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Aujourd'hui, dans « Les 4V », Jullien Arnaud revient sur les questions qui font l’actualité avec Patrick Martin, président du Medef.
Aujourd'hui, dans « Les 4V », Jullien Arnaud revient sur les questions qui font l’actualité avec Patrick Martin, président du Medef.
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00:00– Merci d'être avec nous Patrick Martin parce que vous vous êtes couché un petit peu tard après une journée compliquée, difficile et votre parole est très attendue ce matin parce que le conclave a échoué hier, constat d'échec, vous n'êtes pas tombé d'accord avec les syndicats sur la réforme des retraites mais une nouvelle réunion est proposée le 23 juin prochain, vous n'avez pas encore dit si le MEDEF serait présent ou pas, est-ce que ce sera le cas ?
00:26– A l'instant où je vous parle, je ne sais pas mais pour ce qui me concerne je suis très réservé et je peux vous expliquer pourquoi.
00:32– Dites-le nous alors pourquoi ?
00:33– Voilà parce que nous n'étions pas demandeurs que cette réforme soit réexaminée, elle apporte au pays pas aux entreprises singulièrement et à bas bruit certains sont en train de la détricoter, or notre pays a besoin de travailler plus et notre pays est en grande difficulté financière.
00:50Alors ça peut paraître très abstrait, ça veut dire qu'au rythme où vont les choses, rapidement nous ne pourrons plus payer les retraites.
00:56Donc je vais consulter mes instances, le MEDEF a fait des avancées remarquables mardi il y a 8 jours sur les carrières des femmes, sur l'usure, sur les invalidités.
01:08Ces propositions ont été balayées d'un revers de la main ou pour celles qui intéressaient les syndicats et une autre organisation patronale retenue,
01:16et puis on veut empiler des choses pour à terme, arriver à quoi ? A ce que 50% d'une classe d'âge ne partent pas à la retraite à 64 ans, je finis là-dessus.
01:24Ceux qui devront travailler jusqu'au terme de leur carrière travailleront pour les autres.
01:28– On va rentrer dans le détail des mesures, mais d'abord pour qu'on comprenne bien, vous nous dites que vous êtes réservé, ça veut dire qu'à titre personnel,
01:34vous dites de toute façon le 23 juin, se réunir ça ne changera rien du tout, donc autant ne pas y aller.
01:38– Nous nous étions accordés avec les organisations syndicales pour atteindre l'équilibre financier, ce qui est bien le moins,
01:44parce qu'on parle de l'équilibre financier, de la réforme borne, il manquera malgré tout 6,5 milliards d'euros par an en 2030.
01:52Ce qui est sur la table de la part des organisations syndicales, et je le redis, de la part d'une autre organisation patronale, va altérer ce rendement.
01:58On ne peut pas dire une chose et faire son contraire. Et quand je m'exprime, je ne m'exprime pas en petits comptables,
02:03c'est l'intérêt du pays, pas spécifiquement des entreprises.
02:06– Les syndicats eux s'expriment en petits comptables, ils n'ont pas conscience de ces enjeux-là ?
02:10– Pas du tout. En tout cas, ils ne sont pas très cohérents, puisque tout ce qui a été dit encore hier
02:15va dans le sens d'une altération du financement de nos retraites.
02:19Moi, je vois les deux premières préoccupations des Français à un sondage Ipsos-Sepi de la semaine dernière.
02:23C'est le pouvoir d'achat et c'est la stabilité de nos régimes sociaux.
02:28Si on détricote le rendement financier des retraites, 14% du produit intérieur brut,
02:33eh bien on altérera le pouvoir d'achat parce qu'à un moment ou à un autre, il faudra augmenter les cotisations
02:37et on fragilisera nos régimes sociaux.
02:40– Quelle serait la valeur d'un accord sans la signature du MEDEF ?
02:43– Alors on est dans une configuration un peu singulière, je ne rentre pas dans les détails,
02:48mais enfin le MEDEF est de loin la première organisation patronale.
02:51Nous avons 12 millions de salariés dans nos rangs, les 240 000 entreprises qui adhèrent au MEDEF.
02:56Je pense que la validité de cet accord serait très relative.
02:59– Vous nous avez dit que vous estimez être allé suffisamment loin dans les propositions,
03:03ça veut dire que c'est terminé, vous n'accorderez rien de plus ?
03:06– On a demandé hier encore au syndicat de nous expliquer comment on retombait sur nos pattes
03:11en termes d'équilibre financier. Ils n'ont pas apporté de réponse.
03:15Il y a une poche en quelque sorte qui est importante, qui est celle des carrières longues.
03:19C'est-à-dire qu'il y a à ce jour, et c'est inéquitable, des Français qui bénéficient d'un départ en retraite anticipé
03:24au motif qu'ils ont commencé à travailler tôt.
03:26Pour certains, c'est parfaitement justifié, pour d'autres pas.
03:28Je prends un exemple. Vous avez des stagiaires qui, à 18 ans, 19 ans, ont travaillé.
03:32Ils sont pris en compte au titre des carrières longues, alors qu'ils peuvent exercer des métiers
03:36qui ne sont pas éprouvants et qui sont, pour la grande majorité d'entre eux, en très bonne forme à 64 ans.
03:41Donc on ne peut pas avoir des avancées, et nous avons proposé des avancées, je le redis, sur les femmes, sur les amalides.
03:48– Sur la pénibilité, par exemple, vous êtes allé suffisamment loin ?
03:50– Mais bien sûr, mais bien sûr.
03:52– Ce n'est pas ce que dit la CFDT.
03:53– Non, on ne peut pas être dans un monde d'illusions.
03:55Moi, je regarde ce qui se passe autour de nous. Je vous donne juste un exemple.
03:57Tous les autres pays européens sont sur des taux de croissance nettement supérieurs à ceux de la France.
04:03La Pologne, six fois plus. L'Espagne, cinq fois plus cette année.
04:06L'Allemagne est en train d'accélérer.
04:07L'Allemagne vient d'annoncer 46 milliards de mesures de relance en faveur des entreprises.
04:12Et c'est là que je voulais en venir, des incitations financières à ce que les Allemands travaillent plus,
04:17au-delà de l'âge légal de départ en Allemagne, qui est de 67 ans.
04:22– Alors ça, ça pourrait venir de la prime senior qu'a proposé François Bayreau.
04:25Pourtant, ça n'a pas du tout été question hier. Pourquoi ?
04:28– Non, il faut déjà qu'on ait un socle robuste.
04:30Et à ce jour, dans le cadre du conclave, on n'aboutit pas à un socle robuste.
04:33Nous, nous sommes en responsabilité.
04:35Il faut que les régimes sociaux français soient préservés dans la durée.
04:37– Vous nous avez parlé du sujet des carrières longues.
04:41Il y a aussi le sujet de la décote, visiblement, sur laquelle les choses ont à choper.
04:44On sait qu'aujourd'hui, il faut partir à 67 ans pour partir sans baisse de pension
04:49si on n'a pas tous ces trimestres.
04:51Les syndicats demandaient 66 ans.
04:52Vous avez avancé là-dessus ou pas ?
04:53– Ça coûte un milliard et demi à l'instant.
04:57– On avait entendu un milliard deux, c'est plutôt un milliard cinq.
04:59– Oui, un milliard deux, un milliard cinq.
05:02Ça coûterait cinq milliards et demi en 2035.
05:04Pourquoi pas ?
05:05Mais où trouve-t-on la contrepartie financière ?
05:08– Alors justement, la contrepartie financière,
05:09les syndicats voudraient que les entreprises payent, j'imagine.
05:12Et c'est ça que vous refusez, c'est ça la toile de fond.
05:14Vous refusez la hausse des cotisations patronales.
05:15C'est là-dessus que ça achoppe ?
05:16– Catégoriquement.
05:18Et je m'étonne que certains aient mis sur la table, effectivement,
05:20des mesures qui créent de la complexité et qui renchérissent le coût du travail.
05:24– C'est la CGPME, par exemple.
05:25– Par exemple.
05:26On a 80 milliards de déficits commerciaux chaque année.
05:29Tous les autres pays européens, dorénavant, sont en excédent commercial.
05:32On est rentré dans une guerre commerciale mondiale infernale.
05:34Ça ne nous a pas échappé avec les États-Unis, avec la Chine, avec d'autres.
05:37Et on voudrait au même moment dégrader la compétitivité française.
05:41Il y a un principe de cohérence.
05:43L'économie est une science exacte.
05:44On ne joue pas avec l'économie, on ne joue pas avec les entreprises.
05:47– Il y a eu d'autres pistes, la hausse de la CSG pour les retraités
05:50qui perçoivent à partir de 2 000 euros par mois.
05:54Il y a eu aussi la piste de la désindexation par rapport à l'inflation.
05:57Moins 0,8% dans un premier temps, moins 0,4% dans un second temps.
06:01Ces mesures-là, elles ne sont pas suffisantes pour vous ?
06:03– En tout cas, elles ne relèvent pas de notre responsabilité.
06:05Donc c'est une manière de se défausser sur d'autres.
06:07C'est le Parlement, à ce jour, qui décide.
06:09Donc si le Parlement, et ça ne semble pas être le cas,
06:12était d'accord pour que ces mesures soient prises,
06:15ça se saurait, on pourrait y réfléchir.
06:16J'ai un gros doute quant à la faisabilité de ce passage de balle, je dirais, au Parlement.
06:24– Vous avez l'impression que vous avez refilé le mystic gris, un petit peu, de ce point de vue-là.
06:28– Je pense qu'on est hors sujet.
06:29Je pense qu'on est hors sujet.
06:30Ça ne fait plaisir à pas grand monde de travailler plus longtemps.
06:33Mais c'est un impératif pour notre pays.
06:35On est en train de se déclasser, je le redis, y compris par rapport aux autres pays européens.
06:39Que veut-on ? Est-ce qu'on veut de la croissance, du pouvoir d'achat, de l'emploi ?
06:43Le PIB par habitant, le produit intérieur brut par habitant français
06:46est en train de décrocher très rapidement.
06:48L'Italie, qui avait par habitant 10% de PIB de moins que nous il y a 5 ans,
06:53nous a dépassé la semaine dernière.
06:55Et après, on s'étonne que les Français aient des fins de mois difficiles.
06:59Je suis désolé, à un moment donné, il faut travailler,
07:01il faut que les entreprises puissent investir.
07:03– Vous avez été soulagé d'entendre hier François Bayrou dire qu'en cas d'échec,
07:06c'est la réforme en version borne qui s'appliquerait ?
07:08– Je l'ai entendu, avec intérêt.
07:10– Vous souhaitez que la version borne se poursuive ?
07:15– Nous, on souhaite que les partenaires sociaux assument leurs responsabilités
07:18et le MEDEF de très loin au premier rang du côté patronal.
07:21Mais assumer ces responsabilités, ça ne doit pas être un slogan,
07:23ça doit être une réalité.
07:24Donc il faut prendre par moment des décisions qui peuvent être impopulaires,
07:27qui peuvent être abrasives, mais elles doivent être prises.
07:29– Est-ce que vous ne craignez pas les conséquences de ces décisions ?
07:31Peut-être de nouvelles manifestations, de nouvelles crises,
07:33peut-être une chute du gouvernement, la censure, l'instabilité ?
07:36Ça aussi, ça aura un coup ?
07:37– Non, moi ce que je crains par-dessus tout,
07:39c'est que la France n'a pas de croissance,
07:41qu'on est en train de commencer à détruire des emplois,
07:43que depuis plus de deux ans et demi,
07:45l'investissement des entreprises est en train de baisser,
07:47alors qu'on devrait au contraire accélérer pour se décarboner,
07:49pour se digitaliser, pour gagner en compétitivité.
07:52Il y a une espèce d'inconscient collectif.
07:54On fait comme si la France était un monde à part.
07:56La France n'est pas un monde à part, qu'on le veuille ou non.
07:58– On est à 0,7% de croissance, vous pensez que ce sera,
08:00les prévisions en tout cas, vous pensez que ce sera encore pire que ça ?
08:02– Écoutez, on est à 0,1% sur le premier trimestre,
08:05lié uniquement au restockage.
08:06Il semblerait qu'on soit à 0,1% sur le deuxième trimestre.
08:09Je ne vois pas bien où sont les 0,6%, 0,7%.
08:12Mon pronostic, c'est qu'à ce jour, et a fortiori,
08:15si on dégrade nos finances publiques par un détricotage de la réforme des retraites,
08:19nous ne soyons même pas à ce niveau de croissance.
08:21Je le rappelle, la Pologne cette année 3,5%,
08:23l'Espagne 3%, le Portugal en excédent budgétaire,
08:26l'Allemagne en train de réaccélérer.
08:28Que fait-on dans ce pays ?
08:29– Est-ce que vous avez échangé avec François Bayrou depuis hier soir ou pas ?
08:31– Pas depuis hier soir, mais hier après-midi.
08:33– Et c'était quoi la zonalité de vos échanges ?
08:36– Écoutez, il est confiant, il est confiant.
08:38– Il est confiant malgré ce que vous lui avez dit,
08:40ce que vous nous dites ce matin ?
08:41– Moi, je me désespère que chacun n'aille pas au bout de ses convictions.
08:45On a acté…
08:46– Vous parlez de François Bayrou, là ?
08:47– Non, je parle des partenaires sociaux.
08:49On a acté en début de conclave qu'il fallait atteindre l'équilibre financier.
08:54Jour après jour, on est en train de s'éloigner de l'équilibre financier.
08:57Alors moi, si vous voulez, je ne suis pas le père fouettard,
08:59je ne suis pas une victime expiatoire,
09:01mais quand le Médave dit quelque chose, il s'y tient.
09:03– Et d'un mot, vous allez échanger avec Marlise Léon, peut-être ?
09:06– Bien sûr que j'ai changé.
09:07– D'ici à lundi pour prendre votre décision ?
09:08– Bien sûr, et de manière très respectueuse,
09:10même si on a des désaccords de fond.
09:12– On a entendu en tout cas vos désaccords et votre colère ce matin.
09:16Patrick Martin dans les 4V en direct.
09:17Merci beaucoup pour nous avoir réservé cette première réaction au lendemain du conclave.
09:20– Sous-titrage Société Radio-Canada
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