00:03Et place à votre signature Europe 1 du vendredi, Catherine Ney est avec nous. Bonjour Catherine.
00:07Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:09Alors l'homme de la semaine c'est évidemment François Bayrou.
00:12Dès lundi il a ouvert le feu avec sa conférence de presse, annonçant un vote au Parlement le 8 septembre, un vote de confiance.
00:18Pour, cherchait-il, en tout cas cela, à provoquer un effet dans l'opinion.
00:22Oui, la France sur endettée va très mal, les chiffres à l'appui, le docteur Bayrou nous le dit.
00:27Elle est au bord du précipice, il faut donc agir et pendant plus d'une heure, pédagogue, grave, il a posé son diagnostic sans bredouiller, ni sans mêler dans ses papiers car pour la première fois il utilisait un prompteur pour annoncer un vote au Parlement le 8 septembre.
00:45Drôlement malin, non ? Voilà qui coupera les effets des manifs du 10, on bloque tout.
00:48Mais à voir la tête des ministres, on voyait qu'ils se demandaient si ça n'était pas leur chef qui débloquait un peu, puisqu'aussitôt la gauche et l'URN ont annoncé qu'ils ne voteraient pas la confiance.
00:57Et donc, qu'ils sauteraient avec lui, mais quelle mouche l'avait donc piquée ?
01:03Alors, il expliquait, François Bayrou, sur TF1, qu'il ne voulait pas passer en force.
01:07Ben oui, plus démocrate que lui, tu meurs, je ne demande pas la confiance, dit-il, que c'est beau, et il a raison.
01:14Confiance est en effet un mot qui n'existe, ni dans la Constitution, ni même dans le règlement de l'Assemblée Nationale.
01:19L'article 49 alinéa 1, qu'il va utiliser, précise que le Premier ministre engage sa responsabilité devant le Parlement.
01:28Façon de dire aux députés, j'engage la mienne, la responsabilité, et soyez à vos tours responsables pour la France.
01:36Car dans un hémicycle aussi morcelé, le mot confiance ne convient pas.
01:40Il est judicieux seulement quand le Premier ministre est assuré d'une majorité confortable, c'est alors un jeu sans risque.
01:45On compte juste les réfractaires, il y en a toujours une poignée.
01:48Mais depuis la dissolution, engager cet article demande une sacrée préparation.
01:53Alors le Premier ministre, il a travaillé tout l'été à Matignon.
01:56Oui certes, il n'a pas pris de vacances, mais dès le 15 juillet, il avait délivré une ordonnance.
02:0044 milliards d'économies, une réduction des dépenses de 21 milliards, mais malgré cela, les dépenses publiques augmenteront de 20 milliards cette année.
02:08Une année blanche.
02:09Et la suppression de deux jours fériés, c'était mieux que rien, mais disons une thérapeutique petit bras.
02:15Et ces deux jours fériés, vu les réactions outrées qui venaient de partout, le Premier ministre était déjà en tente qu'il était prêt à les abandonner.
02:23Mais quand on a besoin de l'abstention du Rassemblement National ou des socialistes, le B.A.B. de la politique voulait que l'on prenne des assurances auprès d'eux.
02:33Il faut les cajoler, les recevoir, marchander, mais oui, ce qu'il n'a pas fait.
02:37Et pourquoi, l'interroge dit le boulot ?
02:40Parce qu'ils étaient en vacances.
02:41Bon, François Bayrou est là, il se moque du monde, sans parler de ses attaques contre les boomers, qui ne lui ont pas fait de mal, pourtant, autre gaffe.
02:49Alors, le 21 août, il est allé dîner à Brégançon, François Bayrou, pour décrocher le feu vert du Président.
02:55Il l'a eu ?
02:56Vous savez, le Premier ministre était si sûr de lui que le Président était impressionné, car il n'a pas toujours la main verte côté bon sens politique.
03:04Contraindre les députés à se montrer raisonnable, vu la gravité de la situation, logique, non ?
03:09Un bon coup, voire, car peut-être, finalement, aussi tordu que d'annoncer la dissolution, un sort de défaite électorale.
03:16Une claque assurée ? Si c'était le cas, le départ de son Premier ministre risquerait bien de mettre le Président au bord de la barricade, l'a-t-il même perçu ?
03:24Ou alors, cette éventualité l'enchanterait, au fond, car elle lui permettrait, au milieu du chaos généralisé, de reprendre la main.
03:31Mais alors, qu'est-ce qu'il veut vraiment, François Bayrou ?
03:34Il a dix jours pour convaincre les partis qu'il recevra lundi.
03:38LFI et les Verts se sont déjà récusés, le RN viendra.
03:40« Je vais me battre comme un chien, promet-il, mais s'il est défait, le 8 septembre, après avoir prononcé un discours qui sera sûrement celui de sa vie,
03:49alors façon Mendès, auquel il se réfère tout le temps, on le voit déjà partir la tête haute,
03:54sûr d'avoir dit la vérité aux Français, comme lui, oubliant que Mendès, mais ça, c'est aussi l'histoire d'un grand ratage politique, puisqu'il n'est jamais revenu.
04:03François Bayrou, lui, est un homme qui parle de lui avec respect et dévotion.
04:07Tout ce qu'il y est fait, croit-il, est noble. Son futur, dans ce cas, il retournera d'abord à Pau, préparer les municipales de mars prochain,
04:15et qui c'est 2027 ? La présidentielle, battue déjà trois fois, ses proches disent, mais oui, qu'il y songe toujours.
04:23Mais vous savez, les songes sont des fumées auxquelles on donne la forme que l'on désire, n'est-ce pas ?
04:27Quant à la réalité, toujours est-il qu'elle est impossible à modeler.
04:31Signature Europe 1, Catherine Ney. Merci beaucoup, Catherine.
04:34Dans un instant, la revue de presse d'Europe 1 avec Olivier Delagarde et Pascal Praud pour le sommaire de l'heure des pros.
Écris le tout premier commentaire