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1er octobre 1949. Après des années de lutte et d’engagement révolutionnaire, Mao Zedong proclame l’avènement de la République populaire de Chine. En accédant au pouvoir, il n’a qu’une seule ambition : rendre a son pays sa puissance légendaire, lui restituer son rayonnement d’antan. L’an zéro de la Chine moderne vient de commencer... Pourtant, si le grand Timonier a ouvert une nouvelle ère pour l’Empire du Milieu, ce n’est pas lui qui a fait passer son pays de l’immobilisme et du confinement au rang de grande puissance mondiale.

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Éducation
Transcription
00:00L'histoire n'est pas une science exacte.
00:04Elle n'est jamais gravée dans le marbre.
00:16Au fil du temps, la connaissance du passé s'affine et évolue.
00:21Mais les idées reçues ont la peau dure et les a priori restent tenaces.
00:34Pour saisir les vérités du monde, il faut parfois bousculer les certitudes et décrypter les faits en proposant un autre regard.
01:04La postérité a couronné Mao Zedong comme le génial architecte de la Chine moderne.
01:26Et pourtant.
01:341er octobre 1949.
01:49La Chine tourne la page sur son passé.
01:53Après des années de lutte et d'engagement révolutionnaire,
01:56Mao Zedong s'apprête à prendre la tête du pays.
01:58Dans la capitale, sa proclamation est attendue dans la ferveur.
02:14Quand il accède au pouvoir, Mao n'a qu'un objectif.
02:42Une seule idée, une seule passion, rendre à la Chine sa puissance légendaire, lui restituer son rayonnement d'antan.
02:58L'empire du milieu adresse un message au monde.
03:02L'an 0 de la Chine moderne vient de commencer.
03:05La Chine s'est levée, mais l'heure n'est pas encore à la liesse.
03:26A peine l'armée de Mao montre un léger entrain.
03:28La guerre civile qui ravage le pays depuis 20 ans n'est pas encore gagnée.
03:35Plusieurs régions sont toujours aux mains des nationalistes, menées par le général Chiang Kai-shek.
03:39En route pour le Sichuan, un certain Deng Xiaoping, commissaire politique pour les provinces du sud-ouest, s'apprête à reprendre les armes.
03:54Compagnon de la première heure, Deng Xiaoping partage le rêve de Mao et lui accorde une confiance sans limite.
04:00Ce n'est encore qu'un cadre de second rang.
04:04Son influence est négligeable, mais son destin va le conduire à transformer la Chine, plus sûrement que son mentor.
04:13Pour l'heure, sa mission est de s'emparer des grandes villes où sont retranchées les dernières troupes ennemies.
04:19Il doit les massacrer sans pitié.
04:21Depuis des années, les militants communistes sont la cible d'une violence meurtrière.
04:42L'adversaire ne fait pas de quartier et les tracts s'enmercient.
04:47En vain, car les soldats de Mao s'imposent partout sans faiblir.
04:51Vaincus, Chiang Kai-shek se réfugie sur l'île de Taïwan, suivi par 2 millions de ses partisans.
04:59Pour Deng Xiaoping et ses camarades du parti, la victoire est totale.
05:05Dès le printemps 1950, la Chine continentale est aux mains de Mao.
05:10En quelques jours, il fait table rase du passé.
05:13Tout ce qui rappelle l'ancien régime est systématiquement détruit.
05:16Pour 450 millions de Chinois, une ère nouvelle s'annonce, riche d'espoir et de renouveau.
05:24Pourtant, ce ne sera pas aussi simple.
05:32Car cette Chine immense dont érite Mao, elle est misérable, archaïque et sous-équipée.
05:38Peu ou pas d'usines, pas de ponts, ni de routes asphaltées.
05:42Les paysans qui forment 95% de la population cultivent la terre avec des outils d'un outrage.
05:51Exploités sans vergogne, ils sont réduits à l'état de bête de somme et ne possèdent aucun droit.
05:56Pour obtenir leur soutien, Mao leur a promis la terre et il tient parole.
06:11Sans attendre, l'ennemi est désigné.
06:13Tous les propriétaires fonciers sont jetés à la vindicte populaire.
06:29Un film de propagande fournit le mode d'emploi, du procès des inculpés à leur mise à mort.
06:34Les exécutions sont menées par les villageois eux-mêmes.
06:48Mao l'a proclamé.
06:50Il faut toujours impliquer les mains nues des paysans afin de les unir au nouvel ordre révolutionnaire.
07:04Les terres et les biens confisqués sont partagés de manière équitable.
07:11Et chaque famille reçoit son lot sous le contrôle du représentant local du parti.
07:18Loin des caméras, le fidèle Deng Xiaoping supervise des centaines d'expropriations.
07:24Sans état d'âme.
07:25A l'issue de la réforme agraire, une alliance indéfectible entre les paysans et Mao Tse-Tung est scellée.
07:37Pour stimuler cette union, le parti communiste ne ménage pas sa peine.
07:45Mao déclare
07:46Nous autres, les communistes, nous sommes comme des graines et le peuple est le sol.
07:52Partout où nous allons, nous devons nous unir au peuple, prendre racine et fleurir.
08:01En un rien de temps, 19 millions de militants quadrillent le pays.
08:05Un territoire aussi vaste que les Etats-Unis.
08:10Chaque village, chaque ville, chaque pâté de maison est investi.
08:13Les relais pour diffuser sa parole et veiller à son application sont en place.
08:21Car Mao veut conduire la Chine vers la grandeur, à sa façon, avec autorité.
08:29Il commence par l'isoler du reste du monde.
08:36Comme la plupart de ses compatriotes, Mao a été profondément humilié par un siècle d'occupation étrangère.
08:43Depuis le milieu du 19e siècle, la Chine vivait sous le régime des concessions imposées par les Occidentaux qui l'avaient dépecé.
08:54Européens et Américains avaient fait main basse sur ces richesses.
08:59Ils avaient pillé, méprisé et corrompu les Chinois.
09:03Seule une minorité avait su profiter de leur passage pour s'enrichir.
09:06L'ancien empire du milieu a soif de revanche.
09:11Désormais, Mao entend protéger son pays de la spoliation et de toute influence extérieure.
09:17Il rêve d'autarcie.
09:19La Chine se ferme.
09:20La panique s'empare alors des résidents étrangers.
09:31Hommes d'affaires, fonctionnaires et missionnaires plient bagage.
09:36Tous, jusqu'au dernier, vont quitter la Chine dans la précipitation.
09:42Ils ne reviendront pas de si tôt.
09:44Pour les Occidentaux, c'est un camouflet.
09:52En représailles, ils refusent de reconnaître le nouveau régime et accordent leur soutien à la Chine de Chiang Kai-shek.
10:01Désormais, c'est Taïwan et ses 3 millions d'habitants qui représentent la Chine à l'ONU.
10:06Le pays le plus peuplé du monde est placé au banc des nations.
10:14Mao est seul, ou presque.
10:17Or, il a cruellement besoin d'alliés.
10:24Aussi, l'autarcie se fait violence.
10:28Pour la première fois de sa vie, il quitte sa patrie durant deux longs mois.
10:33Pour l'occasion, il troque sa sempiternelle casquette contre une chapka.
10:37A peine arrivé, il prononce les mots destinés à gagner la confiance des soviétiques.
10:44En réalité, ces louanges masquent un profond ressentiment.
11:06Mao se méfie de Staline, qui ne l'a pas soutenu pendant la guerre civile.
11:12Et surtout, dépendre de l'URSS blesse sa fierté.
11:17Pour lui, qui tenait à transformer la Chine en ne comptant que sur ses propres forces,
11:22la pilule est dure à avaler.
11:24Le 14 février 1950, un traité d'assistance est finalement signé.
11:29La messe est dite, la Nouvelle Chine va prendre son essor,
11:34mais selon le modèle et les méthodes approuvées par Moscou.
11:50Instantanément, des milliers de conseillers, d'ingénieurs et d'experts
11:53traversent la frontière pour aider Pékin à construire son premier plan quinquennal.
11:59Au cœur du projet, une centaine d'usines gigantesques, d'industries lourdes.
12:10La sidérurgie, la métallurgie, les mines sont les secteurs privilégiés.
12:16La Chine s'équipe.
12:17A la campagne, la collectivisation s'impose, tambour battant.
12:36Les terres redistribuées quelques mois plus tôt sont réquisitionnées et mises en commun.
12:40La grande coopérative d'État devient le modèle à suivre.
12:45La petite exploitation familiale disparaît.
12:51Près de 400 millions de paysans chinois se convertissent en salariés de l'État.
12:56Et c'est Mao, ancien paysan lui-même, qui devient leur employeur.
13:05La mutation de l'économie chinoise est en marche.
13:08Deng Xiaoping, qui la pilote dans le sud du pays, la juge conforme aux promesses de son mentor.
13:23Dès 1952, son ardeur lui vaut d'être promu à Pékin.
13:29Gravissant les échelons, il se rapproche peu à peu du pouvoir et finit par entrer au bureau politique du parti.
13:35Il participe maintenant aux grandes décisions, sous le contrôle quotidien du grand leader en personne.
13:48En apparence, tous les opposent.
13:50A commencer par la taille.
13:52Le président est un géant d'1m86 contre 1m48 pour son disciple.
13:57Poète à ses heures, Mao a l'esprit versatile et brouillon.
14:01Deng est une tête froide, un bourreau de travail qui aime les chiffres et les dossiers.
14:05Mais les deux font la paire.
14:09Mao apprécie Deng pour sa souplesse et sa vivacité.
14:12En retour, ce dernier voit à son idole une loyauté sans borne.
14:20A ses yeux, il est le grand timonier qui guide la Chine vers la prospérité et la grandeur.
14:25C'est alors que Mao lance un de ses grands projets.
14:37Depuis 3000 ans en Chine, l'instruction était le privilège d'une élite.
14:42Seule une poignée de mandarins régnaient sur une masse dilettrée.
14:47Mao décrète qu'une grande puissance se doit de posséder un peuple instruit.
14:51Du jour au lendemain, toute la jeunesse chinoise se retrouve sur les bancs des écoles.
15:07Pour le pays du milieu, c'est une évolution radicale, quasi génétique.
15:12Grisé par ses premières réformes, le grand leader lance.
15:27En l'an 2001 qui marquera l'entrée dans le 21e siècle, la Chine sera devenue un grand pays socialiste industrialisé.
15:34En 1956, son autorité est au Zénith.
15:41Autrefois contesté par quelques camarades, il est devenu intouchable.
15:46Chef de l'État, président du parti, président de sa commission militaire,
15:52son pouvoir est illimité et sa parole fait loi.
15:54D'un mot, Mao peut mobiliser des millions d'hommes et de femmes
16:11pour accomplir les travaux titanesques censés donner au pays la gloire escomptée.
16:16Les chinois élèvent alors des barrages colossaux,
16:23bâtissent d'immenses réservoirs et creusent d'innombrables canaux.
16:31Le premier pont sur le fleuve bleu est une fierté nationale.
16:34En 4000 ans d'histoire, jamais le pouvoir chinois n'avait entrepris un ouvrage d'une telle ampleur.
16:44Aussi, la ferveur populaire tourne vite à l'exaltation.
16:57Galvanisé, Mao perd le sens de la mesure.
17:00Et cette adulation des masses dissimule une sombre réalité.
17:06La Chine vit sous le règne de la terreur.
17:10Les contestataires, réels ou présumés, sont internés dans des camps de travail.
17:16Transformés en esclaves, ils y subissent un lavage de cerveau en règle
17:19pour briser en eux toute opposition.
17:23Du Xinjiang à Canton et du Jilin à Shanghai,
17:27plus de 1000 Laogai recouvrent le territoire.
17:3050 millions de Chinois vont y transiter, sous le règne de Mao.
17:41A cette épée de Damoclès qui pèse au-dessus de tous ceux tentés par la dissidence,
17:46s'ajoute l'arme des campagnes de répression ponctuelle.
17:48En 1957, alors que les moineaux sont accusés de manger les récoltes,
18:04Mao ordonne,
18:05« Faites-les voler jusqu'à épuisement ! »
18:09Et le peuple entier obéit.
18:12Mais le grand leader a juste oublié un détail.
18:15Sans prédateurs, les insectes se multiplient et prolifèrent de plus belles.
18:19L'année suivante, les récoltes sont dévastées.
18:27Le parti a filmé sans honte le terrible carnage.
18:30Mais il a éteint ses caméras quand des millions de Chinois accusés de menacer la révolution
18:35furent persécutés, emprisonnés, déportés et massacrés
18:40comme de vulgaires animaux nuisibles
18:42lors des cinq campagnes meurtrières déclenchées entre 1950 et 1960.
18:49Deng Xiaoping, une fois admis dans les cercles du pouvoir,
18:53en fut l'un des rouages essentiels.
18:56Sans réticence.
19:04Le 4 octobre 1957,
19:07Mao découvre Sidéré,
19:09le premier satellite placé en orbite autour de la Terre.
19:12Une prouesse technologique,
19:14dont l'URSS s'enorgueillit.
19:18Spoutnik tient naturellement la vedette
19:20lors des célébrations de la révolution d'octobre à Moscou.
19:24Le président chinois est de la fête.
19:27Le successeur de Staline
19:28lui a offert la place d'honneur à ses côtés.
19:33Deng Xiaoping, également de la partie,
19:35jubile,
19:36alors que Mao, lui,
19:38se montre plus réservé.
19:40Et pour cause.
19:42Aucun portrait de Staline
19:46n'accompagne la parade.
19:48Khrouchev, qui vient de révéler
19:49les crimes du dictateur,
19:51les a interdits.
19:54Mao prend ombrage.
19:57Si la critique vise aujourd'hui Staline,
19:59demain,
20:00elle pourrait s'attaquer à lui.
20:01De plus,
20:03les succès de l'Union soviétique
20:05l'insupportent.
20:07Il souligne la faiblesse de la Chine
20:08et sa dépendance à l'égard du Kremlin.
20:10Dans l'esprit du grand timonier,
20:19jaillit alors une idée folle,
20:21surpasser les Russes en dix ans,
20:22sur tous les plans,
20:24sans leur aide.
20:27Quand Mao amorce cette volte-face
20:29vis-à-vis de son unique partenaire,
20:31Deng Xiaoping est aux premières loges.
20:33Et il s'en méfie.
20:36Le pays sort à peine du Moyen-Âge.
20:38Il n'est pas en position
20:39de rompre avec Moscou.
20:47Mais Mao s'entête.
20:49Si la Chine est dépourvue
20:50de capitaux et de technologies,
20:52elle possède une réserve inépuisable,
20:54des millions de bras.
20:59Au printemps 1958,
21:02l'Empereur Rouge lance
21:03une campagne d'une ampleur inégalée
21:04pour satisfaire son obsession.
21:07Le grand bond en avant.
21:11Du jour au lendemain,
21:12les masses chinoises sont militarisées.
21:15Tous les paysans sont affectés
21:16dans des brigades de production,
21:18regroupés dans des communes populaires.
21:21Ils y travaillent à un rythme effréné,
21:23sous le contrôle zélé du parti.
21:27La commune populaire
21:28prend en charge les individus
21:30du berceau à la tombe.
21:31Les repas en famille sont interdits.
21:34Chacun mange, midi et soir,
21:37à la cantine,
21:38de gré ou de force.
21:43Mao prétend doubler
21:44la production d'acier
21:45du Royaume-Uni en 5 ans.
21:49Aussitôt,
21:50les Chinois sont sommés
21:51de livrer la moindre
21:52de leurs vieilles ferrailles.
21:53bassines,
21:55outils,
21:56ciseaux,
21:57tout y passe.
22:00Pour les fondre,
22:02Mao conseille d'utiliser
22:03les vieux fours
22:03des forgerons villageois
22:04et d'en construire d'autres.
22:07Dans toute la Chine,
22:08les hauts fourneaux improvisés
22:10se multiplient.
22:13Pour tenir les objectifs,
22:15les cadres locaux du parti
22:16harassent la population.
22:17Les paysans travaillent jour et nuit,
22:20mais ils délaissent leur terre.
22:22Les semailles sont négligés,
22:25en pure perte.
22:26L'acier obtenu est si médiocre
22:28qu'il est presque toujours inutilisable.
22:30Pire.
22:41La récolte s'annonce catastrophique.
22:45La disette menace.
22:47A la grande inquiétude
22:48de plusieurs dirigeants.
22:51Un homme se dresse
22:52pour contester la ligne
22:53du président Mao.
22:55Peng Der Wai,
22:56le ministre de la Défense.
22:59Il lui prédit des jours sombres,
23:00mal lui en prend.
23:05Mao, qui n'aime guère la critique,
23:06entre dans une colère noire.
23:10Il s'emporte.
23:11Mieux vaut être rouge
23:13qu'être expert.
23:19Tétanisé,
23:20le bureau politique
23:20s'aligne derrière lui.
23:22Peng Der Wai
23:23est politiquement liquidé.
23:26Deng Xiaoping,
23:27absent ce jour-là,
23:29ne participe pas personnellement
23:30à son lynchage.
23:31Mais il tait ses doutes
23:33et rentre dans le rang
23:34comme les autres.
23:35Il s'en voudra toute sa vie.
23:37Et le grand bond
23:41continue de plus belle.
23:46Comme prévu,
23:47la récolte de 1959
23:49est désastreuse.
23:52Les deux années suivantes,
23:54les caprices du climat
23:55s'abattent sur un pays
23:56affaibli
23:56et désorganisé.
23:57A l'été 1961,
24:03la famine règne,
24:05la vraie.
24:06Elle tue de 15 à 35 millions
24:08de Chinois
24:08dans un huis clos tragique.
24:12La Chine a dressé
24:13une barrière infranchissable
24:14et le régime impose
24:16une censure de fer.
24:19Il faudra attendre 20 années
24:20pour que la triste vérité
24:22éclate au grand jour.
24:23Pour l'heure,
24:27l'étoile rouge de Mao
24:27pallie.
24:29En ce début des années 60,
24:31la Chine
24:32est à l'agonie.
24:33La puissance
24:34et la gloire
24:34tant promises
24:35sont restés
24:36un vœu pieux.
24:38Le grand homme a failli.
24:39L'idole
24:40tombe de son socle.
24:45Contesté par ses pairs,
24:46Mao consent
24:47à reconnaître ses torts
24:48pour la seule
24:49et unique fois
24:49de sa vie.
24:50En apparence,
24:53rien ne change.
24:54Le grand timonier
24:54reste à la barre
24:55et ses camarades
24:56continuent à l'ovationner.
24:58Mais en coulisses,
25:00Deng Xiaoping
25:01est moins enthousiaste.
25:03Mao l'inquiète.
25:04Il est devenu imprévisible.
25:07Comme ses camarades
25:08du parti,
25:09il préfère miser
25:10sur Liu Shaoqi,
25:11un homme plus raisonnable.
25:15Mao fait mine de céder.
25:17Il abandonne
25:18la présidence
25:18de la République
25:19à celui qui rassemble
25:20tous les suffrages.
25:23Une fausse retraite
25:24qui n'abuse personne
25:25car il conserve
25:27le vrai pouvoir,
25:28la présidence du parti.
25:31Deng Xiaoping
25:32reste prudent.
25:35Il sait que Mao
25:36n'a pas dit
25:37son dernier mot.
25:37Désormais,
25:46c'est Liu Shaoqi
25:47qui accueille
25:48les délégations étrangères
25:49avec Deng Xiaoping
25:50à ses côtés.
25:53Le tandem
25:53met tout en œuvre
25:54pour penser
25:55les plaies
25:55d'un pays traumatisé.
25:59Le grand bond
26:00est remisé.
26:01pendant trois ans,
26:05les Chinois
26:06reprennent leur souffle.
26:11Deng
26:11dessert le carcan
26:12qui les étouffait.
26:17Il permet
26:18aux paysans
26:18d'exploiter
26:19des lopins individuels
26:20et les récoltes croissent.
26:23Il autorise
26:24l'existence
26:25de marchés libres
26:26et l'approvisionnement
26:27s'améliore.
26:30Au quotidien,
26:32la vie retrouve
26:32un peu de cette douceur
26:33qui faisait tant défaut.
26:36Le dimanche,
26:38les Chinois
26:38reprennent le temps
26:39de flâner en famille
26:40et ils fréquentent
26:42aussi abondamment
26:42les librairies
26:43puisque maintenant,
26:45ils savent lire.
26:50Deng
26:54affiche son pragmatisme.
26:57Un jour,
26:58il déclare
26:58au bureau politique
26:59qu'importe
27:00qu'un chat
27:01soit noir ou blanc
27:02du moment
27:02qu'il attrape
27:03les souris.
27:05Autrement dit,
27:06contrairement à Mao,
27:08il préfère
27:08les experts
27:09au rouge.
27:18Pendant ce temps,
27:20l'ancien président
27:21n'a pas renoncé
27:22à la vie politique.
27:24Bien au contraire.
27:26Il voyage
27:26d'un bout à l'autre
27:27du pays
27:27dans son train personnel.
27:32Dans les villes
27:33préservées
27:33des désastres
27:34du Grand Bon,
27:35son aura
27:35parmi la jeunesse
27:36est intacte.
27:39En abandonnant
27:39l'intendance
27:40à Liu et Deng,
27:42il est devenu
27:42une sorte de sphinx
27:43dont la parole
27:44est sacrée.
27:47L'échec du Grand Bon
27:48l'a fait renoncer
27:49temporairement
27:50aux promesses
27:50de puissance
27:51faites aux Chinois.
27:55Une autre obsession
27:56l'habite à présent,
27:57que Pékin supplante
27:58Moscou
27:59dans le cœur
28:00et l'esprit
28:00des révolutionnaires
28:01du monde entier.
28:04Et pour y parvenir,
28:06il a un plan.
28:06Le 16 juillet 1966,
28:16Mao met en scène
28:17sa réapparition.
28:20Durant plus de deux heures,
28:22il se baigne,
28:23impassible,
28:24dans le fleuve bleu
28:25entouré de jeunes gens.
28:29Le Grand Timonier
28:31adresse un signe
28:31à toute la jeunesse
28:32chinoise.
28:33Il lui signifie
28:36qu'il compte sur elle
28:37pour reprendre le combat
28:38contre les tièdes
28:39qui ont abandonné
28:40leurs idéaux.
28:43La grande révolution
28:44culturelle et prolétarienne
28:46vient de commencer.
28:55Crédules,
28:56étudiants,
28:57collégiens et lycéens,
28:59s'enrôlent par millions
29:00dans une organisation nouvelle,
29:01les gardes rouges.
29:06Mao va en faire
29:07une arme
29:08de destruction massive.
29:16Pour unir à lui
29:17ses foules enthousiastes,
29:19il leur jette
29:19un brévière
29:20qui compile
29:21ses meilleures citations.
29:23Le petit livre rouge
29:24devient la Bible
29:25des gardes rouges.
29:30Mao les flatte.
29:31rusé,
29:38ils désignent
29:38une cible
29:39à leur vindicte,
29:40le parti communiste
29:41chinois,
29:42infesté par les traîtres
29:43qui veulent restaurer
29:44le capitalisme.
29:46A eux
29:47de les démasquer.
29:54Mao ne nomme personne,
29:56mais son slogan
29:56« feu sur le quartier général »
29:59est une invitation
30:00à frapper à sa tête.
30:03Fanatisés,
30:04les gardes rouges
30:04s'exécutent.
30:06Les dirigeants communistes,
30:07petits ou grands,
30:09sont à leur merci.
30:11Des milliers d'entre eux
30:12sont arrêtés,
30:13battus,
30:14torturés
30:14ou humiliés
30:16dans des stades
30:16qui rugissent
30:17de cris de guerre vengeurs.
30:18Les deux plus grandes autorités
30:31du pays
30:31tombent immédiatement.
30:33Liu Shaoqi,
30:34le président de la République,
30:36mourra
30:37suite à de mauvais traitements.
30:39Le sort réservé à Deng
30:41est moins cruel.
30:42Exilé dans une région reculée,
30:45il y travaille
30:45à réparer les tracteurs.
30:46Sur les affiches
30:50qui dénoncent
30:50le tandem renégat,
30:52le fameux chat
30:53dont Deng
30:53avait imprudemment parlé
30:54réapparaît.
30:57Mao
30:57à la rancune tenace.
31:00Les pragmatiques,
31:02les réalistes,
31:03les tièdes
31:04n'ont qu'à bien se tenir.
31:06La Chine tout entière
31:20est saisie par les convulsions
31:21et les troubles
31:22que Mao encourage.
31:24Un chaos
31:24qui lui permet
31:25d'en redevenir le maître.
31:26A l'étranger,
31:31ces images de gourous
31:32entourés de foules en extase
31:34font de lui
31:35une icône pop.
31:36Quand la presse étrangère
31:50interroge
31:50des étudiants francophones,
31:52ce sont des fans
31:53qui répondent.
31:54Nous avons une confiance
31:56très profonde,
31:57absolue
31:58en notre parti
32:00et le président de l'Amand.
32:03Vous ne pensez pas
32:03qu'il pourrait se tromper,
32:04par exemple ?
32:05Non, jamais.
32:06Jamais.
32:07Ils sont toujours,
32:08le parti et le président de l'Amand
32:09sont toujours
32:10très corrects,
32:11justes.
32:12Jamais.
32:13Sept ans plus tard,
32:22la révolution culturelle
32:23s'est pétrifiée.
32:26Depuis son usine de tracteur,
32:28Deng Xiaoping assiste,
32:30accablé,
32:31au ravage causé
32:32par la vanité de Mao.
32:34L'orthodoxie maoïste
32:36est devenue une norme
32:37qui régit la vie des Chinois
32:39à chaque instant.
32:43Les citations de Mao
33:01sont omniprésentes.
33:02Elles ornent les carrefours,
33:04les jardins publics,
33:05les gares et les usines.
33:08La pensée unique règne.
33:13Et pourtant,
33:27les rares visiteurs occidentaux
33:28autorisés à pénétrer en Chine,
33:30pour la plupart des sympathisants,
33:32s'extasient.
33:34Enfin,
33:35les camarades chinois
33:36ont accompli
33:37les promesses du communisme.
33:39La parfaite égalité des classes,
33:40des revenus et des sexes
33:42est une réalité,
33:43disent-ils.
33:49Charmés par la frugalité
33:50des Chinois,
33:52par l'absence
33:52de toute publicité
33:53dans les rues,
33:54la Chine est pour eux
33:55un modèle révolutionnaire.
34:04Mais en réalité,
34:06derrière cette façade
34:07d'optimisme,
34:08la Chine
34:08est en plein chaos.
34:12en purgeant le parti,
34:21Mao a détruit
34:21la colonne vertébrale
34:22du pays.
34:24Deng le vit
34:24comme une catastrophe.
34:30La Chine
34:31a perdu les cadres
34:32qui l'entraînaient
34:33vers le progrès.
34:34Les nouveaux dirigeants,
34:39choisis sur leur dévotion
34:40aux petits livres rouges,
34:41sont le plus souvent
34:42incompétents.
34:45Les usines
34:45tournent au ralenti,
34:47la production
34:47est anémique.
34:53Et surtout,
34:55la matière grise
34:56a disparu.
34:59Pendant trois ans,
35:01les universités
35:01sont restées
35:02porte-clos.
35:04Les 12 millions
35:09d'étudiants
35:09devenus gardes rouges
35:11ont été expédiés
35:11à la campagne.
35:14Après avoir rétabli
35:15Mao sur son trône,
35:16il devenait
35:17trop dangereux.
35:19Mao s'est toujours
35:20méfié des intellectuels,
35:22des instruits,
35:23des experts.
35:24Il a donc préféré
35:25s'en débarrasser.
35:26Aux confins de la Chine,
35:30des millions de jeunes
35:31instruits
35:31végètent dans l'isolement,
35:33la pauvreté
35:34et un ennui infini.
35:35En ville aussi,
35:46l'apathie
35:46s'est emparée
35:47des habitants.
35:48L'euphorie
35:49de début
35:49a laissé place
35:50à la résignation.
35:53Malgré
35:53tous les efforts
35:54consentis,
35:55la grandeur
35:55et le rayonnement
35:56tant espérés
35:57s'éloignent
35:58jour après jour.
35:59Cloîtré derrière
36:16sa muraille,
36:18la Chine
36:18s'enlise.
36:20La répression
36:21atteint
36:21des sommets.
36:23Au cours
36:24de la révolution
36:24culturelle,
36:26une centaine
36:26de millions
36:26de Chinois
36:27ont été
36:27persécutés
36:28et environ
36:293 millions
36:30sont morts.
36:32Mais le pouvoir
36:32a beau chasser
36:33les contre-révolutionnaires,
36:35rien n'y fait.
36:37Le pays
36:37n'avance pas
36:37d'un pouce.
36:40En 1973,
36:42Deng Xiaoping
36:43revient alors
36:43en pleine lumière.
36:45Malgré
36:45leurs différends,
36:47Mao se résout
36:48à le rappeler
36:48auprès de lui.
36:51Le petit homme
36:52retrouve Pékin
36:52et un Mao
36:53qui a beaucoup vieilli.
36:56Il s'exprime
36:57difficilement
36:58et ne se déplace
36:59quasiment plus.
37:01Mais il reste
37:02lucide
37:02et puissant.
37:05En bon soldat,
37:06Deng
37:07tait ses critiques
37:07sur les excès
37:08commis
37:09durant ses années
37:09de purgatoire.
37:12Sa mission
37:13consiste
37:13à extirper
37:14le pays
37:14du marasme
37:15tout en prétendant
37:16qu'il vit
37:17une époque
37:17exceptionnelle.
37:21La Chine
37:22entame alors
37:23une révolution
37:24diplomatique.
37:28Malgré la guerre
37:29du Vietnam,
37:30elle se rapproche
37:31des États-Unis
37:32qui l'ont
37:32longtemps montré
37:33du doigt.
37:37En 1974,
37:39Deng retrouve
37:40aussi la France
37:40où il a séjourné
37:41dans sa jeunesse.
37:46Dans la foulée,
37:47il se rend
37:47à New York
37:48devant l'Assemblée
37:49générale
37:49des Nations Unies.
37:50La Chine
37:51de Mao
37:52vient tout juste
37:53d'accéder au siège
37:54détenu par Taïwan
37:55depuis 1949.
37:58Ses déplacements
37:59lui permettent
37:59de nouer
38:00de multiples contacts.
38:10Kardeng
38:10compte ouvrir
38:11la Chine
38:11à la technologie
38:12et aux capitaux
38:13étrangers.
38:17Sur le plan
38:18idéologique,
38:19il a rompu
38:19les amarres.
38:20La pensée
38:22de Mao Tse-tung
38:23ne l'inspire plus.
38:25Place
38:25au modèle
38:26de Singapour.
38:28En une génération,
38:30la cité-État
38:30du sud-ouest
38:31asiatique
38:32est passée
38:33du sous-développement
38:33au statut
38:34de géant économique
38:35tout en restant
38:37une dictature.
38:40Deng
38:40entrevoit
38:40dans la transposition
38:41de ce modèle
38:42une ère
38:43de prospérité
38:44pour sa patrie.
38:46Or,
38:47les membres
38:48de la faction
38:48la plus radicale
38:49du régime
38:50dirigée par
38:51l'épouse
38:51du président,
38:52le surveille.
38:55Il le soupçonne
38:55de révisionnisme
38:56et ne perde
38:57jamais une occasion
38:58de rapporter
38:59ses faits et gestes
39:00au grand patron.
39:05Mao le sermone.
39:08Tu parles trop
39:08de niveau de vie,
39:10pas assez
39:10de lutte des classes.
39:11La disgrâce
39:14est proche.
39:16Elle survient
39:17en avril 1976.
39:20Alors qu'il agonise,
39:22Mao congédie Deng
39:23comme un domestique.
39:25C'est leur
39:26dernière rencontre.
39:27Le 9 septembre 1976,
39:46le grand timonier
39:47s'éteint.
39:48La radio diffuse
39:50à l'envie
39:50une musique
39:51de circonstance.
39:53Les autorités
39:54l'interrompent régulièrement
39:55pour jeter le nom
39:56de Deng Xiaoping
39:57en pâture
39:58à la foule
39:58des pleureurs.
40:03Accusé
40:04de vouloir
40:04dilapider
40:05l'héritage
40:05de Mao,
40:06Deng
40:07est partagé
40:08entre tristesse
40:08et ressentiment.
40:12Son mentor
40:13n'a pas tenu
40:14ses promesses.
40:20La Chine
40:21reste un pays
40:22sous-développé.
40:22son point
40:25industriel,
40:26culturel
40:26et technologique
40:27est négligeable.
40:29Son rayonnement
40:30et sa grandeur
40:31demeurent une utopie.
40:34Et contrairement
40:35à la propagande,
40:36Mao n'a pas donné
40:37un bol de riz
40:38à tous les Chinois.
40:40Beaucoup
40:40ne mangent pas
40:41encore à leur faim.
40:45Deng
40:45attend son heure
40:46pour donner
40:46enfin à la Chine
40:47un véritable élan.
40:49Indispensable,
40:56il revient
40:56au gouvernement
40:57après la chute
40:57de ses ennemis.
41:01Dès 1977,
41:04il remet le parti
41:04en ordre de marche.
41:06Les dirigeants
41:07écartés par la révolution
41:08culturelle
41:09sont réhabilités.
41:11Fort de leur soutien,
41:13Deng
41:13met les bouchées doubles.
41:14Fin 1978,
41:21tout s'accélère.
41:28En quelques semaines,
41:30la Chine
41:31que Mao
41:31tenait verrouillée
41:32depuis 30 ans
41:32s'ouvre enfin.
41:34Ébahis,
41:56les Chinois
41:57découvrent du jour au lendemain
41:58les plaisirs
41:59dont ils avaient
42:00si longtemps été privés.
42:04Un vent de liberté
42:05souffle
42:05sur tout le pays.
42:08La Chine
42:08sort de sa réserve.
42:20Peu à peu,
42:22l'abondance
42:22remplace
42:23la frugalité
42:23de Naguère.
42:24La production
42:34destinée
42:35à l'exportation
42:36balbutie
42:36ses premiers mots.
42:39Mais ce n'est
42:39qu'un début.
42:43Bientôt,
42:44cette libéralisation
42:45imposée par Deng
42:46agit comme une lame
42:47de fond
42:48qui stimule
42:49l'énergie
42:49de tous les Chinois.
42:51La jeunesse,
42:52durement éprouvée
42:53jusque-là,
42:53retrouve la parole.
42:55Nous croyons
42:56à l'éthicacité.
42:57Autrefois,
42:58nous étions
42:58la politique,
43:00mais nous n'avons pas
43:01appris beaucoup
43:03de choses.
43:04Vous êtes content
43:05de l'ouverture
43:05de votre pays ?
43:06Oui, oui, oui.
43:07C'est très content.
43:09Surtout pour nous,
43:09nous sommes les étudiants
43:10qui apprennent
43:11la langue étrangère,
43:11n'est-ce pas ?
43:13Est-ce qu'on aurait pu
43:13avoir une discussion
43:14comme ça il y a deux ans ?
43:16À ce moment-là,
43:17non,
43:18c'est impossible.
43:19C'est impossible.
43:19Maintenant,
43:19nous n'avons plus
43:20de la liberté
43:20de parler tout ce
43:21que nous pensons.
43:22C'est impossible.
43:25Il y a deux ans,
43:25c'est impossible.
43:26C'est impossible.
43:29Les paysans chinois
43:30sortent du collectivisme.
43:32Ils sont encouragés
43:33à s'enrichir,
43:34à innover,
43:35à exporter.
43:36Et pour que la Chine
43:39accède enfin
43:39au statut de puissance
43:40économique,
43:42Deng rejette une fois
43:42pour toutes
43:43l'idée qu'elle doit
43:44compter sur ses propres
43:45forces.
43:47Et il assume
43:48crânement la rupture.
43:49fraîchement nommé à la tête
44:10du pays,
44:11celui que l'on appelle
44:12déjà le petit timonier
44:13se rend en Amérique.
44:16À ses interlocuteurs
44:17capitalistes,
44:18Deng dépeint
44:19la Chine populaire
44:20comme un eldorado.
44:22Un milliard
44:22de travailleurs
44:23à très bas coût,
44:24avides de se former
44:25aux techniques modernes
44:26et assoiffés
44:27d'un désir
44:28de consommation
44:29inassouvie.
44:30L'oncle Sam
44:31est séduit.
44:32Dès 1979,
44:41la Chine entame
44:42son apprentissage.
44:44Comme elle n'a
44:44aucune expérience
44:45des affaires,
44:46Deng autorise
44:47les premières entreprises
44:48à capitaux mixtes
44:49à s'implanter.
44:51Les Chinois y apprennent
44:52les us et les coutumes
44:53du commerce international.
44:54Beaucoup s'effraient
45:01d'offrir la Chine
45:02en pâture
45:02à la cupidité étrangère,
45:04mais Deng rétorque,
45:06l'ouverture est indispensable
45:07et tant pis
45:08s'il rentre des moustiques.
45:09Dix ans plus tard,
45:34la Chine de Deng Xiaoping
45:36a pris le pas
45:37sur celle de Mao.
45:39En 1989,
45:42son portrait trône
45:43toujours Plastien-Hanmen,
45:45mais il n'impressionne guère
45:46les milliers d'étudiants
45:47qui l'occupent
45:48pour réclamer la démocratie.
45:51La presse étrangère
45:52n'en perd pas une miette.
45:53« Non !
45:54Non !
45:56N'y va jamais !
45:57N'y va jamais ! »
45:58« N'y va jamais ! »
46:00« N'y va jamais ! »
46:02Pour la première fois
46:06depuis 1949,
46:07l'opposition au régime
46:09devient publique.
46:09C'est la rançon
46:12de l'ouverture contrôlée
46:13voulue par Deng Xiaoping
46:15car lui
46:16a tenu ses promesses.
46:19En une décennie,
46:21la Chine s'est transformée.
46:24À deux pas de Tiananmen,
46:26la bourse
46:26est en pleine effervescence.
46:27pour honorer ses premiers millionnaires,
46:42de somptueux palaces
46:43au luxe tapageur se dressent.
46:49La Chine rouge
46:50s'est considérablement enrichie.
46:52sa classe moyenne
46:55ne cesse de croître
46:56et le « made in China »
46:58commence à conquérir
46:59le monde entier.
47:04Peu à peu,
47:05la Chine devient
47:06l'atelier du monde.
47:07Des millions de paysans
47:15quittent la campagne
47:16pour tenter leur chance
47:16en ville
47:17dans l'espoir
47:18d'offrir à leurs enfants
47:19restés au village
47:20un avenir meilleur.
47:24Progressivement,
47:25la société traditionnelle
47:26chinoise
47:27disparaît.
47:27Le parti communiste chinois
47:35entame aussi sa mutation.
47:38Les camarades troquent
47:39sans regret
47:40la vareuse à Colmao
47:41pour les costumes Armani,
47:43mais sans renoncer
47:44à leur rôle dirigeant.
47:47Ils soutiennent
47:48Deng Xiaoping
47:48quand ils décident
47:49d'envoyer les chars
47:50écraser les manifestants
47:52de la place Tiananmen.
47:57Sous-titrage Société Radio-Canada
48:27«China,
48:55Alors que Mao cachait ses crimes, Dengue les étale, quitte à affronter le regard désapprobateur de l'Occident.
49:15Il a sorti la Chine de son isolement, mais il veut que le parti reste le maître.
49:21Ce paradoxe est son héritage.
49:25Deng Xiaoping s'est éteint en 1997, mais c'est bien cet héritage que la Chine a fait fructifier au-delà de ses espérances les plus folles.
49:43En ouvrant le pays, Deng a libéré les énergies prodigieuses qui ont balayé les idéaux et les scrupules de Mao.
49:50Aujourd'hui, la Chine exporte toutes les six heures le même volume de marchandises qu'au cours de toute l'année 1978.
50:00Elle est à présent le lieu où s'élabore la recherche technologique de pointe.
50:05Jamais dans l'histoire, une nation n'a connu une croissance aussi forte pendant trois décennies d'affilée.
50:10Les Chinois eux-mêmes en ont bénéficié.
50:14Les délices et les vices de la société de consommation n'ont plus de secret pour eux.
50:22Pourtant, c'est avec l'effigie de Mao sur tous les billets que la Chine est devenue la banque et le créancier du monde.
50:28Son portrait trône toujours Plastienanmen, mais les cadres du parti qui la dirige encore aujourd'hui font rarement référence à sa mémoire.
50:38Le concept d'économie de marché socialiste est entré dans la Constitution.
50:53Mais la Chine est devenue une puissance capitaliste dont le rayonnement s'impose désormais.
50:59C'est le paradoxe suprême que l'on doit à Deng Xiaoping.
51:02Mao avait juré de hisser la Chine au rang des grandes puissances, mais c'est Deng qui a accompli sa promesse.
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