Le Premier ministre François Bayrou s'apprête à vivre une rentrée mouvementée, entre risque de censure et colère sociale. Le texte sur le budget 2026 continue de crisper et diviser.
00:00L'écho, Emmanuel, parallèlement à cette conférence de presse, aujourd'hui de François Bayrou, le gouvernement relance aussi les concertations avec les partenaires sociaux
00:07autour de cette fameuse mesure qui crispe la suppression de deux jours fériés. Bonne idée ou provocation ?
00:14Ah oui, alors il a beaucoup écrit au syndicat cet été, François Bayrou, mais c'est vrai que la mesure phare, celle qui est la plus spectaculaire,
00:21c'est cette proposition de supprimer deux jours fériés. Alors pour le moment, on parle du lundi de Pâques et du 8 mai pour les salariés du privé
00:28comme pour les salariés du public. Alors c'est vrai que sur le papier, cette proposition, elle a deux mérites aussi limpides.
00:36Vous savez que des calculs automatiques sur un tableur Excel, c'est un peu ça l'idée. D'abord, premier mérite, faire travailler davantage les Français,
00:44sachant que la France est le grand pays, il faut le rappeler, dans lequel on travaille le moins au regard du nombre d'heures travaillées par habitant.
00:52Et puis, deuxième ambition, remplir les caisses de l'État, puisque ces deux jours de travail supplémentaires seraient censés rapporter plus de 4 milliards d'euros.
01:00Donc le message est clair, il faut travailler plus si on veut préserver notre modèle social.
01:05Alors concrètement, pour les salariés, expliquez-nous, comment ça va fonctionner ?
01:09Alors la logique, elle est la même que pour la journée de solidarité de Pentecôte.
01:13Ces deux journées, donc ce serait deux fois cette heure de travail offerte par les salariés,
01:18ce qui reviendrait à leur coûter quand même 8 milliards d'euros, aux salariés.
01:24Donc là, vous avez bien compris, on n'est pas dans le travailler plus pour gagner plus, comme ce fut le cas à une époque.
01:29On est dans le travailler autant, enfin travailler plus pour gagner pareil.
01:32Même moins en taux horaire, du coup.
01:34Alors, en taux horaire, c'est absolument vrai.
01:37Alors dans cette logique, l'entreprise est gagnante, parce qu'elle bénéficie de deux jours de travail finalement gratuites.
01:42Donc la logique, c'est qu'on lui fait payer en contrepartie une cotisation supplémentaire.
01:46Donc ça coûte 8 milliards aux salariés, les entreprises en redonnent 4 à l'État et elles en gardent 4 au passage.
01:52Ça va être facile à mettre en place ?
01:54Non, ça va être très compliqué.
01:55Ça va être compliqué d'abord techniquement, parce que toutes les entreprises n'ont pas les mêmes contraintes, les mêmes rythmes.
01:59On a vu d'ailleurs à l'occasion de la mise en place de la journée de Pentecôte que c'était compliqué.
02:05Donc depuis 2008, les entreprises peuvent organiser ça comme elles veulent.
02:08Vous avez même la SNCF qui a décidé de faire 1 minute 52 par jour pour effectivement cette journée de solidarité.
02:18Il y a des contraintes aussi qui sont des contraintes économiques.
02:21Concrètement, l'impact sur la croissance, il va être plutôt négatif.
02:24Et puis le problème de l'économie française, c'est pas de faire travailler plus ceux qui ont déjà du boulot,
02:28c'est de faire travailler plus de Français.
02:30Or là, si vous faites travailler davantage ceux qui ont déjà du travail,
02:33ça représente à peu près 150 à 180 000 équivalents temps plein.
02:37Donc c'est pas très bon pour l'emploi.
02:39Et puis qu'est-ce qui va se passer sur l'organisation finalement de cette journée ?
02:43Est-ce que les écoles vont être fermées ou pas ?
02:46On voit bien que pour lundi de Pentecôte, ça pose des problèmes.
02:49Et puis ça va être compliqué aussi politiquement.
02:51Un, est-ce que ça ne pénalise pas trop les bas salaires ?
02:53Et ça, ça va être un des éléments du débat.
02:56Et puis surtout, l'opposition, elle est quand même très forte.
02:58Vous avez 7 à 8 Français sur 10 qui sont contre.
03:01Vous avez 7 à 8 patrons qui sont contre.
03:03Vous avez les syndicats qui sont contre.
03:06Franchement, ça fait beaucoup d'obstacles à surmonter
03:09pour une idée qui n'est pas économiquement peut-être la plus pertinente.
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