Antisémitisme : «Il faut regarder la réalité et non pas les chiffres» estime Franck Tapiro

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00:00Europe 1, Eliott Deval et vous, midi et demi sur Europe 1, vous écoutez Eliott Deval et vous jusqu'à 13h,

00:06accompagné en studio de l'ancien magistrat Georges Fenech et le journaliste Eric Rével.

00:10Et dans cette demi-heure, vous recevez Eliott, Franck Tapirot, conseiller en communication et fondateur de la diaspora Défense Force.

00:16Merci à vous, bien sûr, et merci à Franck Tapirot d'être en direct. Bonjour Franck !

00:21Bonjour Eliott ! Bonjour à tous !

00:23Bon, avec vous Franck Tapirot, on va parler de ce fléau qui explose depuis le 7 octobre 2023.

00:33C'est l'antisémitisme en France. Les chiffres sont en hausse.

00:37On a une population française et une communauté juive qui a changé, bouleversé en quelque sorte son quotidien

00:46avec des étudiants qui parfois ne vont plus à l'université.

00:49Vous avez également des familles françaises de confession juive qui ont décidé d'enlever les mésousa aux portes.

00:58Et cette crainte pour cette population, eh bien, de quitter la France pour se protéger.

01:04Il faut rappeler que les Français de confession juive, la population française de confession juive,

01:09représente 1% de la population française globale.

01:13Et pourtant, les actes antisémites représentent 60% des actes antireligieux dans son ensemble.

01:22Si je vous ai demandé d'intervenir ce matin en direct sur Europe 1,

01:28Franck Tapirot, c'est que je voulais vous faire réagir au témoignage de Steve Suissa.

01:32Il est metteur en scène, réalisateur, il est comédien également.

01:35Il était l'invité de Pascal Praud hier matin.

01:39Et ce qui est terrible, c'est qu'il va expliquer à l'antenne que parce que juif, parce que franco-israélien,

01:46eh bien, son activité professionnelle a changé depuis le 7 octobre.

01:50Écoutez Steve Suissa.

01:51Je monte des pièces depuis 35 ans.

01:53Avant le 7 octobre, j'avais à peu près entre 4 et 5 spectacles dans des grands théâtres à Paris.

01:58et depuis le 15 octobre, j'ai été débarqué de mon agence et deux grandes stars françaises

02:06ont demandé à ce qu'on boycotte de tous les théâtres et de tous les auteurs français.

02:11Et donc, tout d'un coup, je me suis retrouvé à devoir me réinventer.

02:14Comment vous dire ?

02:15Recevoir 10 menaces de mort, avoir il y a 5 semaines 4 mecs en bas de chez soi avec des bâtons

02:20et être obligé d'appeler 30 motards alors que mon fils est dans le salon.

02:24Bien sûr que c'est une honte.

02:26C'est évident qu'aujourd'hui, de se retrouver dans une salle de 350 places

02:31et de voir, en tant que producteur, peut-être payer 3 personnes de la sécurité

02:35pour aller voir du théâtre, forcément, c'est pas top.

02:39Franck Tapirot, ce matin, on était aussi avec l'ancienne ministre Noël Lenoir

02:44qui a tenu des propos extrêmement forts, qui l'engagent, bien évidemment,

02:48mais c'est aussi ça la liberté d'expression.

02:50Elle me disait ce matin, si Emmanuel Macron n'intervient pas,

02:53son bilan portera la montée de la haine des Juifs en France

02:57et un État qui ne réagit pas.

03:00Et vous, qu'en pensez-vous, Franck Tapirot ?

03:02Je suis totalement d'accord avec Noël, et depuis longtemps,

03:05on en avait parlé d'ailleurs ensemble sur de nombreux plateaux,

03:08ce qui se passe avec Steve Sussan est terrible.

03:10D'abord, s'il était un ami, je connais depuis très longtemps,

03:12tout ce qu'il dit est vrai, mais ce n'est pas seulement vrai pour lui.

03:15C'est un reflet aujourd'hui, malheureusement, d'énormément d'artistes

03:18présumés juifs ou présumés franco-israéliens.

03:22J'adore ce mot parce qu'aujourd'hui, on est plus présumés coupables qu'innocents.

03:26Et ce qui est terrible, c'est qu'aujourd'hui, il y a des artistes,

03:28des acteurs, des chanteurs, forcément les plus connus,

03:31parce qu'on peut rappeler, bien entendu, l'épisode d'Amir cet été,

03:34qui a été boycotté un temps, c'était très compliqué pour lui.

03:37Mais pas par le public.

03:40Amir, c'est-à-dire qu'il a été boycotté par des pseudo-militants d'extrême-gauche,

03:45il a été attaqué par des pseudo-élus d'extrême-gauche,

03:49en revanche, le public a répondu présent, il a été ovationné.

03:53Et d'ailleurs, heureusement que certains médias, dont Europe 1, CNews,

03:56se sont emparés du sujet pour relayer, justement, les attaques contre Amir,

04:02qui est un artiste extraordinaire.

04:04Et peut-être que ça en a fait taire quelques-uns.

04:07Ça en a fait taire quelques-uns, mais vous savez, il y en a d'autres,

04:09d'autres qui ne sont plus convoqués à des castings,

04:11d'autres qui sont annulés de casting, d'autres dont on annule leur production.

04:15Demandez aux plus connus, demandez à Elie Chouraki,

04:17demandez à Alexandre Arkadis, qui leur arrive depuis deux ans.

04:20Demandez-leur comment ils arrivent, ou non, plutôt,

04:22à faire financer leurs projets par les chaînes publiques,

04:25ou par des médias français.

04:27C'est extrêmement compliqué, pour ne pas dire aujourd'hui,

04:29devenu impossible.

04:31Pourquoi c'est grave ?

04:31Pas seulement parce qu'ils sont juifs ou franco-israéliens,

04:34mais parce que ce sont des artistes.

04:35Et comme l'a très bien dit Steve,

04:36la culture nous sauvera toujours.

04:38Eh bien, aujourd'hui, on se demande si la culture

04:40peut encore sauver les artistes juifs.

04:42C'est ça qui est très compliqué.

04:44Maintenant, pour revenir à ce qu'a dit Noël Lenoir,

04:46écoutez, il faut regarder, non pas les chiffres,

04:48parce que les chiffres, vous savez, façon Dupond-Moretti,

04:51qui est devenu dénitateur,

04:53avant on l'appelait excitateur,

04:54pendant que c'est dénitateur,

04:55les chiffres sont parfaits pour entrer dans le déni absolu.

04:58Parce que les chiffres, encore une fois,

05:00ils ne sont pas les mêmes pour tout le monde,

05:01et on n'a pas la même lecture.

05:03Mais quand on regarde juste la réalité,

05:05la réalité, ce n'est pas seulement ce que disent

05:06des gens comme Dupond-Moretti,

05:08le sentiment d'insécurité,

05:10c'est l'insécurité réelle.

05:11Et ça se fracasse face à la réalité.

05:14C'est ça qui est terrible.

05:14C'est qu'aujourd'hui, on se rend compte que depuis

05:16le 7 octobre, la version victimaire a fait que

05:19la haine des juifs, vous savez très bien,

05:21je n'emploie jamais mon antisémitisme,

05:23parce que le 7 octobre, ce sont des sémites musulmans

05:25qui ont tué d'autres sémites juifs.

05:27Il faut parler de haine des juifs,

05:28c'est ça le bon mot.

05:29Et les mots sont très importants.

05:30Comme le disait Albert Camus,

05:32on le dit souvent,

05:33mal nommé les choses,

05:34rajoute au malheur du monde.

05:36Aujourd'hui, il est clair de constater

05:38que depuis le 7 octobre,

05:40ça a basculé,

05:41mais depuis ce projet absolument absurde,

05:44et je vous l'expliquerai en détail,

05:45si vous le voulez,

05:45de pseudo-reconnaissance

05:47d'un État palestinien,

05:49dont les Palestiniens ne veulent pas,

05:51de façon unilatérale,

05:52sans condition,

05:53là, les chiffres ont explosé.

05:55Et c'est là que le déni est entré en jeu,

05:57puisqu'il y a énormément de gens,

05:58politiques,

05:59intellectuels,

06:00qui disent que c'est n'importe quoi,

06:02qu'il n'y a aucune corrélation,

06:03en fait,

06:04entre cette pseudo-reconnaissance

06:06d'un État métaphysique,

06:07de Palestine,

06:08dont les Palestiniens ne veulent pas,

06:09je le rappelle,

06:10et la haine des juifs.

06:11Non seulement en France,

06:12mais partout dans le monde,

06:13c'est totalement corrélé.

06:14Mais à force d'être dans le déni,

06:16et je sais si en France,

06:16on est champion du monde,

06:17de pas mal de choses,

06:18mais la seule discipline

06:19où on n'est pas battable,

06:21c'est dans le déni.

06:22Mais on se met le pas dans l'œil.

06:24Parce que,

06:24je vais vous rappeler

06:25ce qu'a dit Emmanuel Macron en 2017,

06:27et vous savez très bien

06:27qu'on m'appelait le Macron de l'âtre,

06:29parce que j'étais un de ses premiers supporters,

06:31je l'ai aidé,

06:31c'était un ami,

06:33donc je sais de quoi je parle.

06:33Vous en parlez au passé ?

06:36Vous dites c'était un ami.

06:37J'en parle au passé

06:38parce que j'ai tenté depuis de nombreux mois

06:40d'appeler mon ami,

06:40et d'essayer de le rencontrer

06:41en tête-à-tête

06:42pour qu'on puisse se parler franchement

06:43comme on le fait tout le temps.

06:44Même quand j'ai organisé

06:45la tribune au Stade de France

06:47pour France-Israël,

06:48il m'a reçu à la mi-temps

06:48et j'ai dit

06:49non mais je veux qu'on se voit

06:49en tête-à-tête,

06:50il faut qu'on se parle.

06:51Depuis le 12 novembre,

06:52on n'a pas pu échanger.

06:53Le refus de se parler

06:55pour moi est un aveu.

06:56Et c'est quoi cet aveu ?

06:57C'est qu'en 2017,

06:58il avait bien dit

06:59que l'antisionisme

07:01était un antisémitisme,

07:03la haine des juifs.

07:05Et c'était corrélé

07:05de façon complète.

07:06D'ailleurs, il y a un an,

07:08même pas,

07:09les assises de l'antisémitisme

07:10ont proposé d'ajouter

07:11à la loi contre la haine des juifs

07:13justement la définition

07:14de l'IHRA sur l'antisionisme.

07:17Quand on est antisioniste,

07:18c'est anti-sémite,

07:19c'est une évidence.

07:21Je pense que ça a été prouvé.

07:22Ça m'intéresse beaucoup

07:23parce que cette semaine,

07:26il a été question de savoir

07:27si oui ou non,

07:29le président de la République

07:31intervenait suffisamment

07:33pour lutter contre l'antisémitisme.

07:35Éric Dupond-Moretti

07:37a été caricatural.

07:38Personne ne dit

07:39qu'il ne fait rien.

07:41Du moins,

07:43ce n'est pas, par exemple,

07:44les médias comme CNews

07:45qui disent

07:46qu'il ne fait rien.

07:47En revanche,

07:48vous avez des témoignages,

07:49notamment la sœur

07:50d'Ilan Halimi

07:52qui a eu le courage

07:53de dire

07:54aujourd'hui,

07:56l'État ne fait pas suffisamment

07:57pour protéger

07:58les Français

07:59de confession juive.

08:00Aujourd'hui,

08:01Emmanuel Macron

08:02fait-il suffisamment

08:03ne serait-ce que pour parler

08:04aux Français

08:05de confession juive ?

08:07J'essaie d'être très précis

08:08parce que vous savez,

08:08c'est facile de créer

08:09des amalgames,

08:10de tout mélanger.

08:11L'État

08:12a aujourd'hui abandonné

08:14les Français juifs

08:14et je vais vous le démontrer.

08:15En revanche,

08:16le gouvernement,

08:17lui,

08:17est au soutien.

08:18Je suis désolé,

08:19mais aujourd'hui,

08:20les policiers

08:21font un boulot admirable.

08:23Et bravo,

08:23encore une fois,

08:24à Retailleau,

08:24bravo à Laurent Nunez,

08:26bravo à Alexandre Brugère,

08:27les préfets des Hauts-de-Seine

08:28et de Paris.

08:29Ils font un boulot de dingue.

08:30Mais vous savez,

08:31ces policiers

08:31qui sont sur le terrain,

08:33eux souffrent aussi

08:34du déni généralisé

08:36par rapport à la justice.

08:37Ils se sentent seuls

08:38comme les citoyens

08:39de confession juive

08:40se sentent seuls

08:41parce qu'ils voient

08:42que la justice soit jolie.

08:43C'est même pas laxiste.

08:44Laxiste serait

08:45être un petit peu fainéant

08:47sur certains dossiers.

08:47Non !

08:48Il y a une idéologie

08:49qui fait qu'à Paris,

08:50par exemple,

08:51le parquet de Paris,

08:52n'a pas encore instruit

08:53un seul des dossiers

08:54de plainte

08:55contre les députés insoumis

08:56pour apologie du terrorisme,

08:58incitation à la haine,

08:59incitation à l'intifade,

09:00incitation à la violence.

09:02Pas un seul dossier.

09:04Donc c'est une décision,

09:05je dirais,

09:06idéologique

09:07qui prouve

09:08qu'aujourd'hui,

09:09l'État français

09:10ne soutient plus

09:11les Français

09:12qui ont fait son juif.

09:13Autre exemple

09:13énorme,

09:14on en a parlé

09:15d'ailleurs sur le plateau,

09:16c'est le faux rapatriement

09:18des Français juifs

09:19après la guerre

09:20des 12 jours.

09:22Il n'y a pas eu

09:22de rapatriement.

09:23Il y a eu

09:23une exfiltration.

09:25Parce que quand on rapatrie,

09:26c'est qu'on ramène

09:26les gens dans leur patrie

09:28en France,

09:29mais exfiltrer

09:29les Français

09:30de confession juive

09:3115 jours après

09:32qu'ils harcelaient

09:33et l'ambassade

09:34et le consulat

09:35et les exfiltrer où ?

09:36À Chypre,

09:37dans une base militaire

09:38aux conditions indécentes.

09:40J'ai toutes les preuves,

09:41j'ai tous les témoignages,

09:43les photos,

09:43les vidéos.

09:44Une procédure va être en cours.

09:45Ce n'est pas du rapatriement,

09:47c'est de l'exfiltration,

09:48non-assistance

09:49à Français juifs

09:50en danger.

09:51Et ça,

09:52c'est politique.

09:53C'est le quai d'Orsay,

09:54je le dis,

09:54si on a l'épreuve,

09:56qui n'a pas donné

09:57les éléments nécessaires

09:58et suffisants

09:58à l'ambassade d'Israël

10:00en France

10:00et au consulat

10:01pour faire un rapatriement

10:03des Français

10:04de confession juive.

10:05Ça veut dire quoi ?

10:05On veut dissuader

10:06les Français d'un homme d'Israël.

10:08On veut dissuader

10:09alors qu'il y en a qui étaient

10:10en tourisme

10:11des étudiants

10:12de 15 ans

10:12qui ont été obligés

10:13de payer, vous savez,

10:14300 euros

10:14leur rapatriement.

10:15Eh bien merci,

10:16Franck Tapirot,

10:17pour votre témoignage

10:18et c'est important aussi

10:19de pouvoir parler

10:21de cet antisémitisme

10:23en France,

10:23de ce climat en France

10:25et puis surtout

10:26du quotidien

10:27des Français

10:28de confession juive

10:29qui a basculé

10:30depuis le 7 octobre 2023.

10:34Merci beaucoup,

10:35Franck Tapirot,

10:36d'être venu en direct

10:37parler avec nous

10:39dans Elliot Deval

10:40et vous.

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