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  • il y a 3 mois
Lenny T., 12 ans, est mort ce vendredi 29 août à Saze dans le Gard après avoir été écrasé par un bloc de béton alors qu'il attendait des amis à l'entrée du stade de football municipal. Une enquête pour "homicide involontaire" a été ouverte par le parquet de Nîmes. La famille, au travers de son avocat, compte déposer plainte contre le maire et la mairie pour "homicide involontaire" et "mise en danger délibérée de la vie d’autrui".

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Transcription
00:00Un drame maintenant qui s'est déroulé vendredi dans le Gard, dans la commune de Saz.
00:05C'est un enfant de 12 ans qui a été écrasé par un bloc de béton.
00:08Ce bloc s'est détaché d'un pilier près du stade municipal.
00:12Ce garçon s'appelait Lénie et ses parents portent plainte contre la mairie.
00:16Et son père est avec nous en direct ce matin.
00:19Merci infiniment, monsieur, de nous répondre, malgré évidemment l'immense peine qui est la vôtre.
00:25Un moment particulièrement difficile pour vous. Vous êtes là avec votre avocat également qu'on va entendre.
00:31D'abord, peut-être dites-nous comment vous allez et quels jours après ce drame épouvantable.
00:37On va très mal. On se réveille. On pense à notre fils. On n'arrive plus. On n'y arrive plus.
00:45On n'arrive plus. On n'arrive pas. Il pourra y croire. Voilà où on en est aujourd'hui.
00:52C'est terrible de vous entendre, évidemment.
00:53Il a laissé sa petite soeur toute seule.
00:55Merci infiniment de nous parler.
01:00On n'a pas fait la rentrée de notre fils.
01:04Quel est l'état d'esprit de votre épouse ?
01:07Puisque, encore une fois, merci infiniment de nous parler.
01:09Mais pour votre épouse, en revanche, elle est dans un tel état que c'est vraiment trop dur pour elle.
01:15Elle n'arrive plus à parler. Elle ne fait plus rien. Elle ne vit plus.
01:19Je n'arrive même pas à la contenir.
01:20On est toute notre famille chez nous. On n'arrive pas.
01:24On ne peut qu'imaginer, monsieur, évidemment, la peine qui est la vôtre.
01:31Peut-être, Boris Kamalov, expliquez-nous, rappelez-nous les circonstances du drame.
01:35Et puis ensuite, on vous entendra.
01:36Et on entendra donc votre avocat qui va nous expliquer comment cette affaire va maintenant être judiciarisée.
01:42Le drame, il s'est noué vendredi dernier aux alentours de 18h30.
01:47Léni, âgé de 12 ans, se trouve donc au stade de Saz, dans la commune où il réside.
01:51C'est une petite commune d'un peu plus de 2000 habitants dans ce département du Gard.
01:56Il a donc été écrasé par un bloc de béton alors qu'il attendait ses amis.
02:01Léni, il s'est assis sur une chaîne tendue entre deux piliers en béton.
02:05Et selon les tout premiers éléments de l'enquête, le jeune adolescent se balançait sur cette chaîne.
02:10Et l'un des deux piliers en béton se serait alors desserré du sol avant de lui tomber dessus.
02:16Il y a eu une enquête qui a été ouverte par le parquet de Nîmes, enquête pour homicide involontaire.
02:21Il confiait à la brigade de recherche de gendarmerie de bagnole sur 16.
02:23Et l'an du matin, justement, Maître Amouroun, qui est donc l'avocat des parents de Léni,
02:28a décidé de déposer plainte contre la mairie pour homicide involontaire
02:33et mise en danger délibérée de la vie d'autrui.
02:37Peut-être que Maître Amouroun va pouvoir nous expliquer ce qu'il dénonce
02:41et pourquoi est-ce qu'il vise la mairie aujourd'hui.
02:42Oui, parce qu'il est avec nous, effectivement, Maître Amouroun,
02:45aux côtés du père de Léni, Rémi Torjman, dont on voit, évidemment, l'immense peine
02:50et qu'on va, évidemment, laisser un petit peu reprendre ses esprits
02:53parce qu'on imagine que c'est très, très compliqué pour lui de s'exprimer.
02:56On imagine, évidemment, son épuisement aussi.
02:59Il n'y a pas dû avoir beaucoup de sommeil depuis quatre jours.
03:01Maître, expliquez-nous pourquoi vous en voulez à la mairie présidente dans cette affaire.
03:07Tout simplement, cher monsieur, sachez que ce n'est pas une colère personnelle
03:15ou une procédure qui vise une personne en particulier, celle de monsieur le maire.
03:19C'est tout simplement la loi, le code pénal, le code de procédure pénale
03:22qui prévoit depuis très longtemps que les maires, les édiles sont responsables
03:26des infrastructures, des matériaux, de tout ce qui permet de faire fonctionner la commune,
03:32la vie en société dans la commune.
03:34Et le moins que l'on puisse dire, le minimum que l'on puisse dire,
03:37c'est que lorsqu'un poteau tombe avec un poids d'un enfant sur une chaîne de 40 kilos,
03:45le minimum, c'est que techniquement, il y a une difficulté.
03:47Et il doit rendre des comptes de par le mandat qu'il a choisi lui-même.
03:51Il connaît ses responsabilités.
03:52Et lorsqu'il s'est présenté en tant que maire, il est maire depuis de nombreuses années,
03:56il sait, il savent, les maires, qu'ils doivent répondre des dangers
04:01et de la mise en danger de la vie d'autrui, surtout dès lors que c'est aux abords d'un stade
04:07et qu'un enfant de 12 ans est décédé tragiquement
04:10en utilisant ou pas, peu importe la question, un stade de foot pour jouer au foot avec ses amis.
04:17Monsieur Tordjuman, on a entendu ce que dit votre avocat.
04:19Il n'y a pas de haine personnelle ici.
04:20Ce dont vous avez besoin, ce sont surtout des réponses aux questions que vous vous posez.
04:26Je n'ai pas de haine.
04:28Je n'ai pas de haine.
04:29J'ai la haine d'avoir perdu mon fils.
04:31Moi, ce que je reproche aujourd'hui, c'est qu'on n'a eu aucun soutien du maire,
04:35aucun mot, on n'a rien eu du tout.
04:38On n'a rien eu du tout.
04:39On nous laisse comme ça.
04:40Voilà, aujourd'hui, on a tout le village qui est venu se recueillir chez nous.
04:44Tout le village est venu nous poser des mots dans la boîte aux lettres.
04:46Poser un mot, il n'a pas besoin de venir nous voir.
04:48Il nous aurait posé un mot ou une couronne de fleurs à l'honneur de mon fils.
04:51Voilà, ça nous aurait soulagé.
04:53Voilà, tout simplement.
04:54Ça ne fera pas revenir mon fils.
04:56Mais voilà, et j'ai tiens à préciser que mon fils ne se balançait pas sur la chaîne
04:58comme c'est dit tous les jours.
04:59Il était assis sur cette chaîne, comme tous les jeunes du village.
05:02On ne peut pas se balancer sur une chaîne à paraître un acrobat.
05:05Voilà.
05:07Alors, je précise qu'il y a eu un communiqué de la mairie qui a parlé de grande tristesse.
05:11Je parle sous votre contrôle, Boris.
05:12Mais on entend que vous attendiez sans doute des choses un petit peu plus poussées,
05:16un petit peu plus avancées.
05:17Vous les connaissez bien, vous, ces lieux, parce que vous habitez là-bas depuis 25 ans.
05:21Et est-ce que ce pilier, tout le monde savait qu'il était bang-ballant comme ça
05:24et qu'il était dangereux ?
05:25Oui, tout le monde savait, bien sûr.
05:32Ça fait des années que le portail est cassé.
05:36Ça fait des années.
05:37Je l'ai quasiment tout le temps vu comme ça.
05:39Ça fait 25 ans que j'habite sur Saz.
05:41Je suis arrivé à 15 ans et si j'ai bientôt 40 ans, mon fils a appris à marcher sur ce stade.
05:46Il est allé tous les jours sur ce stade.
05:47Tous les jeunes du village y vont tous les jours.
05:49Ils font les kermesses de l'école sur ce stade.
05:51Ils font passer les permis vélo de l'école sur ce stade.
05:53Tout se passe sur ce stade.
05:55Et ce stade a toujours été ouvert comme ça, ou avec un portail cassé, ou des barreaux cassés.
05:59Il est toujours présent d'ailleurs.
06:01Rien n'a été sécurisé.
06:02Le deuxième poteau n'est même pas sécurisé.
06:04Il peut encore aujourd'hui tomber sur quelqu'un.
06:07C'est ça, M. Amouroun, que vous dénoncez.
06:10Ce manque d'entretien des installations de la municipalité.
06:13Allez-y.
06:13Oui, si vous permettez, non seulement on le dénonce, mais quelques jours après le drame, il est absolument, de mon humble expérience, je n'ai jamais vu ça, un mot rapidement.
06:27La mairie est à peut-être 200 ou 300 mètres du domicile des parents de Léni.
06:32Ils n'ont reçu aucune visite officielle, comme vient de vous le dire, mon client.
06:35Bon, passons.
06:36Mais si vous allez devant les lieux du drame, c'est les parents et la famille qui ont sécurisé la zone en mettant eux-mêmes, de leur propre initiative, des barrières.
06:46C'est du jamais vu, j'ai jamais vu ça.
06:48Ok, on est dans une petite commune, ok, c'est rural, c'est une petite commune où tout le monde se connaît.
06:53Mais c'est la famille qui a dû aller poser des barrières de sécurité.
06:56Il n'y a aucun, jusqu'à hier, je n'ai pas vérifié ce matin, aucun affichage, aucune plaque commémorative.
07:03Bon, ça, ça viendra peut-être après, ou qui vient rappeler l'événement dramatique qu'il y a eu ces quelques jours.
07:08Et je rappelle que la maman et le papa, pardon de le rappeler, mais c'est important pour l'opinion qui nous regarde, l'opinion publique,
07:15ils ont vu le corps de leur enfant agonisé au sol.
07:19Il n'y a pas, pendant plusieurs heures, il n'y a pas eu de périmètre de sécurité et il n'y en a toujours pas à ce jour.
07:24C'est du jamais vu.
07:27Expliquez-nous d'ailleurs, monsieur Tordjman, vous êtes aussi en colère contre les secours, semble-t-il,
07:31parce que, visiblement, votre fils aurait peut-être, on ne le saura jamais, mais en tout cas, en cas d'intervention plus rapide,
07:38les choses auraient pu être différentes.
07:40Comment ça s'est passé, l'arrivée des secours ? Est-ce que, de votre point de vue, ils ont trop tardé ?
07:45Effectivement. Aujourd'hui, je ne cherche pas à avoir un coupable à tout prix.
07:49Ce qui s'est passé, c'est qu'à 10 minutes de chez nous, on a une caserne de pompiers.
07:52Les pompiers sont arrivés sans infirmiers.
07:54Ils sont arrivés sans infirmiers.
07:56Pour moi, ils sont venus au bout de 30 minutes.
07:58Après, je ne sais pas, peut-être que le temps m'a paru long,
08:00mais en tout cas, pour moi, ils sont venus au bout de 30 minutes.
08:02Il n'y avait pas d'infirmiers dans ce camion.
08:03Ils ont dû faire appel à une autre brigade qui est à Bocquer,
08:06qui est à Bocquer, qui a une demi-heure de chez nous.
08:09Et là, une infirmière est venue et elle m'a dit qu'elle avait pratiqué,
08:12qu'elle avait essayé de tout faire, mais que c'était déjà trop tard.
08:14Voilà. On est dans un village où, si demain, il nous arrive quelque chose,
08:17il n'y a pas d'infirmiers qui arrivent dans le camion de sapeurs-pompiers.
08:20Surtout que, sachant les faits, comme on les a décrits,
08:22j'aurais aimé même avoir le SAMU directement.
08:26Alors, c'est vrai, Maître Amourne, que ça paraît insensé d'entendre des choses comme ça.
08:30Est-ce que vous avez l'intention de porter une autre plainte contre les secours ?
08:37Alors, concernant la question des secours,
08:39moi, je vais demander des relevés qui sont disponibles
08:42et qui seront sûrement prélevés par les enquêteurs,
08:44à savoir quand est-ce qu'ils ont été appelés, quand est-ce qu'ils sont venus.
08:47Je prends des précautions, je garde une certaine réserve là-dessus,
08:50mais j'entends effectivement des informations qui remontent à moi,
08:54sur lesquelles on m'informe que les pompiers seraient intervenus très tardivement,
08:57alors qu'on est dans le carrefour.
08:59Saz, c'est le carrefour.
09:00C'est vraiment entre Avignon, c'est à 10 minutes d'Avignon,
09:035 minutes des Angles.
09:05C'est très proche de communes importantes.
09:08Donc, je garde une certaine réserve, je ne porte pas d'accusation,
09:10mais nous allons vérifier ça tout simplement en détail,
09:13et tout le monde pourra le comprendre.
09:14– Vous nous avez parlé, M. Torjman, de l'absence à vos côtés de la mairie.
09:18Qu'est-ce que vous attendez pour les heures qui viennent ?
09:19Est-ce que vous demandez au maire, oui, de venir vous voir maintenant,
09:22parce qu'il vaut mieux tard que jamais ?
09:24– Franchement, je vais vous dire la vérité.
09:30Je ne veux plus qu'il vienne s'il veut,
09:32mais à la base, il venait de lui-même.
09:34On ne va pas forcer le maire, je ne vais pas forcer le maire de Saz
09:37à venir me faire des condoléances.
09:39J'ai toute ma famille, on est très bien entourés,
09:41on est super bien entourés.
09:43Je ne vais pas forcer le maire de ma commune
09:45à venir présenter les condoléances à ses habitants.
09:48Voilà, tout simplement, je ne sais pas quoi vous dire de mieux.
09:50– Peut-être un mot sur la solidarité aussi,
09:54parce qu'il y a cette absence dont vous nous parlez de la part de la mairie,
09:56mais il y a aussi toute la commune qui est venue, vous l'avez dit,
09:58il y a aussi une cagnotte qui a été lancée pour vous aider.
10:02Est-ce que ça aide malgré tout, tout ça aide à tenir le coup ?
10:06Bien sûr que ça nous aide, de sentir que tout le monde ressent nos douleurs,
10:11bien sûr que ça nous aide.
10:12Tout le village est venu, les personnes qui travaillent à la poste,
10:16les personnes des commerces, des voisins qu'on ne connaît même pas,
10:19tout le monde est venu, on est plus qu'entourés.
10:22On a toute notre famille qui est venue de toute la France nous rejoindre.
10:25Voilà, et c'est ça.
10:26Et aujourd'hui, c'est ce qui nous fait tenir un petit peu,
10:28quelques heures dans la journée, mais après, voilà, on revient à notre réalité.
10:31Merci infiniment, Rémi Tordjman, pour nous avoir parlé,
10:36malgré évidemment cette peine immense qui est la vôtre
10:38et qu'on comprend tout à fait.
10:39Et puis, voilà, on vous souhaite beaucoup de courage, évidemment,
10:41pour les heures qui viennent.
10:43Et merci à votre avocat d'avoir été à vos côtés.
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