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  • il y a 4 mois

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Transcription
00:00Allez, il nous reste 4 minutes avant la fin de cette émission.
00:02Je voulais vous entendre sur un tout dernier sujet.
00:04Le gouvernement annonce de nouvelles mesures pour lutter contre la fraude sociale.
00:07Parmi elles, une fait particulièrement débat, limitée à 15 jours la durée d'un premier arrêt de travail.
00:12Une volonté affichée par la ministre du Travail et de la Santé, Catherine Vautrin,
00:18qui souhaite limiter tout premier arrêt de travail prescrit en médecine générale, donc à 15 jours.
00:23Et cette décision provoque, vous l'imaginez, la colère des syndicats de médecins et des associations de patients.
00:29Henri Guénaud, le problème, c'est que normalement, c'est le rôle des médecins de réguler, de juger s'il y a abus ou pas.
00:36Est-ce le rôle du gouvernement ?
00:38Non, je trouve ça absolument inacceptable.
00:41D'abord, indécent, parce qu'on dit qu'on veut responsabiliser les malades et les médecins.
00:45Parfois, ils ne sont pas responsables.
00:46Là, on les infantilise.
00:47Le malade, il a le choix.
00:49Il a le choix, il a choisi d'être malade.
00:51Il faut le responsabiliser pour qu'il ne soit pas malade.
00:53Et le médecin...
00:55Après, les abus existent, malheureusement.
00:57Bien sûr, ils existent dans tous les domaines.
00:58Elle dit que ça pourrait permettre de faire 5,5 milliards d'euros d'économie.
01:01Oui, bien sûr.
01:03Simplement, les médecins, ils n'ont qu'une responsabilité.
01:09C'est soigner les malades.
01:11Et les malades, ils n'ont qu'une demande.
01:13C'est être soignés, si possible être guéris, si possible ne pas souffrir, si possible mourir le plus tard possible.
01:18Voilà.
01:18Donc, il faut arrêter avec cette formule qui est une formule absolument indécente et qui n'a aucun sens dans ce domaine.
01:24Parce que si vous privez les gens de...
01:26Là, vous parlez des 15 jours.
01:27Les 15 jours, ça va dire qu'il va y avoir beaucoup plus de consultations.
01:31Mais le vrai problème, le plus, ce sont les jours de carence.
01:34Si vous privez de revenus, si vous punissez tout le monde, parce qu'avec les jours de carence, vous punissez tout le monde.
01:39L'immense majorité des malades qui ne trichent pas et des médecins qui ne trichent pas est la petite fraction qui abuse peut-être du système.
01:47Si vous faites ça, quel est le choix du malade ?
01:49D'abord, vous sanctionnez tous ces gens qui sont malades.
01:52Et quel est le choix du malade ?
01:53Le choix du malade, c'est que s'il n'a pas les moyens de se soigner, enlevez une journée de salaire pour quelqu'un qui gagne le SMIC.
01:59Et puis, vous voyez ce que ça peut représenter.
02:01Si vous ne pouvez pas vous soigner, vous ne vous soignez pas.
02:03Voilà, c'est le seul choix qu'a le malade.
02:06Soit il peut soigner, soit il ne peut pas.
02:08Mais c'est ça qu'on veut.
02:10C'est ce pays-là, cette société-là qu'on veut.
02:12Et c'est comme ça qu'on va résoudre le problème du déficit.
02:14C'est une blague.
02:15Raphaël Staville, pour terminer avec vous.
02:16En fait, d'abord, il y a une urgence.
02:19Il faut pouvoir lutter contre la fraude qui ne cesse de fragiliser et de mettre en péril notre modèle social.
02:25Pour autant, la méthode employée par la ministre de la Santé me semble, comme Henri Guénaud, absolument désastreuse.
02:33Je relève juste un point et un effet pervers des mesures que la ministre de la Santé préconise.
02:40C'est qu'avec cet arrêt maladie limité à 15 jours avant d'être renouvelé, finalement, pour tous ceux qui sont véritablement malades, ça fait supporter à la société, à la sécurité sociale, finalement, deux consultations.
02:55Donc, là où on veut faire des économies, on va payer deux fois.
02:58Voilà.
02:59Un dernier mot, Henri.
03:01Oui, et les jours de 40, si les gens malades vont travailler quand même parce qu'ils ne peuvent pas se permettre de perdre un jour et qu'ils ont une maladie contagieuse,
03:08on va avoir beaucoup plus de malades et beaucoup plus d'arrêts maladies.
03:12Et l'explosion des arrêts maladies n'est pas propre à la France, c'est dans tous les pays.
03:15Et en particulier en Allemagne, le modèle toujours sublimé par les politiques français,
03:20où le nombre d'arrêts maladies et de jours d'arrêts maladies dans le secteur privé comme public en Allemagne est beaucoup plus important que en France.
03:28Et c'est un pays où il n'y a pas de jour de carence.
03:30Et on imagine, bien sûr, les problèmes que ça pourrait poser pour les personnes qui ont de réelles pathologies aussi,
03:35et les patients qui auraient réellement besoin d'un arrêt longue durée.
03:40Et la plupart des patients, vous avez raison de le préciser.
03:42Merci beaucoup Henri Gueno d'avoir été avec nous, ancien commissaire général au plan, ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy.
03:48Et merci à Raphaël Stainville, directeur adjoint de la rédaction du JDD.
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