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  • il y a 3 mois

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00:00L'heure de l'édito politique avec Jean-Christophe Buisson, bonjour !
00:03Bonjour Thomas, bonjour Marion !
00:04Directeur adjoint au Figaro Magazine, merci d'être avec nous.
00:07Ce matin, vous souhaitez nous parler de l'été studieux, mais combattif quand même, de François Bayrou.
00:12Oui, François Bayrou, vous le savez, a été enseignant avant de se lancer en politique
00:15et il a sans doute gardé de cette époque l'habitude de préparer avec minutie sa rentrée scolaire au mois d'août
00:19quand d'autres se dorent la pilule au fond du scooter des mers en Méditerranée.
00:23La semaine dernière, tel un prof envoyant à ses élèves des consignes pour bien démarrer septembre,
00:26il a entamé la diffusion de vidéos quasi quotidiennes, très pédagogiques, donc ennuyeuses,
00:31dans laquelle, après avoir souligné que contrairement aux autres responsables politiques, lui ne prend pas de vacances,
00:36il explique doctement pourquoi les mesures d'économie qu'il veut imposer aux Français sont nécessaires.
00:40Je vous en rappelle quelques-unes.
00:41Suppression de deux jours fériés, gel du barème de l'impôt sur le revenu et des prestations sociales,
00:45non-remplacement d'un fonctionnaire sur trois partant à la retraite, doublement des franchises médicales, et j'en passe.
00:50On a d'abord cru qu'il cherchait à préparer ses auditeurs et téléspectateurs à l'agrégation d'économies,
00:54mais les quelques milliers de ceux qui ont écouté les suivants, et pas seulement pour céder à s'endormir dans la torpeur estivale,
01:00ont compris que là n'était pas l'ambition de François Bayrou.
01:02Le Premier ministre lui a en fait sa survie à Matignon, puisqu'on lui prédit une censure à l'Assemblée Nationale cet automne,
01:07il a décidé qu'il n'avait rien à perdre en abattant la carte de l'omniprésence estivale
01:12et du contournement des chambres hautes et basses en vacances,
01:14en s'adressant directement ou presque aux Français, par le son et l'image,
01:18comme Pierre Mendès-France ou Valéry Giscard d'Estaing en leur temps, mais avec une musique bien différente.
01:22Oui, et en quoi la tonalité de ces propos diffère-t-elle ?
01:25Là où Mendès et Giscard cherchaient avec un certain optimisme à défendre leur bilan,
01:29vanter leur action, mettre en avant leur modernité,
01:32François Bayrou lui opte pour un discours totalement et crânement catastrophiste.
01:36C'est moi ou le chaos.
01:37Il l'a d'ailleurs répété ce week-end devant nos confrères du Figaro,
01:40qui comme lui, comme vous Thomas, ne sont pas en vacances.
01:43« Nous sommes menacés d'un accident majeur », leur a-t-il solennement déclaré,
01:47se disant persuadés que les agences de notation internationales seront impitoyables
01:50si les 44 milliards d'économies qu'ils proposent ne sont pas votées.
01:53Le problème est que si on admire les efforts qu'ils déploient pour combattre la fatalité,
01:56on a un peu l'impression d'entendre un vieux disque.
01:58Moi ou le chaos ?
01:59Mais c'était l'argument d'Emmanuel Macron pour remporter l'élection présidentielle de 2022.
02:03Or, il a gagné, mais le chaos est toujours plus proche.
02:06Les agences de notation impitoyables ?
02:07Ça fait au moins 10 ans qu'on nous annonce que leur couperet fatidique est pour demain.
02:11Une critique que le Premier ministre anticipe d'ailleurs,
02:13en évoquant le roman de Dino Buzati, « Le désert des tartares ».
02:16Pendant 30 ans et près de 300 pages, le lieutenant, puis capitaine, puis commandant Drogot, le héros,
02:21attend l'ennemi qui doit surgir et jamais ne surgit.
02:24Et puis si, finalement il surgit, mais Drogot est parti à l'arrière.
02:27Le message de Bayrou est clair, si je ne suis pas là, les problèmes resteront.
02:31Et cette stratégie peut-elle néanmoins le sauver à la rentrée ?
02:33J'en doute vraiment ceux qui menacent politiquement François Bayrou,
02:36comme Mendes France ou la 4ème République,
02:38c'est un vote commun de l'extrême droite et de l'extrême gauche
02:40et des alliés qui ne le soutiennent pas.
02:42On voit mal comment ses causeries et la noirceur du tableau qu'il présente
02:45convaincront ses adversaires de changer leur fusil d'épaule
02:47et de ne pas voter la censure qu'ils ont promise pour cet automne.
02:50Non, au fond, ce qu'il cherche, c'est moins de sauver son fauteuil à Matignon
02:53que son image d'homme responsable, fidèle à des convictions centristes
02:57qui l'ont fait naviguer entre la droite et la gauche pendant des décennies.
03:00S'il est chassé du pouvoir en octobre,
03:02il ne sera pas dit qu'il aura trahi ses engagements de toujours
03:05et sa certitude que le bipartisme est une vieille lune
03:07à laquelle les Français ne croient plus.
03:10Asséné par quelqu'un à qui seulement 16% des Français font confiance,
03:13selon le dernier baromètre figure au magazine Vériant de Juillet,
03:16c'est un peu audacieux.
03:17Surtout quand on voit dans le même sondage
03:19que les trois premières personnalités
03:20que nos concitoyens souhaitent voir jouer un rôle politique important dans l'avenir
03:23sont Marine Le Pen, Jordan Bardella et Bruno Rotaillot
03:26et que figurent aussi dans le top 10 Marion Maréchal,
03:29Éric Ciotti, les LR Xavier Bertrand et Gérald Darmanin
03:31et Édouard Philippe, ancien LR.
03:33N'en déplaise à François Bayrou,
03:34il semble que nos concitoyens, pour sortir le pays de l'ornière,
03:37parient moins sur lui que sur la droite.
03:39Merci Jean-Christophe Buisson, votre édito politique sur Europe 1
03:42et justement aujourd'hui à la une du Figaro,
03:44François Bayrou bouscule les syndicats
03:47contre les jours fériés,
03:49les chômeurs dans son courrier
03:50qui provoquent la colère des organisations.
03:52Le Premier ministre, en quête d'économie,
03:54demande un durcissement des conditions d'anamnisation des chômeurs.
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