00:00Oui, Emmanuel Macron a encore parlé, mais que vaut la parole présidentielle quand elle renonce à ses promesses et prononcées il y a seulement deux mois ?
00:07Il y a peu, le chef de l'État posait son allenement.
00:10Quatre conditions pour reconnaître la Palestine, un État viable, une autorité légitime, un engagement clair à reconnaître Israël
00:17et surtout la libération immédiate de tous les otages israéliens.
00:20Quatre balises, disait-il, pour éviter l'embrasement et les emballements diplomatiques.
00:24Aujourd'hui, il les piétine une à une.
00:26Les otages, actuellement, 49 personnes sont toujours retenues à Gaza par le Hamas, dont 27 ont été déclarées mortes par l'armée israélienne.
00:33La viabilité, elle est inexistante.
00:36Gaza est aux mains du Hamas, mouvement islamiste, responsable du massacre du 7 octobre, qui gouverne par la terreur.
00:41La légitimité, l'autorité palestinienne, censée incarner un embryon d'État, a été chassée de Gaza depuis 2007.
00:48Ni le pouvoir, ni l'autorité, ni la confiance de sa propre population quant à la reconnaissance d'Israël.
00:53Il n'en est pas question pour le Hamas, ni dans les discours, ni dans les actes, ni dans les intentions des bénéficiaires de cette décision.
01:00Rien le vide.
01:01Alors, qui y applaudit ? Le Hamas, évidemment, qui crée victoire, Rima Hassan, qui s'exhibe en martyr, et Jean-Luc Mélenchon, toujours prêt à s'aligner sur les ennemis d'Israël.
01:10Voilà le véritable effet de cette annonce.
01:12Elle conforte ceux qui soufflent sur les braises de l'antisémitisme, mais pas les artisans de la paix.
01:16Alors, Jules, vous y voyez moins un acte d'État qu'un réflexe d'un président en quête d'attention ?
01:21Oui, quand on ne gouverne plus, on s'agite.
01:23Quand on ne pèse plus, on proclame.
01:24Emmanuel Macron ne mène plus une politique étrangère.
01:27Il joue au président du monde pour faire oublier qu'il n'en est plus le président de grand-chose.
01:32Contesté à l'intérieur, inaudible à l'extérieur, Emmanuel Macron incarne désormais une autorité vidée de sa substance.
01:38Depuis des mois, le chef de l'État est devenu l'homme effacé du quinquennat.
01:41Il ne tranche plus, il ne décide plus, il ne réforme plus.
01:44Alors, pour réapparaître, pour faire croire qu'il reste aux commandes, Emmanuel Macron dégaine ce qui lui reste, c'est-à-dire un coup de com'.
01:51Reconnaître l'État palestinien maintenant, dans ce chaos, sans partenaire sérieux, sans exigence posée, sans retour attendu, ce n'est pas un acte de diplomatie.
01:59C'est un réflexe d'illusionniste, un éclair pour faire croire à la maîtrise, un geste gratuit, sans coup apparent, mais lourd de sens politique.
02:06Et en ce sens, chacun le comprend.
02:09Les États-Unis désavouent, Israël dénonce, l'Europe se divise sur cette question.
02:14En France, la droite fulmine, le centre se tait et l'extrême-gauche jubile.
02:18Quand le Hamas vous remercie et que Jean-Luc Mélenchon vous embrasse à distance, il y a peu de chances que vous soyez sur le bon chemin.
02:25Car au fond, ce n'est pas la Palestine qu'Emmanuel Macron cherche à faire exister, c'est lui-même, un président qui s'accroche à son reflet diplomatique pour ne pas sombrer dans le silence.
02:33Un homme qui veut encore briller, faute de pouvoir encore gouverner.
02:36Alors Jules, vous nous le dites clairement, cette décision ne déplace aucune ligne ni diplomatique ni stratégique.
02:41Oui, l'illusion est totale et d'ailleurs, il suffit d'écouter la réaction de Donald Trump, le président américain, brut de décoffrage, pour mesurer le niveau d'influence désormais accordée à la France.
02:51Donald Trump dit, je cite, c'est un bon gars, je l'aime bien, mais sa déclaration n'a aucun poids, elle n'a aucune importance.
02:59Fin de citation, une phrase sèche, humiliante, qui résume la perception du président français, celle d'un commentateur bavard, mais sans réelle prise sur les événements.
03:07Car en réalité, qu'a donc produit cette reconnaissance et que va produire cette reconnaissance ?
03:11Rien du tout, pas un cessez-le-feu à Gaza, pas un petit pas vers la paix, pas un affaiblissement du Hamas, toujours détenteur d'otages israéliens, on l'a dit, pas un sursaut de l'autorité palestinienne.
03:20On l'a bien compris, la France parle seule et plus personne ne l'écoute, plus personne ne tend l'oreille.
03:26Ce geste ne déplace donc aucune ligne, il ne rééquilibre aucun rapport de force, il ne fait pression sur personne, il flatte les illusions, mais ne contraint certainement pas les factions palestiniennes.
03:35Il offre une victoire symbolique au Hamas, tout en maintenant le peuple Gazaoui sous sa coupe.
03:40Et pendant que l'Elysée rêve d'histoire, le réel, lui, continue de s'écrire dans la poussière et dans le sang.
03:45Emmanuel Macron voulait marquer les esprits, il n'a fait que rappeler son impuissance.
03:49Il espérait redorer sa stature, il a renforcé ceux qui la contestent, il rêvait d'entrer dans le grand livre d'histoire de la diplomatie.
03:56Il s'est rangé dans la rubrique des illusions perdues, car on ne fait pas la paix avec des proclamations, ni avec des cartes, ni avec des coups de manche et des effets d'annonce.
04:05Il ne suffit pas de parler fort pour gouverner, il ne suffit pas d'être vu pour compter et il ne suffit pas de communiquer pour exister.
