00:13Plein phare sur le marché marocain de l'auto.
00:16Un marché en pleine effervescence.
00:18Alors que le monde entier cale parfois face aux incertitudes économiques.
00:23Le Maroc nu met le turbo avec une croissance spectaculaire de ses ventes de voitures neuves.
00:29Noté d'une envolée annuelle de 36% à fin avril.
00:33C'est dynamique bien huilée par une reprise du pouvoir d'achat et une offre de véhicules plus innovantes que jamais.
00:39Cela dessine un paysage automobile en pleine mutation où les marques établies passent à la vitesse supérieure
00:46en voyant débarquer des acteurs émergents aux croissances fulgurantes.
00:51Mais au-delà des chiffres, quelles sont les forces profondes qui animent ce marché
00:54et quelles sont les implications pour les consommateurs et l'avenir de l'industrie qui semble rouler à plein régime.
01:00Pour répondre à ces questions, je reçois aujourd'hui mon confrère,
01:04Mouleh Ahmed Belriti Alawi, rédacteur en chef au quotidien.
01:07Les inspirations à Éco, merci de répondre à nos questions. Bonjour.
01:11Bonjour, merci, c'est un honneur. Merci.
01:13Alors, les facteurs d'abord derrière cette croissance exceptionnelle.
01:17Est-ce qu'on peut déjà parler d'une croissance exceptionnelle ?
01:20Évidemment qu'on peut parler d'une croissance exceptionnelle parce que, je vous rappelle,
01:23je vais faire un tout petit retour en arrière,
01:26le Covid a blackouté tous les constructeurs automobiles, tout le monde.
01:35Donc, à un certain moment, le marché était dans une situation catastrophique pendant au moins une année.
01:41Ensuite, il a repris petit à petit, grâce notamment à des ingrédients qui sont tout à fait naturels.
01:48On a un retour du tourisme qui est très important dans ce domaine-là.
01:53Le tourisme est énormément pourvoyeur d'achats de voitures.
01:58Nous avons aussi les loueurs qui ont fait un retour fulgurant aussi par rapport à l'achat de voitures.
02:06À un certain moment, compte tenu de l'incertitude, ils ne savaient pas quoi faire.
02:10Donc, ils avaient arrêté leur commande.
02:12Maintenant, il y a un retour en force.
02:14Il faut savoir que les loueurs représentent 40% des ventes de véhicules pour particuliers.
02:23Ce qui est tout à fait énorme.
02:25Oui, tout à fait.
02:26Troisième, j'allais dire troisième facteur, tous les projets structurants du pays,
02:31la Cannes en décembre, la Coupe du Monde en 2030.
02:35Donc, tout ça fait que les PME, les entreprises s'équipent.
02:40D'où il y a aussi une fulgurance ou un développement exponentiel des VUL, du véhicule utilitaire,
02:47qui sert justement pour les entreprises, pour qu'elles s'équipent, pour qu'elles, quand elles investissent, pour qu'elles aillent faire leurs besoins, j'allais dire leurs activités.
03:00Donc, elles ont besoin en général de s'équiper en automobile.
03:04Donc, tout ça fait… Il y a un dernier facteur qui est un facteur rattrapage.
03:09Comme je vous parlais de Covid.
03:11Donc, on rattrape à peu près tout ce qu'on a perdu pendant ces périodes-là, les 5 années du Covid en guillemets.
03:20Donc, ce sont les différents facteurs.
03:24Évidemment, in fine, la demande.
03:26La demande qui est là.
03:27Les consommateurs.
03:28Oui, la demande du consommateur qui achète des voitures.
03:31Aussi simple que ça.
03:32Donc, ça veut dire qu'en fait, il y a des facteurs macroéconomiques aussi
03:39qui font que le consommateur a plus tendance à investir dans un bien durable, si on peut appeler la voiture un bien durable.
03:46Effectivement.
03:47Enfin, bien durable plus ou moins.
03:49Entre guillemets, oui.
03:50De nos jours, on a tendance à le rendre moins durable.
03:53Ça devient un produit, entre guillemets, utilitaire.
03:56Qu'on utilise et qu'on rachète à frein.
03:59Qu'on vend et qu'on rachète.
04:00Enfin, je veux dire, il n'y a même plus la notion de propriété dans les pays européens, par exemple.
04:04Est-ce que ces facteurs pourraient continuer à booster le marché
04:07ou au contraire contribuer à peut-être un freinage pour le deuxième semestre 2025 ?
04:13Alors, historiquement et traditionnellement, le marché, en deuxième partie,
04:19en deuxième semestre est toujours un peu plus faible que le premier trimestre de manière historique.
04:24En revanche, on peut toujours s'attendre.
04:26D'ailleurs, tous les professionnels et les distributeurs importateurs, tous tablent sur…
04:34Nous allons battre un record cette année.
04:38Nous n'aurons forcément pas la même progression…
04:41Un record par rapport à post-Covid, à pré-Covid.
04:44Un record historique, déjà.
04:46Ah oui.
04:47Alors, le record, si je m'abuse, je ne voudrais pas donner des chiffres sans être très sûr,
04:52mais je pense que le record absolu, c'est 185 000 voitures au Maroc.
04:57Donc, cette année, tout le monde, tous les observateurs sont convaincus
05:02que le marché dépassera largement les 200 000, la fameuse barre des 200 000 véhicules neufs par an.
05:09Surtout qu'à fin juin, 112 000 véhicules ont déjà été écoulés.
05:15Alors, parlons à présent par segment. Il y a bien sûr les marques qui sont historiques, qui sont bien établies,
05:23mais on voit qu'il y a de nouvelles marques qui émergent, notamment venant d'Asie.
05:28Comment les marques historiques devraient adapter leur stratégie pour contrebalancer,
05:35finalement, cette arrivée massive de véhicules qui sont bon marché et aussi qui sont dans l'électrique ou l'hybride.
05:43D'accord. Donc, concrètement, les acteurs historiques n'ont aucune crainte.
05:49De toute manière, le marché est capable d'absorber de nouveaux acteurs
05:55parce que notre marché marocain, nous ne sommes pas assez équipés en termes de voitures
06:01par rapport à des pays développés, plus développés que nous.
06:05La proportion est vraiment, elle est énorme, la différence, le delta entre nous et les autres pays.
06:12Donc, on a, le marché peut absorber de nouveaux acteurs, déjà dans un premier temps.
06:18Dans un second temps, les acteurs historiques continuent, ont leur nom et ça, c'est primordial.
06:25Les Chinois, les gens ne connaissent pas encore. Donc, ils sont en train de se faire connaître au Maroc.
06:31Ce qui est normal. Vous savez qu'aujourd'hui, on a onze marques chinoises qui sont arrivées entre deux ans, il y a deux ans,
06:38et maintenant, onze marques, et il y en a encore à venir. Et elles ont tout à fait leur place, en même temps que les autres,
06:44que les constructeurs historiques, qui continuent à vivre. Certes, certains, pour ne pas citer certains qui ont perdu,
06:53ce n'est pas forcément à cause de la concurrence, c'est à cause aussi de leur produit, de leur line-up qui n'est pas complet ou qui n'est pas assez important.
07:04Vous voyez ce que je veux dire ? Donc, je pense, je pense clairement que le marché est encore ouvert et il y a une possibilité pour tout le monde.
07:11En parlant, alors, l'offensive des Chinois, alors, les Chinois ne peuvent pas venir avec un moteur thermique.
07:23Pourquoi ? Parce que, justement, les constructeurs historiques ont déjà tout fait au niveau du moteur thermique.
07:29Donc, ils ont créé l'énergie électrique et l'hybride, justement, pour contrer et venir avec une offre neuve que personne n'a, entre guillemets.
07:42Est-ce que les marques classiques ont atteint cette maturité de l'électrique, ont atteint les Chinois ?
07:50Effectivement, oui. Je peux le dire parce que, de toute manière, un client en général, un client, quand il a une Audi électrique,
07:59et une BYG électrique, je pense que le choix va être fait, va être porté sur la Audi.
08:08Pourquoi ? Parce que c'est une marque qui est déjà préétablie.
08:11On connaît, elle a peut-être une valeur résiduelle et ça, c'est très important dans le marché marocain.
08:16La valeur résiduelle est primordiale.
08:18Avant d'acheter une voiture, on réfléchit déjà à la valeur résiduelle, à comment on va pouvoir la revendre.
08:25Donc, en cela, les Chinoises, on n'a pas encore assez de recul.
08:29Les marques traditionnelles, Dacia, Renault, toutes ces marques-là, tout le monde les connaît et elles ont une valeur résiduelle assez forte.
08:40Oui, mais on le voit, enfin, ce que je veux dire sur l'électrique, c'est encore marginal en volume.
08:45C'est certain.
08:46Vous en conviendrez.
08:47Mais une progression, quand même, qui reste rapide.
08:49D'abord, un mot sur les prévisions, d'abord sur l'état du marché, on en a parlé, mais aussi sur les prévisions à venir
08:57par rapport à cette motorisation alternative, soit l'hybride ou encore l'électrique, chez nous au Maroc.
09:04Alors, comme on dit, toute chose est égale par ailleurs. Le problème, c'est qu'au Maroc, on part de zéro.
09:12Donc, quand on part de zéro, on ne peut que exploser. Et c'est ce qui se passe actuellement.
09:17Pour le moment, c'est encore complètement marginal, voire confidentiel.
09:22On est sur 3% de part de marché des voitures électrifiées, hybrides et électriques.
09:29L'électrique, on est quasiment, c'est quasiment, c'est rien du tout en termes d'électrique.
09:35Donc, il y a un passage d'abord vers l'hybride, ensuite, aller vers l'électrique.
09:40Donc, pour vous dire qu'on n'est pas encore au stade que l'on veut en termes d'électrification.
09:48Parce qu'il y a pas mal de freins. D'abord, le frein du prix.
09:53Le prix, en général, de l'électrique est plus cher que le prix d'une voiture thermique.
09:59Chez les constructeurs européens ?
10:02Chez tout le monde. Même chez les Chinois.
10:04D'accord.
10:05Certains commencent à être très offensifs par rapport au prix, justement, pour casser ce frein-prix.
10:13L'autre frein, c'est les infrastructures et le frein psychologique.
10:18Donc, les infrastructures, malheureusement, on n'a pas encore un réseau bien établi de bornes de recharge
10:25qui pourrait vous enlever, j'allais dire, la crainte de tomber en panne et de ne pas savoir quoi faire.
10:31Vous voyez ce que je veux dire ?
10:32Et ça, c'est très important pour le Marocain et pour n'importe quel consommateur.
10:36Mais surtout que ça peut arriver. En effet, ça arrive avec le moteur diesel, comme ça peut arriver pour un moteur électrique.
10:45Effectivement.
10:46Est-ce qu'il y a d'autres freins ?
10:47Est-ce que, par exemple, le gouvernement ne peut pas mettre en place des mesures incitatives pour encourager ?
10:54C'est déjà le cas.
10:55C'est déjà le cas.
10:56Des mesures incitatives, à savoir l'exonération des frais d'importation et l'exonération aussi de la taxe de luxe
11:03quand il s'agit de voitures au-delà de 500 000 dirhams et de l'exonération de la vignette.
11:11Sauf qu'on doit aller plus loin.
11:15Je pense qu'il faudrait aider les opérateurs privés à mettre en place des réseaux de bornes.
11:23Je pense que c'est en cela qu'il faudrait agir.
11:26Alors, de manière beaucoup plus globale, on a commencé par la dynamique actuelle du marché,
11:32les prévisions pour 2025-2026, selon vous, Moulehmed Boudriti Alawi.
11:37Est-ce qu'on va rester sur ce trend haussier ?
11:40Et aussi, est-ce que, finalement, l'accès au financement permet aussi,
11:46la facilité à l'accès au financement permettrait aussi de maintenir cette tendance, voire de l'augmenter ?
11:52100%, c'est déjà le cas, l'accès au financement.
11:55Sans financement, on n'aurait pas eu cette fulgurance de l'automobile.
11:58Ça, c'est sûr et certain.
11:59Le financement est un vecteur, j'allais dire, le vecteur principal pour ces évolutions fulgurantes et exponentielles.
12:11Aucun bémol à venir, selon vous, si elle est dégagée pour le marché auto, pour les mois, les années à venir ?
12:18Je pense.
12:19Notamment avec la canne et la coupe du monde ?
12:22Au moins jusqu'en 2030, je pense qu'on sera dans un marché assez porteur.
12:29Très bien. Merci beaucoup, Moulin Ahmed Bilreti Alaoui.
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