Orages : "95% de ma récolte de noix est détruite", la détresse de cet agriculteur

Sud Radio

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Transcript

00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.

00:04Nous sommes avec Thierry Tribier qui est agriculteur en Dordogne, à Pleine-Fage,

00:10ferme de Pleine-Fage à Paulin, en Dordogne, précisément.

00:15Thierry, bonjour, je me permets de vous appeler, Thierry ?

00:19Oui, bonjour, il n'y a pas de souci.

00:21Paulin, c'est bien ça, je ne me trompe pas, hein Thierry ?

00:24Oui, oui, Paulin, on est à 20 km de Sarla, si ça vous dit un petit peu.

00:27Oui, je vous vois très bien, et c'est tellement beau par là, tellement beau.

00:31Alors, vous avez une ferme, vous êtes producteur de canards, d'oies, de porcs et de noix bio.

00:37Et malheureusement, mercredi, vous avez subi, vous aussi, ces orages extrêmement violents

00:44qui ont détruit, quoi, 90% de votre récolte de noix ?

00:51Oui, quasiment, je pense qu'il doit rester à peu près peut-être 10% sur les noyés,

00:55mais le problème, c'est que même ceux qui sont restés dessus, enfin, sont impactés,

00:58vous voyez, après, ils vont tomber, quoi, voilà.

01:00Oui, oui.

01:00Et il y a en plus des noyés arrachés, enfin, voilà, c'est un peu compliqué, ouais.

01:04Oui, c'était magnifique, vous avez travaillé dur pour que la récolte soit belle,

01:08elle devait être belle, et il y aura une toute petite récolte de noix cette année, Thierry.

01:16Oui.

01:16Vous avez vu arriver cet orage, ou vous avez été surpris mercredi ?

01:21On a été très surpris, parce qu'en fait, oui, c'était un peu couvert, il y a eu un peu de vent,

01:24et puis, c'est arrivé, mais d'un coup, c'était comme une tornade, en fait,

01:27je pense qu'on était au cœur du réacteur, je ne sais pas, mais c'est une bande qui est passée,

01:32ça a duré un quart d'heure, mais un quart d'heure de déluge.

01:34D'ailleurs, la petite commune à côté de chez nous, la Nadayac, a été complètement dévastée,

01:37en fait, les toits, il n'y a plus rien, c'est incroyable.

01:40Nous, personnellement, on n'a jamais vu ça, quoi, en fait, jamais, jamais.

01:43Oui.

01:44Thierry, c'est fatigant, quand on est agriculteur, comme ça,

01:48de voir tout son travail détruit en quelques minutes,

01:51c'est fatigant, parce que les risques sont de plus en plus fréquents aujourd'hui.

01:56Ben oui, c'est pour vous dire que l'année dernière, la récolte a déjà été piètre,

02:01parce qu'on a eu le gel, on a eu le dernier jour des seins de glace,

02:04et du coup, la récolte était à peu près de 20%, au bout de 30%,

02:07et cette année, ça va être pareil, la même, deux ans de suite, quoi.

02:11C'est compliqué, oui.

02:12Ben oui, c'est compliqué.

02:13Allez-y, qu'est-ce que vous voulez dire ?

02:15Non, non, mais oui, c'est un métier compliqué, en fait,

02:18parce qu'on dépend vraiment de la nature,

02:20après, alors, des gens disent, oui, mais il y a des assurances,

02:22oui, mais les assurances, c'est vraiment hors de prix, quoi.

02:25Par exemple, nous, pour 30 hectares de noyer, ça coûte 15 000 euros, quoi,

02:28et puis, c'est basé sur les années précédentes,

02:30donc, vous voyez, si vous avez des années qui sont mauvaises avant,

02:32l'assurance ne vous sert quasiment à rien,

02:34parce qu'en fait, vous n'allez toucher rien, en fait.

02:3515 000 euros d'assurance pour 30 hectares de noyer ?

02:39C'est ça, exactement.

02:39Ah oui, c'est considérable.

02:40Mais, Thierry, j'ai plein de questions à vous poser, Thierry.

02:43Bon, vous faites aussi, je le disais,

02:47vous élevez des canards, des oies, des porcs,

02:50heureusement, heureusement que vous êtes multiculture

02:53et multi-élevage.

02:55Oui, mais en fait, c'est ça.

02:57Alors, il y a beaucoup de gens qui disent, oui, la multiculture, ça aide.

02:59Oui, c'est bien, mais, enfin, il y a toujours quelque chose qui ne va pas.

03:02Enfin, vous voyez, on a eu la grippe avière, quoi, par exemple.

03:03Alors, il y en a eu la grippe avière pendant deux ans,

03:05après, le porc, ça n'a pas marché pendant quatre ans.

03:07Enfin, nous, on a quatre enfants, par exemple.

03:10J'ai tout fait pour qu'ils ne restent pas chez nous,

03:11parce que je me dis, ils ne méritent pas ça, quoi.

03:13Enfin, il faut qu'ils aillent travailler, faire autre chose,

03:15mais pas agriculteurs, quoi.

03:16Pas agriculteurs.

03:18Ils ne seront pas agriculteurs, Thierry ?

03:20Non, non.

03:21Enfin, moi, déjà, j'en avais marre un petit peu, déjà.

03:24Alors, eux, j'imagine, s'ils reprenaient derrière.

03:26Enfin, je ne sais pas.

03:26Vous avez quel âge, Thierry ?

03:27Vous avez quel âge ?

03:2855.

03:3055, oui, c'est l'âge où on commence à réfléchir à ce qu'on va faire plus tard.

03:34Enfin, ce qu'on va faire, si on va transmettre ou pas transmettre, évidemment.

03:39Oui, alors, j'ai encore mon frère qui est avec nous sur l'exploitation

03:42et ma belle-sœur qui sont encore là.

03:43Ils sont un peu plus jeunes, donc ils vont continuer encore.

03:45Il n'y a pas de souci.

03:46Mais c'est vrai qu'on a dû...

03:49Et puis, quand on est agriculteurs, si nos enfants reprennent,

03:50on est obligé de rester, quoi, parce qu'il faut leur aider, vous savez.

03:52Et puis après, à la retraite, j'ai envie de faire autre chose que de travailler dur.

03:56Quand ça ne marche pas comme ça, si c'est vos enfants qui ont ça,

03:59ça vous fait mal au moral, c'est sûr.

04:01Je crois que vous avez pu accueillir les touristes, hier.

04:06Oui, hier, on les a accueillis, mais c'est pareil.

04:09L'abri de piscine était tout percé, la piscine était pleine de feuilles.

04:12Ça, ce n'est pas très grave, mais il a fallu tout nettoyer

04:15pour les recevoir dans des bonnes conditions,

04:18même si ce n'est pas très bonnes conditions.

04:20Il n'y avait plus de volets aux fenêtres.

04:22C'est un peu compliqué.

04:23Mais bon, ils ont été très gentils, très compréhensifs.

04:25Ils ne sont pas non plus...

04:26Ils voyaient bien que ce n'est pas notre faute.

04:28Et le camion du marché a été préservé, j'ai vu.

04:32Oui, en fait, on a un bâtiment qui s'est arraché.

04:34Aussi, le vent est rentré d'un côté.

04:36Ça a soulevé le bâtiment et il est retombé sur notre hangar de camion.

04:41Avec les tracteurs, on a réussi à soulever le bâtiment

04:43et à sortir les véhicules de dessous.

04:45Voilà, avec maintenant la canicule qui arrive.

04:49Hein, Thierry ?

04:49Oui, je crois que c'est 40 degrés dans la salle.

04:52Je crois que c'est pas mal.

04:53Vous allez passer maintenant à la canicule.

04:55Et après la canicule, qu'est-ce qui va se produire ?

04:57Des orages.

04:58C'est malheureusement...

04:59C'est malheureusement avec des phénomènes climatiques

05:03qui ne sont pas nouveaux,

05:04mais qui sont plus forts qu'avant.

05:07C'est la grande différence, elle est là.

05:10Oui, parce qu'en fait,

05:11je vois des commentaires sur les réseaux,

05:12ils disent que les orages, ça a toujours existé.

05:14Oui, oui, ça a toujours existé.

05:15Les orages, on en a toujours eu.

05:16Évidemment.

05:16Mais qui dévastent comme ça maintenant tous.

05:18Enfin, ça, on n'a jamais vu.

05:19La ville de Nadayac, à côté,

05:21c'est un joli village tout en ardoise,

05:23mais il n'y a plus une ardoise sur les toits.

05:25C'est comme si c'était tombé des boules de pétanque partout.

05:30Ça, ce n'était pas comme ça avant, c'est sûr.

05:32Évidemment.

05:33Merci beaucoup, Thierry.

05:34Merci d'avoir été avec nous.

05:36Et bon courage.

05:37Bonne journée à vous.

05:38Au revoir.

05:38Bonne journée.

05:39Il est quelle heure ?

05:407h19 avec vous.

05:42Avec vous, Laurie Leclerc.

05:43Le rappel des titres de l'actualité, non ?

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