- il y a 2 mois
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00:00Monsieur le Président de la Rada Suprême d'Ukraine, Monsieur le Ministre délégué auprès du Ministre de l'Europe et des Affaires étrangères en charge de la francophonie et des partenariats internationaux,
00:19Monsieur l'Ambassadeur d'Ukraine en France, mes chers collègues sénatrices et sénateurs. Juin 1940. Mémoire douloureuse pour les Français. La France est envahie et en partie occupée. Sur les routes, c'est l'exode.
00:41La supériorité de l'armée allemande est sans appel. Si l'on compare les forces en présence, la guerre est perdue. Et pourtant, en ce 18 juin 1940, la voix du général de Gaulle retentit depuis Londres.
01:02Elle demande aux Français de poursuivre le combat. Elle insuffle l'esprit de résistance. Elle refuse un armistice qui dissimule une capitulation et annonce de nouvelles conquêtes.
01:18S'il faut se garder de lire le présent à l'aune du passé, l'appel du 18 juin 1940 résonne singulièrement dans le contexte de l'agression de l'Ukraine par la Russie.
01:34Hier, comme aujourd'hui, les conquêtes territoriales, l'occupation, les exactions et des crimes qui ne devront pas rester impunis.
01:49Mais en face, une volonté ukrainienne de résister et de refuser les conditions d'une paix aux coûts exorbitants
01:57qui signeraient la disparition d'une Ukraine indépendante et libre.
02:05Du sommet de l'État aux simples citoyens, vous nous l'avez rappelé ce midi, l'Ukraine résiste.
02:14Je vous propose, mes chers collègues, nous nous levions à cet instant pour rendre hommage par nos applaudissements au courage et à la détermination du peuple ukrainien.
02:27Applaudissements.
02:28Applaudissements.
02:57Le général de Gaulle, dans son appel du 18 juin, l'a répété, je cite, « La France n'est pas seule.
03:08Aujourd'hui, l'Ukraine n'est pas seule, monsieur le président de la Rada.
03:13Et à vos côtés, notre responsabilité est grande.
03:17Face à des autorités russes qui font le pari de la force, de la résignation ou de la lassitude,
03:26nous vous démontrons que notre détermination à vous aider n'est en rien entamée.
03:34Continuez à vous fournir des armes, en particulier des missiles et des moyens de défense aérien.
03:39Aidez votre industrie d'armement qui accomplit des prouesses d'innovation.
03:44Le chemin est tracé.
03:45Et ce chemin, ce n'est pas choisir l'escalade militaire.
03:51C'est donner une possibilité d'en finir plus vite avec le fracas des armes.
03:56De toute évidence, hésiter serait prolonger la guerre et éloigner la paix.
04:05Notre devoir est de soutenir l'Ukraine par conviction et par principe.
04:11L'Ukraine continue de vivre en démocratie en temps de guerre.
04:16Et le travail législatif de la Rada en est l'illustration éclatante.
04:22Ceux d'entre nous qui se sont rendus à Kiev savent dans quelles conditions travaillent nos collègues parlementaires ukrainiens.
04:30Des sessions maintenues secrètes, des sacs de sable pour protéger le Parlement, des fenêtres partout obstruées.
04:37Imaginons de telles conditions ici et nous en éprouverons tout l'effroi.
04:43Alors que nous célébrons en cette année 2025 le 150e anniversaire du Sénat de la République française,
04:53vous offrez, M. le Président de la Rada, un bel exemple de la vitalité du parlementarisme et de la force des démocraties
05:01face à des régimes autoritaires qui ne reculent devant rien, ni la terreur, ni l'enlèvement des enfants.
05:10Nous l'avons encore évoqué ce midi.
05:14Mais si nous imaginons qu'agir par principe serait faire preuve d'idéalisme et que l'idéalisme n'a pas sa place dans le choix des États,
05:24alors soyons collectivement convaincus au moins d'agir par intérêt.
05:29L'Ukraine est notre rempart.
05:32Elle se bat pour notre sécurité et notre liberté.
05:36Il n'est pas d'empire qui ait mis un frein à leur appétit de conquête.
05:41Peut-on rassasier le Léviathan ?
05:43La sécurité de l'Europe, aujourd'hui et non seulement demain, est intrinsèquement liée à la victoire de l'Ukraine.
05:52Monsieur le Président de la Rada, oui, l'Ukraine n'est pas seule.
05:58Elle n'est pas seule parce qu'elle est accompagnée par la France, le Royaume-Uni, les États de l'Union européenne.
06:04Et nous en formons l'espoir encore par les États-Unis d'Amérique.
06:10Ce 4 juin, j'étais à Varsovie avec la présidente du Bundesrat et la présidente du Sénat polonais.
06:18Vous étiez avec nous, Monsieur le Président, par visioconférence.
06:22Nous avons convenu d'adresser la déclaration que nous avons alors adoptée aux sénateurs américains,
06:29qu'ils soient républicains comme démocrates,
06:32qui se sont prononcés pour un renforcement des sanctions américaines à l'encontre de la Russie.
06:39Car dans des plaies au cassandre, plus les sanctions sont coordonnées, plus elles sont efficaces.
06:47Nous avons, mes chers collègues sénateurs, un rôle de persuasion à accomplir auprès des sénateurs américains
06:55pour préserver autant que faire se peut l'engagement des États-Unis en Ukraine.
07:02Oui, l'Ukraine n'est pas seule, elle n'est pas seule.
07:06Parce qu'elle est accompagnée par les États membres de l'Union européenne
07:09et que les portes de l'Union européenne lui sont ouvertes.
07:12Voilà aussi une garantie de sécurité pour l'Ukraine de demain.
07:18Le chemin de l'adhésion sera nécessairement progressif.
07:23Et au nom de cette progressivité, nous invitons instantanément le dernier État membre récalcitrant à vaincre ses réticences.
07:32Nous lui demandons d'accepter l'ouverture du premier bloc des négociations d'adhésion de l'Ukraine à l'Union européenne.
07:41La Russie a fait le choix de tourner le dos à son horizon européen.
07:46La laisserons-nous dicter par Oukaz quels États doivent rejoindre ou non l'Union européenne.
07:55L'Europe de l'Atlantique à l'Oural s'est rapprochée de nous.
07:58Elles s'interrompent désormais aux frontières internationalement reconnues de l'Ukraine.
08:03Mes chers collègues,
08:05Dans le message du 18 juin, qui fut ensuite placardé sur un certain nombre de murs de villes et de villages,
08:16le général de Gaulle écrivait « La France a perdu une bataille, mais elle n'a pas perdu la guerre. »
08:23Les Ukrainiens ont gagné des batailles.
08:25Ils en ont aussi perdu, mais avec eux, nous sommes avec eux.
08:31La guerre reste à gagner pour que demain s'établisse une paix durable.
08:35Je voudrais m'adresser au travers de vous, au peuple ukrainien, aujourd'hui en journée de deuil,
08:42après les terribles attaques qu'il a vécues, pour leur dire que nous partageons leur souffrance et leur deuil en cette journée où nous vous accueillons.
08:52Nous vous accueillons avec espérance.
08:55Nous vous accueillons aussi dans la solidarité avec le peuple ukrainien.
08:59Oui, c'est dans le souffle d'espérance que porte l'appel du 18 juin que nous vous accueillons, M. le Président,
09:07parce qu'aujourd'hui, ce sont les Ukrainiens et l'Ukraine qui l'incarnent le mieux.
09:12Vive l'Ukraine, vive la République et vive la France.
09:19Applaudissements
09:29Monsieur le Président, je vous invite à prendre la parole à la tribune.
09:35Applaudissements
09:37Cher Monsieur le Président du Sénat, cher Gérard,
09:57Mesdames et Messieurs les sénateurs, chers amis,
10:02Je suis particulièrement honoré de m'adresser à vous aujourd'hui dans le berceau de la démocratie française,
10:14là où bat le cœur institutionnel de la République.
10:20Permettez-moi de vous féliciter sincèrement, Monsieur le Président,
10:24ainsi que vous, les sénateurs et sénatrices, avec les 150 ans du Sénat de la République.
10:33L'histoire de votre glorieuse institution est non seulement une partie intégrante de l'histoire de France,
10:42mais aussi un fondement puissant sur lequel repose la démocratie française
10:48et les principes républicains inviolables.
10:51On y ressent ici dans ces murs la continuité politique préservée au fil des générations des Français
11:01qui incarnent la chagesse, la cohérence et la dignité nationale de la France.
11:10Je vous remercie très sincèrement à chacun de vous pour cette possibilité de parler devant cette Assemblée.
11:17J'y vois cette possibilité comme une manifestation d'un respect profond et sincère pour le peuple ukrainien.
11:27Chers amis, j'ai le privilège d'être ici pour la deuxième fois.
11:33J'ai pris la parole pour la première fois devant le Sénat de la République française au tout début de février 2023.
11:42À l'époque, l'Ukraine traversait l'un des hivers les plus difficiles dans son histoire moderne, une étape très difficile.
11:54Ici même, à ce même endroit, je vous ai demandé à chacun d'entendre la voix du peuple ukrainien
12:03qui se levait pour défendre sa terre et qui avait besoin d'aide.
12:11Vous l'avez entendu dès le premier jour de cette guerre insensée et cruelle que la Russie a commencé contre l'Ukraine, contre mon peuple.
12:26Vous avez entendu cette voix à des milliers de kilomètres.
12:31Vous l'avez compris même sans connaître notre langue.
12:34Vous l'avez compris et vous êtes venu à la rescousse.
12:40Aujourd'hui, la France joue sans exagération un rôle historique dans la vie de l'Ukraine.
12:48Votre leadership politique a donné un nuant puissant à tous les autres partenaires pour soutenir l'Ukraine.
12:56Vous préservez soigneusement l'unité européenne et l'unité euro-atlantique.
13:04Vous démontrez la cohérence et la consolidation des actions de toutes les branches du gouvernement français
13:11en prenant des décisions décisives et responsables.
13:15Vous avez été l'un des premiers à comprendre et à convaincre les autres partenaires
13:19qu'il ne devait pas y avoir des limites dans la nature des moyens de défense à fournir pour défendre notre patrie.
13:28Ni par rapport au type d'armes, ni par rapport au volume, ni par rapport à portée.
13:35Longue portée.
13:37Et donc aujourd'hui, je voudrais vous remercier tous d'avoir protégé notre ciel, de nous avoir des ailes qui le protègent aujourd'hui.
13:45Merci d'avoir formé nos soldats.
13:47Je remercie le peuple français, le grand peuple français, d'avoir abrité nos citoyens, les citoyens ukrainiens,
13:59pour la solidarité et l'empathie, pour ces fantastiques actes d'humanisme que nous, les Ukrainiens, nous n'oublierons jamais.
14:09Au nom de la Verkhovna Rada d'Ukraine et au nom de l'ensemble du peuple ukrainien, permettez-moi de remercier sincèrement le Sénat et chacun d'entre vous, chers amis,
14:22la France toute entière, pour le soutien inestimable que nous permet aujourd'hui de continuer à nous battre.
14:29Chers Sénats, il y a quelques heures, avec un grand ami de l'Ukraine, le président du Sénat français, Gérard Larcher,
14:41nous avons rendu hommage à la mémoire du célèbre général de Gaulle, en déposant des fleurs au pied de son monument.
14:52Et maintenant, je m'adresse à vous. Je m'adresse à vous en ce jour où la France se souvient de lui comme un grand fils du peuple français,
15:05comme l'une des plus grandes figures de son histoire et de celle du monde.
15:12Dans son discours radiophonique, dans son appel à la nation, à tous les Français, n'a pas seulement lancé le mouvement de la résistance française,
15:25il a donné l'espoir à l'Europe occupée par les nazis.
15:30L'espoir qui deviendra par la suite la foi, la foi qui se transformera en victoire après de nombreuses années de guerre.
15:48Lorsque je parle de Gaulle, je comprends à quel point son appel de 18 juin aux Français et aux Alliés soit aujourd'hui d'actualité.
15:5985 ans après.
16:03Aujourd'hui, il s'agirait aussi d'un appel à la résilience, s'il s'en est aujourd'hui.
16:10Ce serait un appel à l'unité.
16:12Il s'agirait d'un appel à la détermination.
16:17Je parle de Charles de Gaulle et je pense à l'Ukraine.
16:20Depuis près de trois ans, trois ans et demi, ma patrie résiste à cette agression brutale et non provoquée.
16:32Elle résiste au nouveau fléau du 21e siècle, qui vient de l'Est pour tuer et conquérir, pour piller.
16:45Nous avons relevé ce défi avec dignité face à cet ennemi beaucoup plus grand et plus puissant, parce qu'il n'y a pas de valeur supérieure à la liberté, parce qu'il n'y a rien de plus cher que sa propre terre et son propre peuple.
17:06Parce que nous, nous voulons faire partie d'une grande famille européenne et non d'une dictature russo-soviétique impitoyable à laquelle le régime de Poutine a cyniquement arraché les derniers vestiges de la démocratie.
17:23Monsieur le Président du Sénat, mesdames et messieurs les sénateurs, l'Ukraine traverse aujourd'hui la phase peut-être la plus dramatique de la guerre, alors que l'aide et le soutien de la communauté internationale sont essentiels à la résolution de cette guerre.
17:47Votre histoire et la nôtre nous enseignent que la capitulation n'a jamais été une option.
17:55L'agresseur doit être arrêté, arrêté par la force des armes, par le pouvoir de l'unité européenne et euroatlantique, sa force, par le biais des sanctions impitoyables,
18:10qui devrait enfin devenir une réponse appropriée à l'impitoyabilité de la Russie elle-même.
18:17Sinon, l'agresseur passera plus à autre chose et ira plus loin, comme il l'a fait il y a 85 ans.
18:25Cette guerre ne se limite pas au territoire de notre pays.
18:29L'issue de cette guerre ne dépend pas de l'issue de la bataille pour la France.
18:35C'est une guerre mondiale.
18:36Ces mots, du sage et invincible Charles de Gaulle, nous parviennent comme s'ils étaient prononcés aujourd'hui.
18:47Seule une pression consolidée sur l'agresseur nous conduira à une paix juste et durable
18:52et que aujourd'hui les Ukrainiens souhaitent plus que quiconque d'autre.
18:59La pression consolidée ne permettra pas à la Russie de poursuivre son agression, d'accumuler des ressources humaines et des armes,
19:09de retarder le processus de négociation, de mentir et de manipuler.
19:14Je suis convaincue que le châtiment de la Russie pour tous ces crimes doit être inévitable.
19:25Et pour traduire ça en mots compris par tous, il faut que l'agresseur, la Russie, paye le chèque, le prix de cette guerre pleinement,
19:35en payant par les biais des avoirs russes gelés, et ce ne serait que rendre justice.
19:47Chers collègues, je suis venu vous demander votre aide et votre soutien sur des questions d'une importance vitale pour l'Ukraine,
19:57qui, outre la défense contre l'agression, c'est aussi notre chemin vers l'Union européenne et le système de sécurité collective euro-atlantique.
20:09Ce choix, comme celui de défendre notre patrie, c'est un choix conscient et civilisationnel du peuple ukrainien,
20:20un choix en faveur de la paix, du développement et de la sécurité, que je vous demande aujourd'hui de nous soutenir,
20:31de continuer à nous soutenir.
20:33Nous avons clairement fait ce choix civilisationnel, comme tous les membres de l'UE et de l'OTAN.
20:41Permettez-moi de vous assurer que le président de l'Ukraine, Volodymyr Zelensky, le Parlement, le gouvernement de l'Ukraine,
20:48ont été et restent des garants fiables de l'orientation inébranlable vers l'intégration européenne et l'intégration euro-atlantique.
21:01Hier, alors que je me rendais ici, j'ai appris le brutal bombardement nocturne sur Kyiv.
21:1028 morts d'innocents, de civils innocents, 150 blessés en une seule nuit, dans une seule ville.
21:21Et je me suis demandé quelle était la chose la plus importante que je devais vous dire à partir de cette autre tribune,
21:35quand tout a été dit, tout est clair depuis longtemps.
21:40Il faut juste prendre une décision, peut-être la plus difficile, mais aussi la plus importante.
21:49Cher Jamy, j'aimerais que nos partenaires défendent l'Ukraine avec autant d'acharnement que la Russie veut détruire l'Ukraine.
22:02Que nos partenaires se battent sans demi-tons, sans demi-action, sans demi-décision, mais pleinement, tous les jours et jusqu'au bout.
22:18Car après tout, si la démocratie mondiale l'emporte, c'est la paix et la prospérité qui attendent et l'Ukraine et l'Europe.
22:28Et si c'est la tyrannie russe, que Dieu nous en préserve, c'est la ruine et la mort.
22:38Et c'est pour ça que je suis ici.
22:40Et c'est pourquoi je vous demande plus d'aide.
22:44C'est pourquoi je crois fermement à la force de l'esprit français.
22:52Je crois en la force de ce qui a été formulé à l'époque par Napoléon.
22:57Rien n'est impossible.
22:59Seul le degré de détermination l'est.
23:03Et la détermination de la France, celle qu'elle nous aide aujourd'hui à survivre, je suis sûr, elle nous aidera à gagner demain.
23:12Monsieur le Président, chers amis, le Sénat est le haut lieu où vit la démocratie, où vit la force et la force vive de la nation.
23:25La France est attachée à la liberté, fidèle à la démocratie, fidèle aux idéaux européens.
23:33Et comme l'a dit le général de Gaulle, que nous souviendrons tellement souvent aujourd'hui, la grandeur d'une nation n'est pas dans son territoire, mais dans son idée.
23:44La France a cette grandiose idée, l'Ukraine a cette grandiose détermination et cette grande synergie peut rendre l'Europe plus forte, plus solidaire et plus sûre.
24:02Ensemble, nous atteindrons certainement cet objectif commun.
24:08J'y crois sincèrement.
24:10Gloire à l'Ukraine, vive la France.
24:12Sous-titrage Société Radio-Canada
24:14Sous-titrage Société Radio-Canada
24:15Sous-titrage Société Radio-Canada
24:16Sous-titrage Société Radio-Canada
24:18Sous-titrage Société Radio-Canada
24:19Sous-titrage Société Radio-Canada
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