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00:00Et toutes ces déclarations, elles interviennent à la veille de l'ouverture du Grand Sommet de l'ONU sur les océans,
00:06à Nice, sommet qui aura notamment pour but de faire ratifier un texte pour mettre fin à la pêche illégale,
00:12renforcer les aires marines protégées.
00:15Et depuis plusieurs jours déjà, des scientifiques multiplient les conférences sur différents thèmes.
00:19De nombreuses ONG sont présentes.
00:21Ce matin, il y a notamment ce bateau éco conçu paré par le célèbre skipper Roland Jourdain
00:26pour aller à la découverte des cachalots entre les côtes italiennes et varoises.
00:31A bord de ce bateau, François Sarano qui est océanographe,
00:35ancien chef d'expédition de la Calypso avec Jacques-Yves Cousteau pendant 13 ans
00:40et qui s'est entretenu pour Europe 1 avec Frédéric Michel.
00:44François Sarano, bonjour.
00:46Bonjour.
00:46Vous êtes océanographe, spécialiste entre autres du cachalot, du requin blanc.
00:50Vous êtes un amoureux des mers.
00:52D'abord, une première chose, cette troisième conférence des Nations Unies sur l'océan.
00:55Qu'est-ce que vous en attendez ?
00:57Rien et tout.
00:58Tout d'abord parce que dans le contexte actuel,
01:01réunir des gens qui se parlent de pays différents, de contextes différents,
01:05c'est très très très important.
01:07Il faut continuer à se parler.
01:09La deuxième chose, c'est quand même que la troisième conférence sur les océans.
01:13Il y a eu plus de conférences internationales sur l'intelligence artificielle
01:16que sur l'océan qui est le monde.
01:18Donc c'est très important qu'elles se tiennent.
01:19La troisième raison, la France est le seul pays qui s'est ouvertement opposé
01:26à l'exploitation minière des grands fonds marins.
01:29Il faut qu'elles tiennent bon et il faut que d'autres pays se rallient à elles.
01:33Et vous attendez plus que des mots, ce sont des actes.
01:36Vous prenez l'exemple de votre combat au quotidien, notamment pour les cachalots.
01:39On est en Méditerranée, on est dans une zone qu'on appelle Pélagos.
01:43Et dans cette zone, finalement, la protection des espèces n'est pas assurée ?
01:48Eh oui, en quelque sorte, la France se veut exemplaire.
01:51Mais en matière d'aires marines protégées, c'est lamentable.
01:55Elle annonce 30% d'aires marines protégées,
01:57alors qu'en définitive, seuls 0,3% sont indemnes de prélèvements.
02:03Comment peut-on dire qu'on préserve une communauté vivante
02:06à partir du moment où on y prélève dedans ?
02:07Il est urgent aujourd'hui de prendre de vraies bonnes mesures.
02:11Vous proposez trois initiatives.
02:12Alors, en ce qui concerne le cachalot, la grande espèce de cétacé la plus fragile,
02:17elle vit, là, dans la zone des 12 000, donc 22 km.
02:21La première cause de mortalité non naturelle, c'est les collisions avec les bateaux.
02:25Chez nous, c'est inadmissible.
02:27Il faut que dans ces 12 000, les bateaux de plus de 10 mètres
02:30réduisent leur vitesse en dessous de 10 nœuds.
02:34Et à ce moment-là, les cachalots seront épargnés.
02:37Deux autres initiatives.
02:38Tous les ports de la côte varoise et de la côte des Alpes-Maritimes
02:42devraient afficher, ici, vous êtes aux portes du sanctuaire Pélagos.
02:47Vous devez faire attention à ceux qui le peuplent,
02:50et donc ralentir votre vitesse.
02:51Et la dernière chose, aujourd'hui, il n'y a pas de pêche profonde,
02:55mais notre appétit féroce va se développer,
02:57et un jour, on va venir pêcher ici.
02:59Il n'y aura plus de nourriture pour les cachalots et les baleines
03:01qu'on est censés protéger dans ce sanctuaire.
03:03François Sarano, vous avez parcouru tous les océans,
03:06vous avez travaillé avec le commandant Jacques-Yves Cousteau,
03:08et vous venez d'écrire un livre qui s'appelle
03:10« Justice pour l'étoile de mer ».
03:11Qu'est-ce que vous avez voulu dire ?
03:13Alors, avec Marine Calmet, qui est juriste de l'environnement,
03:17nous avons voulu attirer l'attention
03:19sur notre non-attention aux autres vivants.
03:22La vie marine, c'est 250 000 espèces décrites,
03:25et des dizaines de milliers qui ne sont pas décrites.
03:27Et bien, celle-là, c'est rien.
03:29Parce qu'aucun ministre n'aura jamais les statistiques
03:32de la destruction des étoiles de mer.
03:33On ne les compte pas, elles n'existent pas.
03:35Comment est-ce qu'on peut épargner une espèce
03:38dont on ne parle pas et qui n'existe pas ?
03:40Il ne s'agit pas d'arrêter de vivre.
03:42Nous, les humains, nous avons le droit de vivre aussi.
03:44On a le droit de pêcher, on a le droit d'avoir des activités.
03:46Mais il faut faire attention aux dégâts collatéraux.
03:48Et le seul moyen d'y faire attention,
03:50c'est de se soucier des autres.
03:51Et pour se soucier des autres,
03:52il faut leur donner un droit d'existence.
03:54Vous avez parlé beaucoup de notre pays dans cette interview.
03:57Est-ce que le président de la République,
03:59à qui je crois que vous avez écrit,
04:01a, selon vous, compris les enjeux de la sauvegarde des océans ?
04:04L'écoute a l'air un peu légère.
04:09C'est-à-dire que, visiblement,
04:12nous n'accordons pas la place qu'ils méritent aux animaux marins.
04:16Il est urgent de les reconnaître.
04:18Pour offrir à vos enfants,
04:20à nos enfants et petits-enfants,
04:22un monde désirable.
04:24Le merveilleux et la beauté, c'est essentiel pour nous.
04:27François Sarano, merci.
04:28Je rappelle que vous êtes le président de l'association Longitude 181.
04:32Vous êtes océanographe.
04:33Merci aussi à Roland Jourdain,
04:35célèbre navigateur,
04:36qui nous a emmenés aujourd'hui sur son bateau We Explore.
04:40Et merci à Frédéric Michel,
04:41qui a réalisé cet entretien pour Europe 1.
04:44Merci.
04:45Merci.
04:46Merci.
04:47Merci.
04:48Merci.

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