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Monsieur de Fontenelle a résisté toute sa vie à la passion et aux sentiments amoureux, jusqu’au jour où il fait la rencontre d'Isabella, qui lui fait découvrir ce qu’il a toujours ignoré : l’amour.

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Genre : Nouveautés, Film Cinéma, Téléfilm, Romance, Histoire, Drame
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Transcription
00:00:00Musique
00:00:008 heures !
00:00:11Votre bouillon !
00:00:15Il faut le boire bien chaud, sinon ça ne vous fera aucun...
00:00:20aucun bien !
00:00:22Musique
00:00:24Sidon !
00:00:38Sidon ! Mathieu !
00:00:44Musique
00:00:46Musique
00:00:48Musique
00:00:50Musique
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00:00:58Musique
00:01:00...
00:01:13...
00:01:14Musique
00:01:16...
00:01:17Sous-titrage MFP.
00:01:48J'ai des asperges que vous m'aviez commandées. Elles sont très belles. Cueillez-les ce matin.
00:02:09Et mes fraises ?
00:02:11Je t'ai déjà dit que ça me donnait des démangeaisons.
00:02:17Oh madame, vous voilà enfin. Qu'est-ce qui se passe-t-il ?
00:02:20Monsieur de Fontenelle s'est encore levé en pleine nuit pour aller regarder ses maudites étoiles.
00:02:24Et je l'ai trouvé endormi dans son cabinet.
00:02:27Franchement madame, je me demande ce qu'il espère.
00:02:30S'il croit que les habitants de la lune vont lui faire signe de montée ?
00:02:33Il vous a donc convaincu que la lune était habitée ?
00:02:35Non, pas la lune. Mais, attendez, attendez. On ne s'y retrouve plus dans tous ces astres.
00:02:44En tout cas, moi je crois que les habitants du ciel en ont assez d'être regardés.
00:02:48Avec ses lunettes, qu'on dirait des fusils.
00:02:52Monsieur de Fontenelle a beau être un grand savant, il y a des choses qu'à son âge on ne fait plus.
00:02:55Madame, il n'y a que vous, sa petite nièce, qui puissiez le raisonner.
00:03:03Qu'irais-je lui dire ? Il est la raison même.
00:03:05Au revoir, chère.
00:03:07Tout au plus pourrait en contenir sa gourmandise.
00:03:15Ah, ma chère nièce.
00:03:17Je vous souhaite le bonjour, mon oncle. Vous avez belle mine. Je suis ravie.
00:03:22Ah, oui.
00:03:26N'y aurait-il point du fromage ?
00:03:28Vous ne dînerez point si vous prenez du fromage à cette heure.
00:03:31Neuver, reviennent qu'à prendre de sonner.
00:03:32Je sais trop bien que vous n'en prendrez point qu'un seul morceau.
00:03:36Vous serez témoin qu'après 95 ans, je suis condamné à mourir de faim dans ma propre maison.
00:03:42Et vous passez pas à la cuisine.
00:03:44En effet.
00:03:45Et n'avez-vous point remarqué ce qui se préparait pour le dîner ?
00:03:49Des asperges, mon oncle.
00:03:50Dieu soit loué.
00:03:51C'est étrange comme manger des asperges semble pour vous une forme avancée du bonheur.
00:03:56Vous parlez du bonheur comme si j'en connaissais les secrets.
00:04:00N'est-ce pas la vérité ?
00:04:02Je crois en effet que les secrets du bonheur ne vous sont pas inconnus.
00:04:09Vous appelez secrets de simples précautions.
00:04:12Confie-moi en une.
00:04:14Mais la plus simple, il faut se ménager en toutes circonstances.
00:04:17La mesure du bonheur qui nous a été donnée est assez petite, ma chère nièce.
00:04:32J'ai donc prudence de ne rien perdre.
00:04:36Et était-ce dans vos précautions que de ne pas vous marier ?
00:04:41Veuillez m'excuser.
00:04:41Pertinente question.
00:04:50Dans les nœuds de l'hymène, à quoi bon m'engager ?
00:04:55Je suis un, cela doit suffire.
00:04:58Si j'étais deux, mon état serait pire.
00:05:02C'est bien assez de moi pour me faire enrager.
00:05:05Votre science des épigrammes vous tire de toutes les situations.
00:05:10Il n'empêche que vous savez vous faire adorer des femmes.
00:05:13Peut-être.
00:05:14Mais on les épouse.
00:05:16Et puis on les connaît.
00:05:17Le mariage est chose naturelle pourtant.
00:05:19On n'aime pas dans le plan.
00:05:21Je dis, l'idée a bien dû vous venir, de vous marier.
00:05:26Quelquepois, oui, le matin.
00:05:27Voltaire aurait dit au roi de Prusse que vous étiez l'esprit le plus universel que le siècle de Louis XIV ait porté.
00:05:49Un compliment n'étant pas dans sa manière,
00:05:51ils ont déduit qu'il a dû lui arriver quelque chose de fâcheux.
00:05:55Le froid, peut-être.
00:05:57Je m'étonne toujours comme les séances à l'académie ne vous fatiguent pas davantage.
00:06:04Pourquoi voulez-vous ?
00:06:06Je n'y ai plus d'ennemis.
00:06:27On dirait que vous avez oublié ce que messieurs Boileau et la Bruyère ont dit de désagréable sur vous.
00:06:32Ne venez pas enfants, ça racine de l'oublier parmi mes adversaires.
00:06:37Je leur ai pardonné et cela m'a fait beaucoup de bien.
00:06:40Non, aujourd'hui, je ne les blâme que d'être tous morts.
00:06:46Portez-vous toujours aussi aimablement, cher enfant.
00:06:50Eh bien, moi, c'est monsieur que je trouve trop aimable.
00:07:01Il n'en veut à personne et se contente de tout.
00:07:05Je me demande parfois si ce sont là les manifestations d'une bonté immense ou de pas de bonté du tout.
00:07:11Des fois, j'ai peine à lui ôter la poussière.
00:07:21Il me fait peur.
00:07:23Je crois monsieur de Fontenelle encore plus impressionné que vous par son oncle.
00:07:27Je comprends.
00:07:28Être le neveu du grand Corneille, c'est une situation tout de même.
00:07:32Pour vous aussi, madame.
00:07:36Petite nièce du neveu de Corneille, c'est une place discrète.
00:07:41Mais, qu'est-ce que vous faites ?
00:08:05Monsieur en avait assez.
00:08:06Comment il en avait assez ?
00:08:08Ah oui, il ne veut plus le voir, ce coffre.
00:08:0960 ans, à ce qui paraît.
00:08:11Mais il est plein.
00:08:12Ah ben, pour sûr, madame, qu'il est plein.
00:08:15On sent bien quand on le porte.
00:08:17C'est tout ce que monsieur a point voulu lire qui est là-dedans.
00:08:19Mais qu'est-ce que tu racontes, Simon ?
00:08:20Ce sont les journaux de monsieur qui sont dans ce coffre.
00:08:23Ah ben, je dis point non.
00:08:24Je dis qu'il n'a jamais voulu les lire.
00:08:26Qui vous a raconté ces sornettes ?
00:08:29C'est...
00:08:30C'est lui.
00:08:32Qui ça, lui ?
00:08:33Monsieur de Fontenelle ?
00:08:38C'est amusant, mais cela ne tient pas debout.
00:08:40Pourquoi ne les aurait-il pas lus ?
00:08:42Monsieur n'aimerait pas qu'on répète ce qu'il nous a dit qu'à nous.
00:08:46Répète quand même, madame te le demande.
00:08:48Ben, il les a point lus parce qu'il se doutait qu'on ne disait pas du bien de lui là-dedans.
00:08:53Même qu'on l'attaquait.
00:08:54Après tout, cela est assez dans sa manière.
00:09:04Ne jamais aller au-devant de ce qui peut gâter votre humeur.
00:09:08C'est tout, lui, en effet.
00:09:10Débarras ! Allez !
00:09:12Et vous repasserez le balai !
00:11:45dans mes poésies et vous appelez ça avoir vécu je crois avoir été empressé comme il convenait
00:11:54auprès des femmes mais l'amour j'entends mal je parlais de l'amour lui et moi sommes des choses
00:12:04incompatibles on dit pourtant que votre roman préféré n'est autre que la princesse de claire
00:12:09le style en est insurpassable il en est plus vif il n'en est pas de plus simple donc de plus
00:12:20grand mais la princesse c'est une histoire d'amour qui n'a pas lieu qu'elle sagesse puisque vous
00:12:27soutenez que les sentiments vous sont étrangers je suppose ce sont les idées qui ont vos faveurs
00:12:32pas davantage défendre des théories signifie riposter se plaindre accuser soupçonner
00:12:38j'aime trop mon repos et puis pourquoi polémique tout est possible et tout le monde a raison allons
00:12:51allons je sais certaines idées qui ne vous laisse pas indifférents si je vous disais que monsieur
00:12:58d'alembert est venu nous lire hier son discours préliminaire à l'encyclopédie et que le chevalier
00:13:04de jocourt nous a montré d'admirables planches dans les métiers c'était d'un ennui mortel m'avait
00:13:09l'air encore bien vivant il me semble mais enfin que cherchez vous avec cette encyclopédie à
00:13:15instruire les médiocres de choses qu'ils n'entendront point qui a-t-il de plus ridicule que
00:13:20de parler de philosophie le divertissement et le jeu voilà ce que le peuple attend pareil propos vous
00:13:28feront attendre à la porte de l'académie j'en réponds déjà qu'il vous faudra faire oublier vos
00:13:33ouvrages libertins et moi j'entends bien être de l'académie mes ouvrages sont lest j'en conviens
00:13:39mais les composés est d'un aussi dur labeur croyez moi une simple page me prend trois ou quatre heures
00:13:46vous finirez bien par attraper tout ce temps perdu mais je suis plus modeste que vous ne l'imaginez
00:13:51monsieur n'aurait pas osé vous le dire monsieur toutes ces femmes qui se disputent le vieux fontenelle
00:13:58dans l'espoir qu'il va mourir dans leur salon
00:14:00pauvre valière il se croit un esprit supérieur mais la supériorité lui fait bien défaut et l'esprit lui
00:14:10manque venez vous allons entendre la musique de près elle est bien assez insupportable de loin
00:14:17vous préférez la peinture au la peinture les murs sont enlédits par trop de portraits la sculpture
00:14:24je laisse les statues me regarder les arts vous touche donc si peu je n'arrive pas à faire entrer
00:14:33tant de choses dans mon existence plus tard peut-être votre force c'est de vous placer
00:14:42hors d'atteinte dans toutes circonstances rien ne vous touche je vous admire bonsoir
00:14:48cher fontenelle pardon je vous souhaitais le bonsoir
00:15:03je suis
00:15:30Regardez, monsieur de Fontenelle, il n'est pas de mots murmurés que vous ne saurez entendre,
00:15:38avec, on l'a souvent constaté, plus de précision encore que ceux qui entendent normalement.
00:15:43Cela provient de ce que le pavillon est fort large, ne dirait-on pas comme une corne d'abondance,
00:15:48qui, au lieu de déverser ses fruits, engrangerait les sujets et les verbes,
00:15:52par sa vaste embouchure, pour vous les faire entendre.
00:15:54Voyons, monsieur, voulez-vous ajuster le cornet à votre oreille ?
00:15:58La plus petite des extrémités s'y glisse tout naturellement.
00:16:02Allez-y.
00:16:06Alors, comment m'entendez-vous, monsieur de Fontenelle ?
00:16:08Trois fois !
00:16:10Ah oui, je suis confus, c'est parce que je...
00:16:12C'est naturel quand on s'adresse à quelqu'un dont Louis est défaillant.
00:16:16Alors, je n'en crois pas mes oreilles.
00:16:26Qu'est-ce que c'est que ça ?
00:16:27On nous a demandé de venir le chercher pour monsieur de Fontenelle.
00:16:30Et qui vous a demandé ?
00:16:32Ajuster, enlever.
00:16:36Ajuster, enlever.
00:16:38Voilà, l'appareil n'est-il point trop lourd, monsieur ?
00:16:40Monsieur !
00:16:41Monsieur !
00:16:42Madame Geoffrin vous envoie...
00:16:44Madame Geoffrin vous envoie quelque chose.
00:16:46Je lis beaucoup mieux.
00:17:02Ce portrait de votre ami le frénois, j'ai pu l'acquérir sans trop d'embarras auprès de ce qui lui reste de famille.
00:17:08Je l'ai fait dans l'intention de vous l'offrir.
00:17:10Persuadez que le visage de celui qui fut votre plus proche est si grand ami, vous rappellerez ces longs moments que vous passiez ensemble à ne rien dire.
00:17:18Et pourtant à vous comprendre, comme seuls savent s'entendre la discrétion et l'innocence.
00:17:24Oui.
00:17:25Alors aujourd'hui, vingt ans qu'il est mort, je m'en vais sur le champ remercier madame Geoffrin.
00:17:34Pourquoi ces moments que vous passiez à ne rien dire ?
00:17:38Monsieur le frénois était si peu bavard.
00:17:40Hum.
00:17:42Le portrait respire la ressemblance.
00:17:46Regardez, on dirait qu'il va se taire.
00:17:49La belle compagnie que voilà.
00:18:01Et tout ce monde va m'accueillir ?
00:18:03Nous sommes toujours ravis de vous voir, monsieur l'abbé.
00:18:07Très bien.
00:18:08Très bien.
00:18:10Très bien.
00:18:15Je parle de cette lettre au marquis de Laffard que le petit réservoir vient de publier.
00:18:18Eh bien.
00:18:20Comment ça, eh bien ?
00:18:21Que dit-elle cette lettre ?
00:18:23Vous vous moquez, on soutient partout qu'elle est de vous.
00:18:26M'a-t-on vu l'écrire ?
00:18:27Je le sens bien, moi, qu'elle est de votre plume.
00:18:30Parler avec une telle insolence n'appartient qu'à vous ou à Voltaire.
00:18:33Une lettre qui décrit l'embarras du Seigneur au moment de la résurrection désigne son auteur.
00:18:38M'en direz-vous le nom à la fin ?
00:18:40Raillez, raillez, je vois que sous couvert de montrer les choses de la science auquel les cœurs saints n'entendent rien,
00:18:45il est bien lisé d'y jeter le table.
00:18:48Qu'est-il besoin d'expliquer ce qui doit rester inexplicable ?
00:18:51Vous faites parfois songer à quelques navigateurs dont les cas laisseraient passer l'eau,
00:18:56mais qui interdiraient qu'on écope.
00:18:58Oui, pas d'égard, on dit que ce sont vos ouvrages qu'ont enfanté Voltaire.
00:19:07Laissez dire.
00:19:09Car vous ne pouvez accepter que votre œuvre apporte caution à cet empire.
00:19:12Je me reproche de vous, n'est-ce pas feu, mais pas que...
00:19:15Si fait, mais vous ne pouvez ignorer que Voltaire parle de Dieu comme...
00:19:18comme... comme s'il n'existait pas.
00:19:20Comme quoi ?
00:19:20Quelle malice que vous doivez me faire répéter ces choses.
00:19:23Comme... comme s'il n'existait pas.
00:19:26Voltaire ne nie pas.
00:19:30Il s'interroge.
00:19:32C'est votre histoire des oracles qui a fait le mal.
00:19:35Ne me rejette pas dans mes oracles au spectacle de l'ignorance et de la sottise,
00:19:40exploité par la mauvaise foi.
00:19:42Certes, mais...
00:19:43Mais ce spectacle me semble promis un grand avenir.
00:19:47Ben justement, des esprits faibles et impurs ont pu en déduire que Dieu n'existait
00:19:50que parce que nous voulions y croire.
00:19:53Seigneur.
00:19:55Mon ami.
00:19:56L'ignorance se démontre moins par les choses qui sont
00:20:00et dont la raison nous est inconnue que par celles qui ne sont point.
00:20:05Et dont nous trouvons la raison.
00:20:08Car non seulement nous ne possédons pas les principes qui mènent au vrai,
00:20:13mais nous en avons d'autres qui s'accommodent très bien avec le faux.
00:20:16Monsieur l'abbé, restera-t-il à dîner ?
00:20:24Fait-il ? Non, votre servante.
00:20:26Ben, qui a-t-il ?
00:20:27Le dîner !
00:20:28Eh bien !
00:20:29Désiré foutez sa sperche !
00:20:31Oh, j'en raffole !
00:20:32Oh, j'en raffole !
00:20:34Moi aussi !
00:20:36Sa au beurre est qualité !
00:20:38Oui, je préfère à l'huile.
00:20:39Au beurre, elle garde de leur fermeté.
00:20:41Et à l'huile, le goût en sort davantage.
00:20:43Mais elle se digère tout aussi bien au beurre.
00:20:46Ma nièce ne les apprécie qu'à l'huile.
00:20:48Bon, mais que dois-je faire ?
00:20:50Une moitié à l'huile, une moitié au beurre.
00:20:56Je connais bien votre manière, savez-vous.
00:20:58Jamais rien de véhément.
00:21:00Votre impertinence est des plus doux, à peine visibles.
00:21:03Point d'éclat, point de taca.
00:21:05Ainsi, ce ne sera pas pas les idées les plus terribles, les plus terribles.
00:21:09Je ne professe point d'idées.
00:21:11Je constate et je souris.
00:21:14C'est bien suffisant.
00:21:16Vous vous mêlez tous sans en avoir l'air.
00:21:18Voilà la vérité.
00:21:19Raisonnement, raisonnement, c'est votre unique défense.
00:21:21Moi, je maintiens qu'il est mauvais de raisonner sans cesse.
00:21:24Que c'est le moyen le plus insidieux de s'écarter peu à peu
00:21:26du chemin qui nous a été tassé.
00:21:29Par qui ?
00:21:30Vous voyez, vous raisonnez encore.
00:21:35Ça, j'aime d'avance si toutes mes parrières
00:21:36ne seront jamais suffisantes pour votre salut.
00:21:40Et si ?
00:21:41François !
00:21:55Les asperges, toutes à l'huile.
00:22:00Non, non, dites-moi à l'entrée du jardin.
00:22:13Enfin, vous voilà !
00:22:31Nous n'attendions que vous pour souper.
00:22:34Attendez, nouvelle de ce bon abbé Chalon ?
00:22:38Il est à nouveau sur pied,
00:22:41si l'on peut ainsi dire,
00:22:42de quelque chose de rond.
00:22:44Vous ne cessez de le rudoyer.
00:22:46Je me demande ce qu'il vous a fait.
00:22:47Il me fait peur !
00:22:49Le voilà !
00:22:53Chère Fontenelle,
00:23:01je ne crois pas vous avoir présenté Isabelle.
00:23:03La fille de ma sœur du comte d'Ella Torre
00:23:05est arrivée de Florence la semaine passée.
00:23:10Ah !
00:23:11Des asperges !
00:23:12On dit, monsieur,
00:23:19que vous n'avez pu résister à un mot cruel
00:23:21dont l'abbé Chalon fut l'innocente victime.
00:23:24La cruauté n'est pas ma façon, monsieur.
00:23:26Mais si cela est vrai,
00:23:27ce que j'ai dit semble avoir remis
00:23:28les asperges à la mode.
00:23:33Monsieur le philosophe,
00:23:35il paraît que vous refusez
00:23:36de croire à l'amour.
00:23:38Plaît-t-il ?
00:23:38N'est-il point vrai que l'amour existe ?
00:23:41J'avoue qu'à 7 minutes,
00:23:46je ne doute plus.
00:23:50On m'a dit une charmante désenterie
00:23:52qui vous concerne,
00:23:53chère Fontenelle.
00:23:55À quelqu'un qui souhaitait faire
00:23:56un placement d'argent,
00:23:57il a été déconseillé
00:23:58de le faire sur votre tête,
00:23:59sauf à fond perdu,
00:24:00car vous rajeunissez en vieillissant.
00:24:03L'autre jour,
00:24:04j'ai voulu faire déplacer
00:24:05un meuble de famille,
00:24:05un vieux secrétaire
00:24:06qui avait toutes les apparences du neuf.
00:24:09Eh bien, à peine l'a-t-on touché
00:24:10qu'il s'est effondré.
00:24:11Il était vermoulu.
00:24:15Vieillir me fait peur.
00:24:17Pour les femmes,
00:24:18la disgrâce des sens,
00:24:19c'est une horrible chose.
00:24:23Une sottise.
00:24:24Pour éviter à nos sens de vieillir,
00:24:27il faut veiller à leur fonctionnement régulier,
00:24:29les entretenir en quelque sorte.
00:24:31À suivre vos conseils,
00:24:33on tomberait vite dans l'excès,
00:24:34il me semble.
00:24:34L'homme de qualité
00:24:36sait tempérer ses audaces.
00:24:38Je crains, mademoiselle,
00:24:41que nos discours vous ennuient.
00:24:42Les vôtres, vous voulez dire ?
00:24:45Quand la beauté et la jeunesse
00:24:47s'accordent si magnifiquement,
00:24:49a-t-on envie d'entendre
00:24:51des propos desséchés ?
00:24:53A-t-on d'ailleurs envie
00:24:54d'entendre quoi que ce soit ?
00:24:56Les paroles retardent toujours les actes.
00:24:58C'est cher.
00:24:59Oh non, ce n'est pas possible.
00:25:01Grand-pense, votre nièce ?
00:25:03Elle va vous le dire elle-même,
00:25:04baron Grimm.
00:25:05Je n'en suis pas encore
00:25:07à me laisser des conseils
00:25:08qu'elle en me donne.
00:25:09Ce qui n'empêche pas
00:25:10d'en faire le tri.
00:25:10de reconnaître la vérité
00:25:12dans ce qui est généreux,
00:25:14sensible, dévoué,
00:25:16en un mot,
00:25:17dans ce qui vient du cœur.
00:25:19Tous les êtres possèdent un cœur,
00:25:21me direz-vous.
00:25:22Eh bien non.
00:25:24La science nous le cache encore,
00:25:25mais certains en sont
00:25:27réellement dépourvus.
00:25:28Vraiment ?
00:25:29J'en connais personnellement.
00:25:30Dans quelques contrées lointaines,
00:25:32je pense.
00:25:32Point du tout, ici même.
00:25:34Nous direz-vous.
00:25:35À quoi bon ?
00:25:36Il s'est déjà reconnu.
00:25:40Je suis résolu à faire
00:25:45à l'académie
00:25:46une communication
00:25:48sur l'intelligence
00:25:50de l'asperge.
00:25:53C'est un légume
00:25:54particulièrement savoureux,
00:25:57mais aussi
00:25:57commande à manger.
00:26:00En somme,
00:26:00fait pour nous plaire,
00:26:03mais avec une discrétion
00:26:04qui enchante.
00:26:06Il suffit d'ailleurs
00:26:07de savoir comment
00:26:08poussent les asperges.
00:26:09elles passent
00:26:10la tête
00:26:12pour d'abord
00:26:14voir si elles ne dérangent pas.
00:26:19Et puis alors,
00:26:21se sachant attendues,
00:26:23elles viennent
00:26:24tout entières.
00:26:26aucun autre légume
00:26:30ne possède
00:26:33cette élégance.
00:26:35À vrai dire,
00:26:36monsieur,
00:26:36ça n'est pas précisément
00:26:37sur l'académie
00:26:38et les asperges
00:26:39qu'on vous attendait.
00:26:40Sur quoi d'autre ?
00:26:41Eh bien,
00:26:41sur ce qu'affirme
00:26:42monsieur de Vallière,
00:26:43l'absence de cœur.
00:26:45Vous avez du mal entendre.
00:26:47Comment cela ?
00:26:48Monsieur de Vallière
00:26:49pense que
00:26:50cela n'existe pas
00:26:51parce que le cœur
00:26:52comme le cerveau
00:26:52sont des organes
00:26:53qui lui sont encore étrangers.
00:26:57J'ai cru comprendre
00:26:57que pour l'instant,
00:26:59il ne s'intéressait
00:26:59qu'à la partie comprise
00:27:00entre la hanche
00:27:01et le genou.
00:27:08Bénissons l'esprit,
00:27:09monsieur.
00:27:10C'est lui
00:27:10qui vous tuera.
00:27:12Alors,
00:27:13ne songez plus
00:27:13à l'académie.
00:27:15Vous voilà déjà
00:27:15immortel.
00:30:27Venez, M. Leforger a promis de nous enseigner un nouveau jeu d'esprit.
00:30:37Je préfère me retirer.
00:30:39Comme vous voudrez. Ma nièce ne possède-t-elle pas une voix merveilleuse ?
00:30:43Sans doute, mais comment en aurais-je profité ?
00:30:47C'est à vous ?
00:30:50Je ne vois pas l'utilité de m'encombrer du bien d'autrui.
00:30:53Je veux dire, vous en avez réellement besoin ?
00:30:57Hélas, ma bonne amie, me voici parvenue à l'âge des accessoires.
00:31:12Monsieur ?
00:31:15Monsieur ?
00:31:19Quelqu'un parle ?
00:31:23Moi, monsieur.
00:31:39Votre esprit m'a charmé, monsieur.
00:31:42Je comprends que ma tante tient tant à votre présence.
00:31:46Avez-vous aimé les airs que je chantais ?
00:31:49Votre voix et votre accent feraient aimer tous les airs du monde.
00:31:55Savez-vous que je connais vos entretiens sur la pluralité des mondes ?
00:31:59Ils sont très célèbres en Italie.
00:32:01Quelle chance est-ce que cette marquise d'être instruite par vous ?
00:32:05Des Mercure, des Vénus, des Jupiter.
00:32:09Mais je vous mets en retard.
00:32:11Bonsoir, monsieur.
00:32:12Nous sommes prêts, monsieur ?
00:32:19Pas moi !
00:32:20Je vous pardonne d'avoir interrompu mon chemin si vous acceptez que je me mette en travers du vôtre.
00:32:41Aurais-je droit à une licence d'astronomie ?
00:32:44J'aime les sciences, vous savez.
00:32:47J'imagine que vos soirées passées à instruire la marquise étaient pareilles à celle-ci.
00:32:52Enfin, voyons, vous vous conduisez avec moi comme si j'avais dix ans de moins.
00:33:08Puisque je ne peux prétendre tenir la place de votre marquise,
00:33:13je me contenterai de la beauté de ce spectacle.
00:33:16Qui cela serait ?
00:33:18Les sauts et les savants.
00:33:19Je crois qu'un jour viendra où l'homme visitera les planètes.
00:33:24Vous avez raison.
00:33:26Il n'aura pas la sagesse d'y renoncer.
00:33:29Et il ne pourra s'empêcher d'y mettre de l'orgueil.
00:33:32Comme toujours.
00:33:34Vous étiez moins pessimiste avec la marquise.
00:33:38Marquise ?
00:33:41Imaginaire.
00:33:45Êtes-vous sérieux ?
00:33:46Je voulais raconter simplement les principes qui régissent l'univers.
00:33:51Alors j'ai imaginé des conversations avec une marquise, le soir, dans le parc d'un château.
00:34:00Je rêvais d'un ouvrage ni trop sec, ni trop léger.
00:34:02Mais il se peut bien qu'en cherchant un juste milieu qui convainc tout le monde,
00:34:08j'en ai trouvé un qui ne convienne à personne.
00:34:11Les justes milieux sont impossibles à tenir.
00:34:16On ne m'y prendra plus.
00:34:17C'est pourtant grâce à vous que les femmes prennent plaisir à la science.
00:34:22Beaucoup d'hommes ne vous le pardonneront jamais.
00:34:26Enfin,
00:34:28l'aveu que vous m'avez fait me dispense désormais de me montrer jalouse envers votre marquise.
00:34:33Je vous demande pardon.
00:34:36J'ai parlé de la jalousie.
00:34:39J'avoue, ignorez ce que c'est.
00:34:42Je vous crois.
00:34:43Il n'y a que les femmes pour savoir.
00:34:44A long vu, je ne suis pas tout à fait honnête.
00:34:51Pardon.
00:34:53Cette marquise, je ne l'ai pas entièrement inventée.
00:34:58Je me suis inspirée d'une personne réelle.
00:35:01Qui ?
00:35:04Une dame de ma province,
00:35:06auprès de laquelle beaucoup pensaient que j'étais assidu.
00:35:12L'étiez-vous ?
00:35:13Je fais en sorte que mes manières fussent toujours honnêtes et obligeantes.
00:35:20Les jeunes gens n'entendent plus cela.
00:35:23Le seul intérêt des jeunes gens est de fuir les sentiments.
00:35:29Enfin, monsieur,
00:35:31fuir les sentiments,
00:35:34l'étrange conseil.
00:35:35Quelle importance.
00:35:38On reconnaît les bons conseils à ce qu'ils ne sont jamais suivis
00:35:40et les mauvais à ce que tout le monde s'est hâté de les précéder.
00:35:46Je ne vous ai que trop retardé, monsieur.
00:35:48Aurais-je prononcé quelques paroles pour vous déplaire ?
00:35:51La nuit est fraîche, soudain.
00:35:56Elle est fort douce, au contraire.
00:35:57Je porte de prendre voie.
00:36:02Je m'en voudrais donner ton point attentif à votre santé.
00:36:05Le troisième acte commence par une scène entre la marquise et Dubois.
00:36:21Buvez.
00:36:21C'est brûlant.
00:36:27Vous vous souciez moins du chaud et du froid dans certaines maisons que je connais.
00:36:33Je dois écrire une lettre.
00:36:36Allez.
00:36:44Oh.
00:36:51C'est chaud.
00:37:15Oh, ben, mon pauvre ami.
00:37:16Vous voilà dans un triste état.
00:37:18À cause de l'humidité de votre jardin.
00:37:20Que me dites-vous là ?
00:37:23Que les faiblesses arrivent par où on ne les attend pas.
00:37:27Ma nièce m'a chargée de vous remettre cette lettre.
00:37:31Elle vous remercie d'être restée pour l'écouter chanter.
00:37:35Je crois avoir bien agi en exigeant qu'Isabelle s'installe chez moi.
00:37:39Elle ne pouvait rester à Florence plus longtemps.
00:37:41Sa mère n'aurait jamais trouvé sur place remède à son mal.
00:37:44De quel mal souffre-t-elle donc ?
00:37:46De quoi voulez-vous ?
00:37:48L'amour, mon ami.
00:37:50L'amour.
00:37:53Isabelle a connu il y a peu le revers d'une passion qu'elle croyait partager.
00:37:57Elle a surpris celui qui lui avait juré sa flamme dans les bras d'une autre.
00:38:01Enfin, quand je dis dans les bras, j'espère que vous me comprenez.
00:38:03Ma sœur s'est alarmée, car la santé d'Isabelle donnait des signes d'inquiétude après cette pénible déconvenue.
00:38:11On ne saurait compter le nombre de fois où Isabelle a été surprise en larmes.
00:38:15Sans parler de ce jour pas si lointain où elle a voulu se jeter dans la rivière.
00:38:20Enfin !
00:38:20J'ai arraché ma nièce à son tourment et la voilà guérie.
00:38:23Je vous vois fatigué, cher Fontenelle.
00:38:28Vous dites ?
00:38:31Ah oui.
00:38:33L'amour.
00:38:34Me pardonnerez-vous, monsieur, un comportement aussi ce qu'inexplicable, alors que vous me faisiez la faveur de votre immense savoir.
00:38:47Il me faudra bien du courage pour reparaître devant vous, alors même que je ne saurais me résigner à ne plus vous voir.
00:39:34Mademoiselle, mademoiselle, monsieur de Fontenelle m'a chargé de vous remettre ceci.
00:40:04Ah, monsieur de Fontenelle, je suis bien l'aise de vous revoir. Monsieur Diderot et monsieur d'Alembert disaient à l'instant que vous étiez leur maître.
00:40:13Ce n'est pas un mince privilège, madame, que d'être renaît avant tout le monde.
00:40:18Fontenelle, vous avez retrouvé la bonne mine. Ma nièce sera ravie de vous revoir.
00:40:24Cette jeunesse nous donne le vertige.
00:40:34Qu'il me soit permis de saluer l'esprit le plus libre et le plus avancé de notre temps.
00:40:42Monsieur d'Alembert, vous me faites trop d'honneur.
00:40:45Notre encyclopédie vous est sans foire de vable.
00:40:48Vous verrez que mon âge finira par me rapporter.
00:40:57Je ne suis point de ces hommes qui exhibent des certitudes.
00:41:00Mais je sais que c'est par la connaissance et le raisonnement que le monde sortira des ténèbres.
00:41:07Nos articles lui ouvriront les yeux et nos souscripteurs ne seront pas que des lecteurs.
00:41:12Comprenez-vous, ils transmettront, ils témoigneront.
00:41:18Monsieur de Fontenelle.
00:41:22On me dit que vous ne ménagez point votre peine pour nous soutenir.
00:41:25Soyez-en mille fois remerciés.
00:41:26Ce premier volume de votre encyclopédie me ravit, monsieur Diderot.
00:41:32C'est une vaste entreprise.
00:41:34Trop vaste, peut-être.
00:41:35En tout cas, elle vous apportera peu de satisfaction.
00:41:39Les hommes tels que vous sont faits pour les grandes aventures et la règle des 3D.
00:41:46J'ignore cette règle.
00:41:48Des convenus, difficultés, découragements.
00:41:52Eh bien, j'en ajoute un quatrième.
00:41:54Défine.
00:41:55Je veux le relever.
00:41:56Vous avez raison.
00:41:58Il était tombé assez bas ces derniers temps.
00:42:06Charmant tableau.
00:42:08Lequel se tient l'autre ?
00:42:09Oh, Diderot préférera toujours Fontenelle à Voltaire.
00:42:12Il vaut caresser un chat qu'un scorpion.
00:42:14Monsieur de Fontenelle.
00:42:26Vous me voyez confuse.
00:42:28Je veux vous assurer que l'idée que vous avez de moi n'est pas la bonne.
00:42:31Mais puisque je n'ai rien vu.
00:42:34Le jour où vous m'avez surprise, mon mari m'avait insultée.
00:42:39Imaginez mon trouble.
00:42:40Comment le pourrais-je, madame ?
00:42:42C'est parce qu'il m'avait infligé cet affront que je me suis vengée de lui.
00:42:45Imagine que pareil, vengeance, vous coûte énormément.
00:42:51Personne n'est mort d'avoir été infidèle, n'ose pas ?
00:42:54Certains m'aiment vivre, madame.
00:42:55Mon mari m'a traité de catin.
00:42:59Pourtant, j'ai éprouvé de l'affection et de la tendresse pour tous les hommes qui m'a été donnés de connaître.
00:43:05Dans ce cas, madame, ce n'est pas une insulte, c'est de la reconnaissance.
00:43:09Un peu de fraîcheur, un peu de fraîcheur me fera du bien.
00:43:21Quelle situation, monsieur.
00:43:23Comment cela ?
00:43:26Ce rendez-vous que vous m'avez fixé dans les plus grands secrets.
00:43:29À la suite d'une lettre de vous et votre tante qui me l'a remise, croit encore que vous m'adressiez de simples remerciements.
00:43:38Je vous devais des excuses.
00:43:40J'ose à peine imaginer ce que vous avez pensé de moi après cette soirée.
00:43:44Mais ce que j'ai pensé dans l'instant n'a rien à voir avec ce que je crois désormais.
00:43:49Que voulez-vous dire ?
00:43:51Que sans l'évocation d'un sentiment qui vous tourmente plus qu'il ne faudrait,
00:43:57je n'aurais pas assisté à un départ qui ressemblait à une fuite.
00:44:03Vous savez donc ?
00:44:06Je suis moins forte que je le pense.
00:44:11Je crois oublier.
00:44:12Je ne fais qu'un fuir.
00:44:13Il est vrai et je crois que ce sera là ma plus grande gloire.
00:44:18Par quelle force faut-il donc être habité ?
00:44:20Je ne vois rien de banal dans les mouvements du cœur, mais j'ai préféré m'en garder.
00:44:27Comme si nous avions les choix.
00:44:29Nous l'avons.
00:44:31Il ne faut jamais chercher qu'à simplifier sa vie.
00:44:35Pour ma part, j'ai voulu faire l'économie d'histoire d'amour.
00:44:38qui m'eussent les sépantelons.
00:44:41Il me connaît trop bien.
00:44:43Mais vous avez aimé, monsieur.
00:44:45Il avait été en retour.
00:44:47Soutiendrez-vous le contraire ?
00:44:49C'est un sujet bien personnel.
00:44:51Pour qui déteste parler de soi.
00:44:54Ainsi donc, vous pourriez tout connaître de moi
00:44:56et n'auriez-vous me confié en retour ?
00:44:59Qui mon existence intéressera-t-elle ?
00:45:05Moi.
00:45:09Pourquoi je vous prie ?
00:45:12Je ne sais.
00:45:14Ou plutôt, pour la première fois,
00:45:18je le sentimente d'être comprise.
00:45:22Nous nous connaissons peu, il est vrai,
00:45:24et pourtant, il me semble que nous avons déjà partagé un peu de notre vie.
00:45:29Vous ne voulez donc rien me dire ?
00:45:35Un jour.
00:45:37Quel jour ?
00:45:39Un prochain jour.
00:45:42Protégez-vous des secrets.
00:45:47C'est avec pareil raisonnement
00:45:48que ma petite-niece prétend que tout m'a réussi.
00:45:51Je crains que l'affliction qu'elle me porte
00:45:53m'efface voir de travers.
00:45:57En quoi aurait-elle tort ?
00:45:58Oh, il suffit de regarder de quelle manière
00:46:01j'ai parcouru le chemin.
00:46:03Quand j'ai voulu embrasser la carrière d'avocat
00:46:05dans ma ville natale,
00:46:07j'ai perdu la seule affaire
00:46:08qui me fut confiée.
00:46:10Quelle importance !
00:46:11Vous aviez la poésie.
00:46:13Je ne lui ai donné plus qu'elle ne m'a rendu.
00:46:16Je fais mine aujourd'hui d'être détaché,
00:46:18mais je sais à quel point
00:46:19les détracteurs avaient raison.
00:46:21Mes ouvrages ne faisaient qu'imiter
00:46:23ce que l'on représentait de pire sur les théâtres.
00:46:27L'académie vous a pourtant accepté ?
00:46:30Après quatre tentatures,
00:46:32ils auraient su que j'allais vivre vieux,
00:46:35qu'ils me faisaient attendre davantage.
00:46:36Vous êtes un grand savant.
00:46:40Sans la lecture de vos ouvrages,
00:46:42aurais-je du goût pour les sciences
00:46:44et aurais-je commis...
00:46:46Quoi donc ?
00:46:47Un petit traité.
00:46:50Un petit traité.
00:46:52Deux remarques plutôt
00:46:54sur la réfraction de la lumière.
00:46:56Aurais-je l'honneur de les lire ?
00:46:58Accepteriez-vous en échange
00:47:00de m'enseigner l'observation des étoiles ?
00:47:02Je suis trop mal habile.
00:47:05L'observation des...
00:47:06Isabelle !
00:47:07L'observation des étoiles, oui.
00:47:09Je ne m'y entends guère
00:47:10enseigner quoi que ce soit.
00:47:12Isabelle !
00:47:13Allons, acceptez-vous.
00:47:15Quel entêtement !
00:47:16Isabelle !
00:47:17Soit, soit.
00:47:20Quel était cet air que vous chantez ?
00:47:24C'est un air qu'on chante à Florence
00:47:30et qui parle d'amour.
00:47:32Isabelle !
00:47:34Qui sait à quel instant
00:47:41de la succession des générations animales
00:47:43nous en sommes ?
00:47:45Qui sait si ce bipède déformé
00:47:47qui n'a que quatre pieds de hauteur
00:47:48qu'on appelle encore un homme
00:47:50et qui ne tarderait pas à perdre ce nom
00:47:52en se déformant un peu davantage
00:47:54n'est pas l'image d'une espèce qui passe ?
00:47:57Diderot est merveilleux.
00:47:59C'est grâce à des hommes comme lui
00:48:00que le monde va s'ouvrir.
00:48:01Le monde, le monde, vous rendez-vous compte ?
00:48:04Qui puis-je ?
00:48:05Nous allons découvrir tant de choses nouvelles
00:48:07comme j'ai hâte et comme j'ai envie.
00:48:09Mon fils, les envies sont inutiles
00:48:11quand on peut tout avoir.
00:48:13Qui sait si tout ne tend pas à se réduire
00:48:14à un grand sédiment inerte et inolive ?
00:48:18Qui sait quelle sera la durée de cette inertie ?
00:48:21Qui sait quelle race nouvelle ?
00:48:24peut résulter d'un amas aussi grand de points sensibles ?
00:48:31Il sera plus aisé d'enseigner la mécanique
00:48:42que la tolérance.
00:48:43Sans doute.
00:48:44Il le faudra pourtant.
00:48:47C'est peut-être là notre véritable dessein.
00:48:50Certes.
00:48:51Mais l'homme et l'homme, il avance et il recule.
00:48:55Vous ne le changerez pas aisément.
00:48:59Je ne suis pas pessimiste.
00:49:01Bessoir comme celui-là, moi non plus.
00:49:04Je ne sais pas, moi non plus.
00:49:34Eh bien, qu'attend-on ? Françoise ?
00:49:59Il n'y a personne ! Françoise !
00:50:02Qu'est-ce que vous avez à crier comme ça ?
00:50:04D'abord, que faites-vous debout ?
00:50:06Ben, il est bien temps, il me semble.
00:50:08Cette heure n'a pas encore sonné ?
00:50:09Oh, voilà, mais qu'ai-je besoin des cloches ?
00:50:12Mon horloge, à moi, me dit qu'il est là.
00:50:15L'heure de quoi ?
00:50:16Qu'est-ce que vous avez à crier ?
00:50:18Qu'est-ce que vous avez à crier ?
00:50:20C'est parti.
00:50:50C'est parti.
00:51:20Je sais que, quand on se comporte ainsi dans sa 95e année,
00:51:31c'est que la déraison est à l'œuvre.
00:51:35Vous ne dites rien, bien sûr.
00:51:37Eh bien, mon oncle, que faites-vous là ?
00:51:47J'attends.
00:51:49Vous attendez ?
00:51:50Oui, une jeune personne qui doit me montrer certains traités qu'elle a commis.
00:51:58Et resterez-vous là jusqu'à son arrivée ?
00:52:01À vrai dire, elle ne viendrait que plus tard.
00:52:05Mais je tenais à m'assurer que tout était en place.
00:52:12J'attends.
00:52:12Vous n'oserez jamais me dire que c'est plat.
00:52:29Vous n'acceptez que juste de l'impunité que l'âge me confère
00:52:36pour vous dire la vérité ?
00:52:39Votre étude est fort judicieuse.
00:52:42Et le style à votre image,
00:52:44pur et sensible.
00:52:45Pensez-vous, monsieur ?
00:52:46Mon souci de vivre selon des règles simples m'invite
00:52:51à toujours penser
00:52:55comme je dis.
00:52:59Je ne vois toutefois guère ce qu'il y aurait maintenant à vous apprendre
00:53:02sur
00:53:03l'observation des étoiles.
00:53:09Pardonnez-moi, monsieur, si je me suis mal faite entendre.
00:53:12En fait, ma tante ne possède pas des lunettes astronomiques.
00:53:16Et vous voudriez...
00:53:19Venir étudier chez vous.
00:53:20Mais...
00:53:22La nuit ?
00:53:26Naturellement.
00:53:28Mais si cela est votre souhait,
00:53:29eh bien, je vais...
00:53:30Je vais vous rendre votre excellente étude.
00:53:35Il y a d'autres choses dont vous m'avez promis de m'instruire.
00:53:40Ah, je...
00:53:40Je ne vois pas.
00:53:43Comment avez-vous si vous détachez de l'amour ?
00:53:46Alors, monsieur,
00:53:49souvenez-vous de votre promesse.
00:53:53Comprenez mon embarras.
00:53:55Qu'y a-t-il d'embarrassant ?
00:53:57Rien.
00:53:58Eh bien...
00:53:58On se dévoile toujours trop ?
00:54:05Quel danger !
00:54:06Il ne faut pas raconter sa vie.
00:54:09Après, les gens vous demandent des comptes.
00:54:13Ils estiment que je la les regarde.
00:54:17Alors...
00:54:18Bien...
00:54:19Dans ma 17e année, une jeune fille de 15 ans, une lointaine parente, était venue passer la belle saison chez nous.
00:54:29Un soir que nous nous promenions, j'ai osé lui donner un baiser.
00:54:33Dans son regard, j'ai vu une confiance qui m'a ému bien plus que le baiser lui-même.
00:54:44Cet instant de grâce n'a été gâché par aucune parole.
00:54:48C'est la seule fois de ma vie où j'ai ressenti quelque chose.
00:54:55N'avez-vous jamais revu cette jeune fille ?
00:54:59Je n'ai pas voulu.
00:55:00C'est pour cela que je ne l'ai jamais oublié.
00:55:05Mais après ?
00:55:08Ce souvenir a suffi à me garder des ravages du cœur.
00:55:13À ne point fixer le mien.
00:55:16Ce qu'il me fallait, je l'ai trouvé.
00:55:19La sérénité de complicité aimable et bien vécue.
00:55:24Pour le reste...
00:55:27Regardez le calendrier.
00:55:28Vous verrez qu'il faut à l'amour bien du talent pour résister.
00:55:34En lieu et place de l'émerveillement perpétuel,
00:55:38vous trouverez l'exactitude et la régularité des jours.
00:55:44Un vertige.
00:55:47Il faut que la présomption domine
00:55:49pour répondre favorablement à la seule question qui vaille.
00:55:55M'aimerez-vous encore demain ?
00:55:58J'aimerais qu'il m'arrive quelque chose d'heureux.
00:56:08Pourquoi est-ce si difficile ?
00:56:11Ça ne doit pourtant pas demander à Dieu un effort bien considérable.
00:56:15Qu'espérez-vous ?
00:56:19Ce que vous avez refusé.
00:56:22Vous vous y êtes déjà brûlée.
00:56:25Mais comment, enfin, pourrait-elle voir autrement sa vie
00:56:28qu'accordée à celle de l'homme qui sera l'aimée ?
00:56:31T'en as fait une croyance assez répandue
00:56:33en dépit des dégâts qu'elle cause.
00:56:36Vous parlez comme un impie.
00:56:39Ne mêlez pas Dieu à cela.
00:56:41Le diable, alors.
00:56:42T'es souvent son homme d'affaires.
00:56:44Pour ne pas vous déplaire,
00:56:47il faudrait donc renoncer.
00:56:49Le cœur ne doit pas faillir.
00:56:52Souhaitez-vous cela pour moi ?
00:56:54Ne cherchez-vous point de conseil ?
00:56:57On ne se marie pas avec la solitude.
00:56:59N'est-ce pas préférable à un homme qui serait indigne de vous ?
00:57:04Vous possédez assez d'intelligence pour être jamais seul.
00:57:08Ou point envie de connaître cette chose exquise et rare
00:57:11qu'on nomme liberté
00:57:12et de jouir par la même de cette autre merveille
00:57:16qu'on appelle la paix ?
00:57:19Je dois partir.
00:57:25Regardez, le soir est déjà tombé.
00:57:28En effet.
00:57:29Bonsoir, M. de Fontenelle.
00:57:39N'aimez-vous pas mon prénom ?
00:57:41Vous ne le prononcez jamais.
00:57:44Je vous l'apprivoige.
00:57:53Je voudrais ne pas me rappeler votre conseil, monsieur.
00:57:56Mais...
00:57:58Peut-être est-il déjà trop tard.
00:58:10Bonjour, Françoise.
00:58:12Comment un autre homme, M. de Matin ?
00:58:13Comme hier, madame.
00:58:14Et comme avant-hier.
00:58:15Il s'entonne, se fait raser et poudrer une heure durant,
00:58:18exige des rubans à son habit.
00:58:20Et il ne ressent plus aucune douleur.
00:58:22Il prétend même que son ouïe ne l'a jamais fait souffrir.
00:58:25Voulez-vous mon avis ?
00:58:27Monsieur se moque de nous.
00:58:30Et le pire, c'est que son appétit a redoublé.
00:58:34Il redemande de tout.
00:58:36J'en suis à me demander si c'est la signe de bonne santé
00:58:38ou de quelques dérangements.
00:58:39Et je ne saurais vous dire à quelle heure il se couche.
00:59:02Pense-t-il seulement à dormir ?
00:59:04C'est-il encore où est sa chambre ?
00:59:06Je me demande s'il ne confond pas la nuit et le jour.
00:59:35Lui, qui ne s'est jamais agité de sa vie,
00:59:37on dirait que rien va assez vite.
00:59:39Mathieu et Simon se plaignent de ce qui les a transformés en courants d'air.
00:59:42Tout ça n'est pas bon, madame.
00:59:44Je vous le dis.
00:59:45Les visites de la jeune Isabelle
01:00:14semblent d'avoir sur vous un effet souverain, mon oncle.
01:00:20Êtes-vous inquiète ?
01:00:21Non point.
01:00:22Mais vous qui avez toujours accueilli,
01:00:24avec la même humeur tranquille,
01:00:26les gens et les choses,
01:00:28il semble que la jeune Isabelle
01:00:29puisse se flatter de provoquer
01:00:31le changement dans vos habitudes.
01:00:33Je suis attentif à ses travaux.
01:00:36Elle entend la science à merveille
01:00:38et pratique le raisonnement et la déduction
01:00:40comme peu de gens.
01:00:44Voudriez-vous que je fusse absent
01:00:46quand l'intelligence, la finesse,
01:00:48l'esprit et la beauté
01:00:49se sont donnés rendez-vous ?
01:00:51Je vous assure
01:00:54qu'il m'est plus agréable
01:00:55d'écouter
01:00:55et de regarder Isabelle
01:00:58que tous les académiciens réunissent.
01:01:06L'autre jour,
01:01:07chez la marquise de Villemin,
01:01:09une femme qui devait pas voir
01:01:10dans les 40 ans,
01:01:12se mise à nous observer
01:01:13comme si elle s'inquiétait
01:01:15qu'Isabelle fût si jeune
01:01:16ou que je fusse si vieux.
01:01:20Quelle tristesse
01:01:21que de se trouver
01:01:22entre deux âges.
01:01:25Vous avez changé, mon oncle.
01:01:28Ah bien.
01:01:30C'est comme...
01:01:31Pardonnez-moi,
01:01:33j'allais dire une sottise.
01:01:35Allez, allez.
01:01:38Eh bien, c'est comme si,
01:01:39soudainement,
01:01:40vous vous découvriez un cœur.
01:01:46Je vous ai blessé,
01:02:11je suis impardonnable.
01:02:12Je suis confuse.
01:02:19Quelle étrange grisserie,
01:02:21cet air frais.
01:02:24Il est possible
01:02:25que cela porte un nom ?
01:02:27Ne le prononcez pas.
01:02:28Quand on me demande,
01:02:43eh bien, monsieur,
01:02:44comment va votre encyclopédie ?
01:02:46J'ai l'impression
01:02:47qu'on me transperce le cœur.
01:02:49Voulez-vous la vérité ?
01:02:50Nous sommes persécutés
01:02:51par des coquins
01:02:51qui espèrent de nous
01:02:52la résignation.
01:02:54Et Voltaire
01:02:54qui nous conseille
01:02:55d'aller continuer
01:02:55en pays étranger.
01:02:56Mais quelle idée
01:02:57se fait-il donc du courage ?
01:02:58Oui, nous continuerons,
01:03:01mais à poursuivre
01:03:02nos ennemis
01:03:03et nous retournerons
01:03:04à notre profit
01:03:05la bêtise
01:03:05de nos censeurs.
01:03:07Il est heureux
01:03:08de vous entendre
01:03:08parler ainsi,
01:03:09monsieur Diderot.
01:03:10D'Alembert disait
01:03:11ici même l'autre soir
01:03:12que vous vous sentiez
01:03:13découragé.
01:03:14D'Alembert subit plus que moi
01:03:16les assauts des imbéciles.
01:03:18Mais il est vrai
01:03:19que le repos me tente.
01:03:22Je rêve parfois
01:03:23d'une vie tranquille
01:03:24au fond de ma province.
01:03:27Alors tout s'apaiserait.
01:03:28et je pourrais voir
01:03:30dans les cœurs
01:03:31un peu d'innocence.
01:03:34Mais il faut être utile
01:03:35aux hommes
01:03:35et travailler.
01:03:41Je me demande pourtant
01:03:41si l'on fait pas autre chose
01:03:42que les amuser.
01:03:45Quelle différence y a-t-il
01:03:46entre le philosophe
01:03:47et le joueur de flûte ?
01:03:48On ne peut changer
01:03:49les hommes, monsieur.
01:03:50Et tantôt
01:03:51ils se tourneront
01:03:52vers votre philosophe,
01:03:53tantôt ils préféreront
01:03:54le joueur de flûte.
01:03:56Vous croirez entendre,
01:03:57monsieur de Fontenelle ?
01:03:58Votre remarque me flatte, monsieur.
01:04:01Moi, je crois
01:04:01que les hommes
01:04:02sont faits
01:04:02de plusieurs petits récipients.
01:04:04Celui de la raison,
01:04:05celui de l'imagination,
01:04:07celui de l'esprit.
01:04:08Et qu'il y a aussi
01:04:09une grande marmite
01:04:11de pure bêtise.
01:04:13Ah !
01:04:14Voilà bien la preuve
01:04:15que tous les êtres
01:04:16ne se ressemblent pas.
01:04:18Et que pour certains
01:04:18d'entre eux,
01:04:19le destin n'appuisait
01:04:20que dans la grande marmite.
01:04:24Eh bien, moi,
01:04:25j'avance que tous
01:04:25les êtres humains
01:04:26doivent être considérés
01:04:27de la même façon.
01:04:29Vous ne pouvez quand même
01:04:30pas prétendre
01:04:31qu'ici même
01:04:31nous sommes tous pareils.
01:04:33Et laissez donc
01:04:33le Seigneur seul juge
01:04:35de ce que nous sommes
01:04:36et de ce que nous allons.
01:04:39De qui parlez-vous ?
01:04:41Je suis surpris, monsieur,
01:04:43de ne pas vous avoir entendu
01:04:44blasphémer plus tôt.
01:04:47Mais voulez-vous
01:04:47que je me rattrape ?
01:04:49Taisez-vous.
01:04:52Je vais vous dire
01:04:52ma manière de penser, monsieur.
01:04:56Ah !
01:04:56Le châtiment est terrible.
01:05:00Je veux vous entendre
01:05:01en confession
01:05:01au plus tôt.
01:05:03En confession.
01:05:11On dit, mademoiselle,
01:05:13que vos travaux
01:05:13sont du plus grand intérêt.
01:05:15Monsieur de Fontenelle
01:05:16me prodigue des encouragements.
01:05:18Je voudrais y joindre les miens.
01:05:20Et...
01:05:20Je voudrais tout autant
01:05:22que vous ne refusiez pas
01:05:23que je vous entende chanter.
01:05:24Je ne peux, monsieur.
01:05:26Il n'y a personne
01:05:26pour tenir le claveçon.
01:05:28Si.
01:05:30Moi.
01:07:31Diderot est venu la chercher.
01:07:33Voulez-vous me confier
01:07:34ce que vous avez là ?
01:07:36Je la peux attendre.
01:07:38À tantôt.
01:07:50Enfin, monsieur de Fontenelle,
01:07:51puisque je vous dis
01:07:52que monsieur Diderot n'est pas là.
01:07:53Où est-il alors ?
01:07:54Ah, il est, pour vous dire sincèrement, il est...
01:07:56Où cela ?
01:07:57Le lieu, je l'ignore, monsieur, mais il est avec une personne.
01:08:01Et que font-ils ? L'avez-vous vue, cette personne ?
01:08:04Ah, celle-là, non, je ne l'ai pas encore vue.
01:08:06Non, bah, vous avez bien une idée.
01:08:08Elle doit être jeune, non ?
01:08:11Jeune et belle.
01:08:13Elles sont toutes jeunes et belles, monsieur.
01:08:16Ah, je vais l'attendre.
01:08:24Mais c'est Fontenelle !
01:08:44Mais qui a-t-il ?
01:08:46Je n'ai que peu de choses à vous dire, monsieur.
01:08:50Ce que vous faites...
01:08:52Oui.
01:08:54Ce que vous faites est...
01:08:58Incomplet.
01:09:01De quoi parlez-vous, non ?
01:09:03De votre encyclopédie.
01:09:07Qu'a-t-elle d'incomplet ?
01:09:09Vous n'y traitez point des passions, du sentiment.
01:09:17Qu'avez-vous à rire ?
01:09:19C'est vous, monsieur de Fontenelle, qui parlez de sentiments.
01:09:22Ah, et puis faites comme vous voulez !
01:09:24Je ne m'apprendrai à donner des conseils.
01:09:25Eh bien, une colère du paisible Fontenelle,
01:09:28l'événement est unique.
01:09:29C'est un honneur.
01:09:30J'envie vos emportements.
01:09:31J'aimerais vous ressembler.
01:09:33Permettez que je vous renvoie le compliment.
01:09:35Mais vous n'êtes pas sérieux.
01:09:36Qu'est-ce donc que je possède qui vous manquerait ?
01:09:38Du courage.
01:09:39Je vous laissez.
01:09:50Sous-titrage MFP.
01:10:20Sous-titrage MFP.
01:10:50Sous-titrage MFP.
01:11:20Sous-titrage MFP.
01:11:51Pensez-vous que je ne peux oublier certains conseils ?
01:11:55Si M. Diderot a charmé mon esprit, mon corps, lui, n'a pas failli.
01:12:00Il aura été retardé en route.
01:12:02Vous croyez donc que je ne vous dis pas la vérité ?
01:12:05Pour ce que de bien connaître la vérité, je crois disposer d'une certaine avance est bien inutile, je vous rassure.
01:12:14Les mises en garde que je vous ai adressées sont aujourd'hui dérisoires, dérisoires.
01:12:18Qui avait-il dérisoires à vouloir m'épargner erreurs et souffrances ?
01:12:25Ce soir, je ne vois que trop la vanité de mes propos, pas d'impulsion du cœur, du raisonnement.
01:12:36Je me suis laissé entraîner à penser que ce qui m'avait si bien convenu devait vous convenir aussi.
01:12:45Voilà les paroles d'un homme qui toute sa vie a peu changé de place et qui en a tenu si peu.
01:12:53J'ai promis à M. Diderot d'aller lui rendre visite chez lui, mais j'aimerais continuer à étudier auprès de vous.
01:13:10Vous aimeriez, mais vous ne le souhaitez point.
01:13:16Je vous comprends mal.
01:13:18Vous cherchez à me dire que vous voulez votre liberté.
01:13:22Vous me blessez, monsieur.
01:13:24Je crains de vous blesser aussi.
01:13:27Cela arrive quand on vise juste.
01:13:30J'ai de l'amitié pour vous.
01:13:33J'ai pensé cette amitié partagée.
01:13:35Elle paraît être inégale.
01:13:38J'aurais dû le savoir.
01:13:40Vous entrez dans la vie quand je ne me décide pas à en sortir.
01:13:43Alors ?
01:13:44Mon cœur est honnête, monsieur.
01:13:47Je serai toujours heureux d'avoir connaissance de vos travaux.
01:13:49Nous nous verrons chez votre tante, si toutefois vous y paraissez encore, ce dont je doute.
01:13:56Pourquoi cela ?
01:13:57Parce que votre tête, votre esprit, votre corps seront ailleurs.
01:14:01Ils y sont déjà.
01:14:02On ne peut pas songer les hommes.
01:14:05Vous-même l'avez reconnu.
01:14:08Il est si pénible de dire adieu.
01:14:11Je voudrais vous éviter cet embarras.
01:14:13Ce soir, vous êtes là pour la dernière fois.
01:14:21Et je l'ai su avant vous.
01:14:24J'insisterai, pour vous voir revenir, que je forcerai votre compassion.
01:14:32Ce serait me renier.
01:14:36Monsieur Diderot s'est montré enjoué.
01:14:39Dites-vous.
01:14:39Il sera donc libertin, quand vous le croirez galant.
01:14:46Vous serez ainsi rassurés en pensant que l'esprit l'emporte.
01:14:50Nous préférons toujours abdiquer dans le confort.
01:14:53C'est à cela qu'on reconnaît nos défaites ordinaires.
01:14:56C'est à cela qu'on reconnaît.
01:15:26Monsieur Delamotte est philosophe profond.
01:15:51Philosopher, c'est rendre à la raison toute sa dignité.
01:15:54Il serait plus agréable de vous entendre lire La princesse de Clèves.
01:16:00Mais vous connaissez ce roman par cœur.
01:16:03Le mot est juste.
01:16:07Madame Geoffrin vous rend visite.
01:16:10Bonjour, ma bonne amie.
01:16:12Que se passe-t-il ?
01:16:13Je vais vous expliquer.
01:16:14Votre avis me sera précieux.
01:16:19C'est au sujet d'Isabelle.
01:16:22Depuis un an, à peine l'ai-je vue sortir au matin de la maison et rentrer fort tard.
01:16:26Je me sens bien tous les reproches qui peuvent m'être faits.
01:16:29Je ne me suis point alarmée, sachant comme elle se passionne pour les sciences.
01:16:33Mais je connais aujourd'hui les raisons de sa conduite.
01:16:36Eh bien, monsieur Liderot a fait se rencontrer ma nièce et l'un de ses libraires.
01:16:43Ce jeune homme est l'un de ceux qui continue à soutenir l'encyclopédie.
01:16:45Mais il part s'installer en Flandre, à Lille, et il a demandé Isabelle en mariage.
01:16:51Je ne sais que faire, mon bon ami.
01:16:54Vous qui lui fûtes si précieux.
01:16:56Qui l'avait aidé à sortir de son tourment par l'étude de la philosophie.
01:16:58Vous devez me conseiller.
01:17:03Lille.
01:17:04Très belle ville.
01:17:14Néanmoins, il ne se rebute à point encore.
01:17:17Il fit tout ce qu'il put pour la faire changer de dix.
01:17:23Des années entières s'étant passées.
01:17:25Le temps et l'absence ralentirent sa douleur et éteignirent sa passion.
01:17:32Madame de Clèves vécut d'une sorte qui ne laissa pas d'apparence qu'elle put un jour revenir.
01:17:38Votre visite m'a enchanté.
01:18:03Je suis heureux de vous savoir à Lille.
01:18:09Tout au service de la librairie.
01:18:12Je sais ce que je vous dois, monsieur.
01:18:14Et je chercherai toujours de quelle façon vous exprimer ma reconnaissance.
01:18:19Je n'aurai plus à chercher longtemps, je pense.
01:18:23Qu'il voulait vous dire ?
01:18:24Mon âge a fini par me rattraper.
01:18:26Vous vous portez à merveille.
01:18:31J'étais venue dans l'espoir que vous me pardonnerez.
01:18:35Je n'ai pas un remarqué d'offense.
01:18:37Je préférais vous entendre dire que je m'étais montrée en grade.
01:18:42Nous ne sommes pas assez parfaits pour être toujours affligés.
01:18:48Travaillez-vous en ce moment ?
01:18:50J'étudie notre langue française, sujet inépuisable.
01:18:57Je m'étonne toujours de ce que tant de choses puissent loger dans si peu de mots.
01:19:04Regardez, il n'en faut que deux pour dire que le temps n'est pas à notre disposition.
01:19:12Et c'est des mots ?
01:19:14Trop tard.
01:19:15Algo à mes sèvres.
01:19:24je ne chante plus monsieur et pourtant chaque fois que j'aimerais le faire je pense à vous
01:19:54c'est ce qu'il s'appelle
01:20:08Oh Dieu, Isabelle.
01:20:27Rentrez.
01:20:29Il fut encore vrai.
01:20:38Vous avez raison.
01:20:56Il y en a une dure.
01:21:08Vous avez raison.
01:21:17Vous avez raison.
01:21:21Vous avez raison.
01:21:24Sous-titrage MFP.
01:21:54À où vous remettez ? Vous êtes toujours remis de tout.
01:21:59C'est bien la preuve que la clémence divine est infinie.
01:22:04Tenez, l'autre jour, je visitais Mme Grimaud.
01:22:06Savez-vous qu'elle a passé les cent ans, et comme dit-elle,
01:22:11M. l'abbé, je crois que la Providence, m'a oublié.
01:22:15Que peut-on répondre à cela ?
01:22:21Chut !
01:22:24Alors, c'était mieux qu'hier.
01:22:28J'ai autorisé l'abbé Chalon à le voir en lui recommandant de ne pas le fatiguer.
01:22:46Mes respects, M. de Frontenelle.
01:22:48Que ressentez-vous ?
01:22:58Je ressens une... une difficulté d'être.
01:23:03Mais vous êtes mieux qu'hier, n'est-ce pas ?
01:23:06Je vous demande, comment cela va-t-il ?
01:23:13Comment cela va-t-il ?
01:23:17Cela ne va pas.
01:23:19Cela s'en va.
01:23:24Je me regrette.
01:23:25Je me regrette que cela a été vu en puce.
01:23:28Oui, c'est-à-t-il comme ça.
01:23:44C'est-à-t-il comme ça ?
01:23:45C'est-à-t-il comme ça.
01:23:45Sous-titrage MFP.
01:24:15...
01:24:45...
01:25:15Vous auriez eu cent ans dans un mois.
01:25:25Je vous aurais écrit cette lettre,
01:25:28malgré que je me blesse aux souvenirs d'antan
01:25:30que je ne savais pas sur eux.
01:25:33J'entends dire de vous,
01:25:36il était le meilleur des amis,
01:25:37mais il se livrait peu.
01:25:39Qui pouvait comprendre qu'un vœu très cher vous habitait,
01:25:42si éloigné de ce que vous vouliez paraître.
01:25:46Et si je pense à vous,
01:25:48c'est que me vient enfin la force de dire votre secrète espérance
01:25:51que quelqu'un, un jour,
01:25:56entend battre un cœur oublié.
01:25:58Sous-titrage MFP.
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