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00:00Les amis, on va commencer avec ce premier thème.
00:02C'est bien parfois de faire des pas de côté et de saluer notre ami Yann Usaï.
00:06Mais je voulais qu'on commence par ce thème fort.
00:08Quand la parole, je vous le disais, quand la parole des familles, des victimes se libère enfin, enfin,
00:14je tente de dire un constat aujourd'hui, c'est que ces familles osent enfin prendre la parole.
00:19Ce n'était pas le cas à une certaine époque.
00:21Ces familles qui osent prendre la parole.
00:23Et aujourd'hui, on va vous faire écouter deux témoignages très forts.
00:26On va commencer d'abord par Christelle Gervaise.
00:28Christelle Gervaise, vous le savez, c'est la veuve d'Alban Gervaise, ce médecin militaire,
00:32agressé le 10 mai 2022, je vous le disais, par Mohamed El.
00:37Il avait été poignardé d'une dizaine de coups de couteau.
00:39Le meurtrier a été déclaré irresponsable pénalement.
00:42Il ne sera pas jugé.
00:44Elle veut carrément ouvrir le débat sur la récidive et le suivi des patients hospitalisés.
00:49Et puis, il y a une petite phrase, un petit mot qui lui a fortement déplu.
00:52Vous savez, quand je vous dis brainwashé, utilisé par Emmanuel Macron.
00:56Écoutez la réaction de Christelle Gervaise, qui a le courage de prendre la parole et de dire les choses.
01:02Quand j'entends dans la même phrase brainwashé, effet divers, effectivement, pour moi, c'est difficile à entendre.
01:08Alban, on l'a déjà dit, ce n'est pas un effet divers.
01:11Aujourd'hui, notre vie, à tous les quatre, elle est quand même très compliquée.
01:14Et des attaques au couteau, des familles brisées, il y en a malheureusement beaucoup trop souvent.
01:21Alors, je ne sais pas ce que ça veut dire.
01:24Est-ce que ça veut dire qu'on ne doit pas en parler ?
01:26J'ai des doutes.
01:27Bon, pour moi, cette phrase, en tout cas, elle n'est pas entendable.
01:31Yann Usaï, je commence avec vous.
01:32Vous êtes notre spécialiste politique.
01:35D'où l'intérêt de faire attention aux mots que l'on utilise ?
01:38Parce que quand on voit la répercussion et la réaction de Christelle Gervaise, et on comprend aisément, évidemment.
01:44Bien sûr, mais on l'a déjà dit souvent, c'est un mot qui, au-delà de ne pas être adapté, ne correspond pas du tout à la réalité de ce que vivent les Français.
01:52Parce que le terme utilisé par le Président de la République est un terme qui nie tout simplement la réalité.
01:58C'est un terme qui veut dire, en fait, aux Français, vous regardez trop la télé, vous lisez trop les journaux, à la limite.
02:06Mais surtout, vous regardez trop la télé, parce que c'est quand même CNews qui était principalement visé par ce terme-là.
02:12Vous regardez trop la télé, ce que vous vivez, ça n'est quand même pas ça.
02:15Vous le voyez bien, tous les jours sur le terrain, il n'y a pas des agressions, il n'y a pas des meurtres.
02:19On minimise ?
02:20Tous les jours, effectivement, dans la vie réelle, dans la vie que vivent tous les jours nos compatriotes, il y a de l'insécurité, il y a du danger.
02:27Et ça, le Président de la République n'en a pas conscience.
02:30Il n'en a pas conscience et donc, quelque part, il n'a rien fait pour lutter contre ça.
02:34Parce que l'insécurité, ça sera quand même l'un de ses nombreux échecs.
02:39Et ce que je disais aussi, c'est que la parole se libère aussi.
02:43Les familles osent parler, Louis de Ragnel.
02:46Et dire les choses, et mettre des mots.
02:47Jusqu'à il y a peu de temps, globalement, les familles de victimes, on leur disait surtout, ne parle pas trop, ça ne sert à rien.
02:53Ou alors, quand on entendait une victime qui hurlait un peu plus fort que les autres, on disait, non mais c'est sous le coup de l'émotion.
02:57La personne ne se maîtrise pas, ce qui était d'ailleurs très insultant.
03:01Et ce qui est vrai, c'est que là, depuis un an, un an et demi, vous avez des familles, des parents, des époux, des épouses, qui haussent le ton.
03:10Moi, je pense à la veuve du gendarme Comine.
03:13Exactement.
03:13Qui avait dit, la France a tué mon mari.
03:15Et en fait, il y a une litanie, je trouve que c'est elle qui a un peu marqué, c'est la première à avoir vraiment marqué le coup, de manière aussi explicite, aussi claire.
03:27Et ensuite, s'agissant d'Emmanuel Macron, j'ai peut-être une toute petite réserve avec vous, Johan.
03:31Moi, je pense qu'Emmanuel Macron est parfaitement conscient du diagnostic et du constat.
03:35Il a pensé que ça pouvait se régler avec son programme politique à lui, ça n'a pas fonctionné.
03:40Ça ne marche pas.
03:40Et je pense qu'il se dit que c'est foutu.
03:43Et donc, il vaut mieux s'intéresser à autre chose.
03:45Et je trouve que c'est du coup doublement, ça blesse encore plus certaines victimes, et particulièrement la famille d'Alban Gervais.
03:54Parce que si on se souvient bien, je ne sais pas si vous vous souvenez, mais au début, ça a été complètement passé sous silence.
03:59Et c'est parce que certains médias se sont emparés, se sont dit, non mais c'est quand même une histoire, c'est ahurissant ce qui vient de se passer, c'est extrêmement grave.
04:06Et on a mis un peu de temps à parler de ce drame.
04:09Les politiques ont mis énormément de temps à réagir pour ceux qui ont réagi.
04:13Parce que les trois quarts de la classe politique n'avaient pas réagi à ce drame.
04:17Et moi, je me souviens, parce que, si on contextualise, son mari était médecin militaire.
04:23Non mais, ce n'est pas une fonction totalement anonyme.
04:26Ce n'est pas n'importe qui.
04:27Vous voyez ce que je veux dire.
04:28Et il y avait eu même des débats, est-ce qu'on s'intéressait, est-ce que c'est aussi, parce qu'il était médecin, est-ce que, vous savez, quand on tue un militaire, un soldat français sur le territoire national, normalement, ce n'est pas tout à fait la même chose que si on tue quelqu'un qui n'est pas policier, pas gendarme, pas militaire.
04:44Et donc, il y avait eu un malaise de la classe politique.
04:47Et c'est pour ça que je comprends parfaitement la peine de la veuve de ce militaire qui a été tué sauvagement.
04:56Et elle explique, d'ailleurs, je termine par ça, qu'est-ce que je peux expliquer à mes enfants, qu'est-ce que je raconte à mes enfants ?
05:03J'explique que la personne qui a tué papa, eh bien, la justice a décidé de le remettre en liberté.
05:08On va les clôler, justement, je vous donne la parole, Véronique.
05:10C'est vrai que c'est quelque chose d'assez incompréhensible et insupportable.
05:12On écoute Christelle Gervaise.
05:15Pour eux, c'est quand même difficile.
05:17J'aurais dit que les juges et les médecins considéraient qu'il était trop malade pour aller en prison et qu'il irait en psychiatrie.
05:25Par contre, forcément, je leur ai dit qu'il allait rester très, très longtemps en psychiatrie.
05:30J'ai des doutes.
05:31Et je leur ai menti aussi sur un point.
05:34Je leur ai dit qu'ils n'avaient pas le droit de venir dans le département des Bouches-du-Rhône ou au moins à Marseille,
05:38comme on en avait fait la demande devant la chambre de l'instruction, mais ça nous a été refusé.
05:44Donc, effectivement, le meurtrier de mon mari, nous, on habite toujours Marseille,
05:47et le meurtrier de mon mari pourra venir dans Marseille parce que la chambre de l'instruction nous répond qu'il doit pouvoir bénéficier de soins dans cette ville.
05:55Bon, ça, c'est aussi une décision qui est difficile à entendre et pour laquelle il va y avoir que je...
05:59Je ne suis pas certaine de le dire aussi franchement à mes enfants.
06:02Je pense qu'il faut que je les protège et c'est déjà difficile pour eux de voir qu'ils vont aller à l'hôpital.
06:08C'est déjà difficile, donc je ne parle pas de durée d'hospitalisation ni de mesure d'éveillement pour le moment.
06:12C'est terrible ce que dit Christelle Gervaise ou Annick Jacquier, obligée de mentir à ses enfants pour ne pas dire la vérité.
06:17Évidemment, on en est là aujourd'hui.
06:19Oui, mais ça place bien le débat qui motive tous les parents, les épouses, donc les veuves ou les mamans d'enfants tués qui demandent finalement à prendre la parole.
06:37Parce qu'au-delà de l'indicible, toutes ces familles ont pris perpétuité, donc elles ne seront jamais consolées.
06:43Mais au-delà de l'indicible, il y a quelque chose de nouveau, c'est que justement, si elles réagissent, si elles sortent du silence,
06:51c'est parce qu'elles sentent bien qu'il n'y a plus rien de juste qui puisse expliquer l'inexplicable.
06:56C'est-à-dire qu'on n'a pas de mots pour ses enfants, mais on n'a pas de mots non plus pour trouver une forme de consolation,
07:02puisqu'il n'y a que des dissonances.
07:05Des dissonances de la part d'Emmanuel Macron, qui n'est pas capable de parler que de Brenno Haché,
07:09des dissonances de la part de la justice, qui sous-estiment la dangerosité de certains individus
07:16ou la dangerosité des actes qui ont été portés.
07:19Par exemple, pour Alban Gervaise, là aussi, on a mis quand même trop facilement sous le tapis
07:24le fait que celui qui est considéré comme fou a été suffisamment lucide ou tout au moins pas assez fou
07:35pour choisir un médecin militaire devant un établissement catholique,
07:40en sachant que deux heures auparavant, il avait fait du repérage devant une autre école,
07:44en sachant qu'il était apte pour une garde à vue,
07:47et en sachant que quand il a frappé Alban Gervaise, il a dit
07:50« Au nom de Dieu, je lui ai mis 30 coups de couteau ».
07:53Et alors ce côté « Au nom de Dieu », qui pourrait d'ailleurs valoir pourquoi pas le qualificatif de terroriste,
07:58là aussi, c'est passé sous le tapis.
08:01Donc mettez-vous à la place de tous ces parents qui savent très bien qu'ils n'ont plus rien à attendre
08:04du président de la République, de la justice, de la police, de toute mission éducative au sein de l'école.
08:11Bien entendu, bien entendu qu'ils parlent, parce qu'il y a trop de dissonances
08:16et trop de choses qu'il n'y a plus rien de juste et plus rien qui fait qu'aucune parole ne puisse être dans la justesse.
08:25On a perdu quelque chose de l'ordre de la civilisation et du civilisé pour comprendre la façon de traiter les choses.
08:31Et heureusement, heureusement que la parole se libère.
08:33– Oui, la parole se libère, mais maintenant il faut de la mobilisation.
08:37C'est-à-dire qu'il faut que tous ces parents se mobilisent pour ouvrir vraiment les débats
08:41qui incombent à nos responsables politiques pour faire en sorte que ces faits de société
08:46soient de moins en moins nombreux ou tout au moins soient combattus avec les mots justes et avec les armes justes.
08:52– Beaucoup de courage de voir relancer le débat dans le contexte dans lequel elle est plongée actuellement, évidemment.
08:57Nathan Devers.
08:59– La souffrance des proches des victimes est inimaginable.
09:04On ne peut pas se mettre à leur place et donc leur parole, elle a une portée extrêmement forte
09:09et elle doit être écoutée avec un respect profond.
09:13Même, vous citiez tout à l'heure une épouse de victime qui avait pu avoir les mots
09:19« La France a tué mon mari », etc.
09:20Même si parfois certains proches des victimes peuvent avoir des phrases
09:25avec lesquelles tel ou tel citoyen peut ne pas être d'accord,
09:28on ne peut pas ne pas être d'accord avec un proche des victimes.
09:30Vous voyez ce que je veux dire ?
09:31On ne peut pas débattre politiquement avec quelqu'un qui a vécu une souffrance de notre nature.
09:35La question, à mon avis, quand même, qui doit se poser avec le plus grand respect,
09:39il ne s'agit pas de relativiser.
09:41Et c'est pour ça, je crois, que le président n'aurait pas dû dire ce qu'il a dit sur un ton polémique,
09:46c'est-à-dire en visant certains journalistes ou en donnant l'impression de relativiser, etc.
09:51La question qui doit se poser quand même, c'est la question de savoir si l'insécurité doit être analysée à l'aune des faits.
09:58Ce qu'on appelle dans la presse les faits divers ou ce qu'on appelle les faits tragiques, peu importe le mot, mais des faits.
10:03Pourquoi ? Parce que quand on est dans le commentaire de ces faits,
10:08premièrement, on zoome sur un événement, on ne voit pas une situation globale.
10:12Deuxièmement, on est évidemment sous le coup de l'émotion.
10:13On ne peut pas rester un pur esprit abstrait, analytique, quand on commente des abominations pareilles.
10:18Et troisièmement, on n'a pas une vue d'ensemble sur ce qui se passe.
10:21Je crois que le problème de l'insécurité, de la violence, de la criminalité, il doit être pensé.
10:26Il doit être pensé sans tabou, il doit être pensé en le regardant en face,
10:29mais il doit être pensé à partir des statistiques annuelles.
10:33Parce que quand on s'en tient aux faits, faisons une simple expérience de pensée.
10:36Imaginez que demain, le nombre d'homicides soit divisé par deux l'année prochaine.
10:41Eh bien, si on commente uniquement les faits tragiques, on ne s'en rendra pas compte.
10:45Parce qu'on aura toujours, dans un pays aussi nombreux que la France,
10:49on aura toujours énormément de crimes.
10:51Même si c'était divisé par deux.
10:51Il y a deux choses que je propose.
10:54Louis, si ça ne vous dérange pas, poursuit nos échanges,
10:56parce que nous partons en pause publicitaire et on continue nos échanges.
11:00Très bien.
11:01On remarque une pause sur Europe 1 sur CNews.
11:02J'attends aussi sous l'objection de Louis.
11:04A tout de suite.
11:0418h18, merci de nous accueillir sur Europe 1 et sur CNews.
11:19C'est votre punchline du week-end.
11:21À mes côtés, ce soir, Véronique Jacquet, Louis-Doragnel, Michel Aubouin, Nathan Dover et Johan Usai.
11:26Nous poursuivons nos échanges sur ces prises de parole.
11:29Les familles de victimes qui osent prendre la parole, nous évoquions Christelle Gervaise
11:35qui veut ouvrir un débat sur la récidive et le suivi des patients hospitalisés
11:40et qui a beaucoup de courage, Johan Usai.
11:43Oui, naturellement, c'est avec son témoignage, naturellement, force l'admiration.
11:48Parce que le fait de ne pas avoir de procès, on sait que ça rend le deuil plus compliqué.
11:52On dit souvent, on n'arrive pas à faire son deuil tant qu'on n'a pas eu de procès.
11:56Là, en l'occurrence, elle n'en aura jamais.
11:57Donc, il est évident que toute sa vie, elle va devoir porter cela.
12:01En plus de la souffrance liée à ce qui s'est passé.
12:05Mais le fait est que si cet homme est véritablement fou,
12:08ça reste encore à prouver, manifestement,
12:10parce qu'il y a des trous dans la raquette, comme l'a dit Véronique.
12:12Mais s'il est véritablement fou, qu'on le mette dans un hôpital psychiatrique,
12:16moi, ça ne me pose pas de problème, à la limite.
12:18Mais il faut qu'il y reste toute sa vie.
12:19Si on me dit que cet homme va être interné jusqu'à la fin de ses jours dans un hôpital psychiatrique,
12:25soit c'est noté, on ne juge pas les fous dans ce pays.
12:28OK, mais ça n'est pas le cas.
12:30On sait très bien qu'il va pouvoir sortir lorsque les médecins jugeront qu'il est apte à sortir.
12:35Alors, ça peut être dans deux ans, ça peut être dans trois ans, dans cinq ans,
12:38probablement pas dans dix.
12:40Ou en tout cas, les cas comme celui-ci sont rares.
12:43Il va sortir dans quelques années.
12:44C'est ce qui est le plus probable.
12:46Donc, c'est ça qui est révoltant.
12:48Voilà.
12:48Ça, c'est révoltant.
12:49Parce qu'il va se retrouver dans la nature dans quelques années.
12:51Dans combien, on ne sait pas, mais il ressortira.
12:53Est-ce que c'est à Christelle Gervais et à sa famille de déménager, de changer de ville ?
12:56C'est la question qu'on peut légitimement se poser.
12:58La réponse est dans la question.
12:59Exactement.
12:59Évidemment non.
13:00Évidemment non.
13:01Évidemment non.
13:02Michel Aubouin.
13:04Oui, il y a effectivement cette question du procès, de la fonction du procès
13:09qui permettait de faire le...
13:11qui permettait d'objectiver la situation et de repartir avec ses questions,
13:15mais avec aussi une partie des réponses.
13:17Là, cette fonction-là, elle est perdue dans cette affaire,
13:20puisque la victime ne comprend pas la décision qui a été prise.
13:24Et visiblement, la justice ne lui a pas expliqué la décision qui est prise.
13:27Sans ça, il n'y aurait pas de débat autour.
13:29Ça, c'est vraiment un vrai sujet.
13:30Ensuite, moi je ne peux pas apprécier si l'individu en question
13:34devait être en hôpital psychiatrique plutôt qu'en prison.
13:37Mais ce qui est sûr, c'est que l'internement d'office en hôpital psychiatrique,
13:42c'est une procédure qu'on a exercée auparavant,
13:44avant qu'elle soit transférée au juge.
13:46C'est une décision qui est assez difficile à prendre.
13:49Et sachant que des gens restent en hôpital psychiatrique toute leur vie,
13:55ils ne sont pas forcément relâchés.
13:59La seule différence, c'est que quand vous avez quelqu'un qui est en détention,
14:02vous savez où il est, vous savez à quel moment on va sortir,
14:05et vous connaissez son parcours.
14:07Là, vous ne saurez plus, pour la victime, c'est terrible,
14:09parce qu'elle ne sait pas s'il va sortir un jour, s'il ne va pas sortir.
14:13Et je pense que c'est là où il faut faire un peu de droit, une fois de plus,
14:16c'est-à-dire mettre des dispositions qui permettent de suivre les individus qui le sont,
14:20et éventuellement une procédure d'appel en cas de décision des psychiatres
14:24qui auraient estimé qu'il aurait été guéri.
14:26Je pense que ça, ça peut s'aménager.
14:28Parce que vous savez, en prison, on y met aussi beaucoup de gens
14:30qui devraient être en hôpital psychiatrique, vous savez comme moi.
14:34Donc, qu'on renforce la psychiatrie pénale d'une certaine façon,
14:38que les gens soient en cellule, en hôpital psychiatrique plutôt qu'en prison,
14:42ça n'a rien de choquant.
14:43Le tout, c'est qu'il y a le même régime juridique pour les uns et pour les autres.
14:47Alors, autre réaction de Christelle Gervais, sur laquelle j'aimerais vous faire réagir,
14:51c'est justement sur ce statut, ce fameux statut de victime.
14:53Écoutez ce témoignage fort.
14:54– Je pense que de nombreuses victimes s'accordent à dire
14:58que le statut de victime, il est quand même doublement difficile.
15:02D'une part parce qu'on perd un proche,
15:03et ensuite parce que je pense vraiment que les choses ne sont pas faites
15:06pour nous protéger, ne serait-ce qu'émotionnellement.
15:09Là, il n'y a aucun accompagnement pour annoncer cette nouvelle à mes enfants.
15:14Mes enfants aussi ont besoin d'un suivi psychologique sur Marseille.
15:18Donc, pourquoi nous, on devrait risquer de le croiser dans un couloir d'hôpital ?
15:22Je pense que c'est assez injuste.
15:23Et oui, le statut de victime, il est très difficile.
15:26Il y a énormément de choses à faire.
15:28Je pense que, voilà, j'ai pu voir ces derniers jours sur votre antenne,
15:33des familles de victimes le déplorer aussi.
15:36– Elle dit tout, Christelle Gervais.
15:37Et quand je posais la question, évidemment,
15:39est-ce que c'est à Christelle Gervais et à sa famille de déménager,
15:42de changer de ville ?
15:43Effectivement, on marche sur la tête, littéralement,
15:47parce que, voilà, elle dit tout.
15:49– Mais c'est-à-dire que, de toute façon,
15:51ce sont les victimes qui prennent des victimes.
15:52Donc, on se rend bien compte qu'il y a une inversion des valeurs.
15:56On a une inversion des valeurs et il n'y a pas de réponses
16:01qui puissent les apaiser, les consoler.
16:04Elle vit déjà quelque chose d'absolument atroce,
16:06puisqu'elle a perdu un mari.
16:08Elle n'a pas d'explication rationnelle à donner à ses enfants.
16:11La mort, c'est déjà absolument difficile.
16:15Elle a géré trois orphelins en bas âge, vous vous rendez compte ?
16:18Et, alors, je vais être un petit peu emphatique,
16:22mais souvenez-vous, François Hollande s'était rendu au chevet du jeune Théo
16:26pour lui apporter sa compassion à l'époque.
16:29Ça avait été décrié, puisque le jeune Théo en question
16:31avait été soi-disant maltraité par les policiers.
16:34Donc, il y avait aussi un acte politique du côté de François Hollande
16:37en se déplaçant de la sorte.
16:38Et là, on n'a pas un homme politique,
16:40à commencer par le président de la République,
16:42qui est capable d'avoir la moindre parole de compassion,
16:45la moindre parole d'empathie vis-à-vis de ces familles
16:50qui sont abîmées, abîmées pour toute leur vie.
16:54Donc, je trouve ça extrêmement choquant.
16:55Et je comprends qu'elles aient besoin d'exorciser, finalement,
16:59leur peine, leur douleur, leur confiance à travers la prise de parole.
17:03Mais ce n'est pas ça, ce n'est pas que du courage.
17:05C'est que si elles ne le font pas, elles crèvent en silence.
17:08Pardonnez-moi.
17:08Mais il faut avoir le courage.
17:09Voilà, elles crèvent en silence si elles ne parlent pas.
17:11Louis de Ragnel.
17:12Mais dans ce que dit Véronique, il y a quelque chose qui est extrêmement vrai.
17:16C'est qu'en fait, elle fait partie de la France bien élevée.
17:18Madame Gervais, vous voyez bien, son mari était médecin militaire.
17:22En fait, c'est une France qui n'a pas l'habitude, normalement, de se plaindre,
17:26qui serre les dents.
17:26Et donc, pour le politique, ce n'est pas un problème.
17:29Et donc, le politique se concentre exclusivement vers des populations mal intégrées.
17:36Il n'y a rien qui fonctionne.
17:37Parce qu'à chaque fois, il n'y a qu'une trouille.
17:39C'est de se dire, il y aura peut-être une crise des banlieues, ça va s'enflammer.
17:42Et c'est vrai qu'il y a quelque chose d'insupportable.
17:44La France qui paye ses impôts, qui fait tout bien, on s'en fiche complètement.
17:48Et si elle souffre, ce n'est pas très grave.
17:49Et quand il s'agit, même avant le jugement, avant même toute décision de justice de la France
17:55qui se comporte mal et qui est mal élevée, immédiatement, ça polarise, ça focalise,
18:00ça attire l'attention du politique.
18:02Et c'est quelque chose qui est devenu insupportable.
18:03Alors, autre témoignage fort, c'était hier, dans cette même émission avec Laurence Ferreil,
18:08c'est le témoignage de la maman d'Elias.
18:10Je rappelle qu'Elias a été tué carrément, coup de machette, pour un téléphone portable.
18:16Et justement, la parole se libère.
18:19Alors, ça se libère dans certains médias.
18:21Dans d'autres médias, parfois, les choses sont analysées de manière différente.
18:26Et manque de chance, aujourd'hui, les gens parlent.
18:28Et les familles parlent.
18:29Écoutez justement ce que dit la maman d'Elias.
18:32Témoignage très fort, à bon entendeur.
18:34Merci.
18:36Je suis très surprise par des propos que j'entends dans les médias
18:43qui modifient l'adolescent qu'était Elias
18:48et l'adolescent de 14 ans qu'il restera pour toute la vie.
18:54Il y a une manipulation de l'information et du meurtre d'Elias.
18:58La semaine dernière, Patrick Cohen, dans son édito politique sur France Inter,
19:07en parlant de la décision du Conseil constitutionnel,
19:10alors je vais lire ses mots, a dit
19:11« Après la mort tragique du jeune Elias, tué à coup de machette
19:16pour avoir refusé de donner son portable. »
19:20En fait, ce que fait Patrick Cohen, c'est qu'il prend partie
19:23et qu'il manipule l'information et le meurtre d'Elias
19:29en décidant lui-même, alors qu'on ne connaît pas encore la vérité,
19:34qu'Elias a refusé de donner son téléphone.
19:38Il réalise un biais cognitif, c'est-à-dire qu'il sous-entend
19:42que si Elias avait donné son téléphone, il ne serait pas mort.
19:48Ce que fait Patrick Cohen, c'est quelque chose qu'on connaît bien,
19:52une femme violée, si elle n'avait pas porté une mini-jupe,
19:56elle n'aurait pas été violée.
19:58Donc pour nous, les parents d'Elias,
20:00cinq mois après la mort de notre enfant,
20:04entendre Patrick Cohen, qui est censé être un journaliste rigoureux,
20:08on voit là qu'il ne l'est pas, qu'il est médiocre,
20:10tenir de tels propos, pour nous c'est indécent.
20:15Alors il y a des journalistes autour de ce plateau,
20:19je suis journaliste, je n'ai pas pour habitude
20:21de porter de jugement sur mes confrères, je me l'interdis,
20:25mais en revanche, c'est intéressant ce que dit Elias,
20:27c'est nos rappels à notre fonction majeure,
20:31relatée des faits et rien que des faits.
20:33C'est ça notre mission, j'enseigne,
20:35et c'est ce que j'enseigne également à mes futurs élèves journalistes.
20:37Là c'est tout à fait autre chose.
20:39Non mais un mot quand même, parce que vous dites qu'on n'a pas l'habitude
20:41de porter des jugements sur nos confrères,
20:43eux ne se privent pas pour le faire.
20:44J'entends, j'entends, mais ils nous jugent, ça c'est sûr.
20:47Mais ce que dit la mère d'Elias, qui dit
20:49j'ai appelé l'assistant de Patrick Cohen pour qu'il me rappelle,
20:51pour qu'il s'explique, parce qu'on a besoin d'explications,
20:54et Patrick Cohen n'a même pas dénié, manifestement,
20:56décroché son téléphone pour l'appeler.
20:57Alors qu'il est lu au téléphone, visiblement.
20:59Voilà.
20:59On peut dire quand même que c'est un peu dégueulasse.
21:02Voilà.
21:02On a le droit de dire ça quand même.
21:03Bon, donc on le dit, c'est un peu dégueulasse.
21:04La parole est libre.
21:05C'est un peu dégueulasse.
21:07Et ensuite, il est vrai qu'un certain nombre de médias
21:09ont décidé, depuis le début de cette affaire,
21:13depuis la réalité de ce qu'est vraiment le meurtre d'Elias,
21:16ont décidé qu'il fallait modifier cette réalité,
21:19parce que cette réalité, elle contredit leur idéologie.
21:21Donc, comme ça contredit leur idéologie,
21:23eh bien, on va travestir ce qui s'est passé.
21:25Et ça a commencé très rapidement avec l'AFP,
21:27l'agence France Presse,
21:29qui a modifié le communiqué des parents d'Elias.
21:32Le communiqué disait,
21:33Elias a été égorgé avec une machette.
21:36C'est vrai.
21:36L'AFP a transformé ça en Elias a été,
21:40comment dirais-je...
21:42Agressé avec un couteau.
21:43Agressé, a été poignardé avec un couteau.
21:45Donc, ils ont transformé d'abord la machette en couteau,
21:49et ils n'ont pas dit égorgé,
21:50ils ont dit, a été poignardé à l'épaule.
21:53Ça a commencé comme ça.
21:54C'est vrai.
21:54Parce qu'effectivement, ça allait à l'encontre de leur idéologie.
21:57Et Patrick Cohen, eh bien, c'est un peu dans la même veine.
22:00Louis de Ragnel.
22:01Alors, moi, on me dit que Patrick Cohen
22:04considère que ce qu'il a dit a été mal interprété.
22:08Donc, le seul conseil que je peux lui donner,
22:12c'est qu'il est encore temps de s'expliquer,
22:15de corriger le tir.
22:16Et s'il a blessé la mère d'Elias,
22:19s'il a été mal compris,
22:20eh bien, il faut s'excuser.
22:22Et je pense que la maman d'Elias,
22:24qui a l'air tout à fait honnête et sincère,
22:26le comprendra.
22:27Et ça arrive à tout le monde.
22:29Si, c'est vraiment ça.
22:30Je sais, on a...
22:32Ça nous arrive à tout de commettre des erreurs.
22:35Mais c'est pour ça que je dis.
22:35Voilà.
22:36Et on s'excuse platement quand on a blessé
22:38ou quand on a dit quelque chose qui était faux.
22:41Voilà.
22:41Et s'il ne s'excuse pas ou s'il ne s'explique pas,
22:44à ce moment-là, ça voudra dire que,
22:46réellement, ce qu'a compris la maman d'Elias
22:48est la vérité et la réalité de ce qu'a voulu dire Patrick Cohen.
22:52C'est vraiment ça.

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