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00:00Avec nous Thomas Schnell.
00:01Pour l'édito politique, bonjour Carmeus.
00:03Bonjour Thomas.
00:04Rédacteur en chef au Figaro Magazine.
00:06Alors ce matin, vous revenez sur les conséquences d'un éventuel retrait de la loi du plomb,
00:10cette fameuse loi au cœur d'une pétition qui permet la réintroduction de certains pesticides
00:14par les agriculteurs comme les néonicotinoïdes.
00:17Quelles seraient les conséquences d'un tel retrait ?
00:19Mao parlait du grand bond en avant pour 100 pays, la Chine.
00:22En France, ce serait un grand bond en arrière.
00:25Pour le moment, ni l'Elysée ni Matignon n'évoquent un possible retrait de ce texte.
00:29Mais la pression de la pétition, 1,7 million de signataires ce matin, on vient de vérifier,
00:34des ONG de la gauche peuvent les faire céder.
00:36On l'a déjà vu, notamment en 2006, quand Jacques Chirac promulgue la loi créant le contrat premier embauche,
00:42mais demande immédiatement au gouvernement de préparer des modifications sur les points essentiels contestés.
00:47« J'ai entendu les inquiétudes qui s'expriment chez de nombreux jeunes »,
00:51avait-il dit, pour justifier l'abandon du texte.
00:53On n'en est pas encore là.
00:54L'Elysée attend la décision du Conseil constitutionnel,
00:57saisi par la gauche, qui doit se prononcer le 10 août.
01:00Emmanuel Macron aura ensuite 15 jours pour promulguer la loi,
01:03sauf en cas de censure.
01:04Il peut aussi demander une deuxième délibération du Parlement.
01:07Mais s'il devait reculer sur ce texte,
01:09les conséquences seraient lourdes scientifiquement,
01:12socialement et politiquement.
01:14Scientifiquement, pourquoi vous dites qu'il y aurait des conséquences scientifiques
01:16à un retrait la loi du plomb ?
01:18Parce que cela voudra dire que l'agitation des peurs
01:20aura eu raison du sérieux des études scientifiques.
01:22Sans entrer dans le détail technique des études de l'Agence nationale de sécurité sanitaire,
01:27l'ANSES,
01:28ou de l'Autorité européenne des sécurités des aliments, l'EFSA,
01:31il suffit de constater que l'acepamipride
01:35est autorisé pour un usage agricole,
01:37par exemple dans de nombreux pays occidentaux,
01:39comme les Etats-Unis, le Japon, l'Australie,
01:41et même l'ensemble de l'Union européenne.
01:43A moins de sombrer dans une quelconque théorie du complot,
01:46il est difficile de conclure que tous ces pays
01:48empoisonnent volontairement leur population
01:50en autorisant un insecticide néonicotinoïde.
01:53Il suffit aussi de montrer sa présence dans les foyers
01:55puisqu'il n'est pas interdit pour un usage domestique.
01:58Mais la passion l'emporte malheureusement souvent sur la raison.
02:01Les opposants transforment l'évocation de la possibilité d'un risque
02:04en une certitude d'un danger.
02:06Comme pour le nucléaire.
02:07Vous vous souvenez quand les écologistes agitaient
02:09les risques d'accidents et leurs conséquences ?
02:11Ils sont arrivés à imposer à leurs alliés socialistes
02:13la fermeture des centrales.
02:14On se souvient de Dominique Voinet,
02:16ministre de Lionel Jospin,
02:17racontant Hillard comment elle avait berné le Premier ministre
02:20et contraint la France à accepter que le nucléaire
02:22ne figure pas parmi les technologies retenues par Bruxelles
02:25au titre des mécanismes du développement propre.
02:28Comme le disait Talleyrand en politique,
02:30ce qui est cru devient plus important que ce qui est vrai.
02:32Et justement, vous parlez de la politique
02:34et vous évoquiez aussi des conséquences
02:36dans ce domaine d'un possible retrait d'Ela Duplomb.
02:38Politiquement, son retrait ouvrirait une crise
02:40dans le socle commun.
02:41Il y a déjà des tensions entre les ministres
02:43et le vote du texte a créé des fractures
02:45entre les républicains qui ont tous voté pour
02:47Renaissance, Horizon et Modem
02:49au sein desquels une partie députée
02:51ont voté contre, voire se sont abstenues.
02:54Les républicains accepteront-ils sans réagir,
02:56ce qui ressemblerait à un camouflet
02:58et leur ferait peut-être perdre le soutien d'agriculteurs
03:00de plus en plus enclins à se tourner vers l'ERN ?
03:03Surtout, ce renoncement mettrait à mal
03:06la légitimité d'un Parlement
03:08déjà affaibli par la dissolution.
03:10Alors quoi ?
03:10Une pétition, et peut-être demain des manifestations,
03:13auraient raison d'un vote des représentants du peuple ?
03:15Élu, voici tout juste un an ?
03:17Et en plus, la pétition fait tâche d'huile.
03:19Aujourd'hui, ce sont les syndicats
03:21qui ont ouvert une pétition
03:22contre le projet de budget de François Bayrou.
03:24La boîte de Pandore est ouverte,
03:26chacun va y aller de sa pétition,
03:27remettant en cause les votes du Parlement.
03:29Oui, mais alors est-ce que les politiques
03:30peuvent se permettre de ne pas tenir compte
03:32de ce qui se passe avec cette pétition,
03:34notamment auprès des jeunes ?
03:35Vous avez raison Thomas,
03:36ils ne peuvent rester sans réponse
03:37face à cette génération climat
03:39qui est en train de naître politiquement.
03:42C'est la raison pour laquelle
03:42la plupart des politiques sont favorables,
03:44ils n'avaient pas vraiment le choix cela dit,
03:46à un deuxième débat, toutefois sans vote.
03:49Mais en cas de retrait,
03:49ils prendront le risque de fracturer le pays.
03:51Les agriculteurs ne se laisseront pas faire sans réagir,
03:55ils ne seront pas ce renoncement comme ça.
03:57L'Emmanuel Macron, qui voulait en 2017
03:59une société apaisée et fraternelle,
04:01se retrouvera avec une société divisée
04:03entre les ruraux et les citadins.
04:06Il n'avait déjà pas le soutien des agriculteurs,
04:08il risque de perdre celui des jeunes
04:09et des citadins,
04:10qui ne lui seront sûrement même pas
04:12reconnaissants de ce geste.
04:13À quelques mois des élections municipales
04:15et surtout de la présidentielle,
04:16ce ne serait pas une bonne nouvelle
04:18pour ceux qui se réclament de lui
04:19ou ont travaillé à ses côtés.
04:20Merci Karl.
04:21Karl Meus, votre édito politique sur Europe 1,
04:24je signale la une du Figaro.
04:25Ce mercredi,
04:26les raisons du revirement de Donald Trump
04:28face à Poutine.
04:29Le président américain avait rêvé
04:30d'un deal avec son homologue russe
04:32au risque de sacrifier les intérêts de l'Ukraine.
04:34Il semble désormais se résoudre
04:36à l'exercice du rapport de force.
04:37Merci.

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