Le gérant d'un parc d'activités de loisirs situé à Porté-Puymorens, dans le sud des Pyrénées-Orientales, a été placé en garde à vue pour "discrimination fondée sur la religion" après avoir refusé l'accès à un groupe de 150 jeunes vacanciers israéliens, ce jeudi 21 août.
00:00Une réaction de supéfaction et des moins, avec un choc qui est important parce que, vous l'avez dit, on est en présence de petits-enfants et de jeunes-enfants,
00:10entre 8 ans et 16 ans, tous des mineurs, qui arrivent dans cette région de Montagne pour passer une après-midi récréative qu'ils attendent depuis longtemps,
00:20puisqu'il faut le préciser, c'est un rendez-vous qui avait été organisé et fixé depuis plusieurs mois.
00:26Et quand ils arrivent à trois bus pour pouvoir rentrer et s'amuser dans ce parc d'attractions, on les refoue au seul motif de ce qui est appelé une conviction personnelle,
00:37et dont tout le monde a compris, et le parquet ne s'est pas trompé, qu'en fait, c'est en raison de leur origine israélienne et de leur religion,
00:44ce qui est parfaitement scandaleux et parfaitement inacceptable.
00:47C'est un délit puni jusqu'à trois ans de prison, on le rappelle.
00:52Bien sûr, c'est de la discrimination en raison de l'origine et de la religion qui est punie, effectivement, d'une peine de trois ans.
01:01Ce qu'il faut ajouter, c'est important, c'est qu'en plus d'être une réservation qui était prévue,
01:05c'est-à-dire que c'est des enfants qui s'attendaient à rentrer dans ce parc pour jouer,
01:09ils ont été extrêmement calmes et d'après les éléments que j'ai, ils sont rentrés, ils ont été refoulés,
01:15ils sont repartis tout aussi calmement, sans aucun sentiment d'énervement ou de vouloir semer la zizanie,
01:24et ils ont dû être escortés pour pouvoir quitter ce parc et rejoindre un autre parc d'attractions,
01:29avec le traumatisme que ça génère, bien évidemment, pour des enfants qui ne comprennent pas,
01:34qui vont jouer dans un parc en devant être escortés par des gendarmes.
01:37C'est une affaire symbolique, c'est une affaire grave, et qui, à mon sens, démontre qu'une nouvelle digue cède, cette fois,
01:45et que l'on franchit un nouveau palier dans la gravité de la montée de l'antisémitisme et de l'antisionisme,
01:51donc il faut rappeler que ça n'est qu'une définition de l'antisémitisme.
01:56Vous dites que c'est symbolique, c'est le symbole de quoi ?
01:59Vous nous parlez de digues qui cèdent, pour vous ce n'est pas seulement le fait d'un cas ?
02:05C'est une affaire symbolique pour moi.
02:08Comment pouvait-on imaginer, depuis la Deuxième Guerre mondiale,
02:11parce que c'est seulement à cette époque où on a vu entrer interdite aux enfants juifs ?
02:16Vous vous souvenez, il y a des photos très effrayantes de la période de la Deuxième Guerre mondiale,
02:21où les lieux publics étaient interdits aux juifs, et certains lieux aux enfants juifs.
02:26Quand je vois cette affaire où le gérant de l'établissement vient de dire
02:31« Vous êtes des enfants israéliens, vous ne rentrez pas »,
02:34quelle est l'image qui vient à mes yeux et à laquelle je pense ?
02:37C'est à cette sombre période où les enfants juifs sont refoulés d'un établissement
02:41seulement parce qu'ils sont juifs, seulement parce qu'ils sont israéliens.
02:45À cette époque où, même en France, des parcs étaient en effet interdits aux juifs et aux chiens,
02:49très souvent, sur le même panneau.
02:52Ce qui est terrible, c'est que selon les éléments du parquet,
02:56ce gérant a dit clairement qu'il leur refusait l'entrée.
02:58Il ne s'en est pas caché par rapport à ses convictions personnelles.
03:04– Absolument. C'est-à-dire qu'en fait, il savait que ces jeunes venaient.
03:09Il savait d'où ils venaient parce que sans une réservation pour 150 personnes,
03:15bien évidemment, il y a les noms qui sont diffusés, l'origine du pays qui arrive.
03:18Porté-Pumorin, c'est un tout petit village en montagne à côté de Perpignan
03:23qui compte peu d'habitants.
03:24Et donc, il a attendu qu'ils arrivent et très clairement, comme vous le dites,
03:28il a dit « je vous refuse l'accès en raison de mes convictions personnelles ».
03:32C'est-à-dire qu'en fait, il assume son antisémitisme, il assume son antisémitisme
03:38et c'est pour ça que je fais ce parallèle avec une image terrible de la Seconde Guerre mondiale.
03:44Et je parlais de mon sentiment d'effroi quand vous m'avez demandé mon sentiment,
03:47parce que qui aurait pu imaginer qu'en 2025, sur le sol français,
03:53on allait vivre exactement les mêmes scènes ?
03:56C'est pour ça que je parle aussi d'une affaire symbolique que celle de la Deuxième Guerre mondiale.
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