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DB - 03-07-2025
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TVTranscription
00:00:00Alors c'est comme ceci que tout a commencé.
00:00:106 juin 1994, 50e anniversaire du débarquement.
00:00:15François Leotard, ministre de la Défense, attend l'antenne pour une retransmission en direct du journal de TF1.
00:00:22Étienne Moujotte, vice-président de TF1, est à ses côtés.
00:00:27La caméra est branchée, il l'ignore.
00:00:30Extrait.
00:00:31Je ne sais pas, oui, ça serait une liste de chef d'entreprise plus ou moins, si j'ai bien compris.
00:00:34Il lui-même l'a laissé entendre, mais il ne m'a pas dit de nom.
00:00:37Et je lui ai posé l'adjoint.
00:00:38Il y a des adjoints, le docteur Arnaud.
00:00:40Il y a le docteur Arnaud, oui. Alors peut-être, il ferait une liste RPR, alors, enfin, je ne sais pas.
00:00:45Moi, j'ai dîné avec lui l'autre soir, il avait l'air, il avait surtout décidé à y aller.
00:00:48Oui, oui.
00:00:50Et là, il y a Echter.
00:00:51Oui.
00:00:52C'est au colif de la rite.
00:00:56Non, mais effectivement, c'est Cormier qui s'est dé...
00:00:59Alors lui, il s'agit de beaucoup, oui, il s'agit de beaucoup.
00:01:01Moi, je l'aime bien, parce que c'est un copain, on court ensemble, etc.
00:01:03Mais je ne sais pas, je n'arrive pas, j'ai du mal à savoir quelles sont ses chances.
00:01:07C'est très compliqué, ça.
00:01:08Ah oui.
00:01:08C'est vrai qu'il n'est pas bon, il y a plein de gens que ça attire.
00:01:19Les finances sont dans un détail pour rentrer.
00:01:20Oui, oui.
00:01:24Alors moi, je n'ai pas assez de temps.
00:01:26Alors c'est vraiment un full-time job, il faut vraiment être là tout le temps.
00:01:31Ça, sérieusement, moi, je ne sais pas.
00:01:33En plus, c'est vrai qu'on continue dans le développement.
00:01:38Bon, derrière LCI, on a quand même l'idée de faire probablement une sorte de bouclier satellite.
00:01:45Oui.
00:01:45Donc, bon, c'est une fin très prenant, quand même.
00:01:51Oui, oui.
00:01:53Comment marchait LCI, alors ?
00:01:54Très bien.
00:01:55Bien ?
00:01:55Très bien.
00:01:56Alors notre problème maintenant, c'est qu'on a 700 000 feuillets câblés.
00:02:02On a quel, on a...
00:02:03Parce que moi, je prends mon exemple, moi, je suis sur satellite, je ne l'ai pas actuellement.
00:02:06Mais tu es sur Télécom de B.
00:02:07Je ne sais pas lequel, oui, je ne sais plus lequel.
00:02:09Tu devrais l'avoir.
00:02:10Oui.
00:02:10Ça, c'est parce que, à mon avis, tu es sur Télécom de B.
00:02:13Oui, je devrais l'avoir.
00:02:14Ah oui, il faut que tu demandes à ton installateur.
00:02:16Il faut que je regarde à mon avis.
00:02:17Le raisonnement avait été ici.
00:02:18Ah oui.
00:02:19Non, notre seule inquiétude, là, c'est la révision du cahier des charges du service public.
00:02:25Oui.
00:02:25Parce que tous les pâtés qui sont bons pour essayer d'avoir des copains de pubs.
00:02:29Bien sûr, bien sûr.
00:02:30Ah oui, j'ai eu Patrick au téléphone.
00:02:31Vous t'a dit, oui.
00:02:33Ah oui, c'est inquiétant.
00:02:34Oui.
00:02:35Parce que c'est simple, il y a 150 à 200 millions, enfin, disons 150 millions.
00:02:40Ah oui, c'est bien sûr.
00:02:41Bien sûr, bien sûr.
00:02:44Ça aussi, c'est quand même la marque d'un changement.
00:03:02C'est très important de voir que les mesures antiterroristes sont très largement licitées.
00:03:11Je vois que j'avais mon dernier fils, il a 18 ans, qui est quand même assez anti-fling, etc.
00:03:21Là, il me me dit, non, mais là, c'est normal.
00:03:22Là, c'est normal.
00:03:23C'est normal.
00:03:23Ce sont des images qui avaient été captées juste avant un journal télévisé, où l'on pouvait voir une certaine familiarité, disons, entre un important membre du gouvernement, lui-là, et un journaliste influent devenu vice-PDG d'un des médias les plus puissants de France, Étienne Moujotte, de TF1.
00:03:45C'est le canard enchaîné qui avait dévoilé l'existence de cette conversation, évoquée ensuite par d'autres journaux de presse écrite, ainsi que par une station de radio, puis reprise par ce magazine, mais qui n'était passé sur aucune chaîne de télévision en France.
00:03:58Je le sais très bien.
00:03:59On peut dire que toute cette communication sort dans le cas régile que nous étions...
00:04:02D'accord.
00:04:07D'accord.
00:04:08Bien.
00:04:09Je ne l'ai pas fait pas.
00:04:11Alors, ces images auraient dû normalement passer sur la chaîne franco-allemande Arte, dans le cadre d'un magazine qui s'appelait Brut, puisqu'elle figurait dans la maquette de l'émission, dans le numéro zéro.
00:04:21Mais Jérôme Clément, le PDG de la chaîne, y avait mis son veto, les avait fait retirer de l'antenne, et c'est quasiment à la même époque que la chaîne cryptée Canal+, envisageait de consacrer une journée au rapport entre la télévision, le pouvoir, la morale.
00:04:34Et dans cette lettre d'intention, ils envisageaient de donner carte blanche aux producteurs et diffuseurs qui seraient intéressés par ce thème.
00:04:42Vous recevez la télévision, merci d'être chez vous, bon frère.
00:04:46Bonjour.
00:04:47Bonjour.
00:04:47Bonjour.
00:04:48Salut.
00:04:48Alors, Canal+, se voulait la chaîne de télévision française la plus insolente, la plus impertinente, censée montrer les choses que l'on ne voyait nulle part ailleurs.
00:04:56Et j'avais déjà eu l'occasion de travailler pour eux.
00:04:58Ils m'avaient notamment commandé un court-métrage avec Kiki Picasso, un ami artiste infographiste, dans lequel nous donnions libre cours à notre imagination en matière de manipulation d'images et de trucage vidéo.
00:05:10Et nous avions fait cela dans le cadre d'une émission qui s'appelait la journée de la télé.
00:05:14Vous avez là, là, qui est assez atteint.
00:05:16C'est un type de Canal+, ?
00:05:17Oui.
00:05:18Vous savez que c'est pour cette chaîne qu'on fait le sujet.
00:05:20Ah bon ?
00:05:21Oui.
00:05:24Et c'est cette même émission qui avait choisi de s'intéresser deux ans plus tard, en 1995, aux relations entre la télévision, le pouvoir, la morale.
00:05:32Alors, pour bénéficier à nouveau d'une carte blanche de Canal+, il fallait que je m'adresse d'abord au responsable de la journée de la télé,
00:05:39qui m'avait déjà commandé le sujet précédent, Philippe Dana, lui, là.
00:05:42Comme à l'accoutumée, je lui avais envoyé un projet écrit, qui s'intitulait cette fois-ci « Document interdit », dans lequel il serait question des tabous et de l'autocensure à la télévision française.
00:05:54J'expliquais qu'on chercherait à prendre de la bouche des principaux responsables de l'information les raisons de la non-diffusion de ce document.
00:06:04Je parlais là du document au Moujote-Léotard, que je m'étais procuré entre-temps, et qui pouvait servir à illustrer certains aspects du thème, la télévision, le pouvoir, la morale.
00:06:11Maintenant, restez à savoir si Canal+, allait sélectionner mon projet d'enquête.
00:06:16« Camax, bonjour. Bonjour, je vais parler à Philippe Dana, s'il vous plaît.
00:06:27Allô ? Philippe Dana ? Oui. Oui, Philippe Dana ? Oui. Oui, bonjour, Pierre-Carles, à l'appareil.
00:06:33Bonjour, Pierre-Carles. Oui, ça va ? Ouais, ça va. On est un peu long à répondre.
00:06:38Non, à peine. Non, je voulais savoir si ça avait une chance de te faire ou pas, tout simplement.
00:06:43« Très honnêtement, on n'en sait rien encore. »
00:06:46« Oui. C'est un « hum hum » qui veut dire « gène gène » ou ? »
00:06:51« Non. On va parler clairement. Pour nous, c'est une espèce de missile exocète de diffuser ce document.
00:07:00Donc ça nécessite que Pierre Lescure soit au courant, ce qui, malheureusement, n'a pas eu le temps de le voir encore, ni Alain, ni moi, sur ce sujet-là.
00:07:07« D'accord. »
00:07:07Et donc ça passe par Pierre. Donc là, ça dépasse mes propres compétences.
00:07:11Et la décision finale, c'est Pierre Lescure qui l'apprend sur ce dossier-là.
00:07:14« D'accord. »
00:07:15« Je suis clair. »
00:07:15« Ouais, bon. »
00:07:16« C'est un « hum ». Je n'y peux rien, mais j'attends que Pierre puisse me voir. »
00:07:20« Et pour l'instant, il ne m'a pas filé rendez-vous. »
00:07:22« D'accord. Et sinon, De Greff, lui, serait d'accord pour produire le sujet ? »
00:07:26« De Greff... »
00:07:28« Il est partagé. »
00:07:29« De Greff dit qu'il faut en parler à Pierre. »
00:07:31« C'est un dossier trop politique pour qu'on n'en parle pas à Pierre. »
00:07:35« Pierre Lescure était le PDG du groupe Canal Plus, à gauche sur l'écran, là. »
00:07:39« Et Alain De Greff, son adjoint, à droite, faisait lui office de directeur des programmes de la chaîne. »
00:07:43« C'est sûr que nous, on a envie, mais après, sur un plan plus politique, ça dépend aussi de nos états de nos relations avec TF1, de comment... »
00:07:55« En même temps, c'est un sujet qui est vraiment tout à fait dans le sujet, quoi. »
00:08:01« Ah, mais ça ne nous a pas échappé. C'est pour ça qu'on a envie de le faire. »
00:08:05« Là, tu prèches des convertis, y compris Alain. »
00:08:08« Si on en est là, si on attend de voir Pierre Lescure, c'est que vraiment, ça nous pose un cas qui dépasse nos compétences, enfin, en tout cas, la mienne, ma compétence. »
00:08:18« D'accord. »
00:08:19« Alors, ça se passait en 1995 et non pas en 1994. J'avais, en fait, mal réglé ma caméra, là. »
00:08:25« Et ça, c'était trois ans plus tôt, lorsque j'avais commencé à enregistrer mes conversations professionnelles avec les gens des chaînes de télévision. »
00:08:30« Il n'y a que PPDA qui a un peu énervé, quoi. Mais en même temps, moi, PPDA, qu'est-ce que tu veux ? »
00:08:34« Je le connais bien, Patrick. Il m'appelle en disant, oui, tu n'as qu'à interviewer Fidel Castro. »
00:08:39« Là, c'est à l'animateur Thierry Ardisson, je vais parler au téléphone. »
00:08:41« Je le connais, Patrick. C'est un feignant de première, tu vois, qui récupère tout à son profit, qui n'en fout pas une date et qui récupère tout à son profit. Il sait que je le sais, tu vois. »
00:08:51« En fait, si j'avais pris la précaution d'enregistrer mes conversations avec mes interlocuteurs du petit écran, c'est parce qu'à cette époque, Hervé Bourge, le PDG des chaînes de services publics,
00:08:58cherchait à protéger TF1 et son journaliste vedette Patrick Power d'Arvor, qui avait diffusé une fausse interview de Fidel Castro, le chef d'État cubain.
00:09:07Et je tenais à garder une trace de cette histoire et de la volonté de Bourge d'étouffer cette affaire. »
00:09:11« Mais beau qui doit être mal, là, non ? »
00:09:13« Il est vert de rage, ouais. Vert de rage. Je les ai tous su hier au téléphone. Il s'est dit très énervé. Il m'a fait porter une lettre ce matin en m'expliquant qu'il ne fallait pas parler politique à la télévision.
00:09:25Il ne fallait pas dire du mal de ci, pas dire du mal de là. Enfin, c'est l'enfer. Ça reste terminé. Si je l'écoutais, sa lettre, ça serait tourner malège, mon émission. »
00:09:34Ça, c'est le jour où la réponse de Canal Plus tomba.
00:09:41« Salut, monsieur. »
00:09:42« Bonjour, c'est Philippe Dana. On est lundi après-midi. Écoute, Pierre, je te rappelle, comme prévu, on a discuté de son projet avec Alain ce matin. Donc, a priori, on y va. »
00:09:52« On y va. Donc, Canal Plus était d'accord pour que je mène mon enquête sur les raisons de la non-diffusion du document Moujot-Léotard.
00:09:58Et c'est donc muni de notre missile Exo-7, puisque c'est ainsi que Philippe Dana l'avait surnommé,
00:10:02que nous sommes allés rendre visite aux responsables des magazines d'information des différentes chaînes de télévision françaises. »
00:10:09« J'espère que ce n'est pas un serpent, parce que j'ai horreur des serpents. »
00:10:11« Si, si, c'est un serpent. »
00:10:13« Je vais vous montrer un document. Vous allez me dire ce que vous en pensez. »
00:10:16« Oui, bien. »
00:10:17« Donc, on est très open. Vous voyez, on a même un système de développement vidéo. »
00:10:21« Et vous allez me dire si c'est possible de passer quelque chose comme ceci, par exemple, à la télévision aujourd'hui. »
00:10:29« Oui, non, alors c'est... »
00:10:31« C'est un document qui concerne l'homme politique. »
00:10:36« Et je voulais savoir simplement si... »
00:10:39« Quel est ce que c'est votre engin ? »
00:10:40« C'est un petit Walkman vidéo, donc on peut voir les images. »
00:10:44« C'est quoi comme document ? »
00:10:45« Vous allez voir, c'est un truc que vous connaissez sûrement. »
00:10:48« Et c'est quoi votre question ? »
00:10:50« Alors, j'en ai plusieurs. Juste, je vous mets. »
00:10:52« Là, ce n'était pas moi, mais Hector Robal, qu'un ami, à qui j'avais demandé de réaliser quelques interviews,
00:10:57notamment celle de Charles Villeneuve, le rédacteur en chef d'un magazine qui s'appelait Le Droit de Savoir sur TF1. »
00:11:02« Ou bien encore Bernard Benyamin, le responsable de l'émission Envoyé Spécial, qui découvre ici le document. »
00:11:07« Entre Etienne Mougeot et... »
00:11:09« François Léotard. Je vous laisse qu'écouter une seconde. »
00:11:13« Alors c'est Etienne Mougeot ? »
00:11:14« Oui, François Léotard. »
00:11:17« C'est François Léotard, le dos ? »
00:11:19« Je ne sais pas lequel, oui, je ne sais plus lequel. »
00:11:21« Je regarde à mon installateur. »
00:11:26« Non, notre seule inquiétude, là, c'est la révision du cahier des chaises des services du service public. »
00:11:33« Non, notre seule inquiétude, là, c'est la révision du cahier des chaises des services du service public. »
00:11:39« Parce que tous les prétextes sont bons pour essayer de... »
00:11:41« Oui, bien sûr, bien sûr. »
00:11:43« C'est la révision du cahier des chaises des services du service public. »
00:11:47« Oui, bien sûr. »
00:11:51« Donc on voit, disons, ce qu'on peut appeler du lobbying. »
00:11:54« Oui, c'est-à-dire que là, Etienne Mougeot a la chance d'être avec Léotard. »
00:11:58« Oui. »
00:11:59« Il va sûrement réaliser avec lui une interview, j'imagine. »
00:12:02« Non, pas du tout. Il est passé par hasard, je pense. »
00:12:05« Passé par hasard ? »
00:12:06« Oui. »
00:12:06« Mais en tout cas, il en profite pour laisser passer le petit message. »
00:12:10« Bon, et alors ça, vous parlez de la connivence en politique ? »
00:12:14« Pas de la connivence, c'est un peu du lobbying, ce que fait Mougeot auprès de Léotard à ce moment-là. »
00:12:20« Ça, moi, je ne l'ai jamais fait à la télévision. »
00:12:22« Je l'ai vu dans le canard enchaîné, qui a publié les extraits de la conversation, mais à aucun moment... »
00:12:26« Mais attendez, allez-y, ça continue à tourner, là ? »
00:12:29« Je ne voulais pas... »
00:12:31« Si, si, d'accord, d'accord, mais allons-y. »
00:12:33« Je veux dire que vous voulez faire croire aux gens que les dirigeantes de sociétés de télévision n'essayent pas de défendre leurs intérêts ? »
00:12:42« Attendez, ce sont des gens qui se connaissent, qui se tutoient en plus, hein. Donc ils se connaissent depuis longtemps. Je ne vois pas pourquoi ils ne parleraient pas de ces choses-là quand ils sont entre eux. »
00:12:52« Moi, ça me... »
00:12:53« Je veux dire, vous imaginez ça aux États-Unis. »
00:12:57« Aux États-Unis, c'est dix fois, dix fois ce qu'on vient de voir. Et ce sont même, ça peut aller jusqu'à des menaces, etc. »
00:13:04« Oui, mais ce sont des amis de 25 ans. Ce sont des gens qui se sont connus avant que l'un soit au niveau où il est aujourd'hui dans l'entreprise de TF1.
00:13:14Et l'autre, ministre de la Défense, avant même qu'il soit politique, il était sous-préfet. Et Étienne Mougeot n'était même pas stagiaire journaliste sortant de sciences politiques.
00:13:24Il y a donc une communauté, une sorte d'intimité, de familiarité qui font que tous les deux discutent beaucoup de ces problèmes-là.
00:13:32« Je suis bien placé pour le savoir. »
00:13:34« En fait, nous ne cherchions pas à savoir s'il était normal ou anormal que Mougeot et Léotard soient amis ou se tutoissent. Ce n'était pas là l'objet de notre enquête.
00:13:41Nous voulions simplement comprendre pourquoi la télévision ne parlait jamais de ces choses-là. »
00:13:45« Un journal satirique qui s'est spécialisé dans les actions de contre-pouvoir et d'assainissement de la société est parfaitement dans son rôle en le montrant.
00:13:59Mais je ne vois pas pourquoi une télévision dont les journaux sont regardés par 10 millions de personnes montraient ce document-là aux gens.
00:14:10Je ne suis pas du tout sûr que les gens soient demandeurs. »
00:14:12Si vous voulez, moi je crois qu'on ne peut pas ériger en principe qu'il y a pour les gens un droit à tout connaître.
00:14:25C'est quelque chose d'extrêmement pervers.
00:14:28« C'est quand même sorti. »
00:14:30« Non, pas la télévision. »
00:14:32« C'est sorti dans les radios, c'est sorti dans la presse écrite. »
00:14:35« Sauf à la télévision. »
00:14:36« J'avais entendu, il me semble, à la radio, je ne sais plus laquelle. »
00:14:39« Oui, peut-être la radio. »
00:14:40« Mais pas la télévision. »
00:14:41« Je n'avais pas vu le document. »
00:14:42« Pas la télévision. »
00:14:44« Je ne sais pas pourquoi je m'interroge. Pourquoi ? »
00:14:46Non, mais vous avez raison de vous interroger.
00:14:48Vous avez raison de vous interroger.
00:14:50Simplement, quand moi je vais sur le terrain et que les gens m'interrogent,
00:14:54ils ne m'interrogent pas là-dessus.
00:14:55Ils m'interrogent sur leur quotidien.
00:14:57Non, j'aurais aimé le passé.
00:14:59J'aurais aimé le passé dans le sujet sur la complicité entre un homme politique et un journaliste.
00:15:04Parce que ça, ça parle.
00:15:05Mais je ne l'avais pas, cette image.
00:15:07D'accord.
00:15:08Et aucun de vos repos, la personne qui a fait l'enquête, n'était pas au courant de l'existence de ce document ?
00:15:12Non, disons que je plaide coupable.
00:15:13Je ne savais pas que ça existait.
00:15:14Je savais qu'il y avait eu certainement une conversation entre Moujotte et un homme politique.
00:15:20Mais c'était Léotard.
00:15:21Mais il y a eu une autre histoire, non ?
00:15:22Non, je ne crois pas.
00:15:23Alors, pourquoi ne figure-t-elle pas en télévision ?
00:15:26Pourquoi on ne les a pas suffisamment vues ?
00:15:28Je pense que...
00:15:29Attendez, je ne connais pas bien le sujet.
00:15:30Mais il doit y avoir une espèce d'autocensure.
00:15:32Parce que, même ça fait mal à tous les journalistes, quels qu'ils soient,
00:15:36de montrer à quel point ils peuvent entretenir des liens de complicité avec les hommes politiques.
00:15:41En termes d'image par rapport au grand public, effectivement, ça pose un problème.
00:15:43Donc, je pense qu'il y a certainement, d'une façon générale, une espèce d'autocensure à montrer ce genre de document.
00:15:48Alors, mis à part ce journaliste de M6, spécialisé dans les médias et la publicité,
00:15:52la plupart de nos interlocuteurs avaient plutôt cherché à esquiver la question.
00:15:56Voilà.
00:15:57Pourquoi ce genre de choses ne passent pas à la télévision aujourd'hui ?
00:16:00Bon, alors, d'abord, un, c'est pas moi qui prends la décision de ce genre.
00:16:05Je veux dire.
00:16:06Bon, donc, je ne vais pas vous dire.
00:16:07Alors, ça serait facile de dire, moi, je décide ceci, moi, je décide cela.
00:16:10C'est quand on est directeur qu'on décide ceci, qu'on décide cela.
00:16:13Vous ne pensez pas qu'il y a des phénomènes d'autocensure de la part des journalistes aujourd'hui ?
00:16:18D'autocensure, non pas de censure.
00:16:19Bien sûr qu'il y a de l'autocensure.
00:16:21Mais qui nous impose l'autocensure ?
00:16:22Le public ?
00:16:24Moi, je dis que la principale pression qui pèse sur des gens de télévision, qui s'adresse simultanément à 3 millions, 4 millions, 10 millions de personnes, c'est la pression de l'opinion publique.
00:16:40Ce que l'opinion publique est prête à accepter.
00:16:43L'autocensure, honnêtement, non.
00:16:48Pour la seule raison, d'ailleurs, c'est qu'on est en concurrence.
00:16:51On est en concurrence entre médias, entre journalistes, entre missions.
00:16:55Et donc, pourquoi est-ce que les uns se censureraient par rapport à d'autres qui, au contraire, auraient l'air d'être plus libres ?
00:17:03Je crois que ce serait un très mauvais calcul.
00:17:04Je vois que vous voulez toujours revenir à cette affaire de vidéo, mais l'investigation et l'attente du public ne se réduit pas à ce cas de figure.
00:17:19Alors, je comprends que vous ayez envie, pour votre sujet, d'avoir un exemple.
00:17:24Et je suppose que ça, vous l'avez fait à tous les confrères que vous êtes allés voir.
00:17:28Il faut essayer de voir comment ils réagissaient.
00:17:30Mais je ne pense pas que la vraie investigation, elle soit là.
00:17:34Et que l'attente du public, elle soit là.
00:17:36Mais vous trouvez normal que les images de la connivence ne puissent pas être diffusées aujourd'hui à la télévision, comme c'est le cas ?
00:17:41Il n'y a aucune image de la connivence.
00:17:43Il n'y a jamais eu... Il y a plein.
00:17:45Lesquelles ?
00:17:46Parce que vous faites de cette image-là une image, je vais dire, culte, de votre propre réflexion sur les médias.
00:17:52Mais je veux dire, toutes les émissions, les gens se voient avant, les gens se voient après.
00:17:56Il y a des dizaines de trucs ou de déjeuners avec des impôts.
00:17:59Mais ça, c'est entre vous, vous, journalistes, avec des impôts politiques.
00:18:02Mais à chaque fois que vous allez dans un congrès d'un parti politique, vous avez des gens qui disent, moi, qu'est-ce que tu penses ?
00:18:07Tu as l'intention de me le dire comment ?
00:18:09Mais ça, on ne voit jamais la télévision, ça.
00:18:11Comment ?
00:18:11On ne voit jamais la télévision.
00:18:12Mais rien ne vous empêche d'enquêter là-dessus, puisque vous le faites, d'ailleurs, aujourd'hui, mais ça ne pose aucun problème.
00:18:17Alors, il existait bien un reportage réalisé par Annette Lévy-Villard et diffusé par Canal+, quelques années plus tôt,
00:18:23dans lequel on devinait, en effet, une certaine connivence entre une journaliste et un ancien Premier ministre.
00:18:27Mais il s'agissait tout de même d'une exception.
00:18:29Il y a l'équipe de Canal+, qui fait pour quelques images.
00:18:34Bon, alors, si tu veux, moi, je te propose d'insister, toi, sur les thèmes qui te sentent les plus importants.
00:18:40Donc, tu veux revenir sur la paix, sur la monnaie.
00:18:46Et puis les autres, c'est démocratie, environnement, social.
00:18:51Donc là, il préparait un passage à l'antenne.
00:18:53C'est d'ailleurs le contenu.
00:18:55Mais, bon, la relation de familiarité, qui est celle qui est unie...
00:18:58Elle est fréquente dans le métier, je reconnais.
00:19:01Je tutoie la moitié des ministres.
00:19:04Bon, et après ?
00:19:06Où est le problème ?
00:19:07Je veux dire, il n'y a pas de raison d'avoir avec un homme politique...
00:19:10Il n'y a pas de raison d'avoir avec un homme politique des raisons différentes de celles que j'ai avec les gens que je rencontre dans la vie de tous les jours.
00:19:18Et ni plus révérencieuse, ni moins révérencieuse.
00:19:21Bon, je ne tutoie jamais un ministre à l'antenne, je ne l'appelle jamais par son prénom en public, quand j'écris, j'écris monsieur le ministre, etc.
00:19:31Mais vous ne pouvez pas nous empêcher de vivre dans le même monde et par conséquent d'avoir des pratiques familières entre nous.
00:19:41L'amitié réelle entre les autres...
00:19:44Il n'y a pas d'amitié réelle.
00:19:45Non, il n'y a pas. Je croyais que c'est ce que vous avez dit depuis 20 ans.
00:19:47Il y a des rapports de camaraderie, il y a des rapports de sympathie, des rapports d'amitié, c'est un peu fort.
00:19:53D'accord. La camaraderie réelle, en tout cas depuis 20 ans...
00:19:56On se connaît depuis 20 ans, ça ne veut pas dire que nous soyons intimes.
00:20:01Ce serait un procès d'intention d'aller plus loin.
00:20:02Tout à fait.
00:20:04Et d'autre part, un fait, c'est un fait. Mais encore une fois, c'est un fait, ça ne veut pas dire que c'est juste que ce soit fait là.
00:20:11Que TF1, en gros, on l'accuse, à tort ou à raison, d'être un peu trop pro-Baladur.
00:20:18À tort ou à raison, attendez. Le bruit court, que l'on favorise Baladur, etc.
00:20:24L'amitié entre Moujotte et Léotard demande peut-être à être incercie.
00:20:28Il n'y a pas d'amitié, je n'ai pas dit d'amitié.
00:20:30Vous avez dit l'amitié, la complicité, la familiarité, le fait qu'il se connaisse depuis longtemps et qu'il se tutoie.
00:20:35Non, je dis les relations entretenues depuis 20 ans. Je n'ai pas dit l'amitié.
00:20:40Peut-être que les journalistes n'ont pas trop envie de dire officiellement au public ce qui se passe à l'intérieur de la cuisine.
00:20:48Parce qu'on pourrait les taxer, effectivement, d'être complaisants et une nouvelle fois de faire partie du même milieu.
00:20:54Et c'est vrai que c'est surprenant quand on va à la sortie...
00:20:58C'est rien, c'est juste le boîtier du micro.
00:20:59C'est surprenant quand on va dans les coulisses de ces émissions ou de ces grands médias que sont Europe 1, TF1, etc.
00:21:05On voit effectivement qu'il y a une complicité naturelle entre les journalistes et les hommes politiques que l'on masque quand on est à l'antenne,
00:21:12mais que l'on retrouve dès qu'on est dans le privé, dès qu'on sort du studio, etc.
00:21:14Puisque vous vous rencontrez assez souvent, vous avez donc une certaine familiarité, vous finissez par avoir une certaine familiarité avec eux.
00:21:20Et est-ce que le fait que l'on ne voit pas cette familiarité à l'antenne, c'est-à-dire que vous reprenez vos distances à l'antenne,
00:21:26est-ce que ce n'est pas, d'une certaine manière, une façon de jouer la comédie ?
00:21:29Est-ce que ça peut être perçu comme cela ?
00:21:30Vous voyez, c'est-à-dire d'avoir des relations hors antenne qui ne sont pas celles que vous avez avec eux à l'antenne.
00:21:34Oui, il ne faut pas exagérer, on n'a pas des relations hors antenne qui sont d'une nature extraordinairement différente.
00:21:44Enfin, on fait notre métier, on est amené à en rencontrer toute une palette.
00:21:51Donc avec tout cela, on n'a pas, avec tous, des relations extrêmement différentes que celles qu'on a en public.
00:21:55Non mais, reconnaissez que le document que vous me montrez, par rapport à la discussion qu'on avait,
00:22:03qui était le type de relation entre un journaliste politique et un homme politique, on est bien d'accord.
00:22:08Bon, reconnaissez que c'est quand même un cas vraiment marginalissime.
00:22:13Mougeot se prétend journaliste.
00:22:15Non, non, mais il est journaliste.
00:22:16Non, non, mais il est d'accord, non, non, mais moi je ne juge pas.
00:22:18Et François Lothar est dans une question ?
00:22:18Non, non, mais moi je ne juge pas Étienne Mougeot, pour qui j'ai beaucoup d'amitié d'ailleurs et de considération en règle générale.
00:22:26Bon, c'est-à-dire Maxime.
00:22:26Non, non, non, moi je refuse de répondre à ce genre de questions, je refuse de répondre à ce genre d'affaires.
00:22:31Elle ne m'intéresse pas sincèrement, en plus je ne vois pas très bien en quoi ça peut vous intéresser.
00:22:37Mais ça en tout cas, d'après vous, ça fait partie du domaine de la vie privée.
00:22:40La relation privée d'un homme politique avec un patron d'entreprise, fut-elle une entreprise de médias, ça fait partie de la vie publique, de la vie privée.
00:22:49Mais je vais vous dire, attendez, je vais vous dire, depuis le début cette histoire de cassette l'a m'ennu profondément.
00:22:53Je n'ai pas à la voir, elle n'a pas à être, vous n'auriez même pas dû me la montrer, je ne sais pas comment elle est arrivée entre vos mains.
00:22:58Alors, l'un des arguments qui revenait souvent dans la bouche de nos interlocuteurs pour justifier de la non-diffusion du document à la télévision,
00:23:04c'est le fait qu'il s'agissait d'images volées, puisque Moujotte et Léotard ne savaient pas qu'ils étaient filmés.
00:23:08Et ces gens de télévision semblaient s'offusquer de l'utilisation de telles méthodes pour capter des conversations.
00:23:13Ils trouvaient le procédé répréhensible.
00:23:15Qui reproduisent des choses enregistrées, alors que 2, 3, 4 personnes ne le savaient pas.
00:23:21Je ne trouve pas ça bien, je trouve que ce n'est pas quelque chose de bien.
00:23:25Alors voilà sûrement le type de document auquel faisait référence Bernard Benyamin, qu'il ne trouvait pas bien donc.
00:23:31Les gens sont filmés en cachette.
00:23:33Ce soir-là, alors que nous avions caché des caméras...
00:23:36C'est une discussion à caractère commercial qui va être enregistrée là, à l'insu d'un des protagonistes.
00:23:41Il y sera question d'affaires, un peu comme dans le document Moujotte-Léotard, il était question de lobbying.
00:23:44Et voilà le journaliste qui a réalisé ce reportage.
00:23:48C'était pour le compte du magazine Envoyé Spécial, présenté par Bernard Benyamin.
00:23:51Bonsoir.
00:23:52Philippe, je crois qu'il faut d'abord revenir sur les conditions de tournage très particulières pour mener à bien cette enquête.
00:24:00Et je ne vois pas très bien en quoi, quel est votre objectif et votre enquête dans cette affaire, moi je refuse de participer à ce genre de truc.
00:24:05Alors je dirais...
00:24:06Non, non, non, non, non.
00:24:07Ok, ok, je vais changer de sujet.
00:24:08Je vais changer de sujet.
00:24:09Non, non, non, non.
00:24:09Quand vous avez fait votre émission sur l'argent...
00:24:10Non, non, non, non, je préfère qu'on arrête cette interview.
00:24:14Moi, je ne suis pas en posture d'accusé.
00:24:17Mais je comprends très bien.
00:24:18Non, non, non, non, non.
00:24:18Est-ce que vous pensez que c'est simplement parce que vous ne voulez pas que la presse enquête sur la presse ?
00:24:20Non, mais je m'en fous de ça.
00:24:22Que la presse enquête sur la presse.
00:24:25Oui.
00:24:25Avec les résultats que l'on connaît.
00:24:27Non, non, non, non.
00:24:28Ah, mais il faut faire les choses bien.
00:24:29Non, non, non, je refuse.
00:24:36Vous arrêtez l'interview.
00:24:38Je crois que tout se sait.
00:24:40Tout se sait.
00:24:42Nous sommes quand même dans une grande démocratie et c'est une de ces vertus-là.
00:24:46Tout se sait.
00:24:47Il y a suffisamment de journalistes en France pour enquêter.
00:24:51Et si les confrères de la U n'enquêtent pas sur leurs propres problèmes, il y en a d'autres qui enquêteront.
00:24:56Comme vous, par exemple.
00:24:57Non, non, puisque personne ne le fait.
00:24:59Si vous le faites.
00:24:59Je vous donne un exemple tout bête.
00:25:01Éternel Plus, par exemple, Télé Dimanche, qui a vocation à diffuser ce genre de choses.
00:25:05Puisque c'est une émission sur la télévision et sur les coulisses de la télévision.
00:25:09S'interdira de diffuser.
00:25:12Je vais vous expliquer une chose.
00:25:13Tout à l'heure, je vous ai dit.
00:25:22Héctor au téléphone.
00:25:24Moujotte m'a appelé directement.
00:25:28Donc il faut que je te parle.
00:25:30Voilà.
00:25:31Alors, quelques jours après la fin du tournage des interviews,
00:25:33Étienne Moujotte, le vice-PDG de TF1, avait appris que nous étions entrés dans les locaux de sa chaîne avec le fameux document.
00:25:40Là, c'était mon collaborateur, Hector Robalque, qui s'apprêtait à aller interviewer Charles Villeneuve dans son bureau.
00:25:45Et celui-ci avait ensuite alerté son supérieur hiérarchique, Étienne Moujotte.
00:25:49Pourquoi il m'a appelé ? Je peux savoir, ça ?
00:25:53Je ne sais pas, moi.
00:25:55C'est con que tu n'es pas enregistré, de toute façon.
00:25:58Tu n'as pas une nouvelle de Villeneuve ?
00:26:00Non, tu pensais que Villeneuve allait aussi m'appeler ?
00:26:03Non, non, je ne sais pas.
00:26:04Tu vois, c'est que, comment dire, je crois qu'ils ont compris, tous, Sinclair, De Vireilleux,
00:26:13qu'en leur montrant, en leur mettant le document sous les yeux, d'une certaine manière, on les mouillait.
00:26:18C'est-à-dire, on les mettait, on les rendait complices, mais simplement du fait d'avoir vu, tu vois, d'avoir, comment dire,
00:26:25c'est comme si c'était un document qu'il ne fallait même pas avoir vu.
00:26:27Je crois que c'est ça ce qu'ils ont pigé, tu vois, en se disant, putain, il vaut mieux qu'on appelle et qu'ils sachent qu'on l'a vu.
00:26:34Il y en a plus, bonjour.
00:26:36Bonjour, je ne veux pas la Vida, là, s'il vous plaît.
00:26:40Ça, c'est quelques jours plus tard, alors que nous étions en plein montage du sujet.
00:26:44Allô ?
00:26:45Vida ?
00:26:46C'est vrai ?
00:26:47Oui, Pierre-Carles, l'appareil.
00:26:48Ah, monsieur Karl, comment vas-tu ?
00:26:49Très bien, ça va.
00:26:51Je vais t'appeler, t'as le tournoi ?
00:26:53Euh, ouais.
00:26:54Je vais t'appeler parce que je voulais savoir si vous aviez eu un retour de Moujotte
00:26:59concernant Charles Villeneuve, qu'on a interviewé la semaine dernière
00:27:05et qui apparemment n'était pas très content du fait qu'on pouvait l'interroger à ce moment-là sur...
00:27:11Mais si ce n'était que de Charles Villeneuve, des retours, on en a eu plein.
00:27:16C'est vrai ?
00:27:16On a suivi à la trace d'autres épopées et de la plupart des gens que t'as vus.
00:27:22Mais qui t'a eu comme votre réaction ?
00:27:25Écoute, j'ai eu deux virieux, j'ai eu Carolis, j'ai eu Charles Villeneuve, et Alain a eu Moujotte.
00:27:33Et c'était quoi les réactions ? C'était...
00:27:36Ah bah, non, c'est pas content, non.
00:27:40Et Moujotte, par exemple, il se l'a dit...
00:27:42Je sais pas, il l'a dit Alain, je sais pas, il l'a appelé en lui disant des trucs, mais...
00:27:47A mon avis, c'est du même acabit que ce qu'ont dit les autres.
00:27:52Maintenant, on attend de voir le produit fini, j'allais dire.
00:27:55Alors, le produit fini, pour reprendre son expression, s'appelait « pas vu à la télé »,
00:27:59étant donné que le document Moujotte-Léotard n'était jamais passé à la télévision.
00:28:03Et il démarrait par la toute première question que nous avions posée à nos interlocuteurs,
00:28:07donc juste avant qu'on leur fasse voir la cassette.
00:28:08Il y a des sujets tabous pour vous ?
00:28:11Non, il n'y a pas de sujets tabous.
00:28:12Au sein de nos voyers spéciaux ?
00:28:13Non, il n'y a pas de sujets tabous, il y a simplement...
00:28:16Je crois qu'on peut parler de n'importe quel sujet à la télévision à n'importe quelle heure.
00:28:19Il s'agit de savoir comment on va le faire.
00:28:22Le seul élément qui puisse nous faire reculer, c'est la difficulté d'accéder à l'information.
00:28:29Je crois que c'est ça.
00:28:31Mais aujourd'hui, on a envie d'enquêter sur tout.
00:28:33Il n'y a pas de domaine tabou, à votre avis, aujourd'hui, à la télévision française ?
00:28:36Il y a des zones interdites ?
00:28:38Moi, je ne crois pas.
00:28:39En tout cas, il ne doit pas y en avoir.
00:28:41Est-ce que vous vous dites aujourd'hui qu'il n'y a aucun sujet tabou ?
00:28:45Non, il n'y a pas de sujet tabou.
00:28:46En tout cas, pas pour moi.
00:28:47Mais peut-être pourriez-vous me citer un sujet, et je vous dirai tout de suite,
00:28:50tiens, c'est vrai, je ne l'ai pas traité.
00:28:52Mais en tout cas, non.
00:28:54Il n'y a aucun tabou, disons, aujourd'hui, à la télévision ?
00:28:56Moi, je ne m'en connais pas.
00:28:58Si vous m'en connaissez, je serais ravie que vous me le disiez.
00:29:03Donnez-moi des exemples de choses qui ne sont pas montrées.
00:29:05Je vous dirai ensuite ce que j'en pense.
00:29:06D'accord, mais justement, j'ai un document, là.
00:29:08Je vais vous montrer un document qui a été publié par le Canard Enchaîné.
00:29:12Je l'ai en vidéo.
00:29:16Je vais vous montrer ça, parce que j'ai un petit...
00:29:18Et donc, c'est à partir de ce moment-là que la plupart de nos interlocuteurs
00:29:21allaient se montrer un peu agressifs à notre égard,
00:29:23ou faire preuve d'une certaine impatience,
00:29:25mis à part le plus âgé d'entre eux, Jacques Chancel de France 3.
00:29:28Vous verrez, vous êtes jeune, dans une quinzaine d'années, une vingtaine d'années,
00:29:32vous serez aussi celui qui tutoie des hommes politiques ou des grands personnages,
00:29:38parce que vous les aurez connus aujourd'hui,
00:29:40que dans 20 ans, alors qu'ils sont parfaitement anonymes, encore à cette heure-ci,
00:29:44ils deviendront très importants, ils seront en très haute altitude,
00:29:49ils seront au sommet de l'État,
00:29:50et vous verrez que vous aurez avec eux des complicités, à votre tour.
00:29:56C'est ainsi que s'achevait notre enquête pour la journée de la télé de Canal+,
00:29:59sur le thème « La télévision, le pouvoir, la morale ».
00:30:02Et c'est donc cette version du sujet que nous avons envoyée à Philippe Dana,
00:30:05notre interlocuteur au sein de la chaîne,
00:30:07et nous attendions à présent de ses nouvelles.
00:30:12Allô ?
00:30:13Bien que vous allez.
00:30:14Oui, je suis Dana.
00:30:15Salut.
00:30:15Ça va ?
00:30:16Oui ?
00:30:16Bon, j'ai vu.
00:30:17Quel est le sujet ?
00:30:18C'est pas ce que je t'avais demandé.
00:30:21C'est pas... Comment ça ?
00:30:22Écoute, c'est pas une enquête sur les rapports entre le pouvoir politique et les journalistes audiovisuels.
00:30:29Alors c'est à ce moment précis de la conversation que j'ai compris que Canal+, nous lâchait.
00:30:33Il me semblait en effet que le sujet ne parlait que de cela,
00:30:35des rapports hommes politiques-journalistes.
00:30:38À un moment donné, on a l'impression que t'es une espèce de martien débarqué sur la planète audiovisuelle,
00:30:44et que t'as décidé donc de mener une guerre acharnée à Étienne Boujotte,
00:30:47et à ses congénères.
00:30:50Alors je sais pas si dans la matière que tu as, il y a moyen d'arriver au sujet que nous, on attend.
00:30:56Je ne savais plus trop quels sujets ils attendaient à présent,
00:30:58mais apparemment ils ne voulaient plus entendre parler du document Boujotte-Léotard.
00:31:02Ils ne souhaitaient pas non plus que l'on voit les réactions des journalistes que nous avions interviewés,
00:31:05et qui étaient ensuite allés se plaindre auprès de la chaîne.
00:31:07Ça, c'est quelques jours plus tard, lorsque nous avons repris le montage du sujet,
00:31:16afin d'apporter les modifications demandées par Canal+.
00:31:18Heureusement, nous avions d'autres séquences en stock,
00:31:21notamment une avec Patrick Pauvre d'Arvoire de TF1,
00:31:24auquel je m'étais pas mal intéressé à une époque.
00:31:26En lisant ce journal, on découvrait qu'il avait été reçu à déjeuner par Jacques Chirac,
00:31:30dans son donjon de l'hôtel de ville.
00:31:32Chirac était à l'époque maire de Paris.
00:31:34Et ça, c'était deux semaines plus tard, toujours dans le même journal,
00:31:38où l'on apprenait que PPDA avait joué au football avec quelques amis,
00:31:41sur la pelouse du Parc des Princes, qui était gérée par la ville de Paris.
00:31:44Alors voilà des images du match.
00:31:46Là, c'est PPDA qui vient de marquer un but.
00:31:49Et voici Michel Jazzy, à l'époque gérant du parc,
00:31:51à qui j'avais demandé comment PPDA avait fait pour bénéficier de ce privilège.
00:31:54J'ai vu à la télévision, par exemple, que PPDA avait joué avec son équipe d'écrivains.
00:31:57Ouais, ça, c'est parce qu'il ne me l'a pas demandé à moi,
00:32:01il l'a demandé à la ville de Paris, et donc le maire de Paris,
00:32:03à titre exceptionnel, a accepté de le faire.
00:32:06Sinon, si il m'avait demandé, il n'aurait pas joué là.
00:32:09D'accord. Là, ça ne vient plus où ?
00:32:10Ça ne peut pas dire qu'il est.
00:32:13Vous avez d'autres demandes comme ça qui vous sont impliquées ?
00:32:15Bon, c'est une demande politique qui a été faite.
00:32:19Moi, personnellement, je ne l'aurais pas accordé.
00:32:21Pourquoi PPDA et pas d'autres ?
00:32:24Écoutons à présent ce que PPDA a déclaré dans cette émission de Canal+.
00:32:27Cela dit, en effet, ne jamais accepter le moindre cadeau d'un homme politique.
00:32:32Je ne l'ai jamais, en ce qui me concerne, jamais accepté.
00:32:37Alors, c'est ainsi que s'est achevée la séquence avec PPDA,
00:32:40dans la nouvelle version de Pas vu à la télé, que nous avons fait parvenir à la chaîne.
00:32:43Pourquoi veux-tu qu'on fasse un sujet pour avoir des problèmes ?
00:32:46Faisons un sujet pour informer.
00:32:48On ne fait pas un sujet pour avoir forcément des problèmes.
00:32:50Moi, quand je t'ai dit, dors là-dessus, c'est réfléchi.
00:32:52Vois ce que tu peux faire avec ce que tu as comme image.
00:32:56Je ne te dis pas, allez, tu es voué aux gémonies, etc.
00:33:00Je te dis, au contraire, soyons constructifs.
00:33:02Et voyons s'il y a moyen, avec ce dont tu disposes, d'arriver au sujet que nous attendons.
00:33:07À vrai dire, ils n'attendaient plus aucun sujet de ma part à ce moment-là.
00:33:09Ils avaient fait une croix dessus.
00:33:10C'est dommage, car nous aurions pu nous intéresser également à Michel Denizot,
00:33:14un journaliste de Canal+, qui animait une émission consacrée exclusivement aux coulisses de la télévision,
00:33:18qui s'appelait Télé Dimanche.
00:33:20La définition de Télé Dimanche, je ne vais pas tourner autour du pot pour la xième fois sur le sujet.
00:33:25C'est une émission d'information, ce n'est pas une émission de critique, d'accord ?
00:33:27Vous avez besoin d'information ?
00:33:29Mais pas du tout.
00:33:29Mais votre opinion sur la télé, je n'en ai rien à foutre.
00:33:31Et la mienne, vous n'en avez rien à foutre.
00:33:33Moi, je fais une émission d'information.
00:33:35Dans une émission d'information, ils recevaient fréquemment Étienne Mougeotte, le vice-PDG de TF1,
00:33:38mais en évitant d'évoquer des sujets qui pourraient l'embarrasser,
00:33:41notamment à propos de ses relations avec le pouvoir.
00:33:44Il n'avait pas non plus diffusé d'extraits du document Mougeotte-Léotard,
00:33:47alors que c'était, semble-t-il, la vocation de son émission de montrer ce genre de choses.
00:33:50C'est en tout cas ce que nous avait affirmé son confrère Christian Blachasse.
00:33:53En revanche, je pense qu'une émission totalement consacrée à la télévision
00:33:56aurait dû et aurait pu publier ce document.
00:34:00Comme Télé Dimanche, Ligne de Mire...
00:34:02Les émissions qui sont totalement consacrées à la télévision.
00:34:05Et pourquoi il ne le passerait pas ?
00:34:06Je ne sais pas.
00:34:07Allô ?
00:34:09Bonjour, M. Karl.
00:34:10Oui, salut.
00:34:12M. Dana.
00:34:13Bonjour, M. Dana.
00:34:14Comment allez-vous, M. Karl ?
00:34:15Moi, ça va.
00:34:17Moi, nous aussi.
00:34:18Mais tant mieux.
00:34:19Bon, j'ai vu Alain Taïeb, je ne sais pas si ça a raconté.
00:34:22Oui.
00:34:22On a visionné ensemble le sujet.
00:34:24Oui, oui.
00:34:24Et je lui ai dit qu'on ne le passerait pas.
00:34:26D'accord.
00:34:28Quelles sont les raisons ?
00:34:29En même temps, on t'aime bien, donc c'est un côté...
00:34:32C'est con.
00:34:33C'est con parce que tu as eu tort d'être têtu.
00:34:36Non, je ne peux pas être têtu.
00:34:37Moi, je...
00:34:38Peut-être que le fait...
00:34:39Moi, je pense que le fait de le passer sans aucune explication pose un problème.
00:34:44En fait, c'est un sujet qui mérite débat, comme dirait...
00:34:47Ben oui, mais justement, pourquoi vous ne le passez pas alors qu'il mérite débat ?
00:34:50Parce que, si tu veux, il y a...
00:34:52Je pense qu'il y a chez toi, mais prends-le avec 1000, 27, ce que je vais te dire, un côté un peu procès stalinien.
00:35:00C'est-à-dire que je vais vous démontrer que c'est tous des pourris, y compris les gens de Canal+, qui ne veulent pas passer mon sujet.
00:35:06Donc ils sont alliés, ils se connaissent, ils se fréquentent.
00:35:09Or, c'est faux.
00:35:10C'est pas du tout...
00:35:11Non, mais je ne crois pas que toi, en tout cas, tu sois dans cette logique-là.
00:35:15Je pense que les gens au-dessus de toi, peut-être.
00:35:19Ça te loin, je suis un spectateur de télé.
00:35:20Oui.
00:35:21Et je connais tes sujets, j'ai vu beaucoup de tes sujets.
00:35:25Je pense que tu as effectivement une forme d'écriture, sauf que là, tu es allé un peu loin.
00:35:29C'est-à-dire que tu as voulu vraiment faire un brûlot à nard.
00:35:33Donc je dis procès stalinien qui n'est pas gentil, mais plutôt brûlot à nard.
00:35:36Genre, voilà, regardez, regardez comme ils sont copains, regardez comment ils réagissent.
00:35:40Et en plus, les salauds de Canal, la gauche caviar, ils ne veulent pas le passer non plus.
00:35:47C'est une erreur d'analyse.
00:35:49Pourquoi c'est une erreur d'analyse ? C'est la vérité.
00:35:51Mais non, parce que Canal n'a pas peur de passer des trucs un petit peu...
00:35:56Je sais bien que ça n'a rien à voir, mais on fait le truc sur Flucida, Facteur 8.
00:36:01C'est assez courageux aussi d'aborder ce sujet sous forme de fiction, etc.
00:36:04Donc le fait que Canal soit... Je pense que Canal, dans l'ensemble, depuis 10 ans, a montré qu'elle avait une certaine indépendance d'esprit et une certaine forme d'autocritique.
00:36:14Bah oui, mais sauf pour ce qui est de ce document-là, c'est les limites de Canal.
00:36:19Les limites de Canal, c'est que par rapport à ce truc-là, vous ne pouvez pas le passer.
00:36:22Salut, la journée de la télé, c'est aujourd'hui.
00:36:31Philippe Dana, vous avez coordonné cette opération qui débute à 14h, qui va s'achever tard dans la nuit.
00:36:36Alors, c'était lui-là, l'homme à la chemise rouge, mon interlocuteur au téléphone,
00:36:39dans une émission qui se déroulait le jour même où le sujet aurait dû normalement passer sur Canal+.
00:36:43Alors, quel est le thème ?
00:36:44Alors, le thème, cette année, c'est la télévision, le pouvoir, la morale.
00:36:47Donc, un thème d'actualité, un thème de réflexion à trois semaines des élections, du premier tour.
00:36:52Et on va voir donc une trentaine de petits modules, soit des fictions, soit des enquêtes, soit des documents, soit des reportages.
00:36:58Eh bien, ça commence à 14h, après Télé Dimanche et après la semaine des Guignols, bien entendu.
00:37:04C'est tous les jours dimanche.
00:37:09Philippe Alexandre, Serge, Julie, bonsoir.
00:37:11Bonsoir.
00:37:12Alors, à notre programme ce soir, les rapports entre la télé, la politique et, peut-être, si on va jusque-là, la morale.
00:37:22Oh, ça, on s'arrêtera avant.
00:37:25Pourquoi ? C'est trop tard le soir, d'habitude.
00:37:28Reste le programme.
00:37:29Ça, c'est ce qu'on a pu voir dans la journée de la télé de Canal+.
00:37:31Un débat qui mettait en scène trois journalistes partageant à peu près le même point de vue.
00:37:36Alors, la chaîne s'était bien gardée d'annoncer à ses téléspectateurs qu'ils ne verraient pas tous les sujets prévus.
00:37:40Il fallait lire le journal Libération pour apprendre que pas vu à la télé ne serait justement pas vu à la télé.
00:37:46Et quelques jours plus tard, c'est le quotidien Le Monde qui parlera, lui, de censure à propos de cette affaire,
00:37:50ce qui ne manquera pas de faire réagir Canal+.
00:37:52Allô, oui ?
00:37:57Bonjour, je vais parler avec Christian Desplaces, s'il vous plaît.
00:37:59Oui, c'est moi, l'appareil.
00:38:00C'est Pierre Carre, l'appareil.
00:38:01Bonjour.
00:38:02Bonjour.
00:38:03Vous allez bien ?
00:38:03Oui.
00:38:03Je vous appelle, je vous ai donc laissé des messages sur votre répondeur parce qu'à Télé Dimanche,
00:38:09on veut faire un reportage sur le fait que votre sujet n'est pas vu à la télé et effectivement n'était pas vu à la télé.
00:38:16C'est exact.
00:38:18Quelle judicieuse remarque.
00:38:19Notamment sur Canal.
00:38:22Là, mon interlocuteur au téléphone s'appelait Christian Desplaces.
00:38:25C'était un journaliste de Canal+, qui collaborait à l'émission Télé Dimanche.
00:38:29Celle-là même, qui n'avait pas jugé utile d'évoquer la censure du sujet.
00:38:31Et j'aurais voulu savoir s'il était possible de vous rencontrer pour faire une interview avec vous,
00:38:36pour que vous m'expliquiez à la fois votre point de vue à vous par rapport à ce sujet,
00:38:40un petit peu comment vous l'avez tourné, etc.
00:38:43Je trouvais plutôt cocasse qu'un journaliste de Canal+, veuille m'interroger,
00:38:46car ce que j'allais lui raconter le mettrait certainement dans l'embarras.
00:38:49Je comptais bien en effet lui révéler le contenu de mes conversations téléphoniques avec sa chaîne,
00:38:53et notamment le fait que la plupart des gens que nous avions interviewés avaient fait pression,
00:38:56et je voyais mal comment il allait pouvoir passer de tels propos.
00:38:58Ok, très bien.
00:38:59Écoutez, on vous retrouve demain soir, 21h.
00:39:01D'accord.
00:39:02C'est parti ?
00:39:04Voilà, la caméra de Pierre-Carles Tour, celle de Démence-Fort.
00:39:07Attends, attends, attends, je fais quand même une clape, moi, de mon côté.
00:39:10Ça, c'est le lendemain, lorsque le journaliste de Canal+, est venu m'interviewer,
00:39:13et tout au long de l'entretien, je n'allais cesser de lui rappeler ce que Philippe Dallam avait dit au téléphone.
00:39:18On va parler clairement.
00:39:20Pour nous, c'est une espèce de missile Exocet.
00:39:23Donc sa chaîne savait pertinemment que le sujet risquait de poser problème.
00:39:26Est-ce qu'en conclusion tout seul, votre impression à vous, c'est qu'on ne peut pas, en France, parler des médias du pouvoir, du lobbying ?
00:39:41Ou est-ce que c'est vous qui n'arrivez pas à bien en parler ?
00:39:45Ah, non, je ne parle pas très bien, c'est ça.
00:39:48Là, j'avoue que je suis resté un peu interloqué.
00:39:49On n'entend pas très bien ma réponse.
00:39:51En fait, j'allais lui rétorquer que ce n'était pas moi, mais plutôt son émission à lui, Télé Dimanche,
00:39:55qui avait des problèmes pour aborder certaines questions,
00:39:57et notamment les rapports qu'entretenaient des journalistes influents avec des membres du pouvoir.
00:40:01Vous savez très bien, c'est croyable, vous êtes le premier à le savoir, en travaillant en Télé Dimanche,
00:40:05vous savez très bien qu'il y a des choses que vous ne pouvez pas parler,
00:40:07des problèmes que vous ne pouvez pas aborder,
00:40:10que vous ne pouvez pas dire à Étienne Moujotte quand il est sur votre plateau,
00:40:12tenez, regardez cette cassette, qu'est-ce que vous en pensez ?
00:40:14C'est normal, ça se passe comme ça, et vous ?
00:40:16Vous êtes le premier à savoir.
00:40:18Pourquoi vous me posez la question à moi, alors que c'est un secret de Polychimeneuve ?
00:40:21Moi, j'ai juste enregistré dans mon documentaire, un secret de Polychimeneuve.
00:40:27Merci.
00:40:27Je n'étais pas tout à fait sûr de l'avoir convaincu, là.
00:40:30Maintenant, je me demandais s'il oserait tout de même reprendre mes arguments
00:40:32mettant en cause son propre employeur dans son reportage pour Canal+.
00:40:35Sur Canal+, dimanche dernier, c'était la journée de la télé.
00:40:39Un reportage qui devait être diffusé dans le cadre de cette journée
00:40:42a été refusé par la direction de la chaîne.
00:40:44Le Monde et Libération ont parlé de censure.
00:40:46Ce reportage de Pierre Carle voulait illustrer les liens entre le pouvoir politique et les médias.
00:40:52Ça, c'est le jour où Canal+, a cherché à se justifier dans l'affaire de la censure de pas vue à la télé.
00:40:55C'est donc Michel Denizot, l'animateur de l'émission Télé Dimanche,
00:40:59que j'avais mise en cause dans mon interview, qui s'est chargé de donner la version de la chaîne.
00:41:03Christian Desplaces a enquêté.
00:41:06Dimanche 2 avril, la troisième édition de la journée de la télé sur Canal+,
00:41:09avait pour thème télé, pouvoir et morale.
00:41:12Un reportage pas vu à la télé, réalisé par Pierre Carle, n'a pas été diffusé par la chaîne.
00:41:17Résultat, un article dans Libération et un autre dans Le Monde, où l'on parle de censure.
00:41:22Toute l'affaire commence le 6 février dernier.
00:41:25Cette lettre est envoyée à une dizaine de journalistes dans toutes les chaînes.
00:41:28C'est une demande d'interview.
00:41:30Voilà ce que dit la lettre.
00:41:31Le thème du film que nous préparons concerne la nouvelle distribution des rôles complémentaires
00:41:35de la presse télé et de la presse écrite.
00:41:38Huit journalistes acceptent de répondre.
00:41:41Mais quelques minutes après le début de l'interview,
00:41:43Pierre Carle ouvre sous leurs yeux une mallette contenant un magnétoscope
00:41:46et leur diffuse l'image d'une conversation privée entre François Léotard, le ministre de la Défense,
00:41:52et Étienne Mougeot, le vice-président de TF1.
00:41:55Le contenu de cette conversation avait fait la une du canard enchaîné l'été dernier.
00:41:59Le but de Pierre Carle montrait la connivence entre les médias et les hommes politiques.
00:42:03Devant lui et sa mallette, les journalistes sont priés d'expliquer
00:42:06pourquoi ils n'ont pas diffusé ces images piratées sur un satellite.
00:42:09On vous laisse parler sur ce qu'on vous a annoncé, mais ça n'est pas là l'objectif.
00:42:15Ensuite, tout d'un coup, on vous piège avec une cassette, on enregistre vos réactions.
00:42:19On sait très bien d'ailleurs que vous allez réagir brutalement, mais on vous enregistre quand même.
00:42:22Vous avez beau vous y opposer, il s'y diffuse, il diffuse, il présente à des journaux de presse écrite
00:42:27qui en quelque sorte publient le communiqué de Pierre Carle.
00:42:29Et le tour est joué.
00:42:30Il était venu là pour me piéger, point.
00:42:32Et encore une fois, non pas pour trouver, pour faire une enquête, pour trouver une information, certainement pas.
00:42:37Bien évidemment, les gens sont troublés, comme il le serait aussi bien si on leur avait montré une image de recette de cuisine ou de corrida.
00:42:49Et dans le montage final, ce qu'il exploite, c'est les deux minutes où ces gens se disent
00:42:58« Attends, qu'est-ce qu'il est en train de me faire ? »
00:43:01Alors effectivement, certains froissent un papier, d'autres sont incapables de répondre à la question « Alors, qu'est-ce que vous pensez de cette image ? »
00:43:11Mais ce sont uniquement ces deux minutes-là qui nous ont été montrées.
00:43:17Pierre Carle, lui, affirme n'avoir pas d'autre moyen pour obtenir de vraies réponses et il renvoie la balle à ses confrères.
00:43:23J'ai toujours été malhonnête, moi. Mais avec des gens malhonnêtes, il faut être malhonnête.
00:43:26Quand ils font des sujets sur le groupement, comme ils en ont fait un dernièrement, vous voyez, spécial, sur ce qu'ils appellent une secte,
00:43:32et certains disent que ce n'en est pas une, enfin bon, et qu'ils utilisent des méthodes pour piéger les gens, ils sont malhonnêtes.
00:43:37Enfin, ils sont malhonnêtes, ils sont comme moi, quoi. Ils sont comme moi avec eux.
00:43:40Ils n'aiment pas qu'on leur fasse à eux ce qu'ils font aux autres.
00:43:42Regardez bien comment va se comporter la journaliste Anne Sinclair avec l'ancien Premier ministre.
00:43:46Les 13 minutes du reportage font alterner les interviews devant la mallette magnétoscope et les images d'archives.
00:43:51Au final, un montage destiné à démontrer l'idée de départ de Pierre Carle.
00:43:57Moi, j'ai fait une enquête sur la mauvaise foi des journalistes.
00:44:01C'est des gens qui sont de mauvaise foi. Donc je voulais filmer leur mauvaise foi, c'est tout.
00:44:04Procédé totalité lorsqu'il s'agit donc non pas de chercher l'information, mais de piéger l'interviewé,
00:44:11de faire preuve de procès d'intention, de terrorisme intellectuel et de mauvais esprit.
00:44:16À partir de là, il y a tout et n'importe quoi.
00:44:19Alors, cette familiarité...
00:44:20Canal Plus avait demandé à Pierre Carle de ne pas utiliser dans son montage les images piratées.
00:44:25La chaîne considère donc que le reportage livré n'a pas été conforme à sa commande.
00:44:29...tout qu'il avait montré ces images.
00:44:30Alors, je crois que c'est une histoire relativement exemplaire de manipulation
00:44:34où il a été présenté à une chaîne de télévision, un projet, il a été tourné à un autre projet.
00:44:40Et c'est ma responsabilité à moi, directeur des programmes, de dire que je contrôle mon antenne,
00:44:47je suis responsable des images qui passent.
00:44:51Et il est hors de question qu'une dizaine de journalistes parmi les plus importants de la radio,
00:44:58de la télévision et de la presse écrite passent pour des imbéciles, des truqueurs, voire pire.
00:45:03Et j'oserais pas le dire, ça ne passera jamais sur mon antenne.
00:45:06Je crois que si ces gens-là avaient été interrogés sur le véritable sujet tel qu'il nous a été proposé,
00:45:13on aurait eu un sujet très intéressant.
00:45:15Et je pense que je vais faire ce sujet très rapidement parce que c'est très important.
00:45:20François-Henri de Virieux.
00:45:21Bonjour.
00:45:22Bonjour Michel.
00:45:23Auparavant, puisque vous étiez concerné par ce reportage.
00:45:26J'ai été parmi ceux qui ont été piégés.
00:45:28Est-ce que vous souhaitez dire quelque chose ?
00:45:30Je suis entièrement d'accord avec tout ce qui vient d'être dit là.
00:45:32Je dirais qu'il y a deux problèmes dans cette affaire.
00:45:34Le premier, c'est que le sujet lui-même qui est montré ne mérite pas de passer.
00:45:41C'est une conversation complètement piégée.
00:45:45Caméra dans le dos de Léotard, le ministre de la Défense, qui ne peut pas se défendre,
00:45:49entretient avec Étienne Mougeot.
00:45:52Et ça ne mérite pas en tout cas l'appellation de censure parce qu'on ne le passe pas.
00:45:55Et la seconde chose, alors qu'il est plus grave pour un journaliste,
00:45:58c'est quand même qu'il dit je vais vous poser une question et qu'il en pose une autre.
00:46:01Et la question, c'était pourquoi est-ce que ce sujet n'est jamais passé à la télévision ?
00:46:07Et en fait, quand on répond, on s'aperçoit que ça n'intéresse pas les réponses.
00:46:14Tout est dit ?
00:46:15Tout est dit.
00:46:16Alors, je n'avais pas pu répondre aux accusations portées par François-Henri de Virieux à mon encontre,
00:46:21Michel Denisot n'ayant pas jugé utile ce jour-là de m'inviter sur son plateau.
00:46:25Et il ne m'avait pas non plus donné l'occasion d'expliquer pourquoi nous avions dû ruser avec nos interlocuteurs.
00:46:30En fait, si nous n'avions pas agi de la sorte, nous n'aurions sans doute pas réussi à les interviewer.
00:46:33C'est une interview sur les relations, je fais un documentaire pour quand même plus,
00:46:39sur les relations entre le pouvoir et les médias, et notamment entre journalistes et hommes politiques.
00:46:46Et j'aurais souhaité interviewer Jean-Luc Manot à propos de la...
00:46:50Là, nous annoncions la couleur, nous expliquions précisément sur quoi portait l'entretien à la secrétaire de Jean-Luc Manot,
00:46:55à l'époque directeur de l'information de France 2.
00:46:57Mais il n'avait pas donné suite à notre demande d'interview, de même que Jean-Pierre Elkabach, son supérieur.
00:47:01Eh bien, vous n'aurez pas suivi, le président vous prie de l'excuser, mais il ne peut pas en ce moment.
00:47:08Si c'est plus tard, ça serait possible, c'est bon ?
00:47:10Il ne m'a pas parlé de ça, pas pour le moment.
00:47:14Donc c'est à la suite de ces refus successifs que nous nous étions vus obligés de formuler notre demande différemment,
00:47:18comme dans ce courrier adressé à Charles Villeneuve, où nous restions assez vagues sur le véritable motif de l'enquête.
00:47:23Je crois qu'il y a un vrai problème. Le problème est le suivant.
00:47:26C'est que les gens qui se sont plaints et qui sont dans ce reportage,
00:47:29ils ne se sont pas plaints sur la démarche qui a été la nôtre.
00:47:31Si, officiellement. Mais le fond de la question, c'est quoi ?
00:47:34Ce n'est pas notre démarche qui est en cause. Ce ne sont pas les questions qu'on leur a posées.
00:47:37Je pense qu'à retardement, ce qui les gêne, ce sont les réponses qu'ils nous ont apportées.
00:47:42L'enquête réalisée par Pascal Martin et Jacques Cotta sur les lobbies...
00:47:45Ça, c'est un sujet qui était passé à la télévision à propos d'une polémique qui concernait cette fois-ci l'émission Envoyé Spéciale.
00:47:50Et on reprochait à ces deux journalistes qui avaient enquêté dans les milieux catholiques intégristes d'employer des méthodes d'investigation finalement assez proches de celles que nous avions utilisées à l'égard de leur propre patron, Bernard Benyamin.
00:48:00Alors voyons ce qui leur a été reproché.
00:48:01D'abord, ils sont venus nous trouver en nous disant que l'émission concernerait les valeurs, la famille, la famille dans la société.
00:48:10Donc ils nous ont trompés sur le thème de l'émission.
00:48:13Alors souvenez-vous à présent de ce que disait Bernard Benyamin à notre propos.
00:48:16Il était venu là pour me piéger, point. Et encore une fois, non pas pour trouver, pour faire une enquête, pour trouver une information, certainement pas.
00:48:23Écoutons maintenant ce que les intégristes catholiques reprochaient à Envoyé Spéciale, son magazine.
00:48:26Quelle était l'intention des auteurs ? Faire un reportage, une enquête ou défendre une thèse ?
00:48:33C'est à quoi on pouvait rétorquer, comme l'avaient fait les deux journalistes d'Envoyé Spéciale.
00:48:37Mais le fond de la question c'est quoi ? C'est pas notre démarche qui est en cause. Ce ne sont pas les questions qu'on leur a posées.
00:48:41Je pense qu'à retardement, ce qui les gêne, ce sont les réponses qu'ils nous ont apportées.
00:48:45Cet argument pouvait s'appliquer à Bernard Benyamin, leur rédacteur en chef, qui avait dû être lui aussi un peu gêné à retardement par les propos qu'il avait tenus devant notre caméra.
00:48:52Est-ce que ce serait possible de faire une enquête sur la télévision, à la télévision, sur ces rapports de la télévision avec le pouvoir ?
00:48:58Je vais vous dire, enfin, moi je n'aime pas trop cracher dans la soupe.
00:49:02Faire une enquête sur des gens, enfin moi c'est pas du tout mon truc, mais ça j'aime pas du tout, mais pas du tout.
00:49:06La télévision peut-elle vraiment parler d'elle-même ? Bonne question, passons à la suivante, dirait l'autre.
00:49:19Eh bien nous, nous avons décidé de nous y arrêter un peu.
00:49:22Ça c'était le droit de regard, une émission de France 3 qui allait donner un point de vue sensiblement différent de Canal+, sur la censure de pas vu à la télé, pourtant à partir des mêmes informations que Télé Dimanche.
00:49:31Pas vu à la télé, l'enquête ne pouvait pas mieux s'intituler. Canal+, refusera de la diffuser.
00:49:36C'était le 2 avril. Pierre Carles avait demandé aux journalistes les plus connus de la télé pourquoi personne n'avait diffusé un entretien mougeotte-léotard,
00:49:45piraté lors d'une transmission satellite de la Une.
00:49:48Tout comme celle-ci, les images montraient une vraie connivence entre le journaliste et l'homme politique.
00:49:53Bon, alors, si tu veux, moi je te propose d'insister toi sur les thèmes qui te sentent les plus importants.
00:49:58En fait, ce qui gênait dans son enquête, c'est que les télés répugnent effectivement à aborder ces questions,
00:50:04que leurs responsables sont mal à l'aise quand on leur en parle et que cela non plus ne devait pas être montré.
00:50:09Il est hors de question qu'une dizaine de journalistes parmi les plus importants de la radio, de la télévision et de la presse écrite
00:50:17passent pour des imbéciles, des truqueurs, voire pire.
00:50:21La seconde chose, alors qu'il est plus grave pour un journaliste, c'est quand même qu'il dit je vais vous poser une question et qu'il en pose une autre.
00:50:27Henri de Virieux ne ferait pas ça à ses invités, lui.
00:50:30Bonjour, ça va, tu vas bien ?
00:50:32Bonjour, je suis bienvenu.
00:50:34Voilà, maintenant, à partir de maintenant, ça devient, ça reste un entretien privé.
00:50:40Jusqu'à dimanche.
00:50:44Contradictoirement avec ce que nous disions au départ, il y a une vraie, c'est une vraie agression commise envers le téléspectateur que de faire du dévoilement.
00:50:54Je ne crois pas que ce soit tellement à l'égard du téléspectateur.
00:50:56Le problème, il est plutôt à l'intérieur de ce milieu des médias et de la télévision.
00:50:59Alain de Greff le disait très bien tout à l'heure.
00:51:02Pourquoi il refusait de montrer le reportage de Pierre Carles ?
00:51:05Ses raisons sont claires.
00:51:06Il est hors de question que les dix plus grands journalistes de radio et de télévision puissent apparaître comme des imbéciles ou je ne sais pas quoi.
00:51:12Ou des truqueurs.
00:51:13Voilà, ou des truqueurs.
00:51:14C'est le côté incestueux de ce milieu-là.
00:51:15On se connaît tous, on se tient tous plus ou moins.
00:51:17Et donc, il ne faut pas briser le pacte comme Daniel Schenermann disait-toi d'heure.
00:51:20Il y a un pacte entre nous.
00:51:22D'ailleurs, nous, ici, on a aussi cette relation incestueuse.
00:51:25Daniel Schenermann fait une émission sur la cinquième.
00:51:27J'y collabore.
00:51:28Laurent Neumann y travaille de temps en temps.
00:51:31Donc, on est tous dans un petit monde.
00:51:33Donc, on se rend tous des services.
00:51:35Et c'est vrai que des gens qui arrivent et qui brisent cette loi-là, on se tient tous plus ou moins, ils sont mal vus.
00:51:40C'est le milieu lui-même qui est frileux, qui est timide, parce qu'on se tient tous les uns les autres.
00:51:45Alors, le journaliste qu'avait cité Alain Raymond, c'était Daniel Schenermann, lui-là, qui animait une émission consacrée à la télévision sur la cinquième chaîne.
00:51:52Il avait d'ailleurs reçu Alain de Grève sur son plateau.
00:51:55C'était quelques jours après la censure de pas vu à la télé par la direction de Canal+.
00:51:59Mais à aucun moment, celui-ci n'avait été interrogé à ce propos, ni par Schenermann, ni par les autres journalistes présents sur le plateau ce jour-là,
00:52:06afin peut-être de ne pas briser le pacte, pour reprendre l'expression d'Alain Raymond.
00:52:10Bonjour, c'est Jean-François Bastin du magazine Letto à la RTBF à Bruxelles.
00:52:16En fait, je viens aux nouvelles à propos de pas vu à la télé.
00:52:24À la fois, je voulais savoir s'il y avait une diffusion qui était finalement envisagée en France,
00:52:28et par ailleurs, s'il était possible de l'acheter pour le diffuser chez nous.
00:52:34Ça, c'était environ six mois plus tard, lorsque les gens de la télévision belge ont appris l'existence de pas vu à la télé,
00:52:39dont on avait un petit peu reparlé dans la presse, car il avait été projeté dans différents festivals de reportages ou de documentaires.
00:52:46Il s'était même vu attribuer un prix au festival du scoop et du journalisme d'Angers, le prix Société, c'était.
00:52:53Et d'ailleurs, interrogé à ce propos, Alain de Grève, le directeur des programmes de Canal+,
00:52:57allait se déclarer consterné, en ajoutant qu'il était toujours hors de question pour sa chaîne de diffuser cette chose, comme il l'appelait.
00:53:07Allô ?
00:53:08Bonjour, vous êtes l'assistante d'Alain de Grève ?
00:53:10Oui.
00:53:10Oui, Pierre-Carles, à l'appareil, j'ai essayé de joindre Alain de Grève hier.
00:53:14Oui.
00:53:15J'aurais toujours souhaité m'éloigner.
00:53:17L'appeler, oui. Il y a un sujet précis ?
00:53:19Oui, il s'avère que c'est au sujet du film « La pas vue à la télé » dont vous avez peut-être entendu parler, non ?
00:53:26Oui, ça me dit quelque chose, oui.
00:53:28Non, simplement, c'est un film...
00:53:29Ah oui, oui, bien sûr, ça me dit, ça y est, je sais ce que c'est. D'accord.
00:53:33Simplement, il s'avère que la télévision belge a émis le souhait d'acheter le film.
00:53:37Moi, j'ai dit que les droits étaient à Canal+, pour l'instant.
00:53:42Oui.
00:53:42Donc, je vais savoir ce qu'il en était de cette affaire, si Canal+, éventuellement.
00:53:47Donc, c'est pour ça que je pourrais parler à Alain de Grève de ce sujet.
00:53:51Alors, je n'allais pas réussir à joindre directement Alain de Grève,
00:53:54et c'est pourquoi, le lendemain, je lui envoyais une télécopie
00:53:56dans laquelle je lui demandais s'il était d'accord pour que le sujet soit racheté par la RTBF
00:54:00pour une diffusion en Belgique, ou si, au contraire, il s'y opposait.
00:54:06Bonjour, monsieur. Merci de me rappeler.
00:54:09Au 44 25 14 25, je suis Marie Toublon et je travaille à Canal+.
00:54:14Je vous appelle de la part d'Anne de Grève.
00:54:17Merci de me rappeler dès que possible.
00:54:18A très bientôt. Au revoir.
00:54:20Ça, c'était la personne qui était chargée à Canal+,
00:54:22de la revente des images produites par la chaîne.
00:54:26Allo ?
00:54:26Allo ?
00:54:27Oui. Donc, je vous rappelle ce texte que vous avez envoyé à Alain.
00:54:29On est tout à fait d'accord pour vendre le programme à la RTBF.
00:54:32Il n'y a aucun problème.
00:54:34Donc, demandez aux gens de la RTBF de rentrer en contact avec moi
00:54:36pour qu'on puisse négocier le prix de ce programme.
00:54:41Non, d'accord. Non, la seule chose...
00:54:43Donc, Canal+, ça avait l'air bien disposé cette fois-ci,
00:54:45mais leur tarif allait s'avérer prohibitif
00:54:47par rapport au budget dont disposait la télévision belge
00:54:49pour acheter les droits de diffusion de pavé à la télé.
00:54:52Et je n'ai pas eu d'autre choix à partir de ce moment-là
00:54:54que d'inventer une fausse société de production,
00:54:56Arapède Productions, pour faire croire à la RTBF
00:54:59que le sujet m'appartenait désormais,
00:55:00que c'est donc moi qui en détenais les droits.
00:55:02Alors, on avait choisi d'appeler notre société Arapède
00:55:05parce que c'était des coquillages qu'il était très difficile
00:55:07de décrocher des rochers lorsqu'ils étaient accrochés.
00:55:09Et c'est Hector Obalc, l'intervieweur de Charles Villeneuve
00:55:13et de Bernard Benyamin, mais qui exerçait en réalité
00:55:15la profession de graphiste qui avait fabriqué le papier en tête
00:55:18au nom de notre fausse société.
00:55:20Ensuite, j'avais demandé à un ami assez proche
00:55:22d'apposer sa signature au bas du faux contrat
00:55:24à la place de la mienne, afin qu'on ne puisse pas m'attaquer
00:55:26ou du moins m'accuser d'avoir vendu un sujet
00:55:28dont je ne détenais pas les droits.
00:55:30Et nous avions dû également nous approprier une boîte à lettres
00:55:32qui semblait désaffectée
00:55:34pour recevoir du courrier au nom d'Arapède Productions.
00:55:39En grande première sur la une, la RTBF sort des oubliettes
00:55:49un reportage français jamais diffusé en France.
00:55:52Sujet de ce document...
00:55:54Alors ça, c'était le 5 mai 1996,
00:55:56lorsque pas vu à la télé allait pour la première fois être un peu vue.
00:55:59Pas vu à la télé, ce dimanche vers 13h10.
00:56:02C'est un reportage français que vous allez nous faire voir aujourd'hui,
00:56:07Jean-François Bastin, une enquête plus exactement
00:56:10du journaliste Pierre Carles
00:56:12et que les téléspectateurs français n'ont pas pu voir
00:56:14et ne verront vraisemblablement jamais.
00:56:16Alors une première question, pourquoi n'ont-ils pas pu le voir ?
00:56:20Pourquoi cette autocensure ?
00:56:21Et pourquoi le montrer à la RTBF ?
00:56:23D'abord, pourquoi cette autocensure de Canal+, à vrai dire ?
00:56:26Je n'en sais trop rien, Jacques.
00:56:28Ce que je pense, en tout cas,
00:56:29c'est que les dirigeants de Canal+,
00:56:31quand ils ont décidé de ne pas diffuser cette émission
00:56:33qu'ils avaient pourtant commandée à Pierre Carles,
00:56:35ont eu, à mon avis, un réflexe de solidarité professionnelle
00:56:38parce que c'est vrai que dans ce reportage de Pierre Carles,
00:56:41il y a des journalistes de la télévision française
00:56:43qui sont mis sur la sellette.
00:56:45En tout cas, nous, à l'hebdo,
00:56:46nous ne voyons aucune raison de priver le public de ce document.
00:56:50Au contraire, parce que ça touche à un vrai problème de société d'aujourd'hui.
00:56:54C'est la question des relations entre le monde des médias,
00:56:56de la télévision en particulier, et le monde politique.
00:56:59Cela dit, ne vous attendez pas des révélations fracassantes à ce propos.
00:57:03En fait, l'intérêt principal, à mon avis, du sujet de Pierre Carles,
00:57:06c'est de faire apparaître ce que j'appellerais
00:57:08une certaine hypocrisie médiatique.
00:57:10Vous allez voir dans quelques moments, dans quelques instants,
00:57:13vous allez voir des vedettes de la télévision française,
00:57:16de l'information télévisée, des stars du petit écran en France,
00:57:19vous allez voir se décomposer, perdre un peu de leur vernis,
00:57:22perdre un peu leurs moyens, certains leur sang-froid,
00:57:24parce qu'ils sont confrontés tout d'un coup à un petit document,
00:57:27ordinaire, extraordinaire, c'est difficile à dire,
00:57:29en tout cas un document qui a ce don de faire tomber quelques masques au fond.
00:57:33Merci Jean-François.
00:57:34Voici donc, pas vu à la télé, un reportage de Pierre Carles.
00:57:38Ok, c'est quand on veut, c'est parti.
00:57:57Oui, est-ce que vous avez vu le sujet de Pierre Carles qui avait provoqué une polémique
00:58:01qui n'avait pas été diffusée par Canal+, justement, l'an dernier ?
00:58:05Sur ?
00:58:05Sur, vous savez, cette bande vidéo qui avait été prise, justement, off sur une liaison satellite.
00:58:13Alors lui, c'était Carl Zéro, un humoriste de Canal+,
00:58:16qui animait une nouvelle émission sur la chaîne.
00:58:18Le feed !
00:58:19Voilà, il était vu voir tous les journalistes de télé en leur disant,
00:58:22bon, en les malmenant un peu, en utilisant un peu les méthodes
00:58:26qu'utilisent certains journalistes d'investigation pour, sinon les piéger,
00:58:29en tout cas, leur faire cracher des choses.
00:58:31Oui, je ne l'avais pas vu personnellement, mais j'en ai entendu parler.
00:58:34Est-ce que ça vous choque, sa démarche ?
00:58:36Ah non, pas du tout, je trouve ça très bien.
00:58:39Donc, vous seriez prêt presque à le diffuser dans votre émission ?
00:58:42Sans problème, sans problème.
00:58:44Ben, on est là pour ça.
00:58:45Si nous, on ne diffuse pas ça, je ne vois pas qu'il va le diffuser.
00:58:47Oui, mais il n'a pas été diffusé par Canal+.
00:58:49Il n'y avait pas de vrai journal.
00:58:51Donc, vous pensez être un espace de liberté supérieur encore
00:58:54dans l'espace de liberté déjà de Canal+.
00:58:56Vous ouvrez une brèche.
00:58:58Dans le domaine de l'information, oui.
00:59:01Alors, c'était le directeur des programmes de Canal+, Alain de Greff,
00:59:04qui avait lancé cette nouvelle émission sur sa chaîne environ un an et demi
00:59:07après la censure de pas vu à la télé.
00:59:09Et donc, il semblait que les choses étaient un petit peu en train d'évoluer à présent.
00:59:13Allô ?
00:59:15Allô ?
00:59:16Oui, allô ?
00:59:16Oui.
00:59:17Oui, je vous ai appelé pour savoir si vous aviez reçu la petite bande que vous envoyez.
00:59:24Ah oui, oui, oui, tout à fait.
00:59:26On a reparlé de vous l'autre soir.
00:59:29Quel soir ?
00:59:30Au cours d'un dîner, puisqu'on fait des dîners...
00:59:33Alors là, c'est à Karl Zéro que je parlais au téléphone.
00:59:35Donc, visiblement, vous avez chauffé de greffe très fort, je ne sais plus à quelle occasion.
00:59:40Sans doute à l'occasion du document que vous m'avez envoyé,
00:59:42que je n'ai pas eu le temps de regarder, mais que je me prépare à regarder avec joie,
00:59:45parce que je crois que c'est assez drôle.
00:59:46Donc, moi, j'ai poussé en disant qu'il faut le prendre.
00:59:51Mais je crois que le problème, c'est que de greffe, je crois, il n'a pas vu...
00:59:54En fait, il avait fait des critiques initialement.
00:59:56Moi, j'ai rectifié le...
00:59:58Je crois qu'il vous déteste foncièrement, parce que vous avez doublé sa façon de voir, quoi.
01:00:05Entre le politiquement correct façon de greffe et ce que vous vouliez faire passer,
01:00:10il y avait une différence notable, ce qui est d'ailleurs un peu mon cas aussi aujourd'hui.
01:00:15Ne nous le cachons pas.
01:00:16Mais cela dit, moi, je serais intéressé de travailler avec vous,
01:00:19de vous confier des enquêtes, on peut se voir en parler ensemble.
01:00:23Alors, à vrai dire, je ne m'attendais pas du tout à ce qu'il me propose de travailler dans son émission.
01:00:27Mais après tout, pourquoi pas, puisqu'il avait l'air sincère.
01:00:30Pourquoi est-ce que la télévision n'est jamais le reflet de la vie réelle ?
01:00:33Quand vous parlez entre vous, tous les deux, au maquillage, vous parlez,
01:00:37vous dites des choses sérieuses et vous dites aussi des grosses conneries, tous les deux.
01:00:39Et vous vous marrez.
01:00:41Alors là, Carl Zéro était l'invité de Ligne de Mire, l'émission de Jacques Chancel sur France 3.
01:00:44C'était quelques jours à peine après notre conversation téléphonique.
01:00:47Vous faites pareil.
01:00:48J'imagine que vous dites plein de choses, par exemple, à la salle de maquillage,
01:00:51que vous ne dites plus après, parce que vous êtes devant votre caméra et vous jouez.
01:00:55Eh bien, mon cher Jacques, pas du tout.
01:00:56Donc, justement, c'est ça le vrai journal.
01:00:58C'est ça la différence.
01:00:59C'est un vrai journal.
01:00:59C'est-à-dire qu'on peut tout dire.
01:01:01On est là pour tout dire.
01:01:06Allô, c'est Carl Zéro.
01:01:08Est-ce qu'on déjonne toujours ensemble ?
01:01:10Est-ce que tu peux me rappeler ?
01:01:12Alors, mon portable, 0607, 61...
01:01:16Alors, Carl Zéro voulait là qu'on se voit assez rapidement
01:01:18pour discuter de ce que je pourrais faire dans son émission.
01:01:21Je comptais lui proposer une enquête sur la manière dont en France
01:01:23une chaîne de télévision s'y prenait pour censurer un sujet.
01:01:26Sachant que ça risquait de poser un problème,
01:01:28parce que, bon, c'était un document qui était quand même...
01:01:32Ça, c'était les termes de Philippe Dana qui m'avait commandé le sujet,
01:01:34un missile Exocet.
01:01:36C'est comme ça qu'il l'avait qualifié.
01:01:38Je m'étais dit, bon, je vais quand même enregistrer
01:01:40toutes les conversations avec la chaîne d'emblée
01:01:41pour pas qu'ils puissent me dire, après, j'ai pas fait le sujet, etc.
01:01:43Donc, ce que j'avais fait, j'ai filmé tout le processus de censure
01:01:48du sujet par canal.
01:01:50Donc, c'est un document assez incroyable, tu vois.
01:01:51Mais ça, je suis absolument pas en position de diffuser ça.
01:01:57Mais pas une seconde, tu vois.
01:01:58Oui, mais ça serait amusant, pourtant.
01:02:00Ça irait dans le sens de ce que tu fais dans le journal
01:02:02avec les caméras cachées, les machins, etc.
01:02:03Non, mais ça serait très bien, sauf que moi, je peux pas.
01:02:06Je peux pas.
01:02:07Je suis pas...
01:02:07Et encore de greffe à la limite, ça le ferait marrer.
01:02:10Mais c'est l'esclure, ça fera pas du tout marrer.
01:02:13L'autodérision, c'est pas du tout leur force.
01:02:15Alors, si je lui avais proposé de réaliser un sujet
01:02:17à partir de l'enregistrement de mes conversations de travail
01:02:19avec les gens de télévision, c'est parce que, justement,
01:02:21je l'avais entendu dire la veille, dans une émission
01:02:23où il était invité, qu'il n'aimait pas que l'on tienne
01:02:25un discours différent à l'antenne et hors antenne.
01:02:28Il s'agit de montrer la réalité des choses.
01:02:30C'est pour ça que j'aime pas l'idée de on et de off.
01:02:33J'aime bien que les gens soient normaux
01:02:34et disent normalement ce qu'ils pensent.
01:02:36Est-ce que vous auriez jusqu'à révélé des affaires, Carl,
01:02:38si vous aviez l'occasion, si vous aviez un dossier
01:02:40qui est arrivé jusqu'à vous ?
01:02:41Bien entendu, c'est le principe même du vrai journal.
01:02:44C'est de ne pas garder pour soi des trucs
01:02:45et de raconter les choses comme elles sont.
01:02:48Simplement, c'est au journaliste de bien demander
01:02:50au moment où il va commencer à faire quelque chose
01:02:52s'il a la possibilité de tout dire.
01:02:55Personnellement, je travaille sur Canal+,
01:02:56c'est pas un secret, il y a une partie
01:02:58qui appartient à la Générale des eaux.
01:03:00La première chose, la première question que j'ai posée
01:03:02quand il a été question de faire un journal subjectif,
01:03:05un journal d'investigation, c'est de dire
01:03:07et si on trouve sur notre chemin, ce qui arrivera forcément,
01:03:09la Générale, qu'est-ce qu'on fait ?
01:03:10Ils m'ont dit « vas-y ».
01:03:12Je leur ai dit « vous êtes sûrs que... »
01:03:13Ils m'ont dit « vas-y ».
01:03:15Non, mais je me disais que faire d'emblée
01:03:17un sujet sur Canal pour des meilleures émissions,
01:03:18ça permettrait de balayer toutes les critiques
01:03:20et d'emblée de positionner...
01:03:23Mais tu dirais quoi ?
01:03:25Non, mais par exemple, je sais pas sur...
01:03:27Moi, je me serais bien vu faire un sujet
01:03:29sur cette affaire-là, sur le discours qui a été tenu, par exemple.
01:03:33Oui, mais tu vois, ce qui est terrible,
01:03:35c'est que tu vas être obligé de montrer leurs contradictions,
01:03:37qui sont très nombreuses.
01:03:38Oui.
01:03:38Mais ils vont passer pour des cons
01:03:40et ils te passeront pas ton sujet.
01:03:41Oui.
01:03:41Ils n'ont aucune...
01:03:43Si tu veux, il faut bien comprendre un truc
01:03:45que j'ai compris là.
01:03:47Il y a deux canals.
01:03:48Il y a le canal du début, de 1984,
01:03:51première chaîne avec un petit décodeur et tout,
01:03:54et puis il y a le canal de maintenant,
01:03:55un holding qui fait du satellite, du machin.
01:03:57Ça n'a rien à voir.
01:03:57C'est pas le même esprit d'entreprise, tu vois ?
01:04:01Donc ça n'a rien à voir.
01:04:02Donc en fait, tu peux pas arriver...
01:04:04Le premier sujet, c'est « je me fous de la gueule de Canal ».
01:04:06Ça, c'était quelques jours plus tard.
01:04:24Oui ?
01:04:25Euh, Carle-Zéro ?
01:04:26Oui ?
01:04:26Oui, allô ?
01:04:27Allô, je répondrai en étant pas suspendu,
01:04:30vous pouvez laisser un message.
01:04:31Au revoir.
01:04:32Allô ?
01:04:33Oui, allô ?
01:04:33Oui, c'est Pierre-K, l'appareil.
01:04:35Ah, salut Pierre !
01:04:36Ça va ?
01:04:37Oui !
01:04:37Euh, t'as eu mon message, non ?
01:04:39Ah, non.
01:04:39D'accord, j'ai un message sur ton portable.
01:04:42Ah, j'écoute pas très souvent.
01:04:43D'accord.
01:04:43Oui, euh, je pensais te proposer un sujet,
01:04:46là je voulais juste appeler pour te proposer un sujet
01:04:48qui va être traité forcément par je sais pas qui.
01:04:51Oui.
01:04:51C'est l'histoire des intervieweurs de Chirac.
01:04:55Oui.
01:04:56Je sais pas si t'as vu le papier dans le canard enchaîné ce matin
01:04:58et le titre de libération hier, là,
01:05:01Chirac romanie son cabinet journalistique.
01:05:04Oui.
01:05:04Alors c'est en lisant un article paru le matin même
01:05:06que m'était venu l'idée de proposer à Carl Zero ce sujet
01:05:09sur cette coutume française
01:05:10qui voulait que le président de la République
01:05:12choisisse les journalistes chargés d'interviewer.
01:05:15Jusque-là, c'était toujours à peu près les mêmes têtes
01:05:16que l'on voyait interroger Jacques Chirac à la télévision,
01:05:18que ce soit Anne Sinclair,
01:05:20Jean-Marie Cavada ou encore Alain Duhamel
01:05:22qui excellait depuis plus de 25 ans dans ce genre d'exercice.
01:05:26Mais en décembre 1996,
01:05:27Jacques Chirac n'avait pas fait appel à eux,
01:05:29il s'était séparé de ces gens-là.
01:05:30Et dans ce journal,
01:05:32on expliquait qu'il était bon d'éliminer les chevaux de manège habituel,
01:05:36car ils sont considérés par le public comme connivants
01:05:38par leur appartenance à l'élite.
01:05:40C'est en tout cas l'analyse que faisait dans le Figaro
01:05:42François-Henri de Virieux
01:05:44que nous avions interviewé dans Pas vu à la télé.
01:05:45Parmi les nouveaux journalistes
01:06:03qui avaient été convoqués au Palais de l'Elysée
01:06:05pour interroger Jacques Chirac,
01:06:06figuré notamment quelqu'un
01:06:07qui était à l'époque salarié de Canal+,
01:06:09Michel Field,
01:06:10ainsi que Guillaume Durand
01:06:11qui s'apprêtait à rejoindre cette même chaîne
01:06:13quelques mois plus tard
01:06:14et qui nous avait déjà parlé
01:06:15de certaines de ses rencontres avec des chefs d'État.
01:06:17Moi, je fais mon boulot,
01:06:19j'essaie de le faire bien,
01:06:20mais je ne me sens pas du tout piégé.
01:06:22Je veux dire,
01:06:23vous savez,
01:06:26j'ai fait chanter l'hymne russe à Helsine,
01:06:30j'ai fait des interviews de lui
01:06:31sous pression dans son palais
01:06:33à Moscou,
01:06:36parce qu'il ne faut pas rester enfermé
01:06:39dans un problème français.
01:06:40Allô ?
01:06:44Pierre ?
01:06:44Oui ?
01:06:45Carl ?
01:06:46Oui ?
01:06:46Zéro ?
01:06:47Oui ?
01:06:49Très bon.
01:06:51Très bon.
01:06:52Alors, la réponse est la suivante.
01:06:55Yes.
01:06:56Si tu fais ce sujet de toute façon,
01:06:59c'est la réponse de De Greff,
01:07:02il dit
01:07:03« On ne va pas se payer le luxe
01:07:07de lui refuser un sujet encore.
01:07:09Oui ? »
01:07:10Donc, s'il le fait
01:07:11et qu'il est bien,
01:07:12on le prend.
01:07:13Oui.
01:07:14Mais on ne veut pas lui commander un sujet
01:07:15pour après lui dire
01:07:16« On ne le passe pas »
01:07:17et qu'il aille se répandre partout
01:07:18en disant « On ne passe pas ces sujets. »
01:07:20Mais là, la seule différence, c'est que le sujet que je veux faire, c'est ni plus ni moins que l'illustration vidéo, télévisuelle, du papier qui est dans l'Ebay hier, ou dans le canal enchaîné ce matin.
01:07:33Il n'y a aucun scoop, il n'y a rien qui soit inédit. C'est juste faire en vidéo, en télévision, ce qui a été raconté dans l'Ebay hier, dans le canal enchaîné aujourd'hui.
01:07:49Ça te paraît incroyable. Moi, je pense vraiment que c'est un sujet qui n'a pas de problème. C'est pour ça que je te le proposais. Si le greffe est sceptique, ça c'est...
01:08:02Il est sceptique, pas par rapport au sujet, il est fou de terreur dès qu'on lui dit pire qu'un.
01:08:07Il est fou de terreur quand on lui dit pire qu'un.
01:08:10C'est-à-dire que je vais au-devant de graves ennuit. Donc, si tu le réalises dans ton coin et que tu me le files, on va le passer.
01:08:19Si tu... Mais il ne veut pas faire une commande ferme, enfin tu vois le genre, quoi.
01:08:24Non mais écoute, moi je suis ok. Simplement, tu me tiens au courant pour, si tu vas trop fort, que je puisse te dire que tu vas trop fort.
01:08:30Alors, c'était la première fois qu'on me commandait un sujet de manière presque clandestine à la télévision.
01:08:35Mais bon, ça allait au moins me permettre de poursuivre le travail que j'avais entrepris sur les relations entre la télévision, le pouvoir, la morale.
01:08:40Le micro, c'est bon ? Il n'a pas bougé, son micro, là ? Il est où, ton micro, là ?
01:08:45Je ne le vois pas. Ah oui, il est là, d'accord. Je voudrais bien qu'il soit là.
01:08:49Alors, lui, c'était Michel Naudi de France 3, que je souhaitais interviewer dans le cadre de mon enquête sur Chirac et les nouveaux journalistes,
01:08:54ainsi que Serge Halimi du Monde Diplomatique, car ils portaient tous les deux un regard plutôt intéressant sur le travail de leurs confrères.
01:09:00D'abord, la question qui se pose pour les journalistes, c'est de savoir s'ils peuvent vraiment accepter d'être choisis par le président de la République.
01:09:07Est-ce qu'il est normal que le président de la République prenne une liste et, en fonction de ses priorités de communication,
01:09:16des conseils que lui donnent les conseillers qui l'entourent, choisissent un tel ou un tel pour, en quelque sorte, favoriser une nouvelle communication
01:09:29qui permet un peu de brouiller son impopularité ?
01:09:32Enquêter un peu sur les modalités de présence des hommes politiques et des ministres aux émissions de télévision.
01:09:39Moi, j'aimerais bien savoir qui invite qui et qui s'invite où.
01:09:45Alors, dans cette émission, Michel Field avait l'air de déplorer qu'en France, certains hommes politiques puissent s'inviter sur des plateaux de télévision
01:09:50ou bien choisir leurs interlocuteurs.
01:09:53Mais c'était des propos qu'il avait tenus deux ans avant qu'on ne le convoque à son tour au palais de l'Elysée,
01:09:57afin d'interroger le président de la République aux conditions posées par ce dernier.
01:10:01Ça vous a posé un problème d'être choisi, disons, par le pouvoir ?
01:10:03Est-ce que vous n'êtes pas dit, à un moment donné, « Il utilise mon image pour la sienne ? »
01:10:07Non, d'abord parce que ce n'est pas le pouvoir qui m'a choisi, étant donné que le coup de téléphone qui m'a alerté,
01:10:11c'est celui d'Étienne Moujotte et que, donc, je ne comprends pas l'Elysée et le responsable de TF1.
01:10:17Celui qui a alerté Étienne Moujotte, c'était l'Elysée, non ?
01:10:19Non, je pense... Enfin, moi, je ne suis pas au courant de comment les choses se sont tractées entre TF1,
01:10:24mais en tout cas, c'est... Moi, la version que j'ai, c'est que c'est TF1 et Guillaume Durand, Étienne Moujotte, etc.,
01:10:29qui, ayant dilé cette émission, ont proposé justement un renouvellement de forme
01:10:33avec des animateurs qui n'étaient pas les journalistes politiques traditionnels,
01:10:37et d'ailleurs, soit dit en passant, avec lesquels on a été d'une injustice folle pendant cette période.
01:10:42On lisait, on remplace les vieux dinosaures, etc.
01:10:44Enfin, moi, je ne me suis pas du tout reconnu là-dedans.
01:10:47Il y a des... Enfin, je pense à quelqu'un comme Alain Duhamel,
01:10:49qui est un vieux routier des interviews présidentielles.
01:10:52Je ne vois vraiment pas en quoi il n'a jamais démérité dans ses interviews.
01:10:56Enfin, vraiment, là, j'ai trouvé qu'il y avait un côté renouvellement de génération.
01:11:01Alors, Libé qui titre Chirac Romani, son cabinet médiatique, ça, je trouve ça dégueulasse.
01:11:06Et pourquoi tu penses, toi, que des gens comme Michel Filde ou Manuel Chaham,
01:11:09et surtout Michel Filde qui tient un discours relativement critique sur la télévision,
01:11:13pourquoi quelqu'un comme Michel Filde, alors, va dans ce type d'interview ?
01:11:16– Je crois que sans vouloir faire de procès d'intention,
01:11:19parce que même lui doit savoir que ça constitue un symbole de reconnaissance professionnelle absolument extraordinaire.
01:11:27Je suis sûr que les gens se battraient pour être autour de cette table-là.
01:11:30Parce que le fait de pouvoir être dans cette position vis-à-vis du président de la République
01:11:34a un sens très particulier dans l'incorporation.
01:11:36Ça veut dire que l'on est de ce niveau-là, non pas du niveau présidentiel,
01:11:39mais qu'on est en mesure d'être parmi les peu qui sont choisis.
01:11:44Et donc, cela a des répercussions considérables sur l'image,
01:11:47et puis sur des choses beaucoup plus triviales,
01:11:48qui sont la capacité à pouvoir avoir des émissions de manière régulière.
01:11:52Donc, je crois que c'est fondamentalement par désir de reconnaissance,
01:11:55sinon sociale, du moins professionnelle.
01:11:57C'est extrêmement valorisant que d'être là, en somme.
01:12:00Donc, tu penses que quand on veut faire carrière à la télévision,
01:12:02en tant qu'animateur, représentateur, journaliste, vedette,
01:12:05on est quasiment obligé, on ne peut pas refuser ce type d'invitation ?
01:12:08Non, non. On appelle ça une proposition que l'on ne peut pas refuser.
01:12:13Ce que toi, tu reproches à l'attitude des journalistes ce soir,
01:12:16c'est de se rendre à un non-événement,
01:12:18c'est-à-dire aller interviewer le président de la République
01:12:19alors qu'il n'y a aucune raison pour qu'on prenne au sérieux sa parole, c'est ça ?
01:12:22C'est-à-dire qu'il sacralise une parole qui devrait être dévaluée.
01:12:25Et que c'est, à mon avis, un symptôme de la situation française.
01:12:30Je pense que la manière raisonnable, démocratique de procéder,
01:12:33ça aurait été d'annoncer en trois lignes l'intervention du président de la République,
01:12:38d'écouter ce qu'il avait à nous dire,
01:12:40et puis après de rendre compte de l'importance de ce qu'il avait dit
01:12:42en fonction de l'importance de ce qu'il allait dire.
01:12:45Peut-être qu'il ne va rien dire d'important.
01:12:47Alors, en effet, Chirac n'avait pas grand-chose à dire d'important,
01:12:49comme l'avaient souligné plusieurs journaux le lendemain,
01:12:52mais aucun des journalistes présents au palais de l'Elysée
01:12:54ne s'était permis de le lui faire remarquer.
01:12:56Moi, je ne suis pas sûr que ce soit très intéressant d'interroger le président de la République.
01:13:00Il se trouve qu'on ne m'a pas invité comme on n'a pas invité 25 000 journalistes à le faire,
01:13:04mais je ne suis pas sûr que j'aurais été ravi d'y participer.
01:13:07C'est une forme dont on devine à l'avance qu'elle est tellement guindée
01:13:12que ce n'est pas forcément le travail du journaliste
01:13:14de servir de porte-micro au président de la République.
01:13:16Quand on est là où sont ces gens qui peuvent être en posture d'être des interrogateurs du président de la République,
01:13:24je crois que cela a supposé déjà certaines démarches, un certain positionnement dans les chaînes,
01:13:29une certaine stratégie individuelle qui trouve là sa consécration.
01:13:33On ne peut pas attendre de gens qui ont tant sacrifié pour avoir un niveau d'audience dans les médias aussi important,
01:13:40d'être d'un coup d'un seul critique sur leur propre comportement, sur leur propre présence.
01:13:45Parce que s'ils avaient été critiques, ils l'auraient été avant, et donc ils n'auraient pas été là.
01:13:50C'est ainsi que s'acheverait le sujet que nous avons envoyé au vrai journal de Carl Zéron.
01:14:03Allo, oui ?
01:14:04Bonjour, c'est Nouveau-Pierre Carle.
01:14:06Oui.
01:14:06Je cherche toujours à Joanne.
01:14:07Alors je lui transmis votre message, Pierre.
01:14:10Il avait vos coordonnées, puis il m'a dit oui, oui, j'ai eu un message de lui.
01:14:13Donc là, maintenant, il faut attendre qu'il vous rappelle.
01:14:15D'accord.
01:14:15D'accord ?
01:14:16Alors là, je n'arrivais pas à joindre Carl Zéron, qui entre-temps avait reçu et visionné le sujet.
01:14:20Il s'était écoulé environ trois semaines depuis que je l'avais envoyé, et c'était donc plutôt mauvais signe.
01:14:26D'accord.
01:14:27Voilà.
01:14:27Ok, merci.
01:14:28Au revoir.
01:14:30Ouais.
01:14:31Euh, Carl Zéron ?
01:14:31Ouais.
01:14:32Pierre Carle.
01:14:33Ah !
01:14:33Ça va ?
01:14:34Ouais, et toi ?
01:14:35Bon, très bien.
01:14:36Bon, alors ils t'ont raconté ?
01:14:37Euh, vraiment.
01:14:37Qu'est-ce que c'est passé ?
01:14:38Ben, pas très bien, mais il s'est passé que le sujet n'a pas été pris.
01:14:43Ah oui, on l'a montré à la greffe.
01:14:45Ouais.
01:14:45Et il a dit, il a vu Michel Field, il a fait trois tours sur lui-même.
01:14:52Il a vu Michel Field ?
01:14:53Oui, tu sais, il y avait Michel Field dans le sujet, c'était pourtant pas très agressif.
01:14:56Ben non.
01:14:56Et il a dit, non, non, et non, et non, il ne faut pas faire ça, et tout.
01:15:02Bon, enfin, il nous a brisés.
01:15:04Ouais.
01:15:05Et Field, il a vu le sujet ?
01:15:07Non, non.
01:15:07D'accord.
01:15:08Ah oui, il a vu, tu veux dire, la séquence avec Michel Field ?
01:15:11Voilà, juste le passage.
01:15:14Il a dit non, il ne faut pas...
01:15:15Il a dit non, en plus, ce n'est plus d'actualité, c'était la semaine dernière, et même la semaine dernière, il est agressif, il ne peut pas s'empêcher.
01:15:25Bon, voilà.
01:15:25Bon, et en fait, moi, je me disais, qu'est-ce que tu penses de Jean Édernalier ?
01:15:34Ben, il est mort.
01:15:34Ben voilà.
01:15:35Je pense qu'il est mort.
01:15:36Ouais, et est-ce que tu auras une idée là-dessus, toi ?
01:15:38Sur sa mort ?
01:15:39Sur un sujet qu'on pourrait faire.
01:15:41C'est un sujet qu'on pourrait faire.
01:15:50Pourquoi ce genre de choses ne passent pas à la télévision aujourd'hui ?
01:16:17Bon, alors, d'abord, un, c'est pas moi qui ai pris la décision de ce genre.
01:16:25La relation privée, d'un homme politique avec un patron d'entreprise, fut-elle une entreprise de médias, ça fait partie de la vie publique, de la vie privée.
01:16:37Bien sûr qu'il y a de l'autocensure, mais qui nous impose l'autocensure ? Le public, le public.
01:16:42Faire une enquête sur des gens, enfin, moi, c'est pas du tout mon truc, non, ça, j'aime pas du tout, c'est pas du tout.
01:16:52Non, on ne joue pas à la comédie, c'est beaucoup plus simple que ça.
01:16:55Vous verrez, vous êtes jeune.
01:17:00Je vais vous expliquer une chose.
01:17:01Tout à l'heure, je vous ai dit...
01:17:03Vous savez, j'ai fait chanter l'hymne russe à Elcine.
01:17:21Cela dit, en effet, ne jamais accepter le moindre cadeau d'un homme politique.
01:17:26Je ne l'ai jamais, en ce qui me concerne, jamais accepté.
01:17:29Tous les journalistes, de télévision notamment, pourront vous dire ce qu'ils veulent là-dessus.
01:17:38C'est un phénomène inéluctable.
01:17:41Il est normal qu'avec le pouvoir que nous détenons, celui de l'image,
01:17:47un jour ou l'autre, nous soyons totalement transparents.
01:17:49Nous réclamons la transparence des hommes politiques, des responsables, quels qu'ils soient.
01:17:54Alors nous, nous devons être transparents.
01:17:55Moi, j'ai une cassette, là, qui me pose un problème moral.
01:17:58Je vous le dis tout de suite, c'est la recense que...
01:18:00Je ne sais même pas si je serai à votre place, je serai d'accord pour la diffuser.
01:18:05Mais je vais vous la montrer, vous la connaissez sûrement, mais je vais vous la montrer quand même.
01:18:08Et juste pour en discuter en tant que cas d'école.
01:18:12Je vous la donne tout de suite, parce que j'ai apporté un petit magnétoscope pour que ça marche.
01:18:16Attendez une seconde.
01:18:17C'est quoi cette cassette ?
01:18:18C'est le fameux... Vous savez, le truc qui a fait tout un radame au cadet enchaîné sur le...
01:18:22D'abord, c'est illégal, c'est une conversation, si j'ose dire, privée, surprise par le satellite, entre Moujotte et...
01:18:33Léotard.
01:18:33Moi, il y a quelque chose dans la vie, c'est-à-dire avec les gens comme avec les institutions que je ne supporte pas, c'est la duplicité.
01:18:53C'est-à-dire quand on fait le contraire de ce qu'on dit et qu'on dit le contraire de ce qu'on fait.
01:18:59C'est une émission d'information, c'est pas une émission de critique, d'accord ?
01:19:02C'est une émission d'information, mais pas du tout.
01:19:04Mais votre opinion sur la télé, j'en ai rien à foutre, et la mienne, j'en ai rien à foutre.
01:19:12Ou est-ce que c'est vous qui n'arrivez pas à bien en parler ?
01:19:16Ah, non, je ne sais pas pourquoi tu l'as dit.
01:19:21Moi, j'ai le sentiment que c'est ce que vient de dire Alex, ce qui caractérise la télévision française, c'est sa liberté de ton.
01:19:27Je pense que c'est quelque chose qui est relativement unique au monde.
01:19:30Je n'ai pas le sentiment qu'il y ait quelque chose de cet ordre-là dans la plupart des grands pays occidentaux.
01:19:40C'est une carte blanche qu'on donne aux sociétés de production et aux autres chaînes.
01:19:44On donne un thème au départ, donc cette année c'est la télé nous fait rire.
01:19:47Trois petits points.
01:19:48Des sujets de 13 minutes.
01:19:49On ne cache plus rien à la télévision, tout est dit.
01:19:58Ce n'était pas le cas il y a 20 ans, ce n'était pas le cas il y a 25 ans.
01:20:04En fait, moi je me disais, qu'est-ce que tu penses de Jean Éternelier ?
01:20:09Sous-titrage ST' 501 ?
01:20:39C'est parti !
01:21:09Allo ?
01:21:11Carle Zero ?
01:21:12Oui.
01:21:12Pierre Carle ?
01:21:13Ah, Pierre Carle.
01:21:14Tu as essayé de me joindre.
01:21:15Sacré Pierre Carle.
01:21:16Qu'est-ce que tu m'as encore fait ?
01:21:18Moi, mais rien de plus que d'habitude.
01:21:20Non, parce que j'ai un appel d'une nana de l'événement du jeudi qui fait un truc sur toi.
01:21:25Elle me dit que vous êtes le héros de son nouveau film.
01:21:28Ah ben oui, mais comme tous les gens de Canal+.
01:21:30Elle me dit que vous parlez dans le film, comment est-ce que je parle dans le film ?
01:21:33Parce que je t'ai raconté, quand Canal avait censuré pas vu la télé, sachant que le sujet risquait de poser problème, j'avais enregistré toutes mes conversations avec Dana.
01:21:42Oui.
01:21:43Et quand j'ai vu que c'était pareil pour le vrai journal et que De Greff à nouveau remettait ça, j'ai fait pareil avec toi.
01:21:50Oh non !
01:21:51Oh bon non !
01:21:52Mais quoi ?
01:21:53Je sais pas, enfin ça se fait pas.
01:21:56Mais ça se fait pas, quoi ?
01:21:57Ça se fait pas, parce que moi ce que j'ai essayé de faire, c'était de te faire rentrer dans la machine télé, là tu peux enregistrer tant que tu veux.
01:22:01Non mais toi, tu y es pour rien, toi !
01:22:04Moi, franchement, j'ai fait tous les efforts, je t'ai expliqué pendant des heures qu'il fallait aller mollo, tu fais le sujet, tu te débrouilles pour foutre Michel Field.
01:22:11Tu veux dire, je ne veux pas mentir, bah parfois il faut mentir par remission, tu comprends ?
01:22:15Mais oui, non mais attends !
01:22:17Mais là on a pas la même conception des choses !
01:22:18Mais on a pas la même conception, attends, c'est pas ça, soit tu veux intégrer l'équipe, soit tu veux pas.
01:22:24Non mais moi je cherche pas à intégrer une équipe à tout prix, moi je cherche à essayer de montrer des choses que les gens font.
01:22:29Voilà, par exemple, le fait qu'on puisse pas parler d'une personnalité publique comme Michel Field sur une chaîne comme ça, je trouve ça pas normal, tu vois.
01:22:38Non ?
01:22:39Tu es une naïveté extraordinaire, tu es extraordinairement naïf.
01:22:45J'ai rarement vu ça, je peux dire.
01:22:49Qu'est-ce que tu veux ? Enfin, tu fais comme tu le sens.
01:22:52Est-ce que tu vois la différence quand même, ou tu la vois même plus, entre TF1, France 2 et Canal+.
01:22:59Non, tu la vois pas.
01:23:01S'il devait y en avoir une, mais...
01:23:01Il y a une différence.
01:23:03La chaîne où il y a le plus de liberté aujourd'hui, c'est Canal+.
01:23:06Voilà, c'est tout.
01:23:08Tu vois, moi je préfère t'avoir à la télévision et que les gens voient tes trucs,
01:23:13même si tu dois pour ça les édulcorer, plutôt que rien voir du tout.
01:23:17Mais non, parce qu'après, il n'y a plus de limites.
01:23:18Après, t'es du corps, t'es du corps, t'es du corps, il n'y a plus rien.
01:23:20Il y a des cours.
01:23:21J'ai une petite expérience à la matière, je sais bien quand on commence à faire des concessions,
01:23:24on ne sait jamais où on s'arrête.
01:23:27Bon, écoute, j'espère que vraiment tu vas réfléchir, parce que je trouve ça pas bien du tout.
01:23:34Pas bien du tout.
01:23:35Tu vois, je trouve que tu ferais mieux de venir avec nous et de m'écouter 5 minutes et tu t'emporterais que mieux.
01:23:42Tu vois, c'est vraiment important ça.
01:23:44C'est idiot de faire un truc que personne ne voit, tu vois.
01:23:46C'est de faire ton circuit de machin, d'université et de machin.
01:23:49Non, mais c'est pour mes copains, tu vois.
01:23:50Mais oui, non, mais tes copains, tes copains...
01:23:53Je leur montre, tu entends ce que je fais, mes copains.
01:23:54Oui, tes copains, la première occasion, ils ne seront plus tes copains.
01:23:57Ils ne sont pas nombreux, tu vois.
01:24:02Tu fais le vide concentrique.
01:24:04Et même quand des mecs viennent te chercher, tu arrives à te mettre mal avec eux.
01:24:09Quel est l'intérêt ? Explique-moi l'intérêt.
01:24:11Ce qui m'intéresse, c'est d'essayer de faire un travail.
01:24:13Mais ce travail, il est pour qui ?
01:24:16C'est un travail de contre-information sur certaines choses.
01:24:19Attends, ce travail, il est pour qui ?
01:24:21Il est pour ceux qui l'étendent.
01:24:24Il est pour des gens qui sont intéressés par un travail de contre-information,
01:24:27notamment sur la télévision, tu vois.
01:24:30Et voilà, bon, s'il n'est pas possible de le faire,
01:24:31mais tant pis, j'attendrai pour le faire, tu vois.
01:24:33Mais j'ai une seule qualité, c'est la ténacité.
01:24:36Donc je le ferai plus tard, hein ?
01:24:40Bon, écoute.
01:24:43Si tu veux, si tu veux, si tu veux.
01:24:45Enfin, c'est pas gentil.
01:24:46Allez.
01:24:47Bon.
01:24:47Restons-en là, moi je suis vexé et triste.
01:24:50Allez, salut.
01:24:51Ciao.
01:24:51Sous-titrage Société Radio-Canada
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