- il y a 4 semaines
Pour contraindre le Hezbollah à déposer les armes, Israël a bombardé massivement au Liban des quartiers acquis à la milice chiite, tuant de nombreux civils.
Ce documentaire interroge la stratégie de destruction de Tsahal.
Ce documentaire interroge la stratégie de destruction de Tsahal.
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00:00:00...
00:00:00L'hôpital Jaitaoui à Beyrouth compte le seul service des grands brûlés du Liban.
00:00:25A l'automne 2024, cette unité de pointe reçoit les blessés les plus graves après les bombardements israéliens.
00:00:37Bonsoir. Bonjour. Qui est-ce ?
00:00:39Dans ce conflit, une victime sur quatre est une femme ou un enfant.
00:00:45La petite Ivana gémit de douleur. A même pas deux ans, son corps a été brûlé à 40%.
00:00:51Je ne demande qu'une chose, que tout redevienne comme avant.
00:01:00Nous sommes déplacés, je crains de perdre ma fille.
00:01:08Et cette guerre, qu'est-ce qu'on a à voir avec ? Rien. De quoi est coupable ma fille ?
00:01:13A l'image du Liban, cette famille s'est retrouvée entraînée dans une guerre qui n'est pas la sienne, entre le Hezbollah et Israël.
00:01:25Ce qui nous a marqués dans ce conflit, c'est le mélange de précision et de violence des frappes.
00:01:35Et cette poussière de béton broyé, devenue partout la couleur de la mort.
00:01:39Ce gris n'est pas innocent.
00:01:50Tout écrasé sous les bombes est devenu une stratégie militaire légitime pour gagner la guerre.
00:01:55Quelques semaines après sa sortie d'hôpital, nous avons retrouvé la petite fille brûlée dans son village du Sud-Liban.
00:02:20Ivana a survécu, mais restera marquée à vie.
00:02:25Ce jour-là, le Hezbollah organise des funérailles pour des combattants morts dans les affrontements avec Israël.
00:02:37Dans cette région majoritairement chiite, c'est l'occasion pour la milice de montrer son soutien populaire.
00:02:48Classé comme groupe terroriste en Occident, le Hezbollah est considéré dans ces villages
00:02:53comme un mouvement de résistance contre Israël.
00:03:02Le Hezbollah est l'ennemi numéro un d'Israël depuis très longtemps.
00:03:07Le Hezbollah n'est pas une armée régulière, c'est une milice.
00:03:10C'est la société en armes et elle vit au sein de la société.
00:03:14Donc Israël qui tape le Hezbollah, par définition, elle va taper aussi les civils.
00:03:22C'est ce qui est arrivé à la famille d'Ivana, qui se tient à l'écart des commémorations.
00:03:30Comme pour des dizaines de milliers de Libanais, leur maison est désormais inhabitable.
00:03:34Les parents ne savaient pas qu'ils vivaient à proximité d'une cage d'armes du Hezbollah,
00:03:40visée par un missile israélien.
00:03:47Les filles étaient en train de jouer, juste ici.
00:03:51Moi, je mettais les affaires dans la voiture et elles jouaient à côté.
00:03:56J'ai à peine fermé la portière que l'explosion a eu lieu.
00:03:58Tout à coup, j'ai senti le feu qui me brûlait par derrière.
00:04:04J'ai essayé de sortir par la porte, mais le souffle me renvoyait en arrière.
00:04:10Puis j'ai vu Ivana, toute brûlée.
00:04:17Regardez, un bout de roquette.
00:04:26C'était un garage fermé.
00:04:28Est-ce qu'il y avait des munitions dans ce garage ?
00:04:31Oui, sûrement.
00:04:34Sinon, pourquoi il aurait explosé ?
00:04:38C'est pour cette raison que ce garage a été visé par l'ennemi.
00:04:45On ne devrait pas les entreposer de cette façon.
00:04:49Nous ne sommes pas contre la résistance,
00:04:52mais les entreposer ainsi, c'est mal.
00:04:53William Chabas est un juriste canadien,
00:05:03expert en crimes de guerre et critique de la conduite de Tzal.
00:05:06Vous n'êtes pas supposé attaquer un ennemi
00:05:12si les dommages causés aux civils dépasseraient l'avantage militaire
00:05:17obtenu en attaquant ces combattants.
00:05:20La population civile a payé un lourd tribut.
00:05:25C'était délibéré de la part d'Israël.
00:05:29Que la guerre s'achève et je suis prête à vivre sous les décombres.
00:05:33L'important, c'est que ça s'arrête,
00:05:35qu'on n'entende plus les bruits, les avions.
00:05:37Les filles ne supportent plus le moindre son.
00:05:39Cette guerre commence le lendemain de l'attaque du Hamas contre Israël.
00:05:55Le 8 octobre 2023,
00:05:57le Hezbollah ouvre un front de soutien à Gaza
00:06:00et vise des positions militaires israéliennes.
00:06:03Pendant presque un an,
00:06:07les combats entre le Hezbollah au Liban
00:06:09et les forces israéliennes
00:06:11se limitent à des échanges de tirs sur la frontière.
00:06:16Avec ses 10 000 hommes en armes,
00:06:17le Hezbollah, soutenu par l'Iran,
00:06:20se croit protégé par sa puissance de feu
00:06:21et son complexe de souterrain.
00:06:25Grâce à ces tunnels,
00:06:27des lances-missiles transportées par camions
00:06:29peuvent être déplacées
00:06:30et frapper tout le territoire d'Israël.
00:06:33Les gardiens de la révolution iranien
00:06:42ont construit un réseau de milices dans la région
00:06:46qu'ils utilisent dans leur équilibre de la terreur
00:06:49et dans leur dissuasion contre Israël.
00:06:53Et eux, ils appellent ça l'axe de la résistance.
00:06:56Cette alliance, dont fait partie le Hezbollah au Liban,
00:06:59va de l'Iran, l'Irak, le Yémen, la Syrie
00:07:02jusqu'à la bande de Gaza.
00:07:04Un axe qu'Israël veut briser.
00:07:07Après 11 mois de combat contre le Hamas,
00:07:10la machine de guerre israélienne
00:07:11se tourne contre le Hezbollah au Liban
00:07:13en septembre 2024.
00:07:17Le 17 septembre,
00:07:19l'explosion simultanée des pipeurs du Hezbollah
00:07:21marque le début de l'offensive.
00:07:23Cela fait bientôt 20 ans que les services de renseignements israéliens
00:07:28se préparent à une opération d'envergure contre la milice.
00:07:31Dans la foulée, Sahel déclenche une intense campagne de bombardement à travers tout le pays.
00:07:41Un million de Libanais se retrouvent sur les routes, soit un quart de la population.
00:07:45Les autorités libanaises, sans président depuis deux ans et en pleine crise financière,
00:07:51ne peuvent empêcher l'escalade.
00:07:53Longtemps basé à Beyrouth,
00:07:59Christophe Reuter couvre l'actualité au Moyen-Orient depuis les années 90.
00:08:02Israël est au sommet de sa puissance militaire
00:08:09parce qu'ils peuvent, sans opposition,
00:08:12réduire d'autres pays ou des parties d'autres pays en ruines et en cendres.
00:08:20Quatre jours après la première vague de bombardements au Liban,
00:08:23se tient l'Assemblée Générale des Nations Unies.
00:08:26La communauté internationale croit encore qu'une guerre à grande échelle au Liban peut être évitée.
00:08:32Il y a plusieurs longues conversations diplomatiques en coulisses.
00:08:48Les Français et les Américains pensent que le Premier ministre Netanyahou
00:08:53va arriver à New York et va faire une déclaration soutenant un cessez-le-feu.
00:08:57Et en fait, tout le monde est surpris d'entendre un discours de Netanyahou
00:09:15qui est très agressif, très violent, très dans l'escalade.
00:09:32Personne ne le sait, mais à des milliers de kilomètres,
00:09:35l'opération militaire Ordre Nouveau vient de commencer.
00:09:38L'ordre d'assassiner Hassan Nasrallah, secrétaire général du Hezbollah,
00:09:43a été donné par Benjamin Netanyahou alors qu'il était aux États-Unis.
00:09:49On le voit, en l'occurrence, donner l'ordre. Il est assez au bureau.
00:09:52Du côté israélien, ça fait des années que nous étions en train d'analyser
00:10:04les possibilités d'élimination ciblées de Nasrallah.
00:10:08Un homme qui a, depuis 32 ans, est membre du Hezbollah,
00:10:13a contrôlé le Hezbollah et veut faire une guerre totale à l'État d'Israël.
00:10:16Les Israéliens ont identifié le quartier général souterrain du chef du Hezbollah.
00:10:40Hassan Nasrallah n'apparaît plus physiquement en public depuis des années.
00:10:46Et à ce moment-là, Israël largue un total de 80 tonnes de bombes.
00:11:06Et en fait, ils détruisent trois pâtés de maison
00:11:13pour tuer une personne.
00:11:29Regardez l'ampleur des dégâts. C'est un massacre.
00:11:31Il y a eu un immense bombardement à Beyrouth, à Darié,
00:11:45dans la banlieue sud où le Hezbollah a son bastion
00:11:47et où Nasrallah se cachait, comme nous l'avions toujours supposé,
00:11:51dans une sorte de sous-sol.
00:11:52En arrivant sur place, nous avons découvert cet énorme cratère fumant.
00:12:01Ce n'était même pas un cratère, juste un paysage de décombre.
00:12:05Certaines pierres, les matériaux d'immeubles de 6 ou 7 étages
00:12:08avaient volé vers le haut, puis étaient retombées.
00:12:11Le nombre de victimes de cette frappe n'a jamais été établi.
00:12:21Alors que les avions israéliens reviennent de leur mission
00:12:24contre Hassan Nasrallah,
00:12:26Sahal annonce la mort du dirigeant du Hezbollah.
00:12:30Un coup terrible pour la milice.
00:12:32Comme affiché sur leurs réseaux sociaux,
00:12:34les israéliens parviennent à éliminer une grande partie
00:12:36des cadres dirigeants du Hezbollah.
00:12:40A l'aide de missiles de précision,
00:12:43comme sur ces images de drones israéliens.
00:12:48Mais aussi par l'usage massif de bombes spéciales
00:12:52appelées bunker busters.
00:12:54Littéralement, les briseuses de souterrains.
00:13:06Une bombe perforante est une bombe conçue spécialement
00:13:16pour percer un immeuble
00:13:17ou à travers l'asphalte d'une route
00:13:21pour pénétrer le sol avant d'exploser.
00:13:26Si elle vise un objectif militaire,
00:13:28il n'y a rien d'interdit,
00:13:30si ce n'est la question de la proportionnalité.
00:13:33Car elles font spécialement
00:13:34si elles sont utilisées dans un environnement urbain,
00:13:37un nombre affreux de victimes civiles
00:13:39qui doivent en principe être protégées.
00:13:46Là, il y avait quatre bâtiments.
00:13:49Au plus fort des bombardements,
00:13:52nous avons filmé avec les secouristes
00:13:53de la défense civile.
00:13:56Ces hommes,
00:13:57qui ont connu bien d'autres conflits,
00:13:59nous avouaient alors leur impuissance
00:14:00face à ce déluge de feu.
00:14:01Qu'est-ce qu'il y avait ici ?
00:14:08C'était des habitations civiles.
00:14:11Oui, ici, il y avait un immeuble résidentiel.
00:14:15De ce côté, un générateur.
00:14:17Et là, un café qui faisait l'angle.
00:14:20Il y avait aussi un parking.
00:14:23On ne peut rien faire.
00:14:25On peut juste constater l'étendue des dégâts.
00:14:27C'est dramatique.
00:14:27Les autorités libanaises ont protesté
00:14:34contre ces attaques.
00:14:36Mais le Liban ne possède ni aviation,
00:14:39ni défense anti-aérienne
00:14:40pour protéger sa population.
00:14:41Les drones israéliens nous survolent.
00:14:53Il faut qu'on parte.
00:14:54D'accord.
00:15:01Ce que j'ai trouvé vraiment choquant,
00:15:04c'est le niveau de puissance de feu.
00:15:06La quantité d'explosifs était terrifiante.
00:15:11Cette technologie des bunker-busters,
00:15:16dans le passé,
00:15:17n'était utilisée qu'à une ou deux occasions.
00:15:21Cette fois,
00:15:23c'est devenu une routine quotidienne.
00:15:26C'était presque la mort annoncée.
00:15:28Ils disaient,
00:15:29nous allons détruire ce bâtiment,
00:15:31et ensuite,
00:15:32l'immeuble disparaissait deux heures plus tard.
00:15:34Même si les allégations israéliennes étaient vraies,
00:15:52selon lesquelles dans chaque maison bombardée
00:15:54se trouvait un centre de commandement
00:15:56ou un commandant de haut rang,
00:15:58on ne peut pas tuer 10, 20, 30 ou jusqu'à 60 civils
00:16:01juste pour éliminer cette personne.
00:16:02D'autant plus qu'avec ces bombes perforantes,
00:16:11une simple erreur de renseignement
00:16:12peut conduire à un massacre de civils.
00:16:15Comme dans le centre-ville de Beyrouth,
00:16:17à Bastin.
00:16:24Dans ce quartier populaire,
00:16:26les Israéliens voulaient tuer en pleine nuit
00:16:28un commandant du Hezbollah,
00:16:30absent au moment de la frappe.
00:16:35En revanche,
00:16:36plus d'une centaine d'habitants sont blessés
00:16:38ou tués en plein sommeil.
00:16:43Une semaine après,
00:16:44les secouristes cherchent encore les cadavres.
00:16:47Et c'est à l'odeur des corps en décomposition
00:16:49qu'ils s'orientent.
00:16:50Il paraît que ça sent fort par là.
00:17:04Dans cette fosse,
00:17:06nous avons trouvé un mort,
00:17:07ainsi que son père.
00:17:10La mère est toujours portée disparue.
00:17:12Nous avons déjà retiré 29 corps
00:17:16et des dizaines de blessés.
00:17:20Nous poursuivons les recherches.
00:17:24Ici, vous voyez les proches des victimes.
00:17:27Le frère de cet homme est toujours
00:17:28sous les décombres,
00:17:30avec sa femme
00:17:31et ses deux enfants.
00:17:37Comme vous le voyez,
00:17:38parler d'un crime, c'est peu dire.
00:17:40Peut-être qu'on pourrait dire agression.
00:17:43Mais je ne trouve pas de mots
00:17:44assez forts en arabe.
00:18:02Il était 4h du matin.
00:18:05Ma sœur, ses enfants, son mari,
00:18:07on ne les a toujours pas retrouvés.
00:18:10Vous n'avez pas eu de nouvelles ?
00:18:13Aucune.
00:18:15On a demandé aux hôpitaux,
00:18:17à la défense civile,
00:18:18à la Croix-Rouge.
00:18:20On attend toujours.
00:18:27Le niveau de dévastation
00:18:30était similaire à celui
00:18:31des guerres des années 40 ou 50.
00:18:33Des destructions massives,
00:18:34des tas de bombes
00:18:35qui ravagent des quartiers entiers.
00:18:37Il y a bien sûr
00:18:42des exemples historiques.
00:18:44Nous pouvons remonter
00:18:45au bombardement de la terreur
00:18:46en Allemagne et au Japon.
00:18:48Mais maintenant,
00:18:49tout ça est interdit
00:18:50par le droit international.
00:18:51Le droit a fait des progrès.
00:18:54Pourtant,
00:18:54certains regardent en arrière
00:18:55et se disent,
00:18:56bon,
00:18:57si les Anglais ont pu faire ça
00:18:58à Dresde en 1945,
00:19:00alors pourquoi on ne pourrait
00:19:01pas le faire à Beyrouth
00:19:02en 2024 ?
00:19:06Pour comprendre cette guerre,
00:19:10qui dure depuis plus de 40 ans,
00:19:12il faut remonter aux causes
00:19:14de la création du Hezbollah.
00:19:20Alors que la guerre civile
00:19:21a fait plonger ce pays riche,
00:19:22éduqué et multiconfessionnel
00:19:24dans le chaos,
00:19:24l'armée israélienne
00:19:26envahit le Liban
00:19:27en 1978,
00:19:29puis une deuxième fois
00:19:30en 1982.
00:19:35C'est le début
00:19:36d'une longue et violente
00:19:36occupation par Israël
00:19:38de 10% du territoire libanais.
00:19:48En réaction,
00:19:49ces régions du Sud,
00:19:51majoritairement musulmanes,
00:19:52chiites,
00:19:53voient se développer
00:19:54un mouvement
00:19:54de résistance islamique
00:19:55qui va prendre le nom
00:19:57de partie de Dieu,
00:19:59le Hezbollah.
00:20:01Notre village
00:20:02est occupée par Israël,
00:20:03Beyrouth est à feu
00:20:04et à sang,
00:20:05donc déchirée
00:20:06par les milices.
00:20:08Enseignante à Dauphine,
00:20:10Aurélie Daher est devenue
00:20:11une des spécialistes mondiales
00:20:12du Hezbollah,
00:20:13un peu par hasard.
00:20:15Des types qui ne peuvent
00:20:16vraiment pas renifler
00:20:17le Hezbollah,
00:20:18on ne les verra jamais là !
00:20:19De mères françaises
00:20:20et de pères libanais,
00:20:21elle grandit à cause
00:20:22de la guerre
00:20:23dans la vallée
00:20:23de la Beka,
00:20:24le berceau
00:20:25du groupe armé.
00:20:27Je vais à l'école
00:20:28et je socialise,
00:20:30je fais du sport,
00:20:32je sors, etc.
00:20:33Avec des personnes,
00:20:34entre autres,
00:20:35dont quelques-uns
00:20:36finiront dans le Hezbollah.
00:20:38Et cela m'aidera
00:20:39en fait beaucoup
00:20:40des années plus tard
00:20:41lorsque j'entamerai
00:20:42une thèse
00:20:43à Sciences Po Paris
00:20:44justement sur le parti.
00:20:46Cela m'ouvrira
00:20:47des portes
00:20:47qui, en temps normal,
00:20:50restent fermées
00:20:50à double tour
00:20:51aux observateurs extérieurs.
00:20:5882 Israël
00:20:59envahit le Liban
00:21:00massivement.
00:21:01C'est extrêmement brutal.
00:21:02On a 60 000 hommes
00:21:03qui montent jusqu'à Beyrouth.
00:21:05Et puis,
00:21:06l'armée libanaise
00:21:07n'a absolument pas
00:21:07les moyens
00:21:08de faire face
00:21:09à cette invasion.
00:21:10donc on va avoir
00:21:11un certain nombre
00:21:13de groupes
00:21:14de résistance
00:21:15qui viennent d'ailleurs
00:21:18de milieux idéologiques
00:21:19très différents
00:21:19donc qui vont émerger
00:21:22et le Hezbollah
00:21:22en fait va faire partie
00:21:23de ces groupes-là.
00:21:24S'il n'y avait pas eu
00:21:25l'occupation,
00:21:26l'invasion
00:21:26et l'occupation israélienne
00:21:28en 82 du Liban,
00:21:31le Hezbollah
00:21:31aurait eu beaucoup,
00:21:32beaucoup de mal
00:21:32à voir l'essor
00:21:34qu'il a eu.
00:21:34Mais le Hezbollah
00:21:39est aussi apparu
00:21:41parce qu'il y avait
00:21:41un autre acteur clé
00:21:42à ce moment-là.
00:21:44On est juste après
00:21:45la révolution iranienne.
00:21:46Quand les premiers
00:21:48formateurs iraniens
00:21:49sont arrivés au Liban,
00:21:51je pense qu'ils y ont trouvé
00:21:52un terrain vraiment fertile
00:21:53en termes de ressources humaines.
00:21:57Accusé de commettre
00:21:58des attentats terroristes,
00:22:00le Hezbollah devient très vite
00:22:01l'un des principaux
00:22:02groupes armés du pays.
00:22:04A la fin de la guerre civile
00:22:08libanaise,
00:22:09en 1990,
00:22:11toutes les milices
00:22:11déposent les armes,
00:22:13sauf le Hezbollah.
00:22:15Il est autorisé
00:22:15à les conserver
00:22:16au nom de la lutte
00:22:17contre l'occupation israélienne
00:22:19du sud Liban.
00:22:24Ces combattants
00:22:25continuent de harceler
00:22:26les soldats israéliens
00:22:27jusqu'à obtenir
00:22:29le retrait de Tsaal
00:22:30en l'an 2000.
00:22:34Il ne faut pas oublier
00:22:43que le Hezbollah
00:22:44est encore à l'heure actuelle
00:22:46la seule et unique force arabe
00:22:47qui a forcé l'armée israélienne
00:22:49à se retirer
00:22:50d'un territoire
00:22:50qu'elle occupait
00:22:51défaite
00:22:53et sans contrepartie.
00:22:55Ça,
00:22:55ce n'est jamais arrivé
00:22:56dans l'histoire d'Israël
00:22:57à part avec le Hezbollah.
00:22:58Pour compenser
00:23:01les dommages
00:23:01de la guerre,
00:23:03le parti de Dieu
00:23:03développe aussi
00:23:04une branche sociale
00:23:05et politique.
00:23:08Toute une série
00:23:09d'institutions
00:23:09comme des hôpitaux
00:23:10ou des entreprises
00:23:11de travaux publics
00:23:12sont ainsi créées.
00:23:16Cela a commencé
00:23:17par une fondation
00:23:18pour aider les familles
00:23:19des membres du Hezbollah
00:23:19morts au combat
00:23:20contre Israël.
00:23:23Il l'avait appelée
00:23:24la Fondation
00:23:25pour les martyrs.
00:23:26Cela s'est transformé
00:23:29en un puissant parti politique
00:23:30avec des représentants
00:23:32au Parlement
00:23:32et au gouvernement.
00:23:37Au niveau régional,
00:23:38les succès militaires
00:23:39du Hezbollah
00:23:40renforcent sa coopération
00:23:41avec l'Iran.
00:23:43Ouassane Nasrallah
00:23:43est reçu
00:23:44comme un chef d'État.
00:23:49En juillet 2006,
00:23:50le Hezbollah
00:23:51enlève deux soldats israéliens
00:23:52qui patrouillaient
00:23:53en territoire libanais.
00:23:56Israël lance alors
00:23:59une invasion terrestre.
00:24:02Mais ces blindés
00:24:03se heurtent
00:24:04à une résistance inattendue.
00:24:07En revanche,
00:24:08l'aviation bombarde
00:24:09massivement Darier,
00:24:10la banlieue sud de Beyrouth,
00:24:12qui donne alors son nom
00:24:13à une stratégie militaire,
00:24:15la Doctrine Darier.
00:24:16Je me rappelle,
00:24:18j'y étais pendant 33 jours
00:24:19de cette guerre.
00:24:21Ça faisait partie
00:24:21de la guerre psychologique
00:24:22contre toute la population
00:24:23dans un but
00:24:25d'essayer
00:24:26de tourner
00:24:29la population libanaise
00:24:30contre le Hezbollah.
00:24:32L'idée est de rendre
00:24:34la vie insupportable
00:24:35ou impossible
00:24:36pour les civils
00:24:37qui se retournent alors
00:24:38contre leurs dirigeants.
00:24:40C'est comme ça
00:24:40que vous êtes censés
00:24:41gagner la guerre.
00:24:42Avec l'argent de l'Iran,
00:24:47le Hezbollah finance
00:24:48la reconstruction
00:24:49et sort politiquement
00:24:50renforcé
00:24:51de cette confrontation.
00:24:55Bien que cette doctrine
00:24:56Darier semble inefficace
00:24:58et viole le droit
00:24:59de la guerre,
00:25:00Israël la revendique.
00:25:02Un ancien chef d'état-major
00:25:04l'a décrite ainsi.
00:25:06Ce qui a été fait
00:25:08dans le quartier
00:25:08de Darier à Beyrouth
00:25:09en 2006
00:25:10se reproduira
00:25:11dans tous les villages
00:25:13d'où proviendront
00:25:14des tirs
00:25:14qui visent Israël.
00:25:16Nous utiliserons
00:25:17une force disproportionnée
00:25:18et nous causerons
00:25:19d'immenses dégâts
00:25:20et destructions.
00:25:23De notre point de vue,
00:25:24ce ne sont pas
00:25:24des villages civils,
00:25:26ce sont des bases militaires.
00:25:32Lors du conflit
00:25:33de 2006,
00:25:34cet avocat libanais
00:25:35avait participé
00:25:36au rapport
00:25:36de Human Rights Watch
00:25:37qui accusait Israël
00:25:39d'avoir commis
00:25:39des crimes de guerre.
00:25:41Pour lui,
00:25:42il est évident
00:25:43que Tsaal
00:25:43a eu de nouveaux recours
00:25:44à cette stratégie
00:25:45en 2024.
00:25:48J'ai décrit
00:25:49cette nouvelle guerre
00:25:51comme la doctrine
00:25:53d'Ariye sous stéroïde.
00:25:56C'est clair
00:25:57qu'Israël a décidé
00:25:57de s'attaquer
00:25:58à n'importe qui
00:25:59ou n'importe quoi
00:26:00associé de près
00:26:01ou de loin
00:26:01avec le Hezbollah.
00:26:02pour beaucoup de Libanais
00:26:07et il se trouve
00:26:08que j'en fais partie,
00:26:09j'étais et je reste
00:26:10extrêmement critique
00:26:11vis-à-vis du Hezbollah.
00:26:13Je voudrais les voir
00:26:13vaincus politiquement,
00:26:14mais cela ne veut pas dire
00:26:16que c'est
00:26:17acceptable
00:26:20qu'Israël
00:26:21viole les lois
00:26:22de la guerre
00:26:22les plus basiques.
00:26:23A l'automne 2024,
00:26:30Dariye est de nouveau
00:26:31pilonné.
00:26:35Dans ce quartier
00:26:36densément peuplé
00:26:37vivent environ
00:26:38700 000 personnes,
00:26:39un tiers de la population
00:26:40de la capitale.
00:26:44Contrôlée par les miliciens
00:26:45du Hezbollah,
00:26:45cette ville dans la ville
00:26:46est interdite aux caméras
00:26:47par peur des espions israéliens.
00:26:50Il faut que vous partiez.
00:26:53Comme nous connaissions
00:26:55ce sympathisant du Hezbollah
00:26:57avant les bombardements,
00:26:58Ali a accepté
00:26:59de nous guider
00:26:59dans Dariye.
00:27:01Rien que dans la rue
00:27:02où vit sa grand-mère,
00:27:03une dizaine d'immeubles
00:27:04ont été rasés.
00:27:08Paix aux âmes
00:27:09de tous les jeunes
00:27:10qui sont tombés.
00:27:12Trois des frères
00:27:12de ma femme
00:27:13ont été tués.
00:27:14Ils sont morts
00:27:14à Haït al-Shab.
00:27:16Paix à leurs âmes.
00:27:21Félicitations à eux,
00:27:21Dieu le leur rendra.
00:27:23Tout ça,
00:27:24ce sont des choses matérielles
00:27:25pour nous,
00:27:25ça n'a pas d'importance.
00:27:28Ne t'inquiète pas,
00:27:32porte-toi bien.
00:27:33Est-ce que c'est une forme
00:27:41de punition collective ?
00:27:43Oui.
00:27:44Ce que la doctrine
00:27:44d'Ariye dit,
00:27:45c'est nous n'allons plus
00:27:47perdre de temps
00:27:47à chercher le poisson.
00:27:48Nous allons attaquer
00:27:49l'ensemble de l'écosystème
00:27:51du poisson
00:27:51et nous allons vider l'eau.
00:27:52La doctrine d'Ariye,
00:28:02ce n'est pas juste
00:28:02nous tuons des terroristes.
00:28:04C'est beaucoup plus.
00:28:05C'est nous tuons
00:28:06la population
00:28:07qui montre un soutien
00:28:08à un mouvement
00:28:09ou même
00:28:10qui cohabite avec.
00:28:12Nous détruisons
00:28:13leurs infrastructures civiles,
00:28:14leur canalisation d'eau,
00:28:15leur électricité,
00:28:16leurs immeubles,
00:28:17leurs maisons,
00:28:17leurs magasins,
00:28:18leurs hôpitaux,
00:28:18leurs écoles.
00:28:26Imaginons,
00:28:27et c'est totalement faux,
00:28:28que tous les gens
00:28:29qui vivent dans la banlieue
00:28:30sud de Beyrouth
00:28:30soutiennent le Hezbollah.
00:28:32Est-ce qu'on tue des gens
00:28:33pour leurs opinions politiques ?
00:28:35Est-ce acceptable
00:28:36aux yeux du droit international ?
00:28:38Est-ce qu'on est d'accord
00:28:40avec l'idée
00:28:41qu'il est possible
00:28:42de tuer des gens
00:28:43parce qu'ils ont
00:28:43des sympathies
00:28:45avec un mouvement
00:28:46qu'ils voient
00:28:47comme une résistance ?
00:28:48Ancien élève
00:28:52d'une école francophone,
00:28:54Ali dit n'avoir
00:28:54jamais combattu.
00:28:57En revanche,
00:28:58les frappes
00:28:58qui ont détruit
00:28:59l'appartement
00:28:59de sa grand-mère
00:29:00ont renforcé
00:29:01ses convictions.
00:29:06Voilà.
00:29:08C'est ce qui reste
00:29:09de la maison.
00:29:12Presque tout est en cendre.
00:29:15Alors là,
00:29:16c'était la salle
00:29:17de séjour.
00:29:18Regardez la télécommande.
00:29:22Toujours sur la table.
00:29:24Plein de fissures
00:29:24dans le mur.
00:29:28C'est ce qui reste
00:29:28des lits.
00:29:31Là dormait ma grand-mère
00:29:32et là,
00:29:33c'était là où je dormais
00:29:34quand je venais
00:29:35leur rendre visite
00:29:36ou quand je venais
00:29:37du sud
00:29:37pour aller à l'université
00:29:39et passer quelques jours
00:29:40ici.
00:29:40C'est ce qui reste du lit.
00:29:42C'est la machine
00:29:44à coudre
00:29:44de ma grand-mère.
00:29:46Quand j'avais
00:29:47par exemple
00:29:47une veste
00:29:49ou un pyjama
00:29:50troué,
00:29:52elle le réparait
00:29:53toujours.
00:29:56Je ne vais pas
00:29:57montrer ça
00:29:57à ma grand-mère
00:29:58sinon elle va être
00:29:59très triste.
00:30:03Comme la plupart
00:30:04des habitants
00:30:04de Darier,
00:30:06la famille d'Ali
00:30:06a pu fuir
00:30:07avant les frappes
00:30:08car elle avait reçu
00:30:09des ordres d'évacuation
00:30:10de l'armée israélienne.
00:30:11Là était la fenêtre
00:30:15alors ça montre un peu
00:30:18la taille des explosions
00:30:20qui ont eu lieu
00:30:23et qui ont été causées
00:30:24par l'ennemi
00:30:24parce que ça a vraiment
00:30:28endommagé
00:30:29tous les immeubles
00:30:30de l'entourage.
00:30:32À quoi bon envoyer
00:30:32des messages
00:30:33pour évacuer
00:30:34et en même temps
00:30:35détruire et démolir
00:30:36sous prétexte
00:30:37qu'il y a des combattants.
00:30:39Alors où sont
00:30:40les combattants
00:30:41après avoir lu
00:30:42le message
00:30:43de l'évacuation
00:30:44envoyée
00:30:45par l'armée israélienne.
00:30:49En 2024,
00:30:51il y a eu
00:30:51une très grosse différence
00:30:52comparée avec 2006.
00:30:54Il y a eu
00:30:55quelque chose
00:30:55de très nouveau
00:30:55que les Israéliens
00:30:56ont fait.
00:30:58Ils ont mis en scène
00:30:59un porte-parole
00:30:59en langue arabe
00:31:01qui, tous les jours,
00:31:03faisait des vidéos
00:31:03face caméra
00:31:05dans lesquelles
00:31:06ils s'adressaient
00:31:06à la population libanaise
00:31:08dans lesquelles
00:31:09d'ailleurs
00:31:09ils donnaient des ordres
00:31:10d'évacuation
00:31:11et qui diffusaient
00:31:12sur les réseaux sociaux.
00:31:13Voilà, par exemple,
00:31:13ici,
00:31:15vous avez
00:31:15le sud-liban,
00:31:17n'est-ce pas,
00:31:18avec les noms
00:31:18des villages
00:31:19et nous avons
00:31:20également
00:31:21le texte
00:31:23en arabe
00:31:23du porte-parole
00:31:24arabophone
00:31:24de Tzal,
00:31:26qui indiquaient
00:31:26exactement
00:31:27aux populations
00:31:28des villages
00:31:29qui allaient être
00:31:30ciblés par Tzal
00:31:31qu'il fallait évacuer.
00:31:34Habitants de la banlieue
00:31:35sud de Beyrouth,
00:31:36écoutez-moi
00:31:36attentivement.
00:31:41Particulièrement
00:31:41ceux qui se trouvent
00:31:42dans les bâtiments
00:31:42marqués en rouge
00:31:43sur ces cartes
00:31:44ainsi que les bâtiments
00:31:46adjacents
00:31:47à ces quartiers.
00:31:47Vous êtes à proximité
00:31:52de l'immeuble
00:31:53utilisé par le Hezbollah.
00:31:55Pour votre sécurité
00:31:56et celle de vos familles,
00:31:57vous devez
00:31:58évacuer immédiatement.
00:32:00En fait,
00:32:00indirectement,
00:32:01il fait ça
00:32:01parce qu'il s'adresse
00:32:02aux populations occidentales.
00:32:04C'est une manière
00:32:04de dire aux occidentaux
00:32:05qui, eux,
00:32:06évidemment,
00:32:06ne vont pas vérifier
00:32:07exactement ce qui se passe
00:32:09sur le terrain.
00:32:09Ne vous inquiétez pas,
00:32:10nous ne sommes pas
00:32:11des sauvages.
00:32:12La réputation
00:32:13de l'armée israélienne
00:32:14qui bombarde aveuglément
00:32:15les civils,
00:32:16elle est très exagérée,
00:32:17voire elle est injuste.
00:32:18Les vies civiles
00:32:19pour nous,
00:32:19c'est important,
00:32:20donc on les prévient
00:32:21avant de taper,
00:32:22etc.
00:32:35Nous cartographions
00:32:36les logements,
00:32:37l'usage des terres.
00:32:38Nous sommes des urbanistes.
00:32:41Quand la guerre a débuté,
00:32:42nous avons voulu voir
00:32:43comment nos outils
00:32:44quotidiens
00:32:45pouvaient servir.
00:32:47Nous ne croyons pas
00:32:51une seule seconde
00:32:52au narratif israélien
00:32:53que c'est une guerre
00:32:54contre le Hezbollah,
00:32:55c'est une guerre
00:32:56contre le Liban.
00:32:58Et je pense que nos cartes
00:32:59le prouvent,
00:33:00car les cibles visées
00:33:01ne sont pas toutes
00:33:02des bases militaires.
00:33:07Les maisons de plusieurs
00:33:08de nos chercheurs
00:33:09ont été détruites
00:33:10ou endommagées.
00:33:10La carte la plus connue
00:33:15de ces derniers mois
00:33:16est celle qui répertorie
00:33:17ce que nous appelons
00:33:18les tirs annoncés.
00:33:21À elle seule,
00:33:23elle permet de prendre
00:33:24conscience de l'ampleur,
00:33:25de la vitesse,
00:33:26de l'intensité
00:33:27et de l'échelle
00:33:28de la violence.
00:33:28Éloignez-vous
00:33:36de ces bâtiments
00:33:37de 500 mètres
00:33:38immédiatement.
00:33:41Pour moi,
00:33:43cela fait partie
00:33:44d'une stratégie
00:33:45de terreur
00:33:45envers nous,
00:33:46les Libanais.
00:33:47Imaginez qu'on vous balance
00:33:49ça avec un carré rouge
00:33:50qui signifie
00:33:50éloignez-vous.
00:33:50Éloignez-vous.
00:33:52Tout à coup,
00:33:53vous devez pouvoir lire
00:33:54cette carte à toute vitesse.
00:33:55Vous devez avoir
00:33:57une échelle dans la tête
00:33:58pour savoir ce que représente
00:33:59un rayon de 500 mètres,
00:34:01sachant que parfois
00:34:01c'est 500,
00:34:02mais d'autres fois
00:34:0350 ou 100 mètres.
00:34:05Vous devez analyser
00:34:06la distance du lieu d'impact
00:34:08et ensuite accepter
00:34:09que tout ça va disparaître,
00:34:10que vous avez 10 minutes
00:34:11pour fuir,
00:34:12sans rien emporter,
00:34:13car vous courez
00:34:14pour rester en vie.
00:34:25Israël envoie des messages
00:34:37sur les réseaux sociaux
00:34:38en pleine nuit
00:34:39et ils se dédouanent
00:34:40des accusations
00:34:41de crimes de guerre
00:34:42en disant qu'ils ont averti
00:34:43à l'avance.
00:34:44Mais pour moi,
00:34:45ça ne résout pas
00:34:45la question
00:34:46de l'illégalité des frappes.
00:34:48Vous pouvez être sûr
00:34:51que s'il y a des combattants
00:34:52dans l'immeuble,
00:34:53ils vont en sortir
00:34:54bien plus rapidement
00:34:55que des familles
00:34:55avec plusieurs enfants,
00:34:57dont certains
00:34:57en bas âge,
00:34:58des bébés.
00:35:17Je connais des gens
00:35:19qui dormaient
00:35:20à tour de rôle,
00:35:21le père ou la mère,
00:35:22pour être sûr
00:35:23que si un ordre
00:35:24tombait près
00:35:24de leur maison,
00:35:25ils auraient le temps
00:35:26de sortir
00:35:26avec leurs enfants.
00:35:36Nous le savons
00:35:38et nous l'avons prouvé
00:35:39en 2006 au Liban
00:35:41et à nouveau à Gaza.
00:35:42Les gens ne peuvent pas
00:35:43toujours partir.
00:35:44qu'ils ne peuvent pas
00:35:44toujours partir.
00:35:58Comment croyez-vous
00:35:59qu'en temps de guerre,
00:36:01quand le Hezbollah
00:36:02attaque Israël
00:36:03et que le chef-lieu,
00:36:04l'épicentre du Hezbollah,
00:36:05c'est Dachia,
00:36:06les gens vont rester
00:36:07habiter à Dachia ?
00:36:09Ceux qui restent à Dachia
00:36:10sont des membres
00:36:10du Hezbollah
00:36:11ou affiliés au Hezbollah.
00:36:18Le genre de guerre
00:36:20que la région vient de subir
00:36:21a créé une génération
00:36:23qui pense que le droit
00:36:24international humanitaire
00:36:26est une énorme blague.
00:36:27Je vais avoir l'air
00:36:33d'être en faveur
00:36:33du Hezbollah.
00:36:34C'est absurde.
00:36:36Je me suis retrouvée
00:36:40à argumenter
00:36:40avec mes propres enfants
00:36:41à propos de ma naïveté
00:36:43quand je disais
00:36:44« Je ne soutiens pas
00:36:45la violence.
00:36:46Nous devons trouver
00:36:47un moyen de faire
00:36:48respecter les droits
00:36:49de l'homme. »
00:36:51Ils se fichent
00:36:53du droit international
00:36:54à un tel point
00:36:55que ça va avoir
00:36:56un impact
00:36:56dans la région
00:36:57mais aussi
00:36:58dans le monde entier.
00:37:03C'est dangereux.
00:37:06Nous détruisons
00:37:07la validité
00:37:08de telles normes
00:37:08quand nous disons
00:37:09« Ok, pour cet État,
00:37:11laissons tomber cette règle. »
00:37:13Soit les normes
00:37:13s'appliquent à tout le monde,
00:37:15soit bientôt
00:37:15elles ne s'appliqueront
00:37:16plus à personne.
00:37:17Dans les zones
00:37:25à majorité chiites,
00:37:26l'armée israélienne
00:37:28a même ordonné
00:37:29l'évacuation
00:37:29de villes entières.
00:37:34Comme dans le sud du Liban.
00:37:37Nabatillé,
00:37:3740 000 habitants
00:37:38est situé
00:37:39à une vingtaine
00:37:39de kilomètres
00:37:40travols d'oiseaux d'Israël.
00:37:47Nous avons enquêté
00:37:50très, très soigneusement
00:37:52sur toute une série
00:37:53de frappes.
00:37:56Nous avons pu nous vendre
00:37:58à Nabatillé
00:37:58deux jours après
00:38:00les bombardements
00:38:01les plus violents.
00:38:08Nabatillé
00:38:08était un important
00:38:09quartier commercial,
00:38:11relativement riche.
00:38:18Et ce que nous avons vu
00:38:20dans les décombres,
00:38:21c'était de la nourriture,
00:38:23des couches,
00:38:25toutes sortes de choses
00:38:26qu'on trouve dans un soupe
00:38:27où il y a des magasins
00:38:28de vêtements.
00:38:30Mais pas d'armes,
00:38:31pas de munitions.
00:38:33On cherche des objets,
00:38:35comme cela.
00:38:38Tu as trouvé quoi ?
00:38:39Une montre.
00:38:45Qu'est-ce qu'il y avait ici ?
00:38:46Un magasin de jouets.
00:38:48Alors, on les prend.
00:38:50Moi, j'ai trouvé ça.
00:38:57Regardez-moi ça.
00:39:04J'avais 5 magasins,
00:39:065 boutiques
00:39:07dans le soupe de Nabatillé.
00:39:09C'était le fruit
00:39:09de 50 ans de travail.
00:39:11Ils ont visé ce soupe
00:39:12juste pour causer des dégâts.
00:39:14Ils veulent faire du mal aux gens.
00:39:16Ils sont des lâches.
00:39:20Dans cette ville,
00:39:22des proches du Hezbollah
00:39:22avaient ouvert des écoles,
00:39:24des organismes de microcrédits,
00:39:26des supermarchés.
00:39:28Autant de cibles légitimes
00:39:30aux yeux d'Israël
00:39:30qui refusent de faire
00:39:31la distinction
00:39:32entre les branches civiles
00:39:33et militaires de la milice,
00:39:35intégralement classés terroristes.
00:39:39Ils avaient établi des listes
00:39:41de ce qu'ils considèrent être
00:39:42des infrastructures
00:39:44liées au Hezbollah.
00:39:45Mais leur définition
00:39:46est tellement large.
00:39:47Comment le sait-on ?
00:39:48C'était il y a environ 3 ans.
00:39:51Un centre de recherche israélien
00:39:53affilié au service
00:39:54de renseignement
00:39:54a publié une série de rapports.
00:39:59Dans un des rapports,
00:40:03ils montrent les écoles
00:40:04où, disent-ils,
00:40:05vont des enfants
00:40:06de membres du Hezbollah.
00:40:08Ils citent aussi la mairie.
00:40:11Ils affirment que cette mairie
00:40:12est gérée par un médecin
00:40:14et que ce médecin
00:40:15est proche du Hezbollah.
00:40:16Ils détaillent tout ça.
00:40:24Dans la matinée du 16 octobre 2024,
00:40:27un bombardement israélien
00:40:28vise la mairie de Nabat-i.
00:40:31Selon Amnesty International,
00:40:3311 personnes sont tuées,
00:40:35dont le maire
00:40:36qui venait de terminer
00:40:37une réunion
00:40:37pour distribuer de l'aide.
00:40:40Le chef de la défense civile
00:40:42vient porter secours
00:40:43avec ses hommes
00:40:44alors que l'aviation israélienne
00:40:46continue de frapper.
00:40:50Tout a complètement changé.
00:40:52Il n'y a plus de repères.
00:40:54Là, c'était le bâtiment
00:40:54de la mairie de Nabat-i
00:40:55et où nous sommes intervenus
00:40:57le jour de l'attaque
00:40:57sur la ville.
00:40:59Ils ont tiré
00:41:00une série de bombes
00:41:00et ça a fait
00:41:01comme une ceinture de feu.
00:41:10Six ou sept voitures
00:41:11ont pris feu en même temps
00:41:12et le bâtiment
00:41:13de trois étages
00:41:14s'est effondré entièrement.
00:41:23Alors que nous étions
00:41:24en intervention,
00:41:25un nouveau tir
00:41:26est tombé à proximité.
00:41:2813 de nos hommes
00:41:29ont été touchés,
00:41:30dont moi.
00:41:34Je ne me souviens plus
00:41:35de ce qui m'est arrivé.
00:41:36On m'a emmené à l'hôpital.
00:41:37Israël n'a jamais présenté
00:41:47la moindre justification
00:41:48pour cette attaque
00:41:49pour montrer que le maire
00:41:50et les personnes
00:41:51qui étaient avec lui
00:41:52participaient directement
00:41:54à l'effort de guerre.
00:41:56Il n'y a aucune preuve
00:41:57en ce sens.
00:41:58Tous les indices
00:42:02portent à croire
00:42:03qu'ils se réunissaient
00:42:04pour discuter
00:42:04de la crise humanitaire
00:42:06dans la ville,
00:42:07ce qui rend cette frappe
00:42:08illégale.
00:42:11Et frapper ainsi,
00:42:12de manière intentionnelle,
00:42:14délibérée,
00:42:15en ferait un crime de guerre.
00:42:16Voilà ce qui reste
00:42:26de l'ambulance
00:42:27de la mairie.
00:42:29Et là,
00:42:30vous voyez un brancard.
00:42:34C'est un signe
00:42:35que vous voyez ici
00:42:36et le symbole international
00:42:37de la protection civile.
00:42:39Les organisations internationales
00:42:40les ont distribués
00:42:41au début de l'offensive
00:42:42pour qu'on les mette
00:42:43sur nos véhicules.
00:42:44Malheureusement,
00:42:45un de nos véhicules
00:42:46qui portaient cet emblème
00:42:47a été la cible
00:42:48d'une attaque au drone
00:42:49qui a fait trois morts
00:42:50et un blessé.
00:42:56L'ampleur des destructions
00:42:59d'infrastructures médicales
00:43:01causées par Israël
00:43:02semble indiquer
00:43:04qu'Israël vise
00:43:05de manière délibérée
00:43:06les infrastructures
00:43:07et le personnel médical,
00:43:09sans preuve
00:43:10qu'ils servent
00:43:11d'un objectif militaire.
00:43:12évidence
00:43:13qu'ils sont utilisés
00:43:14pour un purpose militaire.
00:43:14suivant le ministère de la santé.
00:43:16Lequel ?
00:43:17Le ministère de la santé libanais.
00:43:19D'accord.
00:43:20Il y a eu,
00:43:21dans cette guerre,
00:43:22237 attaques
00:43:23sur les ambulances,
00:43:2468 sur les hôpitaux,
00:43:26201 ambulanciers
00:43:28ou pompiers
00:43:29qui sont décédés.
00:43:32Ces tirs-là,
00:43:33comment les justifiez-vous ?
00:43:34Qui a attaqué Israël ?
00:43:36Je vous demande
00:43:37qui a attaqué Israël ?
00:43:38Qui a commencé ?
00:43:40Qui a commencé cette guerre ?
00:43:44En droit de la guerre,
00:43:45en droit de la guerre,
00:43:45il a le droit de se défendre.
00:43:47Aucun pays
00:43:48ne se fait attaquer
00:43:49sans pouvoir réagir.
00:43:50Israël a le droit
00:43:52de se défendre.
00:43:53Ce n'est même pas un débat.
00:43:56La question est,
00:43:58est-ce qu'Israël
00:43:58se conduit dans ce conflit
00:44:00d'une manière
00:44:00qui respecte
00:44:01les lois de la guerre ?
00:44:04En 2014,
00:44:09William Shabbas
00:44:10avait été nommé
00:44:11par les Nations Unies
00:44:12pour enquêter
00:44:12sur de possibles crimes
00:44:13de guerre israéliens
00:44:14à Gaza.
00:44:20Mais ce Canadien,
00:44:22de confession juive,
00:44:23avait dû démissionner
00:44:24suite aux violentes attaques
00:44:25des autorités israéliennes.
00:44:30J'ai déjà été dénoncé
00:44:31nommément
00:44:32par Benjamin Netanyahou.
00:44:34et c'est un terme odieux.
00:44:38Il parle d'un juif
00:44:39qui se déteste.
00:44:40Je ne suis pas
00:44:41un juif qui se déteste.
00:44:42Je suis très fier
00:44:43de mes origines.
00:44:44Je viens d'une famille
00:44:45de survivants
00:44:45de l'Holocauste,
00:44:46une famille juive
00:44:47qui vivait en Allemagne.
00:44:48nous pourrions
00:44:50nous pourrions
00:44:55parcourir la liste
00:44:56de la déclaration universelle
00:44:58des droits de l'homme.
00:44:58Et nous pourrions
00:45:00sans doute
00:45:01cocher chaque ligne
00:45:02pour violation
00:45:03sous une forme
00:45:04ou une autre
00:45:04de chaque droit universel
00:45:06causé par l'action
00:45:07militaire israélienne.
00:45:08Vous savez, nous sommes dans une guerre
00:45:12depuis le 7 octobre,
00:45:14une guerre existentielle.
00:45:16Et j'appuie sur ce terme.
00:45:19Une guerre existentielle
00:45:21où les ennemis d'Israël,
00:45:23s'ils le peuvent,
00:45:26veulent la destruction totale
00:45:27et physique
00:45:29d'Israël
00:45:30et des Juifs
00:45:31en Israël.
00:45:32La fin d'Israël.
00:45:33Comme le tracé de la frontière
00:45:50n'a jamais été établi,
00:45:52Israël et le Liban
00:45:53partagent ce qui s'appelle
00:45:54la ligne bleue.
00:45:56Une démarcation
00:45:56d'environ 80 kilomètres
00:45:58où stationnent
00:45:5810 000 casques bleus.
00:46:01Tout au nord d'Israël,
00:46:02la localité de Métoula,
00:46:04entourée de villages libanais,
00:46:06a été la plus touchée.
00:46:10Au moment de notre tournage,
00:46:12cela fait 16 mois
00:46:13que les 60 000 Israéliens
00:46:15de la région
00:46:15ont été évacués.
00:46:18Métoula comptait
00:46:182 000 habitants
00:46:19avant la guerre.
00:46:20Seuls quelques volontaires
00:46:21vivent sur place
00:46:22pour assurer la sécurité.
00:46:25Je dois que t'es mis majeur.
00:46:29Tout va bien ?
00:46:29Je ne sais pas si on fait.
00:46:30A 70 ans,
00:46:36cet ancien officier israélien
00:46:37a connu toutes les guerres
00:46:38contre le Liban
00:46:39depuis 1982.
00:46:43Mais aucune n'avait été
00:46:44aussi longue et violente
00:46:45pour Métoula.
00:46:49Ici, la chambre de devant
00:46:51est dévastée,
00:46:52tout comme les fenêtres
00:46:54de la maison.
00:46:56Seule la pièce sécurisée
00:46:57n'a pas été endommagée.
00:46:58Sur ces images,
00:47:05le Hezbollah,
00:47:06avec des armes
00:47:07de fabrication iraniennes,
00:47:09russes ou chinoises,
00:47:11se vante de pouvoir
00:47:12atteindre des cibles
00:47:12à plusieurs kilomètres
00:47:13de distance.
00:47:14On n'a jamais vu ça,
00:47:20que ce soit sur la durée
00:47:21du conflit
00:47:22ou dans l'ampleur
00:47:23des dégâts.
00:47:25La dernière fois,
00:47:26en 2006,
00:47:27ça n'avait duré
00:47:28que trois semaines
00:47:28et c'était fini.
00:47:31On avait bien déploré
00:47:32quelques tirs de mortier,
00:47:33mais pas grand-chose.
00:47:34Cette fois-ci,
00:47:38on parle de 450 missiles
00:47:40anti-tanks
00:47:41lancés contre nous,
00:47:421600 tirs de mortier,
00:47:46des roquettes,
00:47:47etc.
00:47:50À Métoula,
00:47:52environ 20% des maisons
00:47:53sont détruites
00:47:54ou gravement endommagées.
00:47:56Comme celle-ci,
00:47:57dont la terrasse donne
00:47:58directement sur les villages
00:47:59libanais,
00:48:00à 300 mètres,
00:48:02rasée en représailles.
00:48:04Tous les civils libanais
00:48:08dans les villages voisins
00:48:09font partie du Hezbollah,
00:48:11soit comme combattants,
00:48:13soit comme sympathisants.
00:48:15Dans chaque maison,
00:48:16il y avait de l'armement,
00:48:19des explosifs,
00:48:20des roquettes,
00:48:20des armes,
00:48:21des véhicules.
00:48:23Ils avaient de tout.
00:48:24Pour vous,
00:48:26la réponse israélienne
00:48:28a été proportionnée ?
00:48:31Ce n'est pas assez.
00:48:33Ils n'ont pas assez détruit.
00:48:34C'est un saut.
00:48:36Doron Mano répète
00:48:37ce que l'armée israélienne
00:48:39montre à longueur de vidéo.
00:48:43À partir de la fin septembre 2024,
00:48:45les troupes israéliennes
00:48:46lancent une offensive terrestre.
00:48:48Sa'al s'empare de plusieurs localités frontalières,
00:48:56côté libanais.
00:49:02L'objectif est de démanteler
00:49:04un maximum de caches d'armes
00:49:05et de tunnels.
00:49:06Voici une roquette RPG
00:49:10et des dizaines de lanceurs.
00:49:14Les maisons sont ensuite minées,
00:49:15puis détruites.
00:49:17Dans certains cas,
00:49:18des villages entiers
00:49:19sont rayés de la carte.
00:49:20Le niveau de dévastation est immense au sud-Liban,
00:49:41surtout à proximité de la ligne bleue.
00:49:43Les villages de Kfar Kila,
00:49:47Al-Adaïsé,
00:49:48Marwahin
00:49:49ont été rasés dans ce conflit.
00:49:55Ce n'était pas la conséquence
00:49:56d'actes de guerre légaux,
00:49:58mais une destruction délibérée
00:50:00pour rendre la vie impossible
00:50:01dans ces eaux.
00:50:02Je parle pour mon village,
00:50:05par exemple,
00:50:06tout le quartier de la famille
00:50:07n'existe plus.
00:50:09Les Israéliens nous ont sortis
00:50:10de la géographie.
00:50:13En ce qui concerne
00:50:14les villages les plus proches
00:50:15de la frontière,
00:50:16c'est comme s'ils voulaient les vider.
00:50:21En créant des zones tampons,
00:50:23mais jamais de leur côté,
00:50:25toujours chez les autres.
00:50:27Peut-être que l'équation
00:50:28pour l'avenir pourrait être
00:50:30si les Israéliens du Nord
00:50:32veulent se sentir en sécurité,
00:50:34les Libanais du Sud
00:50:35doivent se sentir en sécurité.
00:50:39L'équation ne peut pas être
00:50:40les Israéliens du Nord
00:50:42sont en sécurité,
00:50:43mais l'État hébreu
00:50:44peut terroriser les Libanais
00:50:45quand il le veut,
00:50:47parce que ça pousserait
00:50:48les gens à reprendre les armes
00:50:49et à poursuivre le combat.
00:50:52Il faut leur donner la garantie
00:50:54qu'ils peuvent vivre
00:50:55dignement chez eux,
00:50:56sans crainte d'être chassés.
00:50:59Mais ce n'est pas ce que
00:51:00le Premier ministre Netanyahou
00:51:01est en train de faire.
00:51:05Fin novembre 2024,
00:51:07deux mois jour pour jour
00:51:08après la mort d'Assad Nasrallah,
00:51:10Benyamin Netanyahou
00:51:11annonce l'entrée en vigueur
00:51:12d'un cessez-le-feu
00:51:13avec le Hezbollah.
00:51:15Mais il s'octroie le droit
00:51:17de le violer
00:51:17autant que son armée
00:51:18le juge nécessaire.
00:51:19Benyamin Netanyahou
00:51:22six mois après ce discours,
00:51:25Israël occupe toujours
00:51:39et ils n'ont pas la guerre
00:51:42qui se dérangrent
00:51:43et qui se dérangrent
00:51:43dans le pays
00:51:44et qui se dérangrent
00:51:45et qui se dérangrent
00:51:46et qui se dérangrent
00:51:47six mois après ce discours,
00:51:51Israël occupe toujours
00:51:53cinq positions au sud-Liban
00:51:55et continue de bombarder.
00:51:56Chaque violation du cessez-le-feu, d'un côté comme de l'autre, est répertoriée par la finule, la force des Nations Unies pour le Liban, créée en 1978 suite à la première invasion du pays par Israël.
00:52:11Depuis novembre 2024, les casques bleus ont déjà dénombré plus de 1300 incursions terrestres de la part des Israéliens.
00:52:18Et donc ça dérange Israël, comme ça dérange le Hezbollah. Quand Israël viole le droit international et viole la souveraineté libanaise, la finule le voit et l'enregistre et l'écrit dans des rapports et l'envoie au Conseil de sécurité des Nations Unies. Et ça, ça en fait une cible pour Israël.
00:52:41Pour se débarrasser de ce témoin parfois gênant, Israël accuse régulièrement la finule de faire le jeu du Hezbollah.
00:52:49Comme sur cette vidéo, où des soldats israéliens filment des armes de la milice qu'ils disent avoir trouvées près d'une base des Nations Unies.
00:52:58Dans cette guerre, comme dans les précédentes, l'armée israélienne a ouvert le feu sur la finule, notamment sur son quartier général.
00:53:06Nous avons vu soudainement un rayon laser nous prendre pour cible. Quand l'obus nous a touchés, nous avons été renversés et nous avons essayé de fuir.
00:53:15Quand un char Merkava touche une de nos tours alors qu'il n'y a rien derrière, car nous n'abritons pas de milice dans l'enceinte de notre base,
00:53:25pourquoi faire cela ? Alors qu'il est évident qu'il s'agit d'une position des Nations Unies.
00:53:32Et pas n'importe laquelle, c'est notre quartier général.
00:53:36C'était clairement une attaque délibérée contre nos casques bleus.
00:53:41C'est difficile de comprendre leur stratégie envers la finule, si ce n'est qu'Israël estime qu'elle est en travers de son chemin et qu'elle doit se retirer.
00:53:57Je pense que leur attitude est « restez loin de nous », car on tire en premier et on pose des questions après.
00:54:04Les Israéliens nous ont demandé de nous retirer de toutes nos positions le long de la ligne bleue, et il y en a 29.
00:54:15Mais nous avons décidé de rester.
00:54:18Réfléchissez, si d'un seul coup, 10 000 hommes n'étaient plus là, il n'y aurait plus personne pour surveiller, plus d'arbitres.
00:54:24Ce jour-là, avec l'appui d'hélicoptères qui les guident, des casques bleus français partent inspecter une vallée, à 4 kilomètres de la frontière.
00:54:36Selon leurs informations, le Hezbollah aurait abandonné des positions après des frappes israéliennes.
00:54:43Tous ces fils électriques qu'on voit passer dans les arbres, c'est un bon indice aussi qui permet de suivre soit des moyens de communication, soit des moyens de déclencher des explosifs.
00:54:54Le mandat a une limite. Nous n'avons pas le droit d'inspecter les propriétés privées. Nous ne pouvons pas prendre leurs armes au Hezbollah. Ce n'est pas notre mission de les désarmer.
00:55:14Ici, filet de camouflage sur la maison qui permet de la dissimuler des drones ou des aéronefs qui peuvent passer en observation là-dessus.
00:55:21Une fois repérés, ces installations sont photographiées pour être démantelées par l'armée libanaise.
00:55:29Et aujourd'hui, ils tombent sur du matériel lourd.
00:55:32C'est un lanceur de roquette de 240 mm qui est monté sur rail.
00:55:46Donc là, il est en position stockage, comme vous pouvez le voir.
00:55:49Il est vide aussi, on voit l'intérieur.
00:55:51Et pour être utilisé, bon là, actuellement c'est détruit, il était sorti sur rail, ce qui peut sortir de son abri, orienté ensuite face au sud.
00:56:02Et là, ils avaient 8 roquettes de 240 mm.
00:56:06C'est extrêmement bien organisé.
00:56:08Ils ont vraiment protégé les infrastructures, installé des rails en plein milieu d'une vallée.
00:56:14Des tubes en métal avec des roquettes à l'intérieur.
00:56:20Nous sommes là pour soutenir l'armée libanaise.
00:56:23Nous avons besoin que cette armée libanaise soit déployée partout dans le sud avec un grand nombre de soldats.
00:56:29Et surtout, qu'elle soit la seule force présente, afin de ramener l'autorité de l'État au sud Liban.
00:56:34C'est tout l'enjeu de ce fragile cessez-le-feu dans un pays en pleine crise économique.
00:56:42Renforcer l'armée libanaise et convaincre le Hezbollah de déposer les armes.
00:56:48Jusqu'au cessez-le-feu, l'armée libanaise était une sorte de force de maintien de l'ordre.
00:56:53Ils avaient une poignée d'armes, mais pas beaucoup.
00:56:56Les soldats étaient à peine payés.
00:56:58On les voyait souvent à Beyrouth travailler comme livreurs de pizzas ou chauffeurs de taxi.
00:57:02en treillis, parce qu'ils n'avaient plus les moyens de s'acheter des vêtements civils.
00:57:15Aujourd'hui, l'État libanais n'a pas les moyens de payer les salaires de tous les soldats.
00:57:21Il n'a même pas assez d'argent pour payer le transport de ses troupes.
00:57:25Depuis maintenant plus de 25 ans, on a vu des initiatives très nettes, très claires, très ambitieuses,
00:57:37venues essentiellement de la France, des États-Unis, pour former l'armée libanaise.
00:57:43Et c'est Israël qui systématiquement a empêché, ces 25 dernières années,
00:57:49l'armée libanaise, de devenir une véritable armée capable de défendre son territoire.
00:57:53L'idée était que, pour la sécurité d'Israël,
00:57:57un pays voisin arabe qui n'est pas ami d'Israël
00:58:01ne pouvait pas avoir une armée compétente
00:58:06parce qu'ils avaient peur que l'État libanais lance une attaque contre Israël.
00:58:11Conséquence de la guerre,
00:58:15l'affaiblissement du Hezbollah a permis de trouver un compromis politique
00:58:18après deux années sans président.
00:58:24Le 9 janvier 2025,
00:58:26le général Joseph Aoun est élu à la tête du Liban.
00:58:30L'ancien chef d'État-major était le candidat soutenu par les Occidentaux
00:58:34et les pays du Golfe.
00:58:41Je pense que nous sommes à un moment
00:58:51où les gens au Liban sont épuisés par la guerre et les conflits.
00:58:56Donc il y a une opportunité réelle pour un moment de stabilité.
00:59:01Mais cette stabilité, cette paix,
00:59:04ne peut pas être basée sur une paix qui favorise uniquement Israël.
00:59:08Les Israéliens doivent choisir
00:59:10soit ils acceptent un État libanais plutôt fort
00:59:13avec une armée normale digne de ce nom,
00:59:17soit ils continuent de vouloir un État failli, faible à leurs frontières
00:59:20et ils vont devoir subir les milices qui viennent avec.
00:59:24Et donc le Hezbollah met peut-être une forme de Hezbollah encore plus radicale.
00:59:31Les combats ont fait 96 morts côté israéliens,
00:59:35plus de 4 000 côté libanais.
00:59:36Quelques jours après l'annonce du cessez-le-feu,
00:59:41nous accompagnons le jeune sympathisant du Hezbollah dans le sud Liban.
00:59:45Ali et sa mère se rendent dans leur village
00:59:47qu'ils ont dû quitter à cause du conflit.
00:59:48Regardez ça !
00:59:52Oh mon Dieu !
00:59:56Quelle tristesse !
01:00:03Les villages du sud sont beaux !
01:00:05Quel dommage !
01:00:06C'est très triste.
01:00:13Mais ce qui est détruit, on pourra le reconstruire, avec l'aide de Dieu.
01:00:21Pour accéder à leur village de Beiklif,
01:00:23il faut passer ce dernier point de contrôle de l'armée libanaise.
01:00:26A 5 kilomètres de la frontière israélienne,
01:00:33nous entrons dans un territoire alors uniquement défendu par le Hezbollah.
01:00:43L'hypothèse à laquelle les dirigeants de l'armée israélienne croyaient,
01:00:46c'était que s'ils écrasaient tout et menaçaient de tirer sur ceux qui reviendraient,
01:00:51les gens se tiendraient à l'écart.
01:00:52Ce calcul ne fonctionne pas.
01:00:55Les gens retournent dans leur village
01:00:57et leur ville, totalement détruite.
01:01:03Bienvenue à notre modeste demeure.
01:01:09Ou ce qui reste, ce qui en reste.
01:01:12Les décombres sont déblayées,
01:01:23les maisons sont réparées,
01:01:26les gens reprennent leur vie.
01:01:28Je pense qu'ils ont légèrement sous-estimé ce qu'on appelle en arabe « soumoud ».
01:01:32La persévérance des habitants qui disent
01:01:35« Ok, ma maison a déjà été détruite trois fois,
01:01:38je vais la reconstruire une quatrième fois,
01:01:41mais nous restons ici, nous ne partons pas. »
01:01:48Je regarde ce que je peux prendre.
01:01:51Des affaires, des souvenirs.
01:01:54Ça, c'est Mohamed, le plus jeune.
01:01:55On attend pour réparer la maison,
01:02:01parce qu'il fait froid.
01:02:03Sinon, on aurait déjà fait le ménage
01:02:04et on s'est rentrés,
01:02:06même sans porte ni fenêtre.
01:02:08Mais c'est l'hiver.
01:02:10Dès que l'eau et l'électricité seront assurées,
01:02:12on reviendra.
01:02:16Comme tout le monde au village.
01:02:17C'est mon drapeau.
01:02:25Je le garde toujours.
01:02:26Il est toujours dans la maison.
01:02:29Intact.
01:02:29Vous pouvez détruire leurs armes,
01:02:44vous pouvez les affaiblir,
01:02:46vous pouvez éliminer leur direction.
01:02:49Mais les guerres ne peuvent pas,
01:02:51à elles seules,
01:02:52détruire des mouvements sociétaux
01:02:54comme le Hamas,
01:02:54comme le Hezbollah,
01:02:56parce qu'ils ont un écosystème.
01:02:58Ils font partie de la communauté.
01:03:07Je buvais toujours du café
01:03:09dans la place du village
01:03:10avec cet homme, ce martyr-là.
01:03:14Ce jeune homme, je dormais dans sa maison.
01:03:16On dormait ensemble,
01:03:18regardait Netflix,
01:03:19voir des films
01:03:20et passait des soirées ensemble
01:03:23avec ses frères.
01:03:25Et là, on a déjà préparé
01:03:27l'endroit où on va enterrer
01:03:30les autres martyrs.
01:03:40Après chaque grosse secousse
01:03:43provoquée au Liban par Israël,
01:03:46on a un pic dans les recrutements
01:03:48par le Hezbollah,
01:03:49mais pas nécessairement
01:03:51parce qu'il appelle au recrutement.
01:03:54Ce sont des candidatures spontanées.
01:03:55Et là, on l'a vu
01:03:57encore en 2024,
01:04:00on a eu énormément
01:04:00de jeunes shérites
01:04:02qui, initialement,
01:04:03n'étaient pas forcément
01:04:04hyper intéressés
01:04:05par l'idée de rejoindre
01:04:06l'action militaire,
01:04:07se présenter et dire
01:04:09« Nous, on veut rejoindre
01:04:10la résistance islamique ».
01:04:12Ce soutien populaire dépend tout de même
01:04:23de la capacité du Hezbollah
01:04:24à tenir ses promesses,
01:04:27notamment celle de compenser
01:04:28financièrement les familles
01:04:29pour les pertes humaines,
01:04:30mais aussi matérielles.
01:04:31Est-ce que ça va être
01:04:38comme en 2006,
01:04:39quand le Hezbollah
01:04:40s'était chargé
01:04:41de la reconstruction ?
01:04:43Le Hezbollah,
01:04:44tout le monde le sait,
01:04:45est largement financé
01:04:46par l'Iran.
01:04:47Or, en Iran,
01:04:48nous entendons
01:04:48de plus en plus de voix dire
01:04:50« Nos investissements
01:04:51dans des acteurs
01:04:52non étatiques
01:04:52en Syrie et au Liban
01:04:53et en soutien
01:04:54au régime syrien
01:04:55n'étaient pas
01:04:56de bons investissements.
01:04:57Il faut réduire
01:04:58ces dépenses. »
01:04:59Dans cette guerre
01:05:03par procuration
01:05:04avec l'Iran,
01:05:05Israël semble sortir
01:05:06vainqueur militairement
01:05:07sur tous les fronts.
01:05:09À Gaza,
01:05:10le Hamas et les Palestiniens
01:05:11sont écrasés
01:05:11sous les bombes.
01:05:13En Syrie,
01:05:14le régime de Bachar al-Assad
01:05:15s'est effondré,
01:05:17coupant les routes
01:05:17d'approvisionnement
01:05:18en armes du Hezbollah.
01:05:20Et l'Iran a déçu
01:05:21ses alliés
01:05:21par la faiblesse
01:05:22de sa riposte à Israël.
01:05:26« Ce qui vient de se passer,
01:05:28peut-être comparé
01:05:28au moment
01:05:29de la chute
01:05:31du mur de Berlin.
01:05:33C'est un moment
01:05:33aussi charnière
01:05:34parce qu'on voit
01:05:35l'écroulement
01:05:36de cet axe stratégique
01:05:39dominé par l'Iran
01:05:41que l'Iran construit
01:05:42depuis 82,
01:05:44donc 40 ans.
01:05:48Sans ses dirigeants historiques
01:05:50et coupés
01:05:51de ses soutiens internationaux,
01:05:53le Hezbollah
01:05:53pourrait paraître
01:05:54isolé
01:05:54et affaibli.
01:05:55Et pourtant,
01:06:01cinq mois
01:06:01après sa mort,
01:06:02le parti de Dieu
01:06:02a organisé
01:06:03les obsèques
01:06:04en grande pompe
01:06:04de son chef,
01:06:06Hassan Nasrallah.
01:06:06Un million et demi
01:06:13de personnes
01:06:13auraient fait
01:06:14le déplacement
01:06:14jusqu'à Beyrouth
01:06:15pour lui rendre
01:06:16un dernier hommage.
01:06:20Les fidèles
01:06:21lancent des vêtements
01:06:22afin qu'ils soient bénis
01:06:23au contact du cercueil.
01:06:29Mes amis,
01:06:30arrêtez de pousser !
01:06:31En pleine communion populaire,
01:06:46quatre avions de chasse
01:06:47israéliens
01:06:47survolent la foule
01:06:48à très basse altitude.
01:06:49Ce jour-là,
01:07:08le chef d'état-major israélien
01:07:09a reconnu avoir envisagé
01:07:11de bombarder le stade
01:07:12avant de renoncer.
01:07:14On ne libère pas
01:07:26un pays en le bombardant.
01:07:28Dessinez les frontières
01:07:29entre le Liban et Israël.
01:07:31N'envahissez pas le Liban.
01:07:33Ne demandez pas
01:07:34à avoir le droit
01:07:34de le survoler
01:07:35dès que vous le désirez.
01:07:37Si vous voulez libérer
01:07:38le Liban,
01:07:39éliminez la raison
01:07:40pour laquelle
01:07:41les habitants du Sud
01:07:42ont pu penser
01:07:43que pour vivre
01:07:44chez eux,
01:07:45il leur fallait
01:07:45cette alliance militaire
01:07:46avec le Hezbollah.
01:08:03Le Hezbollah a conditionné
01:08:05toute négociation
01:08:06sur son désarmement
01:08:07au retrait total
01:08:08d'Israël du Sud Liban.
01:08:12De leur côté,
01:08:13les Israéliens ont annoncé
01:08:15vouloir rester indéfiniment
01:08:16sur les cinq positions
01:08:17qu'ils occupent.
01:08:19Au risque d'installer
01:08:20le principe d'une guerre
01:08:22sans fin.
01:08:22Sous-titrage Société Radio-Canada
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