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  • il y a 5 mois

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00:00Europe 1 Soir, 19h21, Stéphanie Demuru
00:03L'heure d'accueillir nos débuteurs de la première heure.
00:09Bonjour Jules Torres, on a l'aliste au JDD, ce qu'il faut encore vous présenter.
00:13Dites donc vous avez de la barbe aujourd'hui, je vois ça.
00:15Oui, je suis un peu négligé.
00:17Vous regardez bizarrement, dites donc c'est la fin de la semaine.
00:19Je vous remercie de le faire remarquer.
00:20Bientôt les vacances.
00:22Bonsoir Stéphanie, moi négligé est mon mode d'être.
00:25C'est bien, vous avez une coiffure un peu en pétard, mais on est à la radio, c'est pas grave.
00:29Bon, il y a quand même des auditeurs qui nous regardent via l'appli.
00:32Sur l'appli de repas, excellente appli.
00:33Si vous voulez voir la barbe de Jules Torres, c'est le moment.
00:38Bon, beaucoup plus sérieux.
00:40Évidemment, on va parler de cette explosion de l'antisémitisme en France.
00:44Il n'y a pas un jour sans que soit rapporté un acte antisémite.
00:50Dernier en date aujourd'hui, des injures envers un rabbin à Menton.
00:53Ce dernier annonce portée plainte.
00:55Et puis, on en parlait dans le journal, ces soupçons qui passent sur Wueling.
00:59Des adolescents de confession juive, de retour de colo de vacances, ont été débarqués d'un avion de la compagnie
01:04qui s'apprêtait donc à décoller pour Orly depuis l'Espagne.
01:08Les circonstances, évidemment, restent à éclaircir.
01:11Il faut être prudent.
01:12Il n'empêche, la compagnie aérienne est accusée d'antisémitisme sur les réseaux sociaux
01:17ou de nombreuses images, notamment de la directrice de la colo qui apparaît en train d'être menottée.
01:23Même le sol sont diffusés.
01:26Wueling se défend en affirmant que les jeunes avaient manipulé du matériel de sécurité.
01:31On va évidemment parler avec vous de cette affaire.
01:34Mais au-delà de ça, évidemment, c'est cette explosion de l'antisémitisme en France
01:39qui interroge et qui inquiète de plus en plus.
01:42Nous sommes en direct avec Yonatan Harfi, président du CRIF.
01:47Bonsoir, Yonatan Harfi.
01:49Bonsoir.
01:50Bonsoir. Je le disais à l'instant, pas un jour qui se passe sans une autre affaire.
01:55Il y a évidemment cette affaire, on appelle à la prudence.
01:59Il faut encore éclaircir les circonstances.
02:01D'ailleurs, vous avez fait un communiqué assez prudent.
02:03Mais les images, il n'empêche, sont extrêmement choquantes.
02:07J'imagine que vous les avez vues vous-même.
02:10Oui, parce qu'il y a une image qui a beaucoup circulé.
02:13Celle de la directrice de la colonie de vacances qui est menottée.
02:16C'est une jeune fille de 21 ans.
02:18Donc, bien sûr, ça suscite une émotion extrêmement importante dans la communauté juive.
02:21Et je crois bien au-delà parce que chacun s'identifie à ces colonies de vacances.
02:25Chacun s'identifie à ces enfants qui ont été effectivement expulsés d'un avion.
02:30Il faudra attendre d'avoir les éléments de l'enquête pour déterminer ce qui s'est réellement passé.
02:36Mais en attendant, ça se passe dans un contexte qui est celui d'une augmentation de l'ambisémitisme extrêmement importante.
02:41Qui fait que, bien sûr, on a tous en tête les événements qui se passent depuis des mois et des mois dans notre pays et ailleurs en Europe.
02:50Et que c'est ce contexte-là qui est dans toutes les têtes aussi.
02:53Aujourd'hui, clairement, on doit se cacher d'être juif en France.
02:58On ne peut plus arborer des signes religieux, même discrets.
03:03Vous avez ce sentiment, on entend de plus en plus de témoignages, même ici, de nos auditeurs qui, clairement, disent avoir peur.
03:11Vous savez, il y a une dizaine de jours, j'ai commencé mon discours au Dîner du Christ en partageant avec l'auditoire une anecdote,
03:19celle des discussions et du débat que j'ai avec mon épouse depuis le 7 octobre autour de ce qu'il faut dire aux enfants.
03:25Faut-il dire aux enfants de baisser la voix dans le métro quand ils parlent des juifs ou d'Israël ?
03:29Faut-il leur dire de retirer les étoiles de David autour du cou ?
03:34C'est des questions qui traversent toutes les familles juives en France.
03:36Chacun y répond à sa manière, chacun y fait ses choix très personnels de savoir s'il souhaite rester discret ou contraire assumé dans ces moments-là avec fierté.
03:47Il n'y a pas de jugement à apporter, mais simplement un constat qui est celui du fait qu'aujourd'hui, le vrai risque, c'est un grand effacement des juifs de France.
03:55Ce serait le fait que les juifs ne seraient plus visibles dans l'espace public et, au fond, les antisémites auraient gagné.
04:00Cette victoire-là, je refuse qu'on la porte à ceux qui nourrissent la haine dans notre pays.
04:06Ça veut dire, Jonathan Narfi, que vous appelez, vous, la communauté juive, à la résistance ?
04:12J'appelle, effectivement, en tant que dirigeant d'institution juive, à ce que nous ayons, au fond, une réaction collective,
04:19mais elle concerne les juifs et les non-juifs dans notre pays, l'ensemble des citoyens,
04:23à faire qu'on ne laisse pas le fait juif être effacé de l'espace public à cause de ces menaces qui pèsent aujourd'hui liées à l'antisémitisme,
04:32qu'au fond, ce soit une réponse à l'antisémitisme que de cultiver la visibilité, la présence des juifs dans la société française, de plein de manières.
04:42Vous savez, ce n'est pas par hasard que toutes les dernières agressions se sont portées souvent sur des rabbins,
04:47parce que le rabbin, c'est, au fond, le juif le plus visible dans la société.
04:50C'est la personne qui est identifiée comme juive, par essence, d'une certaine manière.
04:54S'en prendre un rabbin, c'est toujours vouloir effacer le visage du judaïsme de la société.
04:59C'est symbolique et c'est aussi ça qu'il faut combattre.
05:01Au-delà de la France, Jonathan Narfi, puisque vous parlez des rabbins,
05:05vous avez certainement eu vent de cette affaire des rabbins européens formés au Krav Maga lors d'un séminaire qui se tient en ce moment à Eindhoven,
05:14et l'initiative, justement, du Centre rabbinique d'Europe.
05:18On en est là ?
05:20On en est là parce qu'il s'agit, évidemment, pas seulement de former physiquement des rabbins qui ne seront jamais amenés à avoir besoin de se défendre physiquement,
05:30mais c'est parce que, pour vivre dignement en tant que juif en Europe,
05:34pour vivre dignement dans des milieux qui, parfois, sont hostiles, pas toujours, mais qui, parfois, peuvent l'être,
05:38eh bien, on a besoin de savoir qu'on peut éventuellement se défendre,
05:42si la situation se présente, ça fait aussi partie, au fond, d'une des réponses à l'antémotisme,
05:49de dire que, eh bien, face à ça, on redresse la tête et on combat.
05:52Donc, je suis pour un judaïsme engagé dans la société, mais un judaïsme de combat,
05:57parce que c'est une manière aussi, eh bien, d'assurer que le fait juif, eh bien, reste un fait positif,
06:03et pas simplement un sentiment d'être victime.
06:06Vous avez prononcé le mot de combat deux fois, Jonathan Arfi,
06:11est-ce que vous vous sentez soutenu dans ce combat, notamment par les autorités françaises ?
06:16Est-ce que vous êtes suffisamment soutenu ?
06:19Alors, suffisamment, non, bien sûr qu'on souhaite l'être davantage,
06:23néanmoins, je veux souligner une chose, il y a de l'antisémitisme en France,
06:27mais la France n'est pas un pays antisémite.
06:29Et pourquoi la France n'est pas un pays antisémite ?
06:31Précisément parce que les pouvoirs publics sont engagés dans ce combat, bien sûr.
06:35On souhaite que ça aille plus loin, on souhaite que les sanctions soient plus lourdes,
06:39face notamment à la haine en ligne, que les victimes d'antisémitisme,
06:43notamment quand ils se cachent derrière l'antisionisme, soient plus largement sanctionnés.
06:47On peut détailler la manière dont cette réponse publique doit s'améliorer,
06:50mais il y a une réponse publique.
06:51Il y a aussi du soutien dans la société civile.
06:54Je crois que la majorité silencieuse de notre pays a conscience que l'antisémitisme est une menace pour tous,
06:58et pas simplement pour les juifs.
06:59En revanche, il y a une minorité agissante, violente, nourrie à l'islamisme,
07:04nourrie à l'identification dévoyée à la cause palestinienne,
07:07qui produit malheureusement des passages à l'acte qui aujourd'hui sont une menace.
07:11Malheureusement très bruyante, notamment, vous parliez de ceux qui se nourrissent de l'antisionisme.
07:18On pense spontanément à Émeric Caron, par exemple, sur Twitter.
07:22Pour le député insoumis, Israël n'est pas sanctionné parce qu'il s'agit d'un État juif.
07:27C'est une illustration de plus de la dérive de la France insoumise.
07:35La France insoumise, aujourd'hui, cultive sciemment l'antisémitisme dans notre pays
07:39en laissant, au fond, une étiquette se poser sur les Français juifs,
07:44en faisant de nous, d'une certaine manière, des cibles légitimes au nom de leur haine décomplexée d'Israël.
07:51C'est ça la réalité, c'est un calcul électoral.
07:55Le CIC n'est pas en justice, mais d'autres organisations ont porté plainte,
08:00et je m'en félicite, et nous serons évidemment, si nous sommes appelés à témoigner,
08:04nous témoignerons lors de ces procès.
08:06Mais je suis, moi, convaincu qu'aujourd'hui, il y a à la France insoumise, au fond, un calcul cynique,
08:16qui est de dire, cultivons aujourd'hui des raccourcis coupables autour de la question de Gaza,
08:23en en faisant un slogan électoral, parce que ça produira effectivement un bénéfice électoral
08:29auprès des lecteurs de quartiers populaires.
08:32Oui, mais on ne les arrête jamais.
08:35Ils ont une liberté d'expression sans borne, certainement, en se cachant derrière leur immunité.
08:42Tant pis si ça se fait sur le dos de la sécurité des juifs de France.
08:45On a le sentiment d'être, d'une certaine manière, sacrifiés par la France insoumise.
08:49Nathan Devers.
08:50Bonsoir, Jonathan.
08:51Je voulais d'abord saluer le travail que vous faites, qui est évidemment central par ces heures sombres.
08:56Vous posez une question, parce que moi, ce qui m'a interpellé dans cette affaire,
09:01comme vous l'avez dit, Stéphanie, il faut être très prudent sur ce qui s'est passé en Espagne.
09:04Mais c'est la guardia civile.
09:06Il s'agit donc de la police espagnole, représentant l'État.
09:10J'ai l'impression que par rapport à l'explosion de l'antisémitisme européen, un cap a été franchi.
09:15Jusqu'alors, les actes d'antisémitisme venaient de membres, entre guillemets, lambda,
09:20il n'y a pas de mépris dans ce que je dis de la société.
09:22Là, ce sont des gens qui portent l'uniforme.
09:24Alors, je voulais poser la question à Jonathan, est-ce que vous pensez que l'État en France,
09:29l'État, c'est-à-dire ses dirigeants, mais aussi ses représentants, etc.,
09:33résiste mieux qu'il ne peut résister ailleurs, dans certains pays européens ou dans le monde ?
09:39Oui, en France, je trouve que l'État résiste mieux dans le combat contre l'antisémitisme,
09:44dans la porosité à l'antisémitisme, évidemment, que beaucoup de pays d'Europe.
09:48Vous savez, quand je parle avec la communauté juive belge, par exemple,
09:53elle m'explique à quel point la situation en Belgique est compliquée,
09:56parce qu'ils n'ont pas de soutien des pouvoirs publics,
09:58voire même, ils ont des pouvoirs publics qui, aujourd'hui, font le jeu, parfois, des antisémites.
10:04Cette situation, elle est réplicable, elle est malheureusement...
10:07Il y a deux jeunes Israéliens qui ont été auditionnés, d'ailleurs, par la police belge,
10:11pour crimes de guerre, alors qu'ils venaient participer à un festival, à Jonathan Arfi.
10:14Exactement, le festival Tomorrowland, en Belgique.
10:17Donc, on voit qu'on a, aujourd'hui, une situation très inégale en Europe.
10:21La France, de ce point de vue-là, du point de vue de l'engagement des pouvoirs publics,
10:25fait partie des élèves les plus vertueux.
10:27Néanmoins, on voit bien que ça n'est pas suffisant.
10:29Et notre responsabilité, c'est de pointer là où les choses peuvent s'améliorer.
10:34Pour moi, un des éléments clés, c'est d'être capable de dénoncer plus clairement l'antisémitisme
10:39quand il est caché derrière les discours de haine d'Israël,
10:41parce que c'est, aujourd'hui, ça, le carburant de la haine.
10:44Est-ce qu'il... Oui, Jules Torres, vous voulez peut-être...
10:46Non, oui, j'avais une question, pardonnez-moi, c'est peut-être complètement hors-sujet,
10:49mais je sais, parce que pour l'avoir lu et les nombreux témoignages,
10:54après le 7 octobre, qu'il y avait une augmentation considérable du nombre d'alias.
10:58Donc, les Juifs qui décidaient, les Juifs, par exemple, de France ou d'Europe,
11:01qui décidaient d'aller vers Israël.
11:03Est-ce que c'est un phénomène qui est toujours aussi massif aujourd'hui,
11:06alors qu'on voit que l'antisémitisme ne faiblit pas depuis le 7 octobre 2023 ?
11:11Ça peut paraître, peut-être, à certains auditeurs contre-intuitifs.
11:15L'idée que des Français décident de quitter leur pays pour aller vivre en Israël,
11:19qui est un pays en guerre depuis le 7 octobre.
11:23Voilà.
11:23Et ce qu'il faut comprendre, en fait, c'est que...
11:25ces gens partent en se disant qu'au fond, ils se sentent moins seuls
11:31dans le combat contre l'antisémitisme, évidemment, en Israël qu'en France,
11:35même s'il y a du danger là-bas avec la guerre.
11:37Eh bien, c'est un danger qui est un danger auquel tout le monde fait face ensemble.
11:40Alors que sur l'antisémitisme, il leur arrive en France, malheureusement, de se sentir seuls.
11:44Et puis, il faut comprendre aussi un autre phénomène,
11:46c'est que l'antisémitisme, depuis le 7 octobre, touche des personnes de plus en plus jeunes.
11:50On a eu des cas d'antisémitisme à l'école primaire qui nous sont remontés.
11:54Et que dès qu'on touche aux enfants, eh bien, pour beaucoup,
11:57ça touche alors aux projections personnelles.
11:59Et les gens sont prêts à prendre des décisions radicales quand c'est pour protéger leurs enfants.
12:02Ça reste des chiffres de quelques milliers de personnes.
12:04Donc, c'est peu significatif par rapport à la taille de la communauté juive de France,
12:08mais c'est une augmentation, effectivement.
12:09Jonathan Arfi, vous étiez assez indulgent avec les autorités françaises.
12:14Vous disiez que c'était, en gros, plutôt des bons élèves de ce point de vue-là.
12:19Mais enfin, la France faisait partie, d'ailleurs, de ces États
12:23qui ont demandé expressément à Israël d'arrêter la guerre à Gaza.
12:27Évidemment, ça, c'est un autre sujet.
12:28Et encore une fois, on peut critiquer la politique de Benjamin Netanyahou
12:31et ce qui se passe à Gaza.
12:33Mais enfin, est-ce que la France met autant d'énergie, par exemple,
12:36à mettre la pression sur le mouvement terroriste du Hamas
12:39pour qu'elle libère les otages ?
12:40Parce que, curieusement, moi, je l'entends un petit peu moins, mais je peux me tromper.
12:43Non, c'est précisément le reproche public qu'on a été amené à faire à plusieurs reprises
12:49à notre diplomatie.
12:50C'est qu'aujourd'hui, on a le sentiment que c'est plus simple de mettre de la pression sur Israël,
12:56d'aller vers des sanctions contre Israël au niveau européen, par exemple,
13:00et soutenues par la France,
13:01que d'appeler à des sanctions contre le Hamas et ses soutiens.
13:05Quand l'Union européenne, avec le soutien de la France,
13:08évoque la question de la rupture d'accords d'association avec Israël,
13:11je regrette qu'on n'ait pas des mots sur les banques turques
13:13qui hébergent les comptes bancaires de responsables du Hamas,
13:17sur le Qatar, qui est un soutien, évidemment, du Hamas.
13:20Donc, on a besoin, je crois, de rappeler une valeur fondamentale
13:23dans notre politique étrangère, c'est la démocratie.
13:25Israël, la France, est une démocratie.
13:28Et de ce point de vue-là, je crois qu'elle doit être traitée de manière particulière,
13:31comme le sont toutes nos démocraties alliées.
13:33Nathan Devers.
13:34J'ai une deuxième question à vous poser.
13:36Alors, il y a deux types d'antisémites aujourd'hui.
13:38Il y a ceux qui ont, entre guillemets, le courage de s'assumer comme tels,
13:41qui prennent les risques de leur antisémitisme,
13:43c'est-à-dire qui ont des propos explicitement antisémites,
13:45on peut porter plainte pour incitation à la haine, etc.
13:48Et puis, il y a ceux, et c'est beaucoup plus subtil,
13:51qui sont dans un antisémitisme implicite
13:54et qui ne dépassent jamais la ligne rouge de la loi.
13:56Je parle notamment des gens qui ont une parole publique.
13:58Comment on fait pour lutter contre cette deuxième catégorie ?
14:01C'est une vraie question, parce que c'est le cas notamment
14:04de certains acteurs politiques à l'extrême-gauche, on en a parlé.
14:09C'est le cas d'acteurs du monde culturel aussi, parfois.
14:12Donc, on a, comme on l'a vu historiquement avec Dieu Donné et d'autres,
14:17des secteurs qui ont beaucoup d'impact sur notamment les générations les plus jeunes
14:21et qui savent très bien s'arrêter juste avant la ligne jaune
14:25de manière à ne pas être condamnés juridiquement.
14:29Donc, on a besoin là-dessus tout simplement d'expliquer,
14:31c'est-à-dire de désamorcer dans les esprits les rhétoriques
14:34qui sont des rhétoriques antisémites.
14:37Parmi elles, il y a une rhétorique extrêmement dangereuse
14:38qui est celle de l'accusation de génocide.
14:41Le retournement de la question du génocide
14:44contre l'état-refuge des rescapés de la Shoah,
14:47c'est un procédé qui est un procédé poncièrement antisémite.
14:51Et cette question-là qu'on voit aujourd'hui se banaliser, se généraliser,
14:56je sais que beaucoup de gens n'ont pas conscience du danger qu'elle représente
15:00et on a besoin, par exemple, de l'expliquer.
15:01Jonathan Arfi, si vous le voulez bien, vous pouvez rester avec nous quelques minutes
15:05juste après la pub parce que notre passager qui était à bord
15:09de ce fameux vol Vueling, Damien, c'est son nom,
15:13sera avec nous dans quelques instants pour son témoignage.
15:15Donc, vous êtes le bienvenu pour réagir.
15:21Et nous parlions de ces incidents qui se sont produits
15:25lors d'un vol Vueling.
15:27Des adolescents de confession juive de retour de colonie de vacances
15:30ont été débarqués d'un avion de la compagnie
15:32qui s'apprêtait à décoller pour Orly.
15:35Depuis Valence, en Espagne, les circonstances restent à éclaircir.
15:39Et justement, nous sommes avec un passager
15:42qui était à bord de cet avion au moment de l'expulsion
15:45de ces enfants de l'appareil.
15:48Bonsoir, Damien, c'est votre nom, je crois.
15:50Bonsoir.
15:52Oui, bonsoir, madame.
15:53Bonsoir.
15:54Merci d'être avec nous en direct sur Europe 1.
15:57Vous avez donc assisté, Damien, à la scène.
16:00Que s'est-il passé ?
16:01Qu'est-ce que vous avez vu ?
16:03Alors, en fait, moi, je suis rentré, j'étais avec mon enfant.
16:06Je suis rentré dans les premières personnes.
16:08Donc, dans l'embarquement, tout s'est très bien passé.
16:11Les enfants étaient très calmes, surtout pour les adolescents
16:14qui sont nombreux, qui rentrent de colonie.
16:17Ils étaient très, très calmes.
16:19Ils se sont assis vraiment en discutant tranquillement.
16:22Il y en a un qui a appelé son ami pendant deux secondes.
16:26Il me semble qu'il a dit...
16:27Moi, je pensais qu'il appelait quelqu'un.
16:28C'était un nom.
16:30Mais après, vraiment, tout s'est très bien passé.
16:32Il y en a juste un qui a appelé un ami.
16:35Ensuite, pendant les consignes de sécurité,
16:37elles ont été à un moment interrompues.
16:39Et nous, on ne comprenait pas ce qui se passait.
16:41La compagnie...
16:43Une hôtesse de l'air a pris le téléphone
16:44et a dit qu'il y avait un problème au niveau de sécurité.
16:47Et qu'elle allait appeler, du coup, la guardia civile,
16:49qui est la police espagnole.
16:51Et du coup, nous, on s'est retournés.
16:54Parce que moi, je me suis retourné.
16:55Je me suis dit, bon, je vais aller aider.
16:57Peut-être qu'il y a quelqu'un qui fait du...
16:58Quelqu'un qui est debout, qui fait du bazar et tout ça.
17:00Et en fait, derrière, tout le monde était assis.
17:03C'était assez calme.
17:04Donc, on ne comprenait pas ce qui se passait.
17:07On rappelle, Damien, évidemment,
17:08que vous ne faisiez pas partie de la colonie de vacances.
17:11Vous étiez loin du groupe, vous ?
17:13Moi, j'étais à une...
17:15J'étais à peu près...
17:16En fait, le groupe, il prenait tout l'arrière de l'avion.
17:18À partir, je pense, du 18 ou 19 ans.
17:21Moi, j'étais vers le cinquième rang.
17:23Donc, j'étais loin.
17:24Mais s'il y avait eu des cris, honnêtement...
17:25Oui, s'il y avait eu des cris, vous les auriez entendus.
17:27Oui, j'aurais entendu.
17:28Mais honnêtement...
17:29Et c'est pour ça qu'il n'y a pas de vidéo de cet événement.
17:31C'est que tout s'est fait.
17:32Tout le monde a été très cordial, très poli.
17:35Que ce soit le personnel de bord, la guardia civile, les enfants.
17:39Tout le monde a...
17:40Tout s'est fait, en fait, dans le calme, en fait.
17:42La guardia civile est arrivée.
17:44Ils ont parlé avec un moniteur.
17:46Il me semble qu'ils l'ont amenée en dehors de l'avion.
17:48Puis, la colonie a suivi.
17:50Dans le calme.
17:51Parce que c'est vrai que...
17:52J'imagine que vous avez pu voir les images qui circulent sur les réseaux sociaux.
17:56Qui, pour le coup, dont l'authenticité ne fait aucun doute.
18:01On voit clairement la directrice de la colonie de vacances.
18:04Plaquée au sol, avec les menottes à l'arrière, en dehors de l'avion.
18:07Mais dans l'avion, vous, vous nous confirmez que vous n'avez entendu absolument aucun cri.
18:12Effectivement, il y a quelque quoi, une dizaine d'euros entre vous ?
18:15Aucune violence ?
18:16Aucune violence.
18:17En fait, quand les enfants sortaient, ils étaient quasiment tous au téléphone avec leurs parents.
18:21Voilà, c'est une situation que je pense qu'il les a inquiétés, comme pour leurs parents aussi.
18:27Mais vraiment, dans l'avion, la directrice, tout le monde, il faut vous dire que tout le monde, le personnel de bord,
18:31la voie à l'arrière, ils étaient vraiment calmes, ils discutaient normalement.
18:34C'est vrai qu'ensuite, la directrice est sortie de l'avion.
18:37Là, on a entendu, effectivement, nous, de l'avion, des cris, mais on ne savait pas qu'elle avait été du tout plaquée au sol.
18:42Nous, on a découvert ça dans les images ce matin, parce qu'on est dans l'avion.
18:46Donc, on entend juste une personne criée, on pensait qu'il s'invectivait, quelque chose comme ça.
18:50Mais on ne savait pas du tout que la personne avait été plaquée au sol.
18:53Alors, la compagnie, manifestement, a une autre version, parce qu'elle a évidemment fait un communiqué officiel
19:01devant les accusations et les soupçons d'antisémitisme, clairement, l'intervention de l'équipage a été motivée
19:07exclusivement par un comportement compromettant l'intégrité du vol, ainsi que la sécurité des passagers
19:13et de l'opération dans son ensemble.
19:16Est-ce que vous, je répète ma question, parce qu'elle est importante, évidemment,
19:20est-ce que vous avez eu le sentiment, à un moment donné, qu'il y a eu un comportement conflictuel et agressif
19:27de la part de ces adolescents ? Parce que c'est ce qui est clairement indiqué aussi, un comportement agressif du groupe.
19:33Oui, pendant les consignes de sécurité. C'est ce qui est écrit dans le communiqué.
19:37Pendant les consignes de sécurité. Et nous, pendant les consignes de sécurité, on gardait les consignes de sécurité,
19:42donc devant nous. Donc nous, on n'a pas pu voir ce qui se passait derrière.
19:45Donc ce qui se passait derrière, apparemment, ce que dit la compagnie, ce qui se passe derrière,
19:49entre la compagnie et les adolescents, moi, en tout cas, je ne l'ai pas vu, parce que j'ai regardé les consignes de sécurité.
19:54Et dans l'avion, tout le monde regardait les consignes de sécurité.
19:57Donc ça, c'est ce que dit la compagnie. Et c'est peut-être vrai. Je ne le sais pas.
20:03Moi, je regardais devant. Et honnêtement, je fais confiance à la compagnie,
20:07mais je ne peux pas également dire que les adolescents...
20:11Après, ce n'est pas à moi de le dire, ni à vous. Il y aura une enquête.
20:15En tout cas, vous avez été surpris par ce débarquement.
20:19Voilà, tout le monde a été surpris. Vous dites que vous avez échangé peut-être avec d'autres passagers.
20:24Ça semblait être la surprise à bord.
20:26Il y aura une enquête. Laissons l'enquête.
20:29Laissons la justice espagnole faire son travail.
20:31Et j'espère que tout va être réglé.
20:35Merci en tout cas, Damien.
20:36Je rappelle que vous étiez passager sur ce vol,
20:39et que vous ne faisiez évidemment pas partie de la colonie de vacances,
20:44et que vous nous avez apporté ce soir votre témoignage sur Europe 1.
20:48Merci à vous, Jules Thorez.
20:50Je vous vois réagir.
20:51C'est vrai que c'est un petit peu étonnant, parce qu'il y a vraiment deux versions.
20:55Oui, il y a deux versions, et c'est vrai qu'on a du mal à savoir où est la vérité.
21:00C'est pour cela également qu'on commente ce qu'elle nous intéresse, cette affaire.
21:04Parce que pour avoir pris un petit peu l'avion dans ma petite carrière de journaliste politique,
21:10pour se faire expulser d'un vol, il faut quand même y aller.
21:14Il faut avoir fait quelque chose d'assez grave.
21:15Ce n'est pas compliqué, il y a trois niveaux de catégories.
21:18En tout cas, sur Air France, c'est comme ça.
21:20Et c'est la catégorie 3, violence, qui éventuellement légitime une expulsion de la part du commandant de bord.
21:27Donc il faut quand même avoir fait quelque chose de grave.
21:29Ensuite, la guardia civile, quand elle opère, elle opère sur ordre.
21:33Jonathan Arfi est encore avec nous quelques minutes.
21:36Jonathan Arfi, vous avez entendu ce témoignage.
21:39Je ne vous demande pas évidemment de prendre parti là, parce qu'il y a une enquête qui est en cours,
21:45et la prudence est de mise, mais c'est vrai que ça interroge ces deux versions.
21:50Oui, on voit bien qu'il y a deux versions totalement différentes.
21:53Mais moi, ce qui me frappe, c'est que quelles que soient les versions,
21:57il y a quand même effectivement une émotion qui est légitime face aux images de cette jeune fille de 21 ans menottée.
22:04Voilà, et que je crois que c'est beaucoup ça aussi qui a frappé.
22:06Après, l'enquête dira s'il y a ou pas des intentions liées au contexte, liées à l'identité de ces jeunes et autres.
22:13Mais en attendant, effectivement, c'est toujours difficile d'accepter de voir des adolescents
22:18et puis une monitrice de 21 ans traiter de la sorte.
22:21J'imagine qu'il y a des procédures, on verra bien si elles ont été respectées.
22:24En tout cas, je peux témoigner de l'émoi qu'il y a dans la communauté juive sur cette question.
22:30C'est pour ça qu'on tenait à vous donner la parole et évoquer évidemment les autres actes antisémites
22:36puisque aujourd'hui, je rappelle aussi qu'il y a eu des injures envers un rabbin à Menton.
22:42Ce dernier annonce portée plainte.
22:44Merci à vous, Jonathan Arfi, d'avoir été avec nous sur l'antenne d'Europe 1.
22:48Nathan Devers, vous vouliez rajouter quelque chose ?
22:50Oui, toute petite chose, mais puisque Jules était tout fier de dire qu'il prenait l'avion.
22:54Je déteste l'avion, j'ai horreur de ça.
22:59C'est bien, vous voyez, vous êtes écolo.
23:01Alors moi, je prends l'avion avec plaisir et fierté et sans détestation.
23:05Et j'ai une anecdote sur l'aéroport de Valence parce que j'avais eu affaire à cet aéroport une fois,
23:09j'étais tombé sur un douanier qui était complètement véreux.
23:12L'anecdote n'a pas d'intérêt en soi, mais dans le contexte, peut-être qu'elle éclaire quelque chose,
23:16un vrai douanier qui voulait me vider la moitié de ma valise avec des prétextes lunaires
23:21et qui m'a demandé un pot de vin.
23:23Ce n'est pas possible, cette révélation sur l'aéroport.
23:26Je vous promets que l'anecdote est vraie.
23:27Non, mais là, il faut dire au réseau social de l'extérieur, cette séquence.
23:29Et pour prendre pas mal l'avion, quand je suis tombé sur ça,
23:31un douanier qui demande un pot de vin pour rendre un paquet de cigarettes à quelqu'un,
23:35je me suis dit, cet aéroport est quand même très étrange.
23:38Et donc, nous en avons la confirmation ici.
23:39Il y a la question de l'antisémitisme.
23:42Il y a la question aussi, par exemple, cette scène de la guardia civile
23:46qui met une femme à terre de 21 ans, si je...
23:49Ces images étaient extrêmement choquantes, c'est une évidence.
23:51Mais c'est des violences policières.
23:52Et ça montre bien qu'il y a un dysfonctionnement global dans cet aéroport.
23:55Entre l'histoire de mon douanier véreux et ces policiers violents,
23:59il y a quelque chose...
24:01Ne réglez pas vos comptes, Nathan.
24:01Je règle mes comptes, j'en profite.
24:03Personnelles.
24:03C'est une histoire ancienne, mais que je tiens à régler.
24:06Ne prenez pas l'antenne en otage.
24:08C'est quand même intéressant.
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