Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • avant-hier

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:008h19 sur Europe 1, Dimitri Pavlenko, place à l'édito éco.
00:03Bonjour Olivier Babaud.
00:04Bonjour Dimitri, bonjour Anissa.
00:05Bonjour à tous.
00:06Olivier, faut-il taxer les robots, en plus exactement les entreprises,
00:10qui s'en équipent plutôt que d'embaucher des gens ?
00:12Michel-Edouard Leclerc l'a récemment proposé.
00:15Est-ce que c'est vraiment une solution face à l'automatisation croissante de nos économies ?
00:19Oui Dimitri, on se souvient que Benoît Hamon l'avait proposé,
00:22cette mesure lors de la campagne présidentielle de 2017.
00:25C'est une de ces idées qui donne l'illusion de la solidité
00:28mais qui s'effondre dès qu'on gratte un peu.
00:29Taxer les robots pour compenser les pertes d'emploi dues à l'automatisation,
00:33c'est une proposition aussi séduisante qu'absurde.
00:35Mais vous-même, récemment Olivier, vous êtes inquiété que les machines, l'IA,
00:39détruisent massivement l'emploi ?
00:41Oui, mais j'essaie de voir le verre à moitié plein.
00:43C'est vrai que c'est une peur qui est aussi vieille que l'innovation elle-même.
00:46On la retrouve au 19e siècle avec les ludites,
00:48ces ouvriers anglais qui détruisaient les métiers à tisser.
00:51En réalité, l'automatisation transforme l'emploi,
00:54c'est vrai souvent vite, mais ne le supprime pas.
00:56Le travail évolue, se requalifie,
00:58les robots font baisser les coûts,
01:00augmentent la productivité,
01:01libèrent du temps pour d'autres tâches.
01:03Et un fait parle de lui-même,
01:04les pays aujourd'hui qui ont un stock de robots industriels
01:065 à 6 fois supérieur à celui de la France,
01:09comme l'Allemagne ou la Corée du Sud,
01:11ont un taux de chômage qui est très largement inférieur.
01:13Mais alors, pourquoi cette idée de taxer les robots ?
01:16Revient-elle sans cesse ?
01:17Parce qu'elle flatte un réflexe de protection,
01:19comme l'interdiction des licenciements face au chômage.
01:21La taxe robot, c'est une réponse émotionnelle
01:23à un malaise tout à fait authentique,
01:25celui de la transition technologique de nos économies
01:27et puis de la non-soutenabilité de notre modèle social.
01:30Mais c'est une réponse malheureusement paresseuse,
01:32elle freinerait l'investissement,
01:34pousserait les entreprises à automatiser,
01:35mais pas chez nous, à l'étranger,
01:37et nous ferait perdre en compétitivité.
01:38C'est inouï qu'on puisse en même temps,
01:40chez nous, se lamenter de la désindustrialisation
01:42et des impôts de production,
01:44et réclamer une mesure qui tuerait
01:45l'incitation à investir dans la modernisation
01:48de notre économie.
01:48Est-ce qu'il n'aurait pas fallu,
01:50en vertu de la même logique,
01:51taxer les tracteurs
01:52qui ont mis les travailleurs agricoles au chômage,
01:54même les réseaux d'eau potable
01:54qui ont fait disparaître les porteurs d'eau ?
01:56Faudrait-il interdire les voitures
01:57pour promouvoir la charrette à bras,
01:59plus intensive en main d'oeuvre ?
02:01Cette taxe robot,
02:02c'est le type même du populisme fiscal.
02:04On désigne un coupable,
02:05la machine,
02:05pour éviter de réformer
02:07nos systèmes éducatifs,
02:08de formation,
02:09de protection sociale.
02:09Mais donc, on ne fait rien
02:10face à l'automatisation ?
02:12Oh non, il faut agir,
02:13il faut agir mais intelligemment,
02:14il faut adapter les compétences,
02:15investir dans l'éducation puissamment,
02:17repenser notre modèle social
02:18pour qu'il soit moins dépendant
02:20du salariat traditionnel.
02:21Le vrai défi,
02:22ce n'est pas de ralentir le progrès,
02:23c'est de s'y adapter.
02:24Deux minutes de réflexion suffisent
02:26pour balayer cette fausse bonne idée,
02:27à condition de penser l'économie
02:29autrement que dans les slogans.
02:30Signature Europe 1,
02:31Olivier Babaud,
02:32merci beaucoup Olivier.
02:32Bonne journée.

Recommandations