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  • il y a 3 mois
Selon le document d'orientation envoyé aux syndicats, samedi 9 août, le gouvernement vise un rendement de 4,2 milliards d'euros dès 2026 grâce à la suppression de deux jours fériés.

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00:00Est-ce que vraiment deux jours fériés supplémentaires vont être supprimés par François Bayrou ?
00:04Oui, c'est une mesure proposée par le Premier ministre, une mesure qui suscite de nombreuses questions et de nombreuses inquiétudes aussi.
00:10C'est le thème de notre 7 minutes pour comprendre.
00:17Avec nous pour en parler aujourd'hui Emmanuel Lechypre. Bonjour Emmanuel.
00:21Bonjour à tous.
00:22Éditorialiste économique BFMTV RMC. Nous sommes également à distance avec Sylvie Amblot, présidente de la CFTC.
00:29Emploi, la Confédération des travailleurs chrétiens.
00:32Et avec Edgar Becket, journaliste politique à BFMTV, en direct du fort de Brégançon, dans le Var, avec Willem Guay.
00:40Pour commencer, écoutez, il y a quelques heures, quelques jours, pour être précis, François Bayrou a pris la parole.
00:46Il a martelé une nouvelle fois qu'il voulait supprimer deux jours fériés.
00:50Produire plus, ça veut dire que le pays travaille plus, qu'il a plus d'activités.
00:55Et c'est à partir de cette idée que j'ai proposé, l'idée controversée, qui a fait beaucoup de commentaires, de restreindre le nombre des jours fériés.
01:04Je suis tout à fait ouvert sur de quels jours il s'agit.
01:08Si on travaille un jour de plus ou deux jours de plus, alors ça veut dire que le pays tout entier produit plus.
01:15Je sais bien que ça a suscité beaucoup de commentaires et beaucoup d'opposition.
01:21Mais en vérité, si c'est un effort de cet ordre qui permet de sortir des difficultés qu'on rencontre, ou qui nous aide à sortir des difficultés qu'on rencontre, je trouve que c'est un effort acceptable.
01:33On va essayer de débroussailler tout ça avec vous, Emmanuel.
01:38Le Premier ministre François Béroux s'exprime sur sa chaîne YouTube.
01:40Il a également envoyé une lettre au syndicat.
01:43Première question simple, pourquoi veut-il supprimer deux jours fériés ? Quel est le but ?
01:47Alors le message subliminal, c'est grosso modo, si la France veut préserver son modèle social qui coûte cher, il va falloir travailler plus pour le financer.
01:57Et donc il y a deux aspects. Il y a l'aspect, on va générer des recettes supplémentaires pour l'État, donc il estime ça à 4,2 milliards d'euros.
02:07Et puis on va faire travailler les Français davantage pour effectivement produire plus.
02:12C'est sa logique. Comment ça se passe sur le papier ?
02:15Eh bien ça se passe exactement comme le modèle du lundi de Pentecôte.
02:20Vous savez qu'il y avait été, finalement, qui était jour férié et dont on avait décidé qu'il ne serait plus jour férié pour financer justement notamment la caisse d'assurance vieillesse.
02:31Alors là, ça se passerait comment ? En gros, deux jours fériés.
02:34Alors pour le moment, on parle...
02:36Deux qui sont ciblés, oui.
02:36Oui, lundi de Pâques et 8 mai.
02:38Mais c'est pas gravé dans le marbre.
02:39C'est pas gravé dans le marbre, ça peut être discuté.
02:42Il faut rappeler que le 8 mai n'a pas toujours été un jour férié, contrairement à ce qu'on pourrait croire.
02:47Et donc, l'idée c'est quoi ? C'est que les Français, ils vont travailler deux fois 7 heures de plus à peu près par jour.
02:52Donc ils vont travailler 14 heures de plus sur l'année, sauf qu'ils ne seront pas payés plus.
02:58Et ça...
02:58Oui, c'est la petite subtilité quand même.
03:00Alors on est très loin du travailler plus pour gagner plus, vous vous rappelez.
03:03Là, en gros, c'est travailler plus pour gagner autant.
03:07Donc, qui est gagnant dans l'affaire ?
03:08C'est les entreprises, puisqu'elles ne vont pas payer plus leurs salariés et qu'elles vont, elles, bénéficier de deux jours de travail supplémentaire.
03:16Donc, ce que dit l'État, c'est qu'en contrepartie, finalement, de ce travail supplémentaire,
03:21les entreprises vont verser une cotisation qui rapporterait, donc si on se fie sur ce que rapporte le lundi de Pentecôte,
03:28à 2,4 milliards d'euros à peu près.
03:30C'est comme ça qu'on retombe sur les 4 milliards d'euros gagnés.
03:34Donc, vous voyez, tout ça est très simple sur le plan arithmétique, comme souvent.
03:39La réalité, c'est que ce sera sans doute un peu plus compliqué à mettre en œuvre.
03:42Qu'est-ce que vous en pensez, vous, Sylvie Amblot, présidente de la CFTC Emploi,
03:46la Confédération des travailleurs chrétiens ?
03:47Je précise que François Bayrou a donc, ces dernières heures, envoyé ce courrier aux partenaires sociaux
03:52leur demandant de dire si, oui ou non, ils sont prêts à négocier à partir du 1er septembre.
03:57Alors, ce que je sais, c'est que la CFTC ne se rendra pas à ces négociations.
04:04Ce que l'on en pense, c'est que les jours fériés, ce n'est pas un sujet pour nous.
04:11Il y a d'autres solutions.
04:14Faire travailler plus ceux qui sont déjà en emploi, c'est pour nous un effort qui n'est pas acceptable.
04:21Des solutions pourraient être trouvées au niveau de l'emploi des seniors, l'emploi des jeunes.
04:27L'idée serait pour nous de pouvoir permettre à plus de personnes d'être en emploi
04:33et justement d'avoir des recettes fiscales par rapport à ces nouveaux emplois
04:38plutôt que de faire travailler plus ceux qui travaillent déjà.
04:41Edgar, vous êtes à Brégançon.
04:44On a l'impression que François Bayrou, quelque part, veut un petit peu rejouer le conclave
04:48comme il avait fait avec les retraites. C'est un petit peu ce qu'il essaie de faire
04:51en concertant les partenaires sociaux.
04:57Oui, Marie, sauf qu'il y a une différence et pas des moindres.
05:00Le conclave sur les retraites avait duré un peu plus de 4 mois.
05:03Et là, les négociations ne devraient pas durer plus d'un mois.
05:06En fait, le gouvernement laisse aux partenaires sociaux jusqu'au 1er septembre
05:11de dire s'ils souhaitent ou non négocier
05:13avec comme objectif de parvenir à un accord le 30 septembre prochain.
05:19Ça laisse donc très peu de temps pour trouver cet accord.
05:22Et les syndicats, vous l'avez entendu, n'ont pas l'air très emballés.
05:24Par exemple, la CFE-CGC évoque une arnaque absolue
05:28qui va enrichir le patronat.
05:30Des discussions qui commencent déjà très mal.
05:33Oui, avec quand même ce petit mot, Edgar,
05:35puisque vous êtes à Brégançon, c'est pour ça qu'on vient vous voir.
05:37C'est scruté de très près par Emmanuel Macron
05:39qui est en vacances en ce moment derrière vous dans ce fort.
05:45Oui, alors le président de la République
05:47n'a jamais officiellement réagi à cette proposition de mesure.
05:51Mais il avait laissé ces dernières semaines sous-entendre
05:55que tout ce qui permet de produire plus,
05:57tout ce qui permet de travailler plus, va dans le bon sens.
06:01Donc François Bayrou, qui est menacé par l'ascensure à l'automne prochain,
06:05a sur cette proposition un soutien de taille.
06:07Le chef de l'État qui, vous l'avez dit, l'opole,
06:09se trouve derrière moi au fort de Brégançon.
06:12Merci Edgar Becket depuis Brégançon.
06:15Je reviens vers vous, Emmanuel Lechiffre.
06:17On le disait sur le papier, c'est une mesure qui est très simple.
06:20Mais dans la pratique, est-ce que ça va être si facile que ça de la mettre en place ?
06:23Non, ça va être très compliqué.
06:24D'abord parce qu'on l'a vu avec le lundi de Pentecôte,
06:27toutes les entreprises n'ont pas le même rythme,
06:29ne travaillent pas de la même façon.
06:30Et d'ailleurs, il en avait été tenu compte dès 2008
06:33puisqu'on avait assoupli la possibilité finalement de pouvoir travailler
06:38non pas forcément le lundi de Pentecôte,
06:40mais de choisir des jours de RTT, des jours fériés,
06:43ou même toute l'année.
06:44La SNCF avait choisi par exemple de faire travailler ses salariés
06:461 minute 52 par jour de plus.
06:51Ensuite, c'est compliqué économiquement
06:52parce que l'impact sur la croissance,
06:55il va être assez, enfin, il va être infinitésimal,
06:58mais il va être plutôt négatif
06:59puisque c'est quand même de la consommation en moins, probablement.
07:04Alors, est-ce que les entreprises, elles, vont investir un peu plus
07:08parce qu'elles, elles ne seront pas vraiment impactées ?
07:11Ce n'est pas sûr, il faudra le voir.
07:12Et puis la consommation, ça veut dire effectivement moins de consommation,
07:15un peu moins de consommation.
07:17Et puis, effectivement, on comprend l'inquiétude des professionnels du tourisme
07:20qui disent, évidemment, ça veut dire des perspectives de pont en moins,
07:24ça, c'est jamais bon.
07:26Et donc, politiquement, et puis économiquement aussi,
07:28ça a été soulevé tout à l'heure.
07:30L'autre défi de la France, c'est qu'on dit
07:32la France ne travaille pas assez globalement,
07:35ce qui est vrai.
07:35Mais le défi, ça n'est pas de faire travailler davantage
07:38ceux qui ont déjà un emploi,
07:40c'est ce que disait notre syndicaliste tout à l'heure,
07:43c'est de faire travailler plus de gens.
07:47Or, si vous prenez finalement ces 14 heures supplémentaires,
07:50faits par les salariés en place,
07:52ça correspond à 150 000, à 180 000 emplois en équivalent temps plein,
07:57donc qui ne seront pas embauchés.
07:59Donc, ça veut dire peut-être des chômeurs de plus,
08:01des cotisants en moins et du chômage à payer.
08:04Et puis, politiquement, c'est très compliqué.
08:067 à 8 Français sur 10 sont contre,
08:09et puis les syndicats sont contre,
08:10sur la base d'un raisonnement qui est simple,
08:12qui dit, mais attendez, en bossant deux jours de plus,
08:15on demande aux salariés un effort de 8 milliards d'euros.
08:18Là-dessus, les entreprises vont gagner ces 8 milliards
08:22et elles n'en redonneront que 4 à l'État.
08:25Donc, les syndicats, ils disent, attendez,
08:26les salariés, ça leur coûte 8 milliards,
08:29les entreprises en gagnent 4 et l'État en gagne 4.
08:32Et c'est pour ça que les syndicats jugent
08:34que cette proposition n'est pas admissible.
08:35Oui, ça va être compliqué tout ça,
08:36dans un contexte évidemment de potentielle censure.
08:39On verra ce qui se passera à l'automne
08:40pour le gouvernement Bayrou.
08:41Merci beaucoup.
08:41Sous-titrage Société Radio-Canada
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