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  • il y a 3 mois

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00:00Bienvenue au Cœur du Crime, un podcast issu des archives d'Europe 1.
00:11Savez-vous que plus d'un tiers des crimes et délits commis en France sont traités par la Gendarmerie Nationale ?
00:19Je m'appelle Yann Kermadek, je suis commandant de gendarmerie.
00:25Je dirige une section de recherche dont la mission essentielle est une mission de police judiciaire.
00:41L'histoire que je vais vous raconter est une histoire vraie.
00:46Tous les faits sont réels et se sont déroulés en France.
00:50Seuls les noms des personnes et des lieux ont été changés.
00:55Les pratiques douteuses et peu scrupuleuses, Frank Colby y est habitué.
01:08Et il faut dire que la chance a toujours été de son côté.
01:12Il faut dire aussi que jamais dans sa carrière d'avocat, il n'a rien fait de vraiment criminel.
01:18Jusqu'à la semaine dernière.
01:22Jusqu'à ce qu'il se trouve impliqué dans une affaire de corruption de jurés.
01:27Il croyait pourtant avoir agi comme toujours avec la plus grande discrétion, mais Dieu sait comment,
01:33le conseil de l'ordre des avocats a eu vent de la chose et semble bien décidé à faire ouvrir une enquête.
01:40Alors, depuis une semaine, c'est à peine si Frank Colby peut encore fermer l'œil la nuit.
01:48Et le jour, la pensée qu'un témoin peut décider de sa ruine le rend moitié fou de rage.
01:54En fait, ce qu'il met dans un tel état de fureur, c'est qu'il soit complètement impuissant face à la situation.
02:01En désespoir de cause, il a bien songé à acheter le témoin, quitte à y laisser sa chemise,
02:08mais un quart d'heure lui a suffi pour s'apercevoir que le compte en banque du témoin en question,
02:14Harry Mansfield, un promoteur immobilier, était au bas mot 200 fois supérieur au sien.
02:23Alors il attend.
02:25Il se ronge les sangs et il attend.
02:27À la maison, c'est à peine s'il desserre les lèvres.
02:31D'un côté, ça n'est pas très gênant.
02:34Dorothy, sa femme, a toujours eu de la conversation pour deux.
02:36Mais dans l'état de tension où il se trouve,
02:39Frank a le plus grand mal à supporter ce perpétuel moulin à parole,
02:44d'autant plus que la voix de Dorothy n'est pas précisément douce et musicale.
02:50Bien au contraire.
02:52Mais le caractère de Dorothy manquant autant de douceur que sa voix,
02:56Frank n'ose pas lui demander de se taire un peu et endurre son martyr en silence.
03:04Quand le réveil a sonné ce matin, un fort beau matin d'été pourtant,
03:09il s'est dit qu'il resterait bien au lit toute la journée, et même plus longtemps.
03:15Mais inutile de rêver.
03:18Dorothy ne le laisse même pas faire la grâce matinée le dimanche.
03:22Il s'est donc résigné à se lever.
03:24En se rasant, il a sérieusement hésité entre fuir en Amérique du Sud,
03:30se tirer une balle dans la tête,
03:33ou aller, comme prévu, à son rendez-vous avec le shérif Morgan
03:36pour une affaire qui n'a rien de passionnant,
03:39mais qui aurait au moins le mérite de lui changer les idées.
03:44Et comme il reste un incorrigible optimiste,
03:48il a bien évidemment opté pour la dernière solution.
03:51Une heure plus tard, il garde sa vieille Ford près de la prison
03:56et se dirige vers le bureau du shérif.
03:59L'officier de police, un grand type maigre au regard aigu
04:03derrière des lunettes à monture d'acier,
04:06examine avec dédain le costume froissé
04:09et les chaussures fatiguées de l'avocat marron.
04:11« Comment ça va, Colby ? » dit-il en se calant dans son fauteuil grinçant.
04:20De sa main noueuse, il désigne une chaise de l'autre côté de son vieux bureau de chaîne.
04:26« Bonjour, Morgane ! » marmonne Franck en se laissant tomber sur la chaise.
04:31« Alors, comme ça, vous avez bouclé une fois de plus Jerry Duncan.
04:36Qu'est-ce qu'il a encore fait ? Il a volé des poules ? Il a chapardé dans une épicerie ? »
04:43« Non, Colby ! Cette fois, c'est sérieux. Il est inculpé de meurtre. »
04:49« De meurtre ? Jerry Duncan ? Non, mais vous plaisantez, là. Est-ce que j'en ai l'air ? »
04:56« Hein ? Ben non, non. Et est-ce qu'il a avoué ? »
05:03« Mon Dieu ! Oui, en quelque sorte. »
05:06« Non, mais comment ça, en quelque sorte ? »
05:10« Eh ben, il a raconté les choses les plus folles que j'ai jamais entendues.
05:14Je me demande s'il n'a pas carrément perdu la boule. »
05:19« Chérif, est-ce que je peux lui parler ? »
05:21« Oui, bien sûr, puisque vous êtes son avocat. »
05:26Le shérif conduit Franck le long d'un morne couloir qui sent la crasse et le désinfectant
05:32jusqu'à une cellule située à l'arrière de la prison.
05:36Il ouvre la porte, puis s'éloigne en faisant teinter son trousseau de clé.
05:42« Gueulez un bon coup quand vous aurez fini avec lui ! »
05:48Franck s'assied sur la couchette qui fait face à celle de Duncan et le regarde d'un air songeur.
05:54Il ne l'a pas vu depuis deux ans.
05:58Jerry a toujours ses cheveux jaunes qui ressemblent à de la paille emmêlée,
06:03son visage maigre à la pâleur maladive et ses grands yeux tristes.
06:09« Allez, raconte-moi tout, Jerry ! »
06:12dit Franck en allumant une cigarette.
06:16Jerry Duncan se tord les doigts.
06:19« Vous ne me croirez jamais, M. Colby ? Personne ne me croira jamais. »
06:23« Essaye quand même avec moi, Jerry. »
06:27« Vous avez déjà entendu parler de soucoupes volantes ? »
06:31demande Duncan.
06:34Franck Colby tire une longue bouffée de sa cigarette.
06:38« Ah, alors là, t'as raison, Jerry. »
06:41« Là, je ne te crois pas. »
06:43« Mais il faut me croire, M. Colby. »
06:45« De toute façon, vous devez m'écouter. »
06:48« Bon, très bien, mon gars. Alors, vas-y. »
06:51« Voilà, M. Colby. C'était la nuit d'avant-hier.
06:56Avec ma femme, on avait eu du grabuge.
06:59Elle venait de me dire quelque chose d'horrible.
07:01Et je suis sorti, histoire de me calmer les nerfs.
07:04Vous savez, je ne l'ai jamais frappé de ma vie.
07:07Mais j'avoue que j'ai souvent eu envie de le faire. »
07:11Franck réprime un sourire.
07:14Il a vu une fois la femme de Jerry.
07:17Bâti comme un torpilleur,
07:19Betty Duncan n'aurait pu ne faire qu'une bouchée de son mari.
07:22Et Franck n'a aucun mal à croire
07:24que Jerry n'aurait jamais osé lever la main sur elle.
07:30Continue, Jerry.
07:32« Alors, voilà, M.
07:34Voilà.
07:35Le soleil venait de se coucher
07:36quand j'ai vu cette chose bizarre dans le ciel.
07:40Ça planait très haut, vous voyez,
07:42comme un oiseau et sans faire de bruit.
07:45J'ai cru que ça atterrissait
07:47derrière le vieux chauve.
07:49Vous savez, la colline à côté de chez nous.
07:51Je vous jure que je l'ai vue
07:53aussi nettement que je vous vois. »
07:56Franck a un petit grognement incrédule.
07:59« Ouais.
08:00Et alors, qu'est-ce que tu as fait ?
08:03Hein ?
08:04Un voyage à l'œil ? »
08:06Les frêles épaules de Jerry se tassent
08:08sous le poids du découragement.
08:10« Oh !
08:11Je savais bien que vous ne me croiriez pas.
08:14Mais moi, M.
08:15Je sais bien ce que j'ai vu.
08:17J'ai escaladé la colline
08:18et juste comme j'arrivais au sommet,
08:20j'ai vu la chose s'envoler au loin.
08:22Mais j'ai bien repéré l'endroit
08:24où elle était posée,
08:25dans la boue.
08:26Et il y avait là
08:27quelque chose qui luisait
08:29dans les derniers rayons
08:31du soleil couchant. »
08:33Franck secoue la cendre
08:35de sa cigarette
08:35à petits coups nerveux.
08:38« Et alors ?
08:39Je suppose que tu allais
08:41le ramasser, cet objet.
08:43Mais qu'est-ce que cette histoire
08:44à dormir debout
08:45a à voir avec ton inculpation
08:47de meurtre ? »
08:49« J'y arrive, M. Colby,
08:50j'y arrive.
08:51Si vous voulez bien
08:52m'écouter jusqu'au bout. »
08:54« Très bien, Jerry, très bien.
08:55Je ne t'interromperai plus,
08:57c'est promis. »
08:58« Bon.
08:59Alors, je suis descendu
09:00dans le trou
09:01et j'ai pris la chose
09:03dans ma main. »
09:04« Vous voyez ?
09:05D'abord, j'ai cru
09:06que c'était un jouet.
09:07Vous savez ?
09:08Comme ce qu'on donne
09:09aux gosses à Noël.
09:11Ça ressemblait
09:12à un de ces fusils
09:13à rayons de la mort,
09:14comme ils disent.
09:15Vous savez ?
09:16Le genre de fusil
09:17avec lesquels s'amusent
09:18les mômes
09:18quand ils jouent
09:19aux martiens.
09:21Oui.
09:22Et c'était un truc
09:23comme ça ?
09:24Ben,
09:25c'est ce que j'ai cru
09:26au début.
09:28Mais maintenant,
09:30je crois que c'est tombé
09:31de la soucoupe volante.
09:33« Ah !
09:34Et comment le sais-tu ?
09:36Eh ben,
09:37je l'ai ramené
09:38à la maison.
09:39Voyez ?
09:40Je pensais l'offrir
09:41à mes neveux.
09:42Vous savez,
09:43Betty et moi,
09:44on n'a pas eu d'enfant.
09:45Donc,
09:46j'ai ramené
09:46la chose
09:47à la maison
09:48et j'avais même
09:49par fermé la porte
09:50que Betty
09:51s'est remise
09:51à masticoter
09:52et à faire
09:53un tas d'histoires
09:54parce que
09:54j'avais été
09:55me balader
09:55dans les collines
09:56au lieu de faire
09:57la vaisselle.
09:58Elle m'a traité
09:58tous les noms
09:59et elle s'est mise
10:00à hurler si fort
10:01que je me suis énervé.
10:04Ah !
10:05Et qu'est-il arrivé ?
10:07Eh ben,
10:07j'ai commencé
10:07à brailler moi aussi
10:08et puis,
10:09je l'ai visé
10:10avec cette chose-là
10:12en lui disant
10:12« Ah !
10:13Si c'était
10:13un vrai fusil,
10:14je te tuerais
10:15tout net ! »
10:15Et j'ai appuyé
10:16sur la détente.
10:19Franck se lève
10:20et se penche
10:21vers Jerry Duncan.
10:23« Dis donc,
10:24mon petit vieux,
10:26t'es vraiment
10:26cinglé
10:27ou tu te paies
10:28ma tête ? »
10:30Le regard de Jerry
10:31se fait suppliant.
10:33« Monsieur Colby,
10:35on m'a souvent
10:36traité de bon à rien,
10:38de menteur,
10:38de voleur,
10:39d'ivrogne
10:39et on avait
10:40peut-être raison
10:41mais jamais,
10:42jamais,
10:43vous m'entendez bien,
10:44jamais,
10:45personne ne m'a
10:46traité de cinglé.
10:48Alors si vous croyez
10:48vous aussi
10:49que je suis fou,
10:50ça sert même à rien
10:51que je vous raconte
10:51jusqu'au bout.
10:53Bon,
10:54excuse-moi Jerry,
10:55excuse-moi,
10:56je suis un peu énervé
10:56en ce moment,
10:57bon,
10:58vas-y,
10:58continue.
11:00Bien.
11:01Alors,
11:01quand j'ai appuyé
11:02sur la détente
11:03de cette chose-là
11:05et n'oubliez pas
11:07que je croyais
11:07que c'était un jouet,
11:09une lueur a jailli
11:11comme un éclair de canon
11:12et Betty
11:14est devenue
11:15un nuage de fumée,
11:16vous savez,
11:16comme ces brumes
11:17qu'on voit
11:17sur les collines
11:18à l'automne
11:18et elle a disparu,
11:20oui,
11:21disparu,
11:21je vous dis,
11:22il n'est plus rien
11:24resté d'elle.
11:25sans doute,
11:28pensez-vous
11:28comme Frank Colby
11:29que c'est une histoire
11:32à dormir debout.
11:34Mais,
11:36est-ce bien sûr ?
11:38C'est ce que vous saurez
11:39dans quelques instants.
11:40Frank Colby,
11:49avocat peu scrupuleux,
11:51a bien des problèmes.
11:53Il est impliqué
11:54dans une affaire
11:55de corruption de juré
11:56qui risque de sonner
11:57le glas de sa carrière.
11:59Sa femme,
12:00Dorothy,
12:00lui mène la vie dure
12:01et un de ses clients,
12:03inculpé de meurtre,
12:05prétend avoir assassiné
12:06sa femme
12:07à l'aide d'un fusil
12:08tombé
12:09d'une soucoupe volante.
12:12Un fusil
12:13bien étrange
12:14puisque la victime
12:15a aussitôt
12:16disparu en fumée.
12:21Frank a beau
12:21s'exhorter
12:22à la patience,
12:24il commence
12:24à s'énerver
12:25sérieusement.
12:27Il saisit
12:27Jerry Duncan
12:28par les épaules
12:29et le secoue
12:29sans douceur.
12:30Tu ne t'attends
12:31tout de même pas
12:32à ce que j'avale
12:32des salades pareilles,
12:33hein ?
12:34Duncan se recroqueville
12:36sur sa couchette.
12:37Je jure devant Dieu
12:39que c'est exactement
12:40ce qui est arrivé,
12:40monsieur,
12:41que je devienne
12:42sourd et aveugle
12:43si je mens.
12:45Là,
12:46Frank se rend compte
12:47que Jerry croit
12:48vraiment
12:49que tout s'est passé
12:50ainsi car,
12:51superstitieux
12:52comme il l'est,
12:53il n'aurait jamais
12:54proféré
12:55de telles paroles
12:56en l'air.
12:58Donc,
12:59Betty a disparu
13:00et le shérif
13:01est manifestement
13:02convaincu
13:02que Duncan
13:03lui a fait
13:03son affaire.
13:05Mais si elle
13:06s'était enfuie
13:07et cachée
13:08pour faire enrager
13:09son mari ?
13:11Oui,
13:12possible,
13:12mais peu vraisemblable.
13:15Et si Duncan
13:16l'avait vraiment tuée
13:18et tirée
13:19toute cette histoire
13:19de son subconscient
13:20pour soulager
13:21sa conscience ?
13:23Les fous
13:23le font parfois.
13:24Franck n'en est pas
13:27absolument sûr
13:27mais il lui semble
13:28que la meilleure défense
13:29serait tout de même
13:30de plaider la folie.
13:32Pour plus de sûreté,
13:34il consulterait
13:35un psychiatre avant.
13:38Au même moment
13:39et de façon
13:40tout à fait inattendue,
13:43Franck Colby
13:43sent la sueur
13:44lui ruisseler
13:45dans le dos,
13:46une sueur
13:47glaciale.
13:50Il y a aussi
13:50une autre hypothèse,
13:54se dit-il
13:54sombrement.
13:56C'est que je ne
13:57puisse rien
13:57plaider du tout
13:58si je n'arrive pas
13:59à me débarrasser
14:00d'abord de cette histoire
14:01de corruption
14:02de juré.
14:03L'espace d'un instant,
14:05il a une vision
14:05de cauchemar.
14:07Il se voit
14:07assis là
14:08sur cette couchette
14:09crasseuse
14:09à la place de Jerry
14:10avec son avocat
14:11qui striture les ménages
14:13pour trouver un système
14:14de défense plausible.
14:15Il sait bien
14:16qu'il ne risque pas
14:17une peine de prison
14:18très lourde,
14:19mais à la sortie,
14:21il ne pourra
14:22sans doute pas
14:22espérer beaucoup mieux
14:23qu'un avenir
14:24de clochard.
14:26Il se passe
14:27la main sur le front
14:28comme pour chasser
14:29le cauchemar.
14:32« Dis-moi, Jerry, »
14:35demande-t-il doucement.
14:37« Tu es sûr
14:38que Betty
14:39ne te joue pas
14:40un tour ?
14:42Peut-être
14:42qu'elle se cache
14:43quelque part. »
14:44Non, M. Colby,
14:46je l'ai cherchée
14:46partout,
14:47même en sachant
14:48que ça ne servirait
14:49à rien.
14:50Non, comme je vous l'ai dit,
14:51elle était là
14:52une minute plus tôt
14:53en chair et en os
14:54et à la minute d'après,
14:56elle s'était évaporée
14:57dans l'air.
14:58Volatilisée, quoi.
15:00Il faut que vous
15:01me tiriez de là,
15:02M. Colby.
15:04Betty est une Greenfield
15:05et les Greenfields
15:06sont une drôle de tribu.
15:07Quand ils apprendront
15:08ce qui s'est passé,
15:10ils viendront sûrement
15:10me lyncher.
15:11Franck hoche la tête
15:14puis demande
15:15« Et dis-moi,
15:18qu'est-ce que tu as fait
15:19de l'arme du crime ? »
15:23« Je l'ai cachée
15:24au cru d'un arbre
15:25derrière le poulailler.
15:27Oh, M.
15:27Si vous la trouvez,
15:28vous croyez que vous
15:29pourrez expliquer
15:29les choses au juge
15:30et me sortir de là ?
15:32Ce serait peut-être
15:32une bonne idée, non ? »
15:35« Peut-être, Jerry.
15:36Peut-être. »
15:38En tout cas,
15:39je vais commencer
15:39par aller là-bas
15:40tenter de voir
15:41ce qui est réellement arrivé.
15:44Une demi-heure plus tard,
15:46la vieille Ford de Franck
15:47s'engage sur la route
15:48sinueuse et défoncée
15:50qui coupe à travers
15:51les montagnes.
15:52La misérable ferme
15:53des Duncan
15:54est située au flanc
15:55de la colline Pelé
15:56qui lui a valu son nom
15:58de vieux chauve.
16:00À l'approche de la voiture,
16:01une dizaine de poules
16:03efflanquées
16:03s'éparpillent
16:04dans tous les sens.
16:06L'avocat
16:06gare sa voiture
16:07dans la cour
16:08près du Porsche Vermoulu.
16:09« Il y a quelqu'un ? »
16:12crie-t-il
16:13sans beaucoup de conviction.
16:16Pas de réponse,
16:18ce qui ne le surprend
16:19pas vraiment.
16:21Il pénètre
16:22dans la misérable demeure
16:23et erre
16:24d'une pièce
16:25à l'autre.
16:26Il fouille la grange
16:27délabrée,
16:27mais,
16:28à part un mulet
16:29attaché à un poteau
16:30et qu'il regarde
16:31d'un air malheureux,
16:33il n'y a personne.
16:35En tout cas,
16:36aucune trace
16:37de Betty.
16:39Comme l'animal
16:40n'a rien à manger,
16:41Franck a pitié de lui
16:42et le fait sortir
16:43pour qu'il puisse
16:44trouver de quoi
16:45pètre et boire.
16:47Il contourne ensuite
16:48le poulailler
16:48et,
16:49une centaine de mètres
16:50plus loin,
16:50il atteint
16:51le grand chêne
16:52au tronc creux.
16:54Avec beaucoup
16:55de précaution,
16:57il glisse la main
16:58dans la cavité
16:59et en ressort
17:01un objet
17:03étrange.
17:04« C'est bien
17:07ce que je pensais,
17:09se dit-il.
17:11Un jouet. »
17:12Un gosse a dû le perdre
17:13et Jerry l'aura trouvé.
17:15Puis,
17:16après le choc
17:17que lui a causé
17:17le meurtre
17:18de sa femme,
17:19il a imaginé
17:20ce qu'on ne fait
17:21pour donner
17:22une explication
17:22rationnelle
17:23à son acte.
17:24« Oui,
17:25il va décidément
17:26falloir que je consulte
17:27un psychiatre
17:28à ce sujet. »
17:31Franck est encore
17:32plongé dans ses réflexions
17:33quand il voit
17:34une forme sombre,
17:37grise et blanche
17:38avec d'énormes oreilles
17:39sortir des fourrés
17:40à quelques mètres de là.
17:41Avec un grognement
17:42effrayant
17:43et des crocs menaçants,
17:44la forme s'approche
17:45de l'avocat
17:46qui tremble
17:47comme une feuille.
17:48S'il est une chose
17:49que Franck redoute
17:50par-dessus tout,
17:51c'est bien
17:52un chien méchant.
17:54Mais s'il avait su
17:54que Jerry en avait un,
17:56il ne se serait jamais
17:57aventuré jusque-là.
17:59Comme sa corpulence
18:00l'empêche
18:01de s'enfuir en courant,
18:02Franck s'adose
18:03à l'arbre
18:03en proie
18:04à une folle terreur.
18:06Et le chien avance,
18:08menaçant,
18:09les babines retroussées
18:10en un rictus sauvage.
18:12Franck essaie
18:12désespérément
18:13de dominer sa frieure
18:14et d'avoir
18:15un comportement courageux.
18:16Il a lu quelque part
18:17que rien n'excitait
18:18davantage un chien
18:19enragé
18:20que de sentir
18:20la peur
18:21chez l'homme.
18:22Il sait
18:22que sa voix
18:23sera chevrotante
18:24mais il se lance
18:25bravement.
18:27« Gentil !
18:27Gentil le chien !
18:28Gentil toutou ! »
18:30Le résultat est décevant
18:32pour ne pas dire
18:32catastrophique.
18:34Le chien commence
18:34par ignorer superbement
18:36les avances de Franck
18:37puis il paraît
18:37plus féroce encore.
18:39Sentant qu'il n'arriverait
18:40à rien par la douceur,
18:42Franck essaie
18:42d'effrayer l'animal.
18:43Braquant l'âme
18:44en direction du chien,
18:45il se met à hurler
18:46« Va-t'en,
18:46salveur d'où se tue ! »
18:48Le chien n'est pas
18:49intimidé le moins du monde.
18:51Il approche encore,
18:53toujours plus près,
18:54Franck se plaque
18:55contre le chien
18:56et son doigt tremblant
18:57appuie involontairement
18:58sur la détente.
18:59Alors,
19:00à sa grande surprise,
19:03un éclair aveuglant
19:04jaillit du canon.
19:06Comme s'il s'était
19:07soudain figé,
19:09le chien se rédit
19:10puis se transforme
19:12en un nuage de fumée
19:13qui se dissipe
19:15très vite.
19:17« Bon sang ! »
19:21s'exclame Franck.
19:22Jerry a dit la vérité.
19:26C'est incroyable,
19:27mais il a dit la vérité.
19:32Pendant un long moment,
19:33il reste là,
19:35contemplant l'arme
19:36dans sa main.
19:38La terreur
19:39et la stupéfaction
19:40s'effacent peu à peu
19:41de son visage
19:41pour faire place
19:42à l'incrédulité.
19:45Puis,
19:46son incrédulité
19:47se transforme
19:47en une certitude
19:48et un lent sourire rusé
19:51se dessine
19:52sur ses lèvres.
19:55Il se laisse tomber
19:56au pied du chêne
19:57avec un soupir
19:58de délicieux bien-être.
20:02« Oh !
20:02Quand je pense
20:05que ce matin
20:06j'envisageais
20:07de me faire sauter
20:08la cervelle ! »
20:09La vie vous réserve
20:12parfois
20:12de ces surprises.
20:15Dès cette nuit,
20:17dès cette nuit,
20:19je m'occupe
20:19de ce Harry Mansfield
20:21qui a eu le toupet
20:22de m'accuser
20:22d'avoir corrompu
20:23un juré
20:23et demain,
20:25je me débarrasse
20:25de Dorothy.
20:28Dans son euphorie,
20:29il a aussi une pensée
20:30pour le shérif Morgan
20:31qu'il prend pour un raté
20:32et qui ne se prive pas
20:33de le montrer.
20:35Pour l'épicier
20:35de son quartier
20:36qui a encore refusé
20:37de lui faire crédit.
20:37pour sa concierge,
20:39cette vieille fouine
20:40et pour quelques autres,
20:41tant d'autres !
20:43Mais,
20:44il conclut
20:45avec philosophie
20:47qu'il ne faut
20:48jamais abuser
20:50des bonnes choses
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