- il y a 4 mois
Tous les samedis et dimanches, Anne Seften vous accompagne sur BFMTV avec deux heures d'information. Reportages, pédagogie et nos invités pour comprendre l'actualité, même le weekend.
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00:00C'est une histoire tout à fait surprenante dont nous allons vous parler à présent.
00:04C'est une information BFM TV que vous nous révéliez hier, Boris Karlamoff,
00:08avec notamment vos équipes Maxime Klierusa et Lucie Norlog,
00:12un détenu qui s'est échappé vendredi de la maison d'arrêt de Corbat, on est près de Lyon.
00:16L'administration pénitentiaire s'en est aperçue hier.
00:19Ce qui surprend, c'est la façon dont il s'est échappé, Boris.
00:21On a l'impression d'être dans un film.
00:23Oui absolument, il est âgé de 20 ans, ce détenu,
00:25et il était incarcéré dans la prison de Lyon-Corbat.
00:30Il a quitté cette prison d'une manière assez inédite ce vendredi matin,
00:34puisque selon le parquet de Lyon à BFM TV,
00:36il aurait profité de la remise en liberté en fin de peine de son co-cellulaire
00:40pour se cacher dans l'un des sacs de ce dernier.
00:43En l'espèce, il s'agit d'un sac à linge.
00:46L'évasion a été constatée que le lendemain, peu après 13h,
00:49donc il y a un délai de plus de 24h entre la commission des faits
00:52et le fait que les services de gendarmerie de l'administration pénitentiaire
00:55soient avisés de son évasion.
00:57Cet homme, il exécutait plusieurs peines d'emprisonnement
01:00et faisait par ailleurs l'objet d'un mandat de dépôt
01:01dans le cadre d'une information judiciaire
01:03liée à la criminalité organisée.
01:06Il y a une inspection qui a été diligentée par le garde des Sceaux,
01:10Gérald Darmanin, une enquête interne du côté de l'administration pénitentiaire
01:13pour identifier les failles dans cette évasion,
01:17et puis surtout l'enquête judiciaire,
01:18cette fois-ci diligentée par le parquet de Lyon,
01:21une enquête confiée à la division de la criminalité organisée et spécialisée du Rhône.
01:25Cet homme est toujours activement recherché au moment où l'on se parle.
01:28Alors vous restez avec moi Boris, puisqu'on accueille un invité exceptionnel sur BFM TV.
01:32Sa parole est rare, Sébastien Coel.
01:33Merci d'être là.
01:34Vous êtes le directeur de l'administration résidentielle,
01:37le patron des prisons.
01:39J'aimerais que vous reveniez tout d'abord sur les faits tels que vous les connaissez.
01:42Qui est ce suspect tout d'abord ?
01:43C'est effectivement un détenu de nationalité française de 20 ans,
01:48qui a déjà un parcours pénal assez ancien,
01:50puisqu'il était déjà incarcéré en tant que mineur il y a quelques années,
01:55qui est incarcéré pour différentes condamnations dans des faits mineurs,
02:00en tout cas des condamnations de quelques mois d'emprisonnement
02:03pour des faits liés à des trafics ou des vols assez classiques,
02:08mais sans ampleur importante.
02:09Il est aussi en instruction, dans une instruction criminelle,
02:13pour une association de malfaiteurs et un meurtre en bande organisée.
02:18C'est un détenu qui, aujourd'hui, n'est pas suivi par le renseignement pénitentiaire,
02:22qui n'est pas identifié ni comme un haut de spectre,
02:25ni même comme un lieutenant d'une organisation criminelle.
02:29Ce n'est pas non plus un détenu qui est classé parmi les particulièrement signalés.
02:33Ce qui surprend, c'est la façon dont il s'est évadé.
02:36Quel est le genre de sac qu'il a utilisé ?
02:38Racontez-nous ce qu'il s'est passé. Comment cela se serait passé ?
02:42Effectivement, il a profité de la libération de l'un de ses co-cellulaires.
02:45Ils étaient trois en cellule.
02:47L'un de ses co-cellulaires était libérable vendredi matin.
02:52Il a profité de la complicité de son co-cellulaire pour se cacher dans un gros sac de linge
02:58et profité de la levée des croûts de ce détenu pour pouvoir s'extraire et s'évader de cet établissement.
03:05C'est évidemment un phénomène qui est extrêmement rare, que nous n'avons jamais connu dans cette administration
03:11et qui révèle manifestement toute une série de dysfonctionnements,
03:15des dysfonctionnements graves, des dysfonctionnements inadmissibles.
03:18C'est la raison pour laquelle j'ai immédiatement demandé une enquête interne à l'établissement.
03:23C'est aussi la raison pour laquelle le garde des Sceaux a immédiatement diligenté
03:27une inspection de l'inspection générale de la justice.
03:30Comment expliquer qu'il se soit échappé le vendredi et ça a mis 24 heures pour que la prison s'en aperçoive ?
03:36C'est-à-dire que certains disent mettre le doigt sur la surpopulation carcérale, notamment.
03:42Il y a eu à ce sujet d'ailleurs des rapports qui ont été faits sur cette prison en particulier.
03:46C'est évident que nous connaissons une période de suroccupation de nos établissements pénitentiaires.
03:52Aujourd'hui, nous avons 85 000 détenus pour un peu moins de 63 000 places.
03:56Cet établissement connaît un taux d'occupation qui est d'environ 170 %.
04:02Et donc, ça rend les conditions de travail de nos agents plus compliquées.
04:06C'est une évidence.
04:07Mais ce qui est révélé par ces faits, par cet incident,
04:12est plutôt une accumulation d'erreurs, d'erreurs matérielles, éventuellement de fautes,
04:16que l'enquête verra, mettra éventuellement lumière à ce qu'elles nous tireront l'ensemble des conséquences.
04:21En l'espèce, il me semble que les défaillances sont plus des défaillances humaines
04:25que des défaillances purement liées à la surpopulation carcérale
04:28qui, effectivement, touche un certain nombre d'établissements, dont celui-ci,
04:31et qui rend le travail de nos agents plus compliqué.
04:33Mais en l'espèce, nous aurions dû, l'établissement aurait dû éviter cette évasion.
04:38Et sans l'apercevoir aussi plus tôt, peut-être aussi.
04:40Certainement.
04:40Vous disiez qu'il y avait donc trois détenus dans cette cellule.
04:44Il en manquait deux.
04:45Le premier était en fin de peine, donc il a pu sortir librement de cette prison.
04:48Et puis il y avait le deuxième qui s'est évadé.
04:51Aucun surveillant, l'après-midi, le vendredi d'après-midi, le soir,
04:54n'a constaté l'absence de ce détenu qui s'est évadé vendredi matin ?
04:58Encore une fois, l'enquête montrera ce qu'il s'est passé.
05:01Et ce qui est certain, c'est que, compte tenu des taux d'occupation,
05:04à chaque fois qu'un détenu est libéré, sa place est immédiatement remplacée par un autre détenu.
05:08Donc très rapidement, la place du détenu libéral a été remplacée par un autre détenu
05:12qui a été affecté dans cette cellule-là.
05:14Ce qui peut éventuellement avoir entraîné, chez les surveillants qui ont travaillé
05:18sur cette coursive-là pendant cette journée-là,
05:20une forme d'incompréhension ou peut-être d'absence de vigilance suffisante.
05:24Mais je le redis, il y a eu des absences de vigilance nécessaires, suffisantes.
05:29Et j'ai d'ailleurs immédiatement repassé des consignes à l'ensemble des établissements pénitentiaires français
05:34pour les appeler à la plus grande rigueur dans les procédures de lever des coups,
05:37mais également dans les contrôles d'effectifs à plusieurs reprises dans la journée.
05:40La piste d'éventuelle complicité au sein même de la maison d'Arier,
05:43elle est étudiée aujourd'hui de près ?
05:45Ou c'est une piste qui est d'ores et déjà écartée ?
05:47Complicité entre la surveillante et le dit détenu ?
05:50Aujourd'hui, il n'y a aucun élément qui permet de mettre en lumière ce type de phénomène.
05:57Donc il y a une enquête judiciaire qui est en cours,
05:58qui est menée par le parquet, qui regardera les choses.
06:01Mais aujourd'hui, je n'ai aucun élément qui me permette de dire qu'il y a une complicité interne.
06:05Nous étions il y a quelques minutes avec Jean-François Fouglière-Rénault,
06:07que vous devez connaître, secrétaire général du syndicat national et directeur pénitentiaire.
06:11Il avait deux questions à vous poser. On l'écoute, je vous reprends juste après.
06:14La première, c'est par rapport à cet effort RH au niveau des surveillants pénitentiaires.
06:21Il y a bientôt deux ans, nous avons travaillé avec l'administration centrale
06:24sur un projet de recrutement de surveillants contractuels
06:27pour venir en renfort et pour former des jeunes personnes à nos métiers
06:33et ensuite leur faire passer les concours et avoir des gens qui savent là où ils vont travailler.
06:37Parce qu'on a aussi beaucoup de démissions.
06:39Donc où en est ce projet ?
06:41La deuxième question, c'est par rapport à nous, en tant que directeur pénitentiaire,
06:45que ce soit directeur de prison ou directeur de SPIP,
06:47quels sont en fait les projets pour nous apporter des soutiens sur cette situation très tendue
06:54qui dure depuis déjà plusieurs mois ?
06:57Alors je vous laisse lui répondre.
06:58Lui, il disait aussi, il avait le sentiment, parce qu'on le faisait réagir à ce drame,
07:01qu'on mettait tout sur les prisons à haute sécurité,
07:04à savoir, bon, il y aura 250 personnes à l'habilité pour une centaine de détenus seulement,
07:09alors que c'est bien plus,
07:10et qu'au détriment de la sécurité et des moyens dans les eaux de prison ?
07:15Non, ce n'est pas exact.
07:17La réalité, c'est qu'aujourd'hui, nous nous battons,
07:20le garde des Sceaux se bat actuellement dans la construction du budget 2026
07:24pour obtenir les moyens suffisants et les effectifs suffisants
07:27avec une vraie ambition de rattraper des difficultés RH
07:31que nous connaissons depuis maintenant plusieurs années,
07:33si ce n'est plusieurs dizaines d'années.
07:35Donc il y a une vraie volonté du garde des Sceaux
07:37de pouvoir, dans la construction budgétaire,
07:39doter les établissements pénitentiaires,
07:41les personnels pénitentiaires,
07:43de moyens humains et des moyens matériels tout à fait suffisants.
07:47Alors, une question qui est posée
07:48est de savoir pourquoi nous ne recrutons pas
07:50des personnels de surveillance contractuelle.
07:53Cette possibilité-là est une possibilité nouvelle,
07:56mais qui ne doit se mettre en place que dans l'hypothèse
07:58où nous n'aurions pas réussi à recruter les personnels,
08:01des personnels titulaires par voie de concours.
08:03Or, aujourd'hui, l'ensemble des personnels qui me sont dotés,
08:07dont l'administration pénitentiaire est dotée
08:09par la loi de finances, sont recrutés.
08:11Donc je n'ai pas de postes vacants
08:12qui me permettent de recruter un personnel contractuel.
08:15Donc aujourd'hui, les concours sont complets.
08:17Le métier est devenu attractif
08:18grâce à une évolution statutaire importante
08:21d'il y a maintenant une année, une année et demie.
08:24Et donc, je n'ai pas la possibilité aujourd'hui
08:25de recruter des personnels contractuels.
08:27Sur ce qui est fait pour les personnels de direction,
08:30encore une fois, les personnels de direction
08:31font comme l'ensemble des personnels pénitentiaires
08:33un travail admirable.
08:34Je tiens vraiment à le dire.
08:36Les personnels pénitentiaires de surveillance,
08:38personnels de direction, d'insertion et de probation
08:39font un travail excessivement exigeant,
08:42excessivement difficile,
08:43dans des contextes parfois très compliqués.
08:45Et je crois qu'ils sont régulièrement
08:47les derniers remparts de la République.
08:49Il faut leur en savoir gré.
08:52Pour les personnels de direction
08:52qui dirigent effectivement des structures
08:54extrêmement complexes,
08:55dans des conditions qui sont parfois très compliquées,
08:58évidemment, nous les accompagnons énormément.
08:59Il y a eu des évolutions statutaires importantes
09:02ces dernières années.
09:04Nous les donnons aussi un maximum d'outils
09:07pour pouvoir travailler dans des meilleures conditions.
09:10Et nous essayons de les accompagner quotidiennement
09:12pour faire en sorte qu'ils soient en capacité
09:14d'assumer leurs responsabilités.
09:15Merci Sébastien Coel.
09:16Merci d'être venu dans le live,
09:18directeur de l'administration présidentielle.
09:20Oui, pénitentiaire, l'absus.
09:22Patron des prisons.
09:23Merci d'avoir été mon invité.
09:25Merci Boris Karlamoff.
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