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  • il y a 3 mois
Dans ses interviews, Sophie de Menthon, présidente du mouvement patronal Ethic, se met dans la peau des patrons...

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00:00Pierre-Yves Gestin, bonjour, bienvenue à Patron en Question, un maraîcher patron, c'est tout ce qu'on aime.
00:07Et Savéol, c'est une marque que connaissent tous les Français, c'est avant tout une coopérative d'ailleurs,
00:15mais dont vous faites partie, dont vous êtes président.
00:18Et comment est venu d'ailleurs, c'est étonnant d'avoir une marque favorite dans les fruits et légumes, on n'a pas l'habitude de ça ?
00:25Non, on n'a pas l'habitude d'avoir une marque favorite dans les fruits et légumes, il y a eu un esprit visionnaire des prédécesseurs
00:30qui en 1981 ont inventé cette marque Savéol, qui est issue du mot saveur et d'un nom breton, levé de soleil, qui se dit Saoéol,
00:38et la conjonction des deux mots a fait Savéol. Voilà comment est née cette marque en 1980.
00:44Et formidable parce que la marque est née, mais donc quand il y a marque, il y a par définition quelque chose de particulier,
00:51elle est évidemment meilleure, mais quoi de particulier ?
00:55Justement, en fait, depuis que cette marque a été créée, mon père fait partie des fondateurs de ce qui est devenu Savéol aujourd'hui.
01:03Et ils se sont toujours dit, les maraîchers, à l'époque, quand ils ont créé cette marque,
01:06qu'ils se devaient de faire des produits, des fruits et légumes de grande qualité,
01:09sur lesquels ils allaient mettre leur marque, apposer leur marque.
01:12Et finalement, en effet, on a cette grande reconnaissance aujourd'hui, d'ailleurs des consommateurs,
01:15avec la marque préférée des Français, depuis deux ans déjà.
01:18Et parce que la barquette de tomates, cerises, Savéol, elle arrive dans la cuisine des consommateurs.
01:24Il y a peu de marques en fruits et légumes qui arrivent directement dans la cuisine des consommateurs.
01:28Quand on achète un poireau, enfin des poireaux ou des choux-fleurs, finalement,
01:31on ne sait pas ce qu'on prend dans un sachet, on emmène à la cuisine,
01:34mais on ne sait pas de chez qui ça vient, ni de quel pays ça provient.
01:36Et puis là, c'est propre, packaging, on peut l'amener au bureau, enfin bref, on en est très content.
01:40Et donc, c'est les mini-tomates.
01:43Et est-ce que vous avez été parmi les premiers, internationalement ?
01:48On est les premiers, d'ailleurs en 2025, on fait les 30 ans de l'arrivée de la tomate cerise chez Savéol,
01:53parce qu'on a été les premiers à cultiver ce type de tomate.
01:56Et on en est plutôt fiers aujourd'hui, parce qu'en tomate cerise,
01:59on cultive près d'une dizaine de variétés différentes,
02:02donc qui ont des formes, des couleurs toutes différentes les unes des autres.
02:04Il y a des jaunes d'ailleurs, non ?
02:05Oui, il y a également des jaunes, des oranges, enfin voilà.
02:07Et donc, à l'étranger, ils font ça aussi ?
02:10Ah oui, à l'étranger, ils font ça.
02:11On finit toujours par être copiés, mais jamais égalés.
02:14Mais bon, oui, copiés.
02:14Mais vous exportez ?
02:15On exporte un petit peu, pas beaucoup.
02:18La France, d'abord, n'est pas autosuffisante en production de tomates.
02:21Il y a beaucoup de tomates d'importation qui sont consommées en France.
02:25Quasiment une tomate sur deux est importée de ce qui est consommé sur le territoire français.
02:29Donc, on a de quoi faire en termes de production.
02:31Mais voilà, oui, on a de quoi faire.
02:35Et alors, inversement, vous avez les fraises, bien sûr.
02:37Oui.
02:38Et les fraises, dans mon esprit, c'était un peu l'Espagne qu'on importait pas mal.
02:44Qu'est-ce qu'il en est maintenant, des fraises ?
02:45Alors, les fraises, si vous voulez, très brièvement, l'histoire de la fraise, c'est qu'Amede Fraisier,
02:49il y a un peu plus de 300 ans maintenant, est arrivé d'Amérique du Sud en bateau.
02:53Il a traversé l'Atlantique, l'Atlantique Sud et l'Atlantique Nord, avant d'arriver en Bretagne.
02:58Et quand il a fait escale à Brest, il est arrivé avec des plantes fraisiers du Pérou.
03:02Et c'est une très belle histoire.
03:04Et c'est de là qu'a commencé, il y a 300 ans, un peu plus de 300 ans,
03:06la culture de la fraise sur une petite péninsule qui s'appelle, sur le territoire de la ville de Plougastel, d'Aoulas,
03:13dans laquelle se sont cultivées des fraises pendant de très nombreuses années.
03:16Dans les années 50, après-guerre, ça a beaucoup fonctionné, évidemment.
03:20Après, il y a eu un certain déclin.
03:22Vous savez, les gens se sont quand même éloignés un petit peu de l'agriculture.
03:24Les conditions de travail, de récolte des fraises en plein air, ça a été un petit peu compliqué.
03:28Et chez Saveol, à la fin des années 90, on a relancé la production de fraises dans des jardins suspendus.
03:33C'est-à-dire qu'on a mis les plantes fraisiers à une certaine hauteur, plutôt hauteur des épaules,
03:37pour les gens, pour faciliter le travail de la récolte.
03:39Oui, j'ai vu ça, je trouve ça formidable.
03:40Ça, c'est du management.
03:41Ça, c'est du management pour attirer aussi les gens, pour récolter les fraises.
03:44Absolument.
03:45J'allais dire, parce que vous êtes parmi les métiers en tension, il faut trouver des gens.
03:49Parce qu'on cueille chaque fraise, il faut le faire délicatement.
03:51Sans les toucher.
03:52On récolte délicatement, la fruit n'est jamais touchée.
03:55Il est récolté, vous savez, le pédoncule, c'est la petite partie verte qui permet de décrocher la fraise du plant.
04:02Et la fraise est ensuite retournée, posée délicatement dans sa barquette ou son petit plateau,
04:06afin de ne pas être abîmée, évidemment.
04:08C'est une vraie manutention.
04:10Ah oui, c'est un travail dans lequel il faut avoir énormément de minutie.
04:15Beaucoup de femmes ?
04:16Quasi-exclusivement des femmes, ce sont les rênes des fraises, on va dire ça.
04:20C'est joli.
04:22Et alors, il y a quelque chose aussi qui m'a formidablement étonnée, parce que d'abord, c'est très intelligent de mettre les fruits un peu en hauteur pour pouvoir récolter plus facilement, etc.
04:31Et puis, vous avez quelque chose, alors là, j'ai découvert ça, c'est que les insecticides, vous avez essayé effectivement de les supprimer, on comprend très bien.
04:41Vous avez trouvé des insecticides bio, entre guillemets.
04:44Mais qu'est-ce qu'il y a de mieux comme bio que des petits insectes qui font office d'insecticides ?
04:50Tout à fait.
04:50Comment ça se passe ?
04:51Alors, en quelques mots, oui, vous avez raison, vous avez bien résumé la situation.
04:55En fait, nos petits insectes amis, on les appelle des auxiliaires.
04:59Alors, le nom, il est un petit peu barbare.
05:00On en a plusieurs.
05:01Des auxiliaires ?
05:01Oui.
05:02C'est sympa, c'est humanisé.
05:03Oui, c'est humanisé.
05:04Et en fait, ce sont des micro-insectes.
05:07Les plus petits font moins d'un millimètre.
05:09Alors, c'est vous dire qu'ils ont vraiment toute petite taille.
05:11On les voit quasi, on l'a eu nu, mais un peu mieux à la loupe quand même.
05:15Et le principe de ces insectes, je vais vous résumer juste deux façons de faire.
05:19Il y a une petite micro-guêpe qui, elle, elle est un peu une alienne.
05:24C'est une alienne.
05:24Son moyen de subsistance, en fait, c'est qu'elle va aller…
05:26Une micro-guêpe ?
05:27C'est ça.
05:28En fait, la femelle micro-guêpe va aller pondre son œuf dans l'œuf de la mouche blanche.
05:32Vous savez, les mouches blanches, c'est ce qu'on retrouve dans les potagers.
05:34C'est très attiré par les plantes de tomates, en l'occurrence,
05:37mais également d'autres plantes de légumes du potager.
05:39Également les rosiers, qui sont des plantes qui peuvent se faire attaquer par les mouches blanches.
05:43Et là, en fait, ce petit encartia, c'est son nom d'usage,
05:48va venir parasiter la larve de mouche blanche,
05:51qui finalement ne sera pas une mouche blanche,
05:52mais sera une petite micro-guêpe encartia dans la génération qui va éclore,
05:56si je peux résumer comme ça la situation.
05:58Et grâce à ce petit insecte, finalement, on casse le cycle de vie
06:02de la mouche blanche, parce que si ses progénitures sont parasitées,
06:05évidemment, il n'y a plus de mouche blanche.
06:07Et c'est un principe simple, mécanique,
06:09et un insecte qui a été trouvé dans le milieu naturel totalement endémique,
06:13que l'on sait aujourd'hui élever en millions d'insectes.
06:16Ce que je vous dis, la petite histoire que je vous raconte, c'est en millions d'insectes.
06:19Et c'est Savéole qui a développé...
06:20Et qui a trouvé ça ?
06:21Ce sont les producteurs de Savéole qui ont développé ça au début des années 80.
06:24Et ça se développe ailleurs ?
06:25Et évidemment, ça se développe ailleurs, parce que ça se partage ce genre d'expérience
06:30et ça va plutôt dans le bon sens aussi d'une agriculture, on va dire, plus vertueuse.
06:35C'est ce que les gens aussi attendent.
06:36Les écologistes ne sont pas en train de défendre la mouche blanche ?
06:38Non, quand même pas.
06:39Et heureusement...
06:40Donc, qu'est-ce que vous faites à la mouche blanche ?
06:41Imaginez la vision déjà, le côté visionnaire qu'avaient les maraîchers de notre coopérative,
06:46à l'époque, en se disant que c'était une alternative justement à la protection chimique des cultures,
06:50parce que ce n'était pas pour eux la meilleure solution.
06:54Donc, cultiver sans pesticides, c'est d'ailleurs une allégation qui est propre à notre coopérative,
06:58Savéole, qu'on a associée après avec d'autres marques bretonnes, productrices également de tomates.
07:03Mais ça montre les avancées qu'on fait dans nos serres.
07:06C'est formidable, je croyais recevoir un maraîcher.
07:08J'ai reçu un scientifique qui est à l'avance de tous les procédés bio à la place des insecticides.
07:16Merci infiniment et bravo !
07:18Merci.
07:20Merci.

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