux sociaux.
00:25Et le problème de l'image, c'est que la première fois, ça traduit une émotion,
00:30une deuxième fois, mais au bout de mille fois, il y a un phénomène, je dirais, d'anesthésie.
00:35Comme si finalement, les plus de 60 000 victimes auxquelles nous assistons aujourd'hui
00:40ne comptaient pas parce que ça devient simplement un chiffre, ça devient abstrait.
00:44Et à force d'avoir ces chiffres-là tous les jours, ça ne crée plus globalement de l'effet.
00:48Donc il y a un phénomène, je dirais, de déshumanisation des Palestiniens
00:53et qu'en passant par la fiction, en passant par cette rhétorique des cibles au service du centre,
00:57en passant par cette humanisation de cet homme,
01:00ça m'a permis de raconter l'histoire de la Palestine depuis 1948 jusqu'à maintenant
01:05à travers quelqu'un qui tente de résister par l'acte de lecture,
01:09par la place de la littérature,
01:11parce qu'il s'agit de sortir de cette immédiateté dans laquelle nous assistons.
01:16Je suis enseignant-chercheur et je constate tous les jours
01:20que nos analyses, quelles qu'elles soient même les plus poussées,
01:23n'ont aucun effet sur le réel.
01:25Vous avez beau apporter des statistiques,
01:27vous avez beau apporter une perspective historique,
01:31l'être humain n'est pas simplement un être rationnel,
01:34c'est aussi un être sensible, c'est aussi un être émotionnel.
01:37Et vous le voyez bien, quand vous avez des gens du rassemblement national
01:40ou des fondamentalismes religieux,
01:42vous avez beau apporter toutes les preuves scientifiques,
01:45vous ne faites absolument pas du tout bouger la situation.
01:47Et face à ces récits dominants, il faut essayer de trouver une fissure.
01:51Et la seule fissure, globalement, que j'ai trouvée,
01:54c'est en passant par le roman, c'est en passant par la littérature,
01:56c'est en passant par la fiction.
01:58Parce que ça vous permet, à un moment, d'entrer en empathie avec une personne.
02:03Et je crois que, dans l'histoire,
02:06on a toujours réussi à mieux comprendre la condition humaine
02:09en passant par la fiction, la littérature et l'art.
02:12Lire, c'est un acte de souveraineté
02:15qui permet que chacun puisse garder cet espace
02:18qui serait inviolable, qui n'est pas du tout colonisable,
02:21qui est votre espace intérieur.
02:23Mais la littérature, c'est aussi ce qui garde la mémoire d'un peuple.
02:27Ça ouvre en vous et dans votre imagination
02:29la possibilité de l'action.
02:31Et comme le disait le philosophe Paul Ricoeur,
02:33on passe du texte à l'action,
02:35en passant par l'imagination.
02:37Et lisez, lisez, lisez.
02:38Sous-titrage Société Radio-Canada
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