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  • il y a 3 mois
Quatre corps ont été découverts dans la Seine au niveau de Choisy-le-Roi, le 13 août dernier. Un homme a été interpellé mercredi 20 août et placé en garde à vue. Il est suspecté des quatre meurtres.

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Transcription
00:00Et on commence donc avec cette histoire incroyable, ces quatre corps qui ont été retrouvés il y a une semaine dans la Seine.
00:08Et donc une nouvelle information, puisque l'homme qui a été interpellé est suspecté, effectivement, des quatre morts.
00:14Dans un instant, on en parle avec nos experts en plateau.
00:18À mes côtés, Jean-Pierre Colombiès, bonjour, merci d'être avec nous.
00:20Vous êtes ancien commandant de la police judiciaire.
00:23Et puis à mes côtés, également, Boris Karamoff, journaliste au service police-justice de BFM.
00:29Mais d'abord, avant de vous donner la parole, on prend directement la direction du siège de la police judiciaire.
00:36On trouve notre envoyé spécial, Antoine Forestier.
00:38Bonsoir, Antoine.
00:39Quelles sont les dernières informations dont vous disposez ?
00:44Oui, en effet, l'étau semble se resserrer autour de cet homme qui a été placé en garde à vue il y a maintenant deux jours, mercredi matin.
00:51On en sait un peu plus sur le profil de cet homme.
00:53Il est âgé de 24 ans.
00:54Il a été interpellé dans un squat au bord de la Seine.
00:57Il est de nationalité algérienne en situation irrégulière.
01:01Et il a été entendu à au minimum quatre reprises depuis le début de cette garde à vue en présence de son avocat
01:07et également en présence d'un interprète en langue arabe.
01:10Les premiers éléments qui ressortent de ces auditions permettent aux enquêteurs de le soupçonner d'être l'auteur de quatre meurtres.
01:17Pour rappel, il y a maintenant huit jours, ce sont quatre corps qui ont été retrouvés du côté de Choisy-le-Roi, immergés dans la Seine.
01:23Jusqu'à présent, on parlait de traces de strangulation et de lésions sur uniquement deux de ces corps.
01:28Il y avait d'ailleurs deux victimes uniquement qui ont pu être identifiées grâce aux autopsies.
01:33Les quatre enquêtes ouvertes initialement ont été regroupées en une seule par le parquet de Créteil pour meurtre en concours,
01:40c'est-à-dire meurtre multiple.
01:41Et c'est d'ailleurs ce qui permet aux enquêteurs d'avoir plus de temps pour poser des questions à ce suspect.
01:46Ils ont quatre jours au maximum, c'est-à-dire que dans son cas, il pourrait être entendu jusqu'à dimanche matin ou plus tard.
01:52Pour rappel, il y a une deuxième garde à vue dans cette affaire.
01:54Elle a démarré hier, mais concernant ce deuxième homme qui est interrogé par les enquêteurs,
01:58on dispose de très peu d'éléments concernant son profil.
02:01Merci beaucoup Antoine Forestier.
02:02Vous êtes au siège de la police judiciaire avec Rémi Soula.
02:07Alors, vous avez été commandant justement de la police judiciaire.
02:10Qu'est-ce qui vous semble absolument étonnant dans cette affaire et singulier ?
02:14On voyait finalement ce suspect interpellé, le suspect de ces quatre meurtres.
02:20C'est que ceci, ça lui est réellement attribué, parce qu'il faut être prudent quand même.
02:24On a des cadavres dont certains sont très très décomposés, dans un état de dégradation assez avancé.
02:30Donc, il va falloir faire le lien entre ces personnes retrouvées décédées et l'auteur d'un homicide présumé.
02:37On est dans les présomptions, on n'est pas dans la certitude.
02:39C'est ça le fond du travail des enquêteurs.
02:41Oui, mais il y a une partie du travail des enquêteurs qui les amènent aujourd'hui ?
02:44Oui, mais encore faut-il le prouver.
02:46Et entre la certitude, la conviction et la preuve, il y a parfois un monde.
02:49Donc, il faut être très très prudent.
02:51Et les enquêteurs, c'est le fondement même du travail de l'enquêteur,
02:54c'est de démêler ce qui doit être au final retenu contre la personne qu'ils ont en face d'eux.
02:58Et là, on a des difficultés qui sont juste matérielles.
03:01À savoir qu'il a quand même l'assistance d'un avocat.
03:03Alors, je ne dis pas qu'il faut empêcher les avocats d'être là.
03:05Mais il peut l'influencer grandement quant aux dépositions qu'il peut faire ou ne pas faire.
03:10Il peut garder le silence, je le rappelle.
03:11Donc, si on est face à quelqu'un d'assez retort, qui connaît bien la machine
03:14et qui refuse de répondre à toutes les questions, on ne sera peut-être pas plus avancé.
03:17Donc, il faut être très très vigilant par rapport à ce qui va se passer dans les heures qui arrivent,
03:21qui viennent avant de vraiment lui mettre sur le dos les quatre homicides.
03:25Parce qu'il y a peut-être pluralité d'auteurs, on ne sait pas.
03:26Il y a des gardes à vue, apparemment, qui se succèdent les unes après les autres.
03:31Donc, il y aura peut-être concomitance entre plusieurs auteurs.
03:35Donc, ce n'est pas évident du tout.
03:36C'est quoi, justement, le plus difficile ?
03:37Vous qui avez eu cette expérience d'enquêteur, dans ces conditions-là,
03:40vous parlez du travail de l'avocat.
03:41C'est la loi que l'avocat, effectivement, soit là.
03:44Mais dans l'enquête qui continue d'être menée,
03:45comment on fait pour, justement, rapprocher les preuves, rapprocher les pièces ?
03:48Quand on est enquêteur, vous qui avez été à cette place-là,
03:51qu'est-ce qui est le plus difficile ?
03:52Il faut avoir des éléments matériels, tout simplement.
03:54Il faut déjà déterminer comment ces personnes ont été assassinées,
03:57si tant est qu'elles l'aient toutes été.
03:59Bon, j'entends dire quatre homicides probables.
04:02Bon, on va voir.
04:03On va voir exactement ce que les examens de corps et les autopsies vont déterminer,
04:07en espérant, comme je le dis, que l'état des corps le permette.
04:10Et ensuite, quels éléments vont fournir le suspect ?
04:14Il faut qu'il parle.
04:15Là, j'entends dire qu'il ne parle pas français.
04:17Ça fait quand même trois ans qu'il est en France.
04:18Il ne parlerait pas un mot.
04:19Il aurait besoin d'un traducteur.
04:20Vous savez, on a un peu l'habitude aussi de ces personnalités très retorts
04:23qui font semblant de ne pas parler.
04:24Et toi, ça peut être du bluff ?
04:25Bien sûr, ça peut être du bluff.
04:27Il n'a rien à perdre.
04:28Il a tout à perdre, au contraire.
04:30Et de fait, jouer l'obstruction au maximum,
04:33avec les conseils de quelqu'un qui, lui, est un procédurier,
04:35je pense à l'avocat,
04:37qui, si malheureusement, il lui conseille de ne pas répondre
04:40ou de répondre ou de garder le silence,
04:41on sera vraiment dans une situation de blocage.
04:44Pour les enquêteurs, ça va être très, très compliqué.
04:45Vraiment très compliqué.
04:46Il habitait à un squat.
04:48Enfin, il fréquentait des lieux
04:49qui n'étaient pas des lieux d'une résidence,
04:51je dirais, définitive, habituelle.
04:53Donc, on peut imaginer qu'il n'y aura pas de perquisition.
04:56Donc, vous voyez, on va vraiment...
04:57Ils vont avancer vraiment pas à pas.
04:59Il y aura une instruction
04:59qui sera certainement très compliquée, très longue,
05:02parce qu'il va falloir aussi voir s'il n'y a pas d'autres victimes.
05:04Absolument.
05:05Donc, il va falloir probablement...
05:06Ça pose effectivement la question.
05:06C'est évident.
05:07Comme on dit, de serial killer ou pas.
05:09Probablement, il va falloir draguer la partie de scène
05:12où ont été trouvés les corps,
05:13mais aussi en aval, notamment dans les retenues d'eau,
05:16les barrages.
05:17Et si on trouve d'autres corps,
05:18eh bien, je ne vous fais pas un dessin.
05:20Box, qu'est-ce qui est le plus intéressant
05:22dans les nouvelles informations
05:23qui ont été données aujourd'hui ?
05:25On l'a vu avec Antoine.
05:26Mais il y a de nouveaux éléments aussi dont vous disposez.
05:28Oui, la principale information,
05:30c'est que cet homme, on garde à vue,
05:31âgé de 24 ans,
05:32il prétend du moins avoir 24 ans
05:34et de nationalité algérienne,
05:35eh bien, il est désormais soupçonné des quatre meurtres.
05:37Vous le savez, dans cette affaire,
05:38il y avait plusieurs enquêtes qui avaient été ouvertes.
05:41Désormais, c'est une seule et même enquête
05:43qui rassemble donc les quatre cas,
05:45donc ces quatre corps
05:46qui ont été retrouvés dans la scène.
05:50Désormais, l'horloge tourne pour les enquêteurs
05:53puisqu'ils ont jusqu'à demain
05:54ou plus tard dimanche matin...
05:55Qui est la durée ?
05:5696 heures maximales de garde à vue
05:58puisqu'on est dans une procédure
06:00pour le moins assez spéciale
06:01et peu connue du grand public,
06:03à savoir des meurtres en concours.
06:04Ça veut dire des meurtres multiples.
06:07Ça veut dire qu'il a commis des meurtres avant
06:09pour lesquels il n'a jamais été suspecté d'avoir commis.
06:11Il n'a pas été jugé encore.
06:12Donc voilà, une procédure très spéciale,
06:14d'où cette durée exceptionnelle de 96 heures.
06:17Jean-Pierre Colombias le disait,
06:18il y a une difficulté particulière,
06:19c'est que cet homme ne parle pas vivement français.
06:22Il est assisté par un traducteur
06:23et forcément par son avocat.
06:24De fait, l'audition se déroule extrêmement...
06:27C'est lourd.
06:27C'est lourd.
06:29Procéduralement parlant,
06:29c'est très lourd à gérer.
06:30Parce qu'il faut aussi, à chaque fois,
06:32il n'y a pas que l'audition,
06:34il y a tout ce qu'il faut,
06:35je dirais,
06:35tout l'environnement de la garde à vue,
06:37des consultations éventuellement de médecins.
06:39Enfin, je veux dire,
06:41on n'est pas au Chili ni en Argentine.
06:43Donc il y a une règle,
06:45il y a un code de procédure,
06:46il y a une lourdeur procédurale
06:48qui n'est pas toujours à l'avantage des procéduriers.
06:50Moi, j'insiste toujours là-dessus.
06:52On met beaucoup, beaucoup d'atouts
06:54dans la poche des mises en cause,
06:55avec notamment cette assistance technique d'un avocat.
06:58Il aurait été souhaitable
06:59que cet ajout des libertés publiques
07:01soit compensé par justement l'obligation
07:03donnée ou imposée plutôt
07:05à une mise en cause de s'expliquer.
07:06Et tant que vous n'avez pas cette contrepartie-là,
07:09eh bien vous mettez toujours les enquêtes en péril
07:11face à quelqu'un qui voudrait garder le silence.
07:13C'est la loi en l'état,
07:13donc les enquêteurs vont devoir aujourd'hui faire avec...
07:15C'est une suggestion que je fais
07:17de changer la loi.
07:18Avec cette loi-là,
07:19avec en plus, on disait Boris,
07:20des meurtres dont on ne sait pas exactement,
07:23évidemment,
07:23à quelle époque ils ont été commis.
07:25Oui, puisque les corps sont extrêmement dégradés.
07:27Souvenez-vous, au début de l'enquête,
07:28les policiers pensaient
07:29que c'était des personnes de type nord-africaine,
07:31tant les corps étaient noirs...
07:33Oui, par la décomposition,
07:35oui, ils sont noirs.
07:36Absolument, et on s'est avéré que finalement,
07:38ce sont quatre corps de type caucasien.
07:40Donc c'est pour prouver l'état de dégradation
07:42de ces corps qui ont été immergés.
07:44On ne sait pas depuis quand ces corps sont dans la Seine,
07:46quels sont les liens entre ces quatre personnes.
07:48Au début, il y avait une seule personne identifiée,
07:49désormais on sait qu'il y a au moins deux personnes
07:51qui ont été identifiées,
07:52dont un qui est un homme d'une quarantaine d'années,
07:54domicilié dans le Val-de-Marne.
07:57Est-ce qu'il avait un lien de parenté
07:59entre ces quatre corps ?
08:00Est-ce qu'ils se connaissaient ?
08:01Est-ce qu'ils étaient amis ?
08:03Ou une seule et même affaire ?
08:04Bref, il y a encore énormément de questions,
08:05et surtout sur le mobile.
08:07Pourquoi ces corps ont-ils été...
08:09Alors là, on peut tout envisager.
08:10Et là, toutes les pistes sont...
08:11Alors justement, on parle de l'état des corps,
08:13parce que c'est évidemment un élément essentiel
08:15de cette enquête des corps émergés.
08:16Je vous propose qu'on retrouve immédiatement
08:19Caroline Rambeau.
08:20Vous êtes médecin légiste.
08:21Merci beaucoup d'être avec nous, Caroline Rambeau.
08:24Comment on travaille, quand on est médecin légiste,
08:26sur des corps qui ont été immergés
08:28très longtemps dans l'eau ?
08:30Qu'est-ce qu'on recherche ?
08:31Quels sont les éléments ?
08:32Et d'ailleurs, est-ce qu'il y a encore des éléments
08:33qu'on peut trouver sur les corps ?
08:36C'est extrêmement difficile.
08:37On va d'abord commencer par faire un scanner,
08:39de façon à voir s'il y a des lésions traumatiques, osseuses,
08:43ou bien détecter des lésions viscérales,
08:46si tant est que les viscernes soient encore examinables.
08:49Et après, on fait l'examen, l'autopsie elle-même,
08:52avec l'examen du corps, le plus soigneux possible,
08:55de façon à voir s'il existe des lésions visibles,
09:02ce qui n'est pas sûr.
09:04C'est extrêmement difficile,
09:05quand les corps sont très putréfiés comme ça,
09:08de voir s'il y a des lésions externes ou pas.
09:11Alors, on peut s'aider aussi de radiographies
09:14de petites pièces osseuses,
09:18notamment, je pense, aux pièces du larynx,
09:20de façon à voir s'ils auraient une fracture ou pas.
09:23Parce que là, la difficulté dans les corps très putréfiés,
09:26c'est que les articulations deviennent laxes
09:30et qu'on peut avoir une mobilité qui semble anormale,
09:33alors que c'est juste une articulation,
09:36je pense, au cartilage thyroïde,
09:38qui pourrait être abîmée.
09:39Est-ce qu'il y a certains motifs, finalement,
09:43de la mort, de mort,
09:44qui peuvent disparaître
09:45parce que le corps est resté trop longtemps dans l'eau ?
09:49Ah oui, tout à fait.
09:51Les contusions importantes,
09:53les lésions traumatiques importantes cutanées
09:56ou cutanées osseuses,
09:58on pourra continuer à les voir,
10:00mais les petites lésions du genre griffure
10:03ou abrasion cutanée ne seront plus visibles.
10:07Et puis, la putréfaction peut même masquer
10:10un orifice de balle
10:13ou un orifice d'arme blanche.
10:17Donc, c'est d'où l'intérêt du scanner
10:19qui est fait avant l'autopsie
10:20de façon à essayer de, justement,
10:23compenser l'extrême difficulté
10:26de l'examen de ces corps.
10:27Jean-Pierre Colombier,
10:28vous avez été commandant de la police judiciaire,
10:30on le disait,
10:31si l'hypothèse se confirme
10:33que c'est cette personne interpellée
10:35qui est suspectée, en tout cas aujourd'hui,
10:37qui est à l'origine de ces quatre meurtres,
10:38immédiatement, évidemment,
10:40ça pose la question d'un serial killer.
10:42Quand on est enquêteur,
10:43qu'on se rend compte
10:43qu'une personne qu'on a suspectée,
10:45peut-être pour un meurtre,
10:46pour deux meurtre,
10:47finalement, il y en a trois,
10:47il y en a quatre.
10:48Comment on travaille ?
10:49Qu'est-ce qui se passe ?
10:50On reprend les disparitions
10:51des dix dernières années ?
10:52Comment ?
10:53Qu'est-ce qu'on fait ?
10:53On essaie de retracer
10:55le parcours du mis en cause,
10:56déjà, tout simplement.
10:57Mais si encore, c'est possible.
10:59Si on a affaire à quelqu'un qui est SDF,
11:00enfin, moi, on a tous connu
11:02des affaires mettant en cause
11:04des profils comme cela de vagabonds,
11:06c'est très, très compliqué
11:07de remonter le fil d'Ariane.
11:10Tout va dépendre de sa personnalité,
11:12de ce qu'on va apprendre de lui,
11:14tout simplement.
11:14Mais vous faites quoi ?
11:15Vous essayez de voir
11:16là où il est passé
11:16les dix dernières années ?
11:18Dans quel département ?
11:19Voilà, oui.
11:19Si, par exemple, il a un téléphone,
11:20si on peut borner son téléphone,
11:22s'il a des connaissances,
11:23par ses connaissances,
11:24où il a pu séjourner,
11:25ça va prendre un certain temps,
11:27voire un temps certain.
11:29Et puis, il y a le mode opératoire.
11:31S'il n'est pas prédéterminé,
11:32si c'est quelqu'un qui tue
11:33quand il en a l'opportunité,
11:36ça va être aussi très compliqué.
11:37Parce qu'un tueur en série,
11:38on peut arriver, quelque part,
11:39à retracer son parcours
11:41quand il a une signature criminelle.
11:42Son mode opératoire peut être
11:44plus ou moins recollé, quelque part.
11:46On peut arriver à retrouver
11:47des dossiers dont les décès,
11:48dans les circonstances,
11:49sont identifiables.
11:50Mais si quelqu'un qui tue comme ça
11:51un petit peu au hasard,
11:53au fil des rencontres,
11:54ça va être très compliqué,
11:55pour ne pas dire impossible.
11:56Est-ce qu'on regarde aussi,
11:57évidemment, vous le disiez,
11:58là où il est passé
11:58dans les dernières années,
12:00est-ce qu'on reprend aussi
12:01tout ce qu'on a tendance
12:03à appeler désormais
12:03les cold case,
12:04c'est-à-dire ces affaires
12:06qui n'ont pas été résolues,
12:07des personnes disparues
12:07qu'on n'a jamais retrouvées ?
12:08Ça veut dire dans la région
12:10où ça s'est passé,
12:10on va regarder les personnes
12:11disparues également ?
12:12Ça, dans un premier temps,
12:13bien évidemment.
12:14Bien évidemment.
12:15Mais ça prendra du temps,
12:16beaucoup de temps.
12:16Quand on est enquêteur comme vous,
12:18qu'est-ce qu'on ressent
12:19quand on pense que la personne
12:20qu'on suspecte a tué une personne,
12:23mais que finalement,
12:23on en a peut-être tué deux,
12:24trois, quatre ?
12:25Qu'est-ce qu'on se dit ?
12:25On se dit, on vient d'ouvrir
12:26une boîte de Pandore,
12:27on ne sait pas ce qu'on va découvrir ?
12:28Oui, mais on reste surtout technicien.
12:30Comme je vous le disais préalablement,
12:31il faut établir les liens,
12:32les liens entre les homicides
12:33et le suspect.
12:34Tant que vous n'avez pas ça,
12:36vous avez une procédure
12:37qui de toute façon
12:37pourra être attaquée,
12:39entre guillemets,
12:40par les défenseurs.
12:41Donc on ne pense pas,
12:41ce n'est pas une obsession,
12:42ce n'est pas une idée fixe,
12:43mais votre boulot,
12:44c'est de faire en sorte
12:45d'avoir une procédure en béton,
12:46inattaquable,
12:47où vraiment on peut faire
12:48un lien de causalité
12:49entre un décès
12:50et son auteur présumé.
12:51C'est tout le travail
12:52des enquêteurs.
12:53Quel est l'enjeu
12:53des prochaines heures ?
12:55Vous le disiez, Boris,
12:55pour les enquêteurs,
12:56on disait que c'est 96 heures.
13:02Il va falloir forcément
13:03que ces gardes à vue,
13:04sauf surprise,
13:05vont aller au bout
13:05du quantum d'or
13:07qui est à la disposition
13:08des enquêteurs.
13:09Les enquêteurs,
13:10au début,
13:10ils ont commencé tout doucement.
13:11Il faut le mettre en confiance,
13:13cet individu.
13:14On ne va pas tout de suite
13:15lui présenter les faits.
13:16On va d'abord s'intéresser à lui,
13:18à ce qu'il a fait.
13:19On sait que c'est un sans domicile fixe,
13:21donc il y a sans doute
13:22une multiplicité de points de chute
13:23qu'on peut lui attribuer.
13:26C'est là la difficulté aujourd'hui.
13:28Et puis plus les heures avancent,
13:29plus on s'approche
13:30à la fin de garde à vue,
13:30plus on va un peu taper
13:32de points sur la table,
13:33lui exposer les faits,
13:35ce qu'on lui reproche concrètement.
13:36Mais 96 heures,
13:37avec une personne
13:38qui visiblement
13:39ne parle pas français,
13:39qui est assistée
13:40d'un interprète,
13:42ça paraît peu,
13:43puisqu'on va rappeler
13:43que ces auditions,
13:44elles sont très lentes.
13:46Ils avancent pas à pas.
13:47Et puis il y a la présence
13:48obligatoire de l'avocat à côté.
13:50Donc là,
13:50on entre dans le package d'heures
13:53qui s'annonce crucial
13:55pour les enquêteurs
13:56avant un possible défermement,
13:57avant une possible mise en examen.
13:59Quoi qu'il en soit,
13:59le parquet ne communiquera
14:01qu'à la fin de ce qu'on lui dit.
14:02Il y a toujours deux personnes
14:03qui sont présentes.
14:05L'interprète de monsieur
14:06ainsi que son conseil
14:07qui assiste.
14:08Et dans l'entourage
14:09de la personne effectivement
14:10qui est suspectée
14:10de ces quatre meurtres,
14:12l'enquête se poursuit.
14:13L'enquête se poursuit,
14:13toujours une garde à vue
14:14pour cet homme
14:15dont on ignore pour l'instant
14:16qui il est,
14:17très peu,
14:18voire pas d'informations
14:19à ce sujet.
14:20Alors on retrouve justement
14:21notre expert médecin légiste
14:23qui est toujours avec nous
14:24en direct.
14:26Comment est-ce qu'on fait
14:28pour rapprocher parfois
14:29des affaires comme celle-ci
14:30quand on sait
14:31qu'il y a quatre corps
14:32qui ont été retrouvés
14:33au même endroit ?
14:34Vous, en tant que spécialiste,
14:36vous regardez
14:37si ce sont
14:38le même type d'agression,
14:40les mêmes types de coups,
14:41si les corps ont subi
14:42les mêmes traumatismes.
14:43Ça vous est déjà arrivé
14:44d'ailleurs dans votre carrière ?
14:45Non, personnellement,
14:47ça ne m'est pas arrivé encore.
14:49Mais oui, on sait effectivement
14:52des lésions qui sont trouvées
14:54et de la façon dont ces lésions
14:57ont impacté le corps.
14:59Donc l'endroit,
15:01la topographie exacte des lésions,
15:03c'est un petit peu compliqué
15:05pour cette histoire
15:06parce que les corps sont vraiment
15:08très abîmés, paraît-il.
15:10Donc quand on a des corps
15:11qui sont comme ça aussi abîmés,
15:13c'est vraiment très difficile
15:15déjà d'arriver à trouver
15:16la cause exacte de la mort.
15:18Quand il n'y a pas
15:19de lésions traumatiques,
15:20par exemple sur le crâne
15:21ou sur le thorax,
15:22comme un enfoncement du crâne
15:24ou un enfoncement thoracique,
15:26là on se dit,
15:27bon, on a une cause de mort évidente.
15:30Le reste, c'est vraiment,
15:31c'est extrêmement difficile
15:33de savoir la cause directe
15:36de la mort.
15:37Caroline Rabeau, dernière question.
15:38Ça veut dire qu'il peut y avoir
15:39une signature, si j'ose dire,
15:41d'un serial killer ?
15:43Ça, éventuellement.
15:44Mais là encore,
15:46il faudrait peut-être trouver
15:47d'autres corps
15:47qui seraient moins abîmés,
15:49qui auraient été moins abîmés
15:50au moment de l'autopsie
15:51et voir s'il y a des lésions
15:53qui sont semblables.
15:55Merci beaucoup d'avoir été avec nous
15:57pour décrypter cette affaire
15:59effectivement incroyable
16:00avec ces quatre corps
16:01qui ont été retrouvés
16:02et donc cette personne
16:03a interpellé
16:04qui est désormais suspectée
16:05des quatre meurtres.
16:06C'est une information
16:06du service police-justice
16:08de BFM TV.
16:09Boris, merci d'être ici avec nous
16:11et puis bien sûr,
16:11on reste avec vous
16:13si au cours de l'émission
16:13vous avez des nouvelles informations.
16:15et puis on reste avec vous.
16:17Merci.
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