Le politologue, Arnaud Benedetti, revient sur l'importance du sujet de l'immigration au sein de l'Union européenne. «L'enjeu migratoire est devenu récemment l'enjeu le plus polarisant des sociétés européennes», analyse-t-il dans Midi News Été sur CNEWS.
00:00Non mais c'est-à-dire que ce qui a changé, si vous voulez, par rapport à il y a 30 ans, c'est que pendant très longtemps, on l'a considéré, et les élites ont considéré, que l'immigration était une chance pour la France et pour l'Europe.
00:12Et l'opinion publique, globalement, je veux dire, n'était pas forcément sur cette ligne, mais elle était beaucoup plus, j'allais dire, mitigée qu'elle ne l'est aujourd'hui.
00:20Et manifestement, ce qu'on voit partout, et les résultats électoraux le démontrent, c'est-à-dire que les forces politiques qui ont fait de l'enjeu migratoire un élément essentiel de leur agenda politique, progressent partout en Europe.
00:32Bon, Madame Mélanie a gagné des élections comme ça. Le Brexit, de ce point de vue-là, s'est joué aussi sur l'enjeu migratoire, même si on voit qu'il n'a pas forcément apporté les solutions qu'espéraient les Britanniques sur cette question.
00:43On voit en France, avec le Rassemblement national et d'autres forces politiques, l'enjeu migratoire est devenu récemment l'enjeu le plus polarisant des sociétés européennes.
00:53Et ce qu'on voit clairement, c'est qu'au niveau des opinions publiques et au niveau des électorats, les forces politiques qui ont fait de cet enjeu l'enjeu majeur de la société,
01:01à tout point de vue d'ailleurs, non seulement sur le plan identitaire, mais sur le plan économique, sur le plan social, etc., sont des forces qui progressent tous les jours un peu plus.
01:10Donc, on est véritablement aujourd'hui dans un point de tension qui ne cesse de s'accroître.
01:17Et par contre, ce qui est clair, c'est que, et c'est le cas surtout en France, peut-être moins ailleurs, puisque l'Italie quand même a vu Madame Mélanie l'emporter,
01:24les Pays-Bas ont vu quand même ce que l'on appelle, entre guillemets, les populistes, là aussi, dominés électoralement.
01:32En France, on voit bien que le hiatus reste très fort entre, si vous voulez, globalement, une classe dirigeante,
01:39pas toute la classe dirigeante, mais une partie de la classe dirigeante qui, finalement, considère que ce problème migratoire, certes, existe,
01:46mais que, globalement, il faut, c'est peut-être pas une priorité, mais qu'il faut le traiter avec un logiciel qui est celui des années 80 et des années 90,
01:55et une opinion publique qui, aujourd'hui, chaque fois qu'on l'interroge, il suffit de regarder les sondages,
01:58demande d'ailleurs d'être interrogé par référendum, demande qu'il y ait un bouclier constitutionnel qui permette aujourd'hui, justement,
02:04de retrouver les outils juridiques de notre maîtrise migratoire, et on lui répond, finalement,
02:11« Circuler, il n'y a rien à voir ». Donc, si vous voulez, la question migratoire est une question essentielle,
02:16j'allais dire, dans le débat politique, parce qu'elle reflète aussi, d'une certaine manière, la crise démocratique que vit le pays.
02:24Et c'est ça qui est très important.
02:25Donc, en effet, vous avez aujourd'hui, dans toute l'Europe, mais encore peut-être plus en France,
02:31des mouvements, j'allais dire, d'opinion, des mouvements électoraux, des mouvements d'opinion,
02:35qui sont aujourd'hui, en effet, si ce n'est en révolte, mais en tout cas, en distance,
02:41par rapport à toutes les politiques migratoires qui ont été menées ces dernières années.
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