Crise de la  natalité en France, allons-nous vers un baby crash ? - Vidéo Dailymotion

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Transcript

00:00Sud Radio, l'ère du temps, Serge Guérin.

00:04Bonjour mon cher Serge.

00:06Les hommages du jour mon cher Laurent.

00:08Professeur à l'INSEC, grande école de Paris, auteur de l'essai « Si les vieux sauvaient la planète », c'est aux éditions Michelon.

00:14Je ne sais pas où vous vous situez, mais on a l'impression que vous êtes dans une cave, mon cher Serge Guérin.

00:22Avec vous, on va parler de la crise de la natalité en France,

00:26puisque le taux de fécondité est descendu à 1,38 enfants par femme,

00:30ce qui est bien en dessous du seuil de renouvellement des générations.

00:34Jamais la France n'avait enregistré aussi peu de naissances depuis la Seconde Guerre mondiale.

00:38C'est vraiment du jamais vu ?

00:40C'est vrai qu'on est dans une période un petit peu particulière.

00:43Alors, ce n'est pas que la France, c'est quasiment le monde entier,

00:45hormis le continent africain et quelques pays du Moyen-Orient.

00:48Sinon, on a l'impression que c'est, je ne sais pas, début de la fin.

00:53Début de la fin ?

00:55La population est en train de s'auto-réguler elle-même,

00:57de dire on était trop nombreux, on a fait le bazar,

01:00et donc on va se calmer.

01:01Il y a quelque chose comme ça d'assez inquiétant.

01:04Pour la France, c'est un autre pays juste pour se rendre compte.

01:08Un pays comme la Corée du Sud.

01:10La Corée du Nord, on ne connaît pas grand-chose.

01:12La Corée du Sud, dans les années 1950,

01:14il y avait 7 enfants par femme.

01:16Je rappelle, sans vous avoir choqué nos émiseurs,

01:17qu'à la fin, c'est généralement les femmes qui donnent naissance.

01:20Avant, il a fallu un partenariat entre deux sexes complémentaires,

01:25pour faire un enfant.

01:27Maintenant, c'est un petit peu autrement.

01:28Globalement, depuis que le monde est monde,

01:30ça marche un peu comme ça.

01:31Et donc, il faut deux personnes pour faire un enfant.

01:35Donc, si on peut renouveler les populations,

01:38il faut que les femmes donnent naissance,

01:39en moyenne, à un tout petit peu plus de deux enfants par femme.

01:42Donc, en Corée, on était à 7 enfants par femme dans les années 1950.

01:48Aujourd'hui, on est à 0,7 enfants par femme.

01:50Vous voyez ?

01:51Donc, une chute assez incroyable.

01:52Et moins que vous faites d'enfants,

01:55plus la génération d'après aura du mal,

01:57même si elle en faisait plus,

01:58avant que ça renonce,

01:59il faudrait des dizaines et des dizaines d'années.

02:01On voit bien que, par exemple, en Corée,

02:04on est déjà dans l'idée d'à peu près mesurer

02:06à quel moment va naître le dernier Coréen.

02:09Vous avez plein de mouvements là-bas,

02:10avec des t-shirts du genre dernière génération,

02:12des choses comme ça.

02:13Donc, il y a vraiment un truc un peu...

02:15Vous vous souvenez des punks des années 70 ?

02:17Nos futurs ?

02:18Il y a un petit peu ça, quand même.

02:19Surtout, chez les jeunes générations.

02:21Nos futurs...

02:22Justement, parlons, revenons en France,

02:24mais parlons des raisons

02:25pour lesquelles les Français font moins d'enfants.

02:27Serge Guerin, forcément.

02:27Voilà, on dit souvent des arguments économiques,

02:31socio-économiques.

02:32Les enfants, ça coûte cher aussi.

02:36Et puis, chez les jeunes générations,

02:38il y a effectivement une véritable inquiétude

02:40quant à leur avenir.

02:42Oui, c'est vrai que c'est étonnant aussi.

02:44Ce qui est très intéressant aussi,

02:45c'est que, peut-être que c'est le premier élément,

02:47c'est qu'avant, faire famille,

02:49c'était au minimum deux, voire plutôt trois enfants,

02:52dans l'imaginaire des gens.

02:54Aujourd'hui, faire famille,

02:56ça peut être faire pas d'enfants du tout.

02:58Cette notion-là, elle a beaucoup changé.

03:00Réussir sa vie,

03:01c'est pas nécessairement intégrer le fait

03:04d'avoir des enfants, par exemple.

03:05Alors qu'avant, ça faisait partie du truc normal.

03:09Oui, il y a des émancipations peut-être

03:10plus individuelles aujourd'hui.

03:12Effectivement, on n'est plus forcément

03:13dans le côté, le pavillon,

03:15la famille papa-maman, quoi.

03:17C'est un petit peu ça, la famille PME,

03:18papa-maman-les-enfants.

03:20PME, ah, tu ne connaissais pas.

03:22Elle est un peu terminée.

03:23Elle est concurrencée par la famille M tout court

03:28ou P tout court, et donc pas d'enfants,

03:30ou PPMN, ou voilà.

03:32Et puis le E, le SK3, il est plutôt,

03:35pour une grande partie de la population aujourd'hui,

03:36il est plutôt à 1, voire 0.

03:39Il faut se rendre compte, par exemple,

03:41dans les années 2005,

03:43ne pas avoir 0 ou 1 enfant,

03:45pour les hommes, c'était 15% qu'ils m'aient dit ça.

03:48Aujourd'hui, pour les 18-29 ans,

03:50c'est plutôt 35% pour les hommes.

03:52Vous voyez, vraiment, les chiffres,

03:54pour les filles, c'est pareil,

03:56on était passé de 12 à 27% de gens

03:58qui disent, bon, pas d'enfants

03:59ou un seul enfant me convient très bien.

04:01Donc, il y a vraiment cet éloi-là.

04:02Alors, est-ce que ça me convient

04:03ou est-ce que c'est ce que je vais faire

04:05parce que la situation conduit

04:07à cet éloi-là ?

04:09Alors, c'est vrai que tout ce qui est économique

04:11joue, c'est-à-dire que c'est un coût,

04:13tout simplement, d'avoir des enfants,

04:14ça coûte cher.

04:15Il y a un même qui avait mesuré

04:16par rapport au nombre de chambres

04:17que ça représentait

04:18ou le nombre de mètres carrés

04:19qu'on perdait à investir dans les enfants.

04:21L'investissement est quand même le bon

04:23puisque normalement,

04:24c'est pour développer ses enfants

04:25qu'il y a une grande, et ainsi de suite.

04:27Il y a certainement,

04:28et c'est dit à chaque fois,

04:29donc il y a l'aspect économique

04:30et puis il y a la peur de l'avenir,

04:32d'une manière ou d'une autre,

04:33la peur de l'avenir.

04:34L'éco-anxiété dont on parle tant, oui.

04:36Oui, exactement.

04:37Tous ces éléments-là,

04:38ça joue beaucoup.

04:39Il y a aussi, il faut bien le dire,

04:40une peur des responsabilités.

04:42C'est-à-dire que quand même,

04:43c'est beaucoup de problèmes.

04:46Et du coup,

04:46je n'ai pas envie nécessairement

04:47de m'en préoccuper.

04:50C'est aussi tout simplement

04:51une peur de l'engagement.

04:52Je suis fait de l'enfant,

04:53mais avec qui ?

04:54Est-ce que la personne avec qui

04:55j'ai l'intention de le faire,

04:56est-ce que je suis encore avec lui

04:57ou avec elle dans tant de temps ?

04:59Donc il y a aussi cette notion-là

05:00d'avoir plus de difficultés

05:01à se projeter dans l'avenir

05:02et il y a une certaine crainte

05:04des responsabilités de l'avenir.

05:05Donc tout ça,

05:06ça joue de manière extrêmement importante.

05:10Et on en avait parlé,

05:10Serge Garin,

05:11aussi avec vous.

05:12Toutes les politiques natalistes,

05:13on se souvient de l'expression

05:14qui avait provoqué des polémiques

05:17du président Macron

05:19qui parlait de son plan

05:19de réarmement démographique.

05:21On a l'impression que

05:22toutes les politiques natalistes

05:23ou les incitations financières,

05:25ça ne marche pas en fait.

05:27En tout cas,

05:28c'est très très largement insuffisant.

05:30Bien sûr que si on organise mieux les choses,

05:32si le partage des tâches domestiques s'améliore,

05:34tout ça favoriserait.

05:35Mais ça ne suffira pas.

05:36Personne ne fait des enfants.

05:38Peu de gens font des enfants

05:39pour de l'argent.

05:40Ce n'est pas ça le sujet.

05:42On ne paye pas,

05:43on ne rémunère pas le désir d'enfant.

05:44C'est-à-dire une question

05:45de désir, d'imaginaire, d'envie,

05:47de capacité à se projeter.

05:49Si je ne me sens pas bien,

05:50si j'ai du mal à me projeter dans l'avenir,

05:52je ne vais pas faire des gosses.

05:53Donc c'est vraiment aussi d'abord

05:57de quoi on va parler,

05:59de quelle société on veut faire.

06:01Quand il y a une société

06:01qui est en plus en insécurité,

06:03quand il y a une société qui dit

06:04que la France est plutôt

06:05dans une logique de déclin,

06:07tout ça,

06:08n'aide pas à faire des enfants.

06:09Le problème,

06:09c'est quand on regarde autour,

06:10c'est dans les autres pays,

06:11ce n'est pas mieux.

06:12Du coup,

06:12il y a quand même

06:12un espèce de mouvement.

06:14Je mets l'Afrique de côté.

06:15Encore une fois,

06:16le vieux continent

06:18n'aura jamais porté

06:19aussi bien son nom.

06:20C'est clair.

06:21C'est un continent de Dieu,

06:23d'une certaine manière.

06:24C'est ça.

06:25C'est intéressant,

06:25je regardais le directeur

06:27de la plus grande école de commerce,

06:29la plus grande école en Italie,

06:31qui s'appelle la Bocconi,

06:32c'est Francesco Billaghi,

06:33et c'est un démographe.

06:35Vous voyez,

06:35comme si,

06:36là aussi,

06:36on commençait à se dire

06:37que c'est vraiment

06:38un des enjeux absolument magnifiques.

06:40Et qu'on adapte une société,

06:41adapter une société

06:42à ce vieillissement,

06:43c'est quoi ?

06:43On travaillera plus longtemps.

06:45Ah bah ça,

06:46là,

06:46on est dedans.

06:48En ce moment,

06:49ça c'est sûr.

06:51L'autre dit,

06:52oui mais c'est pas grave,

06:53avec les robots

06:53et l'intelligence artificielle,

06:54on va débrouiller.

06:55C'est quand même

06:55des cas inhumains

06:57si tout fait par des robots.

06:59Et je ne suis pas sûr

06:59que les robots

07:00et l'intelligence artificielle

07:01donnent envie

07:02de faire des enfants.

07:02Parce que du coup,

07:03on peut aussi avoir

07:03des enfants.

07:04Et de moins en moins

07:05il y a de gens,

07:06de moins en moins

07:06il y a d'humanité,

07:07de moins en moins

07:08on a envie de faire des humains.

07:10Qui payera nos retraites ?

07:13On le verra.

07:13On en reparlera avec vous,

07:14mon cher Serge Guérin

07:16parce qu'on arrive

07:16à la fin de cet entretien

07:17dans ce grand vieillissement aussi.

07:21Merci beaucoup

07:21d'avoir été avec nous Serge.

07:22Et puis on vous retrouve

07:23bien sûr samedi prochain.

07:25Merci Serge Guérin.

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